5 novembre 2013 2 05 /11 /novembre /2013 09:22

 

Honduras, Liberté pour Bertha Isabel Caceres du COPINH
Non à la criminalisation 
des populations Lenca 

Application des droits internationaux 

des peuples autochtones à la consultation

Par Libres Amériques

« Pourquoi la justice hondurienne condamne les gens qui défendent ses ressources naturelles ? ».  C’est la question que pose Gustavo, frère de Bertha Isabel Caceres, coordinatrice du Conseil Citoyen des Organisations des Peuples Amérindiens du Honduras (COPINH sigle en espagnol). Bertha a été mise en prison préventive lors d’une audience qui s’est déroulée vendredi 20 août 2013 devant les tribunaux de la ville d’Esperanza. Et comme l’avait manifesté un récent communiqué d’Amnesty International France, cette condamnation devient un délit d’opinion manifeste et plus largement une atteinte aux droits des défenseurs de l’environnement et des peuples originaires du Honduras.

Pendant que se déroulait l’audience, à l‘extérieur du tribunal des centaines de personnes ont protesté et manifesté leur soutien et leur solidarité avec Bertha Caceres et aux deux autres dirigeants, Aureliano Molina et Tomás Gómez Membreño, auxquels il a été ordonné des mesures substitutives.

A la connaissance des résultats de l’audience, l’indignation n’en a été que plus forte au sein des organisations et des manifestants venus soutenir Bertha Caceres et les autres responsables.

Rapidement, les activistes présents se sont déclarés en mobilisation permanente pour exiger la liberté de la coordinatrice de la COPINH et ils ont prévenu qu’ils continueraient à défendre les ressources naturelles en rapport avec la rivière Gualcarque, tout en condamnant le projet hydroélectrique « Agua Zarca » et tous les projets touchant la population locale.

«  Je demande à la communauté internationale de nous aider à faire appliquer les instruments légaux que nous avons en tant que peuples originaires », a souligné Gustavo Caceres.

Les accusations

Bertha Cáceres, Aureliano Molina y Tomás Gómez Membreño ont été accusés par le tribunal de Première instance du département d’Intubucá, pour délit d’usurpation, de contraintes et divers dommages contre l’entreprise DESA (Développement Hydroélectrique), qui réalise le projet énergétique « Agua Zarca », situé dans le hameau de Rio Blanco.

Selon le ministère public, les accusés seraient les auteurs intellectuels ayant induit les habitants de la zone à provoquer des dommages matériels à l’entreprise DESA, ils seraient de plus de 3 millions de dollars (environ 2,5 millions d’euros) ou 67 millions de lempiras, selon les éléments présentés par les parties civiles.

Des cadres dirigeants de l'entreprise DESA ont accusé les habitants de détruire l'infrastructure, où fonctionne le projet : des maisons, des baraquements, des générateurs et des machines auraient été incendiés, allant jusqu'à empêcher le paiement du salaire du personnel travaillant sur le site, et aussi de quelques conseillers étrangers.

Comme preuves, le Ministère Public (l’accusation) a présenté une plainte déposée pas le maire Monsieur Martiniano Domínguez, et par le mandataire légal de l’entreprise DESA ; Madame Carolina Castilllo, ils ont joint des vidéos et des photos sur les dommages causés  sur le site où se réalise le projet hydroélectrique « Agua Zarca ». 

La population s’y oppose

Le hameau de Rio Blanco est composé d’une communauté amérindienne Lenca, cette dernière à décider de s’interposer face au projet hydroélectrique. « La décision a été prise au sein de la communauté depuis le 1er avril de cette année (2013), parce que nous nous refusons de quitter la rivière Gualcarque, où les animaux s’abreuvent et sur  les terrains où nous plantons les aliments de nos familles. » a déclaré Adelaida Sánchez, une habitante de cette localité.

Marcellina une autre habitante faisant de la résistance dans la zone, affirme que l’entreprise à couper des centaines d’arbres que le peuple a protégé une vie durant et que les habitants ne peuvent plus se baigner dans une rivière qui détient une valeur spirituelle pour la population.

Selon ce qui a pu être constaté à travers un communique du COPINH, le contrôle des routes fait parti d’un processus de consultation de plus de 40 assemblées autochtones, où il a été réaffirmé un rejet du dit projet, des entreprises DESA, SINOHYDRO et l’allemande Volth Hydro, ainsi que la militarisation de la région mise en place par le gouvernement et la persécution judiciaire et politique contre des responsables du COPINH.

Des entreprises bafouent les droits humains

Sino-Hydro est une entreprise transnationale de la Chine continentale, et une des principales au niveau mondial concernant l’installation de projets hydroélectrique  et l’extraction de minerais, elle a été sanctionnée et suspendue ses projets dans différents pays pour violation des droits des travailleurs et droits des peuples autochtones en Equateur, au Venezuela, en Ethiopie et au Soudan, entre autres.

Les entreprises DESA et Sino-Hydro sont responsables des violations systématiques aux droits humains des personnes et au territoire ancestral du peuple Lenca, malgré les engagements souscrits par de l’entreprise Sino-Hydro et les obligations légales prenant en compte le respect des droits des peuples originaires et l’environnement, selon la déclaration de l’ONU sur les droits de consultation libre et informée des peuples autochtones.

Articles en relation sur le blog Libres Amériques :
09 mars 2013 : Protection International lance son nouveau documentaire, La Ley del más Fuerte (La loi du plus fort), une plongée dans le travail des défenseurs des droits humains au Honduras et les défis auxquels ils font face ...

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4 novembre 2013 1 04 /11 /novembre /2013 11:55

 

Et puisque ce matin, je fais la nique aux chasseurs de sorcières... quelques éléments pour vous permettre de reconstituer l'histoire réelle de la seconde guerre mondiale, et le rôle de soutien au nazisme joué par ces même transnationales dont les héritiers nous concoctent aujourd'hui une version inédite de néo-fascisme global. 

Petits crétins anti-conspi... prenez en de la graine, il serait temps d'élever votre culture historique au dessus du niveau du petit pois frippé ! (Mendel aussi trichait parait-il. C'est qui Mendel ?) Et un petit coucou aux collecteurs de données subversives, courage les mecs, on a encore pas mal de matière à vous fournir. Cela ne vous fait pas réfléchir vous qui êtes aux premières loges ? Vous ne vous posez pas de questions sur l'avenir que vos maîtres réservent à vos enfants. Vous êtes corriaces, les mecs,et complètement bouchés ou peut-être simplement tellement dévoré par une haine fondamentale qui ne laissepas de place à la pensée consciente ? Ou alors sans doute êtes vousde ces nouveaux êtres, plus proche de la machine que de l'humain, plus mécanique que vivant. Qui sait ?

Bonne lecture édifiante à tous

Anne

 

 

 

Les salauds célèbres: Prescott Bush

Beau bonhomme!

Beau bonhomme!

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Dans la série La filière des salauds célèbres, nous allons jeter un œil sur le grand père du toujours célèbre dit W Bush.

Je me suis demandé un jour comment l’Allemagne Nazie s’était relevée aussi «adroitement» de la grande période du crash des années 30.

De 1944 à 1956, Bush fut un des administrateurs de Yale.

De 1947 à 1950, il présida le comité des finances du Parti républicain du Connecticut.

En 1950, il tente de se faire élire au Sénat des États-Unis mais est battu de seulement mille voix par le sénateur sortant William Benton.

En 1952, à sa seconde tentative, il est élu sénateur du Connecticut au Sénat des États-Unis en battant Abraham A. Ribicoff. Il reprend alors le siège du sénateur défunt James O’Brien McMahon.

Il siègera au Sénat jusqu’en janvier 1963 et sera un fervent soutien et un ami personnel du président Dwight Eisenhower.

En 1956, dans un discours, il définit ce que doit être la conduite des États-Unis dans le contexte de la guerre froide et appelle au maintien d’une défense armée militaire et spirituelle basée sur le patriotisme et la croyance en l’American way of life, qui permettront de remporter la bataille finale.

Après son départ du Sénat, il se retire dans ses résidences familiales à Long Island, État de New York, à Greenwich dans le Connecticut, à Kennebunkport dans le Maine, dans sa plantation de Caroline du Sud

ou encore dans sa retraite privée d’une île de Floride.

Richard Nixon définira Prescott Bush comme son mentor politique. Jimmy Audet

AIDE À L’ALLEMAGNE

Lorsque la famille Thyssen, des financiers d’Adolf Hitler, jusqu’en 1938, créèrent l’entreprise Union Banking Corporation en 1924 afin de gérer leurs investissements en Amérique, Prescott Bush fut l’un des sept directeurs de cette banque dont il ne posseda qu’une seule action à partir de 1934.

Le rapport du Congrès suivant décrivit l’Union Bank comme un « interlocking trust » (trust intégré) avec le German Steel Trust (Trust allemand de l’acier) responsable des fournitures de l’armement allemand.

L’Union Bank fut aussi impliquée dans la collecte de fonds d’Américains pro-allemands sous l’Allemagne nazie ainsi que du transfert illégal de la technologie de carburant aérien rendant possible la reconstruction de la Luftwaffe, ceci en violation des dispositions du traité de Versailles.

La coordination entre l’Union Bank et le German Steel trust était si étroite que Prescott passa quelque temps en Europe à la fin des années 1930 pour superviser les opérations minières en Pologne.

Les documents déclassifiés des National Archives and Records Administration, relatifs à la saisie des actions de la Union Banking Corp., montrent que Prescott Bush n’a eu aucun rapport avec le soutien financier apporté par Thyssen au parti nazi, et que son rôle au sein de la Union Banking Corp. était uniquement financier et non politique.

Un article de juillet 1942 en une du New York Tribune sur la banque de Prescott Bush, dont le titre était : « Hitler’s Angel has 3 million in US bank » (Le bienfaiteur de HitlerFritz Thyssenpossède 3 millions dans une banque US), entraîna l’enquête du Congrès des États-Unis qui fit fermer la Union Banking Corp., mais ne causa qu’une brève interruption dans les succès personnels et politiques de Prescott Bush.

Durant la Seconde Guerre mondiale, les participations de Prescott Bush furent confisquées (octobre 1942) en raison du Trading with the Enemy Act (Loi sur le commerce avec l’ennemi). Elles comprenaient :

  • Union Banking Corp. (pour Thyssen et Brown Brothers-Harriman)
  • Holland-American Trading Corporation (avec Harriman)
  • the Seamless Steel Equipment Corporation (avec Harriman)
  • Silesian-American Corporation (avec Walker)

PrescottBush BANKER

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BBC: Le grand-père de W.Bush  avait planifié un coup Coup d’État en Amérique
Nouvelle enquête met en lumière clique d’éminences grises, dont Prescott Bush, qui cherchait à renverser le gouvernement américain et appliquer des politiques hitlérien

Paul Joseph Watson
Prison Planet
Mardi, Juillet 24, 2007

Un groupe d’enquête de la BBC e jette une lumière nouvelle sur un sujet majeur qui a reçu peu d’attention des historiens, la conspiration pour le compte d’un groupe d’éminences grises influents, dirigée par Prescott Bush pour renverser FDR et mettre en œuvre une dictature fasciste aux Etats-Unis basé sur l’idéologie de Mussolini et Hitler.

En 1933, Marine Corps Maj.-Gen. Smedley Butler fut approché par un groupe de riches et secret d’industriels et de banquiers, y compris le grand-père Prescott Bush de l’actuel président, qui lui demanda de commander une armée forte de 500.000 voyous anciens combattants qui aiderait un coup d’État visant à renverser alors président Franklin Delano Roosevelt.

Selon la BBC, les comploteurs visant à imposer une prise de contrôle fasciste et «d’adopter les politiques d’Hitler et de Mussolini à battre la grande dépression."

Les  conspirateurs opéraient  sous l’égide d’un groupe appelé l’American Liberty League, qui comprenait de nombreuses familles qui sont encore aujourd’hui des noms familiers, dont Heinz, Colgate, Birds Eye et General Motors.

Butler a rejoint le groupe,  mais plus tard, sonné l’alarme et a identifié les meneurs dans un témoignage devant le Comité de la Chambre sur les activités américaines.

Toutefois, le comité a refusé de cause, même l’une des personnes citées par Butler et son témoignage a été omis dans le dossier, ce qui entraîne des accusations selon lesquelles ils étaient impliqués dans la couverture de la chose, et la majorité des médias a  blackboulé ( proscrit)  l’histoire.

