6 juin 2013 4 06 /06 /juin /2013 17:39

 

 

 

Un texte publié initialement sur le site de l’Agence Vénézuélienne d’Information (AVN en espagnol), je n’ai pas trouvé le nom de l’auteur. Et il y a une ou deux petites erreurs, comme l’omission du retrait de la France de l’OTAN et sa réinsertion, et le fait que selon Atilio Boron, l’Argentine n’aurait toujours pas renoncé à son statut d’associé obtenu pendant la dictature. L’auteur ne précise pas non plus ce quil entend par « grandes puissances » à l’intérieur de lOTAN. Malgré cela, un point de vue extérieur intéressant sur cette armée en voie de mondialisation dont nos pays sont fondateurs et membres actuels. Ce qui ne les rend pas plus sympathiques au reste des peuples du monde !


L’OTAN cherche à dominer le monde à travers les « accords colombiens »

O5 juin 13  

OTAN 

AVN. – L’annonce déconcertante que fit le président Colombien, Juan Manuel Santos, que dans les semaines à venir son pays souscrirait un accord de coopération avec l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord a converti la Colombie en la première nation d’Amérique Latine et des Caraïbes à manifester sa volonté de s’incorporer de manière formelle aux activités de l’alliance militaire la plus puissante du monde, responsable des invasions de l’Afghanistan, de l’Irak et de la Libye. 

Quoique ce dessein se soit éclaircit après quelques jours, ce que signera la Colombie, en principe, est un accord d’échange d’informations privilégiées avec cette alliance militaire qui supposera, dans le temps, de nouvelles possibilités de coopérations comme les actions opérationnelles conjointes.

Le schéma « d’associé » de l’OTAN a été la formule par laquelle l’alliance des USA et des puissances occidentales, augmentèrent au 21ème siècle leur contrôle et leur présence militaire sur tous les continents, au point qu’aujourd’hui l’organisation compte 28 membres,  quelques 5O associés et aspire au cours des prochaines années à étendre cette société à quelques 140 pays.

Les degrés de compromission varient du stratégique à l’opérationnel, mais en évaluant les caractéristiques des associés en Asie on peut se dire que l’OTAN signera des accords pour atteindre, selon eux, quatre objectifs fondamentaux : maintenir la paix, réaliser des opérations humanitaires en cas de désastres naturels, maintenir la sécurité maritime et, participer aux plan de de défense conjointe et à la lutte antiterroriste.

Pour parvenir à ces objectifs, le schéma implique la réalisation d’exercices militaires conjoints (aériens et maritimes), l’établissement de bases militaires permanentes sur le territoire de l’associé, des échanges privilégiés d’informations, des transferts de troupes sur d’autres scènes de guerre ou conflits internationaux et en général une augmentation des dépenses militaires des pays souscripteurs..

 

Le modèle utilisé par l’OTAN en Afghanistan, auquel ont participé quelques 50 pays à l’invasion et à la « reconstruction » du pays – utilisé aussi en Irak et en Lybie – fait penser que le schéma de société sert à garantir l’usage de troupes sans que les USA et les puissances alliées ne se sacrifient directement sur le terrain.

C’est la transformation opérée par l’OTAN depuis sa naissance, en 1949, jusqu’à ses nouvelles modalités de forces militaires multinationale et omniprésente qui cherche à pénétrer en Amérique Latine, et en particulier en SUD Amérique.

L’origine de l’histoire

L’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) a beaucoup changé depuis quelle fut formée, le 4 avril 1949, dans la ville de Washington, avec la participation de 10 nations européennes, des USA et du Canada.

Crée dans un esprit de défense mutuelle entre associés ; l’OTAN en pratique s’est déployée sur toute la planète (à travers des pactes régionaux qui lui ont permis d’intervenir en Asie, au Moyen Orient et en Afrique) pour neutraliser l’expansion du communisme, au point qu’elle finit par se convertir en grand bras armé de l’Occident pendant la guerre froide.

Le puissant arsenal militaire qui grandit à l’abri des puissances occidentales (Etats-Unis, Angleterre, et France en tête) la fit se convertir dans la plus grande puissance militaire du monde et lentement elle s’est étendue, avec différentes formes d’affiliations à presque toute l’Europe Occidentale.

On se souviendra de la polémique que provoqua l’entrée en 1982 de l’Espagne « socialiste » dans le Traité de l’Atlantique Nord, un pas qui aligna définitivement le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol sur les principes d’action de base de cette organisation,  autant dire, qui le rendit dépendant  de la défense internationale de la démocratie, des droits humains et de respect de la loi, selon des paramètres et intérêts imposés par les USA et les principales puissances de l’organisation qui sont celles qui prennent véritablement les décisions à l’intérieur de l’OTAN. 

Après la chute du communisme et la désintégration de L’Union Soviétique, au début des années 90, l’OTAN s’est restructurée avec pour vue d’identifier et construire un autre “ennemi”, et pour cela elle utilisa toute son énergie à construire de nouveaux paramètres qui garantissent la « sécurité et la stabilité » des grandes puissances occidentales.

Son intervention dans la guerre de Yougoslavie en 1996, inaugura les dits bombardements pour « raisons humanitaires » qui convertirent l’OTAN en un nouvel acteur global, avec la capacité d’intervenir dans des conflits internes et des guerres entre pays sans l’approbation préalable de l’ONU, toujours au nom de la « démocratie et les droits humains universels »

En 1999 l’organisation initia une stratégie agressive de l’affiliation avec l’incorporation de pays comme la Hongrie, la Pologne et la République Tchèque, ce qui inaugura une nouvelle ère d’expansion en Europe de l’Est, dans une tentative de ligoter la Russie (le projet de bouclier antimissile s’insère dans cette stratégie) et d’éradiquer définitivement le fantôme du communisme dans les ex républiques soviétiques.

A la fin du 20ème siècle, l’OTAN était une organisation  comptant 28 membres (elle avait commencé avec 12 en 1949), annonçant de cette manière la tendance que certains internationalistes ont appelée « otanisation du monde », ce qui veut dire, la présence militaire toujours grandissante de cette organisation dans toutes les régions de la planète.

Le 21ème siècle et la politique des associés

Avec l’attaque des Tours Jumelles, en septembre 2001, les USA et leurs alliés définissent le nouvel ennemi global pour le 21ème siècle : le terrorisme. Au nom du terrorisme fut testé ce nouveau rôle de l’OTAN de bras armé multinational intervenant militairement dans les pays accusés ou soupçonnés, par cette même organisation de constituer une « menace pour la sécurité globale ».

LOTAN se déploya sur le territoire afghan à partir de 2003, un modèle d’action militaire appelé Force Internationale de Sécurité (IZAF, sigle en anglais) à travers lequel non seulement participent aux opérations ses membres traditionnels mais aussi d’autres armées de diverses nations du monde, à tel point qu’au cours des 10 dernières années ce sont 50 pays qui ont participé aux opérations, beaucoup d’entre eux entant que « associés » spéciaux de l’organisation.

Ces associés sont essentiellement des “nations fournisseuses de troupes » qui en plus accomplissent des tâches de « reconstruction » dans le pays (avec les possibilités commerciales pour tous). En Afghanistan, il y a actuellement 16 de ces associés : Arménie, Australie, Azerbaïdjan, Bahreïn, Géorgie, Japon, Jordanie, Kazakhstan, Malaisie, Mongolie, Nouvelle Zélande, Singapour, Corée du Sud, Tonga, Turquie et Emirats Arabes.

L’Afghanistan, comme le dit Rick Rozoff, fondateur de l’organisation contre la militarisation du monde Stop-Nato, a été un laboratoire privilégié pour unifier les intérêts de l’occident et de l’orient et solidifier avec eux la domination de l’OTAN dans la région clé de la géopolitique mondiale. De cette manière, les USA et leurs alliés potentiels, à travers des « associations pragmatiques, efficaces et flexibles » avec d’autres pays, maintiennent leur présence et leur contrôle militaire sur différents territoires, conflits et aires stratégiques, sans avoir besoin de s’exposer directement.

L’augmentation des alliés ayant ce statut « d’associés » a permis aux USA et aux puissances occidentales d’avancer dans leurs dominations, sans devoir « démocratiser » ou « pluraliser » leurs intérêts à l’intérieur de l’organisation.

Associés stratégiques et opérationnels

Dans la première décennie du 21ème siècle, l’OTAN parvint à consolider des associations dans le Nord de l’Afrique, le Golfe Persique et la Mer Baltique (Géorgie) qui ont repotentialisé son pouvoir et son influence, et selon Michito Tsuruoka, membre de l’Institut National de la Défense du Japon,  ce qu’il appelle des objectifs « stratégique institutionnels, opératifs et d’interpeuplements » de l’organisation.

Un modèle qui a servi depuis novembre 2010 pour établir une politique agressive d’association dans le Pacifique Sud, et qui a permis à l’OTAN de gagner l’appui de pays comme l’Australie, la Nouvelle Zélande, les Philippine et pratiquement la dizaine de pays qui intègrent l’Association des Nations de Sud-Est Asiatique (Asean) – sauf la Chine – avec l’organisation périodiquement d’exercices militaires, maintient de bases militaires permanentes sur leurs territoires et échanges d’informations privilégiés sur de potentiels ennemis des Etats-Unis et de leurs alliées dans l’organisation.

Si dans les années 90, l’OTAN a tenté d’isoler la Russie en gagnant des associés permanents en Europe de l’Est, au 21ème siècle les intérêts se sont centrés sur la contention de la Chine, la grande puissance émergente du sud-est asiatique, avec des associées flexibles et efficaces. Le Secrétaire Général de l’Organisation, le danois Anders Rasmussen,  le disait déjà en avril 2011 : « Nous sommes disposés à développer le dialogue politique et la coopération pratique avec n’importe quelle nation et avec les organisations importantes du monde entier qui partagent nos intérêts ».

Tsuruoka dit que les sociétés du Pacifique autour de la Chine se sont fondées pour atteindre 4 objectifs politico-militaires ; maintenir la paix, réaliser des opérations humanitaires en cas de désastres naturels, maintenir la sécurité maritime et participer à des plans de défense conjointe et à la lutte antiterroriste.

La condition pour devenir associé de l’OTAN est en apparence basique “être une nation pacifique, responsable et qui contribue à la sécurité globale », le problème arrive quand ces trois vertus doivent coïncider avec les intérêts géopolitiques des USA.

Les accords qui ont été établis privilégient soit le côté stratégique, comme dans le cas du Japon et de la Corée du Sud (ce qui prévaut est l’établissement de plans militaires conjoints pour maintenir la stabilité dans le sud-est asiatique) ; soit l’opérationnel comme ceux souscrits avec des pays comme l’Australie, la Nouvelle Zélande et Singapour, dont l’aspect important est la participation des armées à des opérations militaires de l’OTAN pour améliorer leur capacité opérationnelle, leur formation professionnelle et leur expérience guerrière, en échange d’échanges privilégiés d’informations.

La guerre comme poumon du capitalisme.

Le modèle des associés qui partagent des intérêts, appliqué en Afghanistan, fut testé postérieurement en Irak en 2003, en Libye en 2011 et maintenant on voudrait le mettre à l’épreuve en Syrie et en Iran. Avec plus de 50 associés en ce moment, selon Rozoff (aucun dans l’Amérique Latine et les Caraïbe jusqu’à l’annonce de la Colombie), les architectes de l’OTAN espèrent arriver, dans les prochaines années, à 140 associés, ce qui convertirait l’organisation en une force militaire gigantesque et omniprésente sans contrepoids sur toute la planète.

Ce qui est clair, dans cette «otanisation » du monde, c’est le caractère économique de la formule. Pour se faire une idée, pendant que les USA et l’Europe entraient dans leur crise financière, qui provoquait des coupes inhumaines dans les politiques sociales de ces pays à partir de 2008, les budgets militaires non seulement étaient maintenus et augmentaient même dans plusieurs cas.

Le rapport le plus récent de l’Institut International Sipri, qui a son siège en Suède, dit que les USA supportent 33% des dépenses militaires de la planète, estimée à 1,75 trillons (1.750 milliards) de dollars par an. De ce montant l’OTAN consomme un trillons de dollars et représente 57% des dépenses militaires mondiales.

Des chiffres qui indiquent que l’industrie militaire est le grand poumon du capitalisme au 21ème siècle et que les USA sont le grand bénéficiaire de ce modèle, non seulement parce qu’ils sont de grands producteurs d’armements et technologies militaires, mais aussi parce qu’ils font pression sur leurs associés de l’OTAN pour qu’ils achètent leur armes et dédient la majeure partie de leur budget à des dépenses militaires.

Seulement en 2012 les dépenses militaires en Europe Orientale ont augmenté de 15%, au Moyen Orient de 8% et en Afrique de 7,8%.  Selon le Sipri, l’Italie, un des pays qui a le plus souffert des coupes dans les budgets sociaux, investit en dépenses militaires 34 OOO millions de dollars en 2012.

L’OTAN, pour autant, non seulement cherche à contrôler le monde militairement mais en plus la guerre s’est convertie en commerce le plus lucratif avec lequel survivent les grandes puissances, à commencer par les USA, affectés aujourd’hui par une forte crise financière.

Source espagnole La Otan busca controlar el mundo a través de “acuerdos colombianos” | El Informador Boliviano 

Traduction française Anne Wolff

Partager cet article
Repost0
5 juin 2013 3 05 /06 /juin /2013 15:47

 

Tiens, tiens les voilà les petits drones chargés de repérer les comportements suspects. Il est question aussi de placer des caméras avec cette fonction dans nos rues, de quoi nous apprendre à marcher droit au plein sens du terme. Va falloir en revenir aux bonnes vieilles écoles de maintien afin d’apprendre à se déplacer sans éveiller la suspicion des machines… cela va créer des emplois !

