28 avril 2020 2 28 /04 /avril /2020 22:23

 

Appel au boycott de l’application Stop-COVID19

Écran Total, 27 avril 2020

Ne nous y trompons pas, la distance sociale a commencé il y a des années.

Ne nous y trompons pas, la distance sociale a commencé il y a des années.

La crise sanitaire a des chances importantes de précipiter l’avènement d’un nouveau régime social

Du point de vue sanitaire, l’épidémie de COVID-19 mettra du temps à livrer tous ses mystères. Le brouillard qui entoure l’origine de la maladie, sa diffusion et sa létalité ne pourra se dissiper que lorsqu’elle cessera de frapper dans autant de pays à la fois. A ce jour, personne n’a l’air de savoir quand une telle accalmie se produira. D’ici là, pour continuer de vivre, nous ne devons ni sous-estimer, ni surestimer cette épidémie en tant que telle.

Par contre, ce que nous sentons très clairement, c’est que la crise sanitaire a des chances importantes de précipiter l’avènement d’un nouveau régime social : un régime basé sur une peur et une séparation accrues, encore plus inégalitaire et étouffant pour la liberté. Si nous prenons la peine de lancer cet appel, c’est que nous pensons que cela n’est pas joué d’avance et que des possibilités vont se présenter, pour les populations, de l’empêcher. Mais alors que nous, simples citoyens, ressentons violemment la fragilité de nos existences face à la menace du virus et d’un confinement long, l’ordre politique et économique en vigueur semble, lui, à la fois ébranlé et renforcé par la secousse en cours. Il paraît en même temps fragile, et très solide sur ses bases les plus « modernes », c’est-à-dire les plus destructrices socialement.

Bien sûr, il n’a pas échappé à grand-monde que la situation présente a permis aux gouvernements de nombreux pays de tétaniser, pour un temps indéterminé, les contestations parfois extrêmement vives dont ils faisaient l’objet depuis plusieurs mois. Mais ce qui est tout aussi frappant, c’est que les mesures de distanciation interpersonnelle et la peur du contact avec l’autre générées par l’épidémie entrent puissamment en résonance avec des tendances lourdes de la société contemporaine. La possibilité que nous soyons en train de basculer vers un nouveau régime social, sans contact humain, ou avec le moins de contacts possibles et régulés par la bureaucratie, est notamment décelable dans deux évolutions précipitées par la crise sanitaire : l’aggravation effrayante de l’emprise des Technologies de l’information et de la communication (TIC) sur nos vies ; et son corollaire, les projets de traçage électronique des populations au nom de la nécessité de limiter la contagion du COVID-19.

« Restez chez vous »… sur Internet « du lit à l’ordi »

Dès les premiers jours du confinement, il était clair qu’une des conséquences sociales immédiates de la pandémie, en Espagne et en France, serait la radicalisation de notre dépendance à l’informatique. Au train où allaient les choses, il semblait pourtant difficile d’accélérer ! Mais avec l’enfermement au domicile, pour beaucoup, les écrans deviennent un mode quasi-exclusif d’accès au monde ; le commerce en ligne explose, et même l’organisation de réseaux d’approvisionnements locaux en légumes et produits frais passe souvent par des sites Internet ; la consommation de jeux vidéo s’envole ; le nombre de consultations de « télémédecine » montent en flèche (alors qu’elles n’apportent rien de plus en général qu’une conversation téléphonique) ; la « continuité pédagogique » se fait aussi par ordinateur, au mépris de toutes les recommandations médicales de limiter l’exposition des enfants aux écrans ; et des millions de personnes se retrouvent à travailler chez elles – non plus « métro-boulot-dodo », mais directement « du lit à l’ordi ».

Les grands médias ne voient en général rien d’inquiétant à cette réduction de toutes les activités humaines à une seule. Au contraire, ils applaudissent d’autant plus les initiatives de solidarité qu’elles passent par un site, une plateforme, un groupe sur messagerie… Ils encouragent tout un chacun à se résigner au fait de prendre l’apéritif seuls-ensemble [1], « par » Skype, et trouvent même des croyants ravis de communier pour Pâques par écrans interposés.

A cette campagne incessante de promotion de la vie numérique ne répond aucune alarme dans le débat d’idées : l’informatisation totale ne semble un problème pour personne. Des journalistes, des économistes, des hommes d’État, des deux côtés des Pyrénées, nous serinent qu’il faudra à l’avenir ne pas rester si dépendants de l’industrie chinoise pour les médicaments, le textile, etc. ; mais leur souci d’indépendance nationale les amène rarement à se préoccuper du fait que le secteur du numérique tout entier repose sur les mines et les usines asiatiques, souvent de véritables bagnes industriels qu’il est très difficile d’imaginer « relocaliser ». D’autres voix s’élèvent, qui ne s’en tiennent pas à la critique de la mondialisation des échanges, et réclament un changement profond de « notre modèle de développement ». Mais elles éludent la place centrale du numérique dans ce modèle, et ne signalent pas que rien ne pourra changer en matière de précarisation sociale et d’écologie si nous continuons de tout faire par Internet.

Les start-up nations : un monde profondément déshumanisé et kafkaïen.

Le président Macron, quant à lui, se permet de faire des allusions répétées au programme du Conseil national de la Résistance et à son esprit de compromis social ; mais dans les faits, le projet de conversion de la France en start-up nation n’est nullement en pause, au contraire il connaît un grand bond en avant. Cette nouvelle ère de travail sans contact permet de compléter l’offensive contre les salariés entamée bien avant le coronavirus : suppression massive de postes au profit d’applications, de plateformes et de robots ; réduction du travail relationnel au profit de réponses automatisées pilotées par algorithmes ; perte de sens du travail supplanté par d’absurdes routines bureautiques ; exploitation accrue, et affaiblissement des capacités de résistance des salariés, de plus en plus isolés les uns des autres.

Le confinement est ainsi une aubaine pour s’approcher de l’objectif de remplacement de tous les services publics par des portails en ligne, fixé par le plan Action publique 2022. Comme on le voit avec la suppression des guichets SNCF, cette numérisation accélère la privatisation des services publics, par le transfert de leur travail à des plateformes commerciales aux pratiques opaques, fondées sur le profilage massif des individus. Elle évince violemment l’ensemble des usagers peu ou pas connectés – un cinquième de la population, parmi lesquels les personnes âgées, les plus vulnérables économiquement et les récalcitrants. Elle oblige désormais des catégories en voie de paupérisation massive à s’acheter parfois autant d’équipements informatiques « de base » (PC, smartphone, imprimante, scanner…) que le foyer compte de membres Elle nous fait basculer dans un monde profondément déshumanisé et kafkaïen.

« La numérisation de tout ce qui peut l’être est le moyen pour le capitalisme du XXIe siècle d’obtenir de nouvelles baisses de coût […] Cette crise sanitaire apparaîtra peut-être rétrospectivement comme un moment d’accélération de cette virtualisation du monde. Comme le point d’inflexion du passage du capitalisme industriel au capitalisme numérique, et de son corollaire, l’effondrement des promesses humanistes de la société [de services]. » [2]

La stratégie du choc numérique

Cette analyse de bon sens n’est pas le fait d’un contempteur du néolibéralisme, en colère contre les choix politiques faits depuis quarante ans sous la pression des milieux d’affaires. Elle est d’un économiste de centre-gauche, participant au Conseil de surveillance du journal Le Monde. Elle suffit pour comprendre que si « stratégie du choc » [3] il y a, dans le contexte actuel, elle se trouve en bonne partie sous nos yeux, dans ce surcroît de numérisation de la vie domestique et économique.

Il nous semble juste de parler de stratégie du choc numérique, au sens où la crise sanitaire crée l’occasion de renforcer la dépendance aux outils informatiques, et de déployer des projets économiques et politiques pré-existants : enseignement à distance, recours massif au télétravail, « e-santé », Internet des objets et robotisation, élimination de l’argent liquide au profit de la monnaie électronique, promotion de la 5G, smart city… On peut aussi faire figurer dans ce tableau les projets de suivi des individus par leur smartphone, au-delà de ce qui se pratiquait déjà en matière de surveillance policière, de marketing, ou de rencontres amoureuses par applications dédiées. Ainsi le risque n’est-il pas seulement que les choses restent « comme avant », mais qu’elles empirent nettement.

Harmonie à la Chinoise (19ème congrès du PCC)

Harmonie à la Chinoise (19ème congrès du PCC)

Quand la Chine s’éveille en nous ?

Il est à peu près acquis que plusieurs gouvernements européens vont mettre en place de nouveaux dispositifs de surveillance par smartphone, en contrepartie de la sortie, ou du relâchement, du confinement. Alors qu’à la peur de tomber malade s’ajoute la lassitude et l’impossibilité économique de rester confinés pendant des mois, c’est un véritable chantage auquel les populations sont soumises.

Prenons la mesure de l’imposture : dans un contexte de pénurie grave des moyens ordinaires pour lutter contre la contagion (trop peu de masques et de blouses à l’hôpital, manque de soignants et de lits à l’hôpital et en dehors, peu de tests), on nous propose à la place un gadget de science-fiction, les applications de détection électronique de la transmission du coronavirus. Aucune annonce claire n’est faite dans le sens d’un soutien financier massif et structurel aux hôpitaux publics pour faire face à une crise qui va durer ; par contre, on s’apprête à franchir un nouveau cap dans la traçabilité systématique des déplacements et des relations sociales – au moins, dans un premier temps, pour ceux qui l’acceptent. Les résultats sanitaires sont plus qu’incertains ; les conséquences politiques, elles, ne font pas de doute.

Car le fait de se savoir tracé en permanence est source de conformisme et de soumission aux autorités, même quand on ne vit pas sous une dictature [4]. Les éléments de langage gouvernementaux assurent que les informations données par les applications de traçage des personnes porteuses du COVID-19 seront anonymisées puis détruites, mais il suffit de lire les mémoires d’Edward Snowden à propos de la surveillance électronique pour voir que ce genre de garantie ne tient pas [5]. Qui plus est, un coup d’œil à l’histoire récente des technologies montre qu’il n’y a pratiquement jamais de retour en arrière avec les dispositifs liberticides introduits en temps de crise : si elles sont mises en œuvre à grande échelle sous l’égide de l’État, les applications de traçage resteront, et il sera difficile d’en empêcher l’extension à toute la population. Pensons au fichage ADN, introduit à la fin des années 1990 suite à une série de meurtres à caractère sexuel et dont les ministres de l’époque juraient qu’il resterait toujours limité aux grands criminels – de nos jours, il est devenu quasi-automatique, quand on est arrêté pour être resté un peu tard en manifestation. Pensons aussi, tout simplement, que nous n’avons aucune idée de la durée de l’épisode épidémique où nous sommes entrés début mars – six mois ? trois ans ? bien plus ?

En tous cas, cet épisode est marqué par l’idée que l’efficacité, en matière de lutte contre les coronavirus, serait à chercher du côté de l’Asie en général et de la Chine en particulier. En France, médias et politiques portent plutôt leur regard vers la Corée du Sud, Taïwan ou Singapour, dont l’hyper-modernité technologique n’est pas associée (à tort ou à raison) au despotisme politique. En Espagne, par contre, le début de la crise sanitaire a vu la presse dominante se demander ouvertement si la « démocratie » n’est pas un fardeau qui condamne à l’inefficacité, tandis que de vieux politiciens « libéraux » faisaient part de leur admiration pour l’autoritarisme chinois high tech : géolocalisation des téléphones mobiles, systèmes de notation sociale [social ranking] alimentée par les données recueillies en permanence sur les citoyens avec Internet, reconnaissance faciale, usage de drones pour surveiller et sanctionner la population. C’est un des éléments du tournant que nous vivons peut-être : nous avons été habitués depuis des décennies à lire notre avenir dans les évolutions de la société nord-américaine, et tout à coup, c’est la Chine post-maoïste qui semble devenir notre horizon – elle qui fait un usage véritablement décomplexé des innovations de la Silicon Valley.

La surenchère technologique ne peut que nourrir les effondrements écologiques et sanitaires

Pour l’heure, le recours par les autorités politiques européennes aux applications de traçage des smartphones pour traquer le COVID-19 relève d’une forme de bluff [6]. C’est une mesure d’accompagnement psychologique, pour donner l’impression qu’elles agissent, qu’elles peuvent quelque chose, qu’elles ont des idées pour maîtriser la situation. Alors qu’il est manifeste qu’elles ne maîtrisent rien, en tous cas dans des pays comme les nôtres ou comme l’Italie. Par contre, dans toute l’Europe, elles emboîtent le pas aux milieux d’affaire qui réclament la reprise du travail et la relance de l’économie ; il est donc d’autant plus urgent de sortir des « applis » magiques de leurs chapeaux, puisqu’elles n’ont visiblement rien d’autre à leur disposition pour protéger les populations.

