25 novembre 2013 1 25 /11 /novembre /2013 20:53

 

 

Pelotón de militares hondureños en opersa

Les militaires aux ordres du TSE

 

En vrac, quelques précisions sur le déroulement d’un processus électoral moins « tranquille » qu’il n’y paraissait à première vue. Une première partie concerne le traitement des résultats, la deuxième est un premier relevé des exactions commises par l’armée, et des paramilitaires pour empêcher la libre participation principalement des électeurs de Liberté et Refondation, ainsi que ceux du Parti anticorruption ou pour empêcher des observateurs nationaux ou internationaux d’effectuer leur mission.

Le Honduras se prépare à faire face aux conséquences de ce qui pour le Parti Libre et ses électeurs constitue un vol des élections. Des observateurs, - de plusieurs partis ou officiels - dénoncent des contradictions entre les résultats constatés dans les bureaux de vote et ceux proclamés ultérieurement par le Tribunal Suprême Electoral qui dénotent une manipulation lors de la transmission des résultats. D’autre part, d’autres anomalies ont déjà fait l’objet de plaintes. Votes de personnes décédées, personnes ayant voté plusieurs fois, et aussi la rétention par le TSE de certains résultats provenant de bureaux dans lesquels Libre obtenaient une ample victoire, ainsi 20% des résultats (représentant 400 000 voix) transmis au TSE lors de la dernière proclamation de résultats (54% du total) ont été écartés comme devant faire l’objet d’un décompte spécial (sic) sans explications. De quoi poser la question de la validité de ces élections.

Cette situation avait été dénoncée à différentes reprises pendant la campagne, sous la forme d’une chronique d’une fraude annoncée. L’organisation des élections avec l’aide technique des USA, mise en pratique par une armée et un TSE sous contrôle du candidat du parti National dans son rôle de président du Congrès, amplement favorable à l’implantation des transnationales dans le pays, et jouant la carte sécuritaire, laissait prévoir des dérives et manipulation des résultats. Ajoutons les distributions faites par le parti National à des électeurs potentiels, de bons de nourriture, de cadeaux divers jusqu’à des cartes de crédits et nous aurons un tableau de la mise en scène électorale.

Le TSE devrait donner la suite des résultats cet après-midi heure locale alors que jusqu’ici il apparaît que les résultats défavorables au candidat officiel avaient vu leurs décomptes gelés, détournés ou simplement annulés pour des raisons restées mystérieuses. Le parti Libre a convoqué une réunion d’Urgence de ses principaux dirigeants afin de déterminer la conduite à tenir et annonce déjà que par les voies légales ou dans la rue, le peuple défendra son droit à des élections transparentes.

En Octobre dernier a été constituée une Table d’Analyse des Elections qui comprend d’une part des organisations honduriennes comme El Movimiento  de Mujeres por la Paz Visitación Padilla; el Centro de Estudios de la Mujer  Honduras, CEM-H, el Centro de Derechos de Mujeres, CDM, el COFADEH  (Comité des familles de détenus et disparus du Honduras) et le  Sindicato de Trabajadores de la Industria de la Bebida y Similares, STIBYS.
 , la Fédération Internationale des Droits Humains et des observateurs extérieurs comme Luís  Guillermo Pérez Casas y el Juez Baltazar Garzón, parmi d’autres personnes venues dans le pays à cette occasion. Rappelons aussi que des personnalités jugées trop partiales comme l’ex-président du Brésil Lula ou Rigoberta Manchu se sont vu refuser le statut d’observateurs officiels alors que l’ambassadrice des USA n,’a cessé d’intervenir tout au long d’un processus mis en œuvre avec l’aide technique des USA.

Voici quelques uns des constats opérés par cette table d’analyse.

Durant la nuit de samedi, dans les états de Lempira et de La Union, des hommes armés ont envahi les rues et apeuré la population, ils ont menacé certains candidats comme Noé Alvadaro du parti Libre qui dénonce le fait que des hommes fortement armés ont cernés sa maison. Alors que dans la journée, dans la municipalité de El Paraiso dans le département de Copan, quelques 50 personnes qui avaient été désignées pour faire partie des tables électorales se sont vues enfermées dans un hôtel par plus de 100 hommes en armes qui ont menacés de mettre le feu à l’hôtel si elles tentaient de rejoindre les tables auxquelles elles étaient affectées.

Un ’autre groupe qui était en chemin vers 10 centres de votes a été arrêté par des hommes en camionnettes qui leur ont mis le couteau sur la gorge et les ont menacées de mort si elles poursuivaient leur chemin.

La police a réussi a venir à la rescousse des 50 personnes retenues dans l’hôtel qui plus tard furent rattrapées, enfermées en un autre lieu et dépouillées des accréditations leur permettant de siéger aux tables électorales.

Les actes précédemment mentionnés ont effrayé les personnes qui en furent victimes qui ont préféré s’éloigner de la région car elles avaient peur pour leur vie.

Toujours dans le département de Coplan, précisément dans la municipalité de San Jeronimo, des hommes armés ont empêché toute entrée et sortie de la localité, semant la peur d’exercer le droit de vote.

Dans la capitale, la militarisation des medias de gauche Radio Globo, Globo TV, Canal 11 et Hondured, a été dénoncée. A quoi le général Romero a répondu qu’elle avait été autorisée par la Commission Nationale des Communications à des fins de protection. Ce qui ne manque pas de surprendre puisque des mesures de protections de ces medias et de leurs journalistes qui ont été ordonnées depuis le coup d’état de 2009 n’ont jamais été appliquées, ce qui a permis l’assassinat de plusieurs d’entre eux.

Rappelons que lors du coup d’état au contraire l’armée avait envahi ces medias et détruits leur matériel pour les empêcher d’informer la population de la situation. Comme un relent de déjà vu de mauvaise augure, donc.

Dans la capitale, deux bus décorés de bannières de Libre ont également été retenus.

Ces exemples sont issus d’un premier rapport publié par la table d’Analyse,  Voici le résumé d’un second rapport (les deux sont en espagnol ici HONDURAS TIERRA LIBRE: HONDURAS: Comunicado de la Mesa de Análisis sobre Violación a Derechos Humanos en el Proceso Electoral hondureño // Mesa de Análisis discute sobre grave situación de derechos humanos este domingo en las elecciones  )

Certains des mille observateurs extérieurs venus observer le processus électoral ont fait l’objet de menaces, de harcèlement et de tentatives d’intimidations, et certains ont eu à subir des injures xénophobes. Ceci s’est déroulé dans presque tous les départements, en particulier sur les lieux où les observateurs étaient logés. Dans le départements de Yoro, dans un centre de capacitation, à Choluteca les agressions ont eu pour cadre 9 hôtels, d’autres agressions ont été signalées dans d’autres départements et dans la capitale, c’est jusque dans les restaurants où déjeunaient des délégués internationaux que les tentatives d’intimidation ont eu lieu.

Des membres des Tables Electorales affiliés à Libre ont subit des harcèlements, emprisonnements et menaces de la part de paramilitaires, aux exemples cités plus haut,   ce sont ajoutés ceux de Lempira ou à Ocotepeque où des membres de Libre - Julio Ramón Araujo Maradiaga (67) y María Amparo  Pineda Duarte (52) - victimes d’un attentat étaient) assassinés, des candidats  du Pac (parti anticorruption ont également fait l’objet de menaces.

En plus d’autres malversations comme l’achat de votes par le parti national, des membres de ce parti ont proféré des menaces de mort contre des membres de Libre siégeant à la même table électorale qu’eux.

La liste n’est pas exhaustive et d’autres faits continuent à parvenir à la table d’analyse alors que les dirigeants de Libre et de la Pac s’attachent à mettre en évidence les dérives du processus lui-même et de chercher les manières de rétablir le droit du peuples à choisir souverainement ses mandataires politiques.

Le but des  exemples rassemblés ici était de mettre en évidence des faits passés sous silence par les medias aux ordres : tant Libre que le Pac ont d’excellentes raisons de mettre en cause la validité des élections.

A suivre

Anne Wolff

 



 

 

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25 novembre 2013 1 25 /11 /novembre /2013 13:09

 

 

Les chroniques de Jean Ortiz. On s'en doutait...La droite et l'oligarchie honduriennes mettraient tout en oeuvre pour empêcher l'élection de Xiomara Castro, du parti "Libre" (en tête dans les sondages), épouse du président renversé en 2009 par un coup d'Etat militaire soutenu par la droite, les milieux d'affaires, et béni par la CIA et le Pentagone.

Les premiers résultats des élections présidentielles de ce dimanche 24 nov au Honduras (un seul tour) confirment que le coup d'Etat de 2009 tente de rebondir. Mme Xiomara Castro- épouse Zelaya, s'est proclamée vainqueur sur la base des sondages et des premiers résultats "sortie des urnes".
 Le régime (illégitime) du président Lobo, issu du "golpe", annonce environ 34% des suffrages pour J.O. Hernandez, homme d'affaires richissime, partisan du coup d'Etat, de droite comme cela va de soi, président du Congrès, autoritaire et impliqué dans la répression contre le mouvement populaire.