Blague à part, je vois venir le jour où les nanodrones darderont partout leurs yeux mécaniques afin de repérer au fin fond de la plus profonde campagne le contrevenant qui cueille quelques dernières orties ayant échappé à l’éradication  au désherbant sélectif. Ou celui qui fera pousser sous la lucarne du grenier quelques radis issus de graines non brevetées….

Et… cela va loin tout cela, beaucoup trop loin… une caméra qui surveille les dessinateurs d’art de la rue est tout aussi susceptible de surveiller n’importe quoi d’autres. Et nul doute que cela sera aussi leur usage !!!

 

2210

Allemagne : des drones de surveillance pour contrer les graffitis

(Source : Étrange et Insolite)

Les graffiti sur les trains, ça suffit. Les chemins de fer allemands ont décidé d’utiliser des mini-hélicoptères pour filmer et épingler les graffiteurs, rapporte le Bild am Sonntag, repris par le Spiegel.

Les engins de la Deutsche Bahn, équipés de caméras thermiques, devraient être testés dans les semaines à venir. En cas de mouvement suspect, l’opérateur alertera un pilote. Celui-ci, également au sol, pourchassera les coupables à distance grâce à un système opérant dans un rayon de 40 kilomètres. Le tout sera filmé, données GPS à l’appui, afin que les fans de tags puissent être déférés devant la justice. Pour des questions juridiques, les tests auront lieu dans l’espace aérien de la Deutsche Bahn. Les mouchards, qui seront peints en rouge et porteront le logo de la DB, volent quasiment sans un bruit à 150 mètres d’altitude.

Ils ont une autonomie de 80 km. Coût de ces merveilles ? 60 000 euros pièce. Une broutille au regard des 7,6 millions d’euros dépensés l’an dernier par DB pour effacer les élans créatifs des amateurs de bombes de peinture…

Commentaire :
On dépense beaucoup, de part et d’autre, afin « d’effacer les élans créatifs » de la population et la mettre sous l’oeil autoritaire de Big Brother…
Partager cet article
Repost0
5 juin 2013 3 05 /06 /juin /2013 14:48

 

 

Après avoir traduit le texte d’Atilio Boron, (Implications géopolitiques de l’incorporation de la Colombie à l’OTAN. Par Atilio A. Boron  )qui en bon diseur de vérité, pose à plat la signification et les implications de la déclaration du président colombien Santos manifestant sa volonté d’intégrer à terme la Colombie (l’obstacle étant sa situation géographique) dans l’OTAN, sachant l’ignorance dans laquelle baigne une majorité de francophones concernant la géopolitique latino-américaine et l’importance de cette région dans la lutte pour la paix dans le monde,, autrement dit pour éviter après la troisième guerre mondiale économique, l’embrasement planétaire d’une guerre à foyers multiples de guerres civiles ainsi que la concocte le Pentagone et ses maîtres, et comme il ne m’est pas possible de traduire tous les articles importants à ce sujet, j’ai décidé de faire des revues de presse informelles sous forme d’échos afin de contribuer à briser les processus de désinformation matraquée par les uns et par le silence coupable des autres. 

Suite à la déclaration de Santos, Evo Morales, le président de Bolivie a lancé un appel à une convocation d’urgence d’une réunion de l’Unasur pour élaborer une politique de défense commune. Rappelons qu’au cours des derniers mois, après que Washington ait exhibé ses couleurs de guerre dans la région, ces processus de défense conjoint ont accéléré leur marche en avant et qu’une école militaire régionale doit être mise en place en Equateur pour rompre définitivement avec cette tradition qui voulait que les militaires latino soient formé par l’Ecole de torture ex des Amérique sous égide de nazis, de la CIA, et du Mossad qui transformaient ainsi les militaires régionaux en garde-chiourme, assassins et bourreaux des peuples locaux. Ce qui avait suscité la révolte du jeune militaire Hugo Chavez et initié son engagement politique.

Rappelons aussi que la Bolivie a du résister à deux tentatives de déstabilisation proche de coup d’état en moins d’un an. En Juin de l’année passée quand les policiers munis d’armes de guerre (distribuée par différents membres de l’extrême-droite) ont envahi les rues pour réclamer une amélioration de leur conditions de travail, s’attachant à faire monter la tension entre autre en frappant des indigènes surtout des femmes et lançant des insultes racistes au président. Mais comme au Venezuela en avril, ni le peuple, ni le gouvernement n’ont cédé à la provocation. La marche des indigènes des Tipnis dont l’arrivée devait servir de mise à feu s’est détenue, ses leaders affirmant que leur marche était destinée à faire valoir leurs droits et pas à mettre le pays à feu et à sang.

Peu après, ce sont des membres des Opérations Spéciales étasuniennes, entrés séparément avec des visas touristiques qui ont été surpris en plein entraînement dans les montagnes boliviennes. Et plus récemment, une grève menaçait de mettre le feu au poudre, je vous laisse juger des revendications : retraite à 100% du salaire accompagnée d’une augmentation de 800% de ces salaires. Les syndicats locaux ne sont manifestement pas confrontés au concept d’austérité. Essayez donc de faire cela en Europe… mais ici on y penserait même plus…

Ajoutons que depuis le coup d’état qui a renversé le président Lugo au Paraguay en juin 2012 on observe une intensification de présence et mouvements de troupes à la frontière de ce pays avec la Bolivie.

La harpie Clinton a quant à elle lancé quelques imprécations bien sentie pleine de menaces contre la présidente Cristina Kirchner lui intimant de mettre un terme aux avancées (prudentes) du socialisme en Argentine et de se soumettre aux impératifs de la bonne gouvernance néo-libérale. De quoi je me mêle… Et ce malgré que les options prises par Kirchner sont plus proches d’un socialisme de velours à l’ex européenne  avec toutes les carences, imperfections et contresens que nous savons. Une critique cohérente de gauche, paysanne et/ou indigène se fait entendre dans le pays.

L’enjeu que représentent les Malouines est loin d’être anodin puisque sur l’une d’elle, à 700 Km des côtes de Patagonie, est installée une base nucléaire de l’OTAN avec une de ces longues pistes d’atterrissage qui permettent une rapide « projection » de force conforme à la nouvelle doctrine militaire du Pentagone. Rappelons également que lors de la première guerre des Malouines les USA ont violé les statuts de l’Organisation des Etat Américains et du Traité Interaméricain d’Assistance réciproque en se rangeant du côté de la Grande-Bretagne, comme l’a fait remarquer le président du Nicaragua Daniel Ortega lors de sa récente rencontre à Managua avec Nicolas Maduro. Ortega fait remarquer que ce choix a consacré la position des USA comme état extra-régional. Position que veut dorénavant adopter la Colombie.

Une remarque récurrente : l’Otan constituée dans le cadre de la guerre froide pour contenir le risque de la propagation du communisme en Europe aurait du disparaître quand sont tombés l’URSS et le mur de Berlin. Au lieu de cela on l’a vu se transformer toujours davantage depuis sa participation à la destruction de la Yougoslavie en outil criminel du néo-colonialisme.

Après avoir fait une déclaration en ce sens, le président de l’Unasur, Rodríguez Araque affirme que cette volonté manifestée par la Colombie de rejoindre l’OTAN se place dans la volonté d’appropriation des ressources régionales et que le Venezuela est actuellement directement menacé. Rappelons que les troupes de Capriles, perdant des élections, déversant dans les rues leur hargne comme il avait appelé à le faire brandissaient des pancartes appelant à l’intervention humanitaire des USA et d’Israël, et qu’une pétition en ce sens à circulé dans leurs rangs.

Un exemple des formes de déstabilisation actuellement : alors que les entrepreneurs de l’opposition organisent la pénurie des produits de base dans le cadre d’un scénario proche de celui qui avait été utilisé pour préparer le coup d’état contre Allende, avec la même disparition de papier de toilette sur tout le territoire (de quoi en énerver plus dun(e)), des agitateurs se rendent dans les files qui se forment devant les magasins afin d’y provoquer à la violence. Et des actes de sabotages (dont ceux récurrents des lignes électriques)  se poursuivent dans un climat de guerre médiatique.

Alors que le paysage médiatique q vient de connaître deux gros coups fourrés. Le changement de direction de la chaine de télévision Globovision, ouvertement putschiste depuis que Chavez a accédé à la présidence et particulièrement active dans le coup d’état de 2002. La nouvelle direction (on ne lui fait pas confiance) annonce un changement de politique et a expédié sur les roses quelques journalistes vedettes qui servaient l’opposition avec loyauté depuis des décennies. Ils pleurent (les journalistes)

Alors que du côté bolivarien tous s’interroge sur le silence de Maduro concernant l’affaire de la Hojilla (la lame de rasoir). La hojilla c’est (était ?) Mario Silva, journaliste d’investigation d’un immense talent qui avec son excellente équipe d’enquêteurs et sa personnalité décapante à plus d’une fois contribué à révéler les manœuvres de l’opposition avant même qu’elles se produisent. Révolutionnaire de toute la vie, soutien indéfectible du chavisme, il a été limogé après que l’opposition ait produit un enregistrement entre lui et un notable cubain dans lequel il dénonçait tout à la fois le bureaucratisme et la corruption, mais surtout la volonté du président de l’assemblée nationale Diosdado  Cabello de prendre la place de Maduro. Rien ne confirme que cet enregistrement soit bien de lui ou que ce soit un faux habile monté grâce aux techniques de pointe du Mossad en la matière, mais le mal est fait, la Hojilla n’émet plus. Il se bat, avec ses armes et occupe le champ médiatique d’une autre manière (Mario Silva)

Des exemples parmi d’autres pour vous dire que les tentatives de déstabilisations se poursuivent en ce moment à basse intensité, alors que les réunions successives de Capriles d’abord celle discrète avec le grand chef des fascistes et autres nazis régionaux l’ex narco président Alvarez Uribe actuel président du parti régional d’extrême-droite UnoAmerica, suivie de sa réunion fort médiatisée avec le président Santos, jointe à différentes déclarations de la marionnette qui joue le rôle de président des USA, Obama, qui font de la Colombie l’exemple de la démocratie dans la région, celui que font devoir suivre de gré ou de force les autres pays… tout indique que en plus de la guerre psychologique (et cybernétique aussi avec quelques hackers de service) et des déclarations menaçantes et belliqueuses encore au stade verbal, se mettent en place les conditions d’un affrontement militaire.

Avant les élections plusieurs groupes de paramilitaires colombiens s’étaient fait prendre revêtus d’uniformes militaires vénézuéliens sur le territoire Vénézuélien, l’un deux parce qu’il ne portait pas le bon uniforme au bon moment. La zone frontière reste un sujet d’inquiétude. Bref l’accalmie voir le beau temps dans les relations entre la Colombie et le Venezuela, depuis l’accession à la présidence de Santos, les négociations avec les guérilléros des FARC, tout cela a été balayé comme un coup du revers de la main pour faire place à des préparatifs de guerre d’une part et à l’urgence de mettre en place une force militaire dissuasive de l’autre.

Et donc il est difficile de juger du travail intérieur du gouvernement vénézuélien en ce moment. Maduro semble être partout à la fois, dans différents pays de la région, dans différents états du pays et même au palais présidentiel de Miraflores. Mais juger de ces capacité comme président du pays, c’est un peu comme se demandé ce que serait devenue la révolution cubaine sans le blocus économique. En Bolivie, au Nicaragua, en Argentine, en Equateur, en Uruguay il a noué des accords qui garantissent l’approvisionnement du pays en biens de premières nécessité, le gouvernement de rue, qui lont améné dans différents états du pays, est applaudit par les uns et descendu en flamme par les autres… et c’est comme cela pour tout…. Malgré cela, parmi les 7 millions de vénézuéliens des millions d’entre eux participent à la défense de la révolution. Et si nombre d’entre eux sont critiques, c’est une critique destinée à faire avancer les choses… Je réserve donc mon jugement.

Tout ceci contribue aussi à mettre (encore un peu plus) en lumière le rôle que l’OTAN (et les autres outils de guerre au service des corporations transnationales capitalistes). Celui que cette armée n’a jamais cessé de jouer, celui d’agent de l’ingérence militaire dans la destruction de toute tentative d’auto organisation et d’autodétermination des peuples dans le monde en général, alors que des outils plus discrets étaient mis en œuvre pour détruire de l’intérieur l’opposition européenne, usant de la carotte et à présent du bâton pour détruire à la racine l’Europe comme berceau de grands mouvements de libération populaire.

