16 octobre 2013 3 16 /10 /octobre /2013 08:57

 

 

 

« La mesure du coût de la pollution altérant la santé dépend des gains prévus, de l'augmentation de la morbidité et de la mortalité… De ce point de vue une quantité donnée de pollution affectant la santé doit être faite dans le pays ayant les coûts les plus faibles, qui sera le pays dont les salaires sont les plus bas.

Je pense que la logique économique derrière le déchargement de déchets toxiques dans le pays aux salaires les plus bas est irréprochable et nous devons la regarder en face. » 

Lawrence Summer

 De là à la logique économique irréprochable qui veut que la mort des population coûte moins cher que la décontamination des sites, il n'y avait qu'un pas. Il y a longtemps qu'il est franchi !

 

Photo prise par Yao Ossène.

 

Les minerais, raison première du colonialisme. Sans mines, point de métaux « précieux » pour nos objets « précieux » d’usage quotidien. Tuer des peuples à petit (ou grand) feu au nom du confort matériel est devenu la norme… et l’indifférence générale aussi.
 
 

 

Ils disent être en train de mourir. Depuis ce mercredi, les habitants de 14 villages de l’est de la Côte d’Ivoire manifestent contre la surexploitation minière qu’ils accusent d’avoir détruit leurs terres agricoles et de menacer à présent les populations. Et le gouvernement reste sourd à leur appel.

Ce n’est pas la première fois que les habitants de la région de Bondoukou laissent exploser leur colère. En mai dernier, nous avions déjà rapporté la raison de leur courroux : ils dénonçaient l’absence d’indemnisation pour les ravages causés sur leurs terres par l’exploitation du manganèse, un minerai notamment utilisé pour la fabrication de l’acier.


En janvier, ils avaient bloqué les accès de la société exploitante, l’Indienne Taurian, allant même jusqu’à s’en prendre violemment à certains de ses employés. Le ministre des Mines, du Pétrole et de l’Énergie n’avait pas tardé à les recevoir. Il leur avait alors promis la formation d’un comité chargé d’évaluer la destruction des terres et leur dédommagement.

Neuf mois plus tard, les villageois en ont assez d’attendre. Car la destruction de leurs terres entraîne aussi la disparition de leurs revenus. Avant que Taurian ne commence en 2008 ses travaux d’extraction, les habitants de la région de Bondoukou vivaient en effet principalement de la culture de l’anacarde, la noix de cajou. Or aujourd’hui, disent-ils, il n’existe presque plus de terres cultivables : beaucoup ont été vendues pour des sommes dérisoires ; les autres ne sont pas fertiles.

À l’entrée de Similimi, les plantations d’anacarde ont laissé place aux pelleteuses. Photo prise par Yao Ossène.

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« Les plantations sont dévastées. On vit à crédit »

Michel Kra habite le village de Similimi, à une vingtaine de kilomètres de Bondoukou. Planteur d’anacarde comme son père, il a pris la tête des manifestants.


L’anacarde était notre seule source de revenus. Désormais, nous n’avons plus rien. Les plantations sont dévastées. On vit à crédit. Nous n’avons plus les moyens de nous soigner ou d’envoyer les enfants à l’école.

Aujourd’hui, ce ne sont plus seulement les terres qui sont menacées, mais carrément les populations. L’exploitation minière est aux portes du village. Elle provoque de graves nuisances sonores à cause de l’utilisation de la dynamite, mais aussi de la pollution. Les engins soulèvent beaucoup de poussière, qui rend l’air irrespirable, et les produits qui sont déversés dans la rivière où la population allait puiser l’eau la rendent impropre à la consommation.

L’argent versé par l’entreprise Taurian pour le rachat de ces terres est loin de compenser les dommages provoqués par l’exploitation minière. Surtout, nous dénonçons le fait que nous ne soyons jamais informés. Nous sommes mis en permanence devant le fait accompli, il n’y a aucun dialogue. Nous avons l’impression d’être totalement laissés pour compte.

 

Source Exploitation minière : la Côté d’Ivoire [aussi] se meurt « État du Monde, État d'Être


 

A lire pour comprendre et source des photos :
Dans l'est ivoirien, richesse du sol rime avec appauvrissement des villageois | Les Observateurs de FRANCE 24

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15 octobre 2013 2 15 /10 /octobre /2013 21:09

 

 

Par Dick&Mirian Emanuelsson

 

La résistance hondurienne manifeste pour protester contre l'abandon de la Souveraineté Nationale

 

 

Intervew de Rafael Alegria, directeur de la Via Campesina et victime de menaces de mort et interview de Maria Luisa Borjas ancienne Commissaire le la Police Nationale

 

 

Tegucigalpa, 14 août 2013 /Des milliers de Honduriens manifestaient mercredi passé contre ce qu’ils considèrent comme une cession de souveraineté nationale.

Le Congrès National désire échanger des ressources naturelles contre la dette publique (interne et externe). Le Front National de Résistance Populaire (FNRP) avait appelé à une manifestation, des milliers de compatriotes sont venus directement de leur travail à la manifestation qui s’est terminée au Congrès National.

-         - La Résistance Populaire est née dans la rue et pendant le coup d’état nous étions mobilisés de manière permanente pendant 180 jours. Quand nous pensons qu’il est nécessaire de sortir dans les rues, et bien nous sortons dans les rues.

Ce sont les paroles de Rafael Alegria, directeur de la Via Campesina au Honduras et dans la région centraméricaine.

 

 

Rafael Alegria, leader de la Via Campesina interrogé par le reporter Dick Samuelson. 

 

Loi de Mise aux Enchères des Ressources Naturelles

Le Congrès National est disposé à livrer les ressources naturelles en guise de paiement de la Dette Publique. Avec le coup d’état et 4 années à maintenir le système économique, l’économie du Honduras est au bord du crash. Les prix augmentent tous les jours alors que ne cessent de se réduire les sources de travail. C’est pour cela que Rafael Alegria et la Résistance hondurienne ont à nouveau rempli les rue de Tegucigalpa, San Pedro Sula et des autres villes de la nation centraméricaine.

 - Le Congrès National et le candidat officiel du Parti National, (gouvernant et de droite) a approuvé une Loi de Mise aux Enchères des Ressources Naturelles et de leur cession, ce que nous appelons une Loi d’Hypothèque. Ils prétendent remettre au capital transnational l’eau, les bois, les mines, et toutes les ressources naturelles parce qu’ils les considèrent comme « inactives». C’est une barbarie inacceptable. C’est pour cela que nous sommes dans la rue aujourd’hui. Nous sommes disposés à rester dans les rues, défendant les droits du peuple.

 

Menacé de mort

Récemment le dirigeant paysan a été menacé de mort,  trois fois en très peu de temps. Cela n’a rien d’extraordinaire dans un pays où dans la Vallée du Bas Aguan, sur la côte Caraïbe, 106 paysans organisés qui luttaient pour la terre et une réforme agraire, ont été assassinés. La même terreur règne dans l’ensemble de la campagne hondurienne où se mène la lutte pour la terre.

 Les avertissements  faits à Alegria concernant ces dangers viennent y compris des organismes de sécurité de l’état eux-mêmes qui pour différentes raisons ont  réussit infiltrer  des plans pour tuer le leader populaire hondurien.

Mais Alegria n’a pas peur d’être avec ses compagnons de lutte un 14 août pour refuser et répudier ce que la Résistance considère comme une Trahison à la Patrie.

 - Cette manifestation a aussi pour objet de condamner les menaces de mort contre les dirigeants populaires par lesquels moi et vous (en référence au journaliste) sommes réprimés.  Il y a 37 journalistes honduriens qui ont été assassinés jusqu’ici et ils ne rendent pas compte de cette situation. Il y a une ambiance de répression mortelle et d’abandon  de Souveraineté, de corruption, de violence et c’est pour cela que la Résistance sort dans les rues aujourd’hui pour dénoncer tout cet arbitraire.

 

 

 

 

Le bipartisme est instable et dangereux

Au Honduras la tension est extrêmement notable. Plus l’on s’approche des élections générales et présidentielles du 24 novembre, plus on enregistre de morts et de menaces dans le pays où quotidiennement sont assassinées 20 à 22 personnes.

Le bipartisme libéral-nationaliste qui a gouverné le pays pendant plus de 100 ans, se trouvent en troisième et quatrième place dans les sondages. La candidate du bras politique de la résistance Xiomara Castro de Zelaya, est en tête de tous les sondages et sera a prochaine présidente si la tendance se maintient jusqu’à novembre, menant le Parti Liberté et Refondation à la victoire.

Cela ébranle le Pouvoir de Fait et a initié une guerre sale dans laquelle des personnages comme JJ Rendon mènent la danse pour le candidat officiel Juan Orlando Hernandez, président du Congrès National.

 

 

Juan Orlando Hernandez et le putschiste vénézuélien JJ Rendon. 

 

Ils créent le chaos et la terreur et mènent une guerre psychologique

Ce qui est en jeu, ce sont non seulement des milliers de million de dollars mais aussi une nation avec une position géostratégique, entre deux océans; l’Atlantique et le Pacifique et avec plusieurs bases militaires et installations du commandement Sud sur son territoire.

Rafael Alegria :

 - Ils prétendent créer une ambiance de chaos, de violence et de terreur. Quelques compagnons ont été assassinés et d’autres sont menacés de mort. Mais je suis intimement convaincu que notre peuple ne va pas se laisser arrêter parce qu’il est déjà prêt pour les pires conditions. Plus nous nous approchons des élections et sommes sur le point de les remporter avec Xiomara, plus la répression augmente.

 

-       -  Mais nous n’avons pas le choix, il n’y a pas de retour en arrière, nous n’avons pas de temps à perdre, il nous reste à recourir à la dénonciation nationale et internationale, à la communauté internationale pour qu’elle puisse contribuer à ces processus de démocratisation, de participation du peuple. C’est pour cela que nous invitons la communauté internationale pour qu’elle protège et supervise les droits humains des honduriens.

Les observateurs internationaux dans les élections de novembre.

Dans les médias liés au gouvernement et au bipartisme se publient des dénonciations qui prétendent que les observateurs qui viendront de l’Unasur et du Forum de Sao Paulo en novembre sont des marionnettes  au service du Parti Libre. Alegria rejette vigoureusement ces accusations

-      -- Cela montre le degré d’intolérance et d’antidémocratie qu’ont toujours dans la tête ces messieurs. Mais ils ne connaitront pas le succès parce que nous serons de milliers de latino-américains, européens, canadiens et que de nombreux journalistes vont venir. Parce qu’ils ont les yeux posés sur le Honduras.