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butler

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General Smedley Butler, auteur de la célèbre phrase "la guerre est un racket», a dénoncé les comploteurs facistes,  mais a ensuite été diabolisés et rejetés par le gouvernement et les médias.

 

En 1936, William Dodd, ambassadeur américain en Allemagne, a écrit une lettre au président Roosevelt dans laquelle il a déclaré,

"Une clique d’industriels des États-Unis tient mordicus à amener un État fasciste afin de supplanter notre gouvernement démocratique et travaille en étroite collaboration avec le régime fasciste en Allemagne et en Italie. J’ai eu beaucoup d’occasion, dans mes fonctions à Berlin d’assister à la proximité de quelques-uns des nos familles dirigeantes américaines sont au régime nazi …. Un dirigeant de premier plan de l’une des plus grandes sociétés, m’a dit de but en blanc qu’il serait prêt à prendre des mesures concrètes pour assurer le fascisme en Amérique, si le président Roosevelt poursuivait  ses politiques progressistes. Certains  industriels américains ont beaucoup à voir avec les régimes fascistes qui ont vu  le jour en Allemagne et en Italie. Ils ont étendu l’aide pour aider le fascisme occuper le siège du pouvoir, et ils contribuent à l’y maintenir. Propagandistes de groupes fascistes tentent de rejeter le danger fascite . Nous devons être conscients des symptômes. Lorsque les industriels ignorent  les lois conçues pour le progrès social et économique qu’ils vont tenter de recourir à un état fasciste et  les contraindre à respecter les dispositions. "

Le fait ses preuves de l’implication de Prescott Bush dans le financement de la machine de guerre nazie va de pair avec le fait qu’il faisait partie d’une bande de criminels qui ont activement cherché à imposer un coup d’État fasciste en Amérique.

Prescott n’a pas réussi mais beaucoup affirment que deux générations,  la mission a pratiquement été accomplie. Paul Joseph Watson

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Prescott eet W Bush

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Cliquer sur le lien suivant pour écouter le programme de la BBC :

http://www.prisonplanet.com/audio/240707_bbc_prescott_coup.mp3

 

Source : LA VIDURE | Naître dans une explosion et finir en implosion!

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4 novembre 2013 1 04 /11 /novembre /2013 09:01

 

Les Etats-Unis préparent des armées régionalisées

 

ROBERTO M. YEPE PAPASTAMATIN – Le 19 octobre dernier, le quotidien le New York Times publiait un reportage qui devrait préoccuper sérieusement tous les gouvernements, et les forces politiques et sociales qui défendent la souveraineté de leurs pays respectifs et qui luttent pour un monde plus équilibré. Sous le titre suggestif de « Les Etats-Unis préparent une stratégie pour l’Afrique, au Kansas », le travail du journaliste Eric Schmitt impressionne par la clarté avec laquelle il révèle la stratégie du Pentagone pour surmonter les fiascos d’Afghanistan et d’Irak et maintenir la suprématie hégémonique des E.U. au niveau mondial, avec cette fois avec une utilisation plus efficace du pouvoir militaire. 

Selon le reportage, des milliers d’effectifs militaires qui étaient auparavant déployés en Afghanistan se sont préparés à Ford Riley, Kansas, pour développer des missions en Afrique, c’est une partie de la nouvelle stratégie du Pentagone que d’entraîner et de conseiller les forces autochtones pour l’affrontement de « menaces terroristes » et « autres risques de sécurité », de manière que les forces étasunienne n’aient pas à le faire directement. Dans l’étape initiale de ce programme, une brigade de 3 500 effectifs de la Première Division d’Infanterie de l’Armée, connue comme la Big Red One, sera utilisée pour opérer plus de 100 missions en Afrique au cours de l’année à venir. 

Ces missions engloberont depuis des équipes de deux francs-tireurs au Burundi jusqu’à des armées aérotransportées et humanitaires en Afrique du Sud avec des groupes de 350 soldats. Des équipes de la brigade qui se préparent au Kansas ont déjà entraîné des forces au Kenya et en Tanzanie qui en ce moment affrontent le mouvement Al-Shabab en Somalie. Selon le lieutenant-colonel Robert E. Lee Magee, dont le bataillon a envoyé des troupes au Burundi, au Niger et en Afrique du Sud au cours des derniers mois, et dont l’unité se déploiera à Djibouti au mois de décembre prochain, « notre objectif est d’aider les africains a résoudre les problèmes africains, sans qu’une grande présence étasunienne soit nécessaire »

Toujours selon le reportage du quotidien newyorkais, “le Commandement militaire des Etats-Unis pour l’Afrique est un ballon d’essai pour ce nouveau programme de l’Armée, qui a pour finalité de créer des brigades alignées régionalement et qui éventuellement s’étendra l’année prochaine à tous les commandements du Pentagone qui s’occupent des différentes zones géographiques du monde, incluant l’Europe et l’Amérique Latine ». Pour le général Ray Odierno, Chef d’Etat Major de l’Armée, l’objectif est de préparer une armée qui puisse être utilisée régionalement dans tous les commandos combatifs, « avec la finalité de soutenir et exécuter notre stratégie de sécurité nationale »

Pour n’importe quel lecteur bien informé, la signification de l’utilisation du concept de la « sécurité nationale étasunienne » paraîtra évidente. En temps de crise fiscale, et dans une situation de détérioration morale sans précédent de l’impérialisme nord-américain, les stratèges politiques et militaires des Etats-Unis sont à la recherche d’une façon de maintenir leur suprématie globale de la manière la plus économique possible, et de minimiser leur présence et la perte d’effectifs militaires propres. Et pour cela, ils cherchent à potentialiser la préparation et la mobilisation des forces militaires d’autres pays en fonction des intérêts étasuniens dans chaque scénario régional.

Dans le cas de l’Amérique latine, ce nouveau dessein stratégique a été exposé de manière transparente il y a un an dans le document du Pentagone intitulé “La politique de défense pour l’hémisphère Occidental », dans lequel il est signifié sans aucune pudeur ; “Nous poursuivrons l’identification des opportunités de collaboration pour dérouler des actions qui transcendent l’hémisphère. Ce projet non seulement renforce les associations des Etats-Unis dans l’hémisphère, mais aussi il renforce l’importance qu’elles revêtent pour soutenir les priorités globales des Etats-Unis, incluant la réorientation jusqu’en Asie et au Pacifique ». Cela veut dire que ce qu’ils prétendent obtenir, c’est la mobilisation subordonnée des forces militaires latino-américaine et caraïbes en fonction des intérêts étasuniens au niveau global et particulièrement de leurs objectif stratégique de maintenir une position dominante en Asie et de contenir l’émergence d’une nouvelle superpuissance dans la région.

La nouvelle stratégie globale des Etats-Unis appelle une réponse de l’Amérique Latine et des Caraïbes, et cette réponse devrait également être régionale. Sans doute est-ce un thème particulièrement pertinent de débat pour l’Alba-TCP, le Conseil de Défense de l’UNASUR et la CELAC. Il ne s’agit pas de prévisions d’opinions de militants radicaux de gauche ou d’anti nord-américains. Les documents mêmes du gouvernement des E.U et la presse de ce pays nous avertissent de ce qui vient. Dans le nouvel équilibre mondial qui se constitue, il est urgent de défendre l’autonomie stratégique de l’Amérique Latine et des Caraïbes non seulement dans sa dimension politique, mais aussi militaire.

ROBERTO M. YEPE PAPASTAMATIN est Professeur à l’Institut Supérieur de Relations Internationales “Raúl Roa García”, La Havane. 

Publié par Con Nuestra América

Traduction française Anne Wolff

Source originale en espagnol :

OJO: Los Estados Unidos preparan ejércitos regionalizados | CONTRAINJERENCIA

 

 

 

Note de la traductrice

Un petit mot au sujet de ce texte. Depuis un moment je m’intéresse au processus de militarisation de la planète dont nous sommes témoins ainsi qu’à d’autres aspects de la guerre globale, guerre, économique, cybernétique. Je constate que les lecteurs francophones ont fort peu accès à des données pourtant fondamentales, indispensable pour comprendre les différents modes et aspects qu’adopte cette guerre globale qui pourtant affectent nos quotidiens. De nombreux auteurs latino-américains traitent par contre de ce « problème » en profondeur et en extension, nous donnant des éléments qui nous permettent de comprendre des processus qui sont également à l’œuvre dans nos régions, l’application du programme écrit par et pour le Pentagone qui se déroule actuellement et jusqu’à 2020. Le principe fondateur énoncé par ce programme est « l’obtention de la domination du spectre complet » censément au service « de la défense des intérêts et de la sécurité des Etats-Unis ». Comme le dit l’auteur ci-dessus, nul lecteur « bien informé » ne peut ignorer que ce concept recouvre une réalité toute différente de celle qu’il énonce. Non seulement, il ne s’agit plus de défense mais bien d’une guerre de conquête des ressources de la planète, mais il n’est plus non plus question des « Etats-Unis » au sens où ce terme est censé évoquer les habitants de ce pays. Il s’agit par contre clairement de défendre les intérêts d’une oligarchie transnationale, oligarchie qui a pris le contrôle non seulement du gouvernement étasunien mais aussi de son armée et qui se comporte toujours d’avantage en « propriétaire de planète »,propriétaires non seulement des terres et ressources, ais aussi des destins des habitants, exerçant un droit de contrôle sur leur comportement jusque dans l’intimité, jusqu’à nos pensées qui sont de plus en plus contraintes de se conformer au cadre normatif imposé, sous peine de criminalisation, sous peine de psychiatrisation, alors que s’opère une dangereuse dérive qui se traduit par « sous peine de mort, sans procès, ni jugement ». Cette dernière dérive se traduit dans le droit qui s’étend, que s’arrogent le président des Etats-Unis, armées, paramilitaires, police, DEA, et qui à présent s’inscrit creuse son chemin pour prendre toujours d’avantage le caractère d’une pseudo-légalité de tirer à vue sur ceux qui seront qualifiés de terroristes ou de narcotrafiquants et dont nous constatons dans les faits qu’ils sont bien plus souvent des résistants, des dissidents, voir les « dommages collatéraux ». Ne nous trompons pas sur ce qu’incarnent ces dommages collatéraux. Ils ne sont pas les victimes de tragiques erreurs, mais bien des éléments importants nécessaires pour instaurer cet état de terreur permanent qui paralyse les peuples et les réduits à l’impuissance. Pour ceux qui l’ignorent, sachez que le droit de tirer à balle dans la foule en cas d’émeutes est inscrit dans la Constitution Européenne.

Le nouveau décret grec qui applique une directive de l’Union Européenne, qui s’étendra donc à l’Ensemble des pays de la Zone concrétise ce qui n’est plus « une dérive de la démocratie » ais bien la claire instauration du totalitarisme, en voici le contenu

Quiconque qui, de manière intentionnelle viole les sanctions ou les mesures restrictives instituées à l'encontre des États ou des entités ou des organismes ou des personnes physiques ou morales, par les décisions du Conseil de sécurité des Nations Unies ou par celles des réglementations de l'UE, ceci est passible d'emprisonnement d'au moins six mois, la peine maximale étant deux ans d’emprisonnement, sauf si, une autre disposition prévoit une peine plus lourde. Les dispositions de l'alinéa précédent s'appliquent de même, que lorsque ces actes ne sont pas répréhensibles en vertu des lois du pays où ces faits sont perpétrés”. 

Ironiquement, je pourrais dire que même au Honduras, ils n’ont pas osé aller aussi loin dans la légalisation de l’inique et de l’illégitime.

Nous devons affronter aujourd’hui une redoutable tendance, une bande de crétins – désolée, je ne vois pas d’autre mot - manipulés qui se prennent pour les Nouveaux Inquisiteurs ou leurs valets, font aujourd’hui la chasse aux sorcières de service, les daltoniens incultes, chasseurs de « rouge-bruns », ont tout d’un nouveau clergé fanatisé.  Je comprends qu’on puisse être lassés du fanatisme avec lequel d’autre part certains ressassent inlassablement les mêmes arguments pour prouver que les attentats de 11 septembre 2001 ont été menés sous fausse bannière, contribuant à faire une publicité imméritée à cet incident mineur d’une longue guerre. 3OOO morts, deux tours pas très belles, les Afghans, les Irakiens, les Libyens, les Syriens, pour ne citer qu’eux, seraient certainement « soulagés » de n’avoir eu à souffrir qu’un incident aussi minime plutôt que les guerres sans quartiers qui y ont assassiné, torturé les peuples, détruits les infrastructures et semé la destruction irréversible de l’uranium appauvri et j’en passe. De même un complot ne se poursuit pas de génération en génération sans qu’il soit supporté par une idéologie forte et contraignante pour ceux qu’elle formate. Le problème fondamental est donc cette idéologie et non ceux qui vont l’incarner qui ne sont que les rouages d’une machination qui les précède et dont nous espérons qu’elle ne leur survivra pas.