Incontestablement c’est fait. Et le moment est venu de se poser la question : « Quel rôle réserve à l’Europe la suite du scénario ? » Nous n’avons pas de grandes ressources naturelles convoitables, ni d’immenses terres cultivables, nous avons été évincés de la concurrence à la colonisation, ne jouant plus que le rôle de vassal de seconde zone dans les guerres de l’Empire, les forces d’opposition susceptibles de proposer un projet alternatif au néolibéralisme sont atomisées, ont été perverties ou ont été annihilées… Les populations sont devenues aussi incultes que celles des Etats-Unis et s’il reste quelques cerveaux, rien de plus facile à expatrier. Nous voyons que les corporations sont entrain pays par pays de s’accaparer de nos dernières épargnes et de privatiser comme en Grèce l’ensemble du territoire, bien commun, ressources naturelles, logements tout y passe, alors que les droits humains se réduisent comme peau de chagrin… Quel est donc l’intérêt de l’Europe  dans le scénario de Nouvel Ordre Mondial… j’ai bien peur que la réponse soit déstabilisante pour beaucoup… cet intérêt est en fait quasi nul ! Evincée à la fois comme force d’opposition et comme concurrente dans le pillage de la planète, sans grandes ressources naturelles, son économie quasi digérée par la phagocytose néolibérale, ses populations abruties par l’acculturation, la décadence de l’enseignement et l’omniprésence de la propagande, de plus en plus détestée dans le monde entier pour sa complaisance à jouer le rôle de vassal armé,  l’Europe est à présent sans grand intérêt pour l’empire et ses dirigeants apatrides, l’Europe est en mauvaise posture.

L’Amérique Latine rebelle nous a plus d’une fois tendu la main nous invitant à nous joindre à son combat pour l’avènement d’un monde multipolaire en paix parce que fondé dans des principes de complémentarité et de partage. Que les expériences en ce sens qui se mènent là-bas ne soient pas parfaites, tous en conviennent, cependant elles constituent une avancée sans précédent vers une réelle souveraineté des peuples. Ces avancées sont aujourd’hui menacées. Elles sont notre seul rempart contre la mise à feu de la planète pour une durée d’au moins trente ans comme le décide et l’annonce le Pentagone. Allons-nous continuer à lécher les mains qui nous battent en ployant l’échine ?

Anne W

Partager cet article
Repost0
5 juin 2013 3 05 /06 /juin /2013 10:34

 

 

 

Petit résumé du contexte. Après les élections au Venezuela, le candidat d’extrême-droite évincé, Capriles a lancé ses hordes fascistes à l’attaque des acquis de la révolution bolivarienne (centre de santé, médias populaires, logements sociaux…) et appelé ses autres supporters a décharger leur hargne dans la rue, alors que les corporations d’entrepreneurs organisaient une pénurie des produit de base, en particulier du papier de toilette (comme dans le Chili d’Allende) et des sabotages provoquant des coupures de courant dans tout le pays. Des attaques cybernétiques ont également été menées. C’était le plan A qui consistait a provoquer un soulèvement populaire juste après les élections, ce qui aurait permis de faire appel à l’intervention humanitaire de Washington et ses alliés.

La déstabilisation du Venezuela a plusieurs enjeux, ses réserves de pétrole sont convoitées par les corporations, mais cet enjeu national n’est qu’une petite partie du programme qui est celui d’une recolonisation de l’ensemble de la région afin de mettre la main sur l’ensemble de ses ressources naturelles et de ses terres cultivables. Ce qu’à annoncer sans équivoque le secrétaire d’état Kerry dans une déclaration de guerre aux peuples souverains d’Amérique Latine, annonçant une approche vigoureuse de l’arrière-cour des E.U. Ce qui a entraîné de nombreux remous dans la région et l’accélération du processus de création de défense commune de l’Unasur.

Bref depuis deux mois nous assistons à d’incessants mouvements d’action-réaction entre les menaces contre la souveraineté régionale venant de Washington et Miami et les réponses des peuples et de leurs mandataires populaires. Ces mouvements consistent en préparatif de guerre de la part de l’Empire et les réponses sont les créations de forces de dissuasions par les gouvernements démocratiques et des peuples menacés.

Les autres pays de la région étant déjà soumis depuis des durées plus ou moins longues à des guerres dites de basse intensité impulsées par Washington et ses alliés régionaux dont la Colombie est la tête de pont en guerre depuis un demi-siècle. Malgré une avancée vers la paix réalisée par son actuel président Santos, la plupart des observateurs avertis guettaient le moment où il allait retourner sa veste et montrer son vrai visage et ses véritables ambitions, voilà qui est fait.

Santos se révèle à présent, avec le toujours actif Uribe, comme le principal traître et criminel régional, prêt à mettre la région à feu et à sang pour réaliser ses ambitions personnelles et complaire à ses maîtres. Rappelons qu’au cours de ces dernières semaines, plus d’un million de colombiens de toutes obédiences ont manifesté ensemble à Bogota en soutien au processus de paix entamés avec la guérilla, processus compromis par la déclaration de Santos et condamnés si la Colombie devenait allié extra de l’OTAN.

L’avancée dans l’épreuve de force vient d’opérer un bond en avant en intensité. Le Venezuela avait déjà été soumis à une telle épreuve, quand à la suite du coup d’état mené par le premier régime Obama au Honduras, celui-ci avait installé en Colombie, à la frontière du Venezuela de nouvelles bases militaires obligeant le Venezuela à de grandes dépenses militaires pur assurer avec succès sa protection par la dissuasion, grâce aux incomparables qualités de stratège de Chavez.

Cette épreuve de force est aussi une heure de vérité, est-ce que les gouvernements progressistes tout à fait capables de conquérir des avancées sociales importantes en temps de paix vont être capables de défendre leurs acquis en empêchant le déclanchement d’une guerre qui risquerait d’annihiler tout espoir pour la planète de trouver de nouvelles manières d’être habitée dans la paix et l’autodétermination des peuples.

C’est donc un moment très fort de l’histoire de l’humanité dont nous sommes témoins puisque sa survie est aussi enjeu de cette guerre.

 

 

 

 

Implications géopolitiques de l’incorporation de la Colombie à l’OTAN

Par  Atilio A. Boron | 04/06/2013  

L’annonce faite par le président de Colombie Juan Manuel Santos disant que « au cours de ce mois de Juin il souscrira un accord de coopération avec l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) pour montrer sa volonté de s’y intégrer »  a causé un choc prévisible dans Notre Amérique. Il l’a prononcée lors d’un acte de promotion de membres de l’armée réalisé à Bogota, occasion à laquelle Santos signale que la Colombie a le droit de « penser en grand », et qu’il va chercher à être parmi les meilleurs « pas seulement de la région, mais du monde entier »

Il poursuivit ensuite en disant « Si nous obtenons cette paix –se référant aux conversations de paix qui sont en cours à Cuba, avec l’aval des amphitryons, Noruega et Venezuela – notre Armée est dans la meilleure position pour pouvoir se distinguer également au niveau international. Elle le fait déjà sur différents fronts », assure Santos. Et il pense le faire avec rien moins qu’en s’associant à l’OTAN, une organisation sur laquelle pèsent d’innombrables crimes en tous genres perpétués en Europe même (souvenez-vous des bombardements en Yougoslavie), en Libye et actuellement sa collaboration avec les terroristes qui ont pris la Syrie d’assaut.   

Les bombardements de l’OTAN sur la population civile en Libye.

Jacob David Blinder, essayiste et journaliste brésilien, fut un des premiers à s’alarmer face à cette décision du colombien. Jusqu’ici le seul pays d’Amérique Latine « allié extra OTAN » fut l’Argentine, qui obtint ce statut déshonorant durant les néfastes années de Menem, et plus spécifiquement en 1998, après avoir participé à la Première guerre du Golfe (1991-1992) et avoir accepté toutes les diktats imposés par Washington dans de nombreux domaines de la politique publique, comme, par exemple, le démantèlement du projet du missile Condor et la congélation du programme nucléaire qui depuis des décennies se développait en Argentine. Des graves attentats qui provoquèrent une centaine de morts – à l’ambassade d’Israël et la AMIA – furent le solde de l’Argentine en représailles pour s’être jointe à l’organisation terroriste nord-atlantique.

Le statut “d’allié extra de l’OTAN” fut créé en 1989 par le Congrès des Etats-Unis – non par l’organisation – comme un mécanisme pour renforcer les liens militaires avec des pays situés hors de l’aire de l’Atlantique Nord pour qu’ils puissent être d’une aide quelconque dans les nombreuses guerres et processus de déstabilisation politique que les Etats-Unis mènent dans les recoins les plus éloignés de la planète. L’Australie, l’Egypte, Israël, le Japon et la Corée du Sud furent les premiers à s’y intégrer et peu après l’Argentine le fit, et à présent la Colombie espère l’obtenir.

Le sens de cette initiative du Congrès nord-américain saute aux yeux, il s’agit de légitimer et de renforcer ses incessantes aventures militaires – inévitables pendant les trente prochaines années, si nous lisons les documents du Pentagone sur de futurs scénarios internationaux – avec une aura de « consensus multilatéral » qu’elles n’ont pas en réalité. Cette incorporation des alliés extrarégionaux de l’OTAN qui a été promue sur les différents continents, reflète l’exigence imposée par la transformation de l’armée des E.U. dans sa transition d’une armée préparée pour livrer des guerres dans des territoires limités en une légion impériale qui avec ses bases militaires de différents types (plus de mille sur toute la planète, ses forces régulières, ses unités à « déploiement rapide » et la croissante armées de »contractants » (vulgairement : mercenaires) veut être préparée pour intervenir en quelques heures pour défendre les intérêts étasuniens dans n’importe quel point chaud de la planète. Avec sa décision Santos se met au service d’un aussi funeste projet. 

A la différence de l’Argentine (qui bien sûr devrait renoncer sans plus tarder à son statut dans une organisation criminelle comme l’OTAN), le cas colombien est très spécial, parce que depuis des décennies la Colombie reçoit, dans le cadre du Plan Colombia, un important appui économique et militaire des Etats-Unis – de loin le plus élevé des pays de la région  seulement dépassé par les débours réalisés en faveur d’Israël, de l’Egypte, l’Irak et de la Corée du Sud ainsi que quelques autres alliés stratégiques de Washington.

Quand Santos déclara que sa vocation est de se projeter dans le « monde entier », ce que cela signifie, c’est sa disposition à se convertir en complice de Washington pour mobiliser ses  forces fort bien armées au-delà du territoire colombien et pour intervenir dans des pays que l’Empire s’efforce de déstabiliser, en premier lieu, le Venezuela. Il est peu probable que son annonce signifie qu’il est disposé à envoyer des troupes en Afghanistan ou sur d’autres théâtres de guerre. La prétention de la droite colombienne, au pouvoir depuis toujours, a été de se convertir, spécialement depuis la présidence du narco-politique Alvaro Uribe Velez, en « l’Israël d’Amérique Latine » s’érigeant, avec l’appui de l’OTAN, en gendarme régional de la zone, pour agresser ses voisins comme le Venezuela et l’Equateur et d’autres – Bolivie, Nicaragua, Cuba ? – qui ont la hardiesse de s’opposer aux desseins impériaux. Ceci et pas autre chose est ce que signifie cette déclaration.

Mais il y a quelque chose de plus, avec sa décision Santos, de manière irresponsable,  remet en question la marche des conversations de paix avec les FARC à la Havane (dont un des avals est précisément le Venezuela) assénant un dur coup aux colombiens et colombiennes qui depuis des décennies espèrent mettre fin au conflit armé qui a causé tant d’indicibles souffrances  à son peuple. Comment les guérilléros colombiens pourraient–ils faire confiance à un gouvernement qui ne cesse de proclamer sa vocation d’ingérence et militariste, maintenant potentialisée par sa prétendue alliance avec une organisation aux connotations aussi criminelles que l’OTAN.

Dun autre côté; cette décision ne peut qu’affaiblir – de manière préméditée, bien sûr – les processus d’intégration et d’’unification supranationales en cours en Amérique Latine et dans les Caraïbe. La thèse des « Chevaux de Troie » de l’Empire, que nous avons planté de manière répétitive dans nos écrits à ce sujet, devient d’une actualité renouvelée par la décision du mandataire colombien. Que fera alors Unasur et comment pourra réagir le Conseil de Défense Sud-Américain dont le mandat conféré par les chefs d’état de nos pays est de consolider notre région en tant que zone de paix, comme une aire libre de la présence des armes nucléaires ou de destruction massive, comme une contribution à la paix mondiale pour laquelle il est requis de construire une politique de défense commune et de renforcer la coopération régionale dans ce domaine.

Il est indiscutable que derrière cette décision du président colombien se rencontre la main de Washington, qui a progressivement converti l’OTAN en une organisation criminelle au champ d’action mondial, débordant du périmètre de l’Atlantique Nord qui était sa limite originelle. On reconnait également la main d’Obama qui a impulsé, peu après le lancement de l’Alliance du Pacifique (tentative de ressusciter l’ALCA sous un autre nom), la provocatrice réception de la part de Santos du lieder putschiste vénézuélien Henrique Capriles.

De même, on peut percevoir maintenant, toutes les implications géopolitiques liées à cette initiative de tension de la corde des relations colombano-vénézuélienne, menaçant ses voisins et précipitant l’augmentation de leurs dépenses militaires, affaiblissant l’UNASUR et la CELAC, s’alignant avec la Grande–Bretagne dans le différend avec l’Argentine au sujet des Malouines, étant donné que c’est la posture officielle de l’OTAN. Et qui mentionne cette organisation ne peut que se rappeler que, comme disent les spécialistes du sujet, les nerfs et les muscles de l’OTAN, les E.U. les apportent et les autres pays sont réduits au rôle de pions du ponte impérial. En somme une nouveau tour de vis de la contre-offensive impérialiste dans Notre Amérique, qui pourra seulement être repoussée par la mobilisation massive des peuples et l’énergique réponse des gouvernements véritablement démocratiques de la région. Cela sera une épreuve du feu qu’ils devront surmonter dans les prochaines semaines.