 


Maria Luisa Borjas 

 

Des officiels soupçonnés de narcotrafic…”

Parmi les milliers de Honduriens qui manifestent ce soir un mercredi par une chaleur infernale, nous tombons sur Maria Luisa Barjas, Colonelle, ex commissaire de la Police Nationale et ex chef de l’Unité des Enquêtes Internes de la Police Nationale. Quand elle démasqua la corruption interne en l’an 2002, elle fut licenciée par le gouvernement nationaliste de Richard Maduro. Elle mène une dure critique de la corruption interne, non seulement du corps de police sinon de la militarisation accélérée de la société hondurienne depuis le coup d’état militaire du 28 juin 2009.  

-      _ Le problème,  c’est que dans les hautes sphère de la hiérarchie policière il y a de nombreux officiels signalés pour violation de droits humains, pour narcotrafic, pour des vols de véhicules, pour séquestration et qui assument de hautes charges à l’intérieur de la police. C’est dire qu’il y a une protection évidente des délinquants. Tant qu’il n’y aura pas une épuration des opérateurs de justice dans ce pays il n’y aura pas de sécurité, dit Barjas sans vaciller dans ces paroles.

 

 

 

 

Des officiels colombiens préparent des commandos de contrinsurrection. 

  • Pour chaque cours de capacitation aux agents honduriens que réalisent les polices étasunienne et colombienne,, le narcotrafic augmente et le nombre dramatique des honduriens assassinés. Quelle lecture faites-vous de ces faits ? 

-     - Cette capacitation que reçoivent les agents honduriens est orientée vers une remilitarisation de la police, loin d’une police communautaire qu’avait établi avant le Ministre de la Sécurité. Ce qui arrive c’est qu’ils sont en train de mettre sur pied une police militaire spécialisée en combat de basse intensité et en contrinsurrection. Pourquoi ? Ce qu’ils prétendent faire, c’est réprimer le peuple, poursuivre les leaders sociaux et détruire les organisations sociales de notre pays parce qu’ils les perçoivent comme une menace.

-              - Ce sont les orientations  que prennent les capacitations, ces entraînements, tant de la part des USA que de la Colombie. Parce que les mesures qui sont prises vont à l’encontre des droits du peuple. Et comme ils savent que le peuple va protester, il se préparent à réprimer brutalement le peuple.

Cela signifie-t-il que les capacitations que viennent faire les colombiens ont pour but de criminaliser la protestation sociale ?

Exactement ! C’est la vision et l’objectif qu’ils ont. Parce que pour le moment, ils sont en train de vendre, privatiser et hypothéquer les ressources naturelles qui appartiennent à tout le peuple. Ils savent déjà que le peuple est éveillé et va entrer en résistance.

 

Source en espagnol : La resistencia hondureña manifiesta y rechaza la entrega de la Soberanía Nacional

Traduction française Anne Wolff

 

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15 octobre 2013 2 15 /10 /octobre /2013 18:19

Les effets des guerres sont irréversibles. Alors que la majorité des peuples désirent vivre en paix une vie simple, les fous de guerre sèment la discorde dans le monde pour récolter les fruits pourris de leurs destructions massives en forme de zéros sur des comptes en banques, des chiffres qui ne sont plus ancrés dans la réalité si ce n’est que ces zéros sont la source d’un pouvoir démesuré sur le destin de la Terre. Rien de ce qui a été détruit ne sera reconstruit. A la place un autre monde et les cicatrices des destructions qui ne guérissent jamais.


Ces guerres qui détruisent la nature, les ressources naturelles et l’environnement

Claude-Marie Vadrot               

Quand les paix ou les armistices sont signés, quand les peuples ou les communautés sont, au moins en apparence, réconciliés ou apaisés, les dégâts infligés aux ressources naturelles, à la nature ou à l’environnement par les guerres ou les guérillas perdurent. Parfois des dizaines d’années, et en général dans l’indifférence la plus totale. Les crimes de guerre ou les crimes contre l’humanité sont progressivement, mais avec une lenteur désespérante, jugés par la Cour Pénale Internationale de La Haye créée à Rome en 1998. Mais le crime écologique, lui, n’existe pas et ne peut être pris en compte pour faire condamner des hommes, des Etats ou des mouvements rebelles.
  Je suis retourné sur la plupart des « champs de bataille » que mon métier de reporter m’a amené fréquenter depuis le milieu des années 70 et j’ai pu constater partout que les dégâts environnementaux perdurent. Au détriment des populations, de l’agriculture vivrière, de la faune et de la flore. De la Tchétchénie à l’Irak en passant par la Serbie, la Bosnie, la Croatie, le Kosovo, la Géorgie, le Liban, Gaza, le Rwanda, la République démocratique du Congo, la Somalie ou l’Ethiopie, les blessures et les pollutions demeurent…
Ecrire cela ne signifie pas négliger ni oublier les morts, les blessés et les handicapés, mais quand le calme, même précaire, est revenu, il faut recommencer à vivre. Difficile dans des écosystèmes ravagés, voire détruits comme près de la frontière sud-ouest qui sépare l’Irak de l’Iran. La guerre qui a couté des centaines de milliers de morts aux deux pays a aussi entrainé l’empoisonnement chimique des millions de palmiers qui constituaient un apport essentiel pour les populations. Et, alors que ce conflit est officiellement terminé depuis 1988, des terres sont toujours contaminées. Tout comme il reste, en Irak ou au Kosovo, des traces dangereuses de la contamination entrainée par l’utilisation des obus et bombes à l’uranium enrichi.
Si les gorilles des montagnes ne sont plus que quelques centaines aux confins du Rwanda et de la République Démocratique du Congo, c’est parce que les bandes armées continuent de s’y affronter et que les réfugiés parcourent la région en tous sens pour échapper aux exactions. Une situation qui menace également les derniers okapis, les éléphants ou les singes bonobos tués par des guérilléros ou des membres de l’armée congolaise qui doivent les uns et les autres se nourrir sur la nature dans le parc national de Virunga et ses alentours. Alors qu’ils constituaient, entre autres, une richesse touristique.
Partout où les Etats s’effacent pour cause de conflit, partout ou des hommes s’affrontent, la nature et les ressources naturelles sont livrés aux pillages et à la destruction que nulle loi ne parvient à juguler ou à sanctionner. Exemple extrême : si la Somalie sert depuis des années, sur son littoral ou à l’intérieur du pays, de dépotoir aux résidus chimiques, y compris radioactifs, « exportés » d’Europe ou des Etats Unis par des navires sous pavillons de complaisance, c’est bien parce que depuis 1991, des Etats et des bandes armées s’y affrontent et qu’il n’y existe plus aucun pouvoir.
S’agissant de Gaza, autre exemple tragique, si les médias et les politiques font régulièrement le décompte des affrontements, ils passent sous silence que l’espace naturel, autrefois foisonnant, est ravagé, que l’unique rivière, le Wadi Gaza, n’est plus qu’un égout, que les ordures y brulent dans la rue en permanence ou que l’usine de traitement des effluents est hors d’usage depuis des années et que les eaux putrides envahissent tout le territoire. Sans oublier qu’à Gaza comme en Cisjordanie, le mur qui sépare les hommes coupe en deux ce qui reste du milieu d’origine en supprimant tous les échanges naturels. La mort programmée d’écosystèmes déjà fragiles. Tout comme celle des forêts brulées autour de Sarajevo ou dans le nord de la Géorgie pendant le conflit avec la Russie.
Les pays et la communauté internationale détournent le regard de ces catastrophes qui durent et se renouvellent chaque année malgré les rapports accablant de la cellule « Post-conflit » du Programme de Nations Unies pour l’Environnement que nul ne lit dans les tiroirs où ils aboutissent. Rien, dans la Convention de Genève ou dans le statut de la Cour Pénale Internationale, ne permet de sanctionner les crimes commis contre la nature et les ressources naturelles. Ce qui a permis, par exemple, aux Etats Unis de financer pendant des années l’aspersion de centaines de milliers d’hectares l’aspersion de la forêt colombienne avec le célèbre Round-up de Monsanto pour chasser à la fois les planteurs de coca et les rebelles des FARCS. Tout en détruisant la nature et en empoisonnant les hommes.
Il serait temps que les Nations unies et les intellectuels assoupis se préoccupent enfin des conséquences à long terme des conflits qui font autant morts et de ravages que les affrontements eux-mêmes. Il suffit d’imaginer l’état dans lequel la Syrie se trouve déjà…
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15 octobre 2013 2 15 /10 /octobre /2013 17:19

Une autre manière de le dire, plus soft, une autre manière de le vivre :

Le refus de s’intégrer à un système injuste et destructeur, de toute son âme et de toute sa conscience.

A tous ceux qui vivent là où le hasard les a fait naître, à tous ceux qui vivent ailleurs et qui refusent de s’intégrer au système pour ne pas se faire complices de crimes de lèse-vie, une pensée amicale…Anne

 

Après moi...

2CCR      

Comme je n’attends rien de précis dans la vie, que je me suis détaché de toute envie de réussite sociale, professionnelle, je ne suis jamais déçu.  Le bonheur est quelque part par là...