  Xiomara Castro (qui a mené campagne pour "un socialisme démocratique" et une constituante) obtiendrait environ 29%. L'autre candidat de droite recueillerait autour de 20% des suffrages .
Deux partis de droite se partageaient en alternance le pouvoir depuis plus d 'un siècle: le parti national et le parti libéral. L'élection du président progressiste Manuel  Zelaya, démis par la force en 2009, avait cassé le bipartisme (parti unique à deux têtes) et changé radicalement de cap (adhésion à l'Alba, mesures sociales...)
Le Tribunal Suprême électoral semble pour l'instant couvrir la fraude. La plupart des "observateurs" (et "trices") de l'Union Européenne paraissent n'avoir rien vu, pas plus que la majorité des médias libres...
Le peuple hondurien ne l'entend pas lui de cette oreille. Les manœuvres des possédants, de la droite et de l'extrême droite, supervisées par Washington, risquent de plonger le pays dans une nouvelle crise. A l'heure où ces lignes sont écrites, le danger de chaos et de violence grandit...

Le taux de  pauvreté au Honduras atteint 70%. Pour les nantis et tous les défenseurs du "monde libre", les pauvres doivent rester à leur place. Bouchez vos oreilles! En avant pour une nouvelle campagne d' intox, de mensonges, sur les élections au Honduras!

Jean Ortiz

Source :
Elections présidentielles au Honduras: le coup d'Etat continue | Humanite

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25 novembre 2013 1 25 /11 /novembre /2013 10:26

 

 

 

Soldats montant la garde dans le quartier de Buenos Aires de Tegucigalpa (Honduras).EFE/Saúl Martínez


Une journée électorale qui s’est déroulée hier dans une relative tranquillité, une grande participation, malgré qu’une partie de la population se soit rendue aux urnes hier matin à l’aube, une heure avant l’ouverture des bureaux de votes, il a fallu prolonger leur ouverture retardant d’autant la proclamation des résultats.

Ceux-ci après plus de 50% de dépouillement donneraient comme gagnant le candidat du Parti National Juan Orlando Hernandez (34%) avec 6 points d’avance sur la candidate du Parti LIBRE, Xiomara Castro (28%) et plus d’une dizaine sur Maurice Villeda (21%), candidat du parti libéral.

Or  deux partis, Libre et le parti anticorruption, contestent les résultats électoraux et affirment que certains d’entre eux ne correspondent pas aux résultats dont eux-mêmes disposent et aussi que certains des résultats qui leur sont favorables semblent bloqués en cours de transfert ou ne sont pas pris en compte par le Tribunal Suprême Electoral (TSE). Ils font également la critique du système informatique et des modes de transmission des résultats qui seraient vulnérables. Les deux candidats affirment également que des votes émis en leur faveur auraient été déclaré non recevables par le TSE, sans raison valable. Les deux partis contestataires des résultats ont observé des différences allant jusqu’à 20% pour certains bureaux de votes entre ceux qu’eux-mêmes ont constatés et ceux annoncés par le TSE.

Rappelons que le candidat du Parti National, par ses fonctions de Président du Congrès avait au cours des derniers mois concentré énormément de pouvoir et établi son emprise sur l’armée (joker de sa campagne) et l’administration, alors que tout le processus a été hautement militarisé. Hier les medias de gauche se sont vu envahis par des militaires qui prétendaient venir les « protéger »…

Le parti LIBRE annoncera ce matin (heure locale GMT -6) le programme de remise en question des résultats. Une situation explosive donc, à suivre de très près au cours des prochaines heures, des prochains jours.

 

Anne Wolff

 

 


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19 novembre 2013 2 19 /11 /novembre /2013 18:53

 

Mondialisme, unipolarité et délire messianique

La liberté aujourd’hui se transforme en tyrannie et le désir de progrès en esprit de croisade. (Tzvetan Todorov)

Par Fethi Gharbi

Ce début du XXIème siècle se caractérise par un paradoxe à première vue insurmontable. Face à un mondialisme prétendument unificateur, rejaillissent dans tous les coins du globe les fondamentalismes les plus obscurantistes et les plus belliqueux. Intégristes juifs, chrétiens et islamiques investissent l’espace politique et social et nous replongent dans les temps immémoriaux. Ce délire identitaire religieux généralisé prend la forme d’une hystérie collective. La peur, mère de toutes les folies, suscitée par des actes terroristes savamment orchestrés et amplifiés par les médias, crée à travers la planète une atmosphère de psychose collective pleine de menaces.

L’histoire est ponctuée d’épisodes souvent douloureux de folie collective. Les chroniques médiévales sont pleines de récits tragiques dûs pour l’essentiel à l’action de sectes religieuses déviantes. En 1692, l’histoire extraordinaire des "Sorcières de Salem" offre un exemple ahurissant de ce type d’hystérie. Elle illustre à quel point des hommes habités par la peur, finissent par se retourner contre les leurs, accusant les plus démunis de sorcellerie et se transforment subitement en monstres sanguinaires dénués de tout entendement et de tout sentiment. Plus proche de nous, dans l’entre deux guerres, l’Europe occidentale, rongée par la crise économique, affolée par le péril rouge, plonge la tête la première dans la démence fasciste. Cette fois-ci la psychose ne se limite plus à un groupe restreint ou à une secte mais ébranle des nations entières. La classe politique asservie par le grand capital se meut en gourou surdimensionné poussant la majorité de la population à la haine raciale et au déni de la démocratie. Cependant, il importe de souligner que les horreurs nazies commises par Hitler et ses adeptes ne sont en fait que l’aboutissement paroxystique des thèses racistes, malthusianistes et eugénistes développées et appliquées depuis longtemps par l’Occident colonial. Tant que l’Allemagne se donnait pour tâche de détruire la Russie communiste on laissait faire… Pour leur malheur, les nazis ont échoué… et le monde découvre soudain et de la manière la plus hypocrite l’horreur des crimes nazis a été d’avoir enfreint la règle de l’extermination "utilitaire" considérée comme légitime lorsqu’elle s’applique à l’Amérique et à l’Afrique et d’avoir procédé au génocide "gratuit" visant des blancs européens. Les nazis auraient, en quelque sorte, porté à un degré extrême leur obsession de la pureté raciale, transgressant ainsi la hiérarchie ethno-raciale globale.

Une fois l’Allemagne vaincue, la monstruosité des génocides nazis scandalisèrent le monde entier. Par contre, les bombes atomiques lancées sur Hiroshima et Nagazaki participaient, elles, du génocide "utilitaire", c’était donc de bonne guerre et peut-être même nécessaire à la survie de l’espèce. En vérité les États-Unis ont réussi là où Hitler a échoué. Ils démantèlent en un tour de main les deux empires coloniaux français et britannique et se consacrent ensuite à l’URSS qu’ils finiront par lui faire mordre la poussière quarante ans après. Le Führer ressuscité, en serait tombé raide mort de voir ainsi son rêve confisqué. Si on ajoutait à tout cela la disparition de l’empire ottoman à la fin de la première guerre mondiale, on ne peut que baver d’admiration en présence de tels exploits. Le secret d’une pareille réussite tient probablement d’une démarche politique inspirée de certains arts martiaux asiatiques. Elle consiste à retourner la force de l’adversaire contre lui-même, de l’épuiser jusqu’à l’écroulement et de le ramasser comme qui cueillerait un fruit mûr.

Après le camouflet essuyé pendant la guerre du Vietnam, la stratégie américaine a préféré médiatiser de manière encore plus radicale ses interventions. Il s’agit de jouer sur les contradictions internes de l’ennemi, de les exacerber ou même de les susciter et d’attendre tranquillement la fin des massacres. Pendant la guerre froide, les États-Unis n’ont pas hésité à recourir aux frères musulmans pour déstabiliser les nationalistes baathistes et nassériens. Au milieu des années soixante dix, partout dans les pays arabes et asiatiques, poussent comme par magie des groupes salafistes. Étasuniens et Saoudiens sont en plein préparatifs de la guerre sainte contre les mécréants communistes. L’union Soviétique au bord de la faillite se laisse prendre au piège afghan savamment dressé par les USA. Venant de tous les pays musulmans, des jeunes fanatisés par l’endoctrinement wahhabite et par la propagande occidentale déferlent sur l’Afghanistan au secours de l’islam menacé. Un vrai coup de maître ! La manipulation mentale testée déjà au Liban en 1975 s’avère encore plus redoutable que les drones et les Tomahawk. En 1979, la passivité de la Maison Blanche face à la révolution islamique iranienne obéit elle aussi à la même logique. Depuis cette époque, la politique étasunienne n’a cessé d’appliquer la même stratégie : l’excitation et l’instrumentalisation des fanatismes religieux. Le Moyen-Orient s’est transformé alors en vraie poudrière où sunnites et chiites, fondamentalistes et nationaliste arabes, musulmans et chrétiens n’arrêtent plus de s’entredéchirer.

