13 octobre 2013 7 13 /10 /octobre /2013 19:32

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MEXIQUE - Chiapas : les petites écoles d’en bas

Raúl Zibechi

mercredi 9 octobre 2013, mis en ligne par Dial

Depuis début 2013, les préparatifs sont allés bon train pour organiser la petite école zapatiste qui a eu lieu du 12 au 16 août et a finalement accueilli quelque 1700 étudiant-e-s. Une des formes qu’a pris la petite école a été d’accueillir dans l’une des communautés d’un des 5 caracoles  [1] un-e étudiant-e pendant 5 jours. Dans cette colonne publiée par La Jornada le 23 août 2013 et traduite et publiée en français sur le site La voie du jaguar (25 septembre 2013), Raúl Zibechi revient sur ce qu’il a appris et pensé à cette occasion.

Les zapatistes ont annoncé que l’école reprendra du 25 au 29 décembre 2013, ainsi que du 3 au 7 janvier 2014. Une fête est aussi organisée le 31 décembre et 1er janvier pour célébrer les 20 ans du soulèvement zapatiste. [2]


Il y aura un avant et un après les petites écoles zapatistes. Pour celles d’aujourd’hui et celles de demain. Leur effet se diffusera lentement et ne sera sensible que dans quelques années, mais il marquera la vie de ceux d’en bas pour les décennies à venir. Nous y avons expérimenté une éducation non institutionnelle, pour laquelle la communauté est actrice de l’éducation. Une auto-éducation en face à face, où l’on apprend avec l’âme et avec le corps, comme dirait le poète.

Il s’agit d’une « non-pédagogie » qui s’inspire de la culture paysanne : on sélectionne les meilleures semences, on les sème en terre fertile et on arrose le sol afin de provoquer le miracle de la germination, toujours incertain et imprévisible.

L’école zapatiste a représenté, pour plus de mille élèves, une forme différente d’apprentissage et d’enseignement, sans tableau ni salle de classe, sans maître ni professeur, sans CV ni qualification. Le vrai apprentissage commence par la création d’un climat de fraternité autour de la diversité des personnes, plutôt qu’avec la division entre, d’une part, l’éducateur qui possède pouvoir et savoir, et, d’autre part, les élèves ignorants auxquels on doit inculquer des connaissances.

Parmi les divers enseignements à en tirer, impossibles à énumérer en quelques lignes, cinq points ont retenu mon attention, peut-être influencée par le contexte que nous traversons au sud du continent.

Le premier, c’est que les zapatistes ont fait échouer les politiques sociales qui constituent, pour ceux d’en haut, un moyen d’étouffer la révolte en divisant, cooptant et soumettant les peuples qui se soulèvent. Toutes proches des communautés zapatistes se trouvent des communautés affiliées au mauvais gouvernement, des quartiers de blocs de petites maisons identiques, qui reçoivent des aides sociales et où le travail de la terre est presque absent. Des milliers de familles ont succombé un peu partout, en acceptant ces cadeaux d’en haut. Il est donc remarquable, et même exceptionnel, de voir que des milliers d’autres continuent de ne rien accepter.

Je ne connais aucune autre expérience, dans toute l’Amérique latine, qui soit ainsi parvenue à neutraliser les politiques sociales. C’est le plus grand mérite du zapatisme, acquis grâce à la fermeté militante, la clairvoyance politique et une force d’abnégation inépuisable. C’est la première leçon qu’il nous apporte : il est possible de vaincre ces politiques sociales.

Le deuxième enseignement, c’est l’autonomie. Cela fait des années qu’on entend des discours sur l’autonomie dans les mouvements les plus divers, et c’est tant mieux. Dans les communautés et les communes autonomes qui constituent le Caracol Morelia, je peux témoigner de la construction d’une autonomie sur le plan économique, de la santé, de l’éducation et du pouvoir. Il s’agit d’une autonomie intégrale, qui couvre tous les aspects de la vie. Aucun doute que le même phénomène existe dans les quatre autres Caracoles.

Quelques mots sur l’économie, c’est-à-dire la vie matérielle. Les familles des communautés ne « touchent » pas à l’économie capitaliste. Elles effleurent à peine le marché. Elles produisent tous leurs aliments, y compris des protéines en bonne quantité. Elles achètent dans les magasins zapatistes ce qu’elles ne produisent pas (sel, huile, jambon, sucre). Les excédents des familles et des communautés et la vente de café permettent une épargne sous forme de têtes de bétail, qu’on peut vendre pour des besoins de santé ou ceux de la lutte.

L’autonomie dans l’éducation et la santé est possible grâce au contrôle communautaire. La communauté choisit ceux qui enseigneront à ses enfants, et ceux qui prendront soin de sa santé. Il y a une école dans chaque communauté, et le centre de santé regroupe des sages-femmes, des guérisseuses et des spécialistes en plantes médicinales. La communauté leur fournit le nécessaire comme elle le fait pour ses autorités.

Le troisième enseignement concerne le travail collectif. Comme le dit un votán [3] : « Le travail collectif est le moteur du processus. » Les communautés ont leurs propres terres grâce à l’expropriation des expropriateurs, un premier pas incontournable pour créer un monde nouveau. Hommes et femmes ont leurs tâches respectives et leurs espaces collectifs.

Les travaux collectifs sont un des ciments de l’autonomie, dont les fruits sont destinés aux hôpitaux, aux cliniques, à l’éducation primaire et secondaire, au renforcement des communes et des conseils de bon gouvernement. Sans ce travail collectif des hommes, des femmes, des enfants et des anciens, rien de tout ce qui s’est construit n’aurait pu voir le jour.

Le quatrième point, c’est cette nouvelle culture politique qui prend sa source dans les relations familiales et se divulgue dans toute la « société » zapatiste. Les hommes collaborent au travail domestique qui néanmoins reste dévolu aux femmes, ils gardent les enfants lorsqu’elles sortent de la communauté pour leurs tâches en tant qu’autorités. Les relations de respect et d’affection sont de mise entre parents et enfants, dans un climat d’harmonie et de bonne humeur. Je n’ai remarqué aucun geste de violence ou d’agressivité dans les foyers.

L’immense majorité des zapatistes sont jeunes voire très jeunes, et il y a autant d’hommes que de femmes. Il est évident que la révolution ne peut être portée que par des jeunes. Ceux qui dirigent obéissent, ce n’est pas qu’un discours. Ils s’impliquent corps et âmes, c’est une des clés de cette nouvelle culture politique.

Le cinquième point, c’est le miroir. Les communautés sont un double miroir : nous pouvons nous y voir et les y voir. Non pas à tour de rôle, mais simultanément. On s’y voit en les voyant. Dans cet aller-retour, on apprend en travaillant ensemble, on dort et on mange sous le même toit, dans les mêmes conditions, on utilise les mêmes toilettes, on marche dans la même boue et sous la même pluie.

C’est la première fois qu’un mouvement révolutionnaire réalise une expérience de ce style. Jusqu’à présent, l’enseignement entre révolutionnaires reproduisait les moules intellectuels de l’université, avec un haut et un bas stratifiés, et congelés. Ici c’est différent : on apprend avec la peau, avec les sens.

Enfin, il y a une question de méthode et de façon de travailler. L’EZLN est née dans le camp de concentration des relations violentes et verticales imposées par les grands propriétaires. Ils ont appris à travailler famille après famille, en secret, transformant les modes d’action des mouvements antisystème. Alors que le monde s’apparente de plus en plus à un camp de concentration, leurs méthodes peuvent s’avérer fort utiles pour nous tous qui continuons à lutter pour créer un monde nouveau.


  • Dial – Diffusion de l’information sur l’Amérique latine – D 3254.
  • Traduction d’Ana pour La voie du jaguar. Traduction légèrement revue par Dial.
  • Source (français) : La voie du jaguar, 25 septembre 2013.
  • Texte original (espagnol) : La Jornada, 23 août 2013.

En cas de reproduction, mentionner au moins l’auteur, la traductrice, la source française originale (La voie du jaguar - http://lavoiedujaguar.net/) et l’une des adresses internet de l’article.

 

Notes

[2Un récit détaillé d’une expérience de la petite école a été publié en espagnol sur AlterInfos : « MÉXICO - La “escuelita de la libertad” : el ABC zapatista ». Le site La voie du jaguar a aussi publié le témoignage de Guillaume Goutte (français), l’un des étudiants du mois d’août. De nombreux textes autour de la petite école sont aussi disponibles (en espagnol, parfois avec une traduction française) sur le site des zapatistes, http://enlacezapatista.ezln.org.mx/.

[3Pendant la petite école, chaque étudiant-e était confié-e aux soins d’un votán membre de la communauté zapatiste où il était accueilli et chargé de veiller sur lui et de répondre à ses questions – note DIAL.

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12 octobre 2013 6 12 /10 /octobre /2013 20:11

 

MOSCOU, 11 octobre - RIA Novosti

Le père d'Edward Snowden est arrivé à Moscou. Cet événement coïncide avec la reprise des débats à Londres au sujet des révélations de son fils, ex-analyste de la CIA, écrit vendredi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Le chef du service de renseignement  MI5 a donné le ton des discussions en accusant Snowden et le Guardian d'avoir fait un cadeau aux terroristes par leurs révélations. Pour lui, la principale menace vient aujourd'hui des rebelles syriens détenant des passeports britanniques qui vont revenir dans le pays. Le rédacteur en chef du Guardian, Alan Rusbridger, a rétorqué en disant que la surveillance des citoyens avait atteint une ampleur que même l'auteur du roman 1984, George Orwell, n'avait pas imaginé. Contrairement à Londres, Washington s'est dit prêt à examiner l'envergure de l'ingérence de l'Etat dans la vie privée de la population.