Des dispositifs comme la géolocalisation électronique servent en fait à assurer le maintien d’une organisation sociale pathologique, tout en prétendant limiter l’impact de l’épidémie que nous connaissons aujourd’hui. Le traçage du coronavirus vise à sauver (momentanément) un type de monde où l’on se déplace beaucoup trop, pour notre santé et celle de la Terre ; où l’on travaille de plus en plus loin de chez soi, en côtoyant au passage des milliers de gens qu’on ne connaît pas ; où l’on consomme les produits d’un commerce mondial dont l’échelle exclut toute régulation morale. Ce que les promoteurs de la géolocalisation cherchent à préserver, ce n’est donc pas d’abord notre santé, ni notre « système de santé » : c’est la société de masse. C’est même une société de masse renforcée, au sens où les individus qui la composent seront encore plus esseulés et renfermés sur eux-mêmes, par la peur et par la technologie.

Alors que la pandémie actuelle devrait nous inciter à transformer radicalement une société où l’urbanisation galopante, la pollution de l’air et la surmobilité peuvent avoir des conséquences aussi incontrôlables, le déconfinement géré par big data menace de nous y enfoncer un peu plus. L’émergence du COVID-19, comme celle des autres grands virus depuis l’an 2000, est reliée par de nombreux chercheurs à la déforestation qui oblige beaucoup d’espèces animales à se retrouver en contact imprévu avec les humains. D’autres mettent en cause les élevages intensifs concentrationnaires, arrosés d’antibiotiques mutagènes. Dire que la réponse au COVID-19 doit être technologique (comme Stéphane Richard, le PDG d’Orange dans Le Monde du 1er avril), c’est poursuivre la fuite en avant dans une logique de puissance et de maîtrise illusoire de la nature, dont la crise écologique nous montre chaque jour l’échec. L’impact de l’industrie numérique sur les écosystèmes est déjà intenable. Elle a créé une ruée sur les métaux qui dévaste les zones les plus préservées de la planète. Elle s’appuie sur une industrie chimique particulièrement polluante et engendre des montagnes de déchets. Du fait de la multiplication des data center et de l’augmentation permanente du trafic Internet, elle fait carburer les centrales électriques et émet autant de gaz à effet de serre que le trafic aérien [7].

Qui plus est, le mode de vie connecté est globalement nocif pour notre santé. Addictions, difficultés relationnelles et d’apprentissage chez les plus jeunes, mais aussi électro-hypersensibilité : l’Agence de sécurité sanitaire (Anses) estime ainsi à 3,3 millions le nombre de Français qui disent en souffrir (soit 5 % de la population), et affirme la nécessité d’importantes recherches pour comprendre comment ces souffrances se déclenchent et s’amplifient [8]. Ajoutons à cela les doutes qui entourent le caractère cancérogène des ondes électromagnétiques artificielles, considéré comme possible par l’OMS. Les liens établis entre tumeurs au cœur (chez des rats) et ondes 2G/3G par le National Toxicology Programm américain en 2018 [9] ne font pas l’objet d’un consensus scientifique, mais le doute est toujours à décharge pour les industriels de la téléphonie mobile : il sert de justification à la fuite en avant, jamais au principe de précaution.

D’ailleurs, au premier rang de la stratégie du choc menée par le gouvernement français figure l’installation simplifiée des antennes-relais, contestées par tant de riverains et d’associations, notamment pour motifs de santé. La loi d’urgence du 25 mars 2020 permet leur déploiement sans l’accord de l’Agence nationale des fréquences. Dans le même temps, l’explosion du trafic Internet lié au confinement justifie la poursuite du déploiement du réseau 5G – c’est en Italie que les choses s’accélèrent le plus [10]. Alors que des scientifiques et des citoyens du monde entier s’y opposent depuis plusieurs années, la presse rabat les inquiétudes qui s’expriment à ce sujet, en différents endroits du monde, sur des thèses improbables reliant la propagation du COVID-19 aux ondes 5G. Les Gafam vont jusqu’à envisager ces derniers jours de supprimer de nombreuses publications en ligne qui alarment sur les effets de cette nouvelle étape dans l’intensification des champs électromagnétiques artificiels. Or, ces alarmes sont souvent parfaitement légitimes : d’une part parce que déployer, sans en connaître les effets, une source de pollution électromagnétique au moins deux fois supérieure à celle de tous les réseaux déjà existants est une aberration du point de vue du principe de précaution ; d’autre part parce que le danger le plus avéré du réseau 5G est qu’il doit servir d’infrastructure à la prolifération des objets connectés, des voitures automatiques et, globalement, d’une société hyperconsumériste dont les effets sociaux et écologiques sont intenables.

Arrêter l’escalade

Bref, les technocrates du monde entier prétendent nous préserver du coronavirus aujourd’hui, en accélérant un système de production qui compromet déjà notre survie demain matin. C’est absurde, en plus d’être voué à l’échec.

Nous n’avons pas besoin de technologies qui nous déresponsabilisent, en disant et décidant à notre place où nous pouvons aller. Ce dont nous avons besoin, c’est d’exercer notre responsabilité personnelle, pour pallier les défaillances et le cynisme des dirigeants. Nous avons besoin de construire par le bas, avec l’aide des soignants, des règles de prudence collective raisonnables et tenables sur la longue durée. Et pour que les inévitables contraintes fassent sens, nous n’avons pas seulement besoin de savoir en temps réel quelle est la situation dans les services d’urgence. Nous avons besoin d’une réflexion collective et conséquente sur notre santé, sur les moyens de nous protéger des multiples pathologies que génère notre mode de vie : les futurs virus, autant que leurs divers facteurs de « co-morbidité », tels que l’asthme, l’obésité, les maladies cardiovasculaires, le diabète et bien sûr le cancer [11].

Cette crise met une fois de plus en évidence le problème de la dépendance des peuples envers un système d’approvisionnement industriel qui saccage le monde et affaiblit notre capacité à nous opposer concrètement aux injustices sociales. Nous percevons que seule une prise en charge collective de nos besoins matériels, à la base de la société, pourrait permettre, dans les troubles à venir, de trouver à manger, de se soigner, d’accéder aux services de base. Il faut comprendre que l’informatisation va à l’encontre de ces nécessaires prises d’autonomie : le système numérique est devenu la clé de voûte de la grande industrie, des bureaucraties étatiques, de tous les processus d’administration de nos vies qui obéissent aux lois du profit et du pouvoir.

Il se dit régulièrement qu’à un moment donné de cette crise, il faudra demander des comptes aux dirigeants. Et comme à l’accoutumée, les réclamations en matière de dotations budgétaires, d’abus patronaux et financiers, de redistribution économique, ne manqueront pas. Mais à côté de ces indispensables revendications, d’autres mesures sont à prendre nous-mêmes ou à arracher aux décideurs, si nous voulons préserver notre liberté – c’est-à-dire si nous voulons préserver la possibilité de combattre les logiques de concurrence et de rentabilité, de construire un monde où la peur de l’autre et l’atomisation de la population ne dominent pas pour longtemps.

  1. Ces jours-ci, il semble que de nombreuses personnes laissent leur smartphone chez elles, quand elles quittent leur domicile. Nous appelons à la généralisation de ce genre de geste et au boycott des applications privées ou publiques de traçage électronique. Au-delà, nous invitons chacun et chacune à réfléchir sérieusement à la possibilité d’abandonner son téléphone intelligent, et de réduire massivement son usage des technologies de pointe. Revenons enfin à la réalité.

  2. Nous appelons les populations à se renseigner sur les conséquences économiques, écologiques et sanitaires du déploiement planifié du réseau dit 5G, et à s’y opposer activement. Plus largement, nous invitons chacun et chacune à se renseigner sur les antennes de téléphonie mobile qui existent déjà près de chez soi, et à s’opposer aux installations de nouvelles antennes-relais.

  3. Nous appelons à une prise de conscience du problème de la numérisation en cours de tous les services publics. Un des enjeux de la période d’après-confinement (ou des périodes entre deux confinements ?) sera d’obtenir que des guichets physiques soient encore ou à nouveau disponibles pour les habitants des villes et des campagnes, dans les gares, à la Sécurité sociale, dans les préfectures et autres administrations. Des batailles mériteraient d’être engagées pour la défense du service postal (essentiel par exemple à la circulation d’idées sans numérique) et le maintien d’un service de téléphone fixe, bon marché et indépendant des abonnements à Internet.

  4. Une autre bataille essentielle pour l’avenir de la société est le rejet de l’école numérique. La période critique que nous vivons est mise à profit pour normaliser l’enseignement à distance par Internet, et seule une réaction d’envergure des enseignants et des parents pourra l’empêcher. Malgré toutes les critiques qu’on peut faire de divers points de vue à l’institution scolaire, la période actuelle devrait illustrer aux yeux d’un grand nombre qu’il y a du sens à apprendre à plusieurs et qu’il est précieux pour les enfants d’être au contact d’enseignants en chair et en os.

  5. L’économie n’est pas et n’a jamais été à l’arrêt ; les conflits sociaux ne doivent donc pas l’être non plus. Nous soutenons toutes celles et ceux qui se sentent mis en danger, du point de vue de la santé, à leur poste de travail habituel ou dans leurs déplacements. Mais nous attirons aussi l’attention sur les abus et les souffrances dans le cadre du télétravail, à domicile. Certains d’entre nous dénoncent l’informatisation du travail depuis des années ; il est clair que l’extension du télétravail contraint est un processus à endiguer par de nouvelles formes de luttes, de boycott, de retrait.

  6. Du point de vue économique, les mois à venir s’annoncent terribles. Un appauvrissement très important des populations est possible, au même titre que des effondrements bancaires et monétaires. Face à ces périls, il nous faut penser à comment manger et comment cultiver des terres ; comment s’inscrire dans des réseaux d’approvisionnement de proximité, et comment étendre ces possibilités au plus grand nombre ; comment soutenir les agriculteurs qui produisent de la nourriture saine près de chez nous et comment aider d’autres à s’installer. Ce que nous avons dit plus haut explique pourquoi nous pensons que le recours à la technologie de pointe pour faire tout cela n’est pas une solution humaine et pérenne.

  7. Enfin, il va nous falloir défendre les moyens de nous rencontrer physiquement, inventer ou retrouver des lieux de discussion publique dans ce contexte difficile où vont se jouer des batailles décisives. Bien sûr, il faudra prévoir des modalités qui prennent en compte les risques de contagion. Mais la vie connectée ne peut durablement se substituer à la vie vécue, et les succédanés de débats par Internet ne remplaceront jamais la présence en chair et en os, le dialogue de vive voix. Chacune et chacun doit réfléchir dès maintenant à la manière dont il est possible de défendre ce droit à la rencontre (réunions d’habitants, assemblées populaires, manifestations), sans lequel aucun droit politique n’est possible, et sans lequel aucun rapport de force, pour quelque lutte que ce soit, ne peut jamais se constituer.

Confinés à distance les uns des autres, nous avons élaboré cet appel par Internet et nous nous appuyons sur des revues et journaux en ligne, en France et en Espagne (traduction en cours), pour le faire connaître. Nous le faisons toutefois aussi imprimer, pour le faire circuler dès ces jours-ci, de toutes les façons qui nous sembleront adaptées à la situation. Vous pouvez demander le texte aux éditions La Lenteur, 13 rue du Repos, 75020 Paris (adresse de circonstance) : contribution libre, en chèque à l’ordre des éditions ou tout simplement en timbres postaux.

Texte initié parle collectif Ecran total (résister à la gestion et l’informatisation de nos vies) et le groupe de travail «digitalizacion, TIC y 5G » de l’organisation Ecologistas en accion. 

 

Contacts en France :
Écran total, Boîte postale 8 ;
3 et 5 rue Robert Judet,
23 260 Crocq ;
ou <ecrantotal[-at-]riseup.net>

 

Publié sur le site de Terrestres, revue des livres, des idées et des écologies le 27 avril 2020.

 


[1] Référence à l’ouvrage de Sherry Turkle, Seuls ensemble. De plus en plus technologie, de moins en moins de relations humaines, traduction française éd. L’Echappée, 2015.