Traduction Anne Wolff

Source espagnole Implicaciones geopolíticas del ingreso de Colombia a la OTAN - Por: Atilio A. Boron

 

Partager cet article
Repost0
4 juin 2013 2 04 /06 /juin /2013 20:23

 

 

 

On avait déjà pu apprécier sa sélectivité en matière de défense de la vie et des droits des journalistes (pas très réactif face aux multiples assassinats de journalistes au Honduras, par exemple), ses positions pas très conformes à l’idée que l’on se fait de celle d’un auto-proclamé défenseur de droits humains… et voilà qui couronne le tout et lève totalement le voile…

 


Fundador de Reporteros sin Fronteras candidato de la ultraderecha  

03 junio, 2013



Marion Le Pen a annoncé vendredi que l’ex-trotskyste, Robert Ménard fondateur et directeur de l’ONG Reporter Sans Frontières se présenterait, à Bézier, aux élections municipales de 2014 sur les listes du FN. Ce quil a confirmé au micro de Bleu Hérault.

Cette candidature confirme ce qui affleurait dans son discours, ses affinités avec l’extrême-droite dont il avait affirmé qu’il fallait défendre la libre expression à Nouvelles de France en avril 2011.

Deux ans après son pamphlet « Vive Le Pen ! »  ses sympathies se confirment. Ménard qui s’autoproclame apolitique se dit enchanté du soutien que le FN apporte à sa liste parce qu’ils partagent la même idéologie (entrevue à France Info).

Ce rapprochement n’a rien de surprenant. Né il y a 54 ans en Algérie, il est le fils d’un militant de l’OAS (Organisation terroriste d’extrême-droite qui au début des années 60 sema la terreur entre la France et l’Algérie).

L’été passé une entrée intitulé « Blancs, White, Blancos » de son blog exprimait des préoccupations xénophobes (et on le retrouve à présent sur le gerbeux BdVoltaire NdT. Beurk !)

Malgré une façade humaniste on avait déjà pu apprécier ses positions plus que conservatrices lorsque que dans une entrevue à France Culture il avait défendu le droit de recours à la torture et qu’en 2010 il s’était fait l’avocat de la peine de mort.


Traduction  libre et  résumée  par Anne Wolff de l’article
Fundador de Reporteros sin Fronteras candidato de la ultraderecha - AGATON 

Partager cet article
Repost0
4 juin 2013 2 04 /06 /juin /2013 17:39

 

 

Quelques inquiétudes à la lecture de ce texte, principalement concernant ce qui n’y apparait pas de ce qui est l’héritage essentiel de Chavez, le développement des conditions de souveraineté alimentaire dans,un pays libre d’OGM et de droit intellectuel sur les semences.

Un programme mené avec la Via Campesina, qui a contre-courant des (déplorables) tendances mondiales donnait une place prépondérante à l’agriculture paysanne, et à la redistribution de terres à cet effet, mais aussi au développement d’un enseignement agricole de qualité accompagné de recherches. Mais aussi un encouragement au développement d’une agriculture urbaine. Et un secteur de Gardien de Semences Traditionnelles, pour en favoriser la multiplication, la distribution et les échanges fluides.

Cette inquiétude semble partagée par les associations paysannes du Venezuela. Préoccupées notamment par l’introduction d’une nouvelle loi sur les semences. L’Argentine avec la moitié de ses terres cultivables livrées au Round UP et soja OGM, n’est vraiment pas un modèle en la matière de développement agricole respectueux et intelligent. Les échanges avec l’Argentine supposent-ils un apport d’aliment GM au Venezuela ?

Chavez était certainement le chef d’état au monde le plus cohérent et intransigeant  en matière de lutte contre Monsanto et cie, mais jusqu’ici je n’ai pas constaté que la poursuite de ce projet de souveraineté alimentaire paysan préoccupe beaucoup le nouveau gouvernement.

Par contre, contrairement aux relations entre nations  européennes des rapports forts de solidarité et de mise en commun de complémentarité sont développés. Les relations régionales n’ont pas comme l’Union Européenne la concurrence libre et parfaite phagocyteuse comme principe fondateur.

Beaucoup de questions encore à approfondir…

Pérou : Députés du PSUV : Le Venezuela a été soumis à une guerre économique aux multiples facettes.

par Yásser Gómez Carbajal

Lundi, 03 Juin 2013

 

 Discussion avec les députés du PSUV Jesus Faria et José Sanguino sur la guerre économique qu’affronte depuis ses débuts la Révolution Bolivarienne et qui a été attisée face à la défaite du candidat Henrique Capriles.

Face à la campagne médiatique de la droite continentale pour déstabiliser le gouvernement bolivarien dirigé par le président du Venezuela, Nicolas Maduro, ce sont  rendus à Lima, Jesus Faria, député du Parti Socialiste Uni du Venezuela (PSUV) à l’Assemblée Nationale (AN) de la région District Capital et Jose Sanguino, député du PSUV à l’AN de l’Etat de Tachira, afin d’y exposer ce qui se passe réellement dans le pays. .

 

Les parlementaires bolivariens – qui président la Commission Permanente des Finances et du Développement Economique de l’AN – se sont réunis avec diverses autorités comme le président du Congrès de la République, Victor Isla, la Vice-présidente de la République, Marisol Espinoza, la Maire de Lima métropolitain, Susana Villaran et les conseillers municipaux du groupe Confluencia pour Lima.

 

Mariategui. La revue des idées discute avec les députés du PSUV au sujet de la guerre économique qu’affronte depuis ses débuts la Révolution Bolivarienne et qui fut attisée au cours des dernières semaines face à la déroute électorale du candidat Henrique Capriles de la Table d’Unité Démocratique (MUD) de droite.

 

Le parlementaire Faria fait une analyse de la question délicate que constitue  une économie de rente dépendante du pétrole, de l’accaparement et les ruptures d’approvisionnement d’aliments que pratiquent les pouvoirs économiques depuis le coup d’état de 2002 jusqu’aujourd’hui. Il analyse la réponse de l’état avec des réseaux d’approvisionnent comme Mercal et PVDA et le sujet de la réunion du Président Maduro avec Lorenzo Mendoza, président exécutif de l’entreprise Polar.

 

Pour sa part, le député Sanguino expose les accords de complémentarité que le Venezuela a signé et développés avec l’Argentine et l’Uruguay – dans le cadre de Mercosur – tant en ce qui concerne l’industrie alimentaire que les transferts de technologies. C’est-à-dire que le Venezuela leur fournit des ressources énergétiques et tant l’Argentine que l’Uruguay tous ce qui concerne les produits alimentaires et l’espace pour la production agroindustrielle.


 

 

 Jesus Faria

 

Une économie de rente

 

 

« Le thème économique qui est un des thèmes prioritaire de cette nouvelle phase de la Révolution Bolivarienne est un thème complexe, parce que notre objectif est la transition au socialisme, ce qui suppose que nous ne restions pas dans une économie capitaliste.


« Ceci est la base de la société, ce en qui nous sommes d’accord, dans cette vision et c’est sans doute là que réside les majeures difficulté et résistance pour les changement, le changement est beaucoup plus complexe. »

 

 

 

“Et pour nous ce changement est encore plus complexe puisque nous partons non seulement d’une économie capitaliste mais aussi d’une économie rentière,  ce qui veut dire que nous avons des rentrées qui ne correspondent pas au travail mais au fait que nous avons du pétrole. »


« Cela a été une véritable calamité, ce phénomène a commencé à s’enraciner dans les années 50 du siècle passé et a annihilé l’économie productive, et les politiques néolibérales furent le point culminant de tout cela. 

 

“Avec l’ouverture [de ce marché] le peu qu’il y avait alors [d’économie productive] fut détruit, du coup nous avons hérité d’une économie fort dépendante des importations, des centres impérialistes, du pétrole à basse productivité et d’un important retard technologique.

 

 Guerre économique


“Du coup nous sommes fort vulnérables aux intentions et objectifs des grands groupes économiques, dont les intérêts dévoilés furent de faire tomber d’abord le gouvernement du Commandant Chavez et ensuite celui de Maduro. »

 

« Vous savez qu’en 2002 il y a eu un coup d’état contre le Commandant Chavez et que cette dictature heureusement éphémère ne dura que deux jours »


« Et ceux qui ont promu  ce coup d’état en dehors des corporations pétrolières qui ont une obsession débordante pour les réserves pétrolières du pays qui sont les plus grandes de la planète, ce furent les grands groupes économiques, les entrepreneurs menèrent une guerre économique pour créer une situation d’insurrection et cela se traduit par ce coup d’état (de 2002). »

 

 

 

 

 “Le dictateur de 2 jours était le chef de la direction de l’association d’entreprises (Pedro Carmona Estanga, président de Fedecamera 2001-2003), nous ans été soumis à une  guerre économique acharnée qui avait de nombreuses facettes, la spéculation sur les aliments, les taux de change; l’accaparement et d’autres éléments importants mais d’un moindre impact”.


« Cela a été une constante que les secteurs économiques les plus puissants se sont affronté à la Révolution comme sils étaient des partis politiques et à présent cela se répète, ils avaient l’espoir – je ne sais s’ils l’ont perdu à présent – que sans Chavez la Révolution tomberait facilement ».

 

 

« C’est pour cela que se déclencha cette situation, les accaparements, l’augmentation démesurée des prix des articles de premières nécessités qui sont très sensibles ».

 

 

“La relation est très claire, il s’agit de générer un chaos social à partir d’un problème économique pour déboucher sur une crise politique, et cela s’est traduit dans cette situation de pénurie pour cause d’accaparement.

 

 

Approvisionnement par l’Etat

 

“Bien sûr, notre capacité de réponse est meilleure, même si nous n’avons pas  le pouvoir dans ce domaine, je parle du commerce des aliments, nous avons un réseau de commercialisation (Mercal et PVDA) qui a pour le moins pu empêcher que ce coup d’état se traduise en une perturbation très importante, nous distribuons des aliments aux familles vénézuélienne avec un subside très important ».


« Pas dans les quantité que permettrait un approvisionnement normal, c’est clair, mais oui, nous empêchons que ne se pille la réserve d’aliments du pays ».

 

 

 

 

 “C’est une situation dure, conflictuelle que nous sommes arrivés à surmonter avec l’appui des pays amis et les importations que nous avons réalisé, et certainement le déploiement  de ce réseau de commercialisation de ces articles de première nécessité ».

« Eux le savent, à la place de discréditer le gouvernement, ils sont en train de se discréditer eux-mêmes (les entrepreneurs),  nous disons que à ceux qui ont les positions les plus conservatrices, cependant nous leur avons tendu la main pour dialoguer, et ils sont venus ».

Réunion avec la Polar

« Effectivement il y a eu une entrevue avec la principale corporation de capital vénézuélien, une grande entreprise appelée POLAR qui produit une gamme d’aliments, parmi lesquels le principal produit de notre régime qui est la farine de maïs pour faire l’arepa qui est notre pain, une tortilla de maïs »

 

 

 

 

 “La discussion a porté sur la détermination de la manière dont ils vont agir pour la  relance de l’appareil productif et pour surmonter les situation de pénurie”

« Ceci fut très positif pour nous, le président Nicolas Maduro a convoqué Lorenzo Mendoza, président exécutif de l’Entreprise POLAR au palais de Miraflores pour exiger qu’il atteigne des maximums de production et ce Monsieur est venu et a reconnu le président Maduro comme président légitime, ce qui fut une sorte de soufflet pour la droite fasciste qui n’a toujours pas reconnu Maduro comme président.

« En plus il s’est engagé à élever au maximum la production, et nous n’avons pas perdu notre profil révolutionnaire, nous n’enfreignons aucun principe, nous ne sommes pas entrés dans des compromis pragmatique, rien de cela ».

 

 

 

Président Nicolas Maduro(dr) en réunion avec Léopold Mendoza, président exécutif des Entreprises Polar (gch avec des lunettes). 

 

“Tout indique qu’au cours des prochains jours se rétablira la normalité absolue dans la maintenance de tous ces produits ».


« Dans ce gouvernement, la ligne du Commandant Chavez se maintient, il y a une loyauté absolue à ce qu’il nous a légué ».


 

 Jose Sanguino

Complémentarité commerciale

“Avec le Venezuela, comme plein membre de plein droit de Mercosur et la poursuite de la politique d’intégration initiée par notre leader éternel le commandant président Hugo Rafael Chavez Frias et notre président Nicolas Maduro  réalisant son héritage, les relations se sont renforcées avec les gouvernements et les peuples d’Argentine et d’Uruguay de telle manière que les relations entre nous soient de complémentarité ».

 

 

 


 “Nous disposons de certaines ressources dont ils manquent, en l’occurrence de ressources énergétiques et eux nous fournissent des biens essentiels qui en ce moment sont en carence au Venezuela, fondamentalement les produits alimentaires, et tout ce qui relève du domaine de la production agroindustrielle ».

L’Argentine est un pays qui connait un développement important dans le domaine de l’agriculture, de l’industrie, dans tout ce qui concerne la production de produits dérivés du lait, et la même chose se passe en Uruguay ».

 

 

 

 


 “D’une part nous avons des inversions conjointes entre des secteurs d’Argentine, Uruguay et Venezuela auxquels participe l’état du Venezuela à travers des entreprises mixtes et cela ne se limite pas seulement l’investissement en soi, mais bien aussi il y a l’accompagnement de transferts de technologies dans lesquels nos travailleurs et travailleuses s’incorporent à des activités productives, avec la maîtrise des différents processus de production.

« Ce sont des conventions pour favoriser le peuples, là il ny a pas de conventions pour favoriser des groupes économiques déterminés ».