 

Se mettre sur le côté, c’est éviter les rythmes qui te colleront un jour une dépression, un cancer ou un AVC : je veux mourir en bonne santé, ce qui est de plus en plus rare dans notre monde ; moi, je me suis mis de côté, en faisant en sorte que ma vie ne nuise ni à mon voisin ni à la terre. Je ne suis que sur le chemin et l’aboutissement est encore loin, car c’est dur de  se débarrasser de certains besoins inutiles.
Se mettre de côté c’est arrêter la lutte. Parce que je pense que la seule solution est la résistance passive, et notamment résister aux besoins que la société nous crée pour mieux nous asservir. Je pense également que consommer des choses inutiles est non seulement inutile mais dangereux à long terme puisque consommer signifie puiser dans des ressources souvent non renouvelables, et j’espère que l’homme disparaitra avant d’aller polluer tout l’univers. À mon avis, l’homme n’a pour seule mission que de se développer en phase avec la nature (développement spirituel, physique et non économique).
Je peux imaginer facilement un monde, sans économie au sens moderne du terme, ou avec une économie planifiée, dans le sens qui anticipe sur le futur, mais je sens que je vais passer pour un empêcheur de tourner son égo en rond, voire pour un rétrograde. Tant que les citoyens seront plus intéressés par « face de plouc » et les tablettes que par ce que font les décideurs (politiques, économiques, religieux) ça sera la fête pour les puissants qui doivent bien se fendre la gueule en regardant tout cela de leurs jets privés. D’ailleurs, les milliardaires vous remercient (voir ici) !
Quant au winner qui se déclare libéral pragmatique et met en avant la méritocratie, c’est à dire que son intérêt passe avant celui du groupe : c’est très bien, très égoïste et en plus il pense pouvoir  se la « péter » parce qu’il croit que sa réussite n’est due qu’à son propre travail, ce qui me fait doucement rigoler car s’il était né dans un bidonville de Calcutta, il aurait pu bosser comme un dératé, il serait resté en bas de l’échelle sociale.
J’ai bien peur que notre addiction au confort ait balayé les belles idées du conseil national de la résistance… Il est bien plus important de se payer une tablette, j’en conviens. Tu penses avoir un max d’amis sur les réseaux et tu y passes un max de temps, mais le jour où EDF te coupera le jus, tu pourras compter sur qui ? Si tu veux tuer les rapports humains, invente la télé, si ça ne suffit pas, fait croire aux gens que la vraie communication c’est internet et les téléphones portables. Combien de milliers d’amis as-tu ? Sur combien  peut-tu compter si tu es dans le pétrin ? Je crois que sous couvert d’ouverture au monde et de communication à outrance, on a définitivement réussi à isoler les individus.
Comme des millions d’humains l’ont fait avant moi, je construis ma vie sans penser à la retraite, aidé en cela par l’observation des vieux de ma montagne qui n’ont besoin de quasi rien pour vivre et mourront le jour où ils seront trop faibles pour cultiver leur potager. Soit vous courrez après le travail pour accumuler des biens matériels qui n’entreront pas dans la boite où, de toute façon vous finirez, soit vous courrez après le travail pour survivre et là, ce n’est pas la retraite à quoi il faut penser, mais à la révolution. Si vous ne comprenez pas que travailler dans un système capitaliste, c’est se faire avoir, je ne peux qu’exprimer ma compassion à vos souffrances…. ; les inégalités, ce ne sont pas les patrons qui les créent, ce sont les citoyens qui les laissent apparaitre, souvent par égocentrisme et égoïsme.
Solidarité, égalité sont des mots que j’ai rarement vus dans le monde du travail, ni même dans notre monde tout court.
Moi, ça me fait bien rigoler, un écroulement de tout le système financier international… c’est peut être parce que je sais faire pousser mes légumes et poser des collets… et je suis heureux malgré le bordel ambiant …. 
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15 octobre 2013 2 15 /10 /octobre /2013 14:16

 

Le phénomène est mondial : alors que les mégaminières veulent saigner les dernières veines de la planète, empêchant par tous les moyens, y compris les plus meurtriers, les plus violents, les plus criminels et maffieux la mise en place de modèles de re-développement locaux impliquant une décentralisation du pouvoir et privilégiant les bénfices en termesde qualité de vie pour tous plutôt que de profits financiers pour quelques-uns, partout sur la planète des mouvements de résistance semettent en place. Des manifestations de protestations se multiplient, mais aussi s'organise cette multiplicité d'expérience locales qui font exister des relations humaines riches et chaleureuses dans la réalisation collective d'un bien-être commun.

 

 

Roumanie: des milliers de manifestants contre un projet minier canadien

Publié le 30 septembre 2013.
Un Roumain brandit une affiche disant: "Le capitalisme a détruit notre pays", le 22 septembre 2013 à Bucarest lors d'une manifestation contre un projet minier canadien

Un Roumain brandit une affiche disant: "Le capitalisme a détruit notre pays", le 22 septembre 2013 à Bucarest lors d'une manifestation contre un projet minier canadien Daniel Mihailescu AFP

Bucarest - Plusieurs milliers de Roumains sont descendus une nouvelle fois dans la rue dimanche contre un projet canadien minier controversé, un mois après le début d'une mobilisation sans précédent depuis les années 1990.

A Bucarest, quelque 4.000 personnes ont convergé sous la pluie vers la Place de l'Université, scandant «Unis sauvons Rosia Montana», village de Transylvanie où la société canadienne Gabriel Resources envisage d'extraire 300 tonnes d'or et 1.600 tonnes d'argent.

Les manifestants ont appelé le gouvernement à retirer un projet de loi ouvrant la voie à cette mine qui prévoit l'utilisation d'une grande quantité de cyanure.

La compagnie assure qu'elle respectera les normes européennes et promet d'importants bénéfices pour la Roumanie, dont 900 emplois pendant les 16 ans d'exploitation.

«Je suis ici pour défendre l'environnement et les vestiges archéologiques de Rosia Montana mais aussi pour dire que j'en ai marre de la manière dont nous sommes traités par les politiques», a indiqué à l'AFP une manifestante, Otilia Dumitrescu, ancienne architecte âgée de 62 ans.

Brandissant des drapeaux tricolores roumains, les manifestants ont également scandé «Nous voulons des eaux propres, pas contaminées» en référence au projet de la compagnie américaine Chevron d'extraire des gaz de schiste dans la région de Barlad (est) par une méthode qui risque de contaminer la nappe phréatique.

«Nous devons continuer à manifester pour sauver notre pays, le gouvernement n'a pas été élu pour mettre en oeuvre des projets dangereux pour l'environnement», a déclaré à l'AFP Iulian Ghimus, prêtre orthodoxe de Gara Banca, village proche de Barlad.

Environ 2.000 personnes se sont également rassemblées à Cluj (nord-ouest), scandant «Rosia Montana, le coeur de la Roumanie», et appelant à la démission du ministre de la Culture Daniel Barbu, un «barbare», selon elles, accusé de bloquer les efforts pour inclure les galeries minières romaines de Rosia Montana dans le patrimoine mondial de l'Unesco.

«La mobilisation a jusqu'ici été au-delà des attentes et même si dorénavant la fatigue et le mauvais temps risquent de réduire la participation, le message est clair: les manifestants ne vont pas s'arrêter jusqu'à ce qu'ils obtiennent satisfaction», a déclaré à l'AFP le sociologue Mircea Kivu.

Selon lui, ces derniers veulent obtenir l'abandon du projet de Rosia Montana et des garanties que des projets similaires, qui menacent l'environnement, ne seront pas mis en place.

«Mais ils ne se contenteront plus de ça: ils veulent aussi un changement de la classe politique et de la manière dont on fait la politique en Roumanie», après plus de vingt ans de scandales liés à la corruption et au clientélisme, dit-il.

 

© 2013 AFP
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15 octobre 2013 2 15 /10 /octobre /2013 12:04

 

Rien de très  réjouissant, les rumeurs qui s’accumulent qui rapportent la montée des tensions entre USA et Chine.

Tant en ce qui concerne les renforcements conjoint US avec le Japon et l’Australie, des dispositifs militaires visant la Chine. Et les provocations qui l’accompagnent.

Tant les remontrances de la Chine, plus grande détentrice de la dette US, quand à la nécessité que ce derniers pays remplisse ces obligations vis-à-vis de ses créditeurs.

Et cette guerre à foyer multiples qui se déroule en Afrique entre les deux puissances avides de s’approprier les matières premières de ce continent….

Ajoutons une offensive de la Chine pour évincer le rôle dominant du dollar comme monnaie de référence du système économique mondial, ce que nous le savons ne peuvent en aucun cas admettre les banquiers qui dirigent les USA.

Certains analystes annoncent l’explosion du conflit armé direct Chine-USA pour la décennie à venir, je pense que nous sommes beaucoup de communs des mortels à avoir les sentiment de vivre sur la poudrière d’une terre toujours d’avantage surarmée avec cette crainte latente qu’à n’importe quel moment puissent surgir ‘étincelle qui mette le feu aux poudres.

Nous sommes beaucoup trop sur Terre… pour nous faire la guerre.

Anne

 

Nouvelle obsession, nouvel ennemi : la Chine

Traduit par Avic

Les pays sont des "pièces d'un échiquier sur lequel se joue un grand jeu pour la domination du monde"
, écrivait Lord Curzon, vice-roi des Indes, en 1898, rien n'a changé. Le massacre du centre commercial de Nairobi était une façade derrière laquelle une sanglante invasion en bonne et due forme de l'Afrique et une guerre en Asie sont le grand enjeu.

Les tueurs du centre commercial du groupe Al-Shabaab sont venus de Somalie. Si un pays est une métaphore impériale, c'est la Somalie. Partageant une langue et une religion commune, les Somaliens ont été divisés entre les Britanniques, les Français, les Italiens et les Ethiopiens. Des dizaines de milliers de personnes ont été ballotées d'un pouvoir à l'autre. «Quand on les fait se haïr les uns les autres», écrit un fonctionnaire colonial britannique, la «bonne gouvernance est assurée."

Aujourd'hui, la Somalie est un parc à thème de divisions artificielles, brutales, appauvrie durablement par la Banque mondiale et le programme "d'ajustement structurel" du FMI, saturée d'armes modernes, notamment l'arme personnelle favorite du président Obama, le drone. Le seul gouvernement somalien stable, les tribunaux islamiques, a été "bien accueilli par les gens dans les zones sous son contrôle", a rapporté le service de recherche du Congrès américain, «[mais] a reçu une couverture médiatique négative, en particulier en Occident." Obama l'a écrasé; et en Janvier, Hillary Clinton, alors secrétaire d'Etat, a présenté son homme au monde. "La Somalie reste reconnaissant de l'appui indéfectible du gouvernement des Etats-Unis," avait déclaré avec effusion le président Hassan Mohamud, «merci, l'Amérique."

Depuis que l'OTAN a réduit la Libye moderne à un état ​​de Hobbes en 2011, les derniers obstacles vers l'Afrique sont tombés. "Les conflits pour l'énergie, les minéraux et les terres fertiles sont susceptibles de se produire avec une intensité croissante», rapportent les planificateurs du ministère de la Défense. Ils prédisent "un nombre élevé de victimes civiles", donc que "la perception de légitimité morale sera importante pour aboutir à un succès". Sensible au problème de relations publiques relatif à l'invasion d'un continent, le mammouth de l'armement, BAE Systems, avec Barclay Capital et BP, conseillent au «gouvernement de définir sa mission internationale comme une gestion des risques au nom des citoyens britanniques». Le cynisme est mortel. Les gouvernements britanniques ont eu, à plusieurs reprises, des mises en garde, notamment de la part de la Commission parlementaire de renseignement et de Sécurité, que les aventures à l'étranger attireraient des représailles chez nous.