L’empire soviétique démantelé, les néo-conservateurs ont cru que le moment était venu d’étendre leur hégémonie sur l’ensemble de la planète. L’empire unipolaire projette d’accaparer pour les cent ans à venir tout l’espace séparant l’atlantique de la mer Caspienne et d’asphyxier du même coup la Chine et la Russie. Le rêve néolibéral d’un monde homogénéisé et fluide, sans frontières, complètement ouvert à la libre circulation des capitaux ne souffre nul obstacle. Après l’extinction des empires voilà qu’est venu le tour des États-Nations. Il faut tout de même préciser que cette fureur mondialiste ne date pas d’hier. Tout au long de l’histoire des États-Unis, la politique américaine s’est toujours inspirée du l’utopie protestante d’un peuple « idéal, pur et parfait » et d’un « nouveau monde », terre vierge, Terre promise dégagée des dépravations qui minaient la vieille Europe du XVIIème siècle. Cela a fini par conduire à un messianisme mégalomaniaque qui a souvent ponctué le discours politique étasunien. Wilson, président américain de 1913 à 1921, affirmait : « L’Amérique est la seule nation idéale dans le monde (…) L’Amérique a eu l’infini privilège de respecter sa destinée et de sauver le monde (…) Nous sommes venus pour racheter le monde en lui donnant liberté et justice ». Quant à George W. Bush, il répétait à qui voulait l’entendre : « les États-Unis sont une nation élue par le Créateur, investie d’une mission de libération, et ils doivent la remplir en prenant la tête du camp du Bien contre l’Axe du Mal ». C’est en vertu de ce messianisme politico-religieux que les étasuniens se croient investis d’une mission universelle. Au messianisme américain vient se greffer le messianisme juif que semble concrétiser la création de l’état sioniste. Pour les sionistes, la création d’Israël annonce l’arrivée imminente du Messie. Le Mashia’h hébreu, issu de la lignée du Roi David, amènera dans le monde à venir, une ère de paix et de bonheur éternels. Cependant la venue du Mashia’h ne peut avoir lieu qu’une fois la Terre purifiée. "Le peuple élu" se doit de livrer bataille aux hordes barbares de « Gog et Magog », un combat cosmologique du bien contre le mal. C’est seulement après que régnera la paix et la prospérité sur un monde unifié sous la bannière israélite. Cet idéal messianique constitue aujourd’hui un leitmotiv dans le discours d’une bonne partie de l’intelligentsia occidentale. Quelqu’un comme Jacques Attali n’hésite pas à avancer qu’une gouvernance mondiale verrait bien comme capitale planétaire « Jérusalem ».

Cette obsession eschatologique qui s’empare du monde constitue le nouveau masque idéologique du néo-libéralisme qui ne trouve rien de mieux que d’exacerber les fanatismes religieux pour répondre au vide existentiel d’une société en crise et pour avancer en catimini ses pions. Si l’idée de libéralisme et de démocratie avait besoin du communisme et du goulag pour prendre tout son sens, dans la représentation messianique, l’idée du Bien ne signifie pleinement que par le Mal qui la menace et la valorise. C’est à partir de là que l’islam a été désigné pour jouer le rôle infâme de l’Antéchrist. Après de longues années de mise en scène, le monde arabo-musulman finit petit à petit par être assimilé en Occident aux hordes païennes de « Gog et Magog ». Tout commence avec la guerre d’Afghanistan. L’URSS n’avait pas besoin de cette guerre pour imploser car son économie était déjà en pleine débâcle. En réalité, l’objectif de ce conflit planifié par les États-Unis était avant toute chose l’embrigadement de milliers de moujahidines sunnites recrutés essentiellement dans les pays arabes. Ces derniers fanatisés après des années d’endoctrinement wahhabite financé par les étasuniens et les saoudiens, finissent par se transformer en kamikaze. C’est seulement après l’implosion de l’empire soviétique que les "moujahidines" devenus subitement des "terroristes" vont remplir leur vrai rôle, celui auquel ils ont été préparés : diaboliser l’islam et répandre une atmosphère de psychose collective en Occident. Des actes terroristes commis par des fanatiques endoctrinés et armés par l’empire vont jeter l’opprobre sur l’ensemble des musulmans qui ne manquent pas de réagir. Bien entendu les médias asservis cultivent l’amalgame et ne ratent aucune occasion pour éclabousser l’Islam. Cette atmosphère empoisonnée conduit immanquablement à des dérapages horribles. Au mois de mars dernier en Afghanistan, le sergent américain Robert Bales tue de sang froid 16 personnes dont des femmes et des enfants et brûle ensuite leurs cadavres. Anders Behring Breivik, un militant d’extrême-droite, massacre 77 personnes à Oslo en Norvège. Un homme sain d’esprit affirment les médecins. A l’ouverture de son procès, le lundi 17 avril, Breivik entre au tribunal d’Oslo, adresse à l’assistance le salut fasciste, bras droit tendu, poing sérré bravant ainsi les familles des victimes. Le malheur est que des extrémistes, pris dans le piège de la guerre des civilisations, épousent de plus en plus ces thèses de fragmentation universelle. Pourtant, cette hystérie islamophobe alimentée et entretenue par les médias relève moins de faits réels que d’une propagande tout azimut. En effet, dans le Rapport Europol 2010 sur le terrorisme, l’Office européen de police précise que Sur 498 actions terroristes, 424 étaient en lien avec des mouvements séparatistes essentiellement corse et basque, 55 menées par des mouvements d’extrême-gauche ou anarchistes, un seul était le fait d’islamistes. Bien entendu, probablement déçus par un tel rapport, les médias européens l’ont presque totalement ignoré. Il ne faut surtout pas ébranler l’édifice si péniblement échafaudé. L’extraordinaire est que juste après la publication du dit rapport et comme pour le démentir survient juste avant les élections françaises le massacre de Toulouse. Mais voila que Mohamed Merah, ce symétrique génocidaire de Breivik que la police s’est empressé de liquider, serait un informateur de la DCRI. Une affaire louche, une de plus, comme la plupart des attentats perpétrés depuis les années quatre vingt dix par Al-Qaïda. L’attentat du 11 septembre 2001, ce nouveau Pearl Harbor que les néo-conservateurs n’ont cessé d’appeler de leurs voeux demeure une vraie énigme. Mais qu’importe tous ces détails ! Le décor est déjà planté et bien planté !

Le troisième acte de la tragédie met en scène la subite métamorphose des combattants d’Al Quaïda qui d’ennemis jurés de l’Occident, les voilà transformés en légion étrangère aux ordres de l’oncle Sam et de ses vassaux français et britanniques. Mais me diriez-vous : Al Quaïda a-t-elle jamais été autre chose que le bras occulte de l’Empire au service du choc des civilisations ! Lorsqu’on sait que les combattants de cette organisation jihadiste n’ont jamais tiré un seul coup de feu contre la soldatesque sioniste mais qu’ils n’hésitent pas à massacrer des irakiens, des libyens, des syriens… les choses deviennent on ne peut plus limpides. Dans un article paru dans michelcollon.info, Jérôme, Français, habitant de Homs et marié à une Syrienne chrétienne, témoigne : « …A échappé à la mort un bon ami à nous (…) Il rentrait chez lui, a été arrêté par un barrage de révolutionnaires armés. Il les a suppliés de le laisser partir. Ils l’ont menacé en mettant leur fusils sur sa tempe et lui ont dit " Prouve-nous que tu es chrétien !". Il a récité le "Notre Père", ils l’ont laissé partir… » En fait, les chrétiens arabes et occidentaux sont plus ciblés par la campagne islamophobe des médias que par les armes des terroristes qui préfèrent plutôt tuer des musulmans. Drapé de démocratie et de droit-de-l’hommisme, le messianisme sioniste et protestant pousse dans l’arène les islamistes qui n’en reviennent pas. Ces derniers ne s’attendent pas à se retrouver propulsés avec cette facilité à la tête de pays comme la Tunisie, l’Égypte ou encore la Libye… et le "printemps arabe" n’en finit pas de fleurir ! Trop contents de se trouver au pouvoir, les intégristes musulmans semblent confondre volonté divine et volonté impériale. Se rendent-ils compte que pour les fanatiques de l’autre rive, ils ne sont que la main de satan sensée transformer en magma incandescent l’ensemble du monde arabe ? Ne comprennent-ils pas que ces apprentis sorciers les destinent à être l’instrument du chaos ?

