15 novembre 2019 5 15 /11 /novembre /2019 20:32

2138 personnes détenues, parmi elles 243 enfants et adolescents et 407 femmes. Neufs d’entre elles furent dénudées pendant les procédures policières

Par Página 12 Jeudi 14/11/2019 Source 1

Les femmes victimes de la répression au Chili

Cela a commencé avec les coups, les humiliations, les menaces, mais au cours des dernières heures, les tortures et viols de femmes se sont convertis en une réalité au Chili. L’état d’exception qu’a implémenté le gouvernement de Sebastián Piñera a ramené les pratiques de la dictature, y compris en qui concerne les disparitions. Beaucoup de femmes qui ont été détenues jusqu’ici ont disparu. En plus, les prisonnières à Santiago du Chili furent dénudées devant le personnel masculin qui leur touchait les parties génitales et « leur mettait la pointe du fusil dans le vagin pendant qu’ils les menaçaient de les violer et de les assassiner », comme il apparaît dans les témoignages recueillis par des compagnes de détention.

La Commission de Droit Humains de l’OEA (CIDH) a exprimé sa préoccupation pour les dénonciations faites auprès de l’Institut National de Droits Humains (INDH) concernant la violence sexuelle, les obligations de se dénuder et les tortures dans le cadre des détentions de manifestantes. « Le Chili doit mener une investigation et sanctionner ces faits avec diligence, de même que les actions policières et militaires dans lesquelles fut fait usage d’une force disproportionnée contre les civils. L’usage de la force doit être régit par les principes de légalité, nécessité, proportionnalité » a exprimé le CIDH.

Selon les chiffres de l’Institut National de Droits Humains (INDH) après les journées de protestation de dimanche, 2138 personnes furent détenues, parmi elles 243 enfants et adolescents et 407 femmes. Neufs d’entre elles furent dénudées pendant les procédures policières, des faits qui ont eu lieu dans les communes de Santiago, Maipú, Iquique, Antofagasta, Coquimbo, Valparaíso, Talca, Concepción, Valdivia, Temuco, Puerto Montt et Punta Arenas. La majorité mettent en cause l’usage disproportionné de la force au moment de la détention, en plus des détentions d’enfants, des mauvais traitements, des coups aux visages et à la poitrine, des tortures et les brimades sexuelles, entre autres outrages.

L’avocate du Réseau Chilien contre la Violence faite aux femmes, Silvana del Valle rapporte à El Desconcierto que la violence politico-sexuelle est une constante dans notre pays et dans toute la région depuis les dernières décennies, parce que les appareils policiers sont éduqués pour devenir des dispositif patriarcaux. Cela apparaît pendant la dictature Chilienne et pendant la période qui suit comme une caractéristique fortement marquée des forces de police ».

D’autre part, un groupe transversal formé d’académiques de différentes idéologies exigent des autorités la fin du couvre-feu et de l’État d’Urgence face aux lésions et morts occasionnées par les forces en uniforme ; ils exigent également que les avocats garantissent le respect des droits des citoyens. Selon des informations de La Tercera, 206 Académiques, doyens et doyennes, des principales facultés de Droit du pays ont signé une lettre concernant « la grave crise politique et sociale que vit le Chili et les violations des Droits Humains qui se sont produits ». Le début de la missive dit « Comme professeurs de droits de différentes facultés du pays et de diverses positions politiques nous ne pouvons garder le silence face à la situation que traverse actuellement notre pays ». Ils poursuivent en condamnant « les graves violations des droits humains qui ont été constatées en différents lieux de notre pays. Nous acons constatés au cours du temps des faits gravissimes qui montrent des schémas communs ».

Ils lancent également un appel aux avocats et avocates de tout le pays afin qu’ils informent les citoyens de leurs droits et des moyens de les exercer, et qu’ils assument la défense gratuite et adéquate de ceux dont les droits ont été violés ». « Nous faisons savoir que dès à présent nous nous engageons à ce que aucun acte constituant une violation au droits humains ne reste impuni » concluent-ils.

 

Des adolescentes et des enfants sont brutalement arrêtés !

Des adolescentes et des enfants sont brutalement arrêtés !

Des Infiltrés aux ordres

Les provocations violentes commises par des carabiniers infiltrés incluent l’incendie et le pillage de supermarchés. Plusieurs dénonciations de montages effectués par les carabiniers sont devenus virales, avec des images pour les illustrer, comme cette vidéo dans laquelle on voit des effectifs de police qui font descendre de leur véhicule un civil qui va mettre le feu à une succursale de la Banque de Crédit et Inversion (BCI).

« De même que pendant la dictature, il y a des mères désespérées qui cherchent leurs enfants dans les tribunaux. De nombreux mineurs d’âges ont été arrêtés » raconte Patricia, une psychologue interviewée par Ancap. Patricia raconte que dans le Chili de Piñera des gens sont séquestrés, qu’ils sont transférés dans des camions et leur proches ignorent où ils se trouvent. Déjà circulent des images d’incendie dans lesquelles on peut voir des cadavres, de ceux que les cercles médiatiques veulent faire passer pour des pilleurs », alors que nous avons vu dans des vidéos la manières dont ils jettent les corps [dans les incendies] Nous pensons tous que ce sont des victimes qui sont jetées dans le feu pour faire disparaître tout indice. »

L’Institut National de Droits Humains du Chili a tenté d’intégrer hier le poste [de santé] central de Santiago, un des lieux les plus vaste qui existe en ce qui fait référence à la santé publique et qu’ils se sont heurtés à une porte fermée par des chaînes, empêchant qu’ils entrent. « Nous ne savons pas ce qui ce passe mais ils sont entrain de bloquer le système de santé. Les installations portuaires sont également fermées. Nous sommes comme en guerre » ajoute Patricia dans un sens opposé à celui donné par le président chilien. La chronique de Ancap (Agence de Nouvelles de Communication Alternative) affirme que   « ceux qui ont vécu la dictature de Pinochet sont plongés dans la terreur et ont peur de sortir dans les rues, mais leur enfants et leurs petits-enfants le font pour eux ». Dans la commune de San Bernardo, située au Sud de Santiago, ils sont entrés dans les écoles et on séquestré des petites filles et des adolescentes. Plus tard, dans les centre de santé des lésions pour viols ont été constatées chez beaucoup d’entre elles » révèle ce média.

La suite est le récit de Pamela Maldonado, qui a donné plusieurs interviews complémentaires que je vais rassembler ici Source 2 et Source 3. Les faits ont eu lieu le 19 octobre, ils sont illustratifs de ce qui se produit chaque jour au Chili depuis.

Capture de la vidéo d'arrestation de Pamela et son papa à voir ici : https://radiolaclave.cl/politica/mujer-denuncia-torturas-a-su-papa-diabetico-lo-patearon-y-recibio-combos-en-la-cara/

Capture de la vidéo d'arrestation de Pamela et son papa à voir ici : https://radiolaclave.cl/politica/mujer-denuncia-torturas-a-su-papa-diabetico-lo-patearon-y-recibio-combos-en-la-cara/

«  Nous étions avec mon papa dans la rue San Isidro, près du métro Santa Lucia, aux environs de sa maison, il habite là, nous regardions ce qui se passait, lorsque une cinquantaine de carabiniers des Forces Spéciales sont arrivés en courant », raconte Pamela Maldonado, qui dénonce les tortures subies par son père le samedi 19 octobre, au cours des intenses manifestations qui se déroulaient dans tout le pays. « Mon papa, Miguel Maldonado a 53 ans et sans que leur importe que nous soyons là seulement en passant et en regardant, ils l’ont empoigné et jeté au sol. Je leur demandais de ne pas le frapper parce que c’est une personne âgée et diabétique, mais au moins 30 carabiniers l’ont encerclé, ils ont fait un barrage de leurs boucliers et entre tous ont commencé à le frapper ».

Pamela relate qu’elle criait aux carabiniers d’arrêter de le frapper, mais la réponse qu’elle a obtenu fut une forte poussée dans le dos qui l’a jetée contre un mur que sa tête a cogné, elle est tombée.

« Quand je me relevai je vis qu’ils avaient mis mon papa dans un fourgon carcéral et je commençai à filmer. Je demandai avec insistance de me dire où ils l’emmenaient et ils ne me répondaient pas. Finalement l’un d’eux m’a dit qu’ils l’emmenaient à la Troisième Division des Commissariats. Quand je lui demandai où il se situait, il me répondit de chercher sur Google. » raconte-t-elle.

« Puis il s’est énervé, m’a insultée et saisie par le cou et m’a dit que j’étais prisonnière, ils ont pris mon téléphone cellulaire pendant qu’il me faisaient monter dans le fourgon. A l’intérieur, j’ai vu mon papa avec le visage plein de sang. Avant qu’il le fasse monter dans le véhicule, il n’était pas comme ça, ils avaient continué à le frapper à l’intérieur » dénonce-t-elle.

« Je voudrais dénoncer un carabinier en particulier, Danilo Muñoz, qui s’est comporté comme un forcené » ajoute la plaignante. « Il a dit qu’il aimerait descendre pour tuer des gens, tous les enculés de communistes et il se vantait qu’il pouvait faire ce que bon lui semblait grâce à nos impôts » détaille-t-elle.

La jeune femme raconte que pendant tout ce temps ils maintenaient les menottes, volontairement serrée à outrance, à son papa dont le visage saignait. « Je lui offris de l’eau, mais un Carabinier me poussa, je m’assis et ils commencèrent à jeter de l’eau au visage de mon père avec une bouteille qu’ils avaient. Ils serraient les menottes toujours d’avantage et je les priai d’arrêter, parce qu’il est diabétique et qu’il est dangereux pour lui de saigner comme cela, pendant tout ce temps, mais eux les serraient toujours plus, et le frappaient à la poitrine. » affirme-t-elle. Arrivé à ce point elle ne pouvait croire à ce qui se passait, elle a serré son papa dans ses bras pour le protéger des coups.

Maldonado raconte qu’ils furent arrêtés aux environs de 16h30 et maintenus dans le fourgon au moins jusqu’à 20h. « Pendant que nous étions dans le véhicule, ils ont fait monter un homme, appelé Sergio dont le nez n’arrêtait pas de saigner. Il criait de douleur et disait qu’il était un malade chronique, quand je lui demandai ce dont il souffrait, il me répondit qu’il était séropositif »

Selon Pamela, quand les carabiniers ont appris se dont il souffrait, ils ont commencé à se moquer de lui avant de l’isoler et de continuer à le frapper.

La jeune femme dénonce un autre carabinier nommé Gallardo. Quand le véhicule s’est approché du commissariat les coups contre les détenus ont redoublé. Gallardo a proféré à Pamela des menaces sexuelles :« On va voir si cela te plaît de te faire enculer ! » et il a proféré des menaces contre les enculés de communistes et de mapuche [nation native à l’avant-garde des luttes contre le néolibéralisme et son corollaire extractiviste.]. Au commissariat ils furent enfermés dans des cellules glaciales, improvisées, avec des toilettes bouchées débordant d’excréments. Ils ont encore été battus.

« Après un long moment, est arrivé un avocat des Droits Humains qui a pris notre déclaration et des photos. Les carabiniers l’ont menacé et il nous dit qu’il avait peur de ce qu’ils pourraient nous faire à l’intérieur. Après ils ont emmené mon papa pour constater les lésions et puis ce fut mon tour, ensuite nous avons signé des papiers et ils nous ont relâches » Il était minuit passée.

La jeune femme assure qu’elle portera plainte contre le carabinier Daniel Muñoz pour tortures et menaces.

« Il me fait peur ce type, en vérité c’est une bête, un psychopathe qui clame qu’il aimerait tuer des gens et changer son second nom de famille mapuche, parce qu’il veut tuer tous ces enculés »

La jeune femme et son papa sont cités à comparaître devant un juge pour désordres légers qu’ils n’ont jamais commis.

Voilà ce qui se reproduit chaque jour au Chili en 2019, dans la Suisse d’Amérique Latine, modèle de démocratie selon les USA. Basta !

Traduction et compilation Anne Wolff

Chili modèle de démocratie

Chili modèle de démocratie

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11 juillet 2019 4 11 /07 /juillet /2019 16:44
Les assassins en marche

Les assassins en marche

L’assassinat du leader paysan Aluisio Sampaio par des hommes en armes (mercenaires) dans sa maison, à Castelo dos Sonhos, dans l’Etat du Para, le mardi 11 octobre 2018, pourrait être l’annonce d’une explosion de violence dans les zones agricoles.

Membre du syndicat des travailleurs et des travailleuses de l’agriculture familiale, il était le meneur d’un combat contre des accapareurs illégaux de terre « grileiros », terme brésilien désignant des personnes ou des entités qui fabriquent de faux documents pour prendre illégalement possession de terres, notamment des terres protégées pour des raisons environnementales. Il semble que beaucoup des soutiens de Bolsonaro ne votent pas pour un candidat mais pour un mercenaire. Le candidat extrémiste qui défend le port du fusil pour les fermiers renforcerait en effet leurs milices rurales pour tuer les activistes et promouvrait ainsi un carnage dans les zones agricoles brésiliennes.