Avec un intérêt des médias réduit au minimum, le Commandement africain américain (Africom) a déployé des troupes dans 35 pays africains, établissant un réseau familier de larbins autoritaires avides de pots de vin et d'armements. Dans les jeux de guerre, la doctrine « de soldat à soldat » s'applique à tous les officiers américains à tous les niveaux de commandement, du général au grade de sous-lieutenant. Les britanniques ont fait de même en Inde. C'est comme si la fière histoire de libération de l'Afrique, de Patrice Lumumba à Nelson Mandela, était reléguée aux oubliettes par une nouvelle élite coloniale de nouveaux maîtres noirs dont la "mission historique", avait averti Frantz Fanon il y a un demi-siècle, est l'assujettissement de leur propre peuple dans la cause d'un "capitalisme sauvage bien camouflé". La référence est aussi valable pour le Fils de l'Afrique de la Maison Blanche.

Pour Obama, il y a une cause plus urgente - la Chine. L'Afrique est la réussite de la Chine. Là où les américains apportent des drones, les chinois construisent des routes, des ponts et des barrages. Ce que les Chinois veulent ce sont les ressources, notamment les énergies fossiles. Le bombardement de la Libye par l'OTAN a chassé 30.000 travailleurs de l'industrie pétrolière chinoise. Plus que le djihadisme ou l'Iran, la Chine est désormais l'obsession de Washington en Afrique et au-delà. C'est la «politique» connue sous le nom de «pivot vers l'Asie", dont la menace pour une guerre mondiale est aussi grande que jamais dans l'ère moderne.

La réunion de cette semaine à Tokyo du secrétaire d'Etat américain John Kerry et du secrétaire à la Défense Chuck Hagel avec leurs homologues japonais a accéléré la perspective d'une guerre avec le nouveau rival impérial. Soixante pour cent des forces américaines et navales doivent être basées en Asie en 2020, visant la Chine. Le Japon se réarme rapidement avec le gouvernement de droite du Premier ministre Shinzo Abe, qui est arrivé au pouvoir en Décembre avec un engagement à construire une "nouvelle et forte armée» et à contourner la "constitution de paix". Un système de missiles antibalistiques nippo-américain près de Kyoto vise la Chine. En utilisant des drones à long rayon d'action, les Global Hawk, les Etats-Unis ont fortement augmenté leurs provocations dans l'Est de la Chine et la mer de Chine méridionale, où le Japon et la Chine se disputent la propriété des îles Senkaku / Diaoyu. Des appareils avancés à décollage vertical sont maintenant déployés au Japon; leur but est la blitzkrieg.

Sur l'île du Pacifique de Guam, à partir de laquelle les B-52s attaquaient le Vietnam, le plus grand déploiement militaire depuis les guerres d'Indochine regroupe 9.000 Marines américains. En Australie, cette semaine, une prise d'armes militaire qui a diverti les habitants de Sydney, correspond à une campagne de propagande du gouvernement pour justifier un accroissement sans précédent du potentiel militaire américain de Perth à Darwin, visant à la Chine. La grande base américaine de Pine Gap près d'Alice Springs est, comme Edward Snowden l'a divulgué, une plaque tournante de l'espionnage américain dans la région et au-delà ; c'est aussi un élément essentiel pour les assassinats par drone d'Obama à travers le monde.

Un ancien secrétaire d'Etat adjoint américain, McGeorge Bundy, avait dit un jour : «Nous devons informer les Britanniques pour les garder de notre côté. Vous en Australie, êtes avec nous, quoi qu'il arrive ». Les forces australiennes ont longtemps joué un rôle de mercenaire pour Washington. Cependant, il y a un problème. La Chine est le plus grand partenaire commercial de l'Australie et en grande partie responsable de sa sortie de la récession de 2008. Sans la Chine, il n'y aurait pas de boom pour les mines du pays ; pas de retour minier hebdomadaire de près d'un milliard de dollars.

Les dangers que cela représente sont rarement débattus publiquement en Australie, où le patron du premier ministre Tony Abbott, Rupert Murdoch, contrôle 70 pour cent de la presse. Occasionnellement, l'anxiété s'exprime sur le «choix» des USA sur ce que l'Australie aura à faire. Un rapport de l'Institut australien de politique stratégique avertit que tout plan américain pour attaquer la Chine impliquerait "l'aveuglement" du système de surveillance chinois, de renseignement et de commandement. Cela "augmentera, par conséquent, les chances de préemption du nucléaire Chinois... et une série d'erreurs de calcul des deux côtés si Pékin perçoit les attaques conventionnelles sur son sol comme une tentative de désarmer sa capacité nucléaire".

Dans son discours à la nation le mois dernier, Obama a dit: «Ce qui rend l'Amérique différente, ce qui nous rend exceptionnel, c'est que nous sommes déterminés à agir."
Source : Nouvelle obsession, nouvel ennemi : la Chine -- Les Maîtres du Monde -- Sott.net
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14 octobre 2013 1 14 /10 /octobre /2013 15:46

 

Quand on vous le dit que pour les marchands d’armes tout est prétexte à s’enrichir à prix de mortelles déchirures pour les peuples de la Terre. C'est cela "la crise", l'argent et donc l'énergie des peuples confisqué pour faire couler le sang d'autres peuples et enrichir quelques sadiques qui se rient de vous et de moi... et d'eux !

 

Union Européenne : accueillir les demandeurs d’asile avec des drones !

La militarisation des politiques d'immigration en UE

 

 

 

 

UE drone

 

 Il y a cinq ans, j’ai eu l’honneur douteux d’une entrevue avec un représentant du parti flamand d’extrême-droite, Vlaams Belang. Après avoir écouté cette femme éructer ses bêtises paranoïaques à propos de la police qui aurait « peur » d’entrer dans certains quartiers de Bruxelles, « où commandent les musulmans », j’ai demandé si elle avait quelque chose contre moi. Comme ressortissant irlandais, je suis un étranger en Belgique, expliquai-je. Ce n’était pas un problème, répondit-elle, parce que « vous êtes probablement de la même religion que nous ». La catastrophe au large de Lampedusa me rappelait cette conversation bizarre et inquiétante. Au milieu du XIXe siècle, mes ancêtres ont fui la faim et la misère dans des « bateaux cercueils », mourant souvent à bord. L’émigration massive hante l’Irlande de nouveau aujourd’hui. Pourtant, contrairement aux Africains qui ont péri avant d’avoir pu atteindre le rivage italien, nous pouvons en général voyager en toute sécurité. JPEG - 51.7 ko Un groupe de survivants du bateau naufragé près des côtes de Lampedusa, la semaine dernière, où des centaines de passagers sont morts noyés – Photo : EPA/Ettore Ferrari L’adaptation à une nouvelle vie à l’étranger n’est jamais facile. Mais, au moins , les démagogues voudront bien de nous parce que nous sommes de la même « race » – ou, comme ils préfèrent dire : de la même religion. Parfois, cependant, je ne suis pas si sûr que l’écart entre les partis extrémistes comme le Vlaams Belang ou l’Aube dorée et les partis politiques « dominants » soit si éloigné que cela. Nick Griffin, un truant britannique du Parti national et maintenant installé comme élu au Parlement européen, a une fois provoqué un tollé général en affirmant que les bateaux transportant des migrants devraient être pris pour cibles par l’armée. Si Griffin avait été juste un tant soit peu nuancé dans ses propos, sa proposition aurait été peu différente finalement de la politique officielle de l’UE. La réponse immédiate de Cecilia Malmström, commissaire aux affaires intérieures de l’UE, à la catastrophe Lampedusa, était pour vanter un nouveau système de surveillance des frontières appelé Eurosur. Selon Malmström , après sa mise en service en décembre, le système aidera les autorités à sauver les bateaux qui rencontrent des difficultés. Contrairement à ce que Malmström a affirmé, Eurosur n’est pas une initiative humanitaire. Au contraire, son objectif principal concerne ce que la Commission européenne appelle « l’immigration clandestine » – un terme péjoratif alors que de voyager d’un pays à l’autre en quête d’une vie meilleure est tout sauf un crime. Eurosur est en partie le fruit d’un projet de 15 millions d’Euros investis dans la recherche scientifique et lancé en 2010. Bien que principalement financé par l’UE, le projet voit une importante participation de gros fabricants d’armes comme l’entreprise BAE de Grande-Bretagne BAE , EADS franco-allemande, et Indra en Espagne. Eurosur s’inscrit donc dans la longue liste des projets financés par l’Union Européenne en matière de sécurité maritime. L’OPARUS est un autre projet qui réunit BAE, EADS et les sociétés françaises Thales et Dassault. Sa mission est d’examiner comment les drones peuvent aider à intercepter les Africains ou les Asiatiques qui tentent d’entrer en Europe. L’Israélien des Industrie Aérospatiales (Israel Aerospace Industries – IAI), fabriquant des drones utilisés dans le bombardement des civils gazaouis, est également dans le coup. Au cours de ma discussion avec Malmström, je l’ai à deux reprises contestée en cherchant à savoir pourquoi voulait-elle que des avions de guerre prennent pour cible une poignée de personnes appartenant à la catégorie la plus misérable de la planète. Mon interlocutrice a tenté de se débarrasser de moi en prétendant que l’utilisation des drones à des fins de violence n’est que pure coïncidence. Il ne fait guère de doute que l’Union Européenne est en train d’adopter une approche de plus en plus militarisée envers les questions de l’immigration et des demandes d’asile. Par ailleurs, l’agence européenne de gestion des frontières, Frontex, jouera un rôle très significatif dans la supervision d’Eurosur. L’agence est dirigée par Ilkka Laitenen, un général de brigade finlandais. Il siège au comité consultatif pour l’Agenda de la Défense et de la Sécurité Ce dernier est un groupe de réflexion tributaire du financement de l’industrie de l’armement. Laitenen et son staff entretiennent également des contacts réguliers avec l’Agence Européenne de Défense, un organe mis en place afin d’attirer et de développer des affaires pour les fabricants d’armes du continent. A l’instar d’Eurosur, Frontex s’est mis à chercher à se procurer les drones jugés appropriés pour repérer et poursuivre les immigrés. L’agence est également connue pour avoir invité des fabricants de drones américains et israéliens à faire une présentation de leurs marchandises meurtrières devant son staff. Dans le même contexte, le Ministère Américain du Commerce a recommandé aux producteurs d’armes du pays de garder un œil sur le Frontex, car il pourrait offrir des « opportunités d’exportation » pour les États-Unis. Par ailleurs, Cecilia Malmström a critiqué à juste titre les autorités Grecques pour avoir approuvé un nombre très réduit de demandes d’asile, tout en refusant systématiquement l’asile aux réfugiés syriens ayant fui la guerre civile dans leur pays. Il ne faut pas oublier que Malmström supervise le travail de Frontex, la même agence qui n’a pas empêché les abus de la Grèce au sujet du droit d’asile. En janvier 2011, la Cour Européenne des Droit de l’Homme qui siège à Strasbourg, a jugé que les centres de détention des demandeurs d’asile en Grèce étaient dans un tel état de délabrement que le fait d’y placer des gens équivalait à des actes de torture. Frontex a, pour rappel, fourni des bus pour transporter les demandeurs d’asiles vers ces centres. Par conséquent, il est reproché à l’agence d’être un sous-traitant pour la torture. Je ne peux cependant pas m’empêcher d’observer que l’une des principales vantardises du Parti Conservateur Britannique lors de sa récente conférence annuelle était le fait d’avoir réduit l’immigration. Cet orgueil et cette fierté doivent être placés dans le contexte d’une guerre idéologique plus vaste menée contre les pauvres d’Europe et de contrées encore plus lointaines. Et comme dans chaque guerre, les principaux bénéficiaires sont ceux qui construisent les instruments qui alimentent ces guerres. David Cronin Article original en anglais : The Militarization of Immigration Policy. Greeting Asylum-Seekers With Drones, CounterPunch, 8 octobre 2013 Traduction : Info-Palestine.eu - CZ & Niha JPEG - 3.6 ko David Cronin est le correspondant de l’agence de presse Inter Press Service. Né à Dublin en 1971, il a écrit pour diverses publications irlandaises avant de commencer à travailler à Bruxelles en 1995. Son dernier livre, ” Corporate Europe : How Big Business Sets Policies on Food, Climate and War ” est publié en août chez Pluto Press www.plutobooks.com.