L’urgence est donc de se concentrer sur cette idéologie, nous reconstituer les boîtes à outils conceptuelles, sans se laisser impressionner par les Inquisiteurs de service, pour en comprendre la nature, les implications, d’en repérer les applications, les modes de fonctionnement, les champs d’action. De la démonter comme on démonte une mécanique pour en identifier les rouages. Une clé pour comprendre ces processus est le principe du programme du Pentagone Joint Venture 2020 « obtention de la domination du spectre complet », un programme qui comporte une militarisation de l’ensemble de la société, sa mise au service des Intérêts et de la Sécurité des Transnationales qui sont les Eléments Dominant d’un Monde-Marché-Unique, dans lequel tout est marchandise, objet de commerce, susceptible de produire du Profit dont on ne sait plus trop bien à qui il bénéficie finalement, les aspirants Propriétaires du Monde feraient plutôt pitié qu’envie et si nous avons à nous préoccuper d’eux, c’est qu’ils sont néfastes pur l’ensemble des habitants de la planète qu’il entendent dominer et contraindre, surveiller et punir !

 

Anne Wolff


Quelques traductions inédites sur ces thèmes

En ce qui concerne ce programme J.V. 2020, une description et analyse ici

Militarisation impérialiste : nouveaux masques pour de vieux projets

En ce qui concerne son application deux textes clés de Nick Turse , initialement publié sur TomDispatch qui les résume fort bien

La nouvelle doctrine d’obama : un plan en 6 points pour une guerre globale. Ou comment mettre la planète à feu et à sang…

Les opération spéciales "us" mènent guerre secrète dans 120 pays

Et, parmi bien d’autres, dont les premiers cités, nous permettent d’établir les liens entre eux, qui décrivent application et ramifications

"culture stratégique" : le commandement sud et la militarisation des universités

Décrit la mise au service du projet global des universités mais aussi de la société civile et qui fonctionne déjà en France sous le nom de clubs « société défense », par exemple à Lille, alors que le projet militaire conjoint de lutte contre-insurrectionnel y a pour nom « Opération Scorpion »

Un exemple d’application de cette « culture stratégique »

L’avant-garde yanqui en Amérique Centrale : peuples indigènes en grand danger !

Un des visages de la doctrine dite d’Obama, la fusion des armées officielles et privées, ainsi que des entreprises et services de renseignement dont le rôle de garde-chiourme et assassins au service des transnationale est très, très, très clairement démontrés en Amérique Latine :

Les entreprises militaires privées pénètrent l’Amérique Latine

Ceci n’est qu’un tout petit aperçu du travail accompli par ces nombreux chercheurs (et dont de nombreuses traductions inédites figurent sur ce blog) qui recomposent les toiles entrecroisées des processus qui conduisent à la « domination globale », et malheureusement à de rares exceptions près, les chercheurs européens ont tendance à briller par leur absence. Forcément, les chasseurs de sorcières leur ont confisqué les outils qui nous permettraient de comprendre et d’expliquer la réalité de la globalisation et qui se passe très bien du 11 septembre 2001 pour prouver que ce projet s’installe de manière occulte ou discrète, utilisant les guerres sous faux prétexte,  la manipulation, la corruption, le conditionnement psychologique des « élites » et des peuples, l’infiltration-subversion, les assassinats sélectifs, etc.,… pour s’imposer comme ultime et unique idéologie à l’exclusion de toute autre.

 

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3 novembre 2013 7 03 /11 /novembre /2013 20:40

 

 

[...] une lutte pour que nulle position ne puisse définir comme légitime la mise sous silence d’autres, qui sont censés ne pas compter 

 

Isabelle Stengers : « La gauche a besoin de manière vitale que les gens pensent »

 Enseignante à l’université libre de Bruxelles, la philosophe des sciences Isabelle Stengers dénonce la sorcellerie capitaliste et invite à croire dans la force d’un collectif puissant et multiple.

Isabelle Stengers 
a d’abord suivi une formation scientifique. Les travaux de cette physico-chimiste ont 
porté sur le temps 
et l’irréversibilité. 
Avec le physicien 
belge d’origine russe 
Ilya Prigogine, prix Nobel 
de chimie, elle a coécrit, en 1979, la Nouvelle Alliance. Élargissant son champ 
de compréhension, 
elle s’intéresse ensuite, en faisant appel aux travaux de Foucault et de Deleuze, à la critique de la science moderne. Isabelle Stengers devient philosophe des sciences. Elle travaille sur la critique de la psychanalyse et de la répression, par cette dernière, de l’hypnose. Dans la dernière période, elle se consacre à une réflexion autour de l’idée d’une « écologie des pratiques », d’inspiration constructiviste. 
En témoignent 
les sept volumes des Cosmopolitiques, mais aussi ses livres consacrés à l’économie et à la politique (la Sorcellerie capitaliste, avec Philippe Pignarre, 2005), ou encore à la philosophie (Penser avec Whitehead, 2006). Plus récemment, collaboratrice de la revue Multitudes, elle investit de plus en plus le champ politique avec Au temps des catastrophes (La Découverte, 2008). Dans son dernier ouvrage, Une autre science est possible ! (Empêcheurs de penser 
en rond/La Découverte, 2013), elle poursuit 
ce questionnement. 
Ses travaux, très denses 
et créatifs, sont une bouffée d’oxygène intellectuelle 
pour penser un autre monde possible et une source stimulante pour vivre 
les luttes anticapitalistes.

Dans Au temps des catastrophes, 
vous dites qu’une autre histoire 
a commencé. À partir de quand situez-vous la rupture ?

Isabelle Stengers. J’ai eu la conviction que quelque chose d’important était en train de se passer en 1995, lorsqu’un sondage a ­annoncé qu’une majorité de Français pensaient que leurs enfants vivraient moins bien qu’eux. Ils ne faisaient plus confiance au « progrès ». Depuis, nous avons eu les crises financières à répétition… Au temps des catastrophes a été écrit avant ces crises. À l’époque les émeutes de la faim liées à la spéculation financière et l’histoire de l’ouragan Katrina étaient déjà d’excellents exemples de ce qui pourrait bien nous attendre dans l’avenir. L’explosion des inégalités sociales, le désordre climatique, la pollution… feraient toujours plus de ravages, mais le cap de la ­croissance et de la compétitivité serait maintenu. J’ai écrit ce livre pour résister au désespoir, et pour ceux et celles qui tentent d’écrire une autre histoire, malgré les difficultés : il a été dit qu’il est plus facile aujourd’hui d’envisager la fin du monde et de la civilisation que celle du capitalisme. Mais ceux qui cherchent savent tous que l’impuissance que nous ressentons fait partie du problème.

Vous parlez d’une « Nouvelle-Orléans à l’échelle planétaire »…

Isabelle Stengers. À La Nouvelle-Orléans, on savait qu’un ouragan comme Katrina ­pouvait venir et que les digues ne tiendraient pas. On ­savait, mais on n’a rien fait. Comme nous ­savons aujourd’hui. Et quand Katrina est venu, en août 2005, les riches qui pouvaient s’enfuir l’ont fait, les autres sont restés, laissés à eux-mêmes. C’est ce qui est en train d’arriver à l’échelle planétaire : malheur aux vaincus, c’est-à-dire aux pauvres.

Votre propos est sous-titré « Résister à la barbarie qui vient » en référence à l’alternative de Rosa Luxemburg : « Socialisme 
ou barbarie ». Est-ce en ces termes que 
vous envisagez la possibilité d’un avenir ?

Isabelle Stengers. Lorsque la guerre de 
1914-1918 a éclaté, les prolétaires y sont allés, ils sont morts sur le champ de bataille avec aux lèvres un chant d’esclaves, écrit Luxemburg. C’est pour cela qu’elle crie que le socialisme n’est pas garanti, que la barbarie est une possibilité réelle. Nous sommes un peu dans la même situation. Tout le monde connaît les méfaits de la guerre économique de tous contre chacun. Et pourtant, on s’active en reprenant en chœur le refrain de la compétitivité glorieuse. « On sait bien, mais… » Un des « mais » les plus redoutables, c’est celui qui affirme que « les gens espèrent seulement tirer leur épingle du jeu, ils sont égoïstes et aveugles ». Or, il faut l’affirmer : nous ne savons pas de quoi « les gens » sont capables, car ils sont issus d’une opération de destruction systématique de leur pouvoir d’agir et de penser, c’est-à-dire de poser les problèmes qui les concernent collectivement. Le capitalisme, ce n’est pas seulement l’exploitation, c’est aussi, et même peut-être d’abord, l’expropriation, et cela depuis cette expropriation historique des « commons » en Angleterre, quand les paysans sans terre ont été jetés sur les routes. Une culture pratique de la vie ensemble a été détruite. Cette expropriation continue de plus belle aujourd’hui, au nom de la rationalisation, du gain de temps, de la nécessité de contrôler. Nous ne sommes pas impuissants, nous sommes réduits à l’impuissance.

Selon vous, « l’emprise du capitalisme » s’établit à partir d’« alternatives infernales » ?

Isabelle Stengers. Les alternatives infernales, c’est ce qui s’est déployé depuis que le progrès a perdu son pouvoir de mobiliser. Cela peut se résumer par : « Vous agissez pour une chose mais les conséquences seront pires. » Ainsi, « vous luttez pour un niveau de vie correct mais cela implique qu’il y aura des délocalisations », ou encore « vous voudriez plus d’équité par l’impôt mais cela va entraîner des fuites de capitaux ». Vous êtes comme pris à la gorge, réduit à ­l’impuissance. Et quand vous ­interrogez : « Oui, mais alors quoi ? », la seule réponse est : « Il faut lutter pour la croissance. » Avec ­Philippe ­Pignarre, dans la Sorcellerie ­capitaliste, nous avons décrit le montage de ces alternatives comme une attaque « sorcière » qui capture les puissances d’agir, d’imaginer, d’exister et de lutter.

Vous déconstruisez aussi bien les « lois 
du marché » que la « gouvernance » de 
« nos responsables »… Quel rôle l’État joue-t-il ?

Isabelle Stengers. Entre l’État moderne et le ­capitalisme, il faut faire une distinction. L’un n’est pas le reflet de l’autre. Il y a plutôt une sorte de pacte asymétrique qui définit ce que, à chaque époque, l’État laisse faire au ­capitalisme et ce que le capitalisme fait faire à l’État. Avec le néolibéralisme, il y a eu redéfinition de ce pacte sous le signe de la dérégulation. Nos ­politiques se sont défaits de tous les leviers qui leur ­permettaient d’agir au profit d’institutions non élues, apolitiques au service de la croissance, de la compétitivité, de la libre circulation des capitaux, etc. L’État n’en disparaît pas pour autant, mais il devient notre contremaître, chargé d’éviter la panique, l’insoumission, la démobilisation. Les politiques se prétendent « responsables », mais ils le sont seulement de nous, de ce que nous restions « motivés ».

Les « anticapitalistes doivent être capables 
de faire exister un autre possible ». À partir 
de quels leviers le peuvent-ils ?

Isabelle Stengers. Je ne suis pas d’un optimisme fulgurant. Pourtant, je constate que depuis dix ans il y a des luttes d’un style nouveau. Le combat contre les OGM a, par exemple, recréé une pensée politique au sujet du type d’agriculture et du monde que nous sommes en train de construire. Il a su relier des paysans, pour qui les OGM sont une nouvelle expropriation, des anticapitalistes en lutte contre l’emprise des brevets, des scientifiques alarmés par les conséquences. Ils ont appris les uns des autres et c’est pour cela que le mouvement est parvenu à faire bafouiller ce qui se proposait comme un progrès incontestable. Depuis, l’insoumission s’enrichit, s’empare de nouvelles questions. Le caractère inventif de ce genre d’alliance, qui crée des ­complicités, des connivences, des capacités neuves de résister là où le capitalisme divise – fait s’opposer les syndicats et les défenseurs de l’environnement, par exemple – me semble plus prometteur ­aujourd’hui que le « tous ensemble » qui donne à l’ennemi le pouvoir de choisir le point ­d’affrontement. Il nous faut des expériences de co-apprentissages mutuels afin de créer des causes communes multiples et mobiles, des solidarités de lutte contre le sentiment d’impuissance que fabriquent les divisions installées.