Exterminer les indigènes, exécuter les paysans, tuer les leaders des populations quilombolas –descendants d’esclaves fugitifs –, les peuples vivants dans les zones de réserves extractivistes (zones protégées au Brésil, appartenant au domaine public mais sur lesquelles les peuples traditionnels peuvent exercer des pratiques extractives anciennes comme pêcher, chasser ou cueillir des plantes) et les communautés traditionnelles.

Par le biais de ses discours et de son programme de gouvernement, beaucoup d’innocents pourraient venir grossir les sombres statistiques du pays le plus violent du monde, notamment les défenseurs de l’environnement et les défenseurs des droits de l’homme, d’après les données du Global Witness.

Et le plasticage (« pistolagem », terme brésilien pour décrire les actions meurtrières des « pistoleiros », experts du tir au revolver) se déchaine dans les zones agricoles, investissant dans les armes pour de nouvelles œuvres de mort. Peu après le premier tour, Bolsonaro a déclaré qu’il en terminerait avec l’activisme dans les zones agricoles, incitant à l’assassinat de militants du MST, de syndicalistes et d’indigènes.

Les promesses faites verbalement ou bien que l’on peut lire dans son programme de gouvernement sont terrifiantes. Elles pourraient signifier un holocauste écologique et humanitaire. L’écocide et le génocide seront des mises en pratique de la politique de la mort et la matérialisation de la nécropolitique de Bolsonaro.

Dans son programme de gouvernement, « la propriété privée » n’a pas une fonction sociale comme c’est le cas actuellement dans la constitution. C’est à peine un euphémisme pour légitimer le vol, la dépossession, la spoliation et l’accaparement illégal des terres (grilagem). De même, le mot « liberté », n’est pas lié à une garantie de droits, mais à une violation des droits : avec l’autorisation d’exercer la violence contre les autres, la liberté devient permission de tuer. Ces deux piliers du programme de Bolsonaro signifient la construction d’un ordre de violentes injustices, de retours en arrière et de sang. Il sera mis en pratique autant par des milices et des groupes de haine que par des moyens provisoires, des tractations avec le congrès, ou des normes d’exception comme la « garantie de la loi et de l’ordre ».

Pour les zones agricoles, cela représente la fin des réformes agraires et des démarcations (des terres indigènes notamment), la légalisation de l’accaparement des terres (grilagem) sur les territoires indigènes, quilombolas et paysans. Le ministère de l’Environnement sera purement et simplement supprimé et transformé en un secrétariat du ministère de l’Agriculture, dont il promet de donner la direction au président du l’Union Démocratique Rurale (UDR), d’après le journal l’Estadao, (et non de favoriser seulement une fusion comme l’écrit le journal pauliste). Donner aux tortionnaires de l’écologie le pouvoir de promouvoir l’écocide.

Avec cette mesure, l’institut Chico Mendes pour la conservation et la biodiversité (ICMBio) pourrait être sous le commandement du chef de l’organisation justement responsable de l’assassinat de Chico Mendes : l’UDR. Il y a un long historique de l’implication des membres de l’UDR dans l’assassinat des leaders ruraux. Marcos Prochet, ex-président de l’entité, fut condamné pour l’assassinat du sans-terre Sebastiao Camargo, au Parana, en 1998. En 2016, il a été condamné à 15 ans de prison. Ibama et ICMBio sous un commandement ruraliste représenteraient un banquet pour les nantis.

Contacté pour devenir ministre des transports, le chef de la construction de l’infrastructure dans le pays, le général Oswaldo Ferreira s’enorgueillit de dire que de son temps, sous la dictature, « il n’y avait pas Ibama ou MP pour casser les pieds ». Et le général de s’enorgueillir : « J’ai rasé tous les arbres qui étaient devant moi sans que personne ne vienne m’embêter ».

Sans ministère de l’Environnement, sans Ibama et sans ICMBio, avec des milices armées et libres de raser les arbres qui se trouvent sur leur chemin, cela signifie une isolation du pays du cadre international. Or la pression internationale a été responsable des compromis pour contrôler la déforestation qui impacte le climat du monde entier.

Bolsonaro promet de sortir de l’accord de Paris, il promet la fin du compromis de contrôle de la déforestation mais aussi de sortir de la convention 169 de l’Organisation internationale du travail (OIT) et de sortir de la déclaration des Nations-unies sur les droits des peuples indigènes.

Si après la Seconde Guerre mondiale et la barbarie du nazisme, l’ONU a approuvé la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, c’est seulement en 1989 que l’OIT a approuvé la convention 169. Promue au Brésil le 19 avril 2004, elle a une force constitutionnelle. C’est elle qui est responsable de la reconnaissance de l’existence des peuples indigènes dans le monde et qui donne la responsabilité aux gouvernements de défendre leurs droits. La convention 169 a donné naissance à la déclaration des droits des peuples indigènes, dont le Brésil a été l’un des principaux acteurs.

Bolsonaro promet de sortir de la convention 169 afin de mettre en œuvre sa politique de déforestation de l’Amazonie et d’appliquer sa fameuse phrase qui affirme que « les indiens n’auront plus un centimètre de terre pour les terres indigènes ». Il s’agit également d’en finir avec les procédures de titrage des terres des quilombolas qui « ne servent même pas à procréer » et d’arriver à « un octroi de licences environnementales dans les trois mois » c’est-à-dire l’approbation automatique sans aucun critère de projets qui détruisent l’environnement et affectent les communautés indigènes, quilombolas et traditionnelles. « Les minorités doivent se plier aux majorités. Elles s’adaptent ou elles disparaissent » dit Bolsonaro.

Dans un discours au congrès national, il a attaqué la déclaration des Nations-unies sur les droits des peuples indigènes. Il a répété être contre la démarcation de la terre indigène Raposa Serra do Sol à Roraima. Les terres indigènes Raposa Serra do Sol, Vale do Javari et Yanomami sont dans son viseur. Il accuse les indigènes de vouloir se séparer du pays et considère les démarcations de leurs terres comme un « crime de lèse-patrie ».

L’élection de la députée fédérale Joenia Wapichana (REDE), avocate indigène qui a gagné de la notoriété en défendant la démarcation de Raposa Serra do Sol au STF est un élan pour la résistance et pour le mouvement indigène.

Le scénario actuel prévoit une explosion de conflits. Sonia Guajajara, leader politique indigène de grande envergure aujourd’hui au Brésil dit que Bolsonaro souhaite « légaliser le génocide des peuples indigènes au Brésil et ouvrir un précédent pour un retour en arrière en Amérique du Sud ».

La violence sociologique que le candidat prétend utiliser est tellement forte que les producteurs ruraux les plus sensés sont préoccupés de l’impact que cela aura sur le commerce. Il n’y aura pas de marchés pour manger le sang de ces zones agricoles. Ni ici, ni à l’extérieur. Les négociants agricoles, écrit la Folha de Sao Paulo, « ont peur du radicalisme ». Le mal qui sera causé pour en finir avec la préservation de la forêt amazonienne, du Cerrado et d’autres biomasses brésiliennes sera irréversible d’après Luiz Marques, historien du Unicamp. « Si cela se passe, si nous continuons à perdre la couverture végétale naturelle de ces biomasses, une politique économique qui viserait à améliorer les standards de vie de la société brésilienne ne sera plus possible, peu importe laquelle, », écrit-il dans un échange de courriels. Les vies perdues seront également irréversibles.


Traduction d’Oriane Petteni. Les explications entre parenthèse sont de la traductrice.

 

SOURCE

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11 juillet 2019 4 11 /07 /juillet /2019 16:16

 

 

Décorations florales colorées à l'entrée du Forum de la route de la soie pour la coopération internationale à Pékin, le 14 avril  2019. Photo : IC

Décorations florales colorées à l'entrée du Forum de la route de la soie pour la coopération internationale à Pékin, le 14 avril 2019. Photo : IC

Connue comme le plus grand projet d'infrastructure de tous les temps, l’initiative chinoise la Ceinture et la Route (Belt and Road Initiative ou BRI en anglais) a déjà déplacé des milliers de petits producteurs et menace d'en déplacer des centaines de milliers supplémentaires. Il causera aussi une irréversible perte de biodiversité et aggravera significativement la crise climatique mondiale. Plutôt que de répondre aux besoins des communautés affectées, le gouvernement chinois a récemment commencé le verdissage de ses investissements BRI. Qu'elles soient nationales ou internationales, les organisations de la société civile qui surveillent le développement des projets sur le terrain demandent au gouvernement chinois de rendre l'initiative la Ceinture et la Route plus transparente, d'écouter les personnes concernées et d'apporter de véritables solutions climatiques.
 
Le second Sommet de la Route et la Ceinture a eu lieu à Pékin, en Chine, du 25 au 27 avril 2019, deux ans après le premier sommet. Avec la participation de 38 chefs d'Etats venus des quatre coins du globe, du Secrétaire Général des Nations Unies António Guterres et de Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, le sommet de cette année fut plus imposant que le premier.
 
Un communiqué de presse commun paru à l'issue du sommet affirmait, entre autres choses, que l'initiative la Ceinture et la Route (BRI) vise à faire progresser les chaînes de valeur mondiales et la connectivité de la chaîne logistique. On y lisait également que la BRI s'assurerait de la protection de l'environnement, de la biodiversité et des ressources naturelles, et s'occuperait des effets négatifs des changements climatiques.  
 
Revenons à aujourd'hui. Cela fait six ans que la BRI a été lancée et les critiques et préoccupations au sujet du programme phare du président chinois Xi Jinping sont de plus en plus nombreuses. Elles ont notamment trait aux questions liées à la dette et à la souveraineté nationales, à l'accaparement des terres, aux déplacements de populations, aux violations de droits humains dans les zones de conflit, aux impacts environnementaux, aux problèmes de santé publique et aux violations du droit du travail. Certains pays, comme la Malaisie et les Maldives, réévaluent actuellement leur participation à la BRI et aux investissements chinois.
 
Répondant aux critiques sur les impacts environnementaux de la BRI, le communiqué commun issu de ce deuxième sommet exposait une vision de haute qualité et durable pour la Ceinture et la Route, soulignant et faisant la promotion d'un développement vert et d'un financement vert. La Chine est en train d'élaborer des Principes d'Investissements Verts pour le Développement de la Ceinture et la Route afin d'essayer de "verdir" la BRI. Mais il n'est fait mention nulle part de l'accaparement des terres et de la perte des droits des communautés rurales et indigènes sur leurs territoires et de leurs moyens de subsistance dans le cadre d'une BRI "verte" et du développement continu des infrastructures et des corridors économiques, qui est hautement loué dans le communiqué.
 
À y regarder de plus près, le modèle d'une croissance économique axée sur les infrastructures tel que promu par la BRI est fondé sur l’accaparement de vastes superficies de terres et de territoires à convertir en couloirs économiques. Concernant l'agriculture, la BRI est censée stimuler les investissements chinois à l'étranger en agrobusiness ainsi que les dépenses d'infrastructure de base afin de faciliter l'augmentation du commerce agricole. Selon des officiels du Bureau de Coopération     Étrangère du Ministère chinois de l'Agriculture et des Affaires rurales, le pays compte à présent 657 projets agricoles dans différents pays de la BRI, pour une valeur d'environ 9,4 milliards de dollars, représentant une progression de 70 pour-cent par rapport à il y a seulement cinq ans. Cela implique forcément la perte de milliers d'hectares de terres agricoles qui seront nécessaires à la réalisation de ces projets, de moyens de subsistance traditionnels et de biodiversité, ainsi que de nombreux paysans déplacés. Au Pakistan, la BRI facilite l'expansion de blé hybride, qui remplace les variétés traditionnelles de blé des paysans, au profit d'entreprises chinoises d'intrants agricoles telles que Sinochem Group.
 
La majorité des projets agricoles développés dans le cadre de la BRI sont industriels. Le système agro-alimentaire actuel est d'ores et déjà responsable de près de la moitié des émissions globales de gaz à effets de serre. Des villageois du Myanmar rapportent que des milliers de camions entrent et sortent de l'Etat du Kachin avec des cargaisons de bananes. Cette région est ciblée comme zone d'expansion pour les plantations de bananes destinées à l'export vers la Chine, menant à l'expulsion des propriétaires indigènes qui dépendent de la terre pour se nourrir et pour vivre. L'approvisionnement en eau est également touché, vu que l'eau est polluée ou détournée des communautés pour irriguer les plantations chinoises. Certains rapports font également état d’un déclin de la qualité du sol dans les plantations chinoises, dû à des pratiques agricoles utilisant lourdement les intrants. En conséquence, les protestations contre les investissements chinois se sont multipliées au cours de l'année écoulée au Myanmar. Aux Philippines, les méga-projets financés par la Chine, tels que le projet de barrage New Centennial Water Source de Kaliwa auraient causé des accaparements de terres et des déplacements de communautés indigènes. 
 