[2] Extrait de l’interview de Daniel Cohen, “La crise du coronavirus signale l’accélération d’un nouveau capitalisme : le capitalisme numérique”, Le Monde, 3 avril 2020. Cette citation n’implique évidemment pas un accord profond avec les catégories employées par Cohen : en réalité, le numérique approfondit le caractère industriel du capitalisme, et la société post-industrielle dont il parle n’existe pas.

[3] Référence à la formule et à l’ouvrage de Naomi Klein, La Stratégie du choc : la montée d’un capitalisme du désastre, traduction française éd. Actes Sud, 2008. Ce livre partait de l’exemple des opportunités ouvertes aux milieux d’affaires américains par l’ouragan Katrina en Louisiane, en 2005.

[4] Voir à ce sujet le chapitre 2 de l’ouvrage du Groupe MARCUSE, La Liberté dans le coma. Essai sur l’identification électronique et les motifs de s’y opposer, Vaour, La Lenteur, 2019, notamment les pages 121 à 131.

[5] Edward Snowden, Mémoires vives, Paris, Seuil, 2019. Pour être précis, Snowden insiste sur l’impossibilité de faire disparaître définitivement des données enregistrées. Quant à l’impossibilité de les anonymiser, on peut se référer aux analyses de Luc Rocher, “Données anonymes, bien trop faciles à identifier”, 17 septembre 2019, sur le site The Conversation <www.theconversation.com>.

[6] Voir l’analyse à ce propos de l’association La Quadrature du Net, publiée sur leur site le 14 avril, qui souligne entre autres le manque de fiabilité de la technologie Bluetooth, son manque de précision pour indiquer des contacts avec des personnes testées « positives » notamment dans les zones densément peuplées, et la difficulté à l’utiliser/l’activer pour beaucoup de gens.

[7] Voir entre autres la synthèse de Cécile Diguet et Fanny Lopez dans le cadre de l’Ademe, L’impact spatial et énergétique des data centers sur les territoires, en ligne sur <www.ademe.fr>.

[8] Voir l’article de Pierre Le Hir, “Electrosensibles : des symptômes réels qui restent inexpliqués”, Le Monde, 27 mars 2018.

[9] Sur le site de l’association Priartem.

[10] En Espagne, au contraire, une pause a été décrétée.

[11] Rappelons simplement que selon une étude publiée dans le journal scientifique The Lancet en 2017, la pollution de l’eau, de l’air et des sols tue 9 millions de personnes chaque année ; voir Le Monde, 20 octobre 2017.

Source : Et vous n’avez encore rien vu

 

Digifascination

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1 juillet 2019 1 01 /07 /juillet /2019 08:47

 

 

Aujourd’hui le Mexique joue un rôle important dans l’évolution de l’Amérique Centrale, alors que le président Andres Manuel Lopez Obrador, AMLO et le mouvement MORENA, Mouvement de Régénération Nationale se sont attelés simultanément redressement du pays et à celui de la région.

Le président des États Unis du Mexique Andres Manuel Lopez Obrador

Le président des États Unis du Mexique Andres Manuel Lopez Obrador

 

 

 

 

Mais qu’est-ce que MORENA ?

 

Morena est un parti qui a moins de 10 ans d’existence et se définit comme « parti et mouvement social de gauche nationaliste ». Le mouvement, lancé en 2010 a été reconnu comme parti officiellement le 28 juillet 2014. Il réunit tous groupes ou personnes qui désirent s’impliquer dans la vie sociale et politique du pays, couvrant un large spectre politique, la condition d’adhésion est le respect des principes énoncés dans sa déclaration.

Très vite le mouvement/parti a pris une grande ampleur et il domine actuellement la vie politique du pays. Pour la première fois depuis 24 un président dispose d’une majorité à la Chambre des Députés comme au Sénat et le président qui a été élu avec 53 % des voix, jouissait après 6 mois d’exercice du gouvernement d’un taux d’approbation supérieur à 60 %.

Pourtant la situation dont a hérité AMLO est catastrophique, vous trouverez ici un bref bilan de l’état dans lequel 30 ans de néolibéralisme brutal et corrompu ont laissé le pays.

 

 

Déclaration de Principes de MORENA

 

 

Il n’y a rien de plus noble et de plus beau que de se préoccuper des autres et de faire quelque chose pour eux, aussi peu que ce soit. Le bonheur peut aussi s’atteindre en agissant pour le bénéfice d’autrui, voisins, compagnons d’étude ou de travail, quand une action est menée pour le quartier, la collectivité, le peuple où le pays. Ces actions nous définissent comme genre humain, formant une communauté, construisant une citoyenneté et faisant de ce monde un endroit un peu meilleur.

 

Dans le Mexique actuel, la vie politique et institutionnelle est marquée par la corruption, les faux-semblants et l’autoritarisme. Malgré cela, des millions de mexicains travaillent chaque jour honnêtement et durement, pratiquant la solidarité et s’organisant pour en finir avec ce régime caduque.

C’est sous ces prémisses qu’est né en 2010 le Mouvement de Régénération National (MORENA) qui vise la transformation démocratique du pays. Un changement politique, économique, social, culturel. Ceci pourra se réaliser en en imprimant des principes éthiques dans notre mouvement et en défendant les droits humains, la liberté, la justice et la dignité de tous.

Le modèle néo-libéral appliqué au cours des 30 dernières années, n’a bénéficié qu’à une minorité au prix de la pauvreté de la majorité des mexicains. L’économie est aux mains de monopoles, la structure productive a été détruite, il y a des millions de jeunes qui n’ont aucune opportunité d’étude ou de travail, la campagne est à l’abandon et chaque jour des milliers de migrants traversent la frontière nord, malgré les risques et la persécution.

 

Ce régime de corruption, d’oppression et de privilège est un véritable état maffieux construit par la minorité qui concentre les pouvoirs économiques et politique du Mexique. Ce groupe dispose des budgets publiques et des institutions et utilise la télévision et les moyens de communication comme son principal outil de contrôle et de manipulation des citoyens.

 

Le Mouvement de Régénération National a surgit avec l’objectif d’en finir avec ce système ignominieux, et la conviction que seul le peuple peut sauver le peuple et que seul le peuple organisé peut sauver la nation. Cela sera possible avec la participation politique déterminée des citoyens, en la dotant d’une éthique démocratique et de la vocation de servir autrui. Démontrant ainsi qu’il y a plus de joie à donner qu’a recevoir.

 

Nous Membres de MORENA, nous régirons notre conduite personnelle et collective appliquant les principes éthiques suivants et les valeurs humaines défendues par notre organisation :

 

1.Le véritable changement du pays commence par changer la manière traditionnelle d’intervenir dans les affaires publiques. La politique n’est pas seulement une affaire de politiciens. Le Mouvement conçoit la politique comme une vocation de service, comme un travail en faveur de la collectivité, comme une manière de servir le Mexique. C’est une responsabilité et un engagement avec les aspirations démocratiques et les causes du peuple mexicain. Nous cherchons à récupérer la politique, aujourd’hui avilie, comme un instrument de transformation des citoyens, participant aux affaires publiques.

 

2.Le changement que propose MORENA est pacifique et démocratique. Il cherche la transformation par la voie électorale et sociale, ce qui suppose le respect de la liberté d’élection, d’expression, d’association et de manifestation des mexicains, de la Constitution Politique et des lois qui en émanent ; et un élément déterminant est la participation démocratique du peuple lui-même aux affaires publiques.

 

Nous ne sommes pas mus par la haine, mais bien par l’amour du prochain et de la patrie.

 

3.Dans MORENA, il n’y a pas de pensée unique mais bien des principes démocratiques orienté vers un objectif commun. Nous aspirons et nous travaillons pour que le Mexique se consolide comme une nation de diversité et pluriculturelle fondée dans la liberté de croyances et de cultes, dans l’équité des opportunités pour tous les mexicains, réduisant les inégalités entre ceux qui détiennent le plus et ceux qui possèdent le moins ; et pour en finir avec toute forme d’exploitation et d’oppression.

 

Nous promouvrons une authentique démocratie participative utilisant des figures comme la consultation citoyenne, l’initiative populaire, le référendum, le plébiscite et la révocation de mandats. Seule l’organisation des citoyens peut construire une société démocratique, déterminer les (affaires) publiques et faire contrepoids aux abus de pouvoir.

 

4.Les membres de MORENA s’inspirent de l’histoire de la lutte du peuple mexicain. Notre pays a vécu trois transformations principales : l’Indépendance, la Réforme et la Révolution. MORENA propose d’impulser la quatrième transformation sociale de l’histoire du Mexique.

 

5.Notre Mouvement est un espace ouvert, plural et incluant auquel participent des mexicains de toutes les classes sociales et de divers courants de pensées, religions et cultures. Dans MORENA participent des femmes et des hommes : des entrepreneurs, des producteurs et des consommateurs ; des étudiants et des professeurs ; des ouvriers, des paysans et des indigènes. Nous sommes convaincus que seul l’unité de tous les mexicains rendra possible la transformation du pays. Nous savons que pour conduire le Mexique de l’avant tous les secteurs de l’économie sont nécessaires : le secteur public, le secteur social et privé. Nous ne sommes pas contre les entrepreneurs, mais bien contre la richesse mal acquise, la corruption, les monopoles et l’exploitation inhumaine.

 

Étant un mouvement démocratique, MORENA promeut le débat ouvert et le respect entre (personnes) différentes. Dans nos relations internes nous nous comportons avec respect et fraternité, dans la joie de l’effort partagé en faveur du bien être collectif et la certitude que l’unité de nos différences la rend possible.

 

Les intégrants du Mouvement ont le droit d’exercer la plénitude de leur liberté et leur droit de dissidence, nous nous efforçons de nous exprimer en public avec respect pour les autres compagnons. Nous pouvons avoir des divergences, mais nous unit l’objectif supérieur de transformer le Mexique en une nation démocratique, juste et libre.

 

6.Notre Mouvement trouve son essence dans la pluralité. MORENA est respectueux de la diversité culturelle, religieuse et politique en son sein.

 

Notre action individuelle et collective est soutenue par des principes d’honnêteté, de patriotisme et de reconnaissance des différences pour forger une nouvelle forme de pratiques publiques, éloignées des vices et de la corruption des pratiques de l’actuel système culturel et économique.

 

Les intégrants du mouvement doivent garder présent à l’esprit dans leur pratique quotidienne, le fait qu’ils sont porteurs d’une nouvelle manière d’agir fondée dans des valeurs démocratiques et humanistes et non en recherche de la satisfaction d’intérêts égoïstes, de faction ou de groupes.

 

7.Les membres du Mouvement se nourrissent des luttes et des mouvements sociaux du Mexique ; des causes autour desquelles s’organisent les citoyens et promeuvent leurs droits d’exercer (de la démocratie).

 

C’est un engagement éthique : les intégrants de MORENA connaissent leurs propres droits et améliorent leur formation culturelle. Les débats publics servent d’instrument pour l’apprentissage collectif concernant les problèmes du pays et leurs possibles alternatives. La bataille des idées, la discussion ouverte et plurielle sont des outils qui aident à créer une conscience citoyenne et à construire entre tous le pays que nous désirons.

 

De même, nous considérons comme indispensable la formation des jeunes comme dirigeants sociaux et politiques dans toutes les régions du pays, pour mener à bien les tâches de transformation du pays.

 

Il faut contrecarrer de manière active toute la propagande manipulatrice et lutter pour faire valoir le droit à l’information véridique. Il est idéal que chaque femme et chaque homme de MORENA se convertissent en moyen de communication pour informer le peuple et obtenir la participation des citoyens. Dans cette tâche la démocratisation des moyen de communication et le développement de nos propres médias est fondamentale.

 

8.MORENA forme partie des luttes du peuple du Mexique, en défense de la souveraineté, du patrimoine collectif, de la dignité, de la justice, de la démocratie et du bien-être du peuple. Nous luttons pour notre indépendance et défendons la souveraineté nationale.

 

Nous sommes solidaires des luttes du peuple mexicain, en particulier avec celles des plus exclus, exploités, humiliés comme les migrants, les discriminés, les indigènes et les victimes de violence et d’injustice.

 

Nous rejetons toute forme d’oppression : la faim, la pauvreté, l’inégalité, l’exclusion sociale et l’exploitation. Nous nous opposons aux violations de droits humains et à la corruption gouvernementale. Nous luttons contre la violence faite aux femmes et contre toute forme de discrimination pour raison de sexe, de race ou d’origine ethnique, religieuse, de condition sociale, économique, politique ou culturelle.

 

MORENA promouvra et luttera pour l’égalité réelle entre hommes et femmes.