Si quelqu'un s'inquiétait pour la santé et la sécurité de Snowden en Russie, il peut pousser un soupir de soulagement. L'avocat Anatoli Koutcherena, qui a accueilli son père à l'aéroport, a confié aux journalistes qu'Edward était placé sous protection - il reste pourchassé par les USA, la plus grande puissance du monde – mais que ses économies étaient épuisées. Il est toutefois susceptible de décrocher un travail bien rémunéré. A en juger par les déclarations de son père, Edward Snowden devrait rester longtemps en Russie.

Cette nouvelle ne réjouira certainement pas les anciens employeurs de Snowden mais le président américain Barack Obama a reconnu que l'ampleur de la surveillance préoccupait la population et qu'il convenait d'organiser un débat à ce sujet. Suite à cette déclaration les chefs de la NSA et d'autres services américains sont devenus plus prudents dans leurs sorties publiques.

Au Royaume-Uni le ton est différent : les renseignements sont l'une des vaches sacrées du pays. Le nouveau chef du MI5 Andrew Parker a ainsi mis en garde les Britanniques contre les conséquences des révélations de Snowden, qui selon lui ont causé un immense préjudice aux renseignements et ont "profité aux terroristes".

Dans son discours devant le personnel du brain trust (groupe de conseillers proches du pouvoir) en charge de la défense et de la sécurité, Parker a qualifié "d'inepties" les affirmations selon lesquelles le GCHQ, centre britannique d'interception des télécommunications, "écoute tout le monde et lit tous les messages".

Selon lui la surveillance est soumise à un contrôle très strict : "Loin de fouiller dans tous les recoins de la vie privée de nos citoyens, nous limitons étroitement notre travail à ceux qui présentent une menace".

Les technologies aident les gouvernements à devancer les terroristes, affirme Parker. Et la révélation des méthodes du renseignement par le Guardian permet aujourd'hui aux fanatiques d'échapper au piège. En ce alors que des milliers d'extrémistes islamiques vivent dans le pays et veulent l'attaquer. Surtout les citoyens britanniques qui combattent dans les rangs des rebelles syriens : de retour à la maison ils pourraient commettre des attentats.

Le Kremlin avait également pointé cette menace émanant des rebelles syriens mais Londres s'est empressé de prendre ses distances quant à une éventuelle coopération avec Moscou dans la lutte antiterroriste. Succédant à Parker à la tribune, Malcolm Rifkind, président du Comité parlementaire sur le renseignement et la sécurité (ISC), a déclaré qu'il ne fallait pas comparer les renseignements britanniques aux services russes ou chinois : "Dans ces pays, les renseignements sont des instruments politiques de répression en l'absence d'un organisme de surveillance".

Slon lui, le public devrait faire confiance aux espions britanniques. Après tout, les pouvoirs de l'organisme dirigé par Rifkind ont été élargis. Le MI5 et le MI6 - qui s'occupe du renseignement extérieur - ne tiennent évidemment pas le comité informé de leurs opérations. Mais il a une vision générale de leur travail.

Le rédacteur en chef du Guardian Alan Rusbridger rejette toutes ces accusations. "Les données de Snowden ont montré que la NSA américaine et son partenaire britannique GCHQ disposaient de capacités techniques dépassant largement tout ce qu'a décrit Orwell dans 1984.  Ces derniers mois, ces organisations analysaient, entre autres, les conversations téléphoniques et les correspondances électroniques des journalistes pour identifier leurs sources. Le comité parlementaire chargé de la surveillance ne sait certainement pas de quoi il retourne", conclut Rusbridger.

 

Source
Menaces terroristes: le Royaume-Uni en état d'alerte | Presse russe | RIA Novosti

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12 octobre 2013 6 12 /10 /octobre /2013 19:51

 

La Russie cherche son identité 

 


La Russie cherche son identitéA
15:08 09/10/2013APar Alexander Rahr pour Moskovskié Novosti

Qu'est-ce que l'Etat, la société et la nation russes représentent dans le monde d'aujourd'hui ? Pourquoi la Russie postcommuniste devrait rechercher son idée nationale, alors qu’elle pourrait simplement rejoindre la civilisation occidentale?

Les intellectuels occidentaux ne comprennent pas cette quête de la Russie. Ils pensent qu’elle devrait se transformer en pays démocratique, avec des libertés civiles et un système juridique efficace, et qu’alors tout irait bien. D'ailleurs, les représentants de l'opposition libérale russe qui ont participé aux récentes discussions du Club Valdaï ont tenu les mêmes propos : selon eux la société russe est déjà si imprégnée par l’idée de consommation et la soif de réussite personnelle que le slogan traditionnel "pour l'empereur, pour la patrie et pour la foi", que l'élite conservatrice cherche encore à utiliser, s'est transformé en pièce de musée.

Le président russe Vladimir Poutine a dénoncé cette approche qu’il juge simpliste lors de son intervention à la dernière réunion du Club Valdaï. Après avoir reconnu que le gouvernement devait entretenir un dialogue plus attentif avec la nouvelle génération russe, il s'est prononcé en faveur de la préservation des valeurs traditionnelles dans la société et pour une distanciation entre la vie russe et l'Occident postmoderniste.

Poutine voudrait deviner la tendance politique de son propre peuple et y voir une aspiration à l’identité européenne, mais différente des valeurs occidentales actuelles. Après le cataclysme des années 1990, cette distanciation apporterait un sentiment de dignité à la population. La plupart des Russes soutiennent la "révolution conservatrice" comme moyen pour se distancer de l'Occident sans quitter l'Europe. Mais cette idée a une lacune : elle n’est pour l’instant fondée que sur une opposition à "l'extrémisme libéral" de l'Occident.

Le débat sur l'identité russe a porté sur des thèmes larges comme le multiculturalisme et la diversité du pays - ses régions donatrices riches et ses régions assistées pauvres, sa société laïque et l'islamisation du Caucase du Nord… Troisième ligne de partage : les citadins qui pensent "à l'européenne" et la population rurale conservatrice. Ou encore : la capitale, Moscou, contre tout le reste du pays. Un jeune penseur russe a conclu qu’en Russie, une partie de la population vivait au XXIe siècle et l'autre au XVIe.

Quelle sera la situation en Russie dans un futur proche ? A ce sujet le Forum de Valdaï n'a pas omis d’évoquer le phénomène de la classe moyenne. Jusqu'à récemment, elle n’existait qu’en Occident. Aujourd'hui elle est omniprésente en Russie. Elle se bat pour une participation plus active à la politique et pour la création d'une société civile où le rôle de l'Etat serait réduit. L’un des participants a comparé la "révolution" actuelle de la classe moyenne aux tentatives de révolution ouvrière mondiale du début du siècle dernier. Les intervenants du Forum ont finalement conclu que la révolution de la classe moyenne était un mythe. Il n’existe pas selon eux de potentiel révolutionnaire en Russie, comme on a pu le penser pendant les manifestations de 2011. Et à observer la carte géopolitique du Moyen-Orient, on voit qu’après les protestations civiles seules les positions islamistes se renforcent.

On assiste aujourd’hui à la renaissance de la géopolitique, au rétablissement de frontières civilisationnelles oubliées. L'Europe ne reconnaît pas l'Union eurasiatique et refuse de coopérer avec elle. La Russie, de son côté, est prête à châtier l'Ukraine par une nouvelle guerre commerciale si Kiev rejoignait l'Union européenne. Certains pays occidentaux ne font pas confiance à la diplomatie russe en Syrie, bien qu'elle ait empêché une nouvelle guerre au Moyen-Orient. Ces conflits reprennent un caractère idéologique en Europe : l'Occident croit défendre la liberté et les droits de l'homme ; la Russie protège les principes du droit international.

Les participants au Forum de Valdaï ont beaucoup débattu sur l'image du pays. Dans quelle mesure détermine-t-elle le statut d'un Etat dans la politique mondiale ? Les experts occidentaux ont cité l'exemple des USA et de l'Allemagne, deux pays bénéficiant des meilleurs indices en matière d'image. La Russie, elle, n'a pas encore trouvé comment s'attirer la sympathie du monde qui l'entoure, notamment parce qu'elle ne traite pas professionnellement son image extérieure. La Russie doit construire une image attrayante d’elle-même. Son succès dépend notamment de l'affaiblissement économique et moral de l'Occident. Et inversement : si la Russie n'arrivait pas à créer une "identité" en assurant sa modernisation économique et un milieu social sain, le pendule basculerait à nouveau du côté occidental.

 

Source : La Russie cherche son identité | Débats | RIA Novosti

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12 octobre 2013 6 12 /10 /octobre /2013 17:15

 

 

L’histoire oubliée de Mor­dechai Vanunu, lanceur d’alerte israélien kid­nappé par le Mossad
Paola Schneider - Rue89 -          