En outre, tandis qu'elle s'engage à diminuer l'usage du charbon sur son territoire, la Chine est en train d'ouvrir neuf nouvelles mines et de construire plusieurs grandes centrales à charbon à l'étranger, via la BRI. Rien qu'au Pakistan, les investissements chinois dans le charbon ont dépassé les 10 milliards de dollars. Pendant ce temps, l'Indonésie travaille à une nouvelle proposition pour quatre projets de centrales à charbon qui seront financés par la Chine. Les projets énergétiques de la BRI se concentrent de manière disproportionnée sur les énergies fossiles.
 
En tant qu'organisations de la société civile, nationales et internationales, qui surveillons activement l'implémentation du projet BRI sur le terrain, nous nous inquiétons du manque de consultation des communautés locales au sujet de ces projets. Cela conduit à une perte de terres, et montrent une incapacité des projets d'infrastructure et de connectivité de la chaîne d'approvisionnement à en faire bénéficier populations locales. À la place, nous sommes témoins d'effets négatifs sur les droits des communautés locales et sur leurs conditions de vie.
 
Nous appelons le gouvernement chinois à rendre l'Initiative la Ceinture et la Route plus transparente, car il n'existe aujourd'hui aucune information officielle fiable sur le montant exact des projets bilatéraux, les conditions de prêt, les normes et critères d'octroi, le financement et leurs effets généraux. Nous appelons les pays partenaires à rendre publiques toutes les informations ayant trait aux projets BRI relevant de leur juridiction. Tant la Chine que les pays partenaires devraient ouvrir les processus de consultation et demander l'avis des autres parties prenantes, afin que l'argent public ne soit pas gaspillé pour des projets indignes et destructeurs. Et aux gouvernements des pays de la BRI de conduire une étude d'impact adéquate et approfondie des projets de la BRI sur les droits humains.
 
Nous appelons également le gouvernement chinois et la communauté internationale impliquée dans le verdissement de l'Initiative de la Ceinture et la Route à prendre la mesure radicale qui consiste à écouter les personnes touchées par ces projets. S'ils le faisaient, ils soutiendraient les petits paysans et les communautés rurales comme urbaines avec des systèmes alimentaire, énergétique et de transport décentralisés, afin de parvenir à de véritables solutions climatiques et non à un écran de fumée verte devant l'Initiative la Ceinture et la Route.
 
Pour plus d'informations contactez :
Kartini Samon, GRAIN
Téléphone: +6281314761305
 
Publié par :
Asia Pacific Research Network (APRN)
Asia Peasant Coalition (APC)
GRAIN
Madhyam
People’s Coalition on Food Sovereignty (PCFS)
 
Source : GRAIN
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15 mars 2019 5 15 /03 /mars /2019 11:56

 

Selon diverses enquêtes, 95 à 98% de la population pense que le pays va mal, voir très mal. Des enquêtes précédentes, au cours des ans ont montré que le peuple du Venezuela polarisé est d'accord sur une chose au moins : le refus de toute intervention militaire étrangère, de toute ingérence US dans le pays. La « communauté internationale » divisée quand à savoir si Maduro doit dégager ou non, est, elle aussi, d'accord dans son ensemble, à quelques rares exceptions près : les problèmes du Venezuela doivent se régler pacifiquement, et toute intervention militaire US ou proxy est exclue.

Pourtant le bulldozer de l'intervention militaire US avance inexorablement, et rien ne semble pouvoir la détenir.

Trump s'est entouré, pour « résoudre » le problème de l'Amérique Latine,  d'une clique d'assassins patentés, dont certains (Abrams, Cruz) ont acquit leur expérience de soumission des peuples à la domination US pendant la période des dictatures;. Experts en meurtres sélectifs, en torture, en disparitions forcées et escadrons de la Mort, experts en Terreur qui brise les Peuples, ils exercent aujourd'hui leurs talents contre le peuple rebelle (ou non) du Venezuela.

Que la gestion de Maduro soit une catastrophe, je n'ai aucun doute à ce sujet. Que les réseaux d'approvisionnement en électricité, en eau sont dans un état déplorable, chaque jour, ces dernières années, le confirme des dizaines de protestations de voisins de tout le pays qui vivent ces coupures d'électricité récurrentes, qui parfois pendant des mois n'ont pas d'accès à l'eau potable, c'est un fait. Mais le grand Apagón (coupure d'électricité qui affecte également la distribution de l'eau) soit une recette assassine made in USA, me semble plus que plausible : la recette annoncée pour la suite des événements par Bolton et autres Abrams consiste à créer les conditions d'une révolte du peuple contre Maduro en produisant pour ce peuple les conditions d'une lente agonie. Capables du fait, qui en doute ? Logique dans le programme de déstabilisation en cours. Et cela c'est insupportable.

Maduro a été réélu président avec 30% de soutien. Quelques 6 millions de voix d'un corps électoral de 20 millions d'inscrits. Guaido est membre de Volontad Populaire, un parti minoritaire de l'extrême droite dont la population a déjà rejeté les méthodes de déstabilisations violentes qui l'affecte dans son ensemble, sans distinction d'opinion. Il se vante d'avoir 90% du peuple derrière lui, alors que si 20% le suivent, c'est beaucoup En moins de 2 mois, il a réussi à perdre son potentiel de popularité. Il n'est que trop évident qu'il est un pion des USA et que sa mission est de créer le condition d'une" intervention humanitaire" ou de "devoir de protéger" dans le pays.

Et comme il est complètement stupide, il annonce clairement la couleur : « Les morts (de son coup d'état) ne sont pas un coût pour nous, ils sont un investissement dans le futur. » Aller dire cela aux familles des investis... si possible des indigènes ou des gamins «des quartiers les plus pauvres, où l'ont retrouve cette terrible déliquescence des jeunes qui sévit dans une grande partie de l'Amérique (USA compris). Des enfants sont armés souvent dès l'âge de 12 ans, parfois d'armes lourdes, le seul apprentissage qui leur est offert est celui de la mort. Las Pandillas et autres Maras, sont aussi au départ un phénomène promu depuis les USA pour déstabiliser l'Amérique Latine afin de mieux pouvoir la piller. Ces gamins l'opposition les arment en ce moment, (selon différentes sources avec des armes de guerre) en vue d'une intensification des processus de déstabilisation. Maduro et cie arment eux aussi des civiles. Les conditions d'un carnage se mettent en place.

« Avant d'écouter ce que les gens disent, regardez ce qu'ils font »... la protection humanitaire des USA assure souvent à ses protégés la plus grande des stabilités : la mort. Plonger des peuples dans une lente agonie, ils sont experts, ils ont au cours du temps et de multiples interventions de déstabilisations dans le monde perfectionné la méthode avec un sadisme consommé. S'il y a bien un métier à création d'emplois permanente aux USA, c'est celui de tortionnaire aux Ordres du Pouvoir des Corporations dont la sécurité des Biens et Intérêts motivet les guerres US, militaires, armées privées, paramilitaires ou cartels, en fonction de la stratégie du moment alors que pour les jeunes psychologues qui voudraient faire une belle carrière, la voie est tracée, devenir Maître en « Art d'infliger la souffrance » est un créneau prometteur. Souffrance individuelle, souffrance collective pour les peuples chez qui il faut détruire toute capacité de rébellion ultérieure. Avec le Venezuela, ils ont affaire à forte partie, nulle doute que leurs méthodes seront à la hauteur du défi.

C'est insupportable !

La guerre économique est une réalité qui affecte la vie de la population, l'incompétence du gouvernement aggrave les choses. Pour tous ceux qui s’obstinent à ne vouloir voir qu'un responsable de la tragique situation actuelle : torts partagés.

Maduro a bien donné un coup de timon. Mais il l'a fait en trahissant son serment « Comuna ou nada », « la Commune ou rien ». Au lieu de développer les conditions du pouvoir populaire, il l'a confisqué et à mis en place un régime de centralisme-démocratique, dans la plus pure tradition Mao-Stal. Les informations circulent du bas vers le haut de la hiérarchie du Parti, les ordres viennent d'en-haut. Nous savons qu'au cours de son histoire à géométrie variable, la démocratie s'est appliquée à des catégories plus ou moins restreintes de citoyens, les habitants d'un territoire qui disposent du « Droit de Cité ». Pour Maduro comme dans la Chine de Mao, les citoyens sont ceux qui lui rendent un culte de personnalité, qui adhèrent inconditionnellement à la « Vérité du Parti », les autres au mieux des inutiles gênants; au pire, une catégorie qui ne cesse de trouver de nouvelles victimes de la vindicte du pouvoir : des Traîtres à la Patrie.

Comme Xi Jinping a qui il a fait officiellement allégeance, il est un héritier de Mao, seulement voilà, il est beaucoup moins intelligent que Xi et perdu dans les contradictions de sa duplicité : construire un régime totalitaire tout en tenant un discours de « pouvoir populaire »... socialisme est un concept dont l'Histoire nous a appris qu'il pouvait être accommodé de bien des manières, y compris les plus objectivement fascistes d'entre elles, comme le nazisme ou l'actuel modèle chinois. « Pour le peuple des droits économiques, pas de droits politiques » dit Xi.

« Si o Si » fascisme de l'ultradroite ou fascisme de l'ultragauche, pour le peuple le résultat est le même, une intolérable souffrance.

Mao dansait à Shangaï alors que 20 à 50 millions de chinois mourraient des conséquences de ses choix erronés, la Grande Famine fut le résultat du Grand Bond en avant, qui a échoué également à industrialiser le pays. Lui aussi niait la réalité de l'agonie de millions de paysans. Maduro danse à Caracas, pendant que le peuple s'entre-déchire aux frontières. Au moment même où son Ministre Bernal nous dit que de vieilles dames de la milice populaire ce sont vaillamment battues aux côtés de l'armée, sous le feu croisé des balles contre un ennemi dix foix supérieur en nombre ! Lui aussi nie la réalité de la crise humanitaire bien réelle qui affecte le pays. Mais danser pendant que le peuple s'entre-déchire pour lui conserver le Pouvoir ?

Le Venezuela est un terrain fertile pour qui voudrait analyser les contradictions de gauche qui ont conduit à son atomisation, suivie d'une dissolution dont elle ne s'est jamais remise, un processus bien connu en Europe. En quelques années, en observant ce qui se produisait au Venezuela depuis la mort de Chavez, j'ai revécu la crise des années 7O, quand la gauche européenne, qui malgré ces divergences, formait une grande famille capable de s'unir contre un ennemi commun est devenue le champ des zizanies internes qui l'ont rendu inefficiente.

Le mois dernier, à Miami, Trump a lancé sa grande croisade contre le Socialo-communisme international. Un climat de chasse au sorcière, alimentée par une intense diffusion de propagande rallie les adeptes de l'éradication de la gauche, requalifiée de peste, dans le monde. Xi Jinping sa propre croisade, son rêve pour le monde, un Nouvel Ordre Mondial, sous hégémonie chinoise. Tout un programme de « rééducation » des consciences et de maîtrise des ressources de la planète dont les chinois seraient les bénéficiaires privilégiés. Encore une fois, un sujet bien mieux documenté en espagnol qu'en français. En tout cas en ce qui concerne la meilleure des sources, les déclarations de Xi en personne.

Le problème auquel je dois faire face, comment - au milieu des experts qui débattent du Venezuela en s'apprêtant à compter les morts des deux camps comme autant de victoires, d'investissement de part et d'autre pour des projets de monde que refusent la majorité des habitants de la planète – faire entendre les voix multiples du peuple du Venezuela qui ne soutient ni Guaido, ni Maduro et qui est le grand oublié des débats qui se tiennent à son sujet ? C'est un problème récurrent. On peut observer le même phénomène partout dans le monde, des options politiciennes désavouées par les peuples s'imposent alors qu'inexorablement TINA « There is no alternative » au Nouvel Ordre Mondial avance contre la volonté de la majorité des habitants de la planète.

Poutine, comme Xi, l'a affirmé dans ses discours de politique étrangère. Il souscrit totalement au principe de l'établissement d'un Nouvel Ordre Mondial, mais il souhaite que sa mise en œuvre soit plus « raisonnable » que celle appliquée par les USA. Je pense que contrairement à Xi, il n'a pas les moyens de se porter candidat à l'hégémonie. Son combat est celui d'un partage équitable des marchés entre Corporations Russes, Chinoises et US. Pour chacune de ces versions de l'Ordre, les peuples sont des réservoirs de main d’œuvre et des créateurs de richesses, qui ne leurs sont destinées que dans la mesure où cela favorise la Paix Sociale et la Productivité. Des miettes. Chacun de ces projets aussi implique la création d'une catégorie de citoyens privilégiés qui reçoivent de belles miettes du gâteau terre, alors que le reste de la population est réduite à un statut d'infra-humanité. C'est un raccourci, mais on peut le voir aux USA par exemple, avec les dizaines de milliers de fois où se reproduit cette scène horrible, des personnes agonisent dans les affres du manque crée par de nouvelle drogues pharmaceutiques, héroïne X 10, au milieu des tentes et autres abris de fortune qui sont devenus le mode de vie de la population sans cesse croissante des sans abris, parmi laquelle on retrouve plus de 50 000 vétérans.