 

Nous sommes contre toute forme de domination et autoritarisme et n’importe quel acte qui prétend usurper la libre volonté du peuple mexicain.

 

9 .A MORENA nous travaillons pour générer une nouvelle culture et protéger la nature, préserver les eaux et les forêts, ainsi que toutes les formes de vies et de cultures qui ont rendu possible que le Mexique soit un grand pays doté d’une grande diversité. Nous nous organisons pour défendre le territoire et parvenir à la souveraineté alimentaire ; ainsi que pour protéger le patrimoine historique et culturel.

 

10.MORENA valorisent la connaissance et l’apprentissage par l’expérience, les traditions scientifiques et culturelles propres et d’autres peuples, en particulier ceux d’Amérique Latine et des Caraïbes. Notre mouvement est engagé dans la création et les libertés avec une éducation de qualité dans la liberté et pour la liberté.

L’art et la culture sont des territoires privilégiés pour rénover les espérances en un future meilleur, plus humain, plus égalitaire.

 

Sur le plan international, nous sommes régit par la maxime qui veut que « le respect de droit étranger est la paix » et nous sommes solidaires avec les peuples du monde dans leurs luttes pour la démocratie et l’égalité.

 

MORENO n’acceptera aucun pacte qui le subordonne à des organisations internationales, gouvernements ou des associations religieuses.

 

Le véritable changement consiste en ce que la société devienne capable de se gouverner démocratiquement, ce qui implique une révolution culturelle et morale.

 

Notre principal objectif est de construire une société libre, juste, solidaire, démocratique et fraternelle.

 

 

Traduction des Principes de MORENA : Anne Wolff

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16 décembre 2013 1 16 /12 /décembre /2013 13:56

 

 

Remunicipalisation : ça sonne comme un néologisme français. Ça se passe près de chez nous, et un peu partout sur la planète. Le secteur public reprend la gestion de l’eau des mains du privé.

Véronique Rigot
Mise en ligne le 11 décembre 2013

La nouvelle est tombée à Berlin début septembre, comme elle était tombée avant à Paris, à Grenoble, mais aussi à Hambourg et à Naples. C’est à chaque fois une victoire en soi. A l’échelle d’une commune ou d’une municipalité, d’une ville, d’une région ou même d’un État. Et partout, c’est le même constat : le secteur privé a fait des promesses d’efficience à moindre coût qu’il n’a pas tenues. Les citoyens demandent alors au secteur public de reprendre la gestion.

Le Sud a montré la voie

Depuis plus d’une décennie, un vent de remunicipalisation souffle sur l’Europe, mais pas uniquement. C’est le Sud qui a montré la voie, payant parfois le prix fort. La Bolivie a ainsi connu une véritable guerre de l’eau à Cochabamba en 2000. En 2006, Buenos Aires mettait fin prématurément à son contrat avec Veolia et Suez, à ses dépens puisque l’Argentine risque aujourd’hui de devoir payer une très lourde amende. [1] En Uruguay, c’est par un vote en faveur d’une modification de la Constitution que l’eau a été reconnue comme un droit fondamental en 2004 et sa gestion publique, participative et durable. Au Mexique aussi, comme dans plusieurs villes des États-Unis, la gestion publique de l’eau a gagné du terrain. Les exemples sont nombreux.

Au cœur de la bataille, aujourd’hui, la capitale indonésienne : Jakarta. Après 15 ans de gestion privée de l’eau, le bilan est négatif : le service aux citoyens et l’accès à l’eau n’ont nullement été améliorés. Seulement 62% de la population a accès à l’eau de distribution, mais dans les faits, ils sont probablement moins à bénéficier de cet accès de façon régulière, sans approvisionnement à d’autres sources (robinets et fontaines publiques).

Bien qu’à l’échelle mondiale, l’eau soit à 80% publique, Veolia et Suez n’en sont pas moins présents dans 69 pays sur les 5 continents

Certains quartiers voient leur distribution d’eau régulièrement interrompue et ont parfois la désagréable surprise de voir une eau sale et impropre à la consommation sortir de leur robinet. Outre la piètre qualité du service, le prix constitue une véritable charge financière pour les plus pauvres : il y est en moyenne trois fois plus élevé que dans les autres villes du pays, où l’eau n’est que partiellement ou pas du tout privatisée.

Dans les années ’90, de nombreux pays avaient privatisé l’eau et les services d’assainissement, résultat de fortes pressions des gouvernements néolibéraux et des institutions financières internationales. Face aux difficultés à étendre et améliorer les réseaux de distribution, les prix ont grimpé. Par ailleurs, la gestion parfois peu transparente a encouragé le secteur public à mettre fin à certains contrats privés.

Revirement stratégique

Ce qui est une victoire pour les citoyens n’est qu’un revirement stratégique pour les multinationales qui ont constaté que les profits ne suivaient pas. Bien qu’à l’échelle mondiale, l’eau soit à 80% publique, Veolia et Suez n’en sont pas moins présents dans 69 pays sur les 5 continents, et en progression continue. La vague de remunicipalisation doit donc être soutenue à force de référendums, de manifestations et de pétitions.

Signe d’un changement qu’il faut encore encourager, mais qui arrivera peut-être plus vite qu’on ne le pense : de plus en plus de politiques participent aux forums alternatifs sur l’eau tandis qu’ils boycottent la déclaration - et même l’enceinte, pour certains - du Forum mondial (officiel) de l’eau. Celui-ci se résume trop souvent à une grande foire commerciale vantant les solutions privées. Les « citoyens de l’eau » demandent quant à eux l’organisation d’un forum international sous l’égide des Nations Unies.

Pour en savoir plus sur la vague de remunicipalisations, rendez-vous sur www.remunicipalisation.org

Notes

[1] Suez a attaqué l’Argentine devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), un organe dépendant de la Banque mondiale. L’affaire est toujours en cours, mais les décisions préliminaires sont défavorables à l’Argentine.

P.-S.

Source : article publié dans dlm, Demain le monde, n°22, novembre-décembre 2013.

 

Source : « Remunicipalisation » de l’eau, la privatisation en recul | CNCD-11.11.11

Via Mes coups de coeur

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12 novembre 2013 2 12 /11 /novembre /2013 07:33

 

"Cultiver une déloyauté envers ceux qui nous gouvernent". Entretien avec Isabelle Stengers

 


Nous publions cette interview réalisée par Michail Maiatsky pour le projet « General Intellect », et parue en russe le 11 octobre 2013 sur le site Colta. Isabelle Stengers est philosophe. Elle vient de publier Une autre science est possible ! aux éditions Les empêcheurs de penser en rond/La Découverte.

 

MM : Vous n’hésitez pas à utiliser le mot « barbarie ». C’est une belle métaphore. Jusqu’où va-t-elle ? Les barbares de l’antiquité étaient ceux, venus d’ailleurs, qui étaient étrangers à « nos » mœurs, religions, divinités, langages. Mais les tenants des logiques néo-libérales que vous désignez par ce mot, nous sont-ils vraiment étrangers ? Ne sont-ils pas « nos autres » ?

IS : Je parle de barbarie, non de barbares, et cela en référence à Rosa Luxembourg qui, de sa prison, en 1915, parlait « des millions de prolétaires de tous les pays [qui] tombent au champ de la honte, du fratricide, de l'automutilation, avec aux lèvres leurs chants d'esclaves », et affirmait que notre avenir avait pour horizon une alternative : « socialisme ou barbarie » [le nom repris, dans les années 50, par un groupe de Castoriadis, Lefort ou encore Lyotard]. Près d’un siècle plus tard, nous n’avons pas appris grand-chose à propos du socialisme. En revanche, nous connaissons déjà la triste rengaine qui tiendra lieu de chant sur les lèvres de ceux qui survivront dans un monde de honte, de fratricide et d’automutilation. Ce sera « il faut bien, nous n’avons pas le choix ». Il ne faut pas être « tenant » des logiques néo-libérales pour avoir cette rengaine aux lèvres. Cette logique nous tient, elle nous rend « autres » à nous-mêmes. Elle traduit une impuissance qui est ce que cette logique ne cesse de fabriquer, ce que j’appelle les « alternatives infernales ».  

 

ММ : Parlons justement de ces « alternatives infernales ». Soit la croissance, soit la misère ; soit les acquis sociaux, soit la délocalisation ; soit la discipline financière, soit l’implosion de l’Etat… Il est en effet difficile de récuser ce genre de dilemmes et d’être un « dialecticien » à l’ancienne ou même schizophrène à la Guattari, comme vous le souhaitez. Comment sortir, en effet, de cette logique antinomique ?

IS : Difficile à récuser en effet, puisque c’est un montage dont la vérité est l’impuissance qu’il produit. Mais il importe d’abord de ne pas les respecter, d’écouter ceux qui nous demandent de les respecter comme on pouvait écouter les collaborateurs pendant la guerre. Ne pas se laisser mobiliser, soutenir les déserteurs à cette mobilisation, cultiver une déloyauté déterminée envers ceux qui nous gouvernent et envers leurs raisons et apprendre à tisser des solidarités, des coopérations entre ceux qui résistent, ce n’est évidemment pas « la solution », mais c’est ce qui est possible dès aujourd’hui – c’est aussi une manière de contrer le désespoir et le cynisme, le « chacun pour soi » et le « tous pourris » qui est en train de gagner très dangereusement du terrain.  

 

MM : Vous indiquez, comme marque de l’irresponsabilité des responsables, leur adage « Que feriez-vous à notre place ? ». Il faut, dites-vous, ne pas tomber dans le piège et de se moquer du sérieux des dirigeants. Il ne faut pas se mettre à leur place. Je pousse cette logique un peu plus loin : ne voulez-vous pas prôner la position de l’éternelle opposition qui craint le pouvoir et un combat pour l’accaparer sous prétexte que le lieu même du pouvoir est maudit et qu’il infecte quiconque s’y trouve ?

IS : Non, pas du tout. Il y a certainement chez certains l’idée qu’il ne faut pas « prendre le pouvoir », que ce lieu est maudit. Or le capitalisme version néo-libérale a résolu le problème – les lieux à prendre on ne les trouve plus, ils sont vides. Les responsables ne sont plus responsables de rien, sauf de notre soumission. Avant de discuter de formes nouvelles de pouvoir, il s’agit de se réapproprier la possibilité même d’expérimenter des modes d’insoumission active – et je ne parle pas d’opposition, car l’opposition se fait sur des enjeux déjà identifiés – où on est attendu. Il s’agit d’inventer de nouveaux enjeux et de nouvelles solidarités, une nouvelle pragmatique de luttes qui démoralisent nos responsables – le cas des OGMs est assez intéressant de ce point de vue. Nos responsables ont tout employé pour discréditer ceux qui « décontaminent les champs » mais dans certaines régions européennes, pas toutes, la résistance à ce type d’agriculture s’amplifie et même des scientifiques y prennent part.

 

MM : Vous appelez de vos vœux un processus créatif qui mobiliserait l’intelligence commune et l’activisme de la société. Qui, à votre avis, serait contre cette proposition ?

IS : Tous ceux qui nous demandent de faire confiance et qui détruisent systématiquement les moyens de cette intelligence. Ceux qui disent aux chômeurs que leur devoir est de tout faire pour retrouver un emploi, n’importe lequel. Ceux qui interdisent le commerce des semences non produites par les industries. Ceux qui hurlent « protectionnisme ! » dès que la globalisation est mise en question…. Ceux qui présentent le droit des brevets comme la condition même du progrès. Et la liste est longue – c’est la sainte alliance des Etats qui laissent faire le capitalisme, et du capitalisme qui fait faire aux Etats.

 

MM : Vous aimez les situations où les citoyens contestent l’avis des « experts » (qui souvent desservent simplement les intérêts des multinationales). N’y a-t-il pas danger dans ce nouveau royaume de la doxa que celle-ci triomphe sur l’epistêmê ?

IS : La doxa est la chose au monde la mieux partagée, en particulier parmi les scientifiques dès lors qu’ils mettent un pied en-dehors de leur spécialité. D’autre part, il y a très malheureusement de bonnes raisons de penser que ce que vous appelez « epistêmê » est en voie de disparition même là – car les scientifiques indépendants des intérêts des multinationales sont désormais une minorité dont la disparition est programmée par l’économie de la connaissance. Dans ce contexte, le seul contre-pouvoir ne peut venir que de la création d’alliances de type nouveau, qui impliquent tant des scientifiques que des groupes porteurs d’autre savoirs et d’autres problèmes, comme cela a été le cas avec l’affaire des OGM, des alliances capables de produire et de faire valoir des savoirs mettant en évidence le caractère partial, et même aveugle, des savoirs experts désormais inféodés aux intérêts privés. Et qui, ce faisant, produisent aussi des informations « actives », qui aident les citoyens à se repérer.