C’est ce que vous nommez 
la réappropriation ?

Isabelle Stengers. Se réapproprier, ce n’est pas seulement lutter contre l’exploitation, pour la redistribution des richesses produites. C’est guérir des effets de l’expropriation, ­redevenir capable d’affirmer et de lutter pour ce à quoi on tient. C’est la condition de ce qu’on ­appelle parfois une intelligence ­collective, ­chacun apprenant à penser par, grâce et avec les autres.

Le collectif est puissant de ce qu’il est ­multiple, de ce qu’il invente des manières de poser les problèmes dont chacun, isolément, serait incapable. Les activistes américains ont beaucoup appris à ce sujet, car ils ont compris que cette réappropriation ne peut attendre la « révolution », elle doit faire partie de la lutte elle-même.

Évoquant « l’intrusion de Gaïa », vous parlez 
de « situations qui produisent de l’égalité ». Peut-on y voir l’élaboration d’alternatives 
de progrès ?

Isabelle Stengers. Ce que j’ai nommé Gaïa fait intrusion au sens où elle met au défi nos ­catégories de pensée. Certains ont considéré que la Terre était une ressource à exploiter, d’autres qu’il fallait la protéger, mais on ne l’a jamais envisagée comme pouvoir redoutable, qui pourrait nous détruire, et à bref délai ! Ce constat change énormément de choses. Il ne s’agit plus d’exploiter ou de protéger mais d’apprendre à faire attention. Et pour de bon ! Les menaces de désordre climatique ne vont pas rentrer dans leur boîte, les humains doivent désormais composer avec ce pouvoir que leurs activités ont activé. Or apprendre à faire attention, c’est précisément ce que la version étatico-capitaliste du progrès nous a désappris. Mais cela demande d’apprendre à penser une situation dans toutes ses dimensions, avec toutes ses conséquences. À cet effet, nous avons besoin que cette situation « produise de l’égalité », qu’elle réunisse tous ceux qui sont concernés par elle et qu’ils soient tous habilités à faire valoir leur savoir ou leur expérience. C’est ce que nous avons désappris en donnant le pouvoir aux experts, mais le réapprendre demande l’invention de dispositifs opérants 
– l’égalité ne doit pas être formelle, elle doit être effective. Ce type d’invention est très différent des innovations techniques qui séparent plutôt les gens. Ici, il s’agit de susciter de la confiance en soi et dans les autres, de la lucidité, de la capacité d’échapper aux évidences toutes faites. Mesuré en termes de telles inventions, on aurait une tout autre définition du progrès !

Dans Une autre science est possible !, 
vous prônez une « slow science ». 
De quoi s’agit-il ?

Isabelle Stengers. Depuis que la recherche publique a été redéfinie en « économie de la connaissance », les liens de coopération critique se sont dissous. La réussite s’évalue maintenant à partir du brevet, mais cela n’a rien d’une réussite scientifique. Le capitalisme est en train de se retourner contre les chercheurs et de les détruire, après tant d’autres. Mais parler de « slow science » ce n’est pas seulement revendiquer « le temps et la liberté pour poser des problèmes qui en valent la peine ! ». Il s’agit aussi que les chercheurs deviennent capables de nouer d’autres liens que ceux, traditionnels, qu’ils ont avec l’industrie et l’État. Même s’il y a toujours eu des tireurs de sonnette d’alarme, l’institution scientifique a bel et bien promu un mode de développement que nous savons radicalement insoutenable. Les chercheurs ont l’habitude de mépriser l’opinion, de penser que c’est de la science que viendra la solution rationnelle aux problèmes de société. Une autre science est possible, mais elle exige ce qui est aujourd’hui pour eux une « perte de temps » : se réapproprier l’imagination nécessaire pour s’ouvrir aux préoccupations des autres, à leurs savoirs, à leurs objections. Ce n’est pas d’une meilleure information du public que nous avons besoin, mais de scientifiques capables de participer à une intelligence collective des problèmes.

Selon vous, le couplage entre lutte politique 
et création donne une capacité nouvelle 
qui procure de la joie. Est-ce cela être 
« de gauche » ?

Isabelle Stengers. Selon Gilles Deleuze, il existe une différence de nature entre gauche et droite. La gauche a besoin de manière vitale que les gens pensent. Cela ne veut pas dire qu’ils fassent des théories, mais qu’ils prennent en main ­collectivement les affaires qui les concernent. Au XIXe siècle, c’est ce qu’a fait la classe ouvrière lorsqu’elle a créé les mutuelles, les bourses du travail. La droite a besoin, elle, que les gens acceptent l’ordre établi, peu importe lequel, du moment qu’ils le respectent. Les dispositifs qui produisent de l’égalité sont donc « de gauche ». Ce qu’ils demandent est parfois dur, mais apprendre ensemble à être à la hauteur du problème posé, à ne pas le soumettre à des généralités est un événement créateur de joie. Lorsque des voix jusque-là étouffées et disqualifiées, réduites à des grognements, sont transformées en savoirs articulés, le problème devient meilleur à poser. Des alliances inattendues deviennent possibles. Ce qui nous menace est la division et le ressentiment : la joie est le contraire du ressentiment, et c’est elle qui peut être communiquée à d’autres. Il faudrait la faire sentir par des récits montrant comment des catalyses, des entraînements et des ouvertures d’imagination ont vu le jour alors que tout semblait bloqué : « Si c’est possible là alors cela peut l’être ici ! »

Source : Isabelle Stengers : « La gauche a besoin de manière vitale que les gens pensent » | Humanite

Bonus :

 

Science trop rapide n’est que ruine de l’âme


Une autre science est possible ! Manifeste pour un ralentissement  dans les sciences,  d’Isabelle Stengers. Éditions Les empêcheurs de tourner en rond. 2013, 200 pages, 16,50 euros. « Au moment où l’université est détruite, il peut paraître incongru de lier le thème de la slow science avec la question d’une université enfin civilisée, capable de cultiver d’autres modes de valorisation des savoirs qui la connectent avec ce qu’elle a su éviter, la complication du monde et l’épreuve de ce que serait un rapport démocratique au savoir. » C’est pourtant le pas de côté qu’Isabelle Stengers nous invite à faire dans ce bel ouvrage. De façon convaincante, elle forme des idées et fait des propositions pour penser une autre science.

Mais l’espace pour une telle « science civilisée » est étroit : « Comment empêcher que les scientifiques, se sentant attaqués, rigidifient encore leur opposition science/opinion et que ceux qui ont quelques raisons de se méfier de l’autorité que s’arrogent les scientifiques ne cèdent pas aux séductions du doute organisé ? » Selon Stengers, il s’agit d’abord d’éloigner le scientifique de cette figure de « somnambule phobique » qui semble le caractériser dans le cadre des « sciences rapides ». Le « somnambule phobique » est celui qui n’a jamais appris à faire un pas de côté et qui, selon Stengers, ne saurait ralentir sans perdre l’équilibre. C’est celui qui refuse les « grandes questions », affirme une dichotomie radicale entre faits et valeurs et développe une peur précisément phobique que les questions et les intérêts des autres le démobilisent ou lui fassent perdre son temps. Non pas qu’il soit aveugle du monde qui l’entoure mais parce qu’il « refuse à ce monde le pouvoir de le faire hésiter ».

De fait, pour Stengers, il ne s’agit pas tant de crier « sauvons la recherche », mais de se poser la question : « De quoi faut-il la sauver ? » Face aux sciences rapides et à leurs alliés industriels, qui désormais ne sont plus simplement les outils d’une économie de la connaissance mais d’une « économie spéculative et de la promesse », Stengers appelle à ralentir dans les sciences. Pour ce faire, elle propose de partir d’un « type de lutte en affinité profonde avec ce pourquoi les femmes ont lutté et luttent toujours : une lutte pour que nulle position ne puisse définir comme légitime la mise sous silence d’autres, qui sont censés ne pas compter ». Ainsi, ralentir dans les sciences, ce n’est pas imposer une norme du ralentissement mais adopter une autre posture, une forme d’attention aux pluralités, à l’hétérogène, à ce à quoi nous tenons. Ralentir, selon Stengers, « c’est redevenir capable d’apprendre, de faire connaissance avec, de reconnaître ce qui nous tient et nous fait tenir, de penser et d’imaginer, et, dans le même processus, de créer avec d’autres des rapports qui ne soient pas de capture ». Ralentir la science, c’est donc créer les conditions de sa réappropriation par les scientifiques et par les citoyens, le reclaim des mouvements citoyens américains. Ce livre s’adresse particulièrement aux scientifiques, il est une forme d’appel à la coconstruction d’une autre science, une slow science, où l’enjeu est de créer de multiples situations permettant aux savoirs d’être partagés, réappropriés, négociés, avec les scientifiques et en rapport à l’intérêt collectif. Et si l’emprise de l’évaluation quantitative et du néomanagement est bien réelle, les espaces de résistance et de liberté existent encore dans l’université. Ainsi, gageons que l’appel soit entendu !

Léo Coutellec

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3 novembre 2013 7 03 /11 /novembre /2013 12:26

 

 

 


Un Guarani. Des hommes armés ont pris position autour d'une communauté guarani et ont tiré des coups de feu.
Un Guarani. Des hommes armés ont pris position autour d'une communauté guarani et ont tiré des coups de feu.

© Fiona Watson/Survival

Les Indiens guarani du Brésil craignent une effusion de sang imminente alors que des hommes armés connus pour avoir assassiné des leaders indiens au cours des dernières années ont pris position autour d’eux et ont tiré des coups de feu.

Les Guarani ont rapporté que les hommes armés, de la compagnie de sécurité Gaspem de triste notoriété, ont été recrutés par les éleveurs locaux et se sont positionnés dans un rayon de 100 mètres autour d’eux.

Un Guarani présent sur les lieux a déclaré à Survival : ’C’est la guerre. Les hommes armés nous menacent et ils veulent nous tuer. Ils veulent tous nous exterminer, mais ils n’y parviendront pas parce que nous, les Indiens, sommes forts et parce que nos chefs spirituels sont ici. Nous voulons que le monde sache ce qu’il nous arrive’.

Les Guarani ont rapporté que les hommes armés appartiennent à la compagnie de sécurité Gaspem, une 'milice privée' de triste notoriété'.
Les Guarani ont rapporté que les hommes armés appartiennent à la compagnie de sécurité Gaspem, une 'milice privée' de triste notoriété'.

© Survival

En septembre dernier, les procureurs avaient ordonné la suspension de Gaspem, caractérisant la compagnie de ‘milice privée … qui use de violence contre les Guarani… en recrutant des brutes qu’ils appellent ‘gardes de sécurité’.

Cette violence fait suite à la récente réoccupation des Guarani d’une partie de leurs terres ancestrales qui leur avait été spoliée pour faire place à un ranch de bétail, il y a près de 40 ans.

Environ 500 Guarani de la communauté Yvy Katu ont réoccupé cette terre le mois dernier, ne pouvant plus supporter les conditions dégradantes auxquelles ils étaient réduits sur le minuscule lopin de terre où ils vivaient depuis 2004.

Des milliers de Guarani du Brésil font pression pour que leurs territoires ancestraux leurs soient restitués, comme le garantit la Constitution du Brésil, mais le processus de cartographie de leurs terres est interrompu, ce qui condamne les Guarani à supporter la malnutrition, la maladie, la violence et l’un des taux de suicide les plus élevés au monde.

La plupart des terres guarani ont été transformées en vastes plantations de canne à sucre qui approvisionnent des compagnies étrangères, telles que le géant alimentaire américain Bunge.

Plusieurs leaders guarani ont été tués par des hommes armés après la réoccupation d’une partie de leurs terres.

Source

Via Brésil: Les Indiens guarani craignent une effusion de sang imminente - WikiStrike.com

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3 novembre 2013 7 03 /11 /novembre /2013 12:21

 

Quiconque qui, de manière intentionnelle viole les sanctions ou les mesures restrictives instituées à l'encontre des États ou des entités ou des organismes ou des personnes physiques ou morales, par les décisions du Conseil de sécurité des Nations Unies ou par celles des réglementations de l'UE, ceci est passible d'emprisonnement d'au moins six mois, la peine maximale étant deux ans d’emprisonnement, sauf si, une autre disposition prévoit une peine plus lourde. Les dispositions de l'alinéa précédent s'appliquent de même, que lorsque ces actes ne sont pas répréhensibles en vertu des lois du pays où ces faits sont perpétrés”.