Si le socialisme réel a été un échec, le capitalisme ne vaut pas mieux. Un des travail de sape de la conscience populaire menée par la CIA et agences apparentées dans le monde a été de créer une polarisation des peuples qui conduit à la guerre entre voisins, à la guerre entre frères, pendant que les Maîtres accaparent les ressources du pays. Il fallait aussi rendre toute existence d'une Europe forte et unie impossible, l'Europe comme annexe des lobbyistes de Washington, chargée d'ouvrir de nouveaux marchés pour les Transnationales US. Pourtant face à la crise du Venezuela l'Europe ébauche une position indépendante et rebelle : pas d'intervention militaire; Pour le Venezuela il faut une solution pacifique. Ce qui lui a valu d'être déclarée par Trump, ennemie des USA. Va-t-on changer de maîtres, de satellite des USA à subordonnés de la Russie ou vassaux de la Chine ? Notre sort est intimement liés à celui de l'Amérique Latine, dont le potentiel et la pratique de Résistance et l'intelligence collective sont à présent bien plus vitaux, énergiques que les nôtres.

C'est cela aussi, le Nouvel Ordre Mondial, une interdépendance accrue entre chaque point du globe, une interdépendance centralisée dont le programme 5G représente le modèle le plus aboutit, antennes, relais et caméras intelligente partout, C'est la Chine qui domine ce Marché qui a pour enjeu le contrôle du monde. On attendait Big Brother, c'est Big Sister qui se pointe encore bien plus redoutable, issue d'un pays où le lavage de cerveau est une pratique de masse, fruit d'une déjà longue expérience.

Le Venezuela pourrait devenir un modèle de résistance. Pas de quoi se réjouir cependant, parce qu'il le paye très cher en terme de souffrance, infligée volontairement par tout ceux qui veulent le réduire à une masse soumise, Maduro, Guaido, les USA ou la Chine - qui en a déjà accaparé les ressources, l'usure chinoise bénéficie de l'expérience du Plan Marshall et autres USAID : Comment s'approprier un pays en l'amenant à s'endetter au-delà de ses capacités de remboursement, tout en jouant les gentils bienveillants. Tous sont d'ores et déjà les bourreaux du Venezuela.

Voilà pourquoi, bien que je suive attentivement le déroulement des événements, j'ai du mal à les rapporter. Cela n'a rien de réjouissant. Je ne veux pas compter les points, personnes sacrifiées pour l'intérêt d'autrui. La question aujourd'hui est au Venezuela comme ailleurs : Comment unir les populations qui sont les victimes d'intérêts impérialistes de toutes parts ? Comment construire leur (notre) statut de sujet politique (souveraineté populaire) à part entière ?

La réponse au Venezuela, je la trouve dans les Communes. Pas celles socialistes placées sous la domination du Parti, mais dans toutes ces expériences communales spontanées, vivantes et pleines d'espoir, quand des voisins s'organisent pour se donner ensemble les moyens de vivre au mieux, de résister ensemble aux effets de la crise. C'est le premier sourire depuis le début de ce texte, je vois les voisins de barrios de Caracas qui organisent la distribution de l'eau, les familles paysannes qui reprennent les terres oisives de l'état et leurs installations vandalisées, des projets initiés au temps de Chavez que Maduro a littéralement saboté, destruction de l'agriculture paysanne au profit d'une agro-industrie qui comme tout ce qu'il a initié est résolument improductive. Là oui, je vois de belles personnes, pleines de détermination, sourire aux lèvres et manches retroussées œuvrer ensemble pour le Bien Commun. Et elles, me donnent envie de continuer malgré la tentation du désespoir, a relayer à la mesure de mes petits moyens le combat du peuple du Venezuela pour son droit à l'autodétermination. Cela ne se joue pas qu'avec des armes, cela se joue dans l'efficacité d'un quartier d'une commune où les voisins organisent la distributions de l'eau, source première de la vie. Un problème auquel nous risquons d'avoir à faire face au cours des décennies qui viennent. L'ONU met en garde, d'ici à 2030, ce sont 60 à 90% de la population mondiale qui sont menacés de manque d'eau potable.

Dans le dilemme priorité à l'Agriculture Paysanne ou Industrialisation, pays en état de Souveraineté Alimentaire ou Grande Puissance affamée,  on retrouve également un parallèle avec l'histoire maoïste de la Chine, réforme et contre-réforme agraire, jusqu'à la stérilisation des campagnes.

Quand même, avant de vouloir construire une grande puissance, établir les conditions de la Souveraineté Alimentaire est une priorité. Tout était en place pour y parvenir au Venezuela quand Chavez est mort. Tout a été détruit ou abandonné, par les choix de Maduro. Un peuple qui se donne les moyens de bien manger, ne dépend plus d'une aide de l'état qui le rend docile. Souveraineté alimentaire et souveraineté populaire vont de paire. La première chose que les USA se sont attaché à détruire en Europe, c'est l'agriculture paysanne nous livrant au bon vouloir des multinationales et de leur Super Marché. Qui détient la nourriture détient le pouvoir...

Le Venezuela est le point focal d'enjeux planétaires, Nouvel Ordre Mondial à toutes les sauces ou Souveraineté Populaire. Que va faire la Chine, dont les "investissements" au Venezuela sont menacés par la reprise en main US, ce qui ferait reculer irrémédiablement leur avancée triomphale, vitesse TGV, vers l'hégémonie mondiale ?  Des enjeux qui nous concernent.

 

Anne W

 

 

 

 

 

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5 mars 2019 2 05 /03 /mars /2019 15:55
Violence contre les enfants Mapuche

Violence contre les enfants Mapuche

« Le modèle chilien, qui est présenté à l’étranger comme le plus grand succès du néolibéralisme, présente une réalité très différente pour des millions de familles chiliennes », a déclaré Tomás Hirsch, député du Parti humaniste chilien (Élu du groupe Frente Amplio), dans une interview à l’Agence Latino-Américaine d’Information (ALAI). « Cela se traduit par l’écart croissant entre les revenus et la concentration de la richesse, ainsi que par l’endettement asphyxiant dans lequel se trouve la majorité des travailleurs. En fait, tous les indicateurs nous classent comme l’un des pays les plus inégaux de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), avec les pires taux d’éducation, de santé, de pensions, de qualité de logement, d’espaces verts par habitant… », ajoute-t-il. Ce « système profondément inhumain » ne priorise pas la qualité de vie. Voici un échange sur les orientations de la politique du gouvernement chilien, et la mise en doute sur sa qualité morale à critiquer le Venezuela.

 

Monsieur le Député, la critique du Président Sebastián Piñera à l’égard du gouvernement constitutionnel de Nicolás Maduro au Venezuela, dans le contexte de l’attaque du groupe de Lima et de l’OEA contre la révolution bolivarienne, est notoire. Nous aimerions passer en revue certains aspects dans votre propre pays pour vérifier la cohérence de l’attitude du gouvernement chilien.

 

La position du Président Piñera est une position d’incohérence qui frise le surréalisme politique. Le Chili doit être le seul pays au monde qui, 29 ans après la fin de la dictature continue à disposer d’une Constitution issue de la dictature, élaborée par un petit groupe d’hommes d’extrême droite et sans débat aucun, « votée » sans listes électorales, dans le but de pérenniser un système profondément antidémocratique. À l’exception de quelques retouches mineures, c’est toujours la même Constitution qui a maintenu le dictateur Augusto Pinochet au pouvoir. Pendant près de 20 ans, nous avons eu des sénateurs pointés du doigt et un système électoral totalement truqué. Et c’est partant de là que nous voulons donner des leçons de démocratie ?

 

Le Chili, tout en se vantant internationalement de sa prétendue réussite économique, a l’une des pires répartitions de revenus de la planète, avec un salaire minimum honteux qui ne suffit pas à la subsistance du million de travailleurs qui le perçoivent. Et il prétend donner des leçons sur les droits sociaux en partant de là ? Le système de retraite chilien, également créé sous la dictature et maintenu par le pouvoir entrepreneurial sur le monde politique, fournit des pensions misérables, proches du 25% du salaire perçu au moment de la retraite. C’est une véritable violation des droits humains envers les personnes âgées. En même temps, la santé et l’éducation sont des entreprises et non des droits, définis par le président lui-même comme des biens de consommation. Le Chili est le seul pays au monde où l’eau est 100% privée. Les ressources de la pêche ont été livrées à perpétuité par le premier gouvernement de Piñera à 7 familles, à partir d’une loi reconnue publiquement comme corrompue, approuvée sur la base de pots de vin octroyés aux ministres et parlementaires. Le cuivre, le lithium, les forêts, l’énergie, tout, absolument tout, a été dénationalisé et confié à des multinationales qui, bien sûr, parlent en bien de notre pays…

 

La police, les Carabineros du Chili, fait l’objet d’une enquête pour le plus grand vol qualifié de l’histoire de notre pays. Et pendant ce temps, ces mêmes carabineros continuent d’assassiner les Mapuches.

 

C’est depuis ce pays qu’on prétend donner des leçons sur la démocratie, la justice, les droits humains, l’égalité sociale ? C’est honteux de le suggérer.

 

Le Venezuela est qualifié de « dictature » et son gouvernement de répressif. C’est particulièrement délicat dans un pays comme le Chili qui a subi un coup d’État virulent contre un président élu par le peuple et une dictature militaire sanglante pendant 17 ans. Parlez-nous de la position du présent gouvernement concernant cette période néfaste et de l’état actuel de la démocratie au Chili.

 

Malheureusement, nous sommes confrontés à une « renaissance » de la valeur de la dictature et de Pinochet. Sans aller plus loin, aujourd’hui (13 février) l’un des principaux sénateurs du gouvernement s’est déclaré Piñeriste-Pinochetiste. Une tentative de négationnisme de ce que furent les violations des droits humains pendant la dictature est en cours. Piñera prétendait installer comme ministre de la Culture un négationniste déclaré. Il ne faut pas oublier qu’en outre, pour son élection, Piñera a été soutenu, avec sa reconnaissance personnelle, par le « Bolsonaro » chilien, José Antonio Kast, un néo- fasciste populaire qui a le support croissant des parlementaires du gouvernement. Au Chili, selon tous les rapports internationaux, la torture continue, les Mapuches et les leaders sociaux et écologistes sont assassinés. Et le voile de l’impunité a fait en sorte qu’aucun des responsables ne se retrouve en prison. Et ceux qui ont été condamnés pour violation des droits humains, bénéficient d’installations luxueuses dans la prison 5 étoiles de Punta Peuco. C’est très regrettable de le dire, mais au cours de l’année dernière, nous avons vu un gouvernement qui vire par la force vers une droite dure.

 

Le gouvernement chilien dénonce souvent les violations présumées des droits humains au Venezuela. Nous avons assisté récemment au meurtre de sang-froid de Camilo Catrillanca – l’une des nombreuses victimes – et, malheureusement, il est souvent fait référence à la discrimination contre le peuple mapuche, à la répression et à la militarisation dans leur territoire ancestral. Pensez-vous que l’État chilien, et en particulier le gouvernement Piñera, respecte et défend énergiquement les droits humains ?

 

Au cours des dernières années, non seulement au sein de ce gouvernement, mais aussi dans ceux de l’ancienne Concertación [N.d.T. Coalition de partis politiques chiliens du centre et de la gauche, qui a gouverné entre 1990 et 2010], les droits humains ont été violés à maintes reprises, comme la Commission interaméricaine des droits humains et d’autres organisations internationales des droits humains l’ont exprimé à maintes reprises. Les Mapuches ont été assassinés de sang-froid. Des enfants mapuches ont même été attaqués avec des bombes lacrymogènes dans leurs écoles et abattus à bout portant. Et rien n’est arrivé aux criminels, toujours des Carabineros membres de la police ; ils sont tout au plus condamnés à des peines symboliques absurdes. De même, des centaines d’enfants et d’adolescents en difficulté sont morts au cours des 12 dernières années alors qu’ils étaient pris en charge par l’Etat au Sename (Service national pour les mineurs). Et dernièrement, nous avons été témoins d’attaques répétées contre différents lieux de mémoire correspondant aux endroits où la dictature a torturé et assassiné, et le gouvernement laisse faire et regarde ailleurs. Oui, nous pouvons dire avec insistance, bien qu’avec douleur, que les droits humains sont violés au Chili.

 

Un autre aspect qui est souvent critiqué comme l’un des problèmes majeurs du Venezuela est la corruption dans les rangs du gouvernement. Parlez-nous de l’éthique politique gouvernante au Chili.

