12 décembre 2012 3 12 /12 /décembre /2012 10:46

 

 

Quand en peu de mots, l'essentiel est dit, on,ne peut mieux dit :

 

Ecologie et spiritualité


Comment se positionner par rapport aux catastrophes écologiques graves à venir sur notre planète ?


Pierre Rabhi : Je dirai en préambule que les catastrophes sont déjà là : il faut en effet se garder d'une vision restrictive à l'occidentale. Je trouve qu'il y a une planétarisation des phénomènes et les conditions climatiques n'épargneront ni le Nord, ni le Sud, elles ne vont pas être sélectives. Il y a comme un ultimatum qui nous est posé, de changer pour ne pas disparaître. Est-il perçu ? J'ai des doutes quand je vois l'accent mis par les sociétés sur des futilités au détriment des urgences globales.

J'ai bien peur que les conséquences de nos inconséquences nous mènent à des crises majeures, à des apocalypses biologiques diverses. L'humain moderne est de moins en moins en contact avec les forces vives de la vie, et il est pour-tant complètement dépendant d'elles pour survivre. Que deviendrons-nous sans cette terre nourricière que nous saccageons ? Il faudrait en prendre conscience et véritablement ne plus considérer la nature comme une matière uniquement exploitable, mais comme une entité vivante à respecter : il faudrait même respiritualiser tous nos rapports avec la nature !

 

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12 décembre 2012 3 12 /12 /décembre /2012 07:45

 

 

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Les gouvernement font page blanche sur le futur de la planète à Doha; Les paysans de La Via Campesina refroidissent la planète

La Via Campesina – Communiqué de presse

(Jakarta, 6 décembre 2012) – Les négociations sur le climat se terminent et les pays industrialisés imposent l’inaction pour la décennie à venir. Ces derniers trouvent de plus en plus de façons d’échapper à leur responsabilité historique et ils créent encore davantage de marchés du carbone dont un en agriculture afin de pouvoir maintenir le statu quo et de continuer à brûler la planète. Alors que les gouvernements continuent à donner la priorité aux intérêts de l’industrie et de l’agro-industrie, les paysannes et les paysans continuent à produire pour nourrir la population mondiale et la planète.

Le Segment de haut niveau de la 18ème Conférence des Parties (COP 18) et la 8ème réunion des Parties (CMP8) de la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement climatique (CCNUCC) a commencé le 5 décembre avec l’arrivée des ministres à Doha dans l’État pétrolier du Qatar. Mais ces négociations de presque deux semaines n’ont mené à rien. Les pays développés campent sur leurs positions et sur leurs objectifs d’inaction, à tel point que lorsque le président des négociations a présenté le nouveau texte sur l’Action coopérative de long terme, ce texte contenait des pages entièrement blanches sur les sujets qui, d’après le président, étaient controversés : adaptation, développement technique, financement, renforcement des capacités et conséquences économiques et sociales des mesures d’intervention – sujets causant grande inquiétude dans les pays en développement.

Sur le sujet crucial des réductions d’émissions, les engagements proposés par les pays industrialisés sont inférieurs aux chiffres déjà bas proposés en 2009 à Copenhague. Une étude du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) qui utilise les calculs faits à Copenhague, a prévu que le réchauffement climatique va augmenter de 5 degrés centigrade. Cela surpasse de loin le seuil des 2 degrés centigrade sur lequel, d’après les chercheurs, devait se porter le travail d’atténuation afin d’éviter un chaos climatique. En dépit de cela, les chiffres à Doha ont été revu à la baisse. L’engagement de l’UE de réduire ses émissions de 20% d’ici à 2020, signifie en réalité une réduction de 12% car l’UE déclare avoir déjà rempli 8% de ses engagements lors de la première période du Protocole de Kyoto. Pour les 12% restant, il ne s’agira pas de réductions réelles car ils utiliseront les mécanismes du marché carbone.

Pour ce qui est de l’agriculture, la COP 17 à Durban, avait décidé de travailler sur la question de l’agriculture et de développer un programme de travail sur ce sujet. Jusqu’à Durban, l’agriculture était restée en dehors des négociations de la CCNUCC, et plus important, hors de portée des marchés du carbone. Mais à Durban et au Qatar, les pays développés ainsi que les organisations d'agriculteurs à grande échelle et l’agro-inustrie qui prétendaient représenter les paysans du monde entier, se sont efforcés de placer l’agriculture sur la table des négociations. Une fois comprise dans un programme de travail des négociations de la CCNUCC, l’agriculture sera dirigée vers des systèmes appelés « climate-smart agriculture » (agriculture intelligente pour le climat) ou ce qui est appelé « intensification durable » ou l'augmentation du rendement par unité de terre. Cela ouvrira la porte aux marchés de carbone en agriculture, et on peut s'attendre à ce que le négoce du carbone déterminera les politiques agricoles. Cela ouvrira la porte aussi à la propagation d’organismes génétiquement modifiés (OGM) et à d’autres technologies comme la biologie synthétique et donnera l’avantage à l’agro-industrie sur la paysannerie. 