Libéré sur parole en 2004, Mor­dechai Vanunu a croupi seize ans dans une cellule de confi­nement israé­lienne. En 1986, quand ce tech­nicien nucléaire israélien révèle au monde l’existence d’un pro­gramme d’armement nucléaire tenu secret par l’Etat hébreu, le terme « lanceur d’alerte » n’existait pas.
Ses révé­la­tions fra­cas­santes n’ont pourtant pas eu l’écho de celles d’un Edward Snowden. Un docu­men­taire diffusé sur la radio bri­tan­nique BBC World le 3 octobre nous a rappelé comment la presse indé­pen­dante et la raison d’Etat pou­vaient s’entrechoquer, déjà, dans les années 80.
Vanunu l’affirme, Israël détient secrè­tement entre 100 et 200 armes nucléaires, ce qui en fait la sixième puis­sance mon­diale en la matière. Des révé­la­tions publiées le 4 octobre 1986 dans le Sunday Times par le jour­na­liste Peter Hounam.
Pas une usine textile, une centrale nucléaire
Née au Maroc de parents juifs, Vanunu émigre en Israël avec sa famille dès l’enfance. Il étudie la phi­lo­sophie, sert dans l’armée et finit par tra­vailler dans le com­plexe de Dimona, à 200 kilo­mètres au sud de Jéru­salem, en plein désert. Sous couvert de fabriquer du textile, on y produit du plu­tonium. Dimona n’est autre qu’une cen­trale nucléaire qui fabrique secrè­tement des armes et emploie plu­sieurs mil­liers de per­sonnes contraintes au silence.
Vanunu y tra­vaille neuf ans comme tech­nicien nucléaire et marque peu à peu son désaccord avec la poli­tique du pays. Il désap­prouve le trai­tement réservé au peuple pales­tinien et le secret qui entoure la cen­trale. Ses diver­gences d’opinion se font sentir, il est mis en garde puis renvoyé.
Mais Vanunu a pris les devants et a ras­semblé des preuves dans l’espoir qu’une média­ti­sation inter­na­tionale puisse imposer à Israël de déman­teler son armement.
Le Sunday Times travaille plusieurs semaines
Mis sur la piste par des rumeurs, un jour­na­liste du Sunday Times, Peter Houman, retrouve la piste de Vanunu. Il le ren­contre pour la pre­mière fois en Aus­tralie, où le tech­nicien s’est exilé et converti au chris­tia­nisme. Dans le docu­men­taire diffusé sur BBC World, il raconte :
« Quand j’ai vu Vanunu qui se tenait là, un peu dégarni, pas très confiant, habillé très sim­plement, il ne res­sem­blait cer­tai­nement pas à un scien­ti­fique nucléaire. »
Les deux hommes sont méfiants, explique Peter Houman. Mais le jour­na­liste montre patte blanche et Vanunu se livre. Houman épluche la docu­men­tation qu’il trouve en biblio­thèque pour vérifier les infor­ma­tions fournies par son inter­lo­cuteur. Après deux ou trois jours, il en est certain : les pro­cédés de fabri­cation des armes décrits par Vanunu sont plus que plausibles.
« Il m’a raconté comment il avait introduit un appareil photo à l’intérieur, puis plus tard une pel­licule cachée dans sa chaus­sette, et avait com­mencé à prendre des clichés tard le soir ou tôt le matin. »
Mor­dechai Vanunu est inquiet mais accepte de suivre Houman en Angle­terre. Il vit caché dans un hôtel de cam­pagne pendant que le Sunday Times vérifie ses décla­ra­tions. Un travail de plu­sieurs semaines. Vanunu s’ennuie et la rédaction finit par l’installer dans un hôtel du centre londonien.
Dupé par une touriste américaine… du Mossad
L’histoire est sur le point d’être publiée. Caché dans le coffre d’une voiture, Vanunu est introduit dans la rédaction du Sunday Times. Il annonce alors à Peter Houman qu’il en pince pour une tou­riste amé­ri­caine ren­contrée par hasard. Le jour­na­liste se méfie et met Vanunu en garde. Il lui propose de dîner avec eux le soir même en vue d’écarter tout soupçon. Mor­dechai Vanunu accepte puis, fina­lement, annule. Convaincu qu’il sera plus en sécurité ailleurs, il s’envole pour Rome en com­pagnie de l’Américaine.
Dès son arrivée, il est kid­nappé, drogué et expédié vers Israël par bateau. La femme n’était autre qu’un agent du Mossad, le service de ren­sei­gnement israélien.
Traître et renégat du judaïsme
Sans nou­velle de sa source, le Sunday Times publie l’article. Vanunu n’apparaîtra pas à la télé­vision comme prévu et les révé­la­tions n’ont pas l’impact escompté. Un mois plus tard, l’Etat hébreu admet détenir Vanunu mais nie tout enlè­vement. Accusé de tra­hison, il doit com­pa­raître devant la justice.
Le jour du procès, alors qu’il est escorté en voiture vers le palais de justice, Vanunu dérobe un stylo. Dans la paume de sa main plaquée contre la vitre, il adresse un message à la presse agglu­tinée autour du convoi : « Détourné à Rome le 30 octobre 1986 ».
Le tech­nicien est condamné à dix-​​huit ans de prison pour tra­hison et espionnage. Son sort n’émeut pas outre mesure une popu­lation qui condamne son rejet du judaïsme. Vanunu est déclaré mort par ses parents et tombe rapi­dement dans l’oubli.
À l’origine de l’enlèvement et ins­ti­gateur du pro­gramme nucléaire, le premier ministre israélien Shimon Peres à réussi son coup.
Libération sous conditions
Fer­vents oppo­sants au nucléaire, les Amé­ri­cains Nick et Mary Eoloff adoptent Mor­dechai Vanunu en 1997 et lui rendent visite en prison. L’année sui­vante, il quitte enfin la cellule d’isolement où il a été confiné depuis son incar­cé­ration. Vanunu y passera quatre mois de plus pour des infrac­tions mineures avant d’être libéré sur parole en 2004. Le condamné promet de ne plus dire un mot à la presse et de ne pas quitter le ter­ri­toire. Mais en 2010, Vanunu outre­passe ces condi­tions et écope à nouveau d’une peine de trois mois de prison.
Aujourd’hui libre, Mor­dechai Vanunu est le premier Israélien à avoir demandé à béné­ficier de la nou­velle loi dite de « révo­cation de la citoyenneté israé­lienne ». Elle permet à la Cour suprême d’Israël de des­tituer de leur natio­nalité les Israé­liens condamnés pour traî­trise ou espionnage. En 2012, invo­quant un vice de pro­cédure, la Cour suprême a refusé d’accéder à sa demande.
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12 octobre 2013 6 12 /10 /octobre /2013 16:36

 

Juste pour dire que je ne suis pas la seule à perdre en « civilité » dans mes propos. L’étrange bouillie aux relents nauséabonds qui émane de la grande marmite où mijotent les grenouilles est sur le point de déborder.

Les grenouilles croassent à qui mieux mieux ; il y a longtemps qu’elles ont perdu la faculté de se rebeller contre les injustices, fussent-elles les victimes.

« Le monde va changer de bases », nous n’étions plus grand-chose et demain rien… et les quelques-uns encore debout subissent les coups de la valetaille aux ordres qui se précipite pour ramasser les dernières miettes que jettent désinvoltes, les Nouveaux Propriétaires du Monde. « Chacun pour soi » est sa devise. « Morts aux gueux qui nous volent notre pitance !  ». Je les trouverais pathétiques s’ils n’étaient pas si néfastes pour ce que notre Terre héberge encore d’humanité.

« Fin de partie », la grande expulsion globale touche à son terme !

 

 

Trop d’injustices : Il est temps de faire la Révolution
Gilles Devers
vers4_bertaux_001f.jpgLa nature a horreur du vide, et le gauchisme étant devenu une sorte de sanatorium pour retraités dépressifs et distrayants, ce sont les banques qui ont repris le flambeau de la Révolution.
Sur le haut de la barricade, dans un halo au milieu de l’épaisse fumée des gaz lacrymogènes, voici le leader de la direction des études du Crédit Suisse, mégaphone à la main, qui appelle le monde à renverser la table.
On sent en lui toute la force de la victoire. Il sait que le prochain de coup de baston, c’est pour son museau, mais le bleu marine ne peut rien contre la vérité, pas plus qu’un bloc de béton ne pourrait tarir une source.
D’une main de fer, il brandit son mégaphone, pendant que 583 camarades pédalent pour fournir l’électricité permettant de sonoriser le monde.
De son autre main de fer, le camarade banquier tient le livre rouge,… euh, le Wealth Report 2013 du Crédit Suisse, et c’est de l’authentique bombe révolutionnaire, certifié par la Lénine corporate.
Tout va péter.
La crise ? C’est la propagande des capitalistes. La richesse mondiale a plus que doublé depuis 2000, atteignant un record de 241 billions de dollars US. Cet enrichissement doit tout à l’écrasement des plus pauvres par les plus riches, les chiffres donnant le vertige :
- la moitié de la population mondiale possède moins de 1% de la richesse totale ;
- les 10% les plus riches détiennent 86% des richesses mondiales,
- les 1% les plus fortunés représentent à eux seuls 46% des actifs mondiaux.
Hardi, chères amies et chers amis, rejoignons vite le camarade du Crédit Suisse sur le haut de la barricade mondiale.
La richesse n’est légitime que si elle a été acquise dans le respect du droit. Or, la règle qui permet à 1% de détenir la moitié de la richesse du monde n’est que la loi du milieu, la pourriture du crime organisé, avec de bonnes petites guerres à la clé. La vérité est simple : une bande de salopards rançonne le monde et plonge dans la misère la moitié de l’humanité, condamnant des êtres humains à un degré de pauvreté qui casse leur santé et broie leur vie.
Être humain… S’ils ne savent plus ce que ça veut dire, on va leur expliquer, et si ça ne rentre pas dans leur tête, on leur collera en suppo...
Quant à leurs biens… Qu’ils soient riches, on s’en tape. Mais que leur richesse atteigne un niveau qui condamne à la précarité la moitié des êtres vivants, c’est juste impossible. Selon l’article 3 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme, nul ne peut être soumis à des traitements inhumains ou dégradants.
Cette richesse est la marque de la violence en bande organisée, et il faut donc la reprendre à ces salopards.
Vu les ravages causés, on peut songer à leur casser la gueule.. mais ils nous colleraient au gnouf. De plus, ils ont d’excellents chirurgiens plasticiens, alors ça ne mènerait à rien de concret. Je déconseille.
En revanche, les attaquer en justice pour tout leur piquer, ce sera un régal. On visera l’article 1131 du Code civil selon lequel le contrat qui repose sur une cause illicite ne peut avoir aucun effet. Tout le business de ces crapules repose sur des mécanismes vicieux qu’ils font valider par des parlements croupions et qui permettent de condamner à la servitude 50% de l’humanité. Mais le droit est plus fort que la loi.
Donc, on leur colle une rafale de bons procès. Et si ça ne marche pas, parce qu’ils contrôlent tout, on fout le feu : « La moitié de la population mondiale possède moins de 1% de la richesse totale ». Merde à la fin.
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12 octobre 2013 6 12 /10 /octobre /2013 14:37

 

 

Voici ma réponse à cette question. J’ai la rage en ce moment, et sans doute demain serai-je à nouveau plus indulgente… et les images du monde entier qui nous disent que la misère nous réduit au dénominateur commun du même attracteur fatal que nous soyons ici ou bien d'ailleurs

 

Bien sûr, il y la colère ; Il y a aussi cette poignante tristesse face à ce gâchis d’enfants, de femmes, d’hommes qui subissent aux quotidien en plus des privations de la misère accrue, les regards qui stigmatisent et méprisent et rejettent et condamnent que leur jettent de plus en plus fréquemment les « passants honnêtes » convertis par la propagande du Pouvoir (central globalisant) et qui sont finalement tout aussi responsables et artisans de notre détresse que les Profiteurs de ce pouvoir central, le 1% le plus riche qui possède 40% de la richesse globale, dit-on.