Maintenant que le gouffre s’est creusé et qu’Islam et Occident se dressent l’un face à l’autre prêts à l’affrontement mythique, l’empire unipolaire profite de cet enfumage pour poursuivre son oeuvre d’unité planétaire. Il est toutefois utile de préciser qu’une gouvernance mondiale n’est réalisable que par la destruction préalable des États-nations. Le soutien apporté par les États-unis aux revendications ethno-régionalistes en Europe est un choix stratégique et la partition de la Yougoslavie l’illustre parfaitement. Cette volonté de dissoudre les nations dans un grand magma ethnique et confessionnel constitue la base de la stratégie mondialiste des néo-conservateurs. L’application de la carte du "Nouveau Moyen-Orient" et l’instauration d’une politique du chaos visant la fragmentation du monde arabo-musulman s’accélère surtout avec l’avènement du "printemps arabe". Les européens, victimes de la propagande islamophobe, adhèrent à cette stratégie de la dislocation mais oublient que leur proximité les expose au pires dangers. Cependant, cette politique de démantèlement ne concerne pas que le Moyen-Orient. En effet, depuis sa création l’UE n’a cessé d’encourager la promotion de l’ethnicisme et du régionalisme. Les États diminués à la fois par l’autorité supranationale de Bruxelles et par la montée en puissance des pouvoirs régionaux tombent graduellement en déliquescence. La crise belge illustre bien l’accélération de cette tendance. Bart de Wever, chef du mouvement indépendantiste flamand n’hésite pas à avancer : « La Belgique finira par s’évaporer entre l’Europe et les régions ». C’est dans cet ordre d’idées que s’inscrit la stratégie mondialiste qui en privilégiant l’ethnicisme, le régionalisme et le confessionnalisme tente de décomposer les sociétés et de réduire à néant toute velléité de résistance face à la déferlante néo-libérale et à l’hégémonie unipolaire. Si en Europe la désintégration se fait relativement en douceur au moyen de pressions financières, en Afrique et au Moyen-Orient l’Empire préfère forcer le destin en instaurant le chaos.

Le processus d’expansion coloniale moderne, né avec la renaissance, prend selon l’époque des colorations idéologiques différentes. Au XVIème siècle, les conquêtes espagnoles et portugaises étaient légitimées par l’église catholique. Les bulles papales partageaient le monde entre les deux puissances, autorisaient la traite des noirs ou même l’extermination des amérindiens. Au XIXème siècle, l’homme nouveau, pur produit du cartésianisme, s’étant débarrassé de l’idéologie du droit divin, s’en va claironnant sa mégalomanie et ses valeurs humanistes si vitales à la survie de l’espèce. Il s’est fait alors un devoir d’aller les imposer au reste de l’humanité. Aujourd’hui, le mondialisme, héritier des deux idéologies précédentes, s’appuie paradoxalement à la fois sur l’intégrisme religieux et la déification de l’humain. Aux États-Unis, Sionistes chrétiens, en particulier des protestants fondamentalistes, et sionistes juifs croient que la création de l’État d’Israël en 1948 est en accord avec les prophéties bibliques. Les chrétiens sionistes considèrent comme un commandement divin d’aimer Israël et de soutenir le peuple élu. Pour eux, la judaïsation de la Palestine historique, couvrant l’actuel État d’Israël et les territoires palestiniens, est une obligation divine qui ramènera Jésus

sur terre, le fera reconnaître comme Messie par les juifs et assurera le triomphe de Dieu sur les forces du mal, ce qui permettra à l’humanité de vivre mille ans de paix et de prospérité avant l’apocalypse. Les sionistes juifs sont d’accord sur tous les points sauf que le Messie ne sera pas Jésus et que les maîtres du monde pendant le millénium seront les juifs. Mais pour le moment il s’agit de parer au plus urgent. Il faut d’abord éliminer les forces du mal hostiles à Israël pour ensuite unifier l’humanité. Oui, mais alors sous quelle bannière ? Là est la question. Pour l’instant, l’obstacle majeur à la réalisation de la prophétie est le monde arabo-musulman. Le fait de projeter les djihadistes islamistes au devant de la scène sert principalement à diaboliser l’Islam, à le grimer en Antéchrist. Et à légitimer ainsi la destruction des nations qui aux yeux du messianisme juif et chrétien incarnent le mal. Alors un monde nouveau naîtra, un monde cosmopolite, croyant au même dieu, parlant la même langue, ayant la même culture, obéissant au même maître. Des philosophes sionistes qui tiennent le haut du pavé médiatique font de plus en plus écho à cette vision du monde. Alain Finkielkraut considère que l’essence de l’homme post-moderne « c’est d’être cosmopolite, et de partir en guerre contre l’esprit de clocher ». Et Bernard-Henri Lévy d’ajouter : « Bien sûr, nous sommes résolument cosmopolites. Bien sûr, tout ce qui est terroir, bourrées, binious, bref franchouillard ou cocardier, nous est étranger, voire odieux ». Ce totalitarisme asservissant l’humanité au nom d’une religion est relayé par une spiritualité sans dieu tout aussi liberticide. Elle croit en l’homme nouveau, indifférencié, sans attaches, universel et maître du monde. Mais cet anthropocentrisme délirant a vite fait de dégénérer en élitisme qui atteint aujourd’hui un stade paroxystique. Nous assistons impuissants à une multiplication de sociétés secrètes ésotériques et de groupes d’influence à l’image du fameux Bilderberg. Franc-maçonnerie et lobbying s’emparent du pouvoir mondial alors que la démocratie se délite même dans les pays dits libéraux. Une élite intellectuelle et entrepreneuriale enivrée par sa puissance en veut encore plus et tente d’imposer à la planète le pire des totalitarismes.

Peupler le monde de clones pris dans un tourbillon mimétique, tel est l’univers que tous ces adeptes du mondialisme veulent imposer à l’humanité, un univers orwellien déshumanisé gisant sous la botte d’une élite au service de l’empire unipolaire. Voila qu’encore une fois, le rêve cauchemardesque babélien vient perturber l’ordre du monde. La nouvelle réplique de Nemrod, succombant à son tour à la démesure de l’orgueil ne peut s’empêcher de défier le ciel. Mais les humains, Blanchis sous le harnais, ne se laisseront plus prendre au piège. Riches de leur diversité, ils se soulèveront contre toutes les formes d’homogénéisation, d’indifférenciation, de mort encéphalique…

Fethi Gharbi

(photos d’illustration : flickr.com)

altermonde-sans-frontiere.com

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19 novembre 2013 2 19 /11 /novembre /2013 12:31

 

 

 

Le Réseau Semences Paysannes est reconnu d'intérêt général.

Collectif Semons La Biodiversité

 

 

 

 

 

 

COMMUNIQUE DE PRESSE – Paris le 13 novembre 2013.

Loi contrefaçon :
La lutte contre la contrefaçon va t-elle nier les droits des agriculteurs ?

Le 20 novembre, les sénateurs discuteront et voteront en séance publique une proposition de loi « tendant à renforcer la lutte contre la contrefaçon », un sommet dans la recherche de profit absolu. Il n’est plus ici question de vendre et d’acheter. Il s’agit, pour les firmes, de s’approprier le savoir acquis au quotidien par les paysans d’aujourd’hui et d’hier.

En 10 000 ans d’agriculture, on ne s’était jamais posé la question. Les paysans ont semé et choisit, saison après saison, les graines qu’ils allaient replanter. De la même manière, les éleveurs ont sélectionné leurs reproducteurs. C’est leur métier. C’est ce qui fait aujourd’hui de l’agriculture un domaine riche de savoirs, ce qui nous a permis de conserver la diversité du vivant. C’est un patrimoine universel qui n’a pas de prix.

On le croyait en tout cas, jusqu’à ce que certains décident de se désigner comme propriétaires de ce patrimoine. C’est donc au nom de la « propriété intellectuelle » que quelques industriels feront payer, de façon systématique, les paysans qui ne faisaient alors que leur métier.

Cette proposition de loi, et l’arsenal juridique déjà existant, piègent de fait les paysans. Ressemer des semences, donc les reproduire, sera une contrefaçon. Le paysan pourra alors voir sa récolte simplement saisie par les services de l’État. Pour éviter tout problème, il devrait donc, chaque année racheter ses semences ou payer des royalties. Le fonctionnement sera le même en élevage pour les mâles reproducteurs. Et il n’y a pas d’échappatoire ! Tout paysan qui ne pourra présenter les factures de ses semences, de ses animaux ou de ses préparations naturelles sera considéré, a priori, comme étant dans l’illégalité. L’industrie se retrouve donc seule à avoir le droit de poursuivre le travail engagé par les paysans depuis des millénaires !

Cette loi, en criminalisant le métier même de paysan, nie leur savoir, et bafoue leur liberté. Elle porte aussi l’appauvrissement irrémédiable de la biodiversité. C’est cette responsabilité que nos élus portent en ce moment. Et il est de notre devoir de le leur rappeler.

Une lettre ouverte a été adressée à l’ensemble des sénateurs français : Lisez et diffusez autour de vous et à vos élus notre proposition d’amendement et notre argumentaire. Pour télécharger cette lettre ouverte merci de cliquer ici.

Le collectif "Semons la Biodiversité" et l'Association Terre et Humanisme

Contacts Presse :

Guy Kastler, délégué général du Réseau Semences Paysannes : 06 03 94 57 21

Michel Metz, membre d'Attac : 06 19 79 53 69

Emilie Lapprand, animatrice de la veille juridique semences, Réseau Semences Paysannes :

05 53 84 91 92

 

 

Source : Loi contrefaçon : La lutte contre la contrefaçon va t-elle nier les droits des agriculteurs ?