 

L'article 458A et le sang

 


Sous le régime de la Troïka les jours se suivent et elles ressemblent fort à des nuits. Manolis Kapelonis 22 ans et Yorgos Foundoulis 26 ans sont les deux membres de l’Aube dorée assassinés ce soir à Néo Héraklion, quartier situé au nord d’Athènes. Des inconnus (au matin du 2 novembre) ont alors ouvert le feu devant les locaux du parti néonazi abattant de plein sang froid le deux jeunes. Un autre blessé est hospitalisé dans un état très critique. D’après les premiers reportages, les assassins auraient même porté le coup de grâce en vidant leurs chargeurs sur les victimes. Le vent athénien est fort mauvais en ce moment.

Athènes, 2013


Les membres de l’Aube dorée rencontrés sur place par les journalistes ont alors promis “une vengeance impitoyable car le cercle du sang a été inauguré ce soir”, et pour ce qui reste de l’esprit libre dans ce pays (fort heureusement il en reste suffisamment après trois ans de guerre économique, sociale et psychologique initiée par la Troïka, faisant de notre pays... un simulateur de camp de concentration de type II car grandeur nature), on admettra sans même hésiter un seul instant que ce n’est pas en assassinant les néonazis que la démocratie triomphera.

D’ailleurs c’est plutôt le contraire, déjà et ne l’oublions pas, le premier danger qui menace la démocratie en Grèce n’est pas celui de l’Aube dorée mais la politique de la Troïka ainsi que la méta-démocratie... réellement appliquée par nos dirigeants lesquels après le double assassinat du 1er novembre (avec ou sans revendication de cet acte) tenteront à réactiver leur sinistre “théorie des deux extrêmes”.

L’Aube dorée, authentiquement néonazie devient autant ce piège commode pour certains et fort dangereux pour tout un peuple à la mémoire assez longue... allant jusqu’à la guerre civile. Comme par hasard, et comme au même moment où certains néonazis et aubedoriens avaient assassiné Pavlos Fyssas, le pseudo-gouvernement d’Athènes faisait face à une vague de protestation populaire dans les rues, autant qu’à une attitude abominable d’une Troïka intraitable. On sait pourtant ne plus s’y tromper. Dans son édition électronique datée du 2 novembre c’est par la force d’un dessin que notre hebdomadaire satirique et politique “To Pontiki” souligne ainsi l’évidence: “En Grèce, toutes les balles sont fabriquées par la Troïka”.

En Grèce toutes les balles sont fabriquées par la Troïka


On sait aussi comment le chaos peut être orchestré ou attisé dans certains pays pour ensuite “légitimer” ces opération de maintient de l’ordre (parfois... plus nouveau que jamais) qui de fait, ne feront que pérenniser les catastrophes humanitaires et surtout la mainmise sur de vastes territoires. Et la Grèce, s’apparente déjà à un territoire administré depuis l’étranger, telle est du moins l’opinion la mieux partagée par l’immense majorité des Grecs en ce moment.

Au soir du 1er novembre les photos des victimes “relevées” depuis leurs profils à travers les réseaux dits “sociaux” de manière abusive et trompeuse, circulent aisément sur internet. Et ce blog, humaniste si possible contre vents et marées, et déjà si rodé en nécrologies ne fera pas l’impasse sur celle du moment, même si les victimes seraient bien familiers des idées incarnées et pratiquées par l’assassin de Pavlos Fyssas.

Sur ces photos, on y voit alors un Yorgos Foundoulis habitué des salles de musculation et “membre du personnel d'accueil” dans une boîte de nuit du quartier, d’après son profil facebook. J’ai remarqué après recherche que cette boîte de nuit incarne alors convenablement le pire “lifestyle” de la dernière décennie, propagé comme de la poudre... aux yeux de toute une population ainsi acculturée. Ce fut déjà une catastrophe inaugurale et ainsi culturellement et socialement “constituante”, préparant celle de la Troïka, de la fin du travail et de la démocratie, et de ce fait... du grand appareillage de l’Aube dorée dans les eaux saumâtres de la “gouvernance” hors Constitution.

Le profil de Yorgos Foundoulis


Le mobilier de l’appartement de Yorgos Foundoulis prouve alors ses origines sociales modestes, comme on dit parfois pour designer ceux qui n’habitent pas forcement du côté des banques. C’est alors ainsi que cette guerre contre la société passe autant par une certaine guerre entre pauvres et pauvres d’esprit, c’est aussi connu. Voilà donc pour ces derniers instantanés de leurs existences numériques ainsi exposés avant l’oubli ou sinon l’usage de cette mémoire, c’est selon. Entre-temps, des graffitis - “lieux de mémoire” de l’ère de l’après Pavlos Fyssas font leur apparition un peu partout dans l’agglomération d’Athènes. D’ailleurs, nous ignorons encore à présent leur véritable portée sur le moyen ou plus long terme.

En mémoire de Pavlos Fyssas. Athènes, novembre 2013


Car sur le terrain social la guerre fait toujours rage. Notre voisin Christos, chômeur et souffrant en ce moment mobilise ses bons amis ainsi que toutes ses forces restantes pour enfin trouver un médecin solidaire, et qui puisse le prendre en charge gratuitement. Au soir du 1er novembre il apparaissait bien accablé, tel un être décomposé ; et il n’a pas dit un seul mot à propos des événements du jour.

En Grèce, rappelons-le, trois millions de personnes se retrouvent désormais sans aucune couverture sociale, dont le voisin Christos. Le mémorandum, c’est alors la continuation de la guerre par une... autre économie et encore, par un régime politique autoritaire décidément inédit. C’est ainsi préoccupé par sa survie que Christos ne remarque plus grand-chose des derniers épisodes de notre saga méta-démocratique, ou sinon, il ne veut plus en parler.

Pourtant et depuis quelques jours, une mutation supplémentaire “tombée d’en haut” accentue désormais notre mutation dramatique dans l’hétéronomie politique à l’échelle de la dite construction européenne, voire... planétaire. C’est durant la dernière semaine d’octobre 2013, que d’après les reportages en cours, le “parlement” grec a adopté une loi, plus précisément il s’agit d’un amendement qui ajoute au code pénal grec l’article 458A (les décrets n’ont pas été publiés pour l’instant).

D’après ses dispositions: “Quiconque qui, de manière intentionnelle viole les sanctions ou les mesures restrictives instituées à l'encontre des États ou des entités ou des organismes ou des personnes physiques ou morales, par les décisions du Conseil de sécurité des Nations Unies ou par celles des réglementations de l'UE, ceci est passible d'emprisonnement d'au moins six mois, la peine maximale étant deux ans d’emprisonnement, sauf si, une autre disposition prévoit une peine plus lourde. Les dispositions de l'alinéa précédent s'appliquent de même, que lorsque ces actes ne sont pas répréhensibles en vertu des lois du pays où ces faits sont perpétrés”.

Devant les journaux. Athènes, le 30 octobre


Peu de journaux, peu de médias et alors si peu de journalistes ont remarqué cette nouvelle législation, d’abord en Grèce, et évidemment autant ailleurs. Mais il y a des exceptions car chez nous, certains masques sont déjà tombés et que de ce fait, nous devenons enfin si bien attentifs à tout. Dans sa tribune publiée dans le quotidien de centre-gauche “Elefterotypia” daté du 29 octobre 2013, sous le titre “Totalitarisme Européen”, Yannis Triandis note alors ceci: “Qui aurait pensé que l'Europe irait jusqu'à criminaliser les protestations, les objections, la dissidence et l'opposition à certaines de ses décisions ? Et pourtant c'est fait. Il a été révélé récemment qu'une telle législation vient d'être introduite et même adoptée par parlement grec, incorporant ainsi au droit pénal du pays, une Directive et autant un ordre de l'Union Européenne... Et qui aurait pu imaginer en plus que Syriza, le grand parti de l'opposition ainsi confronté à cette terrible empreinte du totalitarisme en cours, aurait réagi par une légèreté et en même temps par une indifférence alors ahurissantes, se limitant à la contre-argumentation dans le cadre du contrôle parlementaire, au lieu et place d’une grande campagne publique, pour ainsi dénoncer ce défi fasciste ?

En langage clair et pour mieux illustrer la nouvelle situation on peut considérer cet exemple: supposons que cette disposition aurait été appliquée lors de l'intervention armée des bandits internationaux en Serbie de 1999. Alors toutes les personnes (par exemple, les joueurs des équipes de football qui avaient à l’époque manifesté leur solidarité en organisant des rencontres avec les équipes de Belgrade), seraient ainsi confrontés au contrôle pénal pour finir en prison.

Cette terre a été libérée par EAM-ELAS”. Affiche des jeunesses communistes rappelant la résistance. Athènes, octobre 2013


Le ministre de la Justice affirme que la directive européenne est obligatoire pour ainsi justifier l'introduction de cette loi, et il a ainsi essayé de dissiper les impressions très négatives et le malaise générés, en assurant qu'il ne s'agit pas de persécuter les opinions, ni les protestations ou la liberté d’expression. Toutefois, le texte de cette loi est clair. Car cette évidence de la compatibilité d’une telle loi avec les règles en vigueur dans une société libre ne s’exprime nulle part. En explicitant par exemple que cette disposition ne concerne que le comportement des États, (et) en agissant par exemple en violation d’un embargo alors imposé à un pays tiers par l'Union européenne. Au contraire, cette ambiguïté délibérée pourtant si bien claire... peut être lue et interprétée de manière à criminaliser les opinions, la protestation ou l’opposition.

Car cette triste Europe connait un mauvais précédent. L'opinion et ses expressions (quant aux événements historiques) sont et depuis longtemps criminalisées. Ainsi, certains écrivains ont été emprisonnés et leurs livres ont été interdits (loi Gayssot en France). Et puisque certains pays ne se sont pas jusqu'à présent alignés sur cette logique Hitlérienne (sic), l'Union européenne exerce sur eux, une pression alors insupportable, afin qu’ils introduisent dans leur législation de telles dispositions, prenant prétexte de la lutte institutionnalisée contre le racisme et contre la... menace fasciste !”. On peut certes ne pas être d’accord avec Yannis Triandis sur les “modalités” de la guerre de 1999 contre la Serbie, ou encore approuver en partie ses arguments, comme on peut parfois emmètre des arguments en faveur de la loi Gayssot en France. Sauf que pour ce qui est de l’essentiel me semble-t-il, la criminalisation potentielle et désormais (très) possible des opinions contraires aux décisions de l’UE ou du Conseil de Sécurité de l’ONU constituent un pas... remarquable vers la déchéance planifiée (et autant... culturellement désormais admissible) des régimes politiques en Occident, appelés parfois jadis “Démocraties bourgeoises” (avant l’euro) !

L’économiste Alberto Bagnai.“Comment sortir de l'euro”. Colloque à Pescara, octobre 2013


C’est en ce sens décidément que le mémorandum a pour tout dire parfaitement rempli son rôle: abolir toute législation antérieure liée au travail et à ses droits, abolir le travail lui-même, instaurer un régime politique basé sur la peur, sur les suicides ou les assassinats, sur les relations interpersonnelles “anthropophagiques” et pour finir, progressivement criminaliser toute opposition pratique et même idéologique. Je note encore que les décisions du Conseil de Sécurité de l’ONU (et non pas celles issues des séances plénières de l’ONU), résultent d’une certaine géopolitique des rapports de force et d’une géostratégie alors certaines, de même que le processus décisionnel en vigueur au sein de l’UE, très éloigné des principes démocratiques (pour ainsi l’exprimer... gentiment) !

C’est autant en encore en ce sens ici en Grèce (et bien au-delà) que nous tous (ou du moins certains “passéistes”), luttons pour notre survie matérielle et autant pour ainsi rétablir et régénérer un régime démocratique déjà conforme à l’esprit et à la lettre des textes constitutionnels encore en vigueur en Europe occidentale de l’après-guerre, car les apparences sont pour l’instant sauves.

Imaginaire italien. Pescara, octobre 2013


De ce fait, nous sommes déjà considérés comme étant potentiellement des “extrémistes”, alors que l’extrémisme de la financiarisation des liens et des échanges érigé en régime sinon totalitaire, du moins autoritaire à bas voltage, ne fait guère de doute. Tout comme “notre” type anthropologique nouveau, issu de la misère de la pensée économique qui lui est si conforme et autant de la misère sociale érigée en vertu expiatoire par les élites européistes.