Beggar : Beggar enfant garçon examine l'argent qu'il a reçu en regardant dans boîte de conserve


Nous avons ras-le-bol, de voir défini par ces quelques-uns ce que veut dire richesse. Et encore plus marre de voir ceux qui autour de nous, si nombreux, trop nombreux, larbins parmi tant d’autres, valetaille des Saigneurs de Planète, qui entrent sans se poser de questions dans ce cirque, cette spirale fatale, celle de défendre la nécessité de « Croissance » production de ces fausses richesses à prix de sang, de larmes, de destructions, afin d’augmenter leur « pouvoir d’achat » grâce à un emploi de merde.

Et oui, j’ai bien écrit « emploi de merde », je n’aime pas trop employer des termes grossiers et insultants, cela ne fait rien avancer, mais parfois tout de même, j’ai beau chercher aucun terme trop policé de rend vraiment compte de la réalité des choses.

Non, vous faire chier au travail, payer vos impôts en râlant, et voter sans bien savoir pour qui, ne fait en aucun cas de vous des personnes honorables et ne vous donne aucun droit de juger ceux qui ne le font pas, en vertu du principe qui veut que la connerie du plus grand nombre ait force de loi. Cette loi à laquelle sont si vite prêts à se rallier les plus crétins, les plus minables, les plus nuisibles quand elle leur donne un semblant de pouvoir et le sentiment d’appartenir à une élite, certes au bas de l’échelle… mais tout de même.


Beggar : Famille sans-abri mendier dans la rue

 

 

Beggar : Homeless famille a abandonné

Non, nous, les fous, les orphelins, les fragiles, les rêveurs, les sensibles, les largués d’un système dont nous ne voulons pas, n’avons aucun respect pour vos Minabilités Arrogantes et pour vos Nullités Hautaines d’Incapables. Incapables de réfléchir au-delà des prémâchés  d’une propagande dont vous vous gaver en engloutissant la Mal Bouffe concoctée pour vous par les empoisonneurs de planète. Incapable d’assumer la responsabilité collective de donner un avenir heureux aux enfants de la Terre. Et comme la grenouille de la fable, vous gonflez, gonflez, gonflez à force de vouloir vous faire gros comme les Maîtres Bœufs. Ce n’est pas de la hargne que je ressens, mais un profond dégoût.

Je ne suis pas en Espagne, je suis en Belgique et j’ai beau mobiliser toutes mes ressources d’indulgence, le constat est sévère, s’il existe encore beaucoup de braves gens, ils comptent pour la plupart parmi les plus pauvres, les plus démunis de ressources, de possibilité pour faire entendre leur voix et défendre leur point de vue qui dit : c’est le système qu’il faut changer. Les repus, eux, pleins de convoitise, n’ont finalement d’autre but que d’imiter ces modèles de riches qui les font baver d’envie alors qu’il bâfrent comme des porcs. Et si beaucoup doivent mourir pour leur assurer leur semblant de « richesse », ils font appel à toute leur imbécile stupeur pour donner un air de sincérité à leur affirmation de n’être pour rien dans les crimes commis pour leur donner juste la part de miettes qui les maintient dans une dépendance complice.

 

Beggar : L'homme sans-abri de dormir sur le trottoir Banque d'images


Tel maître, tel valetaille. Les petits contremaîtres du système se transforment en délateurs, distribuent les punitions, mettent la diversité au pilori, et se précipitent les pierres à la main quand il s’agit de lyncher collectivement les bouc-émissaires désignés, sans endosser la responsabilité laissée à celui qui aura jeté la première pierre…mais qui ? A moins qu’ils ne contemplent le spectacle, jouissant abrutis devant leurs écrans de la douleur de celui qu’on torture.

Il y a quelques années, j’ignorais ce que globalisation voulait dire et ce qu’elle impliquait pour l’avenir du monde. Aujourd’hui je comprends mieux ce terme et je comprends aussi qu’il existe une valetaille complice qui est prête à sacrifier la majorité de l’humanité dans sa crétine conviction de faire un jour partie des élus.

Voilà pourquoi la pauvreté fait place à la misère et au désespoir pour cette majorité sacrifiée sur l’autel du Profit, avec la bienveillante complicité de ceux qui .pensent être bénéficiaires de ces sanglants sacrifices.

Les bûchers sont rallumés où les « Bons peuples » venaient contempler les martyrs de la dissidence.

Anne W

Ps ... ben voilà, au moins on ne pourra m'accuser de cette démagogie qu'on appelle aujourd'hui populisme...

 


 

Combien de pauvreté pouvons-nous supporter ?

Esther Vivas

 

« Les choses ne peuvent pas être pires ». Combien de fois avons-nous entendu cette phrase ? Nous pensons que plus de pauvreté, plus de précarité, plus de chômage, plus d’expulsions de logement, plus de faim sont impossibles. La réalité, cependant, contredit cette perception.

Beggar : Sans-abri à Bangkok en Thaïlande Banque d'images
 
Ces dernières années, les chiffres et les visages de la misère n’ont fait qu’augmenter dans l’Etat espagnol. Aujourd’hui, le nombre de personnes qui vivent en situation de pauvreté extrême se situe déjà à trois millions. Les revenus des familles sont tombés aux niveaux de l’année 2001. L’explication est aussi simple que brutale : les revenus ont diminué de 4% tandis que les prix ont augmenté de 10%. C’est ce qu’indiquent les chiffres fournis par le rapport « Inégalité et droits sociaux. Analyse et perspectives 2013 » élaboré par la Fondation Foessa.
 
Les plus touchés sont les plus pauvres parmi les pauvres, ceux qui possèdent le moins. Hier, une personne sans ressources, qui vivait dans la rue, est morte de faim à Séville. D’abord, c’est le chômage, ensuite les difficultés pour boucler les fins de mois, puis on ne sait plus payer l’électricité, l’eau, le loyer ou l’hypothèque et, finalement, la nourriture. La tendance indique que les choses empirent. Selon le rapport de Intermón Oxfam, « Le piège de l’austérité », on estime que pour l’année 2025, le nombre de pauvres dans l’Etat espagnol pourrait atteindre 8 millions de personnes.

Beggar : estropié demandant à proximité du temple le jour de la Sainte Trinité
 
Il ne s’agit pas seulement d’une crise mais bien des mesures qui sont appliquées pour la résoudre. L’austérité, les coupes, la réduction des aides et des allocations, la privatisation des services publics, l’augmentation de la TVA, tout cela retombe principalement sur les secteurs les plus vulnérables.
 
En conséquence, les inégalités sociales augmentent. La différence entre les plus riches et les plus pauvres dans l’Etat espagnol se situe déjà à 30%, constituant le sommet de l’inégalité en Europe. Cette position se situe même devant les pays les plus durement frappés par la crise, comme la Grèce, et elle n’est dépassée que par des pays comme la Lettonie, la Bulgarie et le Portugal.
 
La conclusion est limpide : une petite minorité augmente ses richesses sur le dos de l’appauvrissement de la majorité. La sortie de crise n’est ni impartiale ni idéologiquement neutre ; elle répond aux intérêts d’élites politiques et économiques qui veulent tirer profit – et pas qu’un peu – de cette situation. Notre misère n’est, ni plus ni moins, que leur profit.

Beggar : Un mendiant est assis en face d'un swarovsky-boutique dans la rue Rambla de Barcelone, cachant sa tête, il a un gobelet en plastique à la main Banque d'images
 
Les choses peuvent-elles être pires ? Malheureusement oui. Les politiques de sortie de crise qui sont actuellement appliquées dans les pays de la périphérie de l’Union européenne sont la copie conforme de celles qui ont été menée à bien dans les pays du Sud. Si on les appelait à l’époque « Programmes d’Ajustement Structurel, aujourd’hui elles reçoivent le nom de « sauvetage ». La logique est cependant la même et le résultat est plus que suffisamment connu. Nous allons vers une « tiers-mondisation » de la société. La dynamique centre-périphérie qui s’était déployée ces dernières années à l’échelle globale se reproduit aujourd’hui au sein de l’Union.
 
Mais combien de pauvreté pouvons-nous supporter ? Combien de misère sommes-nous disposés à accepter ? Jusqu’où permettrons-nous qu’ils nous saignent à blanc ? La soif du profit du capital n’a pas de limites. Et le goût du lucre ne fait qu’augmenter leur avarice. Nous, la majorité, sommes les seuls capables de leur faire front. Quand nous aurons pris conscience de cela et que nous agirons en conséquence, nous aurons gagné la partie.