 

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Union Européenne : accueillir les demandeurs d’asile avec des drones ! | Mondialisation

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14 octobre 2013 1 14 /10 /octobre /2013 14:31

 

C’est vrai, cela commence à bien faire, non, tous ces « bons larrons » qui pleurent et gémissent et se lamentent… « Des emplois, nous voulons des emplois !  ». Les mêmes qui regardent de haut avec mépris et avec haine parfois, le joyeux luron qui leur dit :

 « Faut en finir avec toute cette connerie, la vie est trop belle pour la perdre à payer à d’autres leurs fanfreluches au prix de notre sueur, à prix de peine. Ya Basta ! Larguons toute les sangsues autoproclamées « patrons », foin de la concurrence, cette guerre des peuples contre les peuples, ensemble, voyons nos besoins, organisons nous pour produire ce qui est nécessaire au bien de chacun et de tous, mesurons nos rentabilités en terme de bonheur et de tranquillité.

Arrêtons de travailler pour payer leurs guerres, menant l’humanité à s’entredéchirer pendant que du haut de leurs palais de pacotille, les marchands d’armes contemplent le spectacle avec jubilation… chaque bombe, chaque chair meurtrie et déchirée leur parle de Profit. Ya basta !

Si nous sommes trop sur Terre, c’est que leurs guerres coûtent cher, elles drainent le sang de l’humanité pour alimenter la machine à dollars qui font de quelques-uns des propriétaires de planète. Ya Basta ! Faut arrêter les mecs ! Arrêtons la machine, laissons s’écrouler le système… Posons les bases d’une autre logique économique, une autre manière d’habiter la planète, écosophie, avec sagesse, avec amour en prenant soin de son prochain et que la fête soit de la partie »

Travailler c’est se constituer prisonnier

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« Un édifice basé sur des siècles d’histoire ne se détruit pas avec quelques kilos d’explosifs »
Pierre Kropotkine.

 

Nous sommes tous à un moment ou un autre de notre vie des prisonniers, car travailler c’est se constituer prisonnier. Pourtant le travail tue bien plus que la prison, c’est même le plus grand meurtrier de masse de l’histoire. Il l’a toujours été, certes, mais le mode de production capitaliste et son organisation du travail ont largement participé à intensifier violemment les rapports d’exploitation au sein des entreprises, dans les usines et les commerces. Concrètement, il faut produire toujours plus, toujours plus vite, faire du chiffre, donner de sa personne. Mais toute cette machinerie ne pourrait pas tourner sans l’idéologie qui accompagne le Travail, et qui est souvent forcée d’employer la menace et la contrainte pour s’imposer.

Un peu partout, des individus sont aux prises avec des conditions de vie plus que merdiques et inacceptables, la pauvreté gagne du terrain parmi toujours plus de gens, et même chez ceux qui se croyaient à l’abri. Cette misère qui s’impose de guerre lasse est aujourd’hui l’une des raisons qui poussent beaucoup d’employeurs, des grands patrons qui jonglent avec les millions aux petits commerçants de quartier, à serrer drastiquement la vis sur les diverses latitudes de l’exploitation de leurs salariés. Dans ce serrage de vis général, certains abusent plus que d’autres et certains, même, se permettent de dépasser les cadres légaux et le code du travail. Parfois au JT, certains sont épinglés sur des cibles de jeu de fléchettes pour que la foule puisse se défouler, et oublier par ailleurs ce qui constitue le vrai problème : que le travail et l’exploitation sont en eux-mêmes des abus, que notre dignité ne sera pas retrouvée tant que nous n’en aurons pas fini avec l’économie, le capitalisme et la marchandisation.

Du grand patron de la finance qui a gratté des milliards sur le dos de pauvres endettés et expulsés de leurs logements au petit gérant de supérette, de restaurant ou du bâtiment qui a licencié à tour de bras, qui s’est rendu responsable d’humiliations et de traitements dégueulasses sur ses employés, qui a employé des sans-papiers en les payant moins qu’il ne payerait un âne, tous peuvent du jour au lendemain se retrouver sous les feux de la rampe. On les appelle, de façon bien commode, les « patrons voyous », et les racailles politiciennes des partis et organisations de gauche et d’extrême-gauche comme de droite et d’extrême-droite font leur beurre électoral dessus tandis que les charognards médiatiques en font leur quatre-heure dans leurs pages « sociales ». On peut maintenant tous se défouler sur quelques salauds désignés par la vindicte populaire et oublier tous nos problèmes.

Cependant, la notion de « patron voyou » nous semble bien superficielle. Certes, certains patrons outrepassent leurs droits, en cela, ils sont des voyous vis-à-vis de la loi, mais cela ne nous intéresse pas. Notre problème est plus épineux, c’est qu’il existe encore des patrons et des employés, des maitres et des esclaves, des riches et des pauvres, la hiérarchie et l’argent. Il faut refuser d’accepter la catégorie des « patrons voyous », parce que celle-ci créé une autre catégorie, celle des « bons patrons », des « bons gérants ». Cela est inacceptable, parce qu’endosser les habits du patron, c’est accepter les règles d’un jeu qui n’a d’autres conséquences que l’avilissement de l’humain par l’humain. Le « bon patron » aura beau éclairer le monde de sa beauté intérieure, il reste celui qui donne des ordres. De plus, la notion de « patron voyou » impliquerait que l’exploitation ne serait que le fait d’un petit nombre de patrons abusifs dans un monde qui respire la joie au travail, alors que non, nous vivons dans une société de merde qui est elle-même le produit du travail, et qui en est profondément malade.

C’est aussi le mensonge qui affirme que la souffrance du travail n’est imputable qu’à quelques individus facilement isolables et pas à un mode d’organisation de la vie, qui la soumet à des impératifs de production et qui transforme tout ce qui est, vivant ou non, en marchandise. Et même si demain une bande de justiciers avant-gardistes exécutait chaque patron voyou d’une balle dans la tête en pleine rue, le problème resterait là, dans les marques laissées sur nos corps par des années de turbin, dans l’état de léthargie dans lequel se trouve le travailleur après une journée de travail.

Aussi vrai qu’un édifice basé sur des siècles d’histoire ne se détruit pas avec quelques kilos d’explosifs, le travail ne sera pas détruit par la simple critique de l’exploitation.

Pour la destruction totale du travail.

Extrait de Lucioles N°2, Bulletin anarchiste du Nord-Est de Paris, lisible sur le site du bulletin.

 

Via LA VIDURE | Naître dans une explosion et finir en implosion!

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14 octobre 2013 1 14 /10 /octobre /2013 09:02

 

 

 

La cause du génocide

« La mesure du coût de la pollution altérant la santé dépend des gains prévus de l'augmentation de la morbidité et de la mortalité… De ce point de vue une quantité donnée de pollution affectant la santé doit être faite dans le pays ayant les coûts les plus faibles, qui sera le pays dont les salaires sont les plus bas. Je pense que la logique économique derrière le déchargement de déchets toxiques dans le pays aux salaires les plus bas est irréprochable et nous devons la regarder en face. »

Larry Summer

  http://4.bp.blogspot.com/-662-e_1aeQI/UXPVn0vuvpI/AAAAAAAAo4g/VZpmpPaAg2I/s1600/Barrick-Gold.jpg

Le modèle extractiviste rejeté par la rue

Raul Zibechi

CIP Americas

 

Pascua Lama, la mine d’or de Barrick Gold, est gelée par décision de la Cour Suprême du Chili. Monsanto doit paralyser la construction d’une usine de semences à Cordoba grâce à la massive opposition de la population. Les grandes entreprises extractivistes commencent à récolter des défaites. 

“En démocratie, les disparus, ce sont nous, les peuples” dit Mercedes Maidana qui se défini comme “ colla* transhumante” qui n’a pas cessé de cultiver la terre malgré qu’elle vive dans une des villes du Nord de l’Argentine. Avec cette phrase elle établit un fil rouge entre les dictatures et les régimes actuels lors de la rencontre « De l’extractivisme à  la re-construction d’alternatives » réalisée à la fin août à Buenos Aires[1].


Manifestación contra Monsanto en Córdoba

Manifestation contre Monsanto à Córdoba

Au même moment la législature de Neuquen votait l’accord YPF-Chevron par lequel est prolongée la concession de la zone Loma La Lata jusqu’en 2048 dans laquelle sera utilisée la modalité de la fracture hydraulique (fracking). La répression de milliers de manifestant devant la législature a provoqué une sortie de la salle de 7 députés, trois radicaux, deux liés à la CTA et deux autres de gauche parmi lesquels Raul Godoy dirigeant de l’entreprise récupérée Zanon (Zanon : 10 ans d'autogestion.)