 

La meilleure façon de répondre à cette question est de donner quelques exemples que tout le Chili connaît en détail :

 

La loi sur la pêche, promulguée par Piñera dans son premier gouvernement, est considérée comme un exemple presque parfait de ce que sont la corruption et les pots- de- vin. Des dizaines de députés et de sénateurs corrompus, de ministres et de sous-secrétaires qui ont reçu des millions de dollars, complètent des paragraphes de la loi rédigés par les grandes sociétés de pêche et envoyés par la poste au gouvernement. Tout ce qui précède est prouvé par la justice. Résultat ? La loi est toujours en vigueur sous prétexte qu’au Chili, une loi ne peut être annulée.

 

SQM, le plus grand producteur mondial de lithium, a été offert par Pinochet à son gendre, Julio Ponce Lerou. Au cours de ces dix dernières années, il s’est consacré à acheter les parlementaires de tous les partis politiques du duopole [N.d.T. Se dit d’un marché où deux vendeurs se partagent toute la production]. Tous les cas sont documentés, les hommes d’affaires ont avoué et les parlementaires ont reconnu avoir reçu des versements. Résultat ? Tous sont parvenus à des « accords » avec la justice et aucun d’entre eux n’a été condamné.

 

Il y a seulement deux jours a été révélé comment Piñera, dans sa première période, a pris des dispositions (réussies) pour obtenir une plage privée devant l’une de ses nombreuses maisons près des lacs du sud du Chili. C’est un petit échantillon de ce qui se révèle chaque jour dans notre pays : que la corruption et surtout l’abus de pouvoir se sont installés dans la politique chilienne.

 

La principale motivation des gouvernements des États-Unis et de l’Europe, qui promeuvent et soutiennent la tentative de coup d’Etat contre le gouvernement de Nicolas Maduro, est l’énorme richesse en ressources naturelles du Venezuela, aujourd’hui gérées par l’État. Le Chili est également un pays riche dans ce domaine. Dites-nous à qui profitent les ressources naturelles de votre pays.

 

Au Chili, les ressources naturelles ont depuis longtemps cessé d’appartenir aux Chiliens. Le cuivre, autrefois nationalisé par Allende avec le soutien unanime du Congrès national appartient aujourd’hui à 80% aux multinationales. Le lithium, une richesse stratégique, à 2 groupes économiques ; les ressources de la pêche données à 7 familles ; l’eau privatisée dans un contexte mondial unique ; l’énergie entièrement gérée par des groupes multinationaux. Et à part ça, les pensions sont gérées par quatre groupes étrangers. Le pays tout entier est entre des mains privées.

 

La politique étrangère du Chili ne semble pas avoir de soutien propre et s’aligne automatiquement sur les desseins des États- Unis, quelle en est la raison, selon vous ?

 

Il y a une photo honteuse qui a circulé sur les réseaux sociaux il y a quelque temps. Au cours de sa visite aux États-Unis, lorsqu’il a rencontré le président Trump, le président Piñera lui a montré un drapeau nord-américain qui contenait à l’intérieur un petit drapeau chilien. Voir l’image reproduite dans le monde entier fut une honte nationale, mais en même temps une preuve à quel point ce gouvernement, sans aucune dignité, s’aligne avec le gouvernement et les politiques interventionnistes des États-Unis. Il en va de même lorsqu’il s’agit de signer des traités internationaux, dans lesquels le Chili a accepté des conditions absolument défavorables aux petites et moyennes entreprises nationales. Derrière cette attitude servile, il y a clairement des intérêts économiques en jeu. La droite politique et commerciale chilienne est profondément liée aux intérêts nord-américains et le président lui-même fait partie de ce lien.

 

Pensez-vous que les attaques permanentes des gouvernements de droite contre le Venezuela sont un moyen de détourner l’attention des problèmes qui touchent leur pays ? En plus de ce qui a déjà été dit, qu’est-ce qui devrait être changé au Chili ?

 

Le Chili doit passer de la démocratie « formelle » actuelle à une véritable démocratie, avec une participation sociale effective. Pour cela, la première chose à faire est de nous doter d’une nouvelle Constitution générée par une Assemblée Constituante. D’autre part, nous devons progresser plus rapidement vers un État qui garantisse les droits sociaux fondamentaux. Récupérer nos ressources stratégiques est une autre tâche urgente. Au niveau international, nous affilier de manière constructive à l’Amérique latine, en contribuant au renforcement des droits humains et de la démocratie dans la région.

 

Le Chili doit cesser de prétendre être ce qu’il n’est pas. Il doit cesser de donner des « leçons » à d’autres pays et se concentrer sur la résolution des multiples et énormes problèmes sociaux que nous avons ici.

 

Article publié dans la Revista América Latina en Movimiento Por el patio trasero 19/02/2019

 

Traduit de l’espagnol par Ginette Baudelet

 

25.02.2019 - Santiago du Chili

https://www.pressenza.com/fr/2019/02/dialogue-avec-tomas-hirsch-chili-un-systeme-profondement-inhumain/

 

 
Artículo publicado en la Revista América Latina en Movimiento Por el patio trasero 19/02/2019
 
https://www.alainet.org/fr/articulo/198404
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5 mars 2019 2 05 /03 /mars /2019 15:12

Il y a des bugs parfois dans les vidéos, ici devrait être: Moscou milliardaires et SDF (https://youtu.be/Ozjkk4rYZWc ) //youtu.be/Ozjkk4rYZWc

Que savons-nous vraiment de la Russie sous Poutine ?

 

S’il n’y a plus aucun doute, les USA sont dirigés par quelques Corporations, dans leur propre intérêt ; que savons-nous de ces nouveaux riches russes, qui voient eux aussi le monde comme Marché à conquérir, les peuples comme main d’œuvre a exploiter ou les habitants des terres aux riches ressources qu’ils s’approprient, comme une gène, un problème dont il faut se débarrasser.

 

Que savons-nous des alliances souterraines entre les mouvements fascistes que dirigent les Corporations aux USA comme en Russie ?

 

S’il y a bien une chose dont je suis certaine, c’est que les dirigeants des Corporations, Russes ou US, sont bien plus proches entre eux qu’ils ne le sont des peuples qu’ils asservissent. Il y a de plus ou moins bons maîtres ? Ils partagent des mêmes valeurs, des mêmes ambitions, la même futilité. Quand ils se bagarrent, c’est pour des parts du gâteau Terre, et quand éclatent leurs guerres, ils sont bien à l’abri. Les morts autant de sacrifices sur l’autel du Profit. Autant d’investissements jamais trop coûteux à leurs yeux. La vérité, c’est que les morts, les blessés, les souffrances des peuples, ils s’en fichent.

 

Et si toute cette agitation de la menace nucléaire n’était qu’un jeu sadique pour nous rendre dociles, prêts à tous les compromis pour mettre un terme à la menace atomique ? Pendant que les tordus des sommets se partagent le monde, sans que nous n’en sachions rien.

 

Un rapprochement de l’Europe avec la Russie dans la décennie à venir est dans l’ordre du possible. Mais cette Europe, si différente, si éloignée des peuples qu’elle dirige, ne ferait que changer de maître.

 

Anne

 

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6 mars 2014 4 06 /03 /mars /2014 17:28

 

 

 

Sans avoir à se préoccuper de théorie du complot remontant à des siècles voir à des millénaires et même transplanétaires. En s’en tenant aux faits avérés et parfois révélés, non par le biais de quelques messages mystiques mais bien par des documents  noir sur blanc et des fait échus, il est indéniable que la globalisation est un programme mis en œuvre depuis plusieurs décennies, qui agit sur toutes les dimensions de nos vies et qui après avoir hypothéqué nos existences s’apprête à nous les confisquer  (ce qui est  déjà partiellement ou totalement  concrétisé pour beaucoup d’entre nous – humains.)

Un des axes de ce programme – comment qualifier un coup d’états à l’échelle planétaire ? – est celui de la propagande, un  des aspects « doux » de ce coup d’état : l’élimination de toute presse indépendante - et la domination idéologique de tous les medias audiovisueles -  la dite "guerre psychologique" (une des composante de la nouvelle forme de guerre globale et totale), en était un des objectifs et tous ceux qui douteraient de la réalité d’un programme à long terme devraient se pencher sur les étapes successives qui avec patience et persévérance ont permis à la clique néolibérale avide de pouvoir  mais surtout de profit – une drogue dure – de s’emparer  des principaux médias, de ceux qui forgent les opinions dans le monde. Action par action – enfin un peu à la fois plus tout de même – ils  sont devenus les propriétaires des journaux, des chaînes de télévisions, censés représenter différents courants de pensée,  et sous la surface d’une fausse diversité qui n’excède pas le carcan du système, se sont mis à manipuler les inconscients collectifs de nations entières.


Voici un aperçu de cette hégémonie de la désinformation et de la propagande pour la presse écrite :

 

A qui appartiennent les médias ? | Les Dernières Nouvelles du Monde | Scoop.it
En consultant le schéma ici, Les 10 corporations qui dominent et contrôlent le marché mondial. vous pourrez constater que le contenu de vos assiettes, ne permet pas plus qu'une variété de façade, que celui de vo cerveaux pour ceux qui souffrent d'addiction à la désinformation programmée, Et beaucoup le savent nous parviendront à des schémas similaires pour tous les secteurs du Marché Unique, le monde vu du point de vue de la globalisation, semence, énergie, habillement... et même les dits "partis politiques" ont aujourd'hui les quelques mêmes sponsors, alors que leurs leaders qui ont été formés dans les même Think Tank, participent aux mêmes associations de décideurs, pour lesquels la politique a lieu de se soumettre aux intérêts économiques d'une minorité, et non l'inverse.
Et nous savons tous, du moins implicitement, que les lois imposées au nom de la prétendue "concurrence libre et non faussée" sont en fait des mécanismes conçus, pour permettre aux "gros" d'avaler les "petits".
Une seule bonne réponse, finissons en avec la concurrence, et réalisons nos complémentarités.
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23 décembre 2013 1 23 /12 /décembre /2013 15:01

 

 

mercredi 27 novembre 2013


Un jour le prix Nobel de la paix tombera en désuétude à force de se discréditer par des attributions où le grotesque le dispute à l’impensable. Un sommet a été atteint en 2012 avec l’attribution à l’UE « Pour avoir contribué pendant plus de six décennies à promouvoir la paix et la réconciliation, la démocratie et les droits de l’homme en Europe » (sic !).

Venant après d’autres attributions très contestables et contestées cela crée un réflexe bien compréhensible de soupçon à chaque attribution. Celle de 2006 Muhammad Yunus (et la banque Grameen Bank) pour son invention du micro crédit en particulier au Bangladesh pouvait faire illusion. C’était mal connaitre ce partisan d’un "nouveau capitalisme " [1] méconnaissance que le CADTM s’attacha à corriger dans un article paru en 2009..

L’article ci-dessous est une illustration du fait que le jury du Prix Nobel de la paix a une nouvelle fois roulé dans la farine celles et ceux qui pensaient qu’avaient été récompensés un homme et un système humanistes et tiers-mondistes désintéressés...

Depuis le début de l’année 2011, des femmes principalement, organisées dans l’Association de Protection Populaire pour le Développement Social , et dont le nombre atteint aujourd’hui près de 4500 mènent une lutte à Ouarzazate et toute la vallée du Dadès, dans le Sud du Maroc, contre des institutions de micro-crédit pour abus de confiance et conditions de crédit insoutenables.

Profitant de la crise qui a particulièrement touché le secteur hôtelier de cette région touristique, les organismes de micro-crédits se sont implantées dans la région et ont distribué largement des crédits en ciblant tout particulièrement les femmes. Prévus à l’origine pour financer des micro-projets et des micro-entreprises, ils ont souvent été attribués sans réelles vérifications, à la fois parce que les courtiers sont payés en fonction du nombre de clients qu’ils obtiennent et aussi parce que les Institutions de la Micro finance (IMF) et les Associations de microcrédits (AMC) reçoivent des dons et des subventions (de l’USAID, l’ UE, des Fondations, du PNUD, etc.) en fonction de leur clientèle, dans un contexte de concurrence exacerbée entre les organismes. Et de fait, ces sommes ont été utilisées comme crédit à la consommation, (pour s’acheter une mobylette, assurer la rentrée scolaire des gosses, payer un frigo...) ou pour pallier des services publics devenus payants en ces temps de néolibéralisme et inaccessibles pour les couches les plus pauvres de la population (notamment pour des soins de santé). De surcroit, de nombreux crédits ont été contractés pour payer les précédents.

Or, même si l’argent prêté provient de dons, de subventions ou de prêts à taux réduits, les taux d’intérêts que doivent payer les « bénéficiaires » de ces prêts sont exorbitants. Officiellement entre 14 et 18% (soit disant pour financer des frais de gestion lourds en raison des petites sommes prêtées), mais dans la pratique, les femmes de Ouarzazate citent des taux pouvant aller jusqu’à 40%.