Beggar : Streets of Kolkata Thousands of beggars are the most disadvantaged castes living in the streets on November 28, 2012 in Kolkata, India Banque d'images
 
*Traduction française pour Avanti4.be : Ataulfo Riera.
 



http://alainet.org/active/67928&lang=fr

 


Beggar : mendiants dans la vieille ville de Harar en Ethiopie

 

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12 octobre 2013 6 12 /10 /octobre /2013 10:06

 

Voici deux textes qui offrent un violent contraste, celui des situations qu’ils évoquent. C’est en traduisant le second que j’ai été remuée, très fort. Sans doute parce que je me rendais compte à quel point le contenu du premier à présent nous le recevons comme une sorte d’inéluctable du devenir de cette Europe dans laquelle nous vivons. Alors que le second évoque lui la réalisation concrète de nos rêves d’antan que  la misère étouffe.

En cherchant une traduction adéquate pour les Casa de la Plata, j’en ai vu de multiples exemples, avec des visages heureux de personnes actives et créatrices, auxquels se superposait l’image de tous ceux qui en Espagne, aux USA ou ici en Belgique se retrouvent en cellule, gavés de médicaments qui calment mais ne soignent pas avant d’être jetés sur le trottoir sans soins ni protections… et la mort comme issue.

"les ateliers dans lesquels je peux partager avec mes compagnons, développer mes capacités créatives, explorer mes potentialités et laisser de côté les exigences sociales qui auparavant me faisaient mal"


Cette phrase exprime en quelques mots cette lutte de beaucoup d'entre nous, si riches de potentialités mais qui ne peuvent les exprimer dans les carcans d'éxigences sociales qui font si mal à certains. Ce gaspillage de talents qui conduit vers la mort ou l'exclusion, les plus sensibles et les plus riches d'entre nous qui ont besoin d'affection, de douceur, de protection pour donner le meilleur d'eux-même pour le plus grand bien de tous (sauf les ordures de Profiteurs Sadiques qui n'auront de fin que de s'être accaparé d'un monde dont ils auront détruit la vie et les richesses)

Anne

 

De l’abandon des malades mentaux dans les prisons andalouses

ADPHA/rebelion

 

 

Les administrations compétentes continuent d’ignorer les besoins sanitaires et sociaux des personnes affectées. 

 

 

Les malades mentaux continuent à être placés dans les centres pénitenciers où ils vivant mal la double condamnation, celle d’être malades et celle d’être sans protection dans un lieu qui ne leur correspond pas et qui n’est pas préparé à les héberger.

Des 15 5OO internés andalous, environs 1250 souffrent de troubles mentaux et de la personnalité  graves et 6 200 souffrent de troubles mentaux et de la personnalité. La majorité d’entre eux se retrouvent en prison parce qu’il n’existe aucun autre recours communautaire pour eux, et leur passage dans des ambiances si dures aggrave dans pratiquement tous les cas leurs pathologies. La prison se convertit en un substitut inapproprié pour ces malades face à l’inexistence de recours d’assistance, montrant le grand échec de notre société en cette matière.

Le Gouvernement d’Andalousie n’agit pas de manière à leur prêter une assistance sanitaire, sociale et encore moins de façon à faciliter leur intégration dans la société. L’insuffisance des ressources ne justifie pas de laisser les malades mentaux pourrir en prison. Les ressources se distribuent selon les besoins mais, aux politiques, ces malades importent peu. Le gouvernement s’est engagé à élaborer une enquête et à étudier les modalités d’une intervention efficace et globale, et non comme c’est le cas actuellement où cela se produit pour quelques chanceux et de manière ponctuelle.

L’administration pénitentiaire, du Ministère de l’Intérieur, pour sa part réduit son Budget de dépenses sanitaires et de médicaments en prison de 7,83%.

La moyenne de population recluse concernée est de 1500 à 1800 prisonniers dans chaque prison, pour lesquels il apparait clairement que la seule assistance qu’ils ont est la prescription pharmacologique qui en plus a été restreinte.

La coordination existant entre les deux administrations, services médicaux de la prison et santé mentale du service Andalou de Santé (à part le volontarisme de certains professionnels) continue a être très limitée et celle avec les services sociaux est nulle, ce qui fait qu’à leur sortie de prison les malades sont abandonnés à leur sort ; s’ils ne disposent pas d’un lieu d’accueil et de moyens, ces malades peuvent se retrouver, littéralement, jetés à la rue.

En Andalousie, les ressources socio-sanitaires spécifiques, comme la réhabilitation pour récupérer des capacités de sociabilité et d’insertion sociale et par le travail en régime ambulatoire, les programmes résidentiels, les programmes d’occupation par le travail, les programme de loisirs, ne se dispensent pas aux personnes malades dans les prisons ordinaires (à l'exception du module thérapeutique de Albotole)

La convention de l’année 2006 qui oblige le gouvernement d’Andalousie à travailler à la remise en liberté et à la mise en œuvre des ressources communautaires adéquates n’a jamais été réalisée. Actuellement, la convention, après 5 années, n’est toujours pas appliquée et les ressources communautaires adéquates ne sont ni créées ni prises en compte dans les budgets prévus. Le plus honteux est que toutes les Administrations impliquées et malgré qu’elles soient obligées légalement d’assister ces malades andalous, quand des questions leur sont posées au Parlement concernant les raisons pour lesquels elles n’exécutent pas cette convention, répondent sans aucune pudeur que les prisonniers andalous qui souffrent d’infirmité mentale ne sont pas de leur compétence mais de celle du Ministère de l’Intérieur. Et pour finir de fermer le cercle des dénis de responsabilités, les Institutions Pénitentiaires du Ministère de l’Intérieur répondent que l’attention spécialisée et hospitalière des internés n’est pas de sa compétence mais celle des services de santés de chacune des Communautés Autonomes.

Malgré tout cela, aujourd’hui (1O/1O NdT), journée internationale de la santé mentale, la Conseillère pour l'Egalité, la Santé et des Politiques Sociales, essayera de vendre l’image de tout ce qui est fait pour cette collectivité prioritaire pour son administration.

Asociación ProDerechos Humanos de Andalucía (APDHA)Association pour les Droits Humains d’Andalousie (APDHA)

Version originale en Espagnol

Rebelion. Abandono de los enfermos mentales en las prisiones andaluzas

Traduction Anne Wolff

 

 

 

Histoires de ceux qui ont vaincu l’enfermement et commencent une autre vie.

Un total de 1208 patients de psychiatrie ont été remis en liberté dans la Province de Buenos aires, ce qui leur a permis de commencer une nouvelle vie, comme celles de Marta Morillo et Oscar Zerpa, qui se sont mariés et depuis deux ans vivent ensemble après avoir vaincu l’enfermement.

 

 

.

Marta et Oscar ont pu surmonter l’enfermement qu’ils partageaient à l’hôpital Melchor Romero de la Plata, et après deux années de mariage, ils célèbrent aujourd’hui la Journée Mondiale de la Santé Mentale, qui en Argentine depuis mise en application de la loi 26.652 cherche à éviter les internements par les traitements ambulatoires et communautaires des personnes affectées.

 

L’histoire qui se termine par un mariage commence en 2000, quand ils se sont rencontré à la Casa de Pre Alta ( Foyers d’accueil, lieux de convivialité et créativité où les malades mentaux externes ou en passe d’externalisation peuvent tisser des liens et explorer leurs potentialités NdT)  que l’hôpital possède dans la rue 56 de la ville de la Plata, où le couple commença une nouvelle vie.

« Pablo venait me rendre visite deux fois par jour, une fois dans l’après-midi et une autre le soir. Je lui servais chaque fois du café, je ne savais pas que cela lui faisait du mal et lui avait honte de me le dire » raconte Marta qui a 60 ans et qui avec son mari vit dans une pension avec salle de bain privée et cuisine commune.

 

“Nous travaillons tous les jours pour que les internements soient l’ultime recours thérapeutique de santé mentale et pour que les patients se réintègrent dans la société, pour que tombent les murs des enfermements psychiatriques et pour que soient respectés tous leurs droits de citoyens », dit le Ministre de Santé Provincial, Alejandro Collia qui précise que » de l’ensemble des personnes internées en 2012, 70% ressortirent dans la même année »

Selon les données du Ministère de la Santé de Buenos Aires,  1208 personnes furent externalisées et à présent continuent leur traitement de manière ambulatoire, dans des maisons conviviales, des hôpitaux de jours ou des Casa de Pré Alta.

En 2012 des 3600 personnes qui furent internées dans des hôpitaux pour des raisons de santé mentales, 2500 sont sorties au cours  de cette même période.

 

A ce sujet, Collia remarque que depuis la mise en application de la nouvelle loi de Santé Mentale où la santé mentale est reconnue comme bien-être émotionnel, psychique et social et cela permet de mener de l’avant le défi de parvenir à une vie en communauté pour les patients, dans laquelle leurs choix et désirs sont ce qui compte comme dans le mariage de Marta et Oscar.

 

Dans ce contexte, dans la Province de Buenos Aires, la promotion est faite des « Ateliers pour Vivre », qui font partie des programmes pour la réinsertion sociale des patients après qu’ils aient obtenu leur permission médicale de sortie.

« Beaucoup tardent à décider que faire de leur vie quand ils sortent de l’hôpital. Par chance, j’ai trouvé les ateliers dans lesquels je peux partager avec mes compagnons, développer mes capacités créatives, explorer mes potentialités et laisser de côté les exigences sociales qui auparavant me faisaient mal » raconte Jorge Deodato de 32 &ns.



Deodato, après avoir été interné pendant deux ans à l’hôpital Romero, fait partie du Programme de Réhabilitation et Externalisation Assistée (PREA)

 

Il a commencé par vivre plusieurs années dans une maison conviviale partagée avec d’autres patients externes et cette année, par sa propre décision, il a choisi de déménager dans une chambre dans une pension pour vivre seul.

Avec le désir d’aller de l’avant, Jorge se rappelle son passé difficile, alors qu’il était déjà patient ambulatoire de l’hôpital Borda, vivant à la rue et ne désirant, ni n’espérant rien de la vie.