Les pays développés ont aussi tourné en dérision la question du financement. Ils ont promis la somme misérable de 100 milliards de dollars d’ici à 2020. Selon les estimations de l’enquête mondiale économique et sociale du Département des Affaires économiques et sociales des Nations Unies, les pays développés devraient dépenser de 500 à 600 milliards de dollars américains par an afin de s’adapter au climat et d’en atténuer les changements. Le gouvernement des USA a consacré, à lui seul, 661 milliards de dollars en 2009 aux dépenses militaires. Non seulement les 100 milliards offerts sont presque une insulte, mais de surcroît les pays développés ont proposé que la banque mondiale l'administre par intérim et que les fonds viennent de diverses sources, certains pouvant même être des prêts.

Par ailleurs, rien n'est mentionné en ce qui concerne d'éventuels transferts de technologies et de l’engagement des pays développés suivant le principe de la responsabilité historique. La question des droits de propriété intellectuelle n’a pas été discutée, les pays en développement devront donc payer pour accéder à des technologies auxquelles ils ont droit.

Dès 2007, les résultats du quatrième rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (GIEC) ont souligné l’urgence de la situation. Aujourd’hui, nous nous trouvons dans une situation bien pire que celle prévue alors. En septembre dernier, la calotte polaire a atteint son niveau le plus bas depuis 1979. Les chercheurs ont déclaré que si ce déclin continuait au même rythme, elle aurait disparu à la fin de cette décennie.

Les conséquences du changement climatique se font déjà sentir. Ces derniers mois nous avons connu un nombre record de conditions climatiques anormales : sécheresses, typhons, inondations et températures extrêmes. Ces catastrophes ont dévasté les récoltes, les fermes, les moyens d’existence et des communautés entières. Une relation a déjà été établie entre le changement climatique et l’augmentation impressionnante des prix alimentaires et la crise alimentaire en cours. Le changement climatique est également à l'origine du déplacement forcé de millions de personnes. En 2010, il a été estimé que plus de 30 millions de personnes ont été déplacées de force par des désastres environnementaux ou climatiques en Asie. Cette semaine, alors que les négociations enclenchent la marche arrière, plus de 300 personnes sont mortes victimes d'un typhon aux Philippines.

La Via Campesina, le mouvement paysan international qui représente plus de 200 millions de paysannes et de paysans dans le monde entier dénonce le fait que les négociations sur le climat servent à légitimer un statu quo aux dépens de l’humanité et de la planète. L’inaction dans les négociations sur la planète montre le détournement des gouvernements par le monde des entreprises qui veut continuer à exploiter la nature et à en tirer autant de profit que possible. Pendant que les gouvernements se livrent à de petits jeux : débattre de pages blanches, créer des façons d’échapper à leur responsabilité – les paysannes et les paysans qui sont parmi les populations les plus affectées par la crise climatique, sont celles et ceux qui mettent en place de vraies solutions pour s’adapter aux conditions climatiques et mettre en œuvre la souveraineté alimentaire. Des études ont démontré que c'est toujours la paysannerie qui produit la majorité de l’alimentation mondiale. Non seulement nous nourrissons les populations, mais nous contribuons à l’adaptation aux nouvelles conditions climatiques en utilisant l’agroécologie et des variétés de semences paysannes.

La Via Campesina rejette les fausses solutions capitalistes de l’économie verte qui ne font qu’empirer les crises climatique et alimentaire. Les paysannes et les paysans contribuent à sauver l’humanité par l’agroécologie – ils combattent la faim et refroidissent la planète.

 

Source :
La Via Campesina: Mouvement Paysan International

Derniers titres deVia Campesina en français :


 

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Soutenez la lutte pour notre avenir: agissez pour la la souveraineté alimentaire!

 

En 2013, La Via Campesina célébrera son 20e anniversaire. C'est en effet en 1993 que des paysans et des paysannes des quatre continents ont donné naissance à ce mouvement lors d'une réunion à Mons, en Belgique. A cette époque, la logique de la mondialisation commençait à imprégner fortement les politiques agricoles et agro-alimentaires. Pour faire face à ce phénomène et à ses conséquences, les paysans et les paysannes ont décidé de se regrouper pour définir une stratégie commune et se donner les moyens de lutter ensemble. Ils souhaitaient aussi participer aux décisions les affectant directement et s'assurer que leurs voix soient entendues. Au cours de ces 20 dernières années, les luttes locales des organisations paysannes nationales ont été renforcées par l'appartenance à ce mouvement international dynamique. Toutes partagent en effet un combat commun et se soutiennent mutuellement. 

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NON à l'Accord de libre-échange entre l'UE, la Colombie et le Pérou

Communiqué de presse (voir liste des signataires ci-dessous)

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Le 11 décembre prochain, le Parlement européen devra se prononcer sur la ratification de l'Accord de libre-échange entre l'UE, la Colombie et le Pérou. Or, depuis le début des négociations (en 2006), un nombre croissant d'organisations syndicales et de la société civile en Europe et en Amérique latine dénoncent les conséquences qu'aurait un tel accord pour les droits de l’Homme, les travailleurs, les peuples indigènes et l’environnement dans ces pays. Plus particulièrement, cet accord :

  • saperait le processus d'intégration de la région andine et limiterait la capacité de ces pays à définir leur propre politique économique de développement ;
  • renforcerait le modèle de libéralisation financière pourtant au cœur de la crise européenne, et menacerait l'existence de services publics, tels que la santé, l'éducation, …, à travers l'ouverture de ces secteurs aux entreprises multinationales ;
  • renforcerait le modèle extractiviste minier de la Colombie et du Pérou avec de lourdes conséquences en particulier pour les communautés indigènes qui subissent déjà de plein fouet les accaparements de terre et déplacements forcés;
  • privilégierait la protection des droits des investisseurs étrangers au détriment des droits économiques et sociaux des populations, et du développement économique local.