 

 

Gouvernement du peuple

“Aucun des membres de la direction du gouvernement révolutionnaire, à commencer par notre président Nicolas Maduro ne vient de groupes économiques, de familles riches, de ceux qui constituent les groupes sociaux dominants, qui sont nombreux dans notre pays ».

« Ce sont des dirigeants, vénézuéliens, vénézuéliennes, combattants qui viennent de la bataille pour la libération des peuples, pour l’exercice de la souveraineté de notre peuple. »

 

 

 

 

“Avec toute leurs actions évoluant dans le cadre de notre Révolution, dans celui de notre Constitution populaire, élue, approuvée par notre peuple, qui vont dans le sens de l’application de nos politiques publiques menées pour le bénéfice de la grande majorité.

« Et orientées de manière à favoriser l’incorporation de notre peuple au développement de son propre destin au moyen de l’application de politiques publiques.



Yásser Gómez Carbajal. Journaliste. Editeur de Mariátegui.
La revista de las ideas.




http://mariategui.blogspot.com.es/2013/06/video-peru-diputados-del-psuv-venezuela.html 

 

Source espagnole et vidéo :
Perú: Diputados del PSUV: Venezuela fue sometida a una guerra económica de muchas facetas

Traduction Anne Wolff


Partager cet article
Repost0
4 juin 2013 2 04 /06 /juin /2013 13:15

 

 

Un zoom sur les conceptions du monde de ces très riches qui ne brillent ni par leur intelligence, ni par leur beauté, ni encore moins par leur humanité.

Alors qu’en Australie depuis la semaine passée a été mise en œuvre la mise à mort « humanitaire » de 100 000 chevaux et autres animaux sauvages, depuis des hélicoptères, de tel propos font résonance comme ils le font avec cette tendance mondiale eugéniste qui ne cesse de faire des petits (et des morts, et des personnes stérilisées contre leur volonté, et des terres rendues inhabitables, incultivables, mortes, stériles, radioactives ou dangereusement polluées).

Des conceptions que partage et met en œuvre à grande échelle le monomaniaque de service Bill Gates, coopté par ses pairs pour entrer dans le cercle des dirigeurs de monde, de notre monde, et décider sans l’avis des populations qui l’habitent, contre leur volonté, contre leurs intérêts et en envisageant de plus en plus souvent la disparition des peuples comme solutions à leur problème d’avidité accaparante exacerbée.

En  l’occurrence la Gina se contenterait de l’eugénisme sans malthusianisme.

 


J’ai décidé de supprimer ce texte, non pas parce que son contenu ne serait pas attribuable à la Gina personnellement, mais à cause des réactions plus que stériles qu’il a suscité et de celles qui ont brillé par leur absence.

La première chose que je voulais remettre en question, c’est cette notion d’élite si mal employée par ceux-là même qui conteste le droit accaparé par une certaine oligarchie a décider seule de l’avenir de la planète.

Cette oligarchie n’a rien d’une élite, elle dégage les relents nauséabonds d’un passé pourri, qui devrait avoir été relégué depuis longtemps au fond des plus profonde des oubliettes de l’histoire mais qui se propose (et s’impose) aujourd’hui comme seul avenir possible.

Que la Gina ait ou non prononcé les paroles qui lui ont été attribuée finalement importe peu, parce que l’idéologie quelle reflète, elle oui existe, est bien réelle et gagne chaque jour du terrain.

Je regrette d’avoir publié sa photo, pour les réactions qu’elle a suscitées. Personnellement quand je l’ai vue, ma réaction était du style, je n’échangerais pas qui je suis contre ses milliards et son physique. Chaque miroir doit être une insulte pour elle. Et cela me fait plutôt pitié.

Bien sûr que si elle avait été jolie et séduisante personne jamais n’aurait pensé à lui attribuer de tels propos, parce que personne ne les aurait relevés.

Je ne pensais donc pas qu’elle susciterait la haine et ces méchancetés qui ont déferlé à son sujet, mais bien plutôt de l’humour et de la dérision face à ces élites autoproclamée, une sorte d’antidote à l’envie d’accepter leur fortune comme argent comptant quand il s’agit de s’acheter une crédibilité comme décideur d’avenir pour tous.

Quand je qualifie Bill Gates de crétin monomaniaque, je le pense, une sorte d’autiste comme beaucoup de dit « surdoués » qui ne le sont que parce que leur cerveau fonctionne dans une seule direction, alors oui, ils vont très loin en ce sens mais seulement parce qu’ils sont absolument fermés, insensibles à tout le reste. Il est malsain que de tels personnages, par le seul fait d’une fortune acquise en fonction de règles fixée par les grands marchands pour phagocyter l’économie mondiale, joue par la seule malédiction de leur fortune, un rôle de décideurs politiques de premier plan.

Et la question de s’avoir s’il faut ou non taxer les grosses fortunes, ce qui de toute façon n’aboutit jamais est subsidiaire. La vraie question est de savoir qui gagne combien en fonction de quel travail et qui décide des critères.

Nous connaissons tous le principe des parachutes dorés pour ceux qui foutent en l’air opportunément des entreprises prospères. Des retraites dorées pour ceux qui n’ont cessé tout au long de leur carrière politique de trahir leur fonction de mandataires du peuple. Nous nous sommes tous interrogé  sur les vrais raisons qui font qu’un joueur de football gagne des fortunes alors que le balayeur de rue si utile est payé un salaire de misère qui dans les conditions actuelles ne lui permet même plus d’assurer ces besoins de base et ceux de sa famille, quand bien même les deux époux travaillent.

Mais il semble bien que la réflexion ait définitivement fait place à l’émotionnalité de la haine et du rejet. Et cela est grave.

Ce qui est à remettre en question, ce sont les sources de ces grosses fortunes, la manière dont elles se sont constituées, celle par laquelle elles se perpétuent et actuellement enflent dans des proportions de démesure inimaginables il y a peu et qui sont le fruit d’abus, d’injustice criantes qui n’ont pu se produire que par des décennies de prise en mains des médias, de réduction progressive de la qualité de l’enseignement et ce jusqu’au niveau universitaire.

Et c’est cela qui est scandaleux, qu’un projet de monde qui a besoin pur se perpétuer de l’abrutissement des peuples, d’une guerre psychologique menée pour y arriver, et d’installer des outils de contrôle et de répression  sans lesquels il ne serait pas accepté par l’immense majorité de la planète, le scandale c’est qu’un tel projet s’impose aujourd’hui a beaucoup comme seul projet de monde possible. Ce qui est scandaleux, c’est que la fortune mal acquise d’un Bill Gates et à laquelle chacun d’entre nous presque a contribué serve à mettre irréversiblement en place les conditions et structures d’un monde dont nous ne voulons pas et ce en imposant aux peuples le silence et la soumission.

Et ce qui est scandaleux et que personne n’a relevé, c’est ceci à lire par axemple ici Abattage controversé de milliers de chevaux sauvages en Australie ou ailleurs, c'est ceci :

 

 

L'agence gouvernementale Central Land Council estime que l'abattage est rendu nécessaire par la prolifération de ces chevaux qui manquent d'eau, de nourriture et agonisent, tandis que les espèces indigènes, qui dépendent des mêmes points d'eau que ces chevaux, sont elles aussi menacées.

Parmi les centaines de commentaires que j’ai lu sur ce texte pas un seul ny a fait allusion et cela c’est grave.

Anne Wolff (en colère)

Partager cet article
Repost0
4 juin 2013 2 04 /06 /juin /2013 12:03

 

 

Austérité et destruction de la nature : l'exemple grec.

Entretien avec Roxanne Mitralias

Roxanne Mitralias est militante à SYRIZA, au CADTM, ainsi qu'au Front de Gauche sur les questions agricoles et écologiques. Sociologue rurale et des sciences de formation, elle travaille aux côtés des mouvements paysans en France. Elle revient pour Contretemps sur la situation en Grèce et en particulier sur les effets destructeurs pour l'environnement des politiques d'austérité.

 

Contretemps : Quelle est la situation en Grèce aujourd’hui ?

Cela fait maintenant près de trois ans que la Grèce est devenue le laboratoire de politiques d’austérité d’une ampleur sans précédent au Nord. On y applique des recettes qu’on nommait « plans d’ajustements structurels » du temps du FMI et qu’on appelle, à l’heure de la Troïka, « plans de sauvetage ». Laboratoire aussi et surtout pour tester la population, évaluer jusqu’où il est possible d’aller sans que celle-ci ne se révolte. Malgré deux dizaines de grèves générales en trois ans et plus de cinq mille manifestations et grèves en 2012, des occupations et des mouvements de désobéissance civile d’ampleur, on peut dire aujourd’hui qu’il est possible d’aller très loin, au-delà de ce qu’il était permis d’imaginer. En termes de droits sociaux, la situation est relativement connue. En moyenne, un grec a perdu 40% de son salaire. Il doit en même temps faire face à l’augmentation du coût de la vie (liée à l’augmentation des taxes, mais aussi à la dépendance aux importations et à certains cartels – comme celui du lait, un des plus chers d’Europe) mais aussi à des impôts faramineux, qualifiés depuis trois ans d’« extraordinaires ». Très souvent ce même grec a perdu son travail, assez vite ses indemnités chômage et sa couverture santé. Il peut alors finir à la rue, ou bien émigrer, certaines fois il est poussé au suicide. Bien sûr il y a encore des grecs qui s’en sortent : ils peuvent compter sur leurs économies – vestiges de la croissance des années 1990, sur les appartements qu’ils ont acquis pendant l’énorme exode rural des années 1960 – vides de locataires maintenant, ou tout simplement sur la famille – lien invisible qui relie la ville à la campagne et permet encore de se nourrir. Mais il y a quelque chose dont on parle peu dans les médias européens. Dans ce fameux laboratoire, on mène d’autres sortes d’expériences. De manière tout à fait concomitante avec la destruction de la société, le gouvernement de la Troïka a pris ses dispositions pour exploiter les ressources naturelles. Evidemment cela se fait par les moyens classiques, c’est-à-dire la diminution des fonds accordés à la protection et la gestion de l’environnement. Cela passe aussi par la remise en cause des dispositions législatives et règlementaires qui barraient tant bien que mal la route à la surexploitation des ressources naturelles. Mais cela va jusqu’à la remise en cause de la constitution grecque qui empêchait (dans plusieurs articles dont l'article 24) l'exploitation privée du littoral et des espaces forestiers ; le mémorandum 2, voté au printemps 2012, accorde désormais cette possibilité. Les plages, par exemple, sont cédées pour 50 ans ! On assiste déjà ou très bientôt à une vague de privatisations, de concessions, de ventes et, d’une manière générale, d’accaparements sans précédent : des ressources minières, des terres, du littoral, de la mer, des forêts, des îles, des sources thermales et des grottes, des monuments archéologiques et des ports ou de la gestion des déchets et de l’eau. A titre d'exemple, fin janvier 2013, l'Acropole et le lac de Cassiopée à Corfou ont été vendus à NCH Capital pour y construire des logements touristiques. Cela se traduit aussi par ce qu’on appelle des éléphants blancs, c’est-à-dire des grands projets inutiles construits contre les besoins des populations, y compris dans une période de récession de cette ampleur : c'est le cas du projet de détournement du fleuve Akhelóös ou des investissements nécessaires pour les énergies renouvelables industrielles. Mais, les formidables cadeaux qu’offre le gouvernement grec au « monde de l’entreprise », ne servent même pas à créer de l’emploi ou améliorer le sort de la population, puisque le chômage atteint 27% en 2012. Dans cette Grèce du XXIème siècle où l'on brade tout pour rien, c’en est fini de la vie telle qu’on l’a connaissait. Le pays devient un protectorat énergétique et la nature se transforme en un nouvel espace d’investissement, immense casino pour les profits des capitalistes avides de continuer à s’enrichir. Bienvenu dans ce monde où cette déesse moderne, la dette, exige qu’on sacrifie à son autel tout ce qui faisait le socle de la société humaine.

 

Contretemps : On parle d’une nouvelle pollution dans les grandes villes grecques. Peux-tu nous expliquer ?

En effet, depuis quelques temps une nouvelle a réussi à briser les murs du silence européen, et est arrivée jusque dans les journaux télévisés français. Athènes et Thessalonique seraient recouvertes d’un nuage de pollution. Cette nuée noire dans le ciel des grandes villes grecques rappelle amèrement aux grecs la période glorieuse de la croissance, où l’on construisait des stades et des routes inutiles pour accueillir les athlètes du monde entier et où l’on prenait la voiture pour faire ses courses à l’épicerie du quartier. Ainsi la population française a appris que les grecs, désormais trop pauvres pour pouvoir se chauffer au fioul (soumis à une taxe de consommation spécifique, il a vu son prix grimper de 40% rien que pendant l’année 2012), se replient sur le bois de chauffage. Ils brûleraient même n’importe quoi selon les médias grecs, y compris des bouts d’arbres coupés illégalement dans les parcs menus ou des vieux meubles chargés de produits chimiques d’entretien. Comme quoi la décroissance forcée n’est pas forcément écologique. La situation est désormais très préoccupante, puisque le taux de pollution du ciel citadin dépasse régulièrement le seuil de dangerosité préconisé par les experts. Mais aussi, on apprend régulièrement que des écoles ou des universités doivent fermer leurs portes parce qu’elles n’ont plus de budget pour acheter du fioul. On entend dire enfin que les victimes d’incendies ou d’intoxication de gaz sont de plus en plus nombreuses. Pour affronter le nuage chimique, des mesures concrètes existent : interdire de nouveau de rouler au diesel dans les villes, annuler la taxe spéciale sur le carburant de chauffage et développer les moyens de transports collectifs. Mais, le gouvernement et ses collaborateurs Troïkiens ont manifestement d’autres plans : par exemple, dans un effort d’assainissement des dépenses publiques comme ils disent, mais en réalité afin de récolter le maximum d’argent – et surtout pas auprès de leurs riches amis – ils augmentent encore le prix des transports en commun. Au moment où la population athénienne arrête massivement de prendre la voiture, le prix du billet du métro subit une énième augmentation pour atteindre 1 euros 75 centimes. Son prix a augmenté de 135% en quatre ans.