J’y ajouterais que lorsque “la terre brûle” ainsi sous le contrat social, la démocratie (déjà si problématique car structurellement incomplète) est déjà réduite en cendres... le sang en plus.

Animal adespote en Italie. Pescara, octobre 2013

 




* Photo de couverture: “Deux membres de l'Aube dorée assassinés”. “Quotidien des Rédacteurs” du 2 novembre
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3 novembre 2013 7 03 /11 /novembre /2013 12:05

 

 

 

Par: Actualidad RT

 

Credito: Corbis / RT

2 nov. 2013 – Des généraux des E.U. dénoncent la « purge massive » dans l’Armée étasunienne de laquelle ils sont victimes ou témoins. Selon des sources militaires, l’administration Obama se déferait de tous ceux qui manifestent leurs divergences avec ses politiques.

 

“Il n’y a aucun doute qu’[Obama] à l’intention de “castrer” les Forces Armées et il se défera de tous ceux qui sont en désaccord avec lui”, dit le général retraité Patrick Brady, décoré de la Médaille d’Honneur, dans une entrevue concédée au portail d’information WND.

 

Non seulement cela a un effet démoralisant sur les membres des forces armées, mais en plus leurs comportements sont également affecté par la manière de travailler de figures clés, parmi les troupes, assure Brady. Les troupes ne se sentent plus préparées pour le combat et n’ont plus le désir de vaincre », souligne-t-il.

 

Les déclarations de Brady se sont produites après l’expulsion de deux militaires étasuniens haut-gradés il y a une semaine et d’une série de licenciement, réalisés au cours des derniers mois, de militaires impliqués dans le programme nucléaire.

En plus, il apparaît que, selon divers medias, l’administration Obama n’a pas l’intention de rendre ces licenciements publics.

 

Les experts suggèrent que le Gouvernement des E.U. aurait l’intention de remplacer le personnel clé afin d’obtenir une plus grande influence parmi les principaux responsables des armes nucléaires dans le pays.

  

“Ils sont en train de purger tout le monde et si quelqu’un veut conserver son boulot, il doit juste la boucler », dit une source militaire à ces mêmes medias.

 

Traduction Anne Wolff

Source en espagnol :

 

Generales de EEUU denuncian una gran purga militar a manos de Obama 

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3 novembre 2013 7 03 /11 /novembre /2013 11:23

 

 

Cette semaine, Tweeter a fermé sans préavis 6000 compte de chavistes, suiveurs du Président de la République Bolivarienne du Venezuela, Nicolas Maduro. Les comptes Tweeter des principaux membres du gouvernement du Venezuela sont parmi les plus suivis dans le monde. SUSPENDIDO, était le message envoyé par Tweeter à ceux qui étaient sans façon rayés du réseau. Cette attaque n’était pas la première ni la première attaque sur Tweeter,  subie par les réseaux chavistes, c’est une des manifestations d’attaques cybernétiques parmi d’autres : rappelons celle qui s’est produite pendant les élections présidentielles d’avril, obligeant le gouvernement a fermer internet pendant quelques heures afin d’éviter les interférences avec le processus électoral.

Cette fois, les comptes ainsi suspendus, étaient parmi ceux qui avaient le plus grand nombre de suiveurs. Une manière de couper les relais les plus importants des messages du gouvernement, comme un trou dans la toile, court-circuitant l’effet « boule-de neige » de leur diffusion. Lorsque Raul Bracho (19 200 suiveurs), une des personnes ainsi suspendue, tentât d’ouvrir un autre compte associé à une autre adresse mail, celui-ci était également suspendu au bout de quelques minutes, et un troisième, ne dura pas plus de quelques secondes… Détail, à chaque nouvelle ouverture de compte Tweeter lui proposa quelques suiveurs minables (majunche) de l’OPPOSITION.

Simultanément, une « attaque » SMS était lancée par l’opposition intimant à la population de se joindre à une grève générale dans le pays, une convocation jusque-là « lancée plutôt timidement » nous dit Raul Bracho. Son pronostic étant que cette attaque n’est qu’une sorte de préparation d’une attaque massive qui devrait se produire lors des élections municipales du 7 décembre 2013.

En effet, l’opposition prépare le terrain pour réitérer son appel à la déstabilisation post-électorale d’avril qui avait fait 11 morts (dont deux enfants, une femme avait été brûlée vive), des dizaines de blessés et de gros dégâts à des Centres de Santé, medias populaires, bibliothèque, logements sociaux ? Cela démontrait si c’était nécessaire que le mimétisme bolivarien de façade du candidat de l’Opposition, Capriles, promettant de conserver les acquis populaires du chavisme était un énorme mensonge et que si la victoire lui était revenue, ses premiers actes auraient été de jeter à bas, ce que Chavez avait impulsé et édifié pour rendre la vie du petit peuple plus digne, plus douce, plus riche.

Actuellement, à nouveau une matrice préparatoire d’une tentative de déstabilisation se construit, au Venezuela bien sûr, mais surtout depuis Miami où est réfugiée cette oligarchie qui supporte mal de vivre dans un pays où le peuple débout marche la tête haute, enrageant de savoir que si ce peuple aujourd’hui est digne, c’est qu’un peu de ce qui lui avait été volé par les accapareurs de richesse lui a été rendu, et leur a donc été repris a eux, oligarques sans cœur ni scrupules, qui préfère voir mourir des milliers de personnes, que de se fendre de quelques sous pour leur sauver la vie.

Le scénario actuellement proposée se fonde sur un recul du parti chaviste aux élections municipales qui servirait de prétexte au renversement du président Maduro. C’est dans ce cadre que s’est produite l’attaque contre les comptes Tweeter de chavistes fort diffusés, elle pourrait anticiper une cyber attaque massive qui se produirait lors des élections. Raul Bracho invite donc le gouvernement à se préparer à cette éventualité.

Anne Wolff

Source principale El Ataque de TWITER fue apenas un ensayo - Por: Raúl Bracho @hombrenuevo 

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3 novembre 2013 7 03 /11 /novembre /2013 09:39

 

 

« LES GRANDS MÉDIAS OCCULTENT QUE MONSANTO A POUSSÉ 284.000 PAYSANS INDIENS AU SUICIDE » EXPLIQUE LA SCIENTIFIQUE VANDANA SHIVA À BOTUCATU (BRÉSIL)

C’est pour près de 3000 personnes que la célèbre scientifique indienne Vandana Shiva a réalisé un exposé d’une heure et a répondu aux questions, ouvrant la IIIème journée internationale d’agro-écologie à Botucatu, Brésil, l’après-midi du 31 juillet 2013.

Vandana Shiva a commencé par raconter sa vie d’étudiante en biologie et en physique quantique à l’université, aliénée par rapport aux réalités du monde, jusqu’au choc que signifia pour elle le tragique accident survenu dans l’usine états-unienne de pesticides Union Carbide, installée à Bhopal qui causa la mort de 35 000 indiens, il y a trente ans. A partir de là, elle s’est convertie à la cause du peuple et n’a cessé d’enquêter sur les activités des entreprises transnationales dans l’agriculture.

Elle est aujourd’hui considérée comme une des principales scientifiques et chercheuses en matière des atteintes à la santé et de la destruction de la biodiversité que les OGM et les produits agro-toxiques des entreprises transnationales causent dans le monde entier.

Elle est repartie des conséquences de la “révolution verte” des années 60, que le gouvernement des États-Unis imposa à son aire d’influence comme moyen de vendre plus de produits agro-chimiques et plus de marchandises agricoles, subjuguant la paysannerie de tous ces pays. Résultat : 65% de toute la biodiversité et des ressources en eau douce mondiale ont été polluées par les agro-toxiques. Des études montrent que 40% de l’effet de serre qui affecte le climat planétaire est causé par l’usage excessif et non nécessaire de fertilisants agricoles chimiques. Dans de nombreuses régions d’Europe, à la suite de la mortalité et de la disparition des abeilles, la productivité agricole a déjà chuté de 30%. Vandana Shiva a rappelé que si nous nous calculions les préjudices et les coûts nécessaires pour rétablir la biodiversité, rééquilibrer l’environnement et remédier aux dégâts climatiques, le montant en dollars dépasserait le chiffre d’affaires de la vente de biens par les entreprises.

En ce qui concerne l’action des entreprises transnationales qui opèrent dans l’agriculture – Monsanto, Bungue, Syngenta, Cargill – Vandana explique qu’elles contrôlent la production et le commerce mondial de la soja, du maïs, du colza et du blé, martelant via la publicité que l’humanité dépend des aliments produits par l’agro-business. En réalité l’humanité se nourrit de centaines d’autres végétaux et sources de protéines qu’elles écartent et n’ont pas encore pu contrôler.

Pour la chercheuse “ces entreprises qui promeuvent les OGM n’ont rien inventé et n’ont rien développé. La seule chose qu’elles ont faite fut d’opérer des mutations génétiques qui existent dans la nature pour rentabiliser la vente de leurs produits agro-toxiques.”

Elle a expliqué que Monsanto a réussi à prendre le contrôle de la production du coton en Inde avec l’appui de gouvernements soumis, néo-libéraux et qu’aujourd’hui 90% de la production dépend des semences et des poisons. Ce qui a entraîné une destruction du mode paysan de production du coton et l’endettement généralisé des producteurs. La conjonction de l’usage de produits toxiques qui ont mené à la dépression et à la honte de la dette, ont poussé depuis 1995 284.000 paysans indiens au suicide. Un véritable génocide occulté par les grands médias du monde entier et dont le coupable principal est l’entreprise privée Monsanto.

Malgré tout ce sacrifice en vies humaines, Monsanto reçoit dans son pays 200 millions de dollars annuels, perçoit des royalties pour l’usage de semences génétiquement modifiées de coton.

La critique du modèle de l’agro-business en général

Le modèle de l’agro-business n’est qu’une manière de s’approprier les bénéfices des biens agricoles mais il ne résout pas les problèmes du peuple. La preuve : en augmentant beaucoup la production, nous pourrions alimenter 12 milliards de personnes alors qu’aujourd’hui nous avons un milliard de personnes qui souffrent de la faim quotidiennement, 500 millions d’entre elles étant des paysans qui ont vu leur système de production d’aliments détruit par l’agro-business.

Les produits agricoles sont de simples marchandises, plus des aliments. 70 % des aliments dans le monde restent produits par les paysans. Nous devons comprendre que les aliments sont la synthèse de l’énergie nécessaire aux êtres humains pour survivre à partir du milieu où ils vivent, recueillant cette énergie de la fertilité et de l’environnement. Plus grande la biodiversité naturelle, plus grand le nombre de sources nutritives et plus saine pour les humains l’alimentation produite dans cette région. L’agro-business a détruit la biodiversité et les sources d’énergie véritables.

Les entreprises utilisent le fétiche de la publicité des techniques modernes de la bio-technologie utilisées pour augmenter la productivité des plantes. Mais ce n’est qu’un hameçon : quand on fait des recherches sur ces bio-technologies on se heurte au secret. Dans le fond elles ne sont que des mécanismes pour augmenter la rentabilité des grandes plantations ; l’agriculture industrielle est la standardisation de la connaissance, la négation de la connaissance de l’art de cultiver la terre. La vraie connaissance est développée par les agriculteurs eux-mêmes et par les chercheurs dans chaque région, dans chaque biome, pour chaque plante.

Le modèle de l’agro-business veut transformer les personnes en « consommateurs » de leurs produits. Nous devons combattre l’usage et le réductionnisme du terme “consommateurs”, pour utiliser l’expression « êtres humains » ou personnes qui ont besoin de vie saine. Le consommateur est une réduction subalterne de l’être humain.

Les entreprises de l’agro-business disent qu’elles incarnent le développement et le progrès, qu’elles contrôlent 58% de toute la production agricole mondiale, mais en fait elles ne donnent du travail qu’à 3% des personnes vivant dans le monde rural. C’est donc un système anti-social.

La scientifique indienne a révélé qu’elle fait partie d’um groupe de 300 autres chercheurs internationaux qui se sont consacrés à étudier l’agriculture pendant trois années intensives et ont démontré que ni la révolution verte des États-Unis ni l’usage intensif des semences transgéniques et des produits agro-chimiques ne peuvent résoudre les problèmes de l’agriculture et de l’alimentation mondiales. Seule peut le faire la récupération des pratiques agro-écologiques em harmonie avec la biodiversité, partout sur la planète.