En outre, il n’y a pas de rééchelonnement des dettes. Aucun des évènements pouvant survenir dans la vie des personnes endettées n’est pris en compte. Pire encore, un système de prêts solidaires a été mis en place, un groupe de femmes servant de caution pour chacune d’entre elles et les recouvrements peuvent être violents, pressions, chantages, agressions sont monnaie courante.

Derrière le discours caritatif larmoyant de lutte contre la pauvreté et la précarité des femmes, se cache donc une extrême violence vis-à-vis des pauvres. On profite de leur analphabétisme pour leur faire signer des contrats qu’elles ne peuvent pas lire et ensuite, pas de pitié.

Quel intérêt pour les institutions financières de monter des opérations de micro-crédits ?

Les IMF fonctionnent avec du capital bon marché revendu au prix fort aux catégories les plus pauvres : c’est un grand business ! Tellement juteux que les associations de micro-crédits présentes à l’origine se transforment en Institution de Micro-finance, tandis que les plus grosses banques de la place s’intéressent de plus en plus au secteur. Les pauvres ont bien peu d’argent mais ils sont si nombreux... Le tableau ci-dessous l’illustre, les montants sont en Dirham (Dh) monnaie nationale marocaine.

Dénomination Indicateurs d’activité 2011 Indicateurs d’activité 2012
Nombre de clients actifs 793,633 793,245
Montant total des prêts en cours en Dh 4552866542 4715893022
Encours moyen du prêt en Dh 5737 5945

Source FNAM (Fédération nationale des associations de micro-crédit)

La même Fédération prévoit 3 millions de clients en 2020, annonce des taux de 15% à 24 % sur des sommes exonérées d’impôts et provenant de subventions, dons et fonds de la coopération étrangère et constate que les prêts sont globalement bien remboursés. Ainsi pour El Amana, l’une des IMF de la place, le taux de recouvrement avoisine les 99%. [2]

C’est donc déjà en soit une excellente opération.

Bancarisation de nouveaux secteurs

Mais de surcroît cela permet de bancariser de nouveaux secteurs de la population.

« Ce marché constitue un réservoir de croissance très important pour les banques et autres intermédiaires financiers qui souhaitent se diversifier et développer leurs parts de marché. » « Ce segment de clientèle du secteur privé échappe encore largement aux circuits financiers traditionnels » « Ces entreprises se trouvent souvent contraintes à se tourner vers des sources de financement informelles (amis, famille, tontines...), voire vers un autofinancement inadapté. » dit l’AFD (Agence Française de Développement) [3]

Ces micro-crédits constituent en outre une forme de « filets sociaux » évoqués dans les accords de partenariat euro-méditerranéen, face à la crainte que la marginalisation et la paupérisation de larges secteurs de la population, induites par la mise en place du libre-échange, n’accentuent la pression migratoire aux portes de l’Europe.

« De par leur structure et leur flexibilité, elles peuvent également être un élément déterminant d’absorption des crises économiques et financières. » (Ibid.)

Pourquoi les femmes sont-elles ciblées en priorité ?

« Fini le temps où le père ramenait la paie au logis et la remettait à la mère pour qu’elle élève ses enfants. La conséquence de l’ajustement structurel a été le chômage massif, la flexibilisation du travail, la précarisation de l’emploi. Face à ces politiques, le père est entré en crise et la femme est sortie dans la rue pour trouver de quoi survivre, donnant par là un nouveau visage à l’économie, à la ville et à la structure même et au sens de la famille. ... C’est toute cette énergie sociale que développent les femmes dans leur lutte pour la survie qui est instrumentalisée et utilisée par la Banque et le système de la micro-finance par le biais du microcrédit. » [4]

Ces propos de Maria Galindo, animatrice de l’association bolivienne Mujeres creando, donne des pistes de réflexion tout à fait intéressantes pour le Maroc. En effet, le néolibéralisme a massivement poussé les femmes à s’insérer dans le marché de l’emploi, notamment dans les secteurs tournés vers l’exportation (zones franches, textile, agriculture sous serre) profitant de leur absence de tradition sur le marché du travail, du manque d’acquis concernant leurs droits, de leur analphabétisme. La crise de la famille élargie et la crise de la famille tout court, exacerbée par un chômage structurel de masse, a transformé les femmes en chefs de foyer et en actrices de premier plan dans la lutte pour la survie.

Ce sont donc ces mêmes caractéristiques qu’exploitent aujourd’hui les IMF, proposant, dans le meilleur des cas des activités génératrices de revenus, ce degré zéro de l’emploi, ni travail, ni emploi, ni salaire, au nom d’un développement-bidon (ce n’est pas ainsi qu’un pays peut se développer) et provoquant des souffrances accrues pour les femmes. Les femmes de Ouarzazate parlent du stress qui est le leur, de leurs angoisses, des saisies, des procès. Aux problèmes de pauvreté vécus précédemment, que l’accès aux micro-crédits n’a pas résolus, s’ajoutent l’endettement et les pressions pour le remboursement qui détruisent les familles, amènent les femmes à la prostitution ou au suicide.

Ce que les femmes de Ouarzazate ont compris c’est que le micro-crédit n’est pas un outil de lutte contre la pauvreté mais un pillage supplémentaire des maigres revenus des familles pauvres. Elles ont aussi compris que l’endettement n’était pas un problème individuel, mais un problème social et collectif qui doit trouver des solutions sociales et collectives, en termes d’accès à des services publics gratuits et de qualité, en termes de création d’emplois, en termes de droit du travail et de droits économiques et sociaux.

Elles ont compris l’intérêt de s’auto-organiser et de lutter ensemble contre ces nouveaux vampires qui avancent masqués derrière un discours d’altruisme et de féminisme. Elles réclament l’annulation de dettes qu’elles ont déjà remboursées.

Amina Mourad y Benasser Ismaini, deux des animateurs du mouvement contre le micro-crédit, sont assignés devant le tribunal de Ouarzazate. Cinq organismes de micro-crédits avaient déposé une plainte contre eux. Quatre d’entre eux ont retiré leur plainte. Il en reste donc une. Mais le véritable procès, c’est celui qu’intentent par leur action, les femmes victimes de la rapacité des organismes de micro-crédits, faisant de la pauvreté un grand business.

Rabat, le 6 septembre 2013

En complément de cet article, voir le film réalisé par Souad Guennoun

http://www.youtube.com/watch?featur...

Lucile Daumas le 22/11/2013

Transmis par Linsay



[1] Vers un nouveau capitalisme titre de son livre paru en 2007

[2] Malgré le peu de risque pris par les IMF, ells se prémunissent contre le non-remboursement de diverses manières, micro-assurance qui garantit le remboursement en cas d’invalidité ou de décès ; prêts solidaires par groupes ; banques de données commune pour éviter le multi-endettement ; mutualisation des recouvrements par voie judiciaire.

[3] Cf http://www.entreprendre-mediterrane...

[4] La pobreza, un gran negocio. Análisis crítico sobre oenegés, microfinancieras y banca, La paz, Mujeres creando, 201 ?

 

 

Source : Micro-crédit, macro-arnaque - Rouge Midi

A liré également sur le même sujet :

Les promesses non tenues du microcrédit : nouvelles preuves à charge

« L'économie de la honte », ou l'instrumentalisation de la faiblesse des femmes

(...)
L'étude montre comment les ONG ont instrumentalisé la « vulnérabilité positionnelle8 » des femmes, comment elles « manipulent les relations sociales et familiales existantes pour contrôler le comportement financier des emprunteurs individuels afin de créer de la richesse pour les ONG9 ».


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17 décembre 2013 2 17 /12 /décembre /2013 14:19

 

 

 

Eurovegas, Espagne

 

Maqueta de una de las propuestas de "ciudad modelo".

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Honduras,  source les tambours de la résistance Garifuna 

 

 

 

Une bonne nouvelle en ce jour. Je sais que l’abandon du projet EUROVEGAS  ne dira pas grand-chose à la plupart d’entre vous. Il m’était difficile de suivre les périples de la Loi établissant les « Cités modèles », appelées aussi « Villes Charters » au Honduras, sans m’intéresser à ce projet similaire qu’incarnait EUROVEGAS en Espagne. Les cités « modèles » sont de véritables métastases du cancer néolibéral. Petits morceaux de territoires littéralement soustraits du pays ou elles s’établissent avec leur propre juridiction et leurs armées, exempes d’impôts, pouvant pressuriser les travailleurs à volonté, elles sont une des formes d’accaparement du monde par les transnationales. Et comme nous savons qu’une des manières d’agir de ces dernières est la phagocytose, nous pouvons redouter que ces chevaux de Troies ne soient aue le prélude à une extension de leur souveraineté sur des territoires dont les populations se voient dépossédées. L’abandon de ce projet est donc une très bonne nouvelle, même si pour les largués du système de l’Espagne fascisante cela ne résoud pas les problèmes urgents auxquels ils sont confrontés, l’esclavage dans la cité modèle EUROVEGAS leur sera momentannément épargnée, même s’il est à redouter que comme au Honduras, déclarée inconstitutionnelle dans leur première forme de RED (Régions spéciales de développement), après limogage des juges de la cour suprême qui s’y étaient opposés, elles ont été réintroduites sous celui de ZEDE (zone d’emploi et de développement).

L’Espagne, étant comme le Honduras l’a été auparavant, confrontée à un coup d’état doux, qui concentre énormément de pouvoir, comme celui d’établir la loi martiale, au main de l’exécutif au détriment du législatif et se dotant elle aussi de ses armées de mercenaires pour réprimer les justes colères du peuple, et les dirigeants du PP ayant comme toute bourgeoisie compradore, très certainement des gros intérêts personnels dans de tels projets, il est plus que probable qu’Eurovegas ou d’autres reviendront sur la table avec de légères modifications, à plus ou moins brève échéance. Une grande victoire tout de même, même s’il s’avère qu’elle sera éphémère.

J'ai également attiré l'attention sur quelques éléments, qui pourrait faire de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le premier pas vers l'établissement d'une telle Ville Charter, quelques propos du Préfet tenu à ce sujet mettait la puce à l'oreille...mais désolée, je suis incapable de les citer de mémoire avec chiffres à l'appui... ils correspondaient tout de même à la prévision d'une augmentation inusité de la population locale et d'un nombre d'emplois crées dont il apparaissait clairement qu'ils étaient un gros multiples de ceux qui seraient affecté à l'aéroport, bref des prévisions impossible à réaliser sans la création d'une ville champignon connexe à l'aéroport...de quoi se poser des questions quand on sait que des membres de fondations ad-hoc, parcourt le monde pour essayer d'imposer cette idée modèle de développement à la sauce néolibérale.


Pour en savoir plus sur ce projet  voir en fin de texte: Eurovegas, future zone de non droit

 


Eurovegas : le méga-projet de « Las Vegas espagnol » définitivement abandonné

par Sophie Chapelle 17 décembre 2013

C’est la mort d’un projet pharaonique : douze hôtels de 3 000 chambres chacun, incluant casinos ou terrains de golf, à Madrid. Le groupe américain Las Vegas Sands a annoncé le 13 décembre qu’il renonçait à investir plus de 30 milliards de dollars dans ce projet controversé baptisé « Eurovegas ». Le directeur de Las Vegas Sands, Sheldon Adelson, 16e fortune mondiale, avait promis la création de 164 000 emplois directs et 97 000 indirects. La panacée pour un pays plombé par 26 % de chômage ! Mais en échange de la création de milliers d’emplois, le magnat étasunien exigeait la révision du droit du travail, de la protection sociale, et la remise en cause de la loi de prévention sur le blanchiment d’argent… (lire notre enquête).

Alors que la pose de la première pierre était prévue fin 2013, de nouvelles exigences du groupe américain ont achevé d’enterrer le projet. Des représentants du gouvernement ont évoqué « de nouvelles conditions […] de nature fiscale, de restrictions à l’entrée de nouveaux opérateurs sur le marché et de blindage juridique de son investissement ». Ni le gouvernement espagnol, ni la Commission européenne n’ont acceptées ces conditions. 

La mobilisation de la plateforme Eurovegas No a également été décisive. En publiant de nombreux rapports sur les impacts économiques et environnementaux du méga projet, elle « a contribué à ouvrir les yeux de la société » et à « arrêter un projet insensé », souligne la fédération Ecologistas en Acción. Mais leur slogan « Ni ici, ni ailleurs » demeure d’actualité. La compagnie Las Vegas Sands affirme désormais chercher des « opportunités en Asie ».

 

Source : Eurovegas : le méga-projet de « Las Vegas espagnol » définitivement abandonné - Basta !