 

Divers autres textes (exemple La lutte contre la contrefaçon va t-elle nier les droits des agriculteurs ? -- Collectif Semons la Biodiversité )  sur ce thème ajoutent une partie concernant le rôle des douaniers qui dit  ceci

 

Pour piéger les agriculteurs présumés contrefacteurs, ou ceux ayant oublié de remplir leurs obligations d’enregistrement ou de certification, la compétence des services des douanes sera élargie pour agir au niveau national.

 

 

Ces derniers seront autorisés à se déguiser en délinquants selon deux techniques ainsi décrites dans la proposition de loi :

  • "L’infiltration" :

"cette procédure, qui requiert l’autorisation préalable du procureur de la République, consiste, pour un douanier doté d’une fausse identité, à s’installer dans le rôle de trafiquant pour collecter des renseignements utiles à la réalisation d’investigations fondées sur le code des douanes (visite domiciliaire, placement en retenue douanière des personnes ayant commis un flagrant délit douanier puni d’une peine d’emprisonnement) afin de notifier des infractions douanières et de procéder à la saisie des marchandises de fraude."

 

 

 

Je n'ai pas réussi à déterminer si cette partie était vraie ou non, mais elle en tout cas tout à fait plausible. Je le mets donc ici, parce que si elle est vraie, elle implique un débat à elle seule...

Mais subsidiaire par rapport à une loi qui touche les racines de notre existence et les fondations même de notre liberté… le totalitarisme… un totalitarisme encore inimaginable, il y a bien peu.

Un autre  texte qui fait apparaître le caractère mondial de cette appropriation du monde, alors qu’un peu partout de nouvelles lois sur les semences sont produites qui ont la même caractéristique privative des droits les plus naturels, les plus fondamentaux et qui touchent tant les producteurs de nourriture que les mangeurs. Chaque jour, un peu partout dans le monde de nouvelles personnes, paysannes ou non, s'élèvent contre cet abus, ce crime de lèse vie.

Une autre exemple :

 

Lois sur les semences en Amérique Latine :
Une offensive qui se poursuit et une résistance qui s’intensifie et se multiplie

par GRAIN

 

Introduction

Les tentatives des grandes sociétés d’agrobusiness d’imposer la privatisation des semences continuent d’être déployées partout sur la planète. Derrière leurs tentatives, elles poursuivent un objectif clair : s’approprier un monopole sur les semences et rendre illégale la pratique historique et millénaire de conserver et de reproduire les semences. L’Amérique latine n’est pas à l’abri de ces attaques.

Bien que les lois UPOV soient actuellement le fer de lance de cette agression, on assiste en réalité à une avalanche de lois, de décrets et de règlements, notamment le brevetage d’événements biotechnologiques, les normes sanitaires, les normes de commercialisation, les lois sur la certification, divers registres, des règlements tributaires, les soi-disant « bonnes pratiques agricoles, » les programmes de recherche, les politiques de mise sur pied de marchés de semences et plus encore.

Déjà en 2005, nous disions : « Si nous les examinons aujourd’hui, nous constatons que les lois sur les semences ne sont que répressives. Elles traitent de ce que les agriculteurs ne peuvent pas faire. Elles imposent quelles sortes de semences ne peuvent pas être vendues, ne peuvent pas être échangées et dans certains cas ne peuvent même pas être utilisées. Tout cela au nom de la régulation du marché et de la protection des producteurs de denrées alimentaires ! Dans ce sens, les lois sur les semences vont de pair avec les régimes de droits de propriété intellectuelle (DPI) comme les droits des sélectionneurs de plantes et les brevets. Ces deux sortes de législations — les règlements de commercialisation et les droits de propriété – se renforcent l’une l’autre. ».

Si quelque chose a changé depuis, c’est que les stratégies de privatisation se sont multipliées et sont devenues plus radicales et ambitieuses. Mais les entreprises et les gouvernements ne s’attendaient pas à ce que les résistances nationales et régionales se multiplient en même temps.

Qu’est-ce que l’UPOV ?

L’Union internationale pour la protection des obtentions végétales (UPOV) est une organisation intergouvernementale dont le siège social est à Genève (Suisse). L’UPOV a été établie par la Convention internationale pour la protection des obtentions végétales. La Convention a été adoptée à Paris en 1961 et a été révisée en 1972, 1978 et 1991. Selon sa propre définition, « la mission de l’UPOV est de mettre en place et promouvoir un système efficace de protection des variétés végétales afin d’encourager l’obtention de variétés dans l’intérêt de tous. » Dans le langage de l’UPOV, « protection » signifie privatisation.

L’histoire de l’UPOV montre une expansion permanente et apparemment sans limites des droits des entreprises semencières accompagnée d’une réduction également permanente et sans limites des droits et libertés des agriculteurs et paysans. La Convention originale accordait des droits de propriété uniquement sur les variétés qui auraient été développées par l’auteur de la demande de privatisation, concédait à peu de choses près un droit exclusif de commercialisation des variétés privatisées et n’établissait aucune sanction spécifique. Après les transformations successives de 1972, 1978 et 1991, l’UPOV donne maintenant un droit de propriété sur des variétés « découvertes » et accorde des droits monopolistes sur la production, la commercialisation, l’exportation et l’importation, en plus de permettre aux entreprises de demander la confiscation des cultures, des plantations, des récoltes et des produits dérivés de la récolte. De même, elle établit que les entreprises peuvent exiger des sanctions pénales, y compris des peines de prison.

Aujourd’hui, on tente d’imposer la Convention UPOV 91 partout sur la planète sous le prétexte de « protéger » les variétés. Cependant, la démonstration a été abondamment faite que l’UPOV 91 nie les droits des agriculteurs aux plans tant spécifique que général en empiétant sur leur droit de conserver les semences pour la culture et en permettant aux sociétés privées de s’approprier la biodiversité de manière à exercer un contrôle commercial total sur les semences et les connaissances des communautés. De plus, les critères de protection des obtentions de l’UPOV encouragent l’uniformité des semences, aggravant du même coup l’érosion de la biodiversité. L’uniformisation est extrêmement dangereuse, car elle mène à la perte des récoltes et à une plus grande insécurité alimentaire. Finalement, la privatisation des semences nuit à la recherche et à l’échange de connaissances.

En Amérique latine et les Caraïbes, l’Argentine, la Bolivie (État plurinational de), le Brésil, le Chili, la Colombie, le Costa Rica, l’Équateur, le Mexique, le Nicaragua, le Panama, le Paraguay, le Pérou, la République dominicaine, Trinidad et Tobago et l’Uruguay sont membres de l’UPOV. Parmi ces pays, le Costa Rica, le Panama, la République dominicaine et le Pérou sont les seuls qui appliquent à l’heure actuelle l’UPOV 91.



Le puits sans fond de l’ambition des entreprises semencières

Les lois sur les semences que l’on cherche maintenant à imposer sont une application intégrale et souvent élargie de l’UPOV 91. Par conséquent, (...) Lire la suite dans le document pdf ci-joint

PDF - 351.5 ko
Lois sur les semences en Amérique latine : une offensive qui se poursuit et une résistance qui s’intensifie et se multiplie

Grain.

El Correo. Paris, le 15 novembre 2013.

 

 

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19 novembre 2013 2 19 /11 /novembre /2013 11:58

 

Nous ne sommes plus là dans un simple processus d’accumulation de capital, mais bien dans un processus impliquant un changement qualitatif, une appropriation du monde. Et ce processus d’appropriation implique la prise pouvoir par quelques corporations tant sur le personnel politique, que sur les forces de répressions publiques et privées qui défendent leurs intérêts et la sécurité de leurs investissements contre les peuples dépossédés qui se rebellent.

Et en plus, ils ont le culot de se livrer à l’espionnage pour détecter les opposants avérés ou potentiels à l’iniquité absolue. L’ère du Totalitarisme Marchand s’installe simultanément sur tous les fronts.

Les 10 corporations qui dominent et contrôlent le marché mondial.

 

Par: Actualidad RT

 

Credito: Actualidad RT

Credito: Actualidad RT

 

Dix méga corporations contrôlent la production de quasiment tout ce que nous achetons, depuis les produits pour la maison à la nourriture pour animaux domestiques jusqu’aux vêtements.

 

Le site Policymic présente un graphique intitulé « L’illusion du choix » « The Illusion of Choice » qui montre que l’emprise de ces fameuses corporations atteint des ramifications que nous n’aurions jamais imaginées.

 

Par exemple, Yum Brands, qui est une filiale de Pepsi, possède KFC et Taco Bell. Tous les restaurants Yum Brands vendent uniquement des produits Pepsi à cause d’un accord spécial avec la compagnie fabricante de boissons rafraîchissantes.

L’entreprise Procter & Gambel, évaluée à 84 000 millions de dollars, s’est emparée d’un grand nombre de marques qui produisent une large gamme de produits depuis des médicaments et de la pâte dentifrice jusqu’à des vêtements de luxe. Au total, à travers ses réseaux, la compagnie atteint 4 800 millions (près de 5 milliards !) d’acheteurs dans le monde entier.