Elle a conclu sa critique du modèle de l’agro-business en montrant comment son projet génère la destruction, la peur, parce qu’ il est basé sur la concentration et l’exclusion. C’est pour cela que les entreprises procèdent à l’intimidation ou à la cooptation des scientifiques qui s’opposent à elles.

La solution : l’agro-écologie

Le modèle agro-écologique est le seul qui permette de développer des techniques accroissant la productivité et la production sans destruction de la biodiversité. L’agro-écologie est la seule forme de créer de l’emploi et des formes de vie saines pour que la population puisse vivre en milieu rural sans être contrainte de se marginaliser dans les villes.

Surtout, les méthodes agro-écologiques sont les seules qui permettent la production d’aliments sains, sans poisons.

6 recommandations aux jeunes étudiants en agro-écologie et aux producteurs agricoles.

1. La base de l’agro-écologie est la préservation et la mise en valeur des sources nutritives existantes dans le sol – en cela elle s’est référée à une autre scientique présente à cette rencontre et qu’elle a écoutée attentivement – la professeure Ana Maria Primavesi. Nous devons appliquer des techniques qui garantissent la santé du sol et de cette santé recueillir les fruits en termes d’énergie saine.

2. Stimuler et promouvoir le contrôle des semences par les agriculteurs. Les semences sont la garantie de la vie. Nous ne pouvons permettre que des entreprises privées, transnationales, les transforment en marchandises. Les semences sont un patrimoine de l’humanité.

3. Nous devons lier l’agro-écologie à la production d’aliments sains qui garantissent la santé et peuvent ainsi conquérir les coeurs et les esprits des habitants des villes comme des zones rurales, de plus en plus empoisonnés par les marchandises traitées par les agro-toxiques (multiplication de cancers depuis quarante ans). Si nous lions les aliments à la santé des personnes, nous gagnerons des millions des habitants des villes à notre cause.

4. Nous devons transformer les territoires sous contrôle des paysans en véritables sanctuaires de semences, d’arbres sains, de cultures de la biodiversité, d’élevage d’abeilles, de diversité agricole.

5. Nous devons défendre l’idée, qui fait partie de la démocratie, de la liberté des personnes de choisir les aliments. Les produits de référence ne peuvent pas se réduire à ceux que les entreprises décident de mettre dans les rayons.

6. Nous devons lutter pour que les gouvernements cessent d’utiliser des fonds publics qui appartiennent à l’ensemble des citoyens, pour les transférer en subventions aux grands propriétaires et entrepreneurs de l’agro-industrie. C’est ce qui se passe dans le monde entier et aussi en Inde. Le modèle de l’agro-business ne survivrait pas sans ces subventions et sans les avantages fiscaux offerts par les gouvernements qui les garantissent.

Sur les difficultés de la transition à l’agro-écologie…

En Inde, rappelle Vandana Shiva, on a vécu des problèmes majeurs à l’époque du colonialisme anglais. Gandhi a enseigné que la force est de toujours “lutter pour la vérité”. Le capital trompe, ment, pour pouvoir accumuler des richesses. Et la vérité est avec la nature, avec les personnes. S’il existe une volonté politique de réaliser des changements, s’il y a une volonté de produire des aliments sains, il deviendra possible de les cultiver.

Vandana Shiva a conclu en appelant tous les citoyens présents à s’engager dans la journée mondiale de lutte pour les aliments sains et contre les entreprises transnationales que la Via Campesina, des mouvements de femmes et des centaines d’organisations réaliseront dans la semaine du 16 octobre 2013 : ce sera l’occasion d’unifier nos voix sur le plan mondial.

Traduction du portugais : Thierry Deronne

Voir en ligne : http://mouvementsansterre.wordpress…

http://www.pressegauche.org/spip.php?article14782

Articles en relation:

Le libre-échange c’est la dictature des entreprises:

http://gaetanpelletier.wordpress.com/2013/10/30/vandana-shiva-le-libre-echange-cest-la-dictature-des-entreprises/

 

Source : LA VIDURE | Naître dans une explosion et finir en implosion!

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2 novembre 2013 6 02 /11 /novembre /2013 20:17

 

 

Chronique 
sur  la « folie »,
après une extermination
Par Álvaro Miranda et Adriana Grosso – Notes et traduction de Libres Amériques
La violence torture, mais la violence permanente rend fou, comme ce qui se passe en Colombie. L’addition de tant d’années de sévices du pouvoir avec la population la plus pauvre a provoqué chez de nombreuses personnes des problèmes mentaux, une réalité qui a été peu observée (et surtout peu mentionnée, mais bien connue des psychologues locaux et accompagnant ce type de tragédie, qui ne résume pas à un cas). Les traces laissées par la violence non seulement se calme à l’hôpital, les prisons ou les cimetières, mais l’horreur se fixe aussi dans les esprits (ce que l’on appelle plus communément un « traumatisme de guerre »).
L’extermination de plus  de 5.000 militants de l’Union Patriotique (UP) a été l’un des épisodes les plus cruels et violents de notre histoire et chez beaucoup de Colombiens cela a laissé l’empreinte de faits tragiques. 