 

 

Dans toute la région latino-américaine se succèdent les conflits grâce à la résistance des peuples à un modèle qui détruit le milieu ambiant et limite la possibilité pour les communautés de continuer à cultiver la terre et de vivre comme elles le souhaitent. Entre autres se distinguent les conflits contre le secteur extractiviste et contre les fumigations et cultures transgéniques.

Selon l’Observatoire des Conflits Miniers d’Amérique Latine (OCMAL), il y a plus de 195 conflits en cours contre le méga-extractivisme dans la région : Le Pérou et le Chili sont en tête de liste avec 34 et 33 conflits respectivement, suivit par le Mexique avec 28, l’Argentine 26, le Brésil 20 et la Colombie 12. Ceux qui comptent le moins de conflits miniers sont Trinidad et Tobago, le Paraguay et l’Uruguay avec 1.

Le méga-extractivisme affecte un total de 290 communautés. Dans certains pays, comme le Pérou, où 25% du territoire a été donné en concession à des multinationales minières, la conflictivité a fait tomber deux cabinets ministériels du gouvernement de Olando Humala et conduit à la militarisation de plusieurs provinces. Les conflits  socio-ambiantaux entre 2006 et 2011 ont provoqué la mort de 195 activistes du pays andins.

La résistance contre le soja, la principale culture transgénique dans la région, s’est fait sentir avec force en Argentine, où Monsanto prétend installer une usine dans la localité de Malvinas Argentinas , près de Cordoba pour produire des semences de maïs. Dans cette ville les Mères d’Ituzaingo (Ogm, pesticides et monsanto : a ituzaingo, ils nous enfument avec le cancer.) ont réussi à gagner une première bataille contre les fumigations. Ituzaingo est un quartier ouvrier de six mille habitants du Sud de Cordoba entouré de champs de soja.

 

 

Mères sans enfants

Sofia Gatica affirme que son quartier « a été déclaré inhabitable en 2005 bien qu’en 2002 les autorités aient déclaré que tout allait bien. Récemment, en 2008 la présidente est intervenue ordonnant une enquête sur l’impact de l’usage des agrochimiques »[2].

La fondatrice des Mères de Ituzaingo a donné le jour à une fille, il y a treize ans. Quelques jours plus tard les reins du bébé ont cessé de fonctionner. La mère a voulu connaitre les causes de la mort de sa fille et a commencé à parler avec ses voisines.

Sans aucune expérience, environ 16 mères ont commencé à faire du porte à porte dans les maisons du quartier et ont découvert que les indices de cancer étaient de 41 fois supérieurs à la moyenne nationale. « Il y a 300 malades de cancer, des enfants naissent avec des malformations, 80% des enfants ont des agrochimiques dans le sang et 33% des morts sont causées par des tumeurs » dit Sofia. L’eau dans les réservoirs est contaminée par les pesticides, en conséquence des fumigations aériennes.

Les Mères de Ituzaingo mirent sur pied la campagne “Stop aux Fumigations” pour dénoncer la situation qu’elles vivaient. Récemment en 2008 le ministre de la Santé ordonna une enquête du Département de Médecine de l’Université de Buenos Aires qui ratifia l’enquête menée par les mères qui relie l’exposition aux fumigènes aux effets pour la santé. Une ordonnance municipale postérieure interdit les fumigations aériennes à une distance moindre de 2 500 mètres des habitations. 

En 2010, la Cour Suprême de Justice interdit non seulement les fumigations près des lieux habités mais renversa les choses : dorénavant les habitants n’auraient plus à prouver les dommages causés par les fumigations mais ce serait le gouvernement et les sojeros qui devraient prouver que les usages des produits chimiques qu’ils utilisent sont inoffensifs.

Devenu le troisième plus grand exportateur de soja au monde, l’Argentine a utilisé 300 millions de litres d’agro toxiques, y compris le glyphosate et l’endosulfan, ce dernier déjà interdit dans 80 pays incluant tous ceux de l’Union Européenne alors que les Nations Unies considérant qu’ils devraient cesser d’être produits et commercialisés.

En avril 2012, Sofia a reçu le Prix Goldman, une des distinctions les plus importantes du monde attribuée à ceux qui luttent pour la défense du milieu ambiant. « Le président Obama nous a reçu et des mois plus tard nous avons reçu une lettre dans laquelle il nous dit qu’il ne peut rien faire contre Monsanto ».

 

En juin 2012, elles réussirent à mener les responsables  devant la justice pénale pour la première fois dans le pays. Le 21 août, la Chambre du Crime de Cordoba a déclaré un producteur et un fumigateur coupables de contaminer et affecter la santé de la population. La peine fut de trois ans de prison avec sursis sans emprisonnement.

“Ce fut un jugement historique”, dit Medardo Avila Vasquez, ex sous-secrétaire à la Santé qui a actuellement intégré le Réseau des Médecins des Peuples Fumigés; vu que c’est la première fois que la justice condamne les responsables de contamination et de maladies. Mais ce même jour le Ministre de l’Agriculture Norberto Yahuar, présentait conjointement avec les directeurs de Monsanto la nouvelle semence de soja transgénique : Invicta RR2 Pro.[3]

L’objectif des Mères de Ituzaingo est d’obtenir que des entreprises comme Monsanto quittent le pays. « L’alternative est en nous parce que nous subissons un génocide caché dans toute l’Amérique Latine », dit Sofia. L’entreprise promet que la nouvelle semence donnera « une seconde génération de soja »

La mine source de conflits et de crises

Le Pérou et le Chili sont les pays avec le plus de conflits miniers dans la région. Jaime Borda de la Red Muqui Sur du Pérou, avertit que les dépenses pour l’exploration minière dans le monde se sont multipliées par 10 depuis 2002. Il présente une carte qui montre « comment se répartissent les entrepreneurs au Pérou », un pays couvert de quadrillages qui représentent les concessions minières.[4] En 2002, il y avait à peine 7,5 millions d’hectares concédés aux sociétés minières, un chiffre qui est monté à 26 millions en 2012, soit 20% de la superficie du pays.

Quelques provinces andines comme Apurimac voient 57% de leur surface concédée aux extractivistes. Borda soutient que la conflictivité élevée qu’enregistre le pays est motivée par le fait que « la population a compris que la protestation est l’unique manière pour les communautés de se faire entendre par le gouvernement. » Il se demande s’il est possible d’avoir une relation nouvelle et différente avec les sociétés minières.

La réponse n’est pas évidente. Les grandes entreprises minières comme les récemment fusionnées Glencore et Xstrata contrôlent monopolistiquement les marchés : 70% du marché mondial du zinc, 55% du cuivre, 45% du plomb. « Les bases de la croissance extractiviste ne se conjuguent plus en termes démocratiques et on en arrive à une croissance toujours plus agressive, verticale, autoritaire, et profondément centralisatrice », dit Borda.

C’est pourquoi il défend “un plus grande institutionnalité dans le thème du milieu ambiant, un renforcement de la décentralisation et du système territorial” vu que n’apparait pas clairement qui planifie la croissance qui convertit la région en corridor minier.

Le Chilien Lucio Cuenca, de l’Observatoire latino-américain des Conflits Ambiantaux (OLCA) met en évidence que son pays; malgré qu’il soit le premier producteur de cuivre du monde, renonce à réguler le marché et les prix, au point que “les transnationales décident où et à quel rythme exploiter”[5] L’industrie extractive est le principal produit d’exportation mais occupe moins de 1% de l’emploi, dont les 70% sont précaires car en sous-traitance.

En 2010, 25% du territoire était en exploration ou en exploitation. Au Chili l’extraction consomme 37% de l’électricité que produit le pays, et atteindra 50% dans quelques années, face au 28% de l’industrie et 16% pour le secteur résidentiel. Ceci impose à l’état la construction permanente de nouvelles sources d’énergie, qui accélèrent le déplacement de populations et le transfert de terre agricoles à d’autres usages.

En parallèle,  l’Etat est le grand perdant de l’expansion extractive. En 1990 la société d’état Codelco concentrait 75% de la production minière, un pourcentage qui est tombé à 28% en 2007 à cause des constantes concessions et privatisations. Cependant les apports fiscaux sont inverses : avec ce petit pourcentage de la production, en 2008, Codelco rapporta au fisc, 8 300 millions de dollars face à seulement 3 400 millions pour les entreprises privées, malgré qu’elles produisent le double.

Les opposants à l’extractivisme ont obtenu une importante victoire au Chili. Depuis 2000, ils mènent une lutte contre la société minière Barrick Gold qui exploite Pascua Lama à la frontière entre le Chili et l’Argentine. La justice a décidé l’arrêt de l’exploitation tant qu’elle ne règlerait pas les œuvres de contentions et de traitement des eaux contaminées.

Le projet de Barrick, le plus grand producteur d’or du monde, pour quelques 8 500 millions de dollars, a été arrêté en avril par un tribunal local à la demande des communautés indigènes de la région. Quelques jours plus tard, la Cour Suprême a confirmé la suspension de la mine[6].

En conséquence, Barrick encaissa une perte de 8 560 millions pour le second trimestre de 2013 (40% de son patrimoine) et les actionnaires ont initié un procès contre les directeurs pour avoir occulté et manipulé l’information depuis octobre 2009. Cela pourrait signifier le début des problèmes pour l’extractivisme au Chili : le Nord du pays souffre d’une importante crise hydrique dont les principale responsabilité incombe aux méga-extractivistes[7].

Eux ou nous

Le biologiste Raul Montenegro, Prix Nobel Alternatif en 2004[8], soutient que l’actuel modèle agricole extractif qui se pratique en Argentine devrait être considéré comme une variante fort étendue et en surface du méga-extractivisme[9]. Son argument est que par les cultures sont extraits des métaux et aussi des substances nutritives qui plus tard seront exportés comme grain. « L’agriculture et la méga-extraction ont en commun, en plus, la consommation d’eau et la génération de passifs ambiantaux »


Monsanto

Alors que l’extractivisme laisse des dépôts stériles et des résidus de minéraux, l’agriculture industrielle “laisse des accumulations disséminées de pesticides qui persistent pour des années ou des décennies”. C’est avec de point de vue qu’est abordée l’empreinte de Monsanto à Malvinas, une localité située à 14 kilomètres de Cordoba et à 10 kilomètres de Ituzaingo qui abrite un peu plus de 12 mille habitants.

Comme toutes les localités situées dans les champs de soja, elle subit les effets des pesticides. Par chance, la nouvelle de l’arrivée de Monsanto se produit alors que dans la société étaient débattus « les effets des faibles doses de pesticides sur la santé humaine et le milieu ambiant », grâce à la persévérance des Méres d’Ituzaingo.