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Du Brésil au Pérou, d’immenses étendues de terres agricoles aux mains d'investisseurs privés ou publics

 

« Carnet de route » est le cinquième épisode du cycle TERRES. Il s’ouvre à Rio de Janeiro, avec le Sommet des peuples pour la justice sociale et environnementale, et se poursuit en Amazonie brésilienne – d’abord dans l’état du Para, avec l’occupation de la Fazenda Cedro par le Mouvement des paysans sans terre, puis à Porto Velho, sur le Rio Madeira, où les barrages de Santo Antonio et Jirau sont en construction. Le périple s’achève au Pérou, dans la région de Cajamarca, où la population s’oppose au projet minier « Conga ».

TERRES est un cycle de documentaires qui a pour point de départ un constat alarmant : au cours de la dernière décennie, d’immenses étendues de terres agricoles de la planète ont été concédées, vendues ou louées à des investisseurs privés ou publics.

TERRES est produit par le CCFD-Terre Solidaire et soutenu par le Monde Diplomatique

 

 

Europe, non à la privatisation de la politique laitière européenne

Déclaration commune de ECVC, (European Coordination Via Campesina),  EMB (European Milk Board) et FFE ( Fairness for farmers in Europe)

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(Fougères, 29 novembre 2012).  A l’occasion de la conférence sur la politique laitière européenne organisée à Fougères le 29 novembre par la Confédération Paysanne et la Coordination Européenne Via Campesina (ECVC), ECVC , EMB (European Milk Board) et FFE (Fairness for Farmers in Europe) publient la déclaration suivante :

Les producteurs ne veulent pas produire plus pour gagner moins . On ne peut baser une économie laitière saine sur la vente à perte (prix du lait en dessous des coûts de production) Non à la privatisation de la politique laitière européenne ( contractualisation). La régulation de la production est indispensable au maintien d’une production laitière paysanne durable bien répartie sur le territoire européen.

Sénégal, déclaration finale du Forum des exploitations paysannes

(Dakar, 22 Novembre 2012) 

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Nous, représentants des organisations paysannes et des producteurs agricoles membres du CNCR et des autres plates-formes nationales membres du ROPPA, réunis du 20  au 22 Novembre 2012, à Dakar, avec des responsables  de services techniques,  et des partenaires techniques et financiers  dans le cadre du Forum international« Les exploitations familiales agricoles sont les principales pourvoyeuses de nourriture et de richesses en Afrique de l’ouest » :

confirmons l’importance du rôle actuel et du potentiel des exploitations familiales agricoles, 

constatons aussi que :

  • les exploitations familiales agricoles connaissent un certain nombre de contraintes liées à un environnement socio-économique défavorable ;
  • les exploitations familiales agricoles n’ont pas encore exprimé tout leur potentiel et disposent encore d’une marge de progression pour accroître considérablement leur contribution dans les différentes fonctions de l’agriculture à savoir : nourrir les populations, la création de richesses et d’emplois et la gestion durable des ressources naturelles. 

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Au Mozambique, un méga projet menace 
de déplacer des millions de paysans

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(Maputo, Mozambique - 29 novembre 2012) – Le gouvernement et le secteur privé brésiliens collaborent avec le Japon pour lancer un vaste projet agroalimentaire dans le nord du Mozambique. Le projet, qui porte le nom de ProSavana, doit mettre 14 millions d’hectares à la disposition de l’agrobusiness brésilienne : l’objectif est de produire du soja, du maïs et d’autres denrées agricoles qui seront exportées par des multinationales japonaises. Cette région du Mozambique, connue sous le nom de Couloir de Nacala, est peuplée de millions de familles paysannes qui risquent de perdre leurs terres au cours de la mise en œuvre de ce projet.

Le couloir de Nacala longe une ligne de chemin de fer qui va du port de Nacala, dans la province de Nampula, jusqu’à Lichinga, dans la province de Niassa, en passant par les deux districts du nord de la province de Zambézia. C’est la région la plus peuplée de tout le pays. Comme elle jouit de sols fertiles et de précipitations régulières et abondantes, des millions de petits producteurs travaillent sur les terres pour y cultiver de quoi nourrir leur famille et vendre sur les marchés locaux et régionaux.

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de...

France, le rap du rapt de Notre Dame des Landes

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Un montage vidéo pour résister en rythme au projet d'aéroport  à écouter ici

France, Contre le projet d'aéroport : 15 et 16 décembre, rencontre des comités locaux de soutien

 

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(Notre Dame des Landes, 26 novembre 2012) Dans la continuité de la grande manifestation de réoccupation du 17 novembre, une rencontre large de tous les comités locaux contre l’aéroport de Notre dame des landes est appelée les 15 et 16 décembre sur la ZAD (Zone à défendre contre le projet d'aéroport). L’idée de telles rencontres a été validée lors de l’assemblée qui s’est tenu brièvement dimanche 18 au matin sur le site, en présence de 400 personnes, dont des membres de quelques dizaines de comités locaux restés sur place et venus des 4 coins de l’hexagone.