 

MM : Comment voyez-vous les rapports entre ces citoyens responsables, ces activistes, et le peuple qui, pour l’essentiel, appuie la voix des « officiels responsables » ou, au moins, se met volontairement à leur place ?

IS : Je ne parle pas de « citoyens responsables » mais de groupes porteurs de raisons de résister. Mais je ne suis pas sûre du tout que « le peuple » soit du côté des responsables. On ne propose pas au peuple, ou « aux gens », d’autre perspective que d’être parmi les « gagnants », et malheur aux vaincus. Et comme les vaincus sont de plus en plus nombreux, comme ceux qui gagnent ont peur d’être vaincus à leur tour, il y a comme un désespoir froid qui gagne. Je pense que la situation est instable, et que le peuple peut très bien basculer du côté du ressentiment haineux si aucune autre manière de faire exister un autre avenir possible n’est perceptible.

 

MM : Avez-vous encore de l’espoir dans la science ? Vous la traitez souvent comme un suppôt, et non comme une force libératrice. Serait-elle aussi à réinventer ?

IS : Je n’ai jamais vu la science comme une force libératrice en elle-même, même si, au 18ème siècle, elle a été prise dans un mouvement d’émancipation par rapport aux autorités traditionnelles. Ce qu’on appelle « la science » ne devrait pas être séparé de ses conditions de production, c’est-à-dire de valeurs qui ne sont évidemment pas de pures valeurs de connaissance. Le 19ème siècle a vu la création d’institutions de recherche en relation de symbiose étroite avec ce que, suivant Marx, on pourrait appeler le « développement des forces productives », et c’est dans le même temps que la « valeur de la science » a été associée à la quête d’une connaissance s’identifiant avec le progrès du genre humain. Aujourd’hui, l’autonomie relative, que traduit la notion de symbiose, fait place à une relation de dépendance directe. Pourtant, je pense que nous avons crucialement besoin de sciences, mais de sciences qui ne soient pas définies selon l’idée d’une rationalité conquérante, devant faire autorité sur l’opinion. Nous avons besoin de sciences – et donc de scientifiques – capables de se situer dans un monde que le développement des forces productives menace directement. Nos sciences peuvent-elles changer, participer à la production de l’intelligence collective dont elles ont par le passé béni la destruction ? C’est une inconnue, et cela ne se fera que pas l’invention d’institutions qui cultivent le souci de pertinence, plutôt que de conquête. Ma thèse est que c’est possible, mais non probable. Mais l’idée même que nous puissions échapper à la barbarie n’est pas très probable.

 

MM : Vous invitez à une plus grande responsabilité à l’égard de l’avenir de la planète, par exemple, mais d’autre part, vous êtes très méfiante lorsque le capitalisme devient plus soucieux de la « sustainability ». C’est dans la nature du capitalisme d’utiliser et d’épuiser. Ne serait-il pas plus raisonnable d’obliger, par une ruse (encore à inventer) de la raison, le capitalisme à être responsable tout en poursuivant ses propres intérêts ? Par exemple en montrant que les énergies renouvelables sont plus avantageuses.

IS : Je ne suis pas hégélienne, je ne me fie pas à la ruse de la raison. Se fier à une convergence durable d’intérêts, à la possibilité d’un capitalisme « vert », responsable, etc., ce serait commettre la même erreur que la grenouille de la fable, qui accepta de transporter un scorpion sur son dos pour lui faire traverser une rivière. S’il la piquait, ne se noieraient-ils pas tous les deux ? Il la piqua pourtant, en plein milieu de la rivière. En son dernier souffle, la grenouille murmura « pourquoi ? » A quoi le scorpion, juste avant de couler, répondit : « C’est dans ma nature, je n’ai pas pu faire autrement ». C’est dans la nature du capitalisme que d’exploiter les opportunités, il ne peut faire autrement. Si les énergies renouvelables offrent une opportunité, il s’en emparera, mais sans la moindre obligation de responsabilité. Ce n’est pas qu’il soit « méchant », pas plus que le scorpion d’ailleurs. Il n’est tout simplement pas équipé pour prendre des responsabilités.

 


 

date: 
06/11/2013 - 16:38
Isabelle Stengers

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17 octobre 2013 4 17 /10 /octobre /2013 18:51

Il y a ceux qui croient des choses, d’autres en perçoivent qu’ils élucident quand elles ne sont pas claires. PMO sont des grands contre-machinistes, ce qu’on ne devient pas sans se faire d’abord le meilleur des machinistes, un peu comme les meilleurs hackers sont la crème de l’informatique. De la belle ouvrage et un plaisir de les retrouver – fuera de casa – hors de leur hébergement habituel. S’il y a bien des analyses et témoignages qui devraient être diffusés pour comprendre les fondements du monde dans lequel nous vivons, les schèmes de la globalisation et les mailles du réseau - machinique, cybernétique, économiste et scientiste – ce sont les leurs.

 

PMO : « TANT QU’ON NOUS RÉDUIRA À L’ÉTAT DE ROBOTS, LES ROBOTS NOUS RÉDUIRONT À NÉANT »

On les a cueillis au saut du lit, à l’occasion d’un récent passage à Paris. Cernés et fatigués, mais loquaces. « Le secret, c’est de tout dire  », expliquent-ils sur la page d’accueil de leur site. Dont acte. Voici, au vol, quelques propos des Grenoblois de Pièces et Main d’œuvre sur IBM, Clinatec, l’accélération technologique, la police des populations, la société de contrainte, etc.

 

IBM, Thales & Clinatec. Deux entreprises, un laboratoire – trois faces d’une même industrie de la contrainte. IBM travaille à inonder le monde de capteurs et de puces RFID via son projet de« planète intelligente ». Thales développe Hypervisor, un logiciel surpuissant capable de traiter et classer un nombre de données proprement stupéfiant. Et le laboratoire grenoblois Clinatec s’est spécialisé dans les implants cérébraux – nanotechnologies implantées au cœur même des neurones.

Ces trois entreprises de mise sous tutelle technologique de l’humain ont été étudiées en détail par ceux qui écrivent à l’enseigne de Pièces et Main d’Oeuvre (PMO) dans un ouvrage signé avec Frédéric Gaillard : L’industrie de la contrainte (Éditions l’Échappée1). Une mise à nu effrayante de ces « progrès » technologiques pavant la voie à un « monde-machine » qui prend le pas sur le vivant, entre macro-pilotage d’ensemble et micro-pilotage individuel. Pour PMO et Frédéric Gaillard, ces trois projets ont évidemment valeur de symbole. Mais ils sont surtout à l’avant-garde d’un futur proche, annonçant une nouvelle étape de la tyrannie technologique : « La société de contrôle, nous l’avons dépassée. La société de surveillance, nous y sommes. La société de contrainte, nous y entrons  », écrivaient-ils en 20082. Ils le détaillent ici.

POLICE PARTOUT

« Ces militants suisses3 récemment arrêtés alors qu’ils tentaient de faire sauter un laboratoire d’IBM spécialisé dans les nanotechnologies ne se sont pas trompé de cible. Un journal suisse a écrit qu’il était étrange de s’attaquer à ce bâtiment, car rien de polluant n’y était fabriqué. Mais si l’on considère que le problème essentiel des nanotechnologies est environnemental, on évacue le principal. L’activité d’IBM repose avant tout sur la volonté de rationaliser nos vies par l’informatique.

Les innombrables publicités d’IBM autour du concept de « planète intelligente »4, publiées dansLe MondeL’Express et d’autres journaux grand public, sont très révélatrices : pas un aspect de nos vies qui ne soit concerné. Il s’agit de tout gérer : l’école, sa vie sentimentale, sa sexualité, sa santé… Tout doit tourner comme une usine, selon des critères d’efficacité économique et technique. Le projet même de « planète intelligente » consiste à mailler l’ensemble du territoire de capteurs électroniques, puis à confier aux ordinateurs l’analyse et le « monitoring » des données ainsi recueillies. Les malades aux urgences sont des éléments de flux ou de stock – tout comme les automobilistes sur la route, les marchandises d’un entrepôt ou les gamins dans une cour de récréation.

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Les données sont le minerai de la société de l’information : qui sait les extraire et les traiter peut les employer pour le profit (entre autres via le marketing ciblé) ou le pouvoir (par la prévision des comportements, par exemple). Déplacements, habitudes, relations, préférences, profil : tout est cartographié et utilisé. À l’ère du portable et des publicités ciblées, ces informations n’ont pas de prix. Voyez comment le chalutier et ses filets ratissent les fonds marins. Pour les données c’est pareil : rien ne peut échapper, c’est le principe même du réseau. Un mot qui provient du latin « rets », qui signifie « filet », comme dans l’expression « être pris dans les rets ».

Mettre une puce électronique sur un malade aux urgences permet de le suivre à la trace, de savoir à chaque instant où il est, combien de temps dure chaque soin, de gagner du temps à chaque étape. Et ainsi, de rationaliser les procédures, d’intensifier la productivité de l’hôpital, de travailler à flux tendu. On « optimise les process ».

Partout on remplace l’humain par la machine – automate ou système automatique. Pure logique capitaliste des gains de productivité. On l’a vu il y a deux cents ans dans l’agriculture, quand nombre de paysans ont été dépossédés de la terre par la mécanisation. Puis dans les usines. Le mouvement touche maintenant les services : les guichetiers de banques, les pompistes, les caissières de supermarché ; l’enseignement aussi. Dès qu’une tâche est mécanisée, rien ne vaut une machine pour l’exécuter. Tant qu’on nous réduira à l’état de robots, les robots nous réduiront à néant.

L’objet auquel s’intéresse PMO, c’est la police des populations, c’est-à-dire l’organisation rationnelle de l’ordre public. Au fil des siècles, on a perdu la réelle signification du mot « police », dont l’usage courant s’est restreint au « maintien de l’ordre ». Au-delà de cet aspect répressif, la police des populations englobe l’organisation et la gestion de la cité (polis, en grec). Le réflexe conditionné des militants est de dénoncer le flicage. Mais il faut mettre en évidence l’emprise étatique et technocratique en amont sur tous les aspects de nos existences. Il s’agit de supprimer l’imprévu, l’improvisation, la liberté. Le grand nombre semble avoir renoncé aux hasards de la liberté pour les échanger contre un confort machinique et lobotomisé. En termes savants : aliénation et réification. »

DE L’INVASION TECHNOLOGIQUE

« Après le capitalisme agraire et le capitalisme industriel (vapeur, électricité, pétrole), nous voici dans le capitalisme des hyper-technologies, à l’époque de l’économie planétaire unifiée par la technologie (informatique, robotique, numérique, fret globalisé). C’est le fait majeur de notre période. On ne peut faire de politique, ni livrer bataille, sans en tenir compte au premier chef. Chaque évolution dans le domaine des hypertechnologies entraîne une cascade de conséquences sur tous les autres champs.
Tous les « fronts » sont atteints quand de nouvelles technologies se font jour : aussi bien l’environnement que la « malbouffe », la ville ou la condition féminine. La technologie est devenue la politique par d’autres moyens, et reste d’abord l’apanage du pouvoir. Certains citent Internet comme un contre-exemple, mais c’est purement illusoire. Chacun peut ouvrir un site, envoyer des messages voire mener des opérations de piratage électronique ; mais qui contrôle les infrastructures, les protocoles, et finalement la circulation des flux ? Sans parler du flicage sociologique permanent de chaque internaute… Les liaisons électroniques entre les contestataires tunisiens ou égyptiens n’auraient pu exister si Facebook et le gouvernement américain en avaient décidé autrement. Et in fine, la révolution, ce sont des corps dans la rue, pas des messages numériques.
Le pouvoir technologique a toujours un temps d’avance sur la masse désarmée. Quand les Indiens d’Amérique finissent par disposer de fusils, les Tuniques bleues ont déjà des mitrailleuses. Les nanotechnologies perfectionnent les moyens de police, y compris les drones pour la surveillance des banlieues ou les assassinats ciblés au Pakistan. La capacité de viser une personne à des milliers de kilomètres accentue les déséquilibres du rapport de force.