Par une ironie de la vie, la nouvelle dut donnée le 15 juin 2012 par la présidente Cristina Fernandez depuis les Etats-Unis, trois jours après le début du premier procès contre les responsables de la contamination à Ituzaingo. A peine eurent-ils connaissance du projet, que les habitants de Malvinas Argentinas mirent sur pied l’Assemblée des Citoyens de Malvinas en Lutte pour la Vie intégrée par le collectif Réseaux de Médecins des Peuples Fumigés et par des habitants de la localité.

En avril, l’Université Nationale de Cordoba, l’université Catholique de Cordoba et le Conicet (Conseil National d’Enquêtes Scientifiques et Techniques) rendirent publique une enquête réalisée a Malvinas Argentinas . 87% désiraient une consultation populaire et 58% rejetaient l’installation de la multinationale. Mais 73% redoutaient d’agir contre Monsanto par peur de subir des représailles et 68% n’avait pas confiance dans l’étude d’impact ambiantal que réalisa cette entreprise[10]. 

Monsanto projetait d’installer 240 silos de semences de maïs transgénique avec pour objectif d’arriver à 3,5 millions d’hectares semés. Le Docteur Avila Vasquez affirma que le risque principal était une maladie appelée « poumon du fermier » qui provoque la formation de fibroses dans les poumons. Un problème supplémentaire est « qu’il n’existe aucun lieu en Amérique Latine ou autant de silos sont rassemblés et que les grains seraient recouvert avec une pellicule agrochimique[11].

L’usine utiliserait des millions de litres d’agrochimiques pour le traitement des semences et une partie des effluents « se répandraient dans le sol et dans l’eau, provoquant un grave préjudice” affirme Avila Vasquez. La frontière agricole continuera à croître et beaucoup d’insectes mourront. Ces semences sont interdites en Europe parce qu’elles ont causé la mort massive d’abeilles, de papillons monarque et coccinelles » signale le médecin.

Pour sa part, Monténégro signale que « l’Argentine aura les deux plus grandes usines du monde pour le conditionnement des semences, ce qui renforcera un modèle extractiviste déjà hors de contrôle ». L’assemblée soutient que la municipalité applique une loi provinciale qui contient moins d’exigences que la nationale. En Avril, la Cour suprême de Justice autorisa les travaux qui avaient été suspendus par un autre jugement[12].

Les manifestations contre Monsanto augmentèrent à partir du 18 septembre, quand les manifestants installèrent un campement empêchant le passage des camions contenant le matériel destiné à la construction de l’usine. Il y eut une forte répression policière au cours de laquelle Sofia Gatica fut blessée. « Nous ne permettrons le passage d’aucun camion, ni que Monsanto s’installe, parce que ce sont eux ou nous. Moi, j’ai déjà perdu ma fille » dit Sofia.[13] 

Le syndicat de la construction a expulsé les manifestants le 26 septembre d’un des portails de l’entrée et la CGT réclame à cause des sources de travail qui se perdent[14]. Malgré la mesquinerie du syndicalisme patronal, les protestations ont conduit à la suspension des travaux le 1er octobre pour manque de matériaux.

  **Collas ou Kollas : peuple amérindien du petit nord chilien et du Nord-ouest argentin, issu d'un large métissage de différents groupes ethniques indigènes.[NdE]

Raul Zibechi est analyste international du séminaire Brecha de Montevideo, professeur et enquêteur au sujet des mouvements sociaux à la Multiversitad Franciscana de America Latina et conseiller de différents groupes sociaux. Il écrit chaque mois pour le Programme des Amériques (  www.cipamericas.org )


[1] Le séminaire “De l’extractivisme à la re-construction d’alternatives” a eu lieu le 29 août à Buenos Aires et a été organisé par l’association BEPE (Bienaventurados los Pobres), le réseau agro forestier d’El Chao et le réseau d’Assistance Juridique contre la Megaminièrie.

2 Intervention de Sofia Gatica dans le séminaire “De l’extractivisme à la re-construction d’alternatives » 

3 Dario Arando, “Invicta la nouvelle imposition de Monsanto. MU, Buenos Aires, septiembre 2013.

 4 Intervention de Jaime Borda au séminaire “De l’extractivisme à la re-construction d’alternatives » 

5 Intervention de Lucio Cuenca au séminaire “De l’extractivisme à la re-construction d’alternatives » 

6 Reuter, Santiago, 25 semptembre 2013.

7 Données transmises par Lucio Cuenca

8 Right Livelihood Award

9”Monsanto envahit Malvinas Agentinas” (Cordoba) 22 juillet 2012 in www.ecoportal.net 

10 Dario Aranda “Agro et extractivisme”, Pagina 12, 19 septembre 2013

11 “Monsanto, les semences de la discorde », 6 octobre 2013 in http://noticias-ambientales-cordoba.blogspot.com/ 

12« Monsanto, conflit social et incertitude légale », La Voix de l’Intérieur,  Cordoba, 6 octobre 2013  

13 « En lutte contre l’arrivée de Monsanto a Cordoba », 4 octobre 2013 in www.olca.cl 

14“Monsanto, conflit social et incertitudes légale” La Voix de l’Intérieur; Cordoba, 6 octobre 2013


Fuente: http://www.cipamericas.org/es/archives/10888

Rebelion. El modelo extractivo rechazado en las calles

Traduction française Anne Wolff

 

Merci à dont j'ai repris les illustrations et la définition de Colla




 

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13 octobre 2013 7 13 /10 /octobre /2013 19:58

 

 

Carmelo Ruiz Marrero

mercredi 9 octobre 2013, mis en ligne par Dial

L’Institut national pour la recherche agronomique (INRA, France), l’un des organismes moteurs de la révolution verte dans les années 60, avec, comme corolaire, l’utilisation massive d’engrais et de pesticides, a fait depuis 2010 de l’agroécologie un de ses deux chantiers scientifiques prioritaires. Dans un entretien publié sur le site du journal Le Monde Philippe Lemanceau, actuel directeur de l’unité Agroécologie à l’INRA, expliquait ainsi récemment :

« On s’est rendu compte que l’agriculture avait, certes, pour objectif la production et la sécurité alimentaire, mais aussi celui de rendre des services environnementaux – éviter de contribuer au réchauffement climatique, empêcher la détérioration des sols, garantir une eau pure, éviter les invasions de pathogène – le tout dans un contexte de forte croissance démographique au niveau mondial. C’est un changement de paradigme : on n’est plus dans l’affrontement entre agronomie et écologie, agriculture productiviste et écosystèmes, mais dans leur réconciliation. » [1]

Dans ce contexte, nous proposons de faire retour sur l’expérience novatrice cubaine, conduite depuis les années 1990. Article de Carmelo Ruiz Marrero publié par 80grados (Puerto Rico), le 7 juin 2013.


« Durant les années les plus difficiles de la Période spéciale [2], nos paysans et nos chercheurs en agronomie ont trouvé d’innombrables solutions innovantes. Il y avait un objectif et une priorité : récupérer nos systèmes agricoles et produire le nécessaire à notre alimentation. Nous avions cependant besoin de concepts qui intègrent et adaptent les changements déjà inévitables, et nous les avons trouvés dans l’agroécologie. » Orlando Lugo Fonte, président de l’Association nationale des petits producteurs de Cuba [3]

Cuba est le pays qui a le plus avancé dans le passage de la production agricole traditionnelle à la production biologique, et dans le laps de temps le plus court. De nombreux experts et observateurs ont rendu compte et fait l’éloge du succès de cette transition, parmi lesquels Peter Rosset, Miguel Altieri, et les organisations Food First et Worldwatch Institute [4]. Elles ont même fait l’objet d’un documentaire intitulé The Power of Community : How Cuba Survived Peak Oil [5].

Le pays s’est trouvé dans une situation très inhabituelle et critique au début des années 90. Avec l’effondrement du bloc soviétique, les aides que recevait Cuba sous forme de produits alimentaires et d’intrants agricoles ont cessé du soir au matin, provoquant une crise sans précédent. Mais le pays s’en est sorti grâce à la transformation réussie de son modèle agricole, en l’orientant vers une agroécologie reposant sur de petites unités de production.

Lors du mois de mars passé, alors que je séjournais dans la ville colombienne de Medellín, j’ai eu le grand plaisir d’échanger avec les professeurs cubains Fernando Funes et Luis Vázquez, deux avocats de l’agroécologie jouissant d’une reconnaissance internationale et enseignants du programme doctoral de la Société scientifique latino-américaine d’agroécologie [6]. Entre de longues promenades dans le centre-ville et quelques bières dans le quartier de Pilarica, nous avons pu longuement dialoguer sur les défis de l’agriculture, l’écologie et le socialisme. Cet article se fonde sur ces conversations et sur des écrits de Funes et d’autres auteurs.

Funes écrit qu’après le retrait de l’aide soviétique « la situation critique ainsi créée dans le secteur agricole cubain ouvrit la voie à la transformation de la structure agraire et à la possibilité d’atteindre une nouvelle dimension technologique, économique, écologique et sociale, ceci afin de parvenir à la sécurité alimentaire grâce à de nouvelles méthodes et de nouvelles stratégies » [7].

Avant de chercher à appliquer les expériences cubaines dans d’autres pays et contextes, il faut connaître la conjoncture unique et extraordinaire de Cuba. La révolution de 1959 et la réforme agraire qui la suivit ont été un événement unique dans l’histoire de l’Amérique latine. Lors de la révolution cubaine la classe dominante a été extirpée à la racine et expulsée. Les classes possédantes latino-américaines, appuyés par les redoutables services de contre-insurrection états-uniens n’ont lésiné sur aucun moyen pour s’assurer que jamais ne se reproduise une révolution telle que celle de Cuba.

Un des principaux facteurs du succès de l’agriculture écologique et de la souveraineté alimentaire à Cuba est l’appui de l’État. L’expérience cubaine prouve de façon saisissante que pour se lancer sur la voie de l’agroécologie un engagement important du secteur public est nécessaire, et contredit l’image d’un gouvernement cubain bureaucratique, sans créativité ni imagination. Si l’État cubain avait été aussi rigide et impuissant que le prétendent les détracteurs de la révolution il n’aurait pas pu prendre, de façon rapide et décisive, les mesures nécessaires pour éviter une crise alimentaire fatale.