 

La corporation Nestlé, connue pour ses chocolats et évaluée à 200 000 millions de dollars, est la plus grande entreprise d’alimentation du monde. Elle possède près de 8 OOO marques différentes et détient des participations ou est associée avec un grand nombre d’autres entreprises comme le géant cosmétique l’Oréal, la productrice d’aliments pour bébés Gerber, la marque de vêtement Diesel et les fabricants d’aliments pour animaux domestiques Purina et Friskies.

 

Et ce schéma ne reprend pas que les entreprises de l’industrie alimentaire. Il montre également que les compagnies du secteur bancaire, dans lequel 37 banques étasuniennes ont fusionné, en un peu plus de 20 ans, pour ne plus être que 4 (JPMorgan, Bank of America, Welles Fargo et Citigroup) selon le tableau réalisé par la réserve fédérale.

 

Traduction Anne Wolff

Source en espagnol

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17 novembre 2013 7 17 /11 /novembre /2013 17:45

 

 

 

 

Ils vivent en roulotte et ils sont heureux

Thomas Jonckeau (Reporterre)

samedi 16 novembre 2013

Pendant douze ans, la famille Hemelrijk a sillonné l’Europe en roulotte. Cette année, ils ont décidé de faire une pause et font le bilan de leurs années de vadrouille.


- Reportage, Marciac (Gers)

C’est loin, très loin, à l’écart des grands axes routiers, à quelques kilomètres du village de Marciac, dans le Gers, que les roulottiers ont établi leur campement. Quatre roulottes aux couleurs éclatantes et joliment décorées, sont installées au sommet d’un coteau, à l’ombre des chênes. C’est ici que la famille Hemelrijk a posé ses valises, après douze ans de vadrouille à travers l’Europe.


- André et Judith -

Judith s’affaire à la préparation du café sur un réchaud à gaz et au rangement de sa roulotte. Elle tient à ce que tout soit toujours bien rangé et propre autour du camp, c’est une question d’image. “Nous avons toujours beaucoup de visites, dit-elle. Et les gens ont déjà beaucoup de préjugés sur notre mode de vie. Nous ne pouvons pas nous permettre de donner l‘impression que nous sommes sales ou mal habillés.”

Ses vêtements colorés et ses couettes ornées de rubans lui donnent un air de petite fille espiègle. Toujours souriante, elle s’exprime dans un français fortement teinté d’accent hollandais, qui n’hésite pas à emprunter des mots à l’espagnol ou à l’anglais. Une langue de voyage, apprise au gré des rencontres et des paysages.

André vient de terminer sa journée de bricolage sur leur dernière roulotte. Il est accompagné par la meute des six chiens, recueillis le long du chemin et qui constituent le reste de la famille. Lui a opté pour un style cheveux longs et lunettes rondes à la John Lennon. Les filles sont encore au collège, pour la première fois de leur vie, elles ont fait leur rentrée en septembre, comme les autres enfants.


- André pose les tôles qui constituent le toit de la future "maison roulante" -

“Pour moi, vivre en roulotte a toujours été un rêve d’enfant”, confie Judith. Le rêve s’est réalisé en 2000, lorsque, après quatre ans de préparation, toute la famille est partie de Hollande, à bord de la première roulotte pour partir à l’aventure. Safire, leur fille aînée, avait trois ans, Yetl Rose, la cadette, venait de naître. Pour gagner un peu d’argent, André faisait des photos et Judith des maquillages pour enfants sur les foires et les marchés.

“J’allais beaucoup dans les crèches ou les écoles pour faire de jolis portraits des enfants que je vendais aux parents, se souvient André. Et comme les gens trouvaient les roulottes jolies, ils nous louaient souvent comme attraction pour différents événements, j’exposais mes photos et Judith maquillait les enfants.”

Sur la route, la famille a dû apprendre à vivre de peu. “Les gens croient toujours qu’ils ont besoin de plein de choses, lâche André. Quand on vit en roulotte, on doit faire attention à tout : l’eau, l’électricité, l’argent, etc. On ne peut pas emporter trop de choses car ça alourdirait trop la roulotte.” Des fruits, légumes et autres plantes sauvages glanées en chemin constituent une part importante de leurs repas quotidiens.

“Notre mode de vie intéresse beaucoup de gens qui viennent nous voir, nous posent des questions et très souvent, ils nous amènent de la nourriture, des légumes, où nous laissent utiliser leur douche ou leur machine à laver.” Petit à petit, le convoi grandit et passe de une à trois roulottes. “En 2008, nous nous sommes arrêtés en Galice, raconte André. Les filles avaient grandi et la roulotte était trop petite pour nous quatre. Mon père nous a donné un peu d’argent pour en construire une deuxième. A chaque fois, il faut trouver des idées d’aménagement pour gagner de l’espace et limiter le poids au maximum.”

Les roulottes font en moyenne 8 m2. Une fois aménagée il ne leur reste que 4 m2 d’espace à vivre. Pour chauffer ces petits espaces mal isolés tout en consommant le moins possible, André a trouvé l’astuce : il fabrique de petits poêles à bois avec des objets de récupération : extincteur, bouteille de gaz ou fût à bière. Passionné d’électronique, il a aussi installé deux panneaux solaires inclinables de 20 et 80 watts qui leurs fournissent l’électricité pour alimenter l’éclairage à ampoules LED et quelques appareils électriques comme un ordinateur portable.


- De droite à gauche : la "Roulotte Papillotte" (la plus ancienne), la "Roulotte Pâquerette" (la dernière, depuis 2013) et la "Casita Libelotta" (maisonnette libellule, achetée en 2008) -

André et Judith, ont bien conscience qu’ils sont porteurs d’un message, qu’il est possible de vivre différemment, de consommer moins en vivant plus près de la nature. Pour André, “Ecologie rime aussi avec économie. On montre que c’est possible et pas forcément ennuyeux de consommer moins. On donne une image plus jolie de l’écologie.” C’est ainsi qu’est né le projet de raconter leurs aventures dans un livre, un conte pour petits et grands pour faire vivre au lecteur le quotidien du roulottier, le faire voyager et lui donner à réfléchir.

Mais ce choix de vie n’est pas toujours facile dans une société basée sur le principe de sédentarité. N’ayant aucune preuve de résidence à fournir à l’administration, ils n’ont droit à aucune aide gouvernementale ni de la France ni des Pays-Bas. Pire, ils n’ont aucune couverture santé. “Quand on a bien travaillé, on va chez le dentiste ou on achète des chaussures", lâche André d’un ton sarcastique.

En 2013, la famille a décidé de faire une pause : « Nos filles ont toujours vécu avec nous, sur la route, explique Judith. Nous voulions qu’elles connaissent aussi la vie sédentaire, qu’elles aillent au collège comme les autres enfants et qu’elles puissent se faire de vrais amis. » Pour l’instant, l’expérience n’est pas tout à fait concluante pour André : « Elles s’ennuient, elles ont du mal à s’intéresser aux cours. Quand nous étions en Galice, nous avons vu des dauphins depuis la côte, elles se sont alors renseignées sur leur mode de vie, les différentes espèces, tout ça. Ici, ils ont passé un mois à apprendre l’évolution de l’aspirateur et de la machine à laver ! »

Les parents se sont aussi vite rendus compte que la roulotte est peu adaptée à la vie sédentaire. C’est pourquoi, l’année dernière, la famille a acheté et aménagé une troisième roulotte pour gagner encore un peu de place. Ils se sont aussi attaqués à la fabrication de leur quatrième roulotte, ou plutôt leur « maison sur roues » comme ils préfèrent l’appeler, car celle-ci sera trop lourde pour être tirée par des chevaux.


- Judith et André vivent à deux dans leur première roulotte d’un espace de 8 m2. -

« Maintenant que nous voyageons moins et que le filles vont au collège, nous avons besoin de beaucoup plus de place pour vivre ; il y a tous les livres à stocker, il faut de la place pour faire les devoirs, etc. Mais nous voulons pouvoir bouger quand on veut. » En bons roulottiers, les Hemelrijk ne savent pas vraiment de quoi leur avenir sera fait. Ils n’ont rien contre un retour à la vie sédentaire mais ils ne veulent « surtout pas acheter », de peur de se retrouver enchaînés.

« Et puis nous partirons souvent », assure André, car pour eux, l‘appel de la route est toujours le plus fort.


Source et photos : Thomas Jonckeau pour Reporterre.

Contact : Roulotte papillote

Lire aussi : Elle vit sans argent, et s’en porte très bien.