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France, affrontements violents sur le site du futur aéroport : la résistance continue!

 

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Samedi 17 novembre, 40 000 sont venues réoccuper et reconstruire sur la zad. Toute la semaine un nouveau lieu de lutte s’est construit dans un champs mis à disposition par un propriétaire. De nouvelles cabanes se sont construites dans la forêt de Rohanne. Une semaine magique pendant laquelle des centaines de personnes ont communisé leur savoir-faires, créativités, outils, matériaux et sont parvenus à édifier une cuisine, des dortoirs, salles de réunions, blocs sanitaire, cabanes dans les arbres...

Vendredi 23 novembre à l’aube, une nouvelle attaque policière massive a eu lieu sur la zad. Le rosier entouré par les tracteurs de paysans solidaires et par de nombreuses barricades a été attaqué. Les occupants du chantier de reconstruction ont été sommé de quitter les lieux après avoir été aspergé de gaz lacrymogène dans leurs lits. La forêt de Rohanne a été attaquée. Toute la journée des centaines de personnes ont résisté, harcelé la police, immobilisé les engins de chantier... Le Rosier a été finalement détruit, mais les bâtisses construites toute la semaine sur le site de réoccupation tiennent toujours debout, ainsi que la plupart des cabanes dans les arbres de la forêt de Rohanne.

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Lien vers le site espagnol :
La Via Campesina: Movimiento Campesino Internacional


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9 décembre 2012 7 09 /12 /décembre /2012 21:04


 

 

Federico Czesli

El Puercoespín

 

Parfois cela se produit en des lieux auxquels on ne penserait pas. En janvier 2002, Dans le Quartier de Ituzaingo, de la ville de Cordoba, quatre femmes se rencontrèrent chez le marchand de légumes et, presque sans le savoir, entamèrent une lutte qui dure déjà depuis 10 ans. Le 21 août 2012, le résultat de cette lutte fut la première condamnation en Argentine d’un producteur de l’agro-industrie pour contamination agrochimique causant une multiplication de cas de cancers dans le quartier.

En ce matin de janvier, une d’entre elles, raconta qu’à son fils on avait diagnostiqué une leucémie, et alors, ce qui semblait dû au hasard devint  suspect, parce que, dans le coin il y avait beaucoup de cas similaires. Et du coup, ces quatre femmes, qui après furent cinq et finirent par être treize Mères de Ituzaingo, se mirent à faire des comptes. En cet été atroce où l’Argentine était presque à terre, en pleine crise économique et financière sans issue, les présidents tombant les uns après les autres, elles allèrent, maison par maison, demandant si quelqu’un avait des problèmes de santé – et oui qu’il y en avait, dans beaucoup de maison du quartier, et au retour, et plus loin aussi.

Tous en rejetèrent la faute sur le transformateur électrique et au PCB (polychloroterphényles, toxiques et actuellement interdits en France NdT), qui de temps en temps explosait, alors on voyait de l’huile sur le sol. Mais comment savoir ? Ces questions les menèrent à Raul Montenegro, biologiste et président de la Fondation pour la Défense de l’Environnement (FUNAM), qui après s’être promené dans le village détecta d’autres sources de contamination, comme le réservoir d’eau, les lignes à haute tension et les pulvérisations agrochimiques.

Avec ces éléments, les Mères se rendirent au Ministère de la Santé de la Province de Cordoba. Le ministère garda les dossiers dans un cassier. En mars, une des Mères obtint qu’un Canal de télévision s’intéresse à l’affaire. « Un voisin proposa que nous fassions une manifestation devant le réservoir d’eau, parce qu’à ce moment notre problème, c’était l’eau » se souvient Vita Ayllon, qui après la division du groupe originel fait à présent partie de Mères de Ituzaingo Annexe. « Comme cela faisait dix jours que nous étions sans eau, quand nous convoquâmes les voisins, ils vinrent, et dans l’émission nous dénonçâmes également les cas de leucémies. A partir de ce moment, le Ministère reçu les Mères et ordonna une analyse de l’eau du réservoir »

L’étude – il fallut patienter- donna comme résultat la présence de substances agrochimiques et de métaux lourds dans l’eau. En un temps record, ils connectèrent le village au réseau pour tenter, mais un peu tard, de réparer en partie le désastre. Plus tard, après bien des luttes, le quartier obtint que l’eau cesse de passer par le réservoir, qui était toujours contaminé. Mais les Mères n’en restèrent pas là. Elles commencèrent à se réunir tous les samedis et à planifier ce qui suit. Ainsi elles obtinrent que fût réalisé un relevé officiel des maladies dans tout le quartier – et ainsi, on en vint à connaître, enfin, toute l’ampleur du problème.

“Cela ne me plait pas de donner des nombres, parce que nous ne sommes pas des chiffres et il suffit d’une seule personne affectée par contamination pour que des mesures soient prises, mais nous nous fûmes surprises, figure-toi que dans chaque maison il y avait une personne affectée », dit Vita.