Survivants ou pas, témoins oculaires ou lointains, ils vivent sans savoir pourquoi une vie grise, le produit indélébile de quelques jours qui n’ont cessé de resurgir, comme ce que vit (encore aujourd’hui) Ricardo Cheliá.
La nuit où ils tuèrent Blanca Cecilia Palacios, elle avait donné du lait son enfant âgé de deux mois. L’enfant avait pleuré pour des coliques, mais il dormit un peu. Blanca était une femme en charge des travaux de son foyer et n’avait jamais eu de relation avec la politique.
- « Je vais dormir », dira-elle à son époux Rodrigo Barrera, qui regardait la télévision ;
 - « J’ai mal à la tête ». Elle se passa la main sur son front, là où se trouvait sa douleur, le même endroit où quelques heures plus tard, à 2h45 du matin, elle reçue un tir mortel.
Lors de cette nuit seulement le silence s’entendzit, il s’était emparé du quartier populaire « Los Comuneros », dans la commune de Fusagasugá, à deux heures de Bogotá, la capitale de la Colombie. Puis soudainement, il fut possible d’entendre les moteurs de deux camionnettes et les bruits de bottes que donnèrent de 30 militaires en descendant de celles-ci.
Quelques témoins qui avaient entendu leur arrivée, purent voir ainsi comment des hommes avaient transporté deux cadavres. Deux personnes sans vie, qui juste quelques minutes auparavant avaient été éliminées sans aucune décision de justice, et les corps comme telles étaient une gêne pour eux, ils les déposèrent à l’entrée de la maison, qu’ils allaient maintenant assaillir. Dans un style commando, ils entourèrent la petite maison et d’un coup, ils firent tomber la porte d’entrée.
Puis s’entendirent des cris :
- A l’étage - hurla le sous-lieutenenat Cruz -, qui effectua l’opération et une violation illégale du domicile. Le sergent Ramírez et le reste du personnel qui l’accompagnait ajustèrent leurs armes sur la famille.
- A l’étage – le sous-officier revint  - la famille fut obligée de s’allonger face contre le sol. Les hommes de la maison étaient quasiment nus, avec un simple pantalon de pyjama, qu’ils utilisaient pour dormir. Les victimes n’avaient aucune arme sous la main dans leur domicile. Malgré cet état de faiblesse commença l’exécution.
Il ne s’agissait pas d’une exécution contre un mur, sinon d’être à même le sol. Le premier à mourir fut Antonio Palacios Urreaun, un humble travailleur de 65 ans, chef de famille, et que ses assassins accusèrent d’être un sympathisant de l’Union Patriotique (UP), un parti légal de la gauche colombienne, qui s’était constitué avec des intellectuels, des enseignants, des syndicalistes et des travailleurs, ayant pour objectif concret : la recherche de la paix en Colombie.
Suivit l’immolation des trois fils d’Antonio, qui dormaient dans des pièces attenantes : Camilo, un étudiant en mathématique de 27 ans, Janeth, 19 ans, et Blanca Cecilia 17 ans, qui fut prise de panique, quand elle vit tombé le corps de son époux Rodrigo Barrera. Elle pris son fils dans ses bras et chercha une sortie par laquelle elle pouvait sauver sa vie et celle de son nouveau-né.
L’enfant se mit à pleurer à la brusque détonation des tirs. La jeune femme chercha à faire quelques pas. Une balle dans sa tête la renversa à terre devant sa mère, qui la fixa sans pouvoir rien faire, seulement ouvrir ses bras aux deux enfants du foyer qui avaient survécu au massacre.
Vingt ans après de cette obscure nuit du 21 août 1991, un des témoins, Monsieur Ricardo Cheliá, se trouvait sur un banc du Parc central de Fusagasugá. Il prenait le frais. Ses souvenirs au fil du temps se sont transmis à tout son épiderme, se plissant (à l’idée ou l’évocation) de son récit obscur et bref, et de ses cheveux se cachant sous sa casquette noire.
Ricardo devint un homme de plus, de ceux, - qui, depuis -, n’ont ni nord, ni sud, sauf à revivre les centaines de possibilités de désastres de cette guerre politique, qui a commencé en Colombie après l’assassinat de Jorge Eliécer Gaitán, le 9 avril 1948, en la dénommée rue Real de Bogotá.
« J’ai mal à la tête », répétait Ricardo Cheliá, ce qu’avait dit Blanca Cecilia Palacios avant d’aller voir une dernière fois son enfant de deux mois, la même plainte, qui avait cette nuit-là  précédée sa mort. C’était comme si cette phrase tissait un lien invisible entre la tragédie de cette année (1991) et le mélange de ses jours, semaines et des mois de souvenirs, que vivait Ricardo dans son présent de 2013.
La mort de Blanca Cecilia Palacios, de ses frères et de son père, s’était transformée pour Ricardo en un référent, qui chaque fois jalonnait son histoire. Au milieu des années 1950, quand il était petit, il a dû fuir sa maison incendiée par les ennemis politiques de son père, un émigrant arabe, qui était venu en Colombie s’aventurer à la campagne, pour écraser de la canne à sucre et produire cette grande douceur s’appelant la « Panela » (sorte de pain de sucre ocre servant à la préparation de boissons sucrées chaudes et froides).
Ricardo Cheliá arrivant sur ses 66 ans et autres histoires
A la fois, beaucoup de personnes ne connaissent rien, ni un mort, ni la furie politique vécue dans le pays, d’autres ont encore présent à l’esprit l’assassinat de quelqu’un de connu, de quelques familiers. Il est curieux comme dans la région de Fusagasugá, située dans le Parc National de Sumapaz, centre d’activité de la guérilla, ces récits de vies ont des liens avec beaucoup d’autres meurtres. A tuer - pour tuer -, depuis le début il en retourne une affaire promue par l’Etat, les particuliers, les groupes organisés, les corporations d’éleveurs, les  commerçants et les tueurs à gages.
Frapper à la porte de n’importe quelle maison et trier pour assassiner n’a pas été seulement l’affaire de la famille de Blanca Cecilia Palacios. Il s’agit d’une affaire ayant laissé une blessure ouverte pour des millions de douleur et à différents niveaux de criminalité (et de responsabilité criminelle).
La famille Palacios, de l’U.P, a été accusé d’appartenir au groupe armé des FARC, sans l’être.
La presse nationale a enregistré que pour l’année 1991, ce type de situation s’était déroulé beaucoup de fois, lorsque des militaires préparèrent pour scénario de provoquer une fausse culpabilité, sur des actions jamais commises par les victimes accusées d’appartenir à des groupes hors la loi.
Ce fut plus tardivement que l’on les nomma les « faux-positifs »  (notamment à partir de 2008 et ce que l’on nomme plus exactement des exécutions extra judiciaire), c’est-à-dire, réaliser l’assassinat d’innocents pour toucher une prime officielle en argent, et recevoir des médailles pour en avoir fini avec ce qu’ils désignèrent comme des personnes « dangereuses ». (si le nombre d’exécution extra judiciaire a fortement baissé depuis l’arrivée en 2010 de Juan Manuel Santos, toutefois la pratique n’a pas complètement disparu)
Pendant que Ricardo Cheliá assis sur le banc du parc voyait voltiger en cercle cent colombes en fuites, il se rappelait à voix haute, comment la 13° Brigade de l’armée, en un communiqué fait par le commandant de cette unité militaire, déclarait qu’ils en avaient fini avec les activistes du Front N°15 des FARC. Selon le communiqué, les troupes officielles, auraient reçu des coups de feux des « subversifs », et qu’à ce moment, ils se trouvaient dans la maison.
La population de Fusagasugá laissait s’écouler les jours au gré d’une continuité, cultiver des fleurs, planter du café, récolter des haricots et des fruits tropicaux comme les mangues ou les mandarines. Les voisins du quartier « Los Comuneros » ne surent jamais comment avait été justifié par l’Etat le massacre des voisins et amis innocents. Les coupables, 19 mois après, furent condamnés à la prison.
Le regard que Ricardo Cheliá conserve sur le massacre de Fusagasugá était le résumé de centaines d’autres coorespondant à ce que vit le  pays, et cela fait depuis plus de 60 années ininterrompues. L’homme du banc du parc, à la casquette noires, est un être perdu dans un fatras d’épisodes que lui, dans la simplicité de sa vie, ne peut saisir. Il existe un énorme tissu de tragédies, que le descendant des Arabes, aperçue à peine comme les roues libres du destin.
La figure de la violence a d’énormes proportions, qui jusqu’à présent l’histoire est venue s’entrechoquant avec la mémoire à travers des publications écrites, la radio ou la télévision. Cheliá, comme des millions de Colombiens, il navigue à vue au milieu de personnes de toutes conditions, qui ont été des acteurs ou pas du processus né du désir de participer politiquement en paix, comme l’était la proposition de l’Union Patriotique.
Il s’agissait de lutteurs sociaux qui venaient d’organisations légales de gauche comme, par exemple, Leonardo Posada, représentant à la Chambre, un jeune avocat qui voulait lire tous les romans du monde, et qui a été assassiné en 1986 dans la ville pétrolière de Bucaramanga avant de pouvoir se mettre à son compte.
En janvier de la même année, ce fut le tour tragique de Gildardo Castaño Orozco, responsable syndical et conseiller de la ville de Pereira, qui fut victime d’un attentat criminel réalisé en moto par des sicaires, tout près de sa maison.
En octobre 1987 le candidat à la présidence de l’année précédente pour l’U.P, Jaime Pardo Leal, après avoir parlé avec un plombier pour qu’il règle la pression de l’eau de sa petite maison de campagne, a été assassiné sur la route en direction de la capitale, devant le regard de sa femme et ses fils.
Le 3 mars 1989 les balles tombèrent sur sa frêle humanité de José Antequera, avocat, danseur de musiques de la Caraïbe, le dirigeant de la Jeunesse Communiste, a été assassiné dans le même aéroport, celui de Bogotá, quand il saluait le Libéral en pré campagne, Ernesto Samper, qui fut gravement blessé.
Le 22 mars 1990 Bernardo Jaramillo Ossa a été assassiné dans le même terminal aérien de Bogotá, pendant qu’il attendait son vol, accompagné de son épouse. Ce jour, un jeune sicaire (ou tueur à gage) sort une mitraillette (Mini Igram 380) et tira contre le candidat à la présidence de l’Union Patriotique, qui n’avait pas douté pour continuer avec l’organisation que Pardo Leal avait dirigé juste un an au moment d’être assassiné. Les dernières paroles de Jaramillo Ossa, qui était blessé dans les bras de son épouse, furent : « Mon amour, je ne sens plus les jambes. Ces fils de pute m’ont tué, je vais mourir. Embrasse-moi et protège-moi ».
La mort semblait avoir été montée comme un manège qui ne se fatigue pas de réaliser ses tours sanglants. A chaque fois, les promoteurs étaient des membres des forces de sécurité de l’Etat, comme dans le cas de la famille de Blanca Cecilia Palacio, ou des criminels des Autodéfenses de l’extrême droite convertis en narcotrafiquants.
Ricardo Cheliá, comme des milliers de colombiens dans la  moyenne, il ressentait dans sa vie une étrange sensation qu’il ne pouvait expliquer, mais qui se manifestait comme un agir cruel et systématique. Pour ceux qui peuvent l’exprimer, c’était comme si en permanence ils vivaient sur un baril de poudre. Quiconque, ou aucune personne ne pouvait savoir où et quand il était possible sortir (...). Malgré le souci des crimes sélectifs, des voitures piégées dans les rues, les immeubles et les centres commerciaux, la vie s’impose en Colombie.
Pour les centaines d’hommes et de femmes comme Cheliá, l’existence est reliée à une lignée de mort au milieu de l’agitation quotidienne des magasins de commerce, écoles, hôpitaux, places de marché, autobus, églises ou restaurants. Un, deux, des centaines, des milliers de morts ont eu la « chance », d’être retrouvés, là où des milliers se perdent dans les campagnes et forêts au fond d’une fosse commune.
Des cas, il existe des cas entre tous les cas. Un exemple pris au hasard est celui d’Ana Fabricia Córdoba, militante de l’U.P, pour laquelle correspond d’avoir vécu toutes les violences s’étant produites en Colombie.
Pareillement que Cheliá, quand petite, elle fut expulsée de sa terre natale en raison de l’affrontement des deux partis traditionnels, les paramilitaires tuèrent son époux l’année 2000, pour son appartenance à l’U.P, et elle a eu à retrouver le cadavre de son fils Johnatan, après avoir été criblé de balles dans les rues de Medellín. Elle et son ami ont été tués par la patrouille n°301384 de la police. Ainsi à neuf heures du soir, Johnatan appela Ana Fabricia, sa mère. Elle raconta : « Il était tétanisé par la peur et il m’a dit qu’ils allaient le tuer ».
Le jour suivant, les deux jeunes  réapparaissent morts. Pour la responsable Ana Fabricia, à l’égal de Blanca Cecilia, un homme à briser sa vie d’un tir dans sa tête en juin 2011, la même semaine pendant laquelle, le président Juan Manuel Santos se prononça pour la Loi des « Victimes » (du conflit armé).
Le soleil de Fusagasugá était d’une chaleur douce au moment où Ricardo Cheliá entra dans un mutisme total. Il se réfugia dans ses pensées avec un regard fixe, duquel il ne voyait pas les vendeurs ambulants de glaces et de ballons gonflés. Il écoutait seulement et entendait les colombes grises qui picotaient ou déployaient leurs ailes, les transportant d’un lieu à l’autre du parc.
- Ainsi elles volèrent toutes – dira-t-il, regardant les petits oiseaux faisant un large vol pour se rendre sur un espace se tenant sur un côté de l’église aux deux tours de Notre Dame de Belén (en photo ci-dessus), et sur ses autres côtés, le Centre administratif Municipal, les banques, les joailleries, les papeteries ou les cafetiers.
 Chelíá avait vécu les exodes pendant l’enfance dans la ferme de son père et après, de part les divers endroits où elle allait pour chercher de quoi faire. La Colombe, pour le descendant de l’émigrant arabe, était un pays de nomades, de déplacés par la violence.
- Mon père a dû laisser son travail à la campagne devant les pressions, lors des quelques années du gouvernement du dictateur Rojas Pinilla. (1953-1957)
Maintenant la situation reste similaire, mais avec des variantes sur les signalements qui parviennent de la violence. A la moitié du vingtième siècle, Cheliá aurait été une victime innocente de l’affrontement partisan entre les conservateurs (bannière bleue comme symbole héraldique) et les libéraux (bannière rouge comme symbole héraldique).
A partir des années 1980, ce fut au tour du conflit pour la terre, mais avec des conséquences politiques entre les secteurs radicaux en arme, qui sélectionnaient leurs victimes dans les villes et les campagnes.
Les membres de l’U.P. et d’autres organisations syndicales et démocratiques commencèrent à quitter le pays devant le risque de se faire tuer. La fatalité - pour qui pensait différemment – ont continué jusque dans les années 1990. Non, il n’y avait pas de reste, sinon à chaque attentat, une addition : Huit sénateurs, 13 députés, 70 conseillers et 11 maires de l’U.P. assassinés. Au total, plus de 5 000 militants et sympathisants morts, c’est-à-dire, la fin de l’organisation.
- Sait-il pourquoi il porte des vêtements noirs ? - Demande Cheliá sans perdre pour cela son regard d’oiseau endeuillé – Parce que dans ce pays, il y a eu beaucoup de mort par la faute de cette guerre.
4 ou 5 générations de colombiens n’ont pas pu vivre une année de paix depuis 1931 à 1939 quand il s’est déroulé à Guaca et à Capitanejo (localités du département du Santander, nord de la Colombie), les prémices du conflit avec l’extermination de la population conservatrice et libérale, faisant des massacres politiques, l’étincelle qui s’est enracinée depuis lors. La seule statistique récente datant de 1985 et divulguée est terrifiante.
Ricardo sait que depuis beaucoup d’années, que quelque chose va mal, mais pareillement que beaucoup de colombiens ne pouvant  préciser les causes et apporter des solutions, et considérant que cet état d’altération s’achèvera, avec la paix au quotidien et le droit à la vie comme éléments connaturels (qui est naturellement en accord avec une autre chose).
Chez le kiosquier près du supermarché, sous la main de quiconque, apparaît l’hebdomadaire « Semana ». La publication sort tous les 7 jours avec un tirage prometteur de 52.800 exemplaires et une des meilleures diffusions dans le pays. La Colombe s’approche des 50 millions d’habitants et, cependant le niveau de lecture de la presse n’est pas généralisé. Seuls lisent les catégories de la population de haut niveau, intellectuels et professeurs intéressés par l’économie, la politique et la vie en rose.
Des personnes comme Cheliá ne connaissent pas l’existence de cet hebdomadaire, parce qu’ils ne vont pas au supermarché, comme d’autres visitent les nommées centres d’esthétique ou de coiffures pour se faire couper les cheveux. Ce sont dans ces lieux où en général le commun des mortels peut jeter un œil aux nouvelles.
Selon l’hebdomadaire Semana, depuis 1985, au 31 mars de cette année-là, il a été comptabilisé 5.405.629 victimes de violence.
Blanca Cecilia Palacios fait partie de la statistique des 2.683.335 femmes assassinées.
Son père et ses frères sont de ce tragique compte :
Mineurs de moins 12 ans : 1.163.218.
Syndicalistes assassinés entre 1978 et 2012 : 2.994.
Défenseurs des droits : 299.
2.087 massacres entre 1983 et 2011, 9.509 personnes ont été assassinées.
Journalistes assassinés depuis 1977: 137.
Les enlèvements pour extorsion de fonds entre 1996 et 2002 ont été de 16.123.
Les colombiens qui sortirent du pays pour des raisons de guerre : 395.577.
Fonctionnaires, employés ou candidats publics assassinés : plus de 3.000.
Personnes qui ont souffert d’un déplacement forcé depuis 1985 : 4 ou 5 millions. (plus de 6 millions selon le Movice)
Personnes touchées par las mines antipersonnelles : 10.272.
Amérindiens assassinés : 2.628.
Tous ces actes violents de la guerre agissant comme des tsunamis ont en continus d’autres mouvements de vague de moindre hauteur, mais pas moins dangereux. Blanca Cecilia Palacios a été une victime des très nombreux tsunamis continuant à se suivre. Ses voisins, les survivants, sous une autre forme, ils continuent de vivre éclaboussés par les innombrables gouttes de sang qui proviennent de leur existence, de leur pensée, de leur manière d’agir ou de se taire.
Cheliá s’est relevé de son banc du Parc. Il chemine entre les centaines de colombes, lui donnant juste le pas par un petit sautillement. Il ne s’est pas où aller. Finalement, avant que la guerre ne trouve sa fin, elle ne montre toujours pas sous le destin de la paix. 


Source : El Ojo del Cangrejo (l'oeil  du Crabe)


LIBRES AMéRIQUES: Colombie, traumatismes de guerre et conséquences psychiques

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"Le vieux fascisme si actuel et puissant qu’il soit dans beaucoup de pays, n’est pas le nouveau problème actuel. On nous prépare d’autres fascismes. Tout un néo-fascisme s’installe par rapport auquel l’ancien fascisme fait figure de folklore […].

Au lieu d’être une politique et une économie de guerre, le néo-fascisme est une entente mondiale pour la sécurité, pour la gestion d’une « paix » non moins terrible, avec organisation concertée de toutes les petites peurs, de toutes les petites angoisses qui font de nous autant de microfascistes, chargés d’étouffer chaque chose, chaque visage, chaque parole un peu forte, dans sa rue, son quartier, sa salle de cinéma."

 

Gilles Deleuze, février 1977.

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