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On ne peut faire de critique sociale sans faire d’abord une critique de la technologie. Ainsi du chômage de masse, évidemment lié à la robotisation, au remplacement d’un nombre croissant d’humains par des machines. Dans l’industrie comme dans les services. On en arrive au point où des machines construisent des machines, le seul rôle de l’humain étant de les servir, d’être leur appendice. Personne, surtout dans les organisations de défense des travailleurs et dans les partis de gauche, ne comprend ce phénomène. Ou plutôt : ils feignent de l’ignorer, par crainte de passer pour des réactionnaires.

Les emplois relevant du social, fondés sur la relation humaine, sont eux aussi soumis au diktat de la rationalité technologique. Remplacer le soin aux personnes et l’attention par une gestion sur écran, n’est pas sans conséquence. Les gens n’en peuvent plus d’être traités en automates. C’est une raison des suicides à France Télécom, des faits divers fréquents à Pôle emploi ou à l’hôpital. Les employés sont unanimes : ils n’ont plus le temps de parler aux usagers. Ceux-ci doivent téléphoner, et taper 1, 2 ou 3… Même le Médiateur de la République, depuis deux ans, attire l’attention sur ce qu’il nomme le « burn out » de la société, lié au manque d’humanité, au sens littéral, dans les rapports entre les usagers et l’administration. Avant, celle-ci n’était pas assez humaine, maintenant ce ne sont plus des humains. »

DÉSERT CRITIQUE

« S’il n’y a pas de protestation contre cette robotisation, c’est qu’elle est ubiquitaire (on parle d’informatique « ambiante »), et donc – paradoxalement – invisible. Comme dans la nouvelle d’Edgar Poe La lettre volée, où le document recherché ne se voit pas parce qu’il est punaisé en évidence au-dessus de la cheminée.

L’obstacle est d’abord idéologique. Aujourd’hui « progrès » signifie « progrès technologique ». Le critiquer est réactionnaire. De même pour le lien entre science et technologie. Critiquer la technoscience, c’est critiquer Dieu au temps de l’Inquisition. Une croyance partagée par tous les milieux de la gauche progressiste et citoyenniste, qu’on retrouve même chez certains libertaires. Aborder la question provoque un raidissement, une panique.

Le marketing et les sociologues de l’acceptabilité sont le clergé de cette religion – on l’a encore vérifié avec les funérailles de Steve Jobs, célébrées comme celles du prophète de notre temps. Pour le grand public la technologie s’incarne dans le gadget. Voyez la course au téléphone portable, et maintenant au smartphone. On a franchi avec le téléphone portable un seuil de pénétration similaire à celui de la télé. On dresse le troupeau à des comportements irréversibles. C’est l’effet cliquet de la technologie : on ne revient pas en arrière. Imagine-t-on un monde sans portables ? Qu’une haute autorité médicale ou scientifique révèle ses dégâts sanitaires (multiplication des tumeurs au cerveau et des malades d’Alzheimer), croyez-vous que l’État interdira sa fabrication et sa vente ? Quant aux dégâts sociaux et anthropologiques, la question ne sera pas posée. »

LA SOCIÉTÉ DE CONTRAINTE

« La contrainte vise à empêcher ou à obliger. D’une part au niveau macro-social, par exemple sur la « planète intelligente » : les rats dans leur labyrinthe suivent des parcours imposés. D’autre part au niveau micro-individuel, avec les « progrès » des neurotechnologies. À Grenoble vient d’ouvrir Clinatec, clinique expérimentale du Commissariat à l’énergie atomique et de Minatec, destinée à « nous mettre des nanos dans le cerveau ». Avec la combinaison du projet cybernétique global d’IBM et du projet neurotechnologique de pilotage individuel, on entre dans la société de contrainte.

Quand on en parlait il y a cinq ans, on nous traitait – comme d’habitude – de paranoïaques, de catastrophistes. Aujourd’hui, tout le monde entend parler des implants cérébraux destinée à stabiliser les tremblements des malades de Parkinson via des électrodes, et dont l’usage s’étend déjà. On modifie, grâce à des mini-implants électroniques, les comportements des anorexiques, des boulimiques, des patients atteints de troubles obsessionnels compulsifs, les humeurs des dépressifs. C’est une nouvelle étape dans l’automatisation de l’espèce humaine. Comme le Soma du Meilleur des mondes, une technologie censée rendre stable, paisible, productif.

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L’alibi médical est comme toujours mis en avant. La maladie d’Alzheimer est le plus important problème de santé publique des années à venir. Les décideurs – fanatiques de l’idéologie technicienne – s’en remettent aux spécialistes, les neuro-techniciens, et à leurs solutions. Rappelons qu’Alzheimer et Parkinson sont d’abord des épidémies nées de la civilisation industrielle. Depuis une dizaine d’années, les chiffres explosent, même compte tenu du vieillissement et d’un meilleur dépistage. Ces maladies neuro-dégénérescentes résultent de la dissémination de produits toxiques et de la multiplication des pollutions électromagnétiques. Mais les intérêts de l’industrie interdisent de toucher aux causes de la catastrophe sanitaire.
Comme l’idée de la neuro-dégénérescence abomine, à juste titre, les victimes potentielles sont prêtes à se jeter dans les bras du premier sauveur venu : les neurotechnologues et leurs manipulations cérébrales.

On connaît la Ritaline pour les enfants remuants. Ce sera pareil avec les implants neuro-électroniques. Un peu de mélancolie, ou d’inappétence au boulot ? On peut arranger ça. Grenoble est le vivier de cette vision machinique de l’humain. À l’université dominent les théories comportementalistes. Les élus ont souhaité et soutenu la création de Clinatec. C’est d’ici qu’est partie la récente recommandation de détecter les enfants « à risque » dès l’âge de cinq ans. La technologie règle tout. »


1

GIF - 64.5 ko2 Terreur & Possession. Enquête sur la police des populations à l’ère technologique, Éditions Échappée.

3 Trois hommes avaient été arrêtés en mai 2010, au Sud de Zürich, non loin d’un laboratoire d’IBM – avec dans leur voiture, selon la police, des explosifs et des tracts destinés à revendiquer un attentat contre la multinationale de l’informatique. Ils ont été condamnés, en juillet dernier, à un peu plus de trois ans de prison ferme.

4 Voir le site dédié à la « planète intelligente »hébergé par Le Monde contre espèces sonnantes et trébuchantes.

 

Lu chez La Vidure.

 

PMO : « TANT QU’ON NOUS RÉDUIRA À L’ÉTAT DE ROBOTS, LES ROBOTS NOUS RÉDUIRONT À NÉANT » | LA VIDURE

 

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29 septembre 2013 7 29 /09 /septembre /2013 14:15

 

 

L’ampleur des crises environnementales nous oblige à changer de système économique
« Il faut sortir du capitalisme »

 

L’ampleur des crises environnementales nous oblige à changer de système économique, dit le journaliste français Hervé Kempf

 

Les preuves de la gravité des crises environnementales ne cessent de s’accumuler et militent clairement pour une sortie du système économique capitaliste, basé sur une croissance prétendument infinie. Une vérité qui dérange les intérêts financiers qui possèdent les grands médias de la planète, estime le journaliste et écrivain français Hervé Kempf.

« Nous sommes dans un système économique qui a eu un succès et des qualités, mais c’est maintenant un système qui entre en contradiction avec la nécessité de rétablir un équilibre entre l’activité humaine et les régulations de la biosphère. En fait, le conflit est très fort. Donc, le capitalisme n’a plus d’avenir. C’est une idée morte. Il est temps de passer de la larve capitaliste au papillon écologiste. »

Témoin de l’évolution des problématiques environnementales depuis près de trente ans, il estime que le fait de traiter de ces questions, en tant que journaliste, conduit pour ainsi dire naturellement à poser la question de la remise en question du capitalisme. « Si on raconte la question environnementale de façon attentive, on arrive au constat que le système économique actuel non seulement ne résout pas les problèmes, mais les aggrave. Or, il se trouve que le système actuel, c’est le capitalisme. Donc, un journalisme environnemental conséquent conduit à poser la question du système économique. »

Comment, par exemple, cautionner les impacts environnementaux de l’exploitation des sables bitumineux, au nom de la croissance économique et de la profitabilité d’entreprises ? « Je suis allé sur place, à Fort McMurray, j’ai fait des reportages sur le sujet, souligne M. Kempf. C’était sidérant. C’est un désastre environnemental incontestable. D’un point de vue environnemental, c’est inacceptable. Mais il y a aussi d’autres points de vue que le point de vue environnemental. Il peut y avoir un point de vue économique. Mais pour un journaliste en environnement, tous les faits, le discours des scientifiques et les analyses nous démontrent que c’est indéfendable. »

Le même constat vaut pour les conséquences du consumérisme effréné qui caractérise les pays occidentaux. La somme des indicateurs environnementaux met en lumière le fait que notre mode de vie ne peut s’étendre à l’ensemble de l’humanité sans compromettre irrémédiablement la vie sur terre. C’est d’ailleurs le constat auquel il arrive dans son dernier ouvrage, intitulé Fin de l’Occident, naissance du monde. Hervé Kempf y souligne que la tendance mondiale vers une forme d’homogénéisation de la consommation matérielle et énergétique pose de sérieux risques environnementaux.

Le Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat doit d’ailleurs confirmer vendredi, dans un rapport très attendu, que la crise climatique est extrêmement sévère. Son président, Rajendra Pachauri, a déjà prévenu au début du mois qu’il est maintenant « minuit moins cinq » pour tenter de trouver une issue viable aux bouleversements climatiques.

Une vérité qui dérange

Or, le fait de rappeler constamment les échecs du système actuel dérange. « Ça peut ne pas plaire à certains intérêts économiques, notamment ceux qui possèdent les journaux, mais c’est la vérité », laisse tomber le journaliste. Il ne s’étonne d’ailleurs pas que les médias couvrent peu, ou alors mal, les questions environnementales. Même le prestigieux New York Times, rappelle Hervé Kempf, a aboli son service consacré à ce secteur.

« Qui possède les grands médias ?, lance-t-il. La question est aussi simple que cela. Les grands médias, les plus influents, sont possédés par des intérêts économiques, des gens qui disposent de beaucoup de capitaux. Ils veulent se servir de leurs médias pour servir leurs intérêts. Or, le suivi attentif des questions écologiques, à un moment, remet en cause le point de vue des intérêts économiques, qui est le point de vue néolibéral, l’obsession de la croissance, etc. »

Lui-même vient de quitter Le Monde, où il couvrait le secteur environnemental depuis 1998. « Je suis parti parce qu’on m’empêchait de faire du journalisme environnemental sur [le projet aéroportuaire controversé] Notre-Dame des Landes. » Il juge que la direction du quotidien, passé en 2010 aux mains d’intérêts financiers multimillionnaires, a voulu le museler.

Certains lui reprochent cependant de franchir la mince ligne entre le journalisme et le militantisme environnemental. « Je lis The Economist, le Wall Street Journal, Les Échos, etc., réplique Hervé Kempf. Ils ont un point de vue extrêmement marqué que je trouve totalement idéologique. Ces journaux sont des médias engagés, militants et idéologiques. »

« S’ils le reconnaissent, je peux bien dire que j’ai la conviction que la question écologique est fondamentale à l’époque où nous vivons. C’est la question la plus importante parce qu’il y a un enjeu de maintien de la possibilité, pour les sociétés humaines, de vivre dans la dignité et l’équilibre. Si on laisse la crise écologique s’aggraver, on va aller vers un désordre des sociétés humaines. »

Alexandre Shields pour le Devoir

Le Devoir. Montréal, Canada, le 23 septembre 2013.

Hervé Kempf en cinq dates :
1957 : Naissance d’Hervé Kempf.
1992-1995 : Responsable de la section « Sciences » à Courrier international.
1998 : Journaliste en environnement au quotidien Le Monde.
2007 : Publication du livre Comment les riches détruisent la planète.
2013 : Il quitte Le Monde, se disant victime de censure.