 

Justement, à propos des transports, quel est l’impact des « plans de sauvetage » ? On se souvient que la hausse des péages avait entrainé un mouvement de refus de payer. Il y a d’abord les liaisons maritimes, dont la fréquence a fortement diminué vers les îles où elles étaient subventionnées. Le prix du carburant ayant également augmenté, les billets pour les bateaux coutent désormais très cher. On ne peut plus aller au Pirée, prendre ses billets à la dernière minute et sauter dans le bateau pour une île des Cyclades au hasard. Mais ceci n’est qu’une évolution culturelle, à laquelle les grecs devront s’habituer. Quid des habitants de ces îles qui ne pourront plus aller à leur préfecture, à l’hôpital, à l’école ? Ainsi en Grèce tout devient payant, et c’est brutal. Les autoroutes ont vu naître en leur sein le premier mouvement de désobéissance civile appelé « je ne paye pas » qui prônait le refus de payer les péages. Les usagers n’acceptaient pas l’augmentation brusque et démesurée du prix des péages, pour des autoroutes construites avec leurs impôts, cédées gracieusement au même « monde de l’entreprise ». Les premiers jugements pour ces actes de résistance arrivent en ce début 2013. Cette répression fera peut-être oublier aux usagers que le réseau routier, desservant des zones très difficiles dont des montagnes, est totalement laissé à l’abandon depuis que des dizaines de milliers de fonctionnaires ont été mis en disponibilité.

 

En France, on a eu vent de l’achat d’îles par l’émir du Qatar. Est-ce que ça correspond à une politique plus générale ?

En Grèce, les forêts, les landes et le littoral sont publics. C’est un pays sans histoire féodale, où les terres n’ont pas de valeur en soi, puisqu’elles sont faiblement productives. Un des premiers objectifs de la Troïka a été de les privatiser afin que des investisseurs puissent les « valoriser ». Les forêts grecques subissent en même temps les politiques de privatisation, de désengagement de l’état et de destruction de l’environnement. Non seulement il apparaît qu’elles sont surexploitées pour satisfaire la demande croissante pour le bois de chauffage, et du même coup enrichir les quelques intermédiaires qui se sont placés sur le marché, mais elles sont de moins en moins protégées. Les responsables politiques ont soigneusement fait sauter les législations qui régulaient aussi bien l’exploitation des forêts par la sylviculture que la possibilité de bâtir. Ils ont également coupé les budgets alloués aux agences de gestion des zones protégées, en attribuant la majeure partie des fonds de la « caisse verte » au remboursement de la dette. La « caisse verte », créée par la voie législative en 2010, est destinée au financement de programmes, de mesures et d'actions dans le but de favoriser la croissance par la valorisation et la protection de l'environnement. Elle sert aux programmes de lutte contre les incendies, de reforestations, de zones protégées, de protection de la mer et des zones côtières, d'amélioration des espaces urbains. Alimentée par la vente de l’environnement grec et les taxes spéciales sur le fioul à hauteur de 1,85 milliards d’euros, elle sert à rembourser prioritairement la dette (95% des fonds disponibles selon le mémorandum 2). Depuis la décision du gouvernement de novembre 2012, seulement 2,5% de ses ressources pourront financer des actions en faveur de l’environnement. Voilà donc comment on sacrifie la nature pour payer les intérêts de cette dette qui n'a cessé de croître depuis 2010, début de l'expérimentation menée par la Troïka (on est passé de 120 à 180% du PIB). Aussi, le plan d’aménagement du territoire a été modifié (dans un pays sans cartes forestières et sans cadastre, tout devient possible !) pour permettre d’utiliser les espaces forestiers et semi forestiers pour le tourisme de masse, pour la production énergétique et tout simplement pour y construire sa maison. Dans le même sens, une des premières mesures qui a été prise en 2011 (toujours dans le but affirmé de payer la dette !), c’est de légaliser les maisons construites sans permis après avoir réglé une somme forfaitaire. La période pour ce faire a déjà été prolongée quatre fois : on peut donc construire n’importe quoi, n’importe où en s’acquittant d’une amende ! Dans ce même effort d’accaparement des communs, la troïka proposait que l’état Grec vende les îles avec moins de 50 habitants pour renflouer les caisses. Même si cette proposition a choqué l’opinion publique, un certain nombre d’îles inhabitées sont actuellement en vente par des propriétaires privés. Mais bientôt les investisseurs du monde entier vont pouvoir se partager les plages, le littoral ou les fonds marins : il suffit de faire un tour sur le site internet de « la caisse des dénationalisations » cette institution nommée TAIPED et constituée pour vendre la propriété de l’état grec (d’ailleurs pas assez rapidement selon le FMI qui propose de virer les quelques grecs qui la composaient pour y mettre des experts internationaux). On peut par exemple, si on a suffisamment d’argent, acheter des terres dans le sud de Rhodes (Prasonisi) en zone Natura 2000, pour y construire un golf, des équipements de sports nautiques et des hôtels pour accueillir des hordes de touristes. Aussi, selon la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) Grecque, 40 îles seraient menacées d’être placé dans la caisse de dénationalisation, dont 24 classées Natura 2000 : l’objectif est d’y construire des complexes touristiques. Quand on sait que la Grèce est un « hotspot » de biodiversité, que le littoral grec équivaut à un quart des côtes européennes, on peut prendre la mesure de ce qui nous attend. Ceux qui avaient comme habitude de profiter de la mer pour leurs vacances, leur loisir ou pour vivre n’auront évidemment plus accès à cet espace de manière gratuite et libre. Ces privatisations auront des effets de longue durée sur l’environnement, puisque les investissements prévus ne vont pas dans le sens d’un développement durable en accord avec les spécificités du milieu naturel. Aussi, pour permettre ce type d’investissements, une nouvelle loi a été votée début janvier 2013 qui autorise le changement d’usage des terres, et l'installation de complexes touristiques « all inclusive », avec spa et golf. Ces énormes constructions ne seront pas soumises au plan d’urbanisme, puisqu’elles seront elles aussi légalisées par des procédures « fast track ». Quel sera le bénéfice pour la société locale ou pour l’environnement de ce type de développement touristique d'un genre colonial, décrié en Espagne pour avoir engendrer une bulle immobilière et pour avoir détruit le littoral ? Aucun, il s’agira encore une fois de payer les intérêts de la dette et d’enrichir les investisseurs. Bien sûr, cette vague d’accaparements est présentée par le gouvernement et les investisseurs comme un développement durable alliant protection de l’environnement et investissement économique. Il n’en est rien. En réalité il s’agit de vastes plans de quasi-cession de terres publiques vers des entreprises.

 

Comment s’organise la résistance au programme de la Troïka ?

L’exemple de la lutte à Elliniko et de la préservation de toute la côte entre le Pirée et le cap Sounion est à ce titre tout à fait parlant. L’ancien aéroport d’Elliniko s’étend au sud de l’agglomération athénienne et longe la mer. Cet espace de 650 hectares fait rêver les promoteurs immobiliers. Ils voient déjà les ensembles touristiques luxueux et les casinos qu’ils pourraient construire pour accueillir les nouveaux riches de ce monde, saoudiens et chinois en visite au pays de Socrate. Depuis les jeux olympiques de 2004, en attendant la « valorisation » promise par les différents gouvernements, l’espace de l’ancien aéroport est laissé à l’abandon : on y voit des bâtiments vides et délabrés ainsi que des boîtes de nuit illégales construites sur la côte. Pendant longtemps, les différents gouvernements ont évoqué la mise en place d’un « parc vert métropolitain » qui manque cruellement à Athènes, ainsi que la construction de logements et de bureaux. Mais la crise a libéré les convoitises et cette propriété publique se retrouve dans la « caisse des dénationalisations ». Prête à être vendue pour quatre fois moins que son prix, c’est-à-dire pour seulement cinq milliards d’euros. Elliniko deviendra donc un immense parc à logements, hôtels et casinos, avec ports privatifs et plages fermées : le gouvernement grec a définitivement abandonné le projet du « parc métropolitain ». Toute la zone côtière est soumise désormais au même type de plan de privatisations et d’investissements. Ainsi, on envisage même de créer des îles artificielles pour y construire des ports de plaisance pour permettre le stationnement des yachts. L’idée est de faire de la baie de Saronikos, de Pirée au cap Sounion, une nouvelle riviera, un nouveau Monaco. Selon Panos Totsikas, militant sur la lutte de Elliniko, il s’agit de la continuation d’un développement de type « Jeux Olympiques » qui vise à bâtir toutes les terres (et même la mer) qui étaient publiques. La péninsule d’Astéras (municipalité de Vouliagmeni – au sud d'Athènes), où vivent les familles les plus fortunées de Grèce, est elle aussi à vendre. Les plages, publiques et privées, un hôtel luxueux, un temple dédié à Apollon, ainsi que quelques îlots non habités seront bradés pour à peine quelques millions d'euros... Face à ce processus, des résistances se sont développées : les habitants d’Elliniko, après avoir lutté pour que leur plage ne soit pas cédée à des entrepreneurs grecs douteux, occupent maintenant une partie de l’ancien aéroport ! Des oliveraies (1150 arbres) et des jardins sont plantés et cultivés. Elliniko est devenu un lieu d’émulation pour le mouvement social athénien puisqu’on peut y suivre des débats, des événements artistiques, des formations sur les techniques agronomiques et même se faire soigner, quand on ne peut faire autrement, dans le dispensaire de santé solidaire et autogéré qui s’est installé dans le même quartier. Les coalitions progressistes des villes concernées par la vente de la côte d’Athènes se rebellent également : de Moschato à Glyfada, Vouliagmeni ou Anavyssos, ces projets de « valorisation » ne passent pas auprès des habitants.

 

Y a-t-il d'autres secteurs privatisés ?

Tout à fait ! Toujours avec ces mêmes procédures « fast track », qui permettent de passer outre le parlement et se sont multipliées afin d’éviter tout débat démocratique en temps de crise, le gouvernement et ces alliés du FMI et de l’UE préparent le terrain pour exploiter le juteux marché des déchets. Des partenariats de type public-privé ont été mis en place, dans le but de multiplier les centres d’enfouissement et d’incinération dans tous les pays (sont concernés 4 centres à Athènes, Thessalonique, la Macédoine de l’ouest et le Péloponnèse). Non seulement il s’agit de centres de traitement allant à l’encontre des recommandations de l’Union Européenne (qui promeut d’abord la prévention) mais la part de la participation financière des acteurs privés sera diminuée, puisqu’une partie des « aides » allouées à la Grèce par l’UE iront dans le financement de ces projets. Afin de bien servir les intérêts des investisseurs, il s’agissait d’écarter toute gestion rationnelle (la fameuse prévention-recyclage, etc.) qui pourrait nuire aux plans d’enrichissement de ces derniers. C’est pourquoi on a écarté les élus territoriaux (et a fortiori les populations locales et les contre-projets de gestion des déchets), en confiant cette tache à des institutions régionales fantômes. Les boîtes privées (et les décideurs qui se serviront) pourront donc s’enrichir, sur le dos des habitants et au détriment de l’environnement, des sols, des eaux et des sites archéologiques, en exploitant des décharges et des incinérateurs. Une gestion des déchets par des entreprises privées signifie recherche maximale de profit. Plus de déchets, c’est plus d’argent à se faire au détriment de la santé, de l’environnement, du territoire et du patrimoine. Un des combats, des plus virulents et radicaux de la dernière période a eu lieu dans le quartier de Kératéa, dans l’agglomération athénienne. Une véritable guérilla a opposé les habitants aux CRS. Le gouvernement, dépassé par plusieurs années de lutte acharnée contre le projet d’incinérateur, a dû même faire appel aux forces de police ! Mais malgré ces menaces les habitants n’ont pas reculés. La lutte de Kératéa a été victorieuse : depuis 2010 le projet est abandonné ! Aujourd’hui il existe en Grèce une coordination des comités s’opposant à ces projets de gestion de déchets et proposant une gestion décentralisée et coopérative (prosynat). Pour recevoir le « paquet de sauvetage » qui sert à financer les partenariats publics-privés au profit du privé dans le cas de la gestion des déchets, il y a une condition expresse : privatiser la gestion de l’eau. La vente d’EYDAP, la compagnie des eaux d’Athènes et d’EYATH – la très profitable compagnie des eaux de Thessalonique – ainsi que des barrages hydroélectriques ne signifie pas seulement perdre le contrôle d’une ressource naturelle d’une importance majeure pour le pays. Les créances de l’état et des municipalités sont beaucoup plus élevées que la valeur de mise sur le marché, dans le cas d‘EYDAP. Ainsi, ces dettes qui pourront être réclamées par le nouveau propriétaire, de même que le bon bilan financier d’EYDAP (5 millions d’euros de bénéfice pour le premier trimestre 2012), confirment qu’il s’agit d’une pure concession coloniale établissant un monopole naturel pour le repreneur privé. Cette acquisition scandaleuse sera accompagnée d’une augmentation des tarifs, comme le sous-entendent déjà les médias grecs. Enfin, des doutes planent quant à la qualité d’un réseau privé dans un pays géographiquement difficile et par endroit très aride, où la gestion de l’eau a toujours été un sujet majeur. Comme pour la gestion des déchets, il existe aujourd’hui en Grèce une initiative contre la privatisation de l’eau et qui propose des modèles de gestion de l’eau au niveau local (initiative 136 à Thessalonique), de manière non lucrative, par les citoyens et en exerçant un contrôle social. Les habitants organisés par quartiers sont prêts à racheter des parts lors de la privatisation d’EYATH. Encore une fois, contrairement à ses engagements internationaux en termes de droits humains ou de préservation de l’environnement, le gouvernement promeut et finance des travaux gigantesques de détournements de rivières (Akhelóös en Thessalie, Aóös en Epire, et le projet de Árakhthos depuis peu abandonnés grâce à la mobilisation de la population) ou de barrages pour conforter ce modèle d’utilisation de l’eau qui va dans le sens du gaspillage et de la privatisation de la ressource. Evidemment, les investisseurs privés ne sont pas intéressés par une gestion de l’eau économe, proche des besoins de la population et respectueuse des contraintes naturelles.