 

Source : Ils vivent en roulotte et ils sont heureux - Reporterre

Merci Pascale

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17 novembre 2013 7 17 /11 /novembre /2013 17:42

 

 

La Yaguaina, chronique d'une commune venezuelienne

Photo de Veronica Canino

Une salle de bataille sociale. Le matin dans les pupilles. Un carnet de route vierge. Un cercle de communards. Avec les idées de Javier Biardeau  dans la tête : « pour qu’existe la Commune, il faut qu’existe l’esprit de la Commune, et pour qu’existe l’esprit de la commune il faut le cœur de la Commune, peut-être que l’Etat ne le comprend pas »…, nous sommes arrivés à La Yaguaina (terre de palmiers) avec le défi de raconter ce qui se construit à partir du cœur, ce cœur qui fond quand on parle du Commandant et qui chemine à travers la forêt et le lac, plein de contradictions et de certitudes absolues.

Ici comme dans tous les villages proches de la côte des Caraïbes, résonne le vallenato de Colombie… On se reconnaît dans le cercle horizontal de la parole; maintenant on appelle porte-paroles ceux qu’on traitait jusqu’ici de lutteurs sociaux, « ñángaras », va-nu-pieds, indigents, ou plèbe comme les appellent encore  certains. Ici on compte 15 Conseils Communaux qui ont rendu possible cette Commune qui est tout sauf un dossier rempli de paperasserie légale, ici la Commune, c’est la rage et la tendresse de réaliser avec ses propres mains, « nous voulons que les enfants puissent avoir tout ce que nous n’avons pas eu » répète-t-on comme principe.

Matria 4

C’est Luisa Rivas, une femme de 35 ans, porte-parole du Conseil Communal Las Cañas, qui ouvre la conversation pour dire comment il ont commencé à croire dans la volonté commune, dans le travail collectif  : « nous existons depuis quatre ans, grâce à une initiative lancée par trois porte-paroles de conseils communaux différents, à la suite d’une émission du président Chavez sur la nécessité de créer la Commune, on ne savait pas ce que c’était en soi, mais nous avons commencé, et quand nous nous réunissions on nous appelait les fous. Quand nous avons constaté que les gens ne voulaient pas participer, nous avons décidé de bouger et d’organiser les réunions de village en village pour les motiver.» Nous avons commencé par la communauté Cruz Cano Chiquito, qui est très éloignée, nous y sommes allés en camion sans savoir ce que nous faisions réellement, on a commencé par motiver les gens – « ensemble, nous travaillerions mieux, nous devons entendre le président Chavez , c’est comme ça que nous avons tenté de former la Commune ».

C’est le travail volontaire qui a déclenché l’organisation d’une commune aujourd’hui consolidée. Tout a commencé par le dégagement des routes, un travail peu à peu habité par la musique et les conversations. On a nettoyé ensemble les câbles de haute tension, le cimetière, on est venu en mule, à pied, en camion, on est toujours venu travailler, « et après la soupe collective, on en faisait quatre ou cinq marmites après chaque journée de travail, on se réunissait pour évaluer l’activité ».

Matria 1

«Pour commencer, on n’est pas parti de directives ou de lois, nous avons commencé avec la volonté, avec le simple amour de faire»… Ici commence la liste de critiques, de plaintes, de rappels des institutions à leur devoir de faire la révolution, institutions qui restent souvent aveugles, les bras croisés. «Nous étions fatigués d’attendre la réponse, on nous a si souvent fait miroiter des villas et châteaux, on nous a utilisés, manipulés tout au long de l’Histoire, et  lorsque nous ouvrons les yeux, nous nous retrouvons à nouveau… entre la déception et espoir ».

Le processus de légalisation de la Commune a donc affronté les mille et un obstacles de la bureaucratie : « depuis le 17 Novembre 2012, nous avons remis les certificats des Conseils Communaux, et ils viennent de nous les rendre il y a seulement un mois. Lorsque l’on arrive enfin à former les Conseils Communaux… il faut recommencer tout le processus à zéro parce que le mandat des porte-parole touche à son terme, on nous laisse sans réponse, nous devons voyager pendant des heures jusqu’à Cumana pour refaire les démarches administratives, parfois on ne veut pas nous recevoir, on nous demande de revenir plus tard, parfois tout ça donne envie de pleurer. »

Matria 5

Le communard Renan Correa propose des solutions : «si nous avions plus de ressources nous produirions plus, à partir de notre  grand potentiel que sont les racines et tubercules, ces aliments doivent sortir de cette zone vers l’axe Apure-Orénoque. Nous devons relancer l’usine de traitement d’alimentation pour animaux et de produits triturés, nous pourrions lui fournir notre récolte et on nous payerait le prix  juste car d’ordinaire ce sont des intermédiaires qui nous exploitent, ce sont eux qui gonflent les prix des produits (..) Nous, les agriculteurs, on nous ignore partout. Comme disait Chavez, nous voulons que le pouvoir du peuple, la collectivité, soient écoutés, et qu’on arrête de prendre des décisions sans nous prendre en compte

La Yaguaina est humide, et cette sensation colle à la peau, au dos brûlé de soleil. On ne cesse de regarder, parce que la vue est une vertu pour tant de choses qui naissent, le végétal est la terre, sa croissance, ce sont ses femmes et ses hommes, leur labeur. Parler vite n’enlève pas leur poids aux mots justes, aux exigences légitimes de ces communard(e)s. Dans le fond, sur une colonne de bois, une image de Chavez, un silence.

Maria Martinez nous raconte comment cette Commune en cours de construction s’est intégrée au Système national de Troc qui existe dans notre pays depuis plusieurs années, avec une approche pratique, concrète, réflexive d’économie socialiste, tout un processus qui va de la conscience de quelle nourriture nous consommons, aux rapports de production existants en zone rurale, en passant par la récupération des pratiques ancestrales.

Matria 2

La Yaguaina fait partie du Système Régional de Troc de Pariagoto. Ici on utilise comme monnaie communale « Paria » et depuis mai 2009, mois après mois, de nouvelles volontés ont adhéré. Les marchés de Troc se sont répandus dans tout le pays, invitant les pairs à participer à un échange de ce qu’ils cultivent, tissent, écrivent, rêvent. Un monde sans argent, c’est l’utopie du monde possible. La Commune nous a invité à un de ces marchés à Cumana ;  une dame debout, micro à la main, nous a reçu en disant: « Pour être libres, nous devons produire nos propres pommes de terre, si nous ne produisons pas ce que mangent nos enfants nous ne serons jamais libres ». Les travailleurs de l’entreprise sardinière récupérée La Gaviota leur ont narré leur lutte. Au-delà la géographie humaine de Sucre a œuvré à partir de la mémoire, partageant les semences, la connaissance et la culture communale.

Traduction : Suki Neve,  http://quebolaparis.blogspot.com/

Source en espagnol : Aquarella Padilla, Ciudad Caracas,  « Narrar la Matria II… Crónicas de un recorrido »,  Photos : Verónica Canino, http://www.ciudadccs.info/?p=485684

Source : http://venezuelainfos.wordpress.com/2013/11/06/la-yaguaina-chronique-dune-commune-venezuelienne/

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17 novembre 2013 7 17 /11 /novembre /2013 15:26

 

Pour ceux qui désirent en savoir un peu plus sur la réalité de ceux qui résistent à la stigmatisation sociale dans des conditions plus que précaire, je vous renvoie au Collectif SDF Alsace .

Alsace, Belgique, même combat et les constats faits par les auteur(e)s de ce blog, correspondent pour la plupart à ceux que j'ai pu faire ici. Non seulement les politiques y font tout pareils des promesses qui sont destinées à calmer les éventuelles questions de l'opinion publique.Le résultat une stigmatisation grandissante..."ils sont encore dans la rue à se bourrer la gueule et mendier - ces *** - avec tout ce qu'on fait pour eux... c'est qu'ils le veulent bien.

Ensuite la SINECURE, celle des associations qui se font un sacré pognon à pondre des jolis rapports bien conformes au désir du pouvoir,qui ne recouvre aucune réalité concrète,je vous promets,je peux en écrire 10 d'affilés en utilisant les concepts ad hoc,sans que finalement ilne soit question d'aucune action concrète et utile,mais donnant l'impression d'un activisme débordant. Ou d'autres, comme celui de 40 pages de tissus de M**** expertes, qui après longue enquête et traitement   scientifique des données en arrive à la conclusion qu'en Europe, les degrés de pauvreté sont similaires en Wallonie avec les situtions grecque et chypriote. Allez, on leur pardonne, on sait bien que des gens aussi sérieusement occupés n'ont pas le temps d'aller vérifier la validité de leurs résultats sur le terrain... et puis les pauvres ne sont fréquantables pour vcertains que sous forme de chiffre dans des tableaux.. c'est bien connu, et puis nous savons tous à présent que quand la réalité dément la science, c'est forcément la réalité qui se trompe.

Enfin l'INSERTION SOCIALE,je vous laisse l'auteur vous décrire son expérience d'insertion, elle exprime très bien certaines choses que j'aurais aimé dire à ce sujet...mais ça m'énerve !

 

 

Envoyé là par ma conseillère d'orientation de mission locale, je n'ai pas eut le choix. Je dois y aller et bosser pour ce chantier dont la réputation n'est pas bonne. Malheureusement les oreilles de nos chers fonctionnaires pôle emploi, mission locale et subventionneurs restent hermétiques. Un boulot c'est un boulot.