Parmi les décisions concrètes prises par le gouvernement il faut inclure la mise en place de 276 établissements de reproduction d’entomophages et d’entomopathogènes (organismes qui sont des ennemis naturels des fléaux agricoles), un Programme national d’agriculture urbaine subdivisé en 26 sous-programmes qui englobent la production de légumes, de plantes médicinales, de condiments, de grains, de fruits et l’élevage d’animaux (poules, lapins, ovins, caprins, porcins, abeilles et poissons), qui ont été développés dans l’ensemble du pays, ainsi qu’un programme de promotion de l’agriculture écologique dans le cadre de l’Association nationale des petits agriculteurs (ANAP).

Funes décrit les fondements de cette révolution agricole écologique : « Ces avancées vont de l’usage de biologique-pesticides et de contrôles biologiques jusqu’aux diverses utilisations d’engrais biologiques, compost, humus de vers de terre, de biotierra [8], de la traction animale etc. à grande échelle et de manière rapide ». Les techniques qui ont été explorées et développées intègrent aussi la polyculture, la rotation, l’utilisation intelligente de légumineuses qui fixent l’azote et une grande variété de solutions écologiques aux problèmes des fléaux agricoles et des mauvaises herbes.

Conjointement à l’innovation, il y a eu une reconnaissance pleine et entière de traditions anciennes de grande pertinence et utilité. Funes explique : « La combinaison des pratiques traditionnelles de culture et de fertilisation biologique courantes dans la campagne cubaine, apportées d’Europe par les immigrants espagnols il y a plusieurs siècles, et des stratégies adaptées d’utilisation du climat, des phases de la lune et souvent même des croyances religieuses et dictons enracinés dans la sagesse paysanne, a permis, sans aucun doute, que ce secteur ait été celui qui s’est récupéré de la manière la plus convaincante et rapide de la crise ouverte par l’arrêt de la fourniture d’intrants. »

Mais l’action de l’État à elle seule, bien que nécessaire, n’est pas suffisante pour faire avancer l’agroécologie. On en a déjà eu la preuve au Venezuela, en Bolivie et en Équateur, où des gouvernements progressistes à orientation bolivarienne souhaitent agir en faveur de la souveraineté alimentaire et de l’agroécologie et en ont fait des politiques d’État. De façon hiérarchique, du haut vers le bas, ces gouvernements ont transmis des directives à cet effet aux universités publiques et aux ministères de l’agriculture, et rien ne s’est passé. Les bureaucrates, agronomes et universitaires formés dans le moule de l’agriculture industrielle et conventionnelle (connu comme le modèle de la révolution verte) ont tout simplement ignoré les instructions des hautes sphères et ont continué à faire ce qu’ils avaient toujours fait, privilégier la monoculture et les engrais chimiques toxiques et refusé de s’ouvrir aux aux nouveaux discours et concepts agricoles issus de l’écologie et de la mobilisation populaire.

Cuba a évité que sa révolution agricole subisse ce sort grâce à une combinaison de décentralisation et de modèles participatifs. Les entreprises agricoles d’État ont cédé la place à des Unités de base de production coopérative. Funes explique que « l’idée de “se sentir maître” a favorisé un engagement plus important dans la prise de décision et a placé l’individu en situation d’élaborer des stratégies d’autogestion, à une échelle moindre dans ce cas, ce qui a joué en faveur de résultats économiques et d’une productivité supérieures [9] ».

La révolution cubaine agroécologique s’est distinguée par le développement de méthodologies participatives nouvelles et novatrices dans le domaine de la recherche agricole en employant des processus horizontaux de validation, débat et adaptation des nouvelles idées et propositions. Ces méthodologies, qui doivent beaucoup à la pédagogie de Paulo Freire, sont connues collectivement comme : Paysan à paysan (CAC, pour son sigle en espagnol). Né en Amérique centrale dans les années 70, le CAC a révolutionné l’agriculture écologique dans toute l’Amérique latine et commence à avoir une influence à niveau mondial.

Selon l’ouvrage récent Révolution agroécologique à Cuba, « le CAC est une méthodologie dynamisante qui place le paysan et sa famille dans une situation de protagonistes de leur propre destin ; par contraste avec l’extensionismo classique [10] – étatique et démobilisateur de la base paysanne – s’appuyant sur le technicien comme vecteur du savoir… il s’appuie sur la transmission horizontale et l’élaboration collective de connaissances, pratiques et méthodes. C’est-à-dire qu’il essaie d’intégrer tradition et innovation paysannes en complément des résultats de la recherche scientifique en agroécologie. En résumé, affirme le livre, « l’agroécologie a réussi en dix ans environ ce que le modèle traditionnel n’a jamais réussi ni à Cuba ni ailleurs : produire plus avec moins de moyens (devises, intrants et investissements » [11].

D’après Orlando Lugo Fonte, président de l’ANAP, le facteur le plus important dans le succès de l’agroécologie à Cuba, c’est « la Révolution, qui nous a donné et garanti la propriété de la terre, qui socialement, techniquement et sur le plan éducatif nous a fait progresser ; qui nous a inculqué les valeurs du collectivisme, la coopération et la solidarité. Mais par-dessus tout, elle a donné leur dignité à l’homme et à la femme du monde paysan et les a rendus maîtres et responsables de beaucoup plus que de leur parcelle. Elle en a fait des femmes et des hommes conscients de leur responsabilité : nourrir le peuple et protéger l’environnement afin que les générations futures de Cubains puissent aussi se nourrir et disposent de terres propres et saines où vivre. »

« Grâce à toute son histoire révolutionnaire, depuis le XIXe siècle, la paysannerie cubaine a accumulé de très nombreuses expériences », affirme João Pedro Stédile, membre de la Coordination nationale de La Via Campesina - Brésil et du Mouvement des sans terre (MST). « En plus d’être passée par la Révolution verte, la paysannerie cubaine a maintenu vivante sa Révolution populaire et résiste désormais depuis 50 ans à toutes les agressions de l’impérialisme. Pour cette raison, c’est aujourd’hui le secteur paysan le mieux préparé, idéologiquement et scientifiquement, pour nous aider, nous les paysannes et paysans du monde, à affronter les défis qu’impose le capital. » [12]

Il ne faudrait pas pour autant oublier toute perspective critique et avoir une vision romantique ou idéalisée de la réalité cubaine. L’agroécologie à Cuba affronte de sérieux défis et contradictions [13]. Le gouvernement cubain ne semble pas avoir l’intention d’écarter le modèle d’agriculture traditionnelle ; en outre, il est en train de développer des cultures transgéniques [14], chose que Funes a critiquée publiquement [15]. Certains, dans les hautes sphères du Parti communiste, voient l’agroécologie comme un pansement temporaire à abandonner une fois terminée la période spéciale. Mais Funes et bien d’autres agriculteurs cubains sont convaincus que l’agroécologie est aujourd’hui le chemin adéquat et le restera demain : « Pratiquons aujourd’hui une agriculture biologique non par nécessité mais avec la conviction que c’est réellement la voie à suivre » [16].


  • Dial – Diffusion de l’information sur l’Amérique latine – D 3253.
  • Traduction d’Annie Damidot pour Dial.
  • Source (espagnol) : 80grados, 7 juin 2013.

 

Notes

[1Bolis, Angela, « L’agroécologie, un chantier prioritaire pour l’INRA : entretien avec Philippe Lemanceau », Le Monde.fr, 24 avril 2013. http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/04/24/l-agroecologie-un-chantier-prioritaire-pour-l-inra_3165681_3244.html. [consulté le 9 octobre 2013].

[2Nom donnée à la période de crise économique qui a suivi la dissolution de l’URSS en 1991, qui a eu notamment pour conséquence de réduire considérablement l’approvisionnement en hydrocarbures de l’île.

[3Citation tirée du prologue rédigé par Orlando Lugo Fonte pour l’ouvrage Revolución agroecológica en Cuba : el movimiento Campesino a campesino de la ANAP en Cuba [Révolution agroécologique à Cuba : le mouvement Paysan à paysan de l’ANAP à Cuba], de B. M. Sosa, A. M. Roque Jaime, D. R. Avila Lozano et P. M. Rosset. Première édition publiée à Cuba en 2010.

[4Fernando Funes et al., Sustainable Agriculture and Resistance : Transforming Food Production in Cuba [Agriculture durable et résistance : transformer la production alimentaire à Cuba], Food First Books ; Ben Block, « Traditionnal Farmer Knowledge Leads Cuba to Organic Revolution », Worldwatch Institute.

[5Ce documentaire peut être vu et téléchargé librement (anglais sous-titré espagnol) : http://vimeo.com/8653921 – note DIAL.

[6Blog du programme doctoral de la SOCLA : http://doctoradoagroecoudea.wordpress.com/.

[7Fernando Funes Monzote, « La agricultura cubana en camino a la sostenibilidad » [L’agriculture cubaine sur la voie de l’agriculture durable], revue LEISA, juillet 2001.

[8Mélange de terre et de compost, principalement à base de résidus de canne à sucre.

[9Le féminin pluriel provient de l’application de la règle de l’accord de proximité – note DIAL.

[10Politiques publiques visant à fournir aux agriculteurs différents outils technologiques susceptibles d’améliorer la productivité – note DIAL.

[11B. M. Sosa, A. M. Roque Jaime, D. R. Avila Lozano et P. M. Rosset, Revolución agroecológica en Cuba : el movimiento Campesino a campesino de la ANAP en Cuba [Révolution agroécologique à Cuba : le mouvement Paysan à paysan de l’ANAP à Cuba], Cuba, 2010.

[12Citation tirée du prologue de João Pedro Stédile à Revolución agroecológica en Cuba , op. cit.

[13Miguel Altieri et Fernando Funes Monzote « La paradoja de la agricultura cubana » [Le paradoxe de l’agriculture cubaine], http://www.nodo50.org/ceprid/spip.php?article1395.

[14Informations sur les OGM à Cuba rassemblées par le Projet de biosécurité de Porto Rico, http://bioseguridad.blogspot.com/search/label/Cuba.

[15Transgénicos : ¿Qué se gana ? ¿Qué se pierde ? Textos para un debate en Cuba [Transgéniques : que gagne-t-on ? que perd-t-on ? Textes pour un débat à Cuba], textes rassemblés par Fernando Funes Monzote et Eduardo Francisco Freyre Roach, http://www.cfv.org.cu/publicaciones/lib64transg.html.

[16On peut voir en ligne une conférence donnée par Fernando Funes sur « L’agroécologie à Cuba » (espagnol)

 

Source : CUBA - Agroécologie : l’autre révolution - AlterInfos - América Latina

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