 

 

 

  Eurovegas : future zone de non- droit

Pour réaliser en Espagne son projet d’EuroVegas - un gigantesque complexe dédié au jeu - le milliardaire américain Sheldon Adelson a transmis aux autorités espagnoles sa liste d’exigences : exemption de la TVA, des impôts sur le jeu, des cotisations sociales, réforme du code du travail, régime légal dérogatoire durant 30 ans, subventions européennes, don des terrains, autorisation de jeu pour les mineurs, autorisation de fumer dans les bâtiments, etc ... Le cynisme brutal du promoteur de cette zone de non droit - que se disputent aujourd’hui Madrid et Barcelone, donne la mesure de ce qu’ont abandonné les nations européennes en se mettant à la merci des marchés et des fortunes privées : non seulement leur souveraineté, mais aussi leur dignité.


La Lettre du Lundi, 19 mars 2012

15 milliards d’euros d’investissements, 260 000 emplois directs et indirects créés : tel est le deal que fait miroiter aux régions de Barcelone et de Madrid Sheldon Adelson, 16e fortune mondiale avec un patrimoine estimé à plus de 21 milliards de dollars et par ailleurs président et actionnaire principal de la société Las Vegas Sands, « l’empire du jeu ».

Son projet ? Créer en Espagne une « zone de jeu » identique à celles qu’il a déjà implantées au Nevada, à Singapour et à Macao : 6 casinos, 18 000 machines à sous, 3 terrains de golf, des théâtres et des cinémas, une douzaine d’hôtels, des centres commerciaux... bref, toute l’apparence d’un « paradis » dans un pays où le chômage atteint des records (plus de 20 % de la population active), où la récession frappera dur en 2012 et 2013, où la crise immobilière, née d’une spéculation sur le prix des biens et de conditions de prêts immobiliers délirantes (emprunts jusqu’à 50 ans), paupérise à vitesse grand V les classes moyennes qui ont eu la mauvaise idée d’acheter pour se loger.

Comme au football, Madrid et Barcelone, rivales traditionnelles, se disputent les faveurs du groupe Las Vegas Sands pour que ce complexe de jeu s’installe sur leur territoire. Et, comme au football où le Real et le Barça sont prêts à payer des sommes extravagantes pour attirer les meilleurs joueurs du monde, les deux villes sont prêtes à toutes les concessions pour convaincre Las Vegas Sands de les favoriser de son choix.

Toutes les concessions ? Jugez-en plutôt. Réparties en 5 thèmes par le journal espagnol El Pais qui a eu accès aux documents de travail des négociations en cours, cette longue liste donne une idée du rapport de forces qui s’est désormais établi entre puissance privée et (im)puissance publique :

1. Droit du travail

● Modification du Code du travail afin d’assouplir « la rigidité des conventions collectives », notamment dans les secteurs présents dans le complexe de casinos (hôtellerie, restauration, jeu, commerces...) ;

● Réduction du temps nécessaire pour admettre des travailleurs étrangers (hors UE) en Espagne, via la création d’un régime spécial qui accélèrera la délivrance d’un permis de travail ;

● Exemption totale pendant deux ans des cotisations de Sécurité sociale, puis 50 % de remise les trois années suivantes. À compter de la 5e année, les travailleurs non espagnols pourront être rattachés au régime social de leur pays d’origine ;

● Création d’un MBA spécialisé dans l’industrie du jeu ;

● Appui du gouvernement à une demande de subvention d’aide à l’emploi de plus de 25 millions d’euros auprès de la Banque européenne d’investissement ;

● Financement par les autorités publiques de 60 % des frais de formation des employés recrutés par Las Vegas Sands ;

● Perception par Las Vegas Sands de subventions pour l’emploi, tant en ce qui concerne les emplois directs qu’indirects créés durant la construction du complexe.

2. Infrastructures

● Prise en charge par les autorités espagnoles de la construction d’une nouvelle station de métro, d’une interconnexion avec le TGV, de nouvelles lignes d’autobus, de nouvelles routes et autoroutes...

● Autorisation des vols en hélicoptère entre l’aéroport et le complexe de jeux, construction d’un ou plusieurs héliports dans le complexe ;

● Suppression ou enfouissement des infrastructures de gaz, d’eau et d’électricité, renforcement des services d’urgence (pompiers, ambulances, etc.) dans le complexe...

3. Urbanisme

● Cession gratuite, à Las Vegas Sands, de toutes les terres que les autorités publiques possèdent dans la zone ;

● Expropriation des terres privées de la zone afin que Las Vegas Sands en prenne rapidement possession ;

● Suppression des règles d’urbanisme, y compris des critères de construction, afin que Las Vegas Sands ait toute latitude pour construire.

4. Réglementation

● Vote d’une loi spécifique, ne pouvant être modifiée pendant au moins 30 ans, déclarant le projet d’intérêt général, créant un régime dérogatoire en ce qui concerne le jeu et le commerce, supprimant les limites aux investissements étrangers dans les casinos ainsi que la nécessité d’une autorisation préalable si plus de 5 % du capital social change de mains ;

● Autorisation d’accès aux casinos pour les mineurs, les majeurs incapables et les interdits de jeu ;

● Modification de la loi sur le blanchiment d’argent avec, notamment, autorisation de transférer les fonds sans limites ;

● Autorisation, pour les casinos, d’accorder des prêts aux joueurs, suppression des interdictions publicitaires concernant le jeu, modification de la législation sur les dettes de jeu qui réserve actuellement l’exécution des sanctions à la seule justice civile, légalisation du système d’intermédiaires et de « rabatteurs » incitant les joueurs potentiels à se rendre au complexe ;

● Homologation automatique des jeux déjà autorisés dans d’autres pays de l’Union européenne ou aux États-Unis, autorisation donnée à Las Vegas Sands pour approuver de nouveaux jeux et traiter des questions administratives afférentes ;

● Création d’une commission des jeux, formée de membres du gouvernement régional et d’« experts indépendants » ;

● Autorisation de fumer dans les espaces clos à l’intérieur du complexe, liberté totale des horaires dans tous les commerces.

5. Fiscalité

● Remboursement de la TVA aux entreprises du complexe, statut de « zone franche » (donc, pas de paiement de TVA ni de taxes) pour les joueurs extra-communautaires ;

● Suppression des taxes et simplification des procédures pour tous les produits importés qui rentrent dans le complexe ;

● Modification des règles fiscales d’amortissement, de déduction du résultat fiscal, d’imposition des non-résidents et des impatriés ;

● Exemption pendant 10 ans de la taxe sur les jeux ;

● Réduction de 95 % de l’impôt sur les transmissions patrimoniales, ainsi que des impôts fonciers ;

● Réduction de 50 % de l’impôt sur les activités économiques ;

● Négociation préalable et obligatoire avec Las Vegas Sands avant toute entrée en vigueur de nouvelles taxes.

Pour effarantes qu’elles paraissent, les prétentions de Las Vegas Sands n’en sont pas moins, dans leur globalité, accueillies avec bienveillance tant à Madrid qu’à Barcelone. Les représentants d’Adelson n’ont d’ailleurs pas caché qu’ils donneraient la préférence à la ville qui leur ferait le plus de concessions, d’où la déclaration de la présidente de la région de Madrid : « s’il faut effectuer des modifications légales qui sont en accord avec mes principes, elles se feront. »

Cet accord en voie de conclusion entre une TGE (très grande entreprise) et les responsables politiques d’une région et d’un État illustre parfaitement le transfert de pouvoirs et compétences des autorités publiques vers les TGE que nous avons analysé dans plusieurs billets. On y retrouve en effet la plupart des caractéristiques de la décadence des États-nations :

● remplacement de la loi par le contrat, lequel acquiert ainsi une force supra-législative, au mépris absolu de la pyramide des normes juridiques qui, de la Constitution au simple arrêté municipal, sert de fondement à tout notre système juridique ;

● « liquéfaction » complète des individus, coupés de leurs racines culturelles et nationales : Las Vegas Sands ne dissimule même pas son intention d’aller chercher des employés dans des pays à très bas salaires et sans protection sociale et de les transposer « tels quels » en plein milieu de l’Europe, des pions que l’on déplace sur un échiquier planétaire, et que l’on remplacera dès que les signes d’usure apparaîtront ;

● création d’une zone de « non-droit », ou plutôt d’une zone placée sous la quasi-juridiction d’une TGE. Nous y voyons là l’indicateur d’une évolution dont nous avons tracé les contours dans Après le capitalisme : la primauté de la force : des entreprises privées prennent de facto le contrôle par la force d’une zone géographique. Nous n’en sommes plus très loin : la présence de la milice privée qui assurera demain l’ordre dans la zone des casinos sera la confirmation, s’il en était besoin, de la confiscation des prérogatives publiques qui est en train de s’opérer en Espagne.

Il est de surcroît significatif que ce « déshabillage » de l’État-nation s’opère au profit d’une activité - le jeu - qui n’apporte aucune valeur ajoutée à la collectivité. Nous retrouvons ici - pardonnez les références multiples à cette période - une caractéristique de la chute de l’Empire romain : quand le système s’effondre, il faut bien occuper la plèbe et détourner son attention de la gravité de la situation, que ce soit en multipliant les jeux du cirque ou les bandits manchots.

On aurait pu à la rigueur comprendre que des avantages du type de ceux exigés par Las Vegas Sands soient accordés pour bâtir une Silicon Valley européenne qui aurait eu pour objectif d’attirer chercheurs et entreprises high tech du monde entier. Mais il ne s’agit ici que de recréer un ersatz de Circus maximus, un monde d’illusions et d’oubli de la réalité.

Le précédent espagnol pourrait bien faire des émules : selon nous, le jour n’est pas très éloigné où, sur le territoire d’un État membre de l’Union européenne, on installera une « zone franche » où des entreprises de type Foxconn implanteront leurs usines dans le cadre d’un contrat qui se résumera à : « nous ne payons pas d’impôts, nous faisons la loi et nous maintenons l’ordre selon nos critères à l’intérieur de la zone, remerciez-nous de proposer un peu de travail à vos nationaux, mais à nos conditions »... celles du contrat de servage du XXIe siècle.

22 mars 2012

Sur le web :

El Païs : Leyes a medida para la capital del juego (liste des exigences)

El Païs : El Gobierno acepta estudiar la lista de exigencias para construir Eurovegas

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12 décembre 2013 4 12 /12 /décembre /2013 16:56

Voilà, quand plus tôt dans la journée, je parlais d'identifier les causes de la pauvreté et ceux qui en sont responsables, plutôt que d'égarer les gens dans la chimère de l'éradication d'une entité Pauvreté, c'est aussi de cela dont je parlais, ce pur scandale :

 

Un ouvrier de Renault au Smic générera presque l’équivalent de deux mois de son salaire en profits pour les actionnaires.

encore une fois de l'excellent journalisme de
Bastamag !


Coût du capital

Quand les actionnaires accaparent 60% des bénéfices des entreprises

par Ivan du Roy 5 décembre 2013

L’équivalent de 60% de leurs bénéfices : c’est ce qu’ont versé à leurs actionnaires les 47 grandes entreprises françaises cotées en bourse que nous avons étudiées. Alors même que les suppressions de postes se multiplient et que l’investissement est en berne, plusieurs grands groupes hexagonaux continuent de redistribuer une proportion considérable de leurs profits aux actionnaires – y compris lorsque ces profits sont faibles voire inexistants. Notre enquête sur ce « coût du capital » révèle également que l’Etat est un actionnaire aussi gourmand que les autres.

Les actionnaires nuisent-ils à la « compétitivité » de leur entreprise ? Combien coûte la rémunération du capital pour les entreprises cotées ? Chaque année, les dividendes versés aux actionnaires s’élèvent de quelques dizaines de centimes à plusieurs euros par action. Insignifiant ? Loin de là. Car les grandes entreprises françaises sont plutôt très généreuses avec leurs actionnaires. En moyenne, les 47 entreprises que Basta ! et l’Observatoire des multinationales ont étudiées (elles figurent parmi les plus grosses sociétés cotées en France, voir notre tableau ci-dessous) ont versé en 2012 l’équivalent de 60% de leurs bénéfices aux détenteurs de leur capital. Soit 32 milliards d’euros environ sur les 54 milliards de « résultats nets » des entreprises, après acquittement de l’impôt. Le montant total de ces dividendes varie de 15 millions d’euros (Atos) à près de 5,3 milliards (Total). Huit grandes entreprises françaises ont choisi de verser à leurs actionnaires des dividendes supérieurs à leurs bénéfices.

Pour les conseils d’administration, maintenir un dividende élévé permet, en théorie, de fidéliser les actionnaires. Plusieurs administrateurs y consentent d’autant plus facilement qu’ils détiennent eux-mêmes une forte participation au capital de l’entreprise. Parmi notre panel, seule une poignée de groupes sont plutôt raisonnables, redistribuant moins de 20% de leurs bénéfices. Rémunérer fortement le capital, c’est se priver de financements qui auraient pu bénéficier à la recherche, à de nouvelles stratégies industrielles, à la réduction des impacts environnementaux ou à l’amélioration des conditions de travail.