Malgré tout cela ne suffit pas pour que la cause fût entendue. « C’était un sujet nouveau et il n’était pas facile de convaincre les gens que les fumigations étaient néfastes. C’était une lutte de tous les jours, parce que personne ne nous prenait au sérieux, personne ne croyait ce que nous disions. Nous étions les folles qui déblatérions, ils nous traitaient d’ignorantes. Cela alla jusqu’à des campagnes dans lesquelles ils distribuaient des choses aux gens pour, que lors du relevé officiel, ils ne protestent pas et ne parlent pas des maladies, et beaucoup de gens ne dirent rien », raconte Vita

Il fallut se bouger. Nous nous rendîmes dans les quartiers et villages voisins et expliquâmes que les fumigations généraient des problèmes. Nous fîmes un barrage sur la route 9 et nous parcourions les administrations et  faisions des contacts pour gagner de l’influence, mais comme les pulvérisations se poursuivaient et toujours plus près des maisons, nous décidâmes de nous rendre dans les champs pour les arrêter au corps à corps.

“Au début, les champs était à quelque chose comme 70 mètres de la rue, on y semait des pastèques et d’autres choses », se remémore Vita. « Quand apparu le soja, ils se rapprochèrent un peu plus, et ensuite ils arrivèrent jusqu’au terrain de football. Et quand ils ont commencé avec le soja transgénique ils exproprièrent le terrain de football pour arriver au coin de la rue. Alors quand nous avons découvert ce qu’était les agrochimiques, qu’ils occasionnaient des dommages et faisaient mal, nous commençâmes à nous rendre sur les champs lors des fumigations, à dénoncer et à faire appel au Milieu Ambiant, à la Municipalité, et à tout le monde, il vaudrait mieux qu’ils s’en aillent. Après ils commencèrent à rétrocéder dans la campagne et ils commencèrent les fumigations par avionnettes, avec des Moustiques [le système d’application terrestre]. Même la police les  protégeait.

Dès lors la police commença à faire pression.  Un jour cinq patrouilles se présentèrent à la maison de Sofia Gatica, une autre des Mères, pour souligner qu’ils ne protégeaient personne. Quelques voisins et dirigeants politiques locaux leurs firent également opposition, parce que, disaient-ils, elles dévalorisaient les propriétés du quartier. D’autres les accusaient de vouloir de l’argent. Un Ministre de la Santé de la province alla jusqu’à affirmer que le quartier de Ituzaingo avait le même taux de maladie que n’importe quel autre quartier. Il ne lui passa pas par la tête, c’est clair, que la contamination pouvait être identique de tous côtés.

Les fumigateurs, pour leur part, changèrent de tactiques, ils croyaient qu’en pulvérisant de nuit personne ne s’en rendrait compte. Les Mères avaient alors obtenus que soit déclarée l’urgence sanitaire et, plus tard, une ordonnance sera approuvée qui établissait une zone de protection autour du quartier, d’un minimum de 500 mètres et de pas moins de 2 500 pour les déversements aériens,  et elles réunirent des signatures pour que cette ordonnance fasse partie de la Loi Provinciale des Agrochimiques.

Récemment arrivèrent la plainte et le jugement : parce que maintenant les fumigations violent l’ordre et la loi. Ceci aussi a généré une polémique, pourquoi laisser de côté les autres contaminants et se focaliser sur les agrochimiques. « Il parut que le verdict se présenta comme une violation des lois. Ceux qui étaient jugés étaient des producteurs et des applicateurs, ainsi les autres facteurs contaminants ne pouvaient leur être mis à charge. Et nous obtînmes qu’ils fussent condamnés parce qu’ils savaient très bien les dommages qu’ils causaient. Des réunions s’étaient tenues au Conseil de Délibération au cours desquelles leur furent signifiés et expliqués ce qu’étaient les agrochimiques et eux pour fumiger ce qu’ils firent le moins, fut de tenir compte du vent, ni de prendre la précaution de nous prévenir afin que nous fermions la fenêtre », explique Vita.

Après plus de deux mois de procès, deux des trois inculpés furent condamnés à trois ans de prison avec sursis et des tâches sociales, le producteur fut interdit d’utilisation des agrochimiques dans les champs pendant 8 ans et l’aviateur pendant 10 ans . Le troisième inculpé fut absout pour faute de preuves, et en général il y a un consensus pour dire que   le jugement fut correct et les peines adéquates.

Néanmoins, il ne faut pas oublier que les inculpés étaient tout juste le dernier maillon de la chaîne.

Pendant ces années de lutte, le quartier se transforma ostensiblement. Les rues se couvrirent d’asphalte, la pose de câbles se renouvela et un médecin s’installa de manière permanente. Il  ressemblait à  beaucoup d’autres : maisons basses, une place, de hauts trottoirs, beaucoup de ciment et de bêton. A mi-journée, tout s’arrête pour la sieste, et sur le terrain où il y eut un jour un terrain de football, et peu après du soja, et qui en principe reste contaminé, aujourd’hui il y a un lotissement offrant de grandes possibilités commerciales.

Sans doute, ceci fut-il aussi objet de plainte parce que, malgré que la Municipalité retira l’autorisation de construire sous prétexte que c’était une zone rurale, les maisons continuent de se bâtir, a chercher des acheteurs et il n’est pas fait beaucoup mention de la présumée contamination par métaux lourds et agrochimiques qui reste présente dans le sol.