 

Qu’en est-il du projet de lancer la Grèce dans le capitalisme vert et d’en faire grand producteur d’énergie renouvelable ?

En même temps que la propriété de l’ancien aéroport Elliniko a été, par voie législative, cédée à la caisse des dénationalisations, le dernier gouvernement grec socialiste (sic) a initié le débat sur le « Programme Soleil », qui a été voté pendant que le gouvernement technique était au pouvoir (printemps 2013) par le biais des procédures « fast track ». Ce plan est actuellement suivi par une commission composée de membres des gouvernements grec et allemand, de la commission, de la banque centrale européenne et d’un représentant commercial d’une entreprise de conseil en placements financiers (Guggenheim Capital). C’est un programme qui brade la propriété de l’Etat (espaces forestiers, terres agricoles cultivées), afin d’y installer des centrales photovoltaïques de dimension industrielle (en utilisant probablement une technologie allemande ancienne qui cause de nombreux problèmes). Comment ça se passe concrètement ? Les entreprises louent aujourd’hui des terres à des petits propriétaires pour une somme d’argent conséquente. Elles peuvent y installer des panneaux solaires. Mais dans le cadre du « programme soleil », l’Etat pourra exproprier ces terres : il s’agit d’un scandale d’ampleur, d’une appropriation non assumée des terres agricoles et des espace forestiers (à l’origine appartenant à des petits propriétaires ou tout simplement publiques) pour les céder à des entreprises privées, souvent allemandes. Un autre aspect du scandale est que ces installations seront faites avec de l’argent emprunté par l’état grec auprès de la banque centrale allemande et également avec des fonds provenant des « plans de sauvetage » accordés par l’Union Européenne et le FMI. Pour que la Grèce puisse avoir un retour suffisant sur l’investissement, il faudra produire des quantités énormes (10GW supplémentaires, qui doubleront pratiquement la production nationale) qui ne serviront pas pour satisfaire les besoins du pays. Il faudra également relier le réseau avec l’Allemagne, puisque le but est d’approvisionner le pays avec de l’énergie « verte ». Le coût de ce projet est gigantesque : installer le câble sous-marin et réaliser les travaux d’aménagement nécessaires élèvera la facture à plusieurs dizaines de milliards d’euros. De plus, c’est techniquement très difficile à cause des difficultés de transport de l’électricité. Le but non avoué pour les investisseurs est d’acheter cette « énergie verte » au sein du marché des émissions carbones à un prix très bas, afin de dédouaner l’Allemagne d’être un pays pollueur, et de recevoir des droits à polluer par ailleurs. La Grèce quant à elle augmentera très probablement sa dette dans l’opération : il suffit que le retour sur l’investissement ne soit pas suffisant, ou que techniquement les objectifs ne soient pas atteints. Dans tous les cas les investisseurs sont gagnants, puisqu’ils recevront les intérêts de la dette contractée par le gouvernement grec, ils investissent sans payer grande chose, ils possèdent des terres, ils peuvent acheter des droits à polluer, et éventuellement ils récupèrent de l’énergie qualifiée comme renouvelable. Dans certains cas, comme dans le village de Sitanos que j'ai visité, littéralement entouré de panneaux photovoltaïques, les habitants admettent amèrement qui se sont faits avoir, puisque une seule personne est employée pendant une demi-journée par semaine, les terres ont été vendues très peu cher (y compris celles qui servaient de pâturage) et leur territoire est détruit à jamais. En effet les panneaux photovoltaïques en question sont anciens et mal entretenus ce qui augmente la probabilité d’écoulements toxiques sur le sol. Par ailleurs ils augmentent la température au sol jusqu’à soixante degrés dans une région déjà très aride. Ce « village électrique » fera partie du « programme soleil » quand celui-ci verra le jour.

 

Contretemps : Le photovoltaïque industriel est un aspect du problème. Qu'en est-il des éoliennes ou des centrales hydro-électriques ?

Mais le bal des énergies renouvelables industrielles ne s’arrête pas là : il y a aussi l’éolien industriel (130 mètres de haut équivalent à un gratte-ciel, 50 mètres de diamètre au sol) qui se combine au photovoltaïque dans un merveilleux mix énergétique. Placées sur les crêtes des montagnes, ces installations occupent des terres publiques, en grande partie cédées quasi gratuitement à des entrepreneurs grecs ou étrangers (EDF se prépare à entrer dans le marché par exemple). En plus, un réseau routier conséquent accompagnera ces installations, ce qui altérera fortement le paysage de montagne. Dans le Magne au Péloponnèse, dans la Grèce continentale, ou dans les îles du Nord de la mer Egée, ces projets suscitent de vives oppositions. A Límnos, Lesbos et Chios, on prévoit 28 parcs éoliens, avec 353 éoliennes pour produire 706MW d’énergie dans le but de l’exporter. En Icarie, 110 éoliennes sont programmées, 2 seulement seraient suffisantes pour la consommation locale. En Crète, une coordination de plus de 200 associations lutte contre ses projets pharaoniques : une plainte par plusieurs milliers de personnes et de collectifs a été déposé sur cette question au conseil d’Etat. Pour réaliser les projets industriels en énergies renouvelables qui devraient couvrir 8 fois les besoins de l’île (des milliers d’éoliennes, des hectares de panneaux photovoltaïques, des centrales hybrides avec réservoirs de millions de m³ d’eau, des usines héliothermiques avec tours de 150m de haut, les lignes électriques et leurs pylônes, les câbles sous-marins pour exporter cette électricité…), il va falloir creuser profond, raser des montagnes, déforester, ouvrir des routes, pomper dans les nappes phréatiques. L’emploi créé est négligeable par rapport aux problèmes que ces projets créeront aux activités touristiques ou agricoles qui font vivre aujourd’hui les régions concernées. Le but est de faire de la Grèce un pays de production énergétique à bas coût qualifiée de « verte ». Mais l’échelle industrielle de production n’est pas compatible avec la préservation des espaces naturels, des paysages et de la qualité de vie des populations locales. Un dernier aspect inquiétant est le récent classement des grandes centrales de production hydro-électrique (plus de 15GB) en sources d’énergies renouvelables. Quant on sait qu’elles sont en voie de privatisation, on imagine bien que leur sort sera aussi de participer au marché des émissions carbones. Les entrepreneurs qui les achèteront pourront là aussi classer cette production énergétique comme renouvelable et vendre des droits à polluer par ailleurs. Evidemment des pistes réellement alternatives pour la production énergétique « renouvelable » existent en Grèce. La géothermie, insérée dans un mix énergétique tourné vers la satisfaction des besoins locaux, pourrait permettre à ce pays très sismique et volcanique de produire 600 fois plus d’énergie que l’Islande. Mais ce projet a été développé par DEH (EDF grecque publique) qui sera bientôt bradée elle aussi ; rien d’étonnant donc dans le fait que ces projets ne soient pas retenus. Avec une production de petite échelle, et des plans de réduction de la consommation, la Grèce pourrait atteindre la souveraineté énergétique.

 

Est-ce que c'est uniquement l'énergie dite verte qui est visée ? Où en est l'exploitation des ressources minières ?

Pour finir cette balade cauchemardesque, il faut rappeler que l’actualité grecque de ce début 2013 est marquée par un débat virulent sur l’exploitation des ressources minières. Tout récemment, on faisait croire que les problèmes du pays seraient résolus grâce aux gisements de pétrole se trouvant dans la mer Egée, Ionienne ou Libyenne. C’est très contestable! En fin de compte très peu de fonds vont arriver dans les caisses de ce pays dépourvu de code minier (ce qui permettrait de défendre les intérêts du pays face aux entreprises qui exploiteraient ses gisements). De plus, même s’ils se révélaient intéressants, il faudrait plusieurs années (voir plusieurs dizaines années) avant que les retombées économiques se fassent ressentir (seules 10% des retombées totales iraient à l’Etat grec faute de code minier). Dans tous les cas, leur exploitation est tout à fait questionnable, quant à l’impact sur l’environnement, sur la société locale et sur les activités économiques actuelles. Est-il pertinent de risquer des pollutions importantes dans un archipel qui vit de tourisme ou de pêche, et qui constitue un environnement remarquable ? De la même manière, des mouvements importants émergent dans différents endroits du Nord de la Grèce (à Skouries dans le Chalcidique, à Evros, dans le Rhodope ou à Kilkis) contre les mines d’or qui sont installées dans des forets précieuses, du point de vue environnemental, économique mais aussi patrimonial. Toujours pour un petit gain en termes d’emploi, mais surtout avec des dégâts sur l’environnement (pollution de l’eau par des métaux lourds et du souffre) ou sur l’apiculture, la sylviculture, la pêche, sur l’élevage, mais aussi sur le tourisme. A Skouries (Iérissos) près du célèbre Mont Athos, la population organise régulièrement des manifestations de plusieurs milliers de personnes dans la forêt ou en ville. Les deux partenaires, Eldorado Gold (société canadienne) et Hellenic Gold (entreprise grecque) sont protégées par des CRS qui n’hésitent pas à frapper et à arrêter la population qui lutte ni même à lancer des bombes lacrymogènes dans les forets qui prennent naturellement feu (et récemment dans les écoles). Le calcul est simple : l'Etat grec a vendu les mines pour 11 millions d’euros, puis a accordé une subvention de 15,3 millions d’euros à cette entreprise privée qui vaut 2,3 milliards d’euros. La valeur des gisements s’élève elle à 15,5 milliards d’euros. Les permis sont douteux, les mines cédées pour si peu, et le gain pour la population de ces espoirs dorés est nul. Encore une fois, qui sont ces investisseurs costumés pour brader les terres, le patrimoine, les communs, et la nature qui appartient à la population, en usant de tous les moyens ?

 

Quelques mots de conclusion ?

La danse macabre sur l’environnement grec va-t-elle continuer ? C'est la question que les écologistes grecs, la gauche et les mouvements citoyens se posent. Les entreprises qui convoitent les ressources du pays tentent de s'imposer (et de plus en plus en employant la force) à l’aide de la Troïka grecque et internationale. Pour n’en citer que quelques unes : EDF, Iberderola, Eldorado Gold, Gazprom, Suez ou Siemens font tout leur possible pour pouvoir continuer à faire des profits sur le dos de la population et de l’environnement. Elles souhaitent employer des « esclaves modernes » pour 300 euros par mois dans les hôtels « all inclusive » pour très riches, racler toute ressource énergétique et hydrique, posséder les terres publiques et occuper in fine une place stratégique en méditerranée. Elles rêvent d'un nouveau colonialisme énergétique et foncier du XXIème siècle. Mais, c’est sans compter sans les mouvements d'ampleur qui se développent un peu partout sur le territoire !

 Source : Austérité et destruction de la nature : l'exemple grec. Entretien avec Roxanne Mitralias | Contretemps


Roxanne Mitralias

Partager cet article
Repost0
4 juin 2013 2 04 /06 /juin /2013 11:16

 

 

Quelques points sur la lutte contre le racisme

À la suite du meurtre d’un soldat dans le quartier londonien de Woolwich le 22 mai 2013, une vaste campagne raciste est mise en œuvre pour stigmatiser les musulmans et assimiler l’événement à un attentat terroriste. L’English Defence League, principal courant d’extrême droite adepte des rassemblements et des démonstrations de force, est parvenue à réunir près d’un millier de personnes pour dénoncer l’Islam, mobilisant bien davantage que les réseaux antifascistes (pourtant solides en Grande-Bretagne) ont pu le faire et les mettant en difficulté. Dans les notes qui suivent, Richard Seymour tire le bilan de cet échec et émet quelques propositions stratégiques pour le combat antiraciste.  