Je suis accueilli par personne. Du monde autour de moi mais le patron n'a pas prévenu. Et le patron n'est pas là et personne ne sait si il vient ni quand. J'ai pas un rond et la machine à café me fait de l'oeil. Je demande à téléphoner à ma conseillère mais on peut pas ou on veut pas. Je profite que la nana quitte son bureau pour téléphoner… Elle va voir, elle ne comprend pas, elle va joindre le mec sur son portable, bref elle ne sait pas non plus mais je dois attendre. La nana revient, elle comprend que j'ai téléphoné … elle me propose un café. Je dois attendre que je lui dis. Elle soupire, moi aussi dit-elle. Le téléphone sonne, des fournisseurs qui veulent leur fric. C'est flippant.

Une heure de plus passe et le type arrive. Plein de gens l'arrête et lui parle, il faut régler des trucs, prendre des décisions, téléphoner à des gens. Le type écoute un peu il dit oui et arrive vers moi. La nana lui parle des fournisseurs mais ils peuvent attendre et téléphoner. C'est très flippant.

On visite le chantier. Il se marre, il à l'air heureux, des bénévoles l'embrasent, des salariés lui tournent le dos, des en insertion baissent la tête. C'est de plus en plus flippant. Il tape à une porte. On entre. Nous voilà dans un atelier, un cagibi rempli de bordel et rempli de fumée… Fumée de shit.

Je sors de cure et je suis un programme méthadone. C'est là que vous allez travailler me dit-il comme si de rien n'était. Le mec rigole et le patron me dit que c'est mon encadrant. On repart au bureau.

Le contrat n'est pas fait puisque personne n'était informé de ma venue. La matinée ne compte pas puisque je n'ai pas travaillé. Pour le déjeuner je devrais me débrouiller. Surtout, c'est important je dois pointer.

Je prends le téléphone j'appelle ma conseillère et je lui raconte tout devant le mec et la secrétaire… Elle me demande de tenir 4 mois et de ne pas faire ma mauvaise tête. Le patron sourie et me dit à demain, soyez à l'heure.

Une semaine après

Je fais déjà comme tout le monde. Je suis gentil et poli avec les bénévoles, les vieilles ont les appelle. J'ai mon café gratis et un pain au chocolat mais surtout elles me foutent la paix et font un gentil rapport au patron. Il passe parfois, il est rarement là et personne ne sait où il est. Parfois une vieille demande un coup de main, une autre en profite pour protester parce que je dois aller là ou là-bas. En fait pour le boulot je n'ai pas d'outils, le patron ne veut pas en acheter. J'espère que ceux qui achètent des vélos ici sont bricoleurs. C'est limite dangereux mais tout le monde s'en fiche. Pas d'outil donc je vais à droite à gauche quand on m'appelle. En fait en se planquant un peu tu peux glander toute la journée. Sauf que les encadrants ne bossent pas alors ils se souviennent de toi, ce sont les plus chiants. C'est mieux de se faire câliner par les vieilles sauf qu'elles te racontent des saloperies sur les autres toute la journée.

Un mois

Je dois rencontrer l'assistante sociale pour parler de mon projet professionnel. mais elle peut pas, elle est débordée. Elle et la secrétaire bossent beaucoup. On dirait que c'est elles qui font tout. Je prends le téléphone j'appelle ma conseillère de dehors et je lui dis que mon projet attendra. Ben oui, moi aussi j'attends.

Le bouffon

Secrètement c'est comme ça que je l'appelle ce patron. Je comprends pas ce qu'il fiche dans ce boulot. En même temps l'entrepôt se rempli, les bennes aussi. Les en insertion comme moi arrivent et partent. En un mois et demi j'en ai vue 8 qui se sont barrés après une semaine au max.

Je vais tenir parce que sinon je perds tous mes droits…

Mes droits à quoi, parfois je me demande. Le bouffon passe parfois, il est toujours excité. Il arrive il aboie des trucs tout le monde s'en branle il repart on continue. Je résiste aux pétards qui tournent partout. Je veux vraiment me débarrasser de tout ça, je ne veux pas retourner en prison. Il y a d'autres ex taulards, eux aussi sont les plus futés et les plus coincés dans ce bordel, mais on sait serrer les dents, on connait l'enjeu. Faut se débarrasser du contrôle Spip et ne pas risquer une remarque, un avertissement. Ici la solidarité est sur une pancarte à l'entrée mais c'est tout.

Trois mois

Je vais rencontrer l'assistante sociale. Mais ça sert plus à rien. J'ai des gens qui m'ont aidé pour un logement. J'ai fait tout seul ma carte d'identité. Finalement c'est ma conseillère de mission Locale qui m'a trouvé une place en formation à l'Afpa. Je lui dis. Elle note ça. Je sais que je gonfle le chiffre de "réussite" du bouffon. Je lui dis, elle sourie et me répond que sans ce passage au chantier rien ne pouvait se faire. Je me lève, je ne réponds pas. Elle est très bien mais elle me dégoute.

Fin

J'ai tenu. J'ai tenu dans ce bordel. Aujourd'hui je connais le dégout. Je commence ma formation dans 15 jours et c'est tout ce qui compte.

 

Source :
Collectif SDF Alsace

Aussi :

 

Intéressante d'expérience collective avec des étudiants en Architecture pour construire des abris, des logements.

 

Etc...

 


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17 novembre 2013 7 17 /11 /novembre /2013 15:22

 

 

  14/11/2013

Réduits à la misère, des réfugiés syriens au Liban vendent leurs organes







Alors que la guerre n’en finit plus de faire rage dans leur pays, de plus en plus de réfugiés syriens au Liban sombrent dans la misère. Pour s’en sortir, certains vendent un organe. Un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur, rapporte Der Spiegel dans un reportage daté de Beyrouth, alors que près d’un million de Syriens ont trouvé refuge au Liban depuis l’éclatement du conflit en mars 2011.

Le quotidien allemand en ligne rapporte l’histoire d’un jeune Syrien se faisant appeler Raïd, qui a fui la ville d’Alep il y a sept mois avec ses parents, et ses six sœurs et frères. Mais à Beyrouth, la famille se retrouve rapidement dans le besoin. Un proche indique alors à Raïd qu’une solution serait de vendre un organe, et ce d’autant plus que le jeune homme, qui est en forme et ne fume pas, est un « client » idéal. Raïd se laisse convaincre, raconte la journaliste Ulrike Putz, et rencontre Abou Hussein.

Ce dernier affirme travailler pour une bande spécialisée « dans le commerce d’organes humains, et précisément dans les reins », indique Der Spiegel, qui précise que leur affaire connaît un essor fulgurant. « Concernant les reins, nous avons à présent beaucoup plus de vendeurs que d’acheteurs », affirme Abou Hussein. En tout, le groupe aurait vendu 150 reins au cours des 12 derniers mois. Pour son rein, Raïd a reçu 7 000 dollars des intermédiaires, une somme qui permettra à sa famille de passer l’hiver. Son rein sera vendu 15 000 dollars à un acheteur, précise Der Spiegel. Quant à Abou Hussein, il perçoit entre 600 et 700 dollars pour chaque vente.

Interrogée par lorientlejour.com, Haïfa Younane, chargée des relations publiques au Comité national libanais pour le don et la greffe des organes et des tissus (NOOTDT), confirme qu’un grand nombre de réfugiés syriens ont recours à la vente d’organes pour survivre.
« En théorie, si un individu veut recevoir une transplantation d’organe d’un autre être vivant, il doit impérativement passer par nous. Son dossier sera soumis à deux comités : un comité médical et un comité éthique. S’ensuit une étude approfondie du dossier à l’issue de laquelle la demande est autorisée ou rejetée », précise Mme Younane.

Si Der Spiegel note que les opérations de greffes illégales ont lieu dans des « cliniques clandestines », Mme Younane indique qu’ « avec la situation au Liban, le laisser-aller et le laxisme des autorités, de nombreux médecins pratiquent ce genre d’interventions sans passer par notre comité, et ce même dans de grands hôpitaux libanais ». « Il s’agit d’un marché lucratif, un organe peut valoir des milliers de dollars », ajoute-t-elle.

Chaque année, des dizaines de milliers de ressortissants arabes viennent à Beyrouth pour se faire traiter dans les hôpitaux reconnus internationalement, note Der Spiegel, qui ajoute que les autorités ne vérifient pas si certains d’entre eux repartent avec un nouveau rein.

http://www.lorientlejour.com/article/841948/reduits-a-la-misere-des-refugies-syriens-au-liban-vendent-leurs-organes.html http://www.lorientlejour.com/article/841948/reduits-a-la-misere-des-refugies-syriens-au-liban-vendent-leurs-organes.html

 

Via Réduits à la misère, des réfugiés syriens au Liban vendent leurs organes | Brèves | alterinfonet.org Agence de presse associative

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Gilles Deleuze, février 1977.

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