Aujourd’hui il étudie le chant et la guitare et participe à une programme de radio tous les 15 jours dans la Station FM Sud de la Plata,  il suit des formations dans un atelier d’ébénisterie et fait partie d’une association civile (OIKOS) qui s’est fondée à la Casa de la Plata, ou il passe une grande partie de ses journées.

 

Source espagnole :  

Historias de quienes vencieron el encierro y comenzaron otra vida - Télam - Agencia Nacional de Noticias 

Traduction française Anne Wolff

Et pour rappel...

 

 

Deux millions de malades mentaux dans les prisons des villes et des comtés étasuniens

 

 

prison

 

De nombreuses prisons aux USA deviennent des institutions de santé mentale de facto pour un grand nombre de prisonniers qui souffrent de maladies mentales par manque d’alternatives psychiatriques.

Tous les ans plus de deux millions de nord-américains qui souffrent de maladies mentales terminent dans des centres de détention des villes et des comtés. Et d’après les experts, ce nombre augmente encore considérablement qi on prend en compte les prisons fédérales et des états.

Cette situation existe depuis des décennies, depuis que le pays a fermé beaucoup de grands hôpitaux psychiatriques dans les années 70. L’attention médicale des communautés devait se substituer aux hôpitaux, mais rien ne s’est passé comme prévu.

En conséquence : des milliers de malades mentaux ont fini dans la rue, où ils eurent des problèmes et atterrirent dans le seul lieu où on pouvait les conduire : les prisons.

Dans le comté de Los Angeles, le complexe pénitencier « Twin Towers » détient près de 4 000 reclus – une majorité d’entre eux sont considérés comme des malade mentaux, selon ce que déclare un superviseur du Département du Sheriff, interviewé par la National Public Radio (NPR).

Au niveau national, la proportion est encore plus grande. Le Département de Justice des USA dit que jusqu’à 64% des reclus des prisons locales ont des problèmes de santé mentale.

Le département déclare également que de nombreux détenus parmi ceux qui sont identifiés comme ayant des problèmes mentaux graves disent être victimes d’abus sexuels de la part des autres détenus. 3,6 % d’entre eux contre 0,7 pour les internés sans problème de santé mentale.

“Pour certaines personnes, cela vaut parfois mieux que d’être dans la rue » estime le chroniqueur Steve Lopez du Los Angeles Times. « Mais cela ne veut pas dire que la prison est un espace thérapeutique, cela ne veut pas dire que ceci est une politique publique correcte et cela ne veut pas dire qu’il faut trouver cela acceptable ».

La rue est le lieu où aboutissent les malades mentaux une fois qu’ils ont purgé leur peine pour les délits qui les ont conduits en prison. Et une fois qu’ils sont dehors, ils n’ont aucune relation que ce soit avec aucun type de centre de traitement basé dans la communauté » ajoute Lopez.

Dans le complexe pénitencier Twin Tower du centre de Los Angeles, il n’y a que trente lits disponibles pour les cas psychiatriques aigus.

On envisage de construire une nouvelle prison qui n’abriterait que les malades mentaux.

Le coût serait de 1 million de dollars.

 allgov.com

Source espagnole : DDHH: Encarcelados, 2 millones de norteamericanos con enfermedades mentales | CONTRAINJERENCIA

Traduction Anne Wolff

 

 


 

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11 octobre 2013 5 11 /10 /octobre /2013 19:54

 

 

Le chiffre a été rendu public par le journal Vers L’avenir : près de 1 770 000 personnes sont fichées par la police. Un chiffre record. Année après année, la BNG, la « Banque Nationale Générale » de la police n’a pas arrêté de gonfler. Sans réel contrôle.

Axel Bernard

 

Quels renseignements peuvent être fichés par la police ? Pratiquement tout. Y compris les données raciales, les opinions politiques, l’appartenance syndicale.

Les policiers peuvent ficher n’importe quelle personne ou associations. Les renseignements recueillis sont insérés dans un fichier qui centralise toute l’information policière: la Banque de données Nationale Générale (BNG). Lancée après la réforme des polices, la BNG n’a pris son réel rythme de croisière qu’à partir
de 2003. Depuis, le nombre de données enregistrées dans la BNG n’a cessé de croître : de 1 425 904 personnes fichées en 2004 à 1 769 439 en 2012. Soit une personne sur six reprise dans les fichiers policiers, qui rassemblent aussi des informations sur des milliers d’organisations (11 547 organisations étaient fichées en 2007) et des millions de faits.

2004

2006

2012

1 425 904

1 644 435

1 769 439

Source : rapport annuel du Comité P 2006 + Vers l’avenir pour les chiffres de 2012

Comment expliquer un tel nombre ?

« Quand on est dans cette base, ce n’est pas pour des broutilles », expliquait Joëlle Milquet, ministre de l’Intérieur (cdH). Pourtant, pour être repris dans les fichiers de la police, nul besoin d’être un délinquant. La loi n’exige qu’une condition : le fichage doit présenter “un intérêt concret” pour l’exécution des missions de police (par exemple pour le maintien de l’ordre dans des manifestations ou dans le cadre d’enquêtes judiciaires). L’information ne doit pas en elle-même être concrète. Il suffit qu’elle soit jugée intéressante par  un policier. A titre d’illustration, des informations données par des indicateurs ou de simples rumeurs peuvent être reprises dans la BNG.

Les dérives ont été soulignées à plusieurs reprises par le Comité P (l’organe de contrôle des services de police). Dans son rapport annuel 2003, le Comité Permanent P indique avoir constaté dans plusieurs dossiers que l’information obtenue est utilisée un peu trop à la légère. « Dans un cas précis, il s’agissait d’une personne qui aurait été porteuse du virus
du sida et aurait eu l’intention de contaminer les fonctionnaires
de police lors d’une intervention policière éventuelle. Il est ressorti de l’enquête menée par le Comité Permanent P et par l’Organe de contrôle que l’information enregistrée reposait uniquement sur des rumeurs verbales, qu’il n’y avait aucune justification judiciaire ou administrative, que l’information reçue n’avait pas été évaluée de manière approfondie et qu’il n’y avait pas d’intérêt concret. » Le rapport poursuit: « Sur la base de ce dossier et d’autres, le Comité Permanent P a l’impression que les fonctionnaires de police ne se rendent pas toujours compte que la collecte d’informations constitue en partie une intrusion dans la vie privée des personnes, particulièrement s’il s’agit d’informations sensibles ». Ce constat a été répété année après année par le Comité P au point de le voir regretter le manque de contrôle préventif et de plaider « pour que l’on intervienne sévèrement (sur le plan pénal, administratif ou disciplinaire) à l’égard des requêtes de données effectuées sans y avoir d’intérêt concret. »

Quels renseignements peuvent être fichés par la police ?

Pratiquement tout. Y compris les données raciales ou ethniques, les opinions politiques, les convictions religieuses ou philosophiques, l’appartenance syndicale ou la vie sexuelle d’une personne (voir par exemple les données reprises dans le fichier de la police de Schaerbeek envoyée à la Commission de la Protection de la Vie Privée). Le traitement de ce type de données est en principe interdit mais pas pour la police. L’existence de fichiers purement politiques au sein de la police a été rendue publique en mai 2005 lorsque la presse révéla la tenue par
la police fédérale d’Anvers d’un fichier politique de 172 organisations et 116 personnes considérées par elle comme « extrémistes ». Des organisations comme Gaia, la Ligue humaniste, Indymedia, l’organisation pacifiste Vaka, le Bond Beter Leefmilieu, le Davidsfonds, le Parti du travail de Belgique, Médecine pour le peuple, le Front antifasciste, l’Association des travailleurs turcs, l’Union des mosquées et associations islamiques d’Anvers, et même Hare Krishna s’y retrouvaient. Les différents responsables de ces organisations étaient inscrits sur cette liste, avec leur lieu habituel de rencontre, leur numéro de GSM, leur adresse, leur site Internet de référence ainsi que leur tendance philosophique, idéologique ou politique.

Le citoyen fiché est sans recours

Cette intrusion dans la vie privée est d’autant plus grande qu’il n’existe aucune possibilité effective pour le citoyen de vérifier directement les renseignements recueillis sur lui et d’y apporter des corrections. Le citoyen
qui voudrait savoir s’il existe des informations le concernant est sans pouvoir.
Il ne peut directement avoir accès aux données policières. Il ne pourra que s’adresser à la Commission de protection de la vie privée afin qu’un contrôle soit exercé. Cette Commission n’a elle aussi aucun droit direct de vérification. Elle s’adresse aux personnes de contact qui lui sont désignées par la police qui examinera seules s’il doit ou non être fiché et s’il faut éventuellement rectifier les renseignements repris. Au bout de ce processus, le citoyen qui l’aura sollicité obtiendra une réponse lacunaire: « Les vérifications nécessaires ont été effectuées. »

Est-il repris dans la BNG? Quels sont les renseignements recueillis? Est-ce que ces renseignements présentaient un intérêt concret pour les missions de police? Est-ce que des données erronées existaient? Y a-t-il eu des rectifications? Le citoyen n’en saura rien. 
La police veille pour lui ...

 

Source Une personne sur six fichée par la police

Via Mes coups de coeur

 


 

Un aspect des choses qui n’est pas évoqué dans cette histoire, c’est la manière dont sont recrutés de nombreux indicateurs et avec quelles conséquences. Une personne a fait une connerie ou quelque chose de plus grave et on lui propose de passer l’éponge, voire de la payer pour donner des renseignements. Beaucoup de ceux qui acceptent pensent pouvoir s’en tirer en racontant un peu n’importe quoi, les plus perfides en chargeant des personnes avec qui ils sont en contentieux…

Ce qui fiche (-) un sacré bordel dans les données et les fichages qui en résultent.