Pendant ces années aussi, le groupe originel des Mères se divisa, parce que, sans débat interne, un groupe accepta des charges dans la Municipalité et maintenant il y a les Mères de Ituzaingo et les Mères de Ituzaingo Annexe. La scission exprime aussi une division interne du quartier et précédait le conflit : pendant que le Quartier Ituzaingo est la portion du quartier comprise depuis l’entrée jusqu’à à la place centrale, l’Annexe est le secteur plus proche des champs. Et si bien les Mères - dans leurs débuts, avant la division – cherchèrent l’appui de tout le quartier, y compris la Zone appelée Eucaliptus, elles répétèrent l’une ou l’autre fois que jamais elles n’y furent soutenues. Vita, de fait, se rappelle avec orgueil que durant le barrage sur la route 9 elles parvinrent à être … trente. La joie qu’elle eut de voir que 17 personnes avaient rejoint les 13 Mères.

“Ceci est le succès spectaculaire de la lutte collective, mais ce n’est pas l’exemple d’une lutte communautaire”, affirme Raul Montenegro. Il porte des vêtements clairs et fantaisistes, a de grandes dreadlocks, des chaînes et des bracelets de macramé et de graines. « Ceci me paraît important, parce que ce qui me dérange, c’est que la lutte prenne le nom d’un quartier dans lequel il n’y a ni lutte, ni travail communautaire, c’est socialement injuste. C’est bon pour les succès, mais le problème c’est que dans ce quartier il existe toujours des sources de contamination, des risques environnementaux qui n’ont pas été traités ». 

Justement comme conséquence de ce manque d’accompagnement de la part de la communauté, le jugement n’a pas du tout été abordé comme thème entre les voisins. Les Mères s’adressèrent alors aux élèves de l’école primaire, avec l’espoir que ceux-ci en parleraient dans leurs familles C’est pour cela que Raul venait de terminer une discussion avec les enfants et à présent, en plein midi, nous entrons dans la cantine scolaire, nous asseyons entre le brouhaha et un gamin lui demande s’il est sur Facebook. Ensuite arrivent les institutrices avec leur plateau et un déjeuner consistant : purée de potiron et des milanaises, si… de soja.

Pour son travail de défense du milieu ambiant, Raul Montenegro, fut distingué en 2004, comme prix Nobel Alternatif par la Right Livelihood Award de Stockholm, Suède. Aujourd’hui il pense en termes de stratégies de luttes et compare le cas Ituzaingo avec le mouvement qui s’est produit dans les Malouines Argentines, ou Monsanto – comme si le jugement n’avait pas été prononcé, comme s’ils jouissaient d’omnipotence – était en train d’installer une usine de traitement de semences de maïs. Mais là la population s’était levée unie contre le projet, il y avait un groupe spécifique qui travaillait jour après jour et une assemblée qui interagissait avec le reste de la population. « Quand la lutte est communautaire, il y a beaucoup plus de possibilité de ce que le groupe social s’incorpore et fasse partie de la lutte » affirme-t-il, un peu plus optimiste.

Montenegro fut l’auteur de la plainte de la cause mère qui s’initia en 2002 et qui, cette année pour éviter qu’il y ait prescription, a été représentée, cette fois avec une accusation qui inclut tous les acteurs impliqués. « Je pense que la condamnation est importante, mais il faut toujours se montrer très prudent. Il y avait deux producteurs et un agro-applicateur. Un est absout et deux ont été condamnés. Sans diminuer leur responsabilité, les vrais responsables n’étaient pas représentés : le Gouvernement, la Secrétaire de l’Agriculture, la Secrétaire de l’Environnement ; les ingénieurs agronomes qui fixent les normes agro sanitaires, les grands cartels du soja », dit-il

Pourquoi sont-ils les grands responsables ?

Parce qu’en réalité, ces producteurs et ces agro-applicateurs, existaient avant ; si l’Etat avait assumé ses responsabilités, jamais ne se serait produit de qui s’est passé à Ituzaingo Annexe. Il faut prendre en compte le fait qu’il y a une ordonnance qui interdit l’application de pesticides dans la tranche de 2500 mètres et que c’est une zone déclarée en état d’urgence sanitaire. Pour cela si l’état avait (fait son devoir et agit, dès l’année 2002 et après, il n’y aurait pas dû y avoir un gramme de pesticide appliqué.

Je n’ai pas bien compris si tu tenais pour coupable le modèle productif ou les organismes de contrôle. 