 

Source : L’ampleur des crises environnementales nous oblige à changer de système économique - El Correo

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28 septembre 2013 6 28 /09 /septembre /2013 10:00

 

Résistance politique et désobéissance civile…

 

Ce discours qu’Howard Zinn fit à Boston en 1971 en pleine guerre du Vietnam est d’une actualité on ne peut plus brûlante. Il est pathétique de constater que depuis plus de 40 ans, rien n’a changé. Il ne tient qu’à nous en fait de le faire et de reprendre la société en main…

– Résistance 71 –

 

Discours contre la guerre du Vietnam (larges extraits)

Discours donné au parc central du Boston Common le 5 Mai 1971

 

Howard Zinn

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~ Septembre 2013 ~

 

Six jeunes personnes furent jettés en prison avec moi hier à Washington DC, ils le furent pour avoir marché dans la rue ensemble en chantant “America is Beautiful”. Si Thomas Jefferson avait été à Washington hier marchant dans la rue, il aurait été arrêté également. Il était trop jeune et il avait de long cheveux et si Jefferson avait porté avec lui la Déclaration d’Indépendance hier à Washington, il aurait été inculpé pour conspirer de renverser le gouvernement avec ses co-complotistes George Washington, John Adams, Tom Paine et bien d’autres. De manière évidente, les mauvaises personnes sont en charge de la machine de la justice et les mauvaises personnes sont derrière les barreaux tandis que les mauvaises personnes sont aussi en position de prendre les décisions à Washington D.C [...]

Beaucoup de gens sont troublés par la désobéissance civile. Dès que vous parlez de commettre des actes de désobéissance civile, ils deviennent énervés. Mais cela est exactement le but de la désobéissance civile, énerver les gens, de les déranger dans leur confort. Ceux qui commettent la désobéissance civile sont également perturbés et nous avons besoin de déranger ceux qui sont en charge de la guerre, parce que le président, par ses mensonges, essaie de créer une atmosphère de calme et de tranquilité dans l’esprit des gens alors qu’il n’y a aucun calme ni aucune tranquilité en Asie du Sud-Est et nous ne pouvons pas laisser les gens oublier cela.

Les gens qui s’engagent dans la désobéissance civile, s’engagent dans le plus petit dérangement de l’ordre qui soit afin de protester contre le meurtre, les assassinats de masse. Ces gens violent de petites lois insignifiantes, comme celles du passage sur la voie publique ou privée, ou celles du code de la route, afin de protester contre  la violation par leur gouvernement de la plus sacrée des lois, “tu ne tueras point”. Ces gens qui commettent la désobéissance civile ne font de mal à personne, ils ne font que protester contre la violence du gouvernement.

[...]

Nous grandissons dans une société sous contrôle et le langage même que nous utilisons est corrompu depuis le temps où nous apprenons à parler et à écrire. Ceux qui ont le pouvoir décident du sens des mots que nous utilisons. Ainsi on nous dit que si une personne tue une autre personne, cela s’appelle un meurtre, mais si un gouvernement tue des centaines de milliers de personnes, c’est du patriotisme.

On nous dit que si une personne entre sans invitation dans la maison d’une autre personne, ceci représente une entrée en force ou une effraction, mais que si un gouvernement envahit un autre pays, cherche et détruit les villages, les maisons de ce pays, ceci est en fait la marque qu’il remplit sa responsabilité vis à vis du monde.

[...]

Alors les anciens combattants vont jeter leurs médailles et les soldats vont refuser de se battre et les jeunes hommes refuseront de se laisser enrôler et les femmes défieront l’état et nous refuserons de payer nos impôts et nous désobéirons. Et ils diront que nous perturbons la paix publique, mais il n’y a pas de paix. Ce qui les dérange vraiment est que nous dérangeons la guerre.

[...]

Soyons non-violents. Nous allons manifester et protester contre la violence. Nous enfreindrons quelques lois dans le processus. Nous allons interférer avec le statu quo. Mais ceci ne représente pas de terribles crimes. Il y a en revanche de terribles crimes commis, mais s’assoir en se tenant les bras, ce n’est pas un terrible crime. La guerre est le grand crime de notre âge.

Nous serons peut-être mis en état d’arrestation, mais il n’y a aucune honte d’être arrêté et d’aller en prison pour une juste cause. La honte c’est de faire le boulot de ceux qui perpétuent la guerre. Vous les policiers, vous tous policiers ici présents à qui on demandera demain de procéder à des arrestations, rappelez-vous que ce sont vos fils qui sont également enrôlés pour aller se faire tuer à la guerre et que ce sont vos fils aussi bien que les nôtres, qui iront mourir pour le grand profit de General Motors et de Lockheed Martin. Que ce sont vos fils également dont ils veulent la mort pour le profit politique de maires comme Daleys and Spiro Agnews…

Ainsi vous les policiers devez jeter vos matraques, vos armes et vos gaz lacrymogènes. Devenez non-violents et apprenez à désobéir aux ordres de la violence pour la violence. Vous, les agents du FBI, qui circulez en civil dans la foule ici présente, hey, ne voyez-vous pas que vous violez l’esprit même de la démocratie par vos actions ? Ne voyez-vous pas que vous vous comportez comme la police secrète d’un état totalitaire ? Pourquoi obéissez-vous à J. Edgar Hoover ? Pourquoi obéissez-vous aux mensonges d’un bourreau, qui agit comme le dictateur d’un pays comme le Paraguay au lieu d’un fonctionnaire au service du public dans un état soi-disant démocratique ? Rappelez-vous membres du FBI, vous êtes les membres d’une police secrète et vous devez apprendre ce que la police secrète allemande n’a pas appris à temps: désobéir.

Donc vous policiers et vous membres du FBI, si vous voulez arrêter des gens qui ont violés et violent toujours les lois, alors vous ne devriez-pas être ici. Vous devriez être à Washington DC… Vous devriez y aller immédiatement et mettre en état d’arrestation le président des Etats-Unis et ses conseillers et les faire inculper pour dérangement et de bris la paix du monde.

Source: “Howard Zinn Speaks, collected speeches 1963-2009” Anthony Arnove, 2012, Haymarket Books

=  =  =

Howard Zinn (1922-2010), historien, dramaturge, activiste américain. Professeur d’histoire et de science politique à l’université de Boston, il est l’auteur de nombreux livres dont celui qui revolutionna l’enseignement de l’histoire aux Etats-Unis: “Une histoire populaire des Etats-Unis de 1492 à nos jours. Il a été grandement impliqué dans le mouvement des droits civiques dans les années 1960 et dans le mouvement contre la guerre du Vietnam dont il fut un des leaders marquant dans les années 1970.

Zinn se définissait comme un “socialiste démocrate”, proche de l’anarchisme sans le dire. De ses propres mots: “Un socialisme sans prisons”. Il dira aussi qu’il “prendrait de l’anarchisme sa contestation de l’autorité et la pratique de la société décentralisée”.

A voir sur la philosophie politique d’Howard Zinn, cet entretien en anglais (activez le sous-titrage français…)

http://www.youtube.com/watch?v=RF7GoDYEbfQ

 

Source :
Resistance71 Blog | Résistance solidaire au Nouvel Ordre Mondial

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11 mai 2012 5 11 /05 /mai /2012 14:49

 

 

L’État, c’est la prévention du chaos d’en bas et l’imposition de l’ordre du chaos planifié des privilégiés, dont l’État est une sorte de kunée rendant anonymes voire invisibles les privilèges. Cela dit, que l’on ne s’y méprenne point, le stade actuel des mentalités, nécessite hélas une autorité et une chefferie capable de l’assumer. Toutefois, l’État - cette "malencontre de l’histoire" comme le nomme Clastres - parce qu’il n’est pas constitué d’une chefferie au service de l’équité collective, mais d’un système anonyme dont les structures servent à déposséder les membres de la société de tout pouvoir au profit des utilisateurs privilégiés desdites structures, est l’ennemi de toute vraie démocratie. L’État, tel qu’il est, tient sa justification de l’impossibilité des peuples à pouvoir se gérer eux-mêmes collectivement par délégation directe.

Sauf un État socialiste véritable, délibérément provisoire, qui préparerait son propre retrait progressif en rendant les individus plus humains et plus citoyens par une éducation que j’appellerai humano-citoyenne c’est à dire soutenant la formation d’une mentalité nouvelle indépendante de tout parti et encadrant le peuple dans la création d’institutions au contrôle des comités populaires, pourrait être pour le salut collectif... Aussi longtemps que les peuples n’atteindront le stade de se créer leurs propres institutions, l’État restera oligarchique voire ploutocratique, garantissant la plus scandaleuse dictature de quelques-uns sur le grand nombre. L’État de droit est le pire ennemi de la justice sociale car le droit bourgeois, tel qu’il est, réifie l’individu fait rouage du système dont profitent seulement quelques magnats. D’où la plus grande peur de l’État tel qu’il est, est l’avènement du vrai citoyen conscient de ses droits et pouvoirs par la mise en commun avec des pairs, des voies et moyens d’autodétermination.

Dans l’État actuel, le peuple qui vote, sélectionne la plupart du temps les présélectionnés des oligarques ; il procède par délégation seconde et son vote est déperdition... Cette déperdition du pouvoir populaire par les élections, est d’ailleurs le but précis de la thèse du vote utile.

Par ailleurs, c’est aussi en vue de séquestrer le pouvoir de compréhension et d’action des peuples que "les élites" font tout pour entretenir l’incommunication par le travail éreintant, les loisirs médiatisés générant des passions débiles, le sexualisme exponentiel, voire les mégapoles qui atomisent les communautés, dispersent les énergies, emmurent les individus...

L’État actuel est dénaturation paroxystique de la politique qu’il dévie de sa vocation de service au peuple censé souverain qu’il asservit. Signe du déficit de conscience et de maturité des sociétés humaines après tous les millénaires de l’Histoire et la somme des idées et théories critiques de la société. État, forme captieuse et spécieuse de l’autorité du peuple dans la démocratie trafiquée, expropriée par les prédateurs des peuples !

Il est toutefois, un fait qu’il ne faut jamais oublier dans la réalité étatico-sociale, c’est que nul ne peut instiller une idéologie à un peuple, qui ne soit déjà d’une certaine manière préinscrite en sa majorité, ne serait-ce que par la sensibilité. Une idéologie sans latence chez une majorité dans une société donnée, qui en attendait consciemment ou inconsciemment l’occasion, ne serait-ce que par les lignes essentielles de ladite idéologie, ne peut germer. On ne fait pas pousser de l’idéologie du vide, on n’idéologise pas hors du terreau prédisposé et déjà fertilisé de la conscience collective.

http://intellection.over-blog.com/

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

 


Du même auteur sur Oulala.net

 

 

La pire aberration, la plus bête au monde, est le primat de quelque intérêt que ce soit sur la justice et le bonheur dus à l’homme ; la plus abominable indécence, est la primauté criminelle d’un quelconque principe d’État ou d’Économie sur le bien-être collectif de tous les membres de la société… Tout est et doit être au nom de l’homme dans la politique des États, sans quoi c’est de la félonie oligarchique d’État. L’aberration est (...) En savoir plus »

 

 

Le leadership, en sa substance pérenne, son substratum immuable, son "essence atemporelle" pour reprendre le vocable phénoménologique de Husserl, est sacerdoce laïc à la cause des dirigés, guidés selon l’amour fraternel de la phratrie qu’est le peuple, ainsi perçu et traité dans la proximité sentimentale du véritable leader. Signe de la disparition du leadership et du leader en notre temps : la platitude des buts à atteindre, tel l’équilibre budgétaire torpillé par les (...) En savoir plus »

 

L’anarchiste vrai, quel que soit sa sensibilité, dit que le monde tel qu’il est, constitue une armée où à peu près tous ne font qu’obéir en exécutant les ordres des infimes oligarchies maîtresses de l’ordre économique et au nom de quoi les structures politiques, religieuses, éducationnelles procèdent pour contrôler l’individu, en lui volant sa vie au profit de quelques cerbères. C’est pourquoi, l’anarchiste authentique dit non et vit marginal en (...) En savoir plus »

 

Quand le passé et ses faits sont niés par la production d’une romance pseudo-historique pour justifier voire ovationner les criminels qui ont agressé et massacré des peuples et des civilisations entières afin de fonder ou d’enrichir leur propre empire, tout récit de ce passé prend des allures hagiographiques au prisme d’une affabulation moqueuse. L’Histoire conçue par les agresseurs de l’humanité du haut de leur empire, n’est jamais que négationnisme (...) En savoir plus »

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8 mai 2012 2 08 /05 /mai /2012 11:10

 

Un bon résumé de la situation. Le plus grand danger du Sarkozysme, c'était les interdits toujours plus drastiques qu'il imposait jusque dans la liberté même de penser. Cette volonté de contrôle de la pensée dès la naissance est la condition d'établissement d'un désordre mondial programmé. On peut déjà le constater au quotidien, autour de nous, dans les commentaires du net, s'il y a bien eu un grand progrès au cours des dernières décennies, c'est celle de l'inculture qui facilite la manipulation des inconscients par une psychologie de masse qui est l'autre secteur en progrès notable...