On remarquera aussi que le fichage massif n’a rien de nouveau. Et qu’il y a longtemps que nous devrions nous en inquiéter, même si on a « rien à se reprocher », ce qui est mon cas, cette intrusion dans nos vies privées et nos intimités est inadmissible, et ses pratiques implique une rupture des toiles de convivialité par les double jeux joués par certains.

Quand on sait que certains indicateurs vont jusqu’à faire des enfants avec leur cibles, on se rend compte à  quel point notre société est malade de surveillance et de contrôle.

« Rien à se reprocher » aujourd’hui prend de drôle de connotations, puisque toute forme de pensée qui constitue et propose des alternative est aujourd’hui criminalisée ou apparentée à une maladie mentale. Pas besoin d’enfreindre la loi, ou de transgresser les impératifs de sa conscience. Cela s’appelle totalitarisme.  Et c'est innacceptable !

Anne

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11 octobre 2013 5 11 /10 /octobre /2013 19:00

 

Voici un texte qui décrit fort bien les enjeux du combats des mandataires socialistes d’Amérique Latine (quoi qu’on puisse leur reprocher par ailleurs). Il s’agit d’une guerre contre ces gens qui prouvent chaque jour d’avantage leur cruauté, leur sadisme et le peu de cas qu’il font de la vie humaine, de la souffrance humaine, pas seulement celles de ceux qui les combattrait les armes à la main mais bien celles des Peuples de la Terre, enfants, femmes, vieillards, hommes.. nul ne trouve grâce à leurs yeux quand leur Profit est en jeu.

Aujourd’hui ils assument de plus en plus ouvertement leur rôle de bourreau de planète, en tous lieux sans exception, au point que nous les ressentons toujours d’avantage comme une menace pour la survie de l’humanité.


C’est pourquoi je suis fort déçue (c’est peu dire) par la menace de Correa d’abandonner son poste, parce qu’on ne le laisse pas prendre sur la conscience d’autrui une emprise que nul n’a le droit de prendre, qui est du ressort du plus intime et personnel choix de conscience de ceux que l’avortement concerne. Une menace d’abandon de poste alors que l’ennemi est là et ne cesse de gagner du terrain. Et cela est moralement condamnable. Surtout quand on a pris des engagements aussi forts.

 

 

Economie et Etat : quel enjeu pour le peuple ?

par José Pablo Feinmann *


 

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Quelle horrible faute découvrira-t-on, un jour, je suppose, qu’aurait pu commettre le gouvernement de CFK (Cristina Fernandez de Kichner, ndlt) pour mériter la haine qu’il réveille dans certains secteurs ? Qu’est-ce qui nous permettra de comprendre comment une éditorialiste de La Nacion en arrive à présenter un livre conjointement avec le leader du Parti Ouvrier (PO) ? Difficile de le savoir. Mais nous devrions essayer de comprendre une chose. En Argentine, et dans presque toute l’Amérique latine, a lieu un combat entre les intérêts néolibéraux et les gouvernements apparus au début de la première décennie de ce siècle. Si nous essayions de chercher le fond du problème nous pourrions affirmer qu’il existe (et cela depuis plusieurs siècles) un débat autour de l’Etat. Sur la relation entre Etat et Economie. L’Etat doit-il intervenir sur le libre cours de l’économie ? Doit-il se replier sur soi-même et n’assurer que le maintien de l’ordre intérieur ?

Depuis José Martinez de Hoz [1], on entend dire que moins d’Etat c’est plus de Nation. Il s’agit-là d’une consigne particulièrement précise pour expliciter la pensée de l’un des défenseurs les plus acharnés de la déréglementation économique [2]. Nous parlons ici de Friedrich von Hayek, aujourd’hui considéré comme le père du néolibéralisme. Ce qu’il est, en effet. Si Videla a faite sienne cette consigne sur la grandeur de la Nation qui reposerait sur une réduction de l’Etat, personne ne s’étonnera d’apprendre que la théorie de von Hayek est basée sur le concept d’un Etat minime. Ainsi, Hayek a inspiré non seulement le gouvernement de Videla mais aussi ceux de Pinochet, Reagan et Thatcher. Sa défense du libéralisme économique l’amène à soumettre la démocratie à ses postulats. L’Etat devra simplement garantir l’ordre spontané du marché. Hayek a une foi puissante en l’autorégulation du marché. Il ne fait pas appel à la main invisible dont parlait Adam Smith, il n’en a pas besoin. Il fait davantage confiance que ce dernier au pouvoir du marché. Le libre marché et la démocratie s’autoalimentent, l’un est la garantie de l’autre. Mais ils ne sont pas équivalents. Le marché détient la suprématie absolue. Le libéralisme économique détrône le politique. Hayek finit par faire davantage confiance au marché qu’à la démocratie. Il a peur d’une démocratie planificatrice. Ce n’est pas elle qui pourrait garantir l’ordre spontané du marché.

Hayek déteste l’interventionnisme d’Etat et se lance en croisade contre ce fléau. Le mot « planification » et ce qu’il signifie provoque chez lui colères et crises démesurées. Si une démocratie est planificatrice ce n’est pas une démocratie. Il faudra la dépasser. Seule une démocratie qui ne planifie pas est une démocratie. La planification et l’Etat interventionniste sont la même chose pour Hayek. Il n’est pas étonnant qu’il ait, lui et les siens – les Chicago Boys, appuyé des régimes aberrants sur le plan politique, social et des droits de l’Homme. Cela ne les dérange pas. Ils préfèrent une démocratie autoritaire (ce qui est un oxymore), voire même un régime totalitaire s’il leur permet de s’opposer à la planification, à la régulation de l’économie. Le marché doit être libre, coûte que coûte. Cela ne les dérange donc absolument pas de soutenir des Pinochet et Videla. Les « Chicago Boys  » ont joué un rôle important au Chili et en Argentine. Les disparus disparaissaient dans des zones où régnaient le marché libre, la dérégulation économique et la réduction de l’Etat, ce qui était tout le contraire des options choisies par les régimes socialistes et populistes. C’était – pour Hayek et les siens – une noble cause que de faire disparaître. S’il faut tuer pour cela, on tue. Le contraire est pire. Quel est « le contraire » pour Hayek ? Nous l’avons déjà perçu : la régulation du marché par l’interventionnisme de l’Etat. Cela a un nom au sein même du capitalisme : c’est le capitalisme du New Deal. Celui de Keynes.

D’après ce que l’on sait, Keynes sauva les Etats-Unis du krach de 29 en appliquant les théories du New Deal qui reposaient sur l’intervention de l’Etat dans l’économie et sur le plein-emploi. Le plein-emploi garantissait la capacité de consommer pour la population, et la capacité de consommer garantissait le développement des industries. Il s’agissait d’un plan pour sauver le marché intérieur. Il existe un lien dialectique entre la production et la consommation, lien que le libéralisme et le néolibéralisme abomineront toujours. Il est pourtant simple et manifestement raisonnable : ce dont a besoin une industrie de production, c’est d’un marché de consommateurs. Ce dont a besoin un marché de consommateurs, c’est d’une industrie de production. Les deux se dynamisent réciproquement et créent ce qui permet à un pays d’être autonome. Un marché intérieur national soutenu par un Etat Bienfaiteur des intérêts nationaux et des petites et moyennes entreprises qui produisent pour le marché intérieur. C’est cela que les néolibéraux nomment « populisme ». Le « populisme » - partant de l’idée de plein-emploi – oublie le marché au bénéfice du « peuple ». Ensuite, l’interventionnisme d’Etat entraîne l’autoritarisme et la corruption. Tandis qu’un « minimum d’Etat » garantit la transparence du marché dans les grandes entreprises qui sont celles dont profitera vraiment le peuple, non pas grâce à la démagogie, mais en fonction de la théorie du ruissellement (Trickle-down effect). De plus, il n’y a qu’un pas du populisme à l’autoritarisme et aux économies planifiées socialistes.

Avec la chute du mur de Berlin, les puissances occidentales ont vu s’ouvrir à elles un terrain fertile pour leurs plans déjà connus ou à venir. C’est ainsi qu’apparait le célèbre consensus de Washington, dont les principaux points sont les suivants :

  • 1. Discipline budgétaire des gouvernements.
  • 2. Réorientation des dépenses publiques vers les secteurs de l’Education et de la Santé.
  • 3. Réforme fiscale et effort tributaire, basés sur un large bassin de contribuables et sur des impôts modérés.
  • 4. Dérégulation financière et taux d’intérêt libres en fonction du marché.
  • 5. Taux de change compétitif, régi par le marché.
  • 6. Libre-échange entre les nations.
  • 7. Ouverture aux investissements directs étrangers.
  • 8.. Privatisation des entreprises publiques.
  • 9. Dérégulation des marchés.
  • 10. Sécurisation des droits de propriété.

Ce Consensus (inspiré par l’économiste John Williamson) recèle de nombreux points communs avec les thèses de Von Hayek. Il fut appliqué dans notre pays sous le gouvernement de Carlos Saul Menem.

  • Cette discipline budgétaire exigeait des comptes clairs au niveau de la macroéconomie. Le pays qui accueillait les capitaux multinationaux devait en assurer la sécurité et ne pas les soumettre à des risques indésirables. Les « comptes clairs de la macroéconomie » représentaient la théorie « du ruissellement ».
  • Une fois satisfaits les besoins de la macroéconomie, la coupe serait pleine et il y aurait alors des retombées pour les classes nécessiteuses, qui devraient attendre jusque-là.
  • Les impôts modérés profitaient aux grandes entreprises. Ce n’est pas la même chose d’être un contribuable déclarant des millions de pesos ou d’en être un déclarant deux milles pesos. De toute évidence, il est absurde d’appliquer aux deux des impôts modérés. Mais, appliquer des impôts plus élevés aux gros contribuables supposerait une intervention de l’Etat populiste ou totalitaire qui conduirait à une dérégulation du cours naturel des marchés.
  • La dérégulation financière est un rêve du capital transnational et les taux d’intérêt, s’ils sont conformes au marché, seront le résultat d’accords entre les grands monopoles qui le dominent.