Ils sont tous responsables. C’est très simple, la grande erreur quand on fait des analyses, c’est de chercher une seule cause de contamination ou un unique responsable de ce qui s’est produit. Ce qui est juste, c’est que ce qui affecte la santé, la morbidité et la mortalité, est un système, avec de multiples acteurs. Alors, dans ce cas, dire « la responsabilité du modèle » reste une phrase poétique. A moi, cela ne me plait pas d’utiliser la phrase « le modèle ». Le mot modèle défini de façon fort poétique les acteurs réels que sont le Service National de Santé et de Qualité Agroalimentaire (Senasa) qui autorise les pesticides, la Commission Nationale du Conseil de Biotechnologie (Conabia) qui autorise les transgéniques, la Commission Nationale des Semences, les corporations de planteurs de soja comme la Société Rurale, les fonctionnaires du Gouvernement, les groupes corporatifs d’applicateurs. Pour beaucoup de gens qui ne connaissent pas cette complexité, cela donne l’impression qu’avec cette condamnation tout est réglé. Ma réponse est non, nous ne sommes pas sur le bon chemin. Tant que nous n’aurons pas obtenu la condamnation d’un fonctionnaire public, d’un ingénieur agronome qui détermine les normes phytosanitaires, d’un fonctionnaire de Senasa ou de la Conabia, le problème  continuera d’exister.

L’agriculture industrielle soutient que comme d’ici à 2050 la population atteindra les 9 milliards d’habitants, il est nécessaire d’augmenter de 50 % la production d’aliments, ce qui ne peut être obtenu que par des meilleures technologies. Qu’en penses-tu ?

Premièrement qu’il n’y a pas de problème d’alimentation sur notre planète? Il n’y a pas de manque alimentaire, mais les aliments qui existent sont mal distribués. Ceci est important de savoir pour ne pas justifier des technologies comme si elles avaient quelque chose à solutionner. A moi il me semble que la technologie va persévérer dans la même asymétrie. Il y a un excès d’aliments, et j’insiste ; un excès. En second lieu, comme le système de production de la planète est complètement tordu, il poursuit son chemin en produisant des aliments pour le profit et des agro combustibles. Cela n’est pas une stratégie alimentaire directe, mais indirecte, de manière que la seconde erreur est de croire que la production agroindustrielle indirecte contribue à solutionner la faim.

Est-ce qu’une agriculture sans agrochimiques est possible

Toute forme d’agriculture industrialisée est de type méga-minier, mais particulier : si des métaux précieux sont extraits de la terre, or et argent, dans l’agro-industrie des oligo-nutriments sont extraits qui également finissent emmenés hors du pays. Dans un bateau qui transporte quarante tonnes de soja, pour le moins 10 % sont des nutriments importants qui ne seront jamais récupérés. L’Argentine a pris une décision politique incorrecte mais économiquement bénéficiaire, qui est de transformer le pays en un grand producteur de transgéniques et ainsi d’obtenir des intérêts économiques. Ceci explique pourquoi il y a une union des Etats et d’intérêts privés. Alors bien : si la résistance environnementale d’un pays est donnée par la balance entre partie d’environnement dédiée à la production et environnement originel, en Argentine, où 83 % du milieu boisé est déjà détruit, nous sommes déjà dans le rouge.

Quelles sont les perspectives de changement ¿

La résistance du milieu ambiant en Argentine est au point le plus bas de toute son histoire, et à cela s’ajoute un autre problème : la majeure partie de l’espace cultivable est déjà dédiée à la culture des transgéniques dont les droits de propriété intellectuelle se trouvent au Missouri, dans le cas de Monsanto. Aujourd’hui les corporations étrangères, pour eux cela n’a plus d’importance d’être propriétaires de la terre, mais bien de ce qui se produit à la surface, et l’Argentine a transformé son schéma agricole en système de propriété intellectuelle étrangère. Alors aujourd’hui si le sol est mien, la semence ne l’est plus et la nouvelle Loi des Semences va changer le commerce des semences et ne permettra plus que je laisse les semences transgéniques hors de mon propre champ pour la prochaine production.

Si la souveraineté alimentaire consiste dans la biodiversité productive d’un pays, que son approvisionnement ne soit pas affectée par aucune contingence externe - quand la moitié des terres cultivables sont occupées par des transgéniques dont le brevet est au dehors -  se diminue d’autant la production proprement locale, comme la propriété intellectuelle de ce que je suis occupé à produire. La situation est chaque fois plus difficile et compliquée ; et comme en ce sens travaillent conjointement les gouvernements, le secteur privé et une partie de la société - qui ne consent pas à lire ce qui se passe dans le pays en terme de gestion de l’environnement – le résultat est que l’expectative que continue la forme d’exploitation industrielle est très élevée.

Fuente: http://www.elpuercoespin.com.ar/2012/12/07/argentina-en-ituzaingo-nos-fumigan-con-cancer-por-federico-czesli/

Source espagnole : Rebelion. En Ituzaingó nos fumigan con cáncer

 

Traduction Anne Wolff

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22 novembre 2012 4 22 /11 /novembre /2012 04:23

 

 