Priorité aux financiers, quoiqu’il en coûte

Plusieurs groupes sont d’une générosité à toute épreuve à l’égard de leurs investisseurs. Même en perdant de l’argent, ils leur distribuent des dividendes ! Chez ArcelorMittal, ST Micro, Accor et Areva, à tous les coups, les actionnaires gagnent. Malgré une perte de 2,8 milliards, le n°1 de l’acier a ainsi ponctionné 910 millions d’euros au profit de ses actionnaires ! La fortune de la famille Mittal, qui détient près de 40% du groupe sidérurgique – et donc perçoit environ 40% des dividendes, soit 360 millions d’euros – passe avant tout. Les métallos sont les grands perdants. En 2013, le groupe supprime 1 600 emplois en Belgique après avoir fermé, l’année précédente, l’aciérie de Florange en Moselle.

Même ambiance chez l’hôtelier Accor. Malgré une perte de 600 millions d’euros l’année dernière, le groupe (Sofitel, Novotel, Ibis, Mercure…) a versé 269 millions d’euros de dividendes… Ce qui ne l’a pas empêché de lancer un « plan d’économie en Europe de 100 millions d’euros » et de supprimer 172 postes en France en 2013. Bref, priorité aux financiers. En l’occurrence, le fonds d’investissement Colony Capital, allié au fonds Eurazeo, premiers actionnaires d’Accor avec 21% du capital. Le nouveau PDG du groupe, Sébastien Bazin, en est d’ailleurs issu. « D’autres emplois sont menacés. Chaque fois ce sont des compétences fortes qui disparaissent en même temps que des collègues qui perdent leurs emplois. Dans le même temps l’entreprise continue de distribuer de forts dividendes », dénonce de son côté la CGT au sein de ST Micro. Et pour cause, la direction a maintenu le versement de 273 millions d’euros de dividendes malgré un résultat négatif de 903 millions en 2012. La réduction des dettes, c’est pour les autres.

Cliquez sur chaque entrée du tableau pour voir le classement des 47 entreprises par catégorie, par ordre croissant ou décroissant :

Sur les cinq entreprises déficitaires de notre panel, seul Peugeot a renoncé à rémunérer ses actionnaires. Mais c’est surtout pour sauver l’activité financière du groupe, la Banque PSA Finance, que la famille Peugeot, actionnaire à 25%, ne s’est pas versée un seul euro de dividendes. En échange d’une garantie de l’État sur 7 milliards d’euros d’emprunts, le groupe a promis en octobre 2012 de « ne pas procéder à des distributions de dividendes ou à des rachats d’actions, et à ne pas attribuer aux membres du directoire d’options de souscription ou d’achat d’actions ni d’actions gratuites ». Et ce, pendant trois ans. De leur côté, les salariés de PSA paient le prix fort : plus de 8 000 emplois sont supprimés, l’usine d’Aulnay-sous-Bois en région parisienne a fermé, celle de Rennes est menacée. Au printemps 2012, les effectifs de l’activité automobile s’élevaient à 67 100 personnes. Selon les syndicats, ils devraient fondre à 55 900 employés d’ici à mi-2014. Les actionnaires, eux, devraient de nouveau percevoir des dividendes en 2015. Les salariés au chômage arriveront, eux, en fin de droits.

L’État, un actionnaire aussi gourmand que les autres

L’État, directement ou via l’une de ses institutions – Caisse des dépôts, Fonds stratégique d’investissement (FSI), Commissariat à l’énergie atomique (CEA)… – est présent au capital d’une vingtaine d’entreprises de notre panel. Dans neuf d’entre elles, la puissance publique pèse plus de 10% des actions, donc des voix (Areva, EADS, EDF, Eramet, GDF Suez, Orange, Renault, Safran, ST Micro). Comment se comporte l’État actionnaire ? Est-il aussi gourmand que les gros fonds ou portefeuilles d’actions privés ? Le cas Areva montre que l’État peut privilégier ses propres intérêts financiers, quel que soit l’état de santé de l’entreprise. Actionnaire à plus de 85% du champion du nucléaire, via notamment le CEA, l’État a empoché la plus grande part des 112 millions d’euros de dividendes, quand le fabricant de combustible nucléaire déplore une perte de 99 millions.

Areva n’est pas le seul exemple. En plus des multinationales déficitaires, quatre autres grands groupes français ont distribué à leurs actionnaires davantage d’argent qu’ils n’en ont gagné. Ils ont un point commun : l’État est très présent au sein du capital. Eramet, l’une des rares sociétés minières hexagonales, a ainsi versé l’équivalent de 738% de ses bénéfices en dividendes ! Parmi ses actionnaires figurent le FSI et le Bureau de recherche géologique et minière, un établissement public (27% à eux deux). Les actionnaires d’Orange – dont l’Etat et le FSI (toujours 27%) – peuvent également se réjouir : ils ont perçu 328% des bénéfices du principal opérateur de téléphonie. Un pactole non négligeable : 3,6 milliards d’euros. La rémunération, longtemps fixée à 1,4 euro par action, a entravé les investissements et a provoqué de sérieux remous en interne. « Depuis dix ans, Orange a versé 27 milliards d’euros de dividendes, c’est plus que son poids en Bourse aujourd’hui ! », dénonçait la Confédération générale des cadres lors de la dernière assemblée générale des actionnaires fin mai 2013. Une proposition de baisse des dividendes à 0,78 euro par action a plusieurs fois été refusée par les actionnaires... avec le soutien de l’Agence de participation de l’État, qui représente le ministère des Finances. Elle est désormais en vigueur.

Même scénario pour GDF Suez. Prétextant une hausse des coûts d’approvisionnement, GDF Suez ne cesse de réclamer – et d’obtenir – de nouvelles hausses des tarifs du gaz. Tout en redistribuant des dividendes représentant 122% de ses bénéfices à ses actionnaires, au premier rang desquels l’État (39% avec la Caisse des dépôts). Quand à Suez environnement, elle a distribué 239% de son résultat après impôt, dont un bon tiers à son principal actionnaire… GDF Suez. Enfin, EDF, la seconde entreprise cotée en bourse, avec Areva, où l’État est majoritaire (84%), a reversé l’équivalent des deux tiers de ses bénéfices à ses propriétaires, soit 2,1 milliards d’euros. Toujours ça que les énergies renouvelables n’auront pas ! Reste à voir comment seront répartis les résultats de l’exercice 2012 pour vérifier si le gouvernement socialiste infléchit ces pratiques. Ou s’il préfère de l’argent frais à court terme quitte à fragiliser des entreprises.

Sept mois de salaires pour les actionnaires

S’il existait en France la palme du salarié le plus rentable au regard de l’argent qu’il fait gagner aux actionnaires de son entreprise, elle serait remise aux salariés de Total. Chacun des 97 126 employés du groupe pétrolier a rapporté plus de 54 000 euros de dividendes aux propriétaires de l’entreprise en 2012 ! Soit les trois quarts de ce que le groupe pétrolier dépense en moyenne par salarié chaque année. Et l’équivalent de trois années de Smic ! Total est aussi celle qui, parmi les 47 entreprises que nous avons étudiées, a reversé à ses actionnaires les plus gros dividendes : 5,3 milliards d’euros, soit quasiment la moitié de ses bénéfices.

A ce concours des salariés les plus « stakhanovistes » du point de vue de la rentabilité boursière, le personnel de Sanofi arrive en deuxième position : chacun des 112 000 employés du labo pharmaceutique, dont 28 000 en France, a permis à ses actionnaires d’engranger plus de 31 000 euros. Mais le capitalisme financier ne connaît pas la gratitude : entre 900 et 1 500 postes devraient être supprimés en France d’ici 2015, en particulier dans la recherche. Parallèlement, 70% des bénéfices, soit près de 3,5 milliards, ont été distribués aux actionnaires du groupe.

Les salariés de Pernod Ricard, de Vivendi et d’Orange ont également fait gagner plus de 20 000 euros à leurs actionnaires. Pour la moitié des opérateurs et techniciens de l’ancienne France Télécom, qui gagnent moins de 2 950 euros bruts, cela représente sept mois de salaire ! Ils récupéreront cependant l’équivalent d’un mois de salaire au titre de l’intéressement, et se consoleront peut-être en se rappelant que les salariés, via un fonds commun de placement, possède environ 4% des actions d’Orange.

Ces actionnaires qui en profitent le plus

La bourse est un vaste monde. Les petits actionnaires et leurs PEA (Plan d’épargne en actions) y côtoient les grandes fortunes, françaises mais aussi belges, états-uniennes, égyptiennes ou russes. On y croise une multitude de gestionnaires de portefeuilles d’actions des grandes banques françaises ou nord-américaines, des fonds de pension, des fonds souverains norvégiens, koweïtiens ou qataris, des États – la France bien sûr mais aussi l’Italie (dans le capital de ST Micro), l’Allemagne (EADS) ou le Grand Duché du Luxembourg (ArcelorMittal). Les salariés de plusieurs groupes y détiennent, via les fonds communs de placement de leur entreprise, des participations parfois non négligeables : chez Bouygues (23%), Safran (15%), Vinci (10%), Essilor (8%), ou Vallourec (7%) [1] Y apparaissent aussi quelques « humanitaires », comme le fonds britannique « Children’s Investment Fund Management » (Fonds d’investissement pour les enfants) qui possède une petite participation dans le groupe Safran, spécialiste en matière de défense et de drones. Et des multinationales elles-mêmes actionnaires d’autres multinationales. Tous sont unis vers un même objectif : percevoir des dividendes.

Si l’État est loin d’être le dernier à profiter du « coût du capital », plusieurs grosses entités bénéficient pleinement de ce généreux régime de redistribution. Le Groupe Bruxelles Lambert est ainsi présent en force : au sein de Lafarge (20,9%), de Pernod-Ricard (7,5%), de Suez environnement (7,2%), de GDF Suez (5,1%) et de Total (4%). Il s’agit d’une holding détenue par le milliardaire belge Albert Frère et la famille du milliardaire canadien Paul Desmarais, décédé en octobre. Tous deux étaient proches de l’ancien président Nicolas Sarkozy.

Du CAC 40 aux sociétés coopératives

Le groupe Arnault, qui gère les intérêts de la première fortune de France, possède 46,2% de LVMH, qui a reversé 1,4 milliard d’euros de dividendes à ses actionnaires, et 15,6% de Carrefour (en alliance avec Colony Capital, très présent dans Accor). La société Wendel, dans laquelle officie l’ancien président du Medef Ernest-Antoine Seillières, possède 19,4% du groupe industriel Legrand et 17,4% de Saint-Gobain. Cette dernière est l’une des sociétés du CAC 40 les plus généreuses avec ses actionnaires. Ils se sont vu accordés des dividendes équivalent à 91% des bénéfices, soit 700 millions d’euros. Famille Bouygues ou Bettencourt, Financière Pinault... La liste des autres gros propriétaires de capitaux est loin d’être exhaustive.

Dans un monde parallèle au capitalisme financier, une autre répartition des richesses est à l’œuvre. Tout n’est pas parfait au sein des 2 000 sociétés coopératives et participatives (Scop) qui existent en France. Mais un autre partage de la valeur créée y est pratiquée entre détenteurs du capital et les 43 800 salariés qui y travaillent. « En 2011, 43,2 % des excédents nets ont été distribués aux salariés sous forme de participation, 44,1 % ont été mises en réserve et 12,7 % ont rémunéré le capital investi dans les entreprises », explique la Confédération générale des Scop. L’État actionnaire pourrait, au moins, s’en inspirer.

Ivan du Roy

Tableau : Mathieu Lapprand via Datatables

Photo : via NYSE Euronext

Voir aussi notre enquête : Ecarts de rémunérations entre salariés et PDG : quelles sont les entreprises françaises les plus inégalitaires ?


Méthodologie du tableau

Pour élaborer ce classement, l’Observatoire des multinationales et Basta ! ont étudié les documents de référence 2012, remis à l’Autorité des marchés financiers, de 47 grandes entreprises cotées. Nous avons comparé le montant des dividendes versés au résultat net, équivalent au bénéfice après impôt, de chaque entreprise. Cela permet de donner une idée des choix des dirigeant d’entreprise : favoriser la rentabilité financière à court terme ou consacrer davantage de bénéfices à de nouveaux investissements futurs.

Nous avons ensuite rapporté ces dividendes à l’effectif salarié du groupe dans le monde pour donner une idée des dividendes généré par chaque employé. Et pour que celui-ci constate, au vu de son salaire, la part de la richesse créée qui part rémunérer le capital. Exemple ? Un ouvrier de Renault au Smic générera presque l’équivalent de deux mois de son salaire en profits pour les actionnaires.

Précisons que les grands groupes non cotés en bourse ( comme Auchan) n’ont pas l’obligation de publier leur document de référence. Ils n’apparaissent donc pas dans ce panel.

Notes

[1Des fonds communs de placement existent dans plusieurs autres grandes entreprises mais ils dépassent rarement les 5% du capital.

 

Source :
Bastamag !

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