Un immense cynisme se cache derrière tout cela. Personne n’ignore que le marché, s’il n’est pas régulé, s’il est livré à sa propre mécanique, tombe entre les mains des monopoles. Seul l’Etat peut – pour le moins – défendre l’équilibre du marché. Dans le cas contraire, comme nous l’avons dit, ce dernier tombe entre les mains des monopoles. Comment ? C’est très simple. Les monopoles peuvent vendre à perte pendant un an, ruinant ainsi toutes les petites et moyennes entreprises du « marché libre ». Alors, ils les achètent et les intègrent à leur groupe. Le marché, livré à sa propre dynamique, se concentre et finit par devenir le patrimoine de trois ou, tout au plus, quatre entreprises. De fait, le libre commerce devient très vite la négation de la démocratie. Les autres points découlent de ce que nous avons déjà analysé et – vus sous cet éclairage – sont pathétiques. Des mensonges qui nous offensent.

Depuis toujours les néolibéraux et les vieux libéraux à la tête de gouvernements ouvertement génocidaires (n’oublions pas que Hayek et les siens n’ont pas hésité à soutenir « des démocraties libérales autoritaires » basées sur l’extermination d’êtres humains) ont accordé plus de valeur à la défense du marché qu’à la démocratie. Ils ont fait remarquer avec insistance (et il s’agit là, malheureusement, d’un argument que les régimes socialistes leur ont servi sur un plateau) que les désastres humanitaires de l’Union soviétique, ou de la Chine, ou ceux de Pol Pot et de ses Khmers rouges au Cambodge justifiaient ceux qu’ils avaient soutenus au nom de causes plus nobles, en lesquelles ils croyaient sincèrement.

En résumé, ce qui se joue aujourd’hui - entre autres choses, telles que les ambitions personnelles, les haines exacerbées, les coups bas, etc. – c’est le sort d’un gouvernement National Populaire et Démocratique uni au keynésianisme de la régulation du marché et de l’interventionnisme d’Etat avec le risque d’un retour à Hayek, au John Williamson du Consensus de Washington, à l’hégémonie des grandes entreprises monopolistiques. Il est remarquable que l’argument principal avancé soit celui de la corruption, alors que ce sont eux qui ont mis en place les gouvernements les plus corrompus de l’Argentine, celui des militaires massacreurs de 76 et celui de Carlos Saul Menem qui leur offrit le pays afin qu’il leur serve de cobaye pour les recettes voraces du FMI, et qui le mena à la ruine au milieu des plus grands scandales de corruption. Cela ne peut justifier aucune action douteuse du gouvernement actuel. Si cela se confirmait, nous ne manquerions pas de l’attaquer sérieusement. Mais la cause n’est pas la corruption. Il s’agit d’autre chose. Tout gouvernement populaire a été érodé par ce thème de la corruption. Car les gens – manipulés par le pouvoir médiatique hégémonique – croient que les classes supérieures ne volent pas parce qu’elles sont raffinées et ont de l’argent. Ceux qui volent ce sont les sales populistes, emplis d’ambitions bâtardes. Finalement, une des facettes importantes de la tragédie argentine nous montre que :

  • La classe moyenne ne veut pas être ce qu’elle est. Elle veut appartenir à la classe supérieure, pas à la classe inférieure.
  • Lorsque les gouvernements populistes lui donnent la possibilité d’accéder à un bon niveau économique (qu’elle avait perdu du temps du gouvernement néolibéral), elle se vit de nouveau comme classe supérieure et cherche à destituer ces populistes non-présentables.
  • Reviennent au pouvoir les néolibéraux des classes aisées. La classe moyenne est de nouveau ruinée. Elle vote de nouveau pour le populisme.

Et ainsi, jusqu’à l’épuisement ou le vertige.

José Pablo Feinmann, pour Página 12,

Página 12. Buenos Aires, 29 septembre 2013.

Traduit de l’espagnol pour El Correo par : El Correo

El Correo. Paris, 11 octobre 2013.

 

* José Pablo Feinmann philosophe argentin, professeur, écrivain, essayiste, scénariste et auteur-animateur d’émissions culturelles sur la philosophie.

Notes

[1] José Martinez de Hoz (1925-2013), Ministre de l’Economie sous la dictature Videla (1976-1983). Ultralibéral, il a été le précurseur de l’introduction du néolibéralisme en Argentine. Sa politique a provoqué la faillite de multiples entreprises argentines et la désindustrialisation du pays. NDLR

[2] L’Argentine est restée, et est toujours, totalement dégarnie juridiquement en cas d’un conflit avec une entreprise multinationale puisque continuent à être en vigueur « Les lois sur les investissements étrangers et expropriations » dictées par la dictature militaire et son Ministre de l’Économie Martínez de Hoz, et les décrets ménémistes 1055/89, 1212/89 et 1589/89 de dérégulation pétrolière, les 54 traités commerciaux bilatéraux célèbres et ratifiés pendant le Gouvernement de Menem n’ont pas été dénoncés et ni même renégociés et l’Argentine continue à adhérer au CIADI, qui organise des tribunaux arbitraux sous l’égide de la Banque mondiale. NDLR

 

 

Source : Economie et Etat : quel enjeu pour le peuple ? - El Correo

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11 octobre 2013 5 11 /10 /octobre /2013 17:29

 

 

 

Ben là… les bras m’en tombent ; j’ai d’abord cru à une rumeur, de celle que font circuler l’opposition pour discréditer un président socialiste d’Amérique Latine. Mais non, Rafael Correa est prêt à renoncer à sa charge de président de l’Equateur si l’Assemblée Nationale dépénalisait l’avortement au-delà du cas  déjà admis d’une femme ne disposant pas de ces capacités mentales et qui serait enceinte suite à un viol.

Toutes les notes que j’ai lues à ce sujet reprennent les mêmes arguments du mandataire sans les développer. Il parle de trahison, de personnes qui s’étaient mises d’accord au sein d’un bloc de la majorité, qui disent une chose et en font une autre. « Qu’il fassent ce qu’ils veulent, je ne ratifierai pas la dépénalisation de l’avortement ». Il évoque la notion de respect intégral de la vie qui commence dès la conception. Et annonce sa démission si la dépénalisation était votée.

Correa avait, il y a peu suscité des polémiques en autorisant l’exploitation pétrolière au sein du parc protégé de la Yasuni, après avoir échoué à obtenir une aide financière de la communauté internationale pour compenser la non-exploitation de ce gisement. Il avait alors dit en substance, que les modèles éco-bobos de l’Occident ne devaient pas être un frein à ‘exploitation de ressources qui contribuent au bien-être de l’ensemble  du peuple.

A priori, j’avais comme beaucoup été déçue par ce revirement, mais je sais qu’il y a divergences entre les président(e)s socialistes d’Amérique Latine et de nombreux mouvements sociaux et en particulier paysans qui proposent eux un changement de modèle, une sortie du modèle industriel et extractiviste. Ayant connaissance de l’ampleur de ces mouvements d’opposition à l’extractivisme, à travers toute l’Amérique du Sud je trouvais son argument assez méprisant, comme si tout qui y participait était instrumentalisé par des ONG yankee dont le but inavoué est de déstabiliser le pays et incapable de penser par soi-même..

Une question à approfondir, mais ce qui me préoccupe aujourd’hui c’est cette prise de position intransigeante de Correa.

Je ne me suis jamais personnellement trouvée en position de choisir ou non d’avorter. Mais en tant que femme, j’ai réfléchi à ce que je ferais si c’était le cas. Ma conclusion étant que mon respect de la vie m’empêcherait sans doute de le faire. Mais que c’était un choix personnel et intime et que je n’avais pas à imposer ce point de vue à d’autres femmes, même si en quelques occasions, en voyant des amies qui choisissaient des avortements à répétition comme s’il s’agissait d’un geste banal, je les trouvais un peu lestes en la matière et ne pouvais comprendre cela, surtout quand les moyens de la contraceptions sont variés et d’accès libres.

Un premier argument en faveur de la dépénalisation de l’avortement est le fait que légal ou non, il est pratiqué. Dans un pays où il est pénalisé, ce sont les femmes les plus pauvres qui en subissent les plus désastreuses conséquences, les plus riches allant avorter dans de bonnes conditions dans un pays où il est autorisé.

Un autre argument est le droit pour chacune de décider en son âme et conscience. Pouvoir choisir de mettre un enfant au monde dans de bonnes conditions si cela doit se décider ensemble quand un couple est concerné, cela reste in fine une décision qui revient à la femme qui est affectée plus profondément et intimement par les conséquences d’un avortement ou d’une grossesse non désirée.

Si je suis tout à fait d’accord pour reconnaître donc que la banalisation de l’avortement que nous connaissons ici va de paire avec une perte du respect de la vie en général, je ne pense pas que ce soit en interdisant l’avortement que ce retrouvera ce respect.

Je trouve à la fois choquant que Correa refuse aux femmes le droit de choisir mais aussi qu’il soit prêt à renoncer aux autres aspects de sa charge pour une question pour laquelle les premières concernées n’ont pas été consultées et pour laquelle il tente d’imposer son point de vue par ce qui est bel et bien une menace, celle de démissionner à l’aube d’un mandat qui lui assurait la présidence jusqu’en 2017. Et ce pour une question de choix personnel sur un seul point. Cela aussi me semble une trahison, celle des 57 % d’électeurs qui lui ont accordé leur confiance.

Mais cela ressemble trop à un caprice pour que ne se pose pas la question de savoir si ce n’est pas là la partie émergée d’un iceberg et s’il n’y a pas d’autres enjeux en cause ?

Anne W

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