Pour tous ceux qui pensent que la multiculturalité est le problème et que c'est le choc des cultures qui les conduit à leur perte, non seulement c'est ignorer l'histoire et l'évolution qui sont le produit de chocs de cultures, parfois violents mais qui débouchent sur un enrichissement dans le syncrétisme. La perte des valeurs vient de ce processus d'acculturation généralisé et, il n'y a pas photo, en ce qui concerne la perte des valeurs,des repère, d'une culture enracinnée dans l'histoire, la télévision est bien plus dangereuse que  les musulmans qui ne sont d'ailleurs pas épargnés. Hollywood culture pour tous, voilà l'ennemi.

Aucun replis vers le passé n'est possible. Les mouvements migratoires font partie de l'histoire, combien d'Andalous aux yeux bleus... un caractère récessif pourtant. Toute l'histoire est celle des mouvements migratoires depuis les origines et des évolutions qu'elles ont permis. Sarkozy, au-delà des restrictions mises à la liberté de penser, c'était aussi le fabriquant massif de l'insécurité. Ses derniers discours d'extrême-droite ont bien montrer le fond de sa pensée. Or je sais d'expérience de terrain à quel point les politiques de répression, de rejet font monter les tensions. On ne lutte pas contre l'insécurité avec des robotcops. La lutte contre l'insécurité se fait par le développement du bien-être, par la culture et pas la culture unique, non, celle qui permet à la diversité de s'exprimer, mais pas dans des ghettos ou chacun se referme sur ses spécifités, non, par des lieux de rencontres, d'échanges et de partages.

J'ai vécu tellement d'expériences qui allaient en ce sens. Et j'espère que Hollande avec sa volonté manifestée de développement d'un secteur non-marchand permettra la multiplication de ces espaces de convivialité qui permettent que la haine se dissolve, parce que cette haine la plupart du temps est principalement généré par la PEUR de l'inconnu et de la différence, et que des lieux de convivialité permettent d'apprendre à se connaître et de voir que nous ne sommes pas si différents que cela, nous les humains, de partout, avec nos émotions et nos sensibilités qui trouvent des affinités par delà les frontières. Cela, je l'ai appris par les rencontres, par la lectures : il existe une sensibilité commune à tous ceux et toutes celles qui sont vraiment humains, à ceux et celles qui partout sur la Terre rêvent d'un monde plus doux, mais aspirent surtout à avoir les moyens de constuire ce monde, ici et maintenant.

Ceux qui attendent de François Hollande qu'il rétablissent ce monde de l'état-providence qui appartient au passé seront déçus, quand bien même il le voudrait, il n'aurait pas les moyens de le faire. Ceux qui espèrent que sous sa présidence, il y aura un peu plus de liberté pour poser les fondations d'un nouveau monde devront se battre pour ouvrir ses espaces de liberté et de productivité dans les failles de la gouvernance économiste transatlantique qui est une force d'occupation et de confiscation du territoire. Reconquista, c'est bien de cela qu'il s'agit à présent... une reconquête d'un territoire, petit à petit, un grignotage presque... mais partout à la fois. C'est un mouvement qui existe mais que le Sarkozysme menaçait en le détruisant systèmatiquement.

Comme beaucoup (et de plus en plus mais pasencore assez), je suis intimement convaincue que si un monde nouveau doit voir le jour, il le fera par la rencontre, les échanges, les partages et les liens qui se tisseront entre une multiplicité d'expériences locales, expériences de créativité et de simplicité, expérience de convivialité, de partage et d'échange, un monde de coopération et d'émulation, débarassé des viscosités de la concurrence et de l'appauvrissement du Profit. Avec des outils comme internet, nul besoinde faire du local un univers clos, muré dans sa singularité.La planète, il nous faut la réparer... et d'apprendre qu'il existait des peitis champignons qui nettoyent la pollution radioactive en la concentrant... je ne vais pas piquer une crise parce que ce n'est pas une variété locale et que l'utiliser, c'est introduire un élément "étranger" sur le territoire... tous le développement des soixantes dernières années c'estfait sur le modèle colonial venu d'Outre Atlantique, c'est avant qu'il fallait se battre pour l'identité nationale... là où que nous allions en Europe, c'est la même destruction des racines par ce modèle venu d'ailleurs, venu de la démesure d'un peuple immature...

En finir avec l'artifice des identités nationales ne serait pas une mauvaise chose. j'ai vraiment du mal avec ses gens qui s'accrochent au repli identitaire dans le passé... je n'ai cessé de rencontrer, d'échanger, de partager des moments de vie, des idées avec des habitants du monde entier, et cela m'a enrichie, tout en me confirmant dans ma spécificité... cette belgitude qui est composante intrinsèque de ma personnalité et que 18 ans à vivre ailleurs n'ont fait que renforcer, mais non pas comme une identité fermée, mais comme ce qui donne la tonalité à tous le reste. Mais c'est un autre débat... celui qui s'interroge sur la différence entre l'histoire des manuels et l'histoire réelle.

Petite réflexion au sujet du texte qui suit... le problème du conspirationnisme, c'est cette vision fascinée d'un NOM inéluctable, un truc vraiment malsain qui fait que beaucoup de ceux qui dénoncent des dérives bien réelles, au lieu de les contrer les renforcent. Le problème du conspirationisme, ce sont tous ces gens qui sont aussi satanistes que les papes de la globalisation, ceux qui voient dans satan non le produit d'un délire humain qu'il faut combattre mais une espèce d'entité magique...le Mal qui nous possèderait... cela participe exactement de la même veine que le mal à combattre. C'est là que le bas blesse, pas en mettant en évidence que les méthodes utilisées pour conquérir  le monde sont occultes et participent de toutes les formes de déstablisation, manipulation, entrisme et noyautage et autres stratégies de la tension. Que des enfants souffrent (voir même soit sacrifiés) parce que des tordus se livrent  à des rituels "sataniques", ce n'est pas un problème de guerre religion ou d'entités magiques... c'est un problème de santé mentale. Les complots comme les mouvements migratoires sont des composantes intrinsèque de l'histoire de l'humanité. il faut les mettre en évidence pour les déjouer... mais SVP stop aux délires angélico-satanique.s. l'intelligence à l'oeuvre dans l'évolution est nettement plus subltile que ces projections mythiques d'enfants attardés. Je crois à la magie, à celle de la vie, au miracle que représente la création... je pleur sa destruction par des naturoclastes... mais de là a anthropomormiser l'intelligence à l'oeuvre, il y a un pas que je ne franchis pas., (question d'humilité, non pas face aux humains mais face à la création dans son ensemble en dehors du chancre humain venu tout bousiller)

Et pour conclure : Vous qui voulez d'un autre monde, n'attendez pas qu'il vous soit donné... construisez-le. A chacun d'imposer au nouveau président d'être à la hauteur de ses promesses en permettant le développement du secteur convivial et non-marchand : l'évolution, c'est par là que cela se passe..

 

 

 


 




Après l'élection de François Hollande et la défaite de Sarkozy, les réactions sur le web sont partagées. Tandis que certains se réjouissent, d'autres haussent les épaules en disant que cela ne change rien, les présidents n'étant que des pantins dans le "nouvel ordre mondial".

Le problème du "conspirationnisme", de cette vision inspirée par la conscience du vrai pouvoir mondial, est que cela nous amène à n'être jamais content de rien, puisque sauf révolution majeure improbable, ce pouvoir mondial reste en place.

C'est le danger de la "pillule rouge": une vision perpétuellement noire, pessimiste, qui interdit d'être heureux, du moins en ce qui concerne les événements du monde et la société dans laquelle on vit.

Il en résulte souvent une dérive involontaire vers la rancoeur, l'amertume, et au final vers la haine et vers des valeurs qui sont l'exact opposé de l'idéal qui nous animait au départ.

C'est en effet l'aspiration à davantage de liberté, de démocratie, de justice, de fraternité et d'humanité qui nous motive initialement dans notre révolte contre l'ordre mondial, et non un penchant pour le racisme, l'autoritarisme ou le fascisme.

C'est ce que les sages indiens et taoistes ont compris depuis des millénaires, aller trop à fond dans une direction peut nous amener à son contraire.


Pour en revenir à cette élection, il ne faut pas se faire d'illusions naïves en imaginant qu'un nouveau président peut tout changer. La marge d'action d'un président est réduite dès lors que l'état qu'il dirige n'a quasiment plus aucun pouvoir économique, aucune prise sur les circuits financiers, et dans l'Union Européenne il ne contrôle même plus sa monnaie.

Mais un président garde un pouvoir sur l'ordre social local (de même qu'un maire détient une marge d'action locale dans sa commune). Un président a donc le pouvoir de rendre les choses un peu meilleures localement, ou au contraire de les rendre encore bien pires, comme l'a fait Sarkozy qui n'a cessé d'attiser les haines, d'instrumentaliser les peurs, de réduire les libertés, d'intensifier la répression, de creuser les inégalités et de détruire ce qu'il restait de droits sociaux.

Par ailleurs, un président garde le pouvoir de la parole, c'est à dire d'affirmer certaines valeurs, porteuses de paix et de civilisation ou bien ou de violence et d'intolérance, ce qui a une influence très importante sur les mentalités et donc sur "l'ambiance" d'une société.

C'est sur ces terrains que Hollande peut et veut changer les choses. Voila pourquoi nous pouvons être réellement heureux de la fin de ces 10 années de sarkozysme et de l'arrivée à l'Elysée de ce nouveau président.

Source : SytiNet - Le Blog

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20 avril 2012 5 20 /04 /avril /2012 13:30

Ramtha: La dernière valse des tyrans

Avant-propos

J’avais cité, un jour, Ramtha, sur un site très populaire. On a rit… Comme toutes les « religions » ou source de spiritualité, certains les emploient à mauvais escient. Ou n’ont pas le « cœur  et l’esprit » ouverts. L’ère des pseudos savants, les technologies brillantes, brasillantes, n’en finissent plus d’étouffer le « penser par soi-même ». Si les religions ont endoctriné les esprits, les figeant comme la pierre, les laissant sans vie, autre qu’une pétrification  , les « croyances modernes » ne sont guère mieux pour la pensée libre.

Du mica, rien de plus. Une vision fuyante et vague, mais cristallisée qui ne laisse plus de place au mouvement.

L’ère des micas et de l’or des fous…

RAMTHA

Ramtha se présente comme un être ayant vécu il y a 35,000 ans. Ce qui, en partant, rend douteux le « personnage ». Alors, écartons le personnage – car si celui-ci bloque l’entrée de votre connaissance de par ce simple fait, il s’agit d’un jugement à priori et d’un rejet par un détail à la fois insignifiant et incompréhensible pour le moment – il vaut mieux éviter ce genre de piège et bien analyser avec ouverture le contenu de son message.

***

La dernière valse des tyrans,  première édition,  date de 1989. Les propos cités dans ce passage sont pour la plupart dévoilés depuis à peine une décennie par les plus grands penseurs, les blogueurs, et sur le tard, la presse écrite de par quelques marginaux qui passent encore pour des hurluberlus.

Ce passage est donc visionnaire et atemporel. Sinon, cherchons le génie caché en ce bas-monde qui pourrait voir et expliquer toute la structure sociale et monétaire qui a mené à des crises financières menant au monde actuel, pris dans un étau de dettes.

Apprendre, je le répète, est un acte en mouvement : il faut laisser entrer les choses par une porte de l’esprit et laisser sortir ce qui n’est que les déjections d’un monde affolé, accroché à ses fioritures, et vraisemblablement inapte au bon sens.

On préfère les diplômes, ces certificats vendus par les sociétés pour vous donner un bon travail qui fera de vous un rameur de galère, mais fier.

Gaëtan Pelletier

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Lire la suite, et je vous conseille vivement un petit détour par ce blog, une belle et bonne découverte LA VIDURE | Naître dans une explosion et finir en implosion!

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Nouvelles formes du fascisme

"Le vieux fascisme si actuel et puissant qu’il soit dans beaucoup de pays, n’est pas le nouveau problème actuel. On nous prépare d’autres fascismes. Tout un néo-fascisme s’installe par rapport auquel l’ancien fascisme fait figure de folklore […].

Au lieu d’être une politique et une économie de guerre, le néo-fascisme est une entente mondiale pour la sécurité, pour la gestion d’une « paix » non moins terrible, avec organisation concertée de toutes les petites peurs, de toutes les petites angoisses qui font de nous autant de microfascistes, chargés d’étouffer chaque chose, chaque visage, chaque parole un peu forte, dans sa rue, son quartier, sa salle de cinéma."

 

Gilles Deleuze, février 1977.

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