 

La débâcle du 28 mai dernier à Londres – et qui se doit d’être considérée comme une débâcle pour les antiracistes compte tenu du fait qu’ils ont largement été mis en minorité par les sympathisants de l’EDL (English Defence League), et qu’ils ont été victimes d’une pluie de bouteilles tandis qu’ils étaient encerclés –, cette débâcle devrait nous amener à un peu repenser les choses. C’est ainsi que j’aimerais partager avec vous les quelques idées que je souhaite développer prochainement :

  1. La lutte à mener est de longue haleine et se joue sur différents plans. Il ne s’agit pas uniquement de remporter des batailles politiques immédiates. Le tempo des luttes politiques est extrêmement rapide, et la pérennité d’une lutte en particulier peut être en effet extrêmement brève. Mais ces luttes se jouent sur un terrain formé par des années de travail culturel et idéologique et entre des forces façonnées par ce même travail mené sur la longue durée. Le rythme des luttes culturelles et idéologiques est, en comparaison avec les batailles politiques, pour le moins glaçant. Mais ce n’est pas parce qu’on ne voit simplement pas les succès immédiats sur ces fronts que cela veut dire qu’elles n’ont pas de valeur – elles sont absolument centrales. L’intense offensive raciste qui a suivi le meurtre de Woolwich n’était pas inévitable. Elle s’inscrit au creux des efforts poursuivis par différentes forces pour élaborer de nouvelles idéologies racistes sur un temps long.
  2. Nous ne pouvons pas combattre l’EDL sans également combattre les forces majeures du racisme au sein de notre société. L’EDL ne serait rien sans les magazines, sans la police, sans les partis néolibéraux qui siègent au parlement, etc. Les idéologies qui légitiment les actions de l’EDL, ou au moins qui en font les réactions explicables à une provocation excessive, prennent leur source à Whitehall, chez la BBC, dans la presse, au parlement tout comme chez les bailleurs de fonds de la réaction. Et pour mettre en défaite ces forces, nous avons besoin d’un large panel de tactiques. L’EDL s’ancre avant tout dans la violence de rue, il nous incombe donc de s’inscrire dans la contre-mobilisation et l’autodéfense. Une telle tactique ne pourrait par contre  pas être déployée contre l’UKIP (United Kingdom Independence Party), la presse de Murdoch ou le Département d’État. Il ne s’agit pas ici de proposer une panoplie de tactiques alternatives ; il s’agit simplement pour moi de mettre en avant la nécessité de ne pas s’en tenir aux contre-mobilisations.
  3. C’est une impasse que d’essayer de fondre l’antiracisme dans les luttes contre l’austérité. De telles tentatives ne correspondent qu’à un réflexe ouvriériste, et elles ont fait surface de façon surprenante parmi certaines franges de la gauche radicale – y compris Alexis Tsipras. Le racisme ne naît pas simplement d’une colère déplacée liée à la précarité et  au dénuement. Son développement comme sa large diffusion peuvent être bien entendu accélérés par une profonde crise politique, les effondrements financiers, une crise de légitimité, une crise de surproduction, etc. Et pour sûr, les luttes contre la crise capitaliste et sa résolution sont en lien avec le combat antiraciste : ce qui veut dire que des initiatives comme Left Unity ou People's Assembly feraient bien de prendre au sérieux l’antiracisme en tant que composante semi-autonome d’une stratégie plus large. Mais pour comprendre la relation entre racisme, crise économique et émergence de subjectivités politiques encore faut-il fournir une analyse à des années lumières de la rengaine qui veut que « crise du capitalisme = périodes difficiles = racisme ».
  4. Il n’y a pas non plus beaucoup de sens à dissoudre l’antiracisme dans le mouvement antiguerre, ainsi qu’il peut en être aujourd’hui. Ce n’est pas moins réducteur. Pour exemple, les analyses du meurtre de Woolwich qui ont tenté de l’inscrire dans le cadre de « la guerre contre le terrorisme » (war on terror), et ainsi d'orienter la réflexion vers une ligne politique essentiellement antiguerre, me semblent d'une faiblesse déconcertante. Michael Adebolajo et Michael Adebowale, les protagonistes du meurtre de Londres, semblent certes avoir agi dans le contexte de « la guerre contre le terrorisme », et avoir expliqué leur geste dans cette perspective.  Mais les processus par lesquels ils en sont arrivé à rejoindre la plus marginale et la plus militante des sectes islamiques sont susceptibles d’être s’enracinés dans le processus continu du capitalisme britannique. Nous devons nous battre et gagner cette bataille argumentative : oui, la Grande-Bretagne est une société profondément raciste et injuste au sein de laquelle les Noir•e•s sont humilié•e•s et défavorisé•e•s de la manière la plus outrageusement visible.
  5. Cela est évident depuis longtemps, et cela l’est bien plus encore désormais. On ne peut pas segmenter différents types de racisme comme s’ils étaient complètement séparés ; ils se renforcent mutuellement. La montée de l’islamophobie – comme on a pu en juger au moment des émeutes, et qui devient de plus en plus claire avec les intrigantes raciologies qui ont fait suite au meurtre de Woolwich (le porte-parole de l’EDL a notamment appelé à « renvoyer ces sales Noirs d’où ils viennent ») – n’exclut pas la possible régénérescence d’autres types de racisme à long terme. En effet, le rôle de l’islamophobie comme forme dominante du racisme culturel permet la réhabilitation d’éléments issus de l’essentialisme racial – qui étaient pourtant frappés de discrédit depuis un certain temps – tout en les articulant sous une nouvelle forme. Cela ne signifie pas seulement que l’islamophobie est une simple métaphore vertueuse du racisme traditionnel. Il était d’usage de dire qu’il s’agissait simplement d’une manière respectable d’exprimer du racisme à l’encontre des Pakistanais. Non, les formes courantes du racisme ne se bornent pas à réanimer de plus anciennes formes. Comme l’a démontré Stuart Hall, « Le racisme est toujours un phénomène historiquement spécifique. Bien qu'il puisse se nourrir des traits culturels des séquences historiques passées, il ne se manifeste qu'à travers des formes spécifiques. Il émerge de la situation présente – et non de conditions passées –, ses effets se spécifient par rapport à l'organisation de la société dans son état actuel, au développement effectif de ses processus politiques et culturels – et non par rapport à un passé simplement refoulé. » Les formes actuelles du racisme reflètent et organisent les antagonismes actuels qui s’expriment au sein de luttes politiques complexes, des émeutes de 2001 à celles de 2012. Et il y a quelque chose de tout à fait spécifique à propos de l’islamophobie et de son contenu – une obsession qui vise les identités religieuses, l’exégèse amateuriste du Coran, etc. – voilà quelque chose de très courant. L’idée n’est pas que l’islamophobie soit une instrumentalisation, un simple épiphénomène, mais plutôt qu’il existe une convergence entre les techniques de racialisation, les forces politiques en présence et le contenu idéel investi dans les types de racisme à l’œuvre aujourd’hui en Grande-Bretagne. Je crois que cela veut dire qu’on commettrait une faute politique à essayer d’identifier un type de racisme en tant qu’il serait un « racisme respectable » et en menant simplement campagne contre cela – la tendance, pour le racisme en général, consiste à être toujours « plus respectable », et c’est pour cela que nous avons besoin de prendre d’assaut sur tous les fronts le racisme en général.

C’est tout pour l’instant.

Richard Seymour est journaliste indépendant, militant politique et anime le blog Lenin’s tomb (www.leninology.com). Il est notamment l’auteur de The Liberal Defense of Murder (Verso, 2008), American Insurgents: A Brief History of American Anti-Imperialism (Haymarket, 2012) et Unhitched. The Trial of Christopher Hitchens (Verso, 2013).

Photographie: Alex Webb

Traduit de l'anglais par Stella Magliani-Belkacem.

Publié avec l’aimable autorisation de l’auteur.

Source : http://www.leninology.com/2013/05/a-few-points-on-struggle-against-racism.html

 

Via : Quelques points sur la lutte contre le racisme | Contretemps

Merci à Anne-Marie (Les coups de coeur d'Anne-Marie)   qui m'a signalé ce texte.

Partager cet article
Repost0
4 juin 2013 2 04 /06 /juin /2013 09:21

 

Reconstructeurs réunis et Emmaus-Mundolsheim feuilel2chouphoto

Album photographique
http://www.flickr.com/photos/69546723@N03/sets/72157633901861769/

Vidéo

Ce matin à 10h, un seul média était présent à la conférence de presse de Latcho Rom sur les marches de la CUS, 20 Minutes.

Leur photographe s’est ensuite rendu sur le terrain avec l’association et a pris des clichés des baraques et de leurs habitants.

Les familles de Roms ne sont pas venues, car le matin, elles sont contraintes de faire la manche pour la nourriture.

Le Parti de Gauche 67 a fait un bon  communiqué de presse suite à l’intervention en fin de rassemblement place Kléber et à la collecte de vivres sur place.

Dès 13 h, Latcho Rom et des Roms sont allés à Emmaus-Mundolsheim qui a prêté un véhicule afin de transporter des éléments de chalets de Noël stockés là-bas. Merci à eux et aux compagnons qui ont aidé à charger.

Deux aller-retour ont suffi. Il y a maintenant de quoi reconstruire encore au moins une sinon deux cabanes. Il manque des bâches, des plastiques ou tout élément couvrant et imperméabilisant. et aussi, des lits, matelas, meubles, ustensiles divers pour la vie quotidienne.

Rappelons que ces familles ne sont pas nouvelles à Strasbourg.Il n’y a pas de prétendu “appel d’air”. Ce sont deux des familles dont les baraques avaient été détruites par le préfet Bouillon sur ordre de Valls.

Il s’agit donc de reconstruire ce que l’État a détruit, sans qu’il ait tenu compte de la présence parmi la dizaine de personnes, de trois enfants mineurs, de 7, 10 et 15 ans, dont les deux plus jeunes vont à l’école.

Imagine-t-on à la préfecture que des enfants sans-abri pourraient facilement respecter l’obligation scolaire de la République française?

Ils ont du mérite, dans les conditions où ils survivent dans la “capitale des droits de l’Homme”…

La solidarité avec les populations de Roms s’exprime heureusement de mille façons. Certains donnent de leur temps, d’autres récoltent vêtements ou nourriture,comme Changer d’R, d’autres encore vont apporter des meubles, puisque les démolisseurs préfectoraux ont tout cassé au bulldozer.

La ville de Strasbourg, qui est une des rares où le maire a promis de respecter la circulaire, qui prévoit le relogement avant toute expulsion de campements, peut sûrement accélérer le processus.
En particulier elle peut demander au préfet de ne plus démolir.

Et pour ce qui la concerne, elle doit enfin mettre à disposition un terrain viable pour y réinstaller de manière plus digne les populations qui survivent encore sur des campements misérables, comme Saint-Gall et quelques autres plus disséminés.

Latcho Rom s’est adressé ce week-end à Roland Ries et au député Philippe Bies en ce sens.

Il faut aussi une campagne d’information en direction de la population de Strasbourg et de la CUS, afin de combattre les préjugés.

Que penser quand même certains fonctionnaires parlent de “propreté” ou de “trafic”, comme si tous les Roms, comme hélas l’a affirmé Manuel Valls, étaient des brigands et des sauvages!

Il suffit de passer du temps avec eux dans la solidarité pour comprendre que dans 95 % des cas, c’est à dire comme chez les populations locales, les Roms sont des gens comme les autres qui sont dans la misère et la débrouille pour survivre. Ils font la manche, récupèrent des métaux, recyclent des matériaux.

N’importe quelle population dans les conditions où ils vivent, sans eau, ni WC, ni chauffage, ni courant électrique, ni gaz, dans certains cas, aurait les mêmes difficultés.

Et s’ils sont venus en France, c’est que leur situation est pire dans leurs pays. Ici, au moins, leurs enfants vont à l’école, et même s’il y a trop de xénophobie, on ne les tabasse pas.

Latcho Rom vous appelle à les soutenir comme vous le pouvez, afin que ces citoyens européens puissent accéder, comme disent les autorités, au droit commun, comme c’est la cas à l’Espace XVI, rue des Remparts, derrière la gare centrale.

Sans oublier la promesse d’un terrain viable le plus tôt possible.

Pour Latcho Rom, le second vice-président, JCM.


DSCN1605


DSCN1607

 

 

 

DSCN1590

Source et vidéo : Familles Roms de Strasbourg: ” L’autoconstruction, c’est maintenant ! “. | La Feuille de Chou

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de Anne Wolff
  • : Comprendre la globalisation, apprendre à y résister
  • Contact

Profil

  • Anne Wolff
  • Amoureuse de la vie, d'une fleur, d'un papillon, d'un arbre, du sourire d'un enfant, je m'oppose à tout ce qui conduit à la destruction systématique de ce que la nature a créé, de la vie, de la beauté du monde, de la tendresse et de la dignité
  • Amoureuse de la vie, d'une fleur, d'un papillon, d'un arbre, du sourire d'un enfant, je m'oppose à tout ce qui conduit à la destruction systématique de ce que la nature a créé, de la vie, de la beauté du monde, de la tendresse et de la dignité

No Pub

Malgré les publicités imposées dans sa nouvelles versions qui apparaissent sur ce blog,celui-ci reste un acte gratuit.

Recherche

Nouvelles formes du fascisme

"Le vieux fascisme si actuel et puissant qu’il soit dans beaucoup de pays, n’est pas le nouveau problème actuel. On nous prépare d’autres fascismes. Tout un néo-fascisme s’installe par rapport auquel l’ancien fascisme fait figure de folklore […].

Au lieu d’être une politique et une économie de guerre, le néo-fascisme est une entente mondiale pour la sécurité, pour la gestion d’une « paix » non moins terrible, avec organisation concertée de toutes les petites peurs, de toutes les petites angoisses qui font de nous autant de microfascistes, chargés d’étouffer chaque chose, chaque visage, chaque parole un peu forte, dans sa rue, son quartier, sa salle de cinéma."

 

Gilles Deleuze, février 1977.

Toutes Dernières Archives