Le coté obscur de Fukushima
Olivier Cabanel                 
 
Dans notre société industrielle, les conflits d’intérêts se multiplient régulièrement et ce n’est pas une surprise de les voir toucher aussi l’industrie en général, et le nucléaire en particulier.
La corruption dans ce milieu n’est pas une nouveauté, déjà l’ancien gouverneur de la préfecture de Fukushima, Eisaku Sato, n’avait pas hésité à évoquer des « intérêts opaques » et de la « corruption ». lienç
On avait appris récemment que les fonds versés pour la reconstruction des zones touchées par le tsunami avaient été gaspillés dans des projets assez éloigné de leur destination d’origine. lien
En juillet 2012 on apprenait aussi que 32 employés de la Korea Hydro & Nuclear Power avaient été mis en examen soupçonnés d’avoir touché des pots-de-vin. lien
On se souvient aussi qu’en mars 2011, un ingénieur, Mitshhiko Tanaka, qui avait travaillé à la construction de la centrale, déclarait qu’un défaut de fabrication dans la cuve du réacteur n°4 de Fukushima avait été habilement dissimulé car il mettait en péril l’entreprise Hitachi.
Tanaka expliquait que la cuve avait été endommagée dans une fonderie, située à Kure, dans la préfecture de Fukushima.
Au vu des défauts constatés, la cuve aurait du être mise au rebut conformément à la réglementation nucléaire. lien
Il considérait que ce défaut de fabrication représentait une véritable « bombe à retardement » et que s’il avait fallu refaire la cuve, les 250 millions de dollars qui auraient du y être consacrés auraient menacé de faillite la compagnie Hitachi.
L’ingénieur s’en était inquiété auprès de cette compagnie, laquelle avait conclu, par la voix de son porte parole « qu’il n’y avait pas de problème de sécurité ».
Le ministère du commerce et de la sécurité industrielle, prévenu lui aussi de ce danger, s’était à l’époque refusé à tout commentaire.
Tanaka avait reçu une prime de 3 millions de yen, accompagné d’un certificat de reconnaissance, mais ce n’est qu’après avoir participé au tournage d’un documentaire sur Tchernobyl, tournage qui provoqua la mort du réalisateur, suite aux radiations, qu’il prit réellement conscience du danger, tentant par tous les moyens d’alerter la population. lien
En vain semble-t-il. lien
Personne ne sait si les cuves des autres réacteurs présentaient les mêmes défauts…mais aujourd’hui, après la catastrophe, elles sont maintenant hors d’usage.
Plus tard, en octobre 2011, l’expert nucléaire Arnie Gundersen dénonçait des pratiques contestables et l’interdépendance qu’il y avait entre l’industrie nucléaire et les autorités de surveillance évoquant une corruption hors de tout contrôle.
Il déclarait entre autre que la catastrophe de Fukushima était due en grande partie au fait que les autorités japonaises n’avaient pas supervisé comme il le fallait l’installation nucléaire.
Toute cette corruption, pour Gundersen, s’est fait aux dépens de la sécurité nucléaire. lien
Mais aujourd’hui, un autre conflit d’intérêt pointe le bout de son nez.
C’est ce qu’on a pu découvrir récemment grâce à une information diffusée sur France Culture, dans le journal de 18h d’Antoine Marette, lors d’un reportage signé Frédéric Charles.
On apprenait que 4 des 6 experts chargés de fixer les nouvelles normes de sécurité concernant les réacteurs avaient reçu de l’argent provenant de l’industrie nucléaire. lien
En effet Akio Yamamoto, professeur de l’université Nagoya, à reçu, d’après l’autorité de régulation nucléaire japonaise, des subventions pour ses recherches sur les réacteurs nucléaires, et une partie de ces subventions, 783 000 euros tout de même, proviennent d’une filiale de TEPCO, l’exploitant bien connu de la centrale nucléaire de Fukushima.
Or ce Yamamoto était membre de l’équipe chargée d’établir les critères de sécurité dans le domaine nucléaire.
Un autre, Akira Yamaguchi, professeur à l’université d’Osaka, membre lui aussi de la même équipe, a reçu 374 000 euros provenant de l’entreprise Mitsubichi Heavy Industries, dont l’une des activités concerne l’énergie nucléaire.
Ajoutons à la liste Yutaka Abe, professeur à l’université de Tsukuba, lequel a reçu 5 Millions de yen provenant notamment d’un laboratoire de la compagnie gérant la centrale nucléaire de Fukushima. lien
Cerise sur le gâteau, Shunichi Tanaka, président de l’autorité de régulation nucléaire, occupait auparavant l’équipe gouvernementale chargée de faire la promotion de l’énergie nucléaire. lien
De plus, l’équipe chargée d’évaluer la sécurité nucléaire, faisait partie du ministère chargé de la promotion de l’industrie du même nom. lien
Au total les 4 experts ont reçu entre 3 et 27 millions de Yen au cours des 3 ou 4 dernières années sous forme de subvention ou donation financières.
Voila qui ne va pas rassurer la population japonaise déjà durement touchée par la catastrophe, car si les normes de sécurité sont contrôlées par celui la même qui les subit, on ne peut que s’inquiéter des conséquences de ce possible conflit d’intérêt.
En France, ce n’est guère mieux puisque dans le cadre des GPI (grands projets inutiles) on vient de découvrir un probable conflit d’intérêt à Notre Dame des Landes (lien) tout comme on l’a vu récemment pour le projet Lyon Turin. lien
Dans le reste du monde, de Tihange à Doel en passant par Kori ou Wolsong, la contrefaçon et la corruption se sont invitées dans l’industrie nucléaire.
On avait appris dans le courant du mois d’aout 2012 que les cuves des réacteurs de Tihange et Doel présentaient des fissures anormales, et l’agence fédérale belge de contrôle nucléaire a attendu en vain, semble-t-il, des explications.
Quelques temps après, 22 personnes avaient été arrêtées pour avoir, en échange de pots de vin, réalisé des copies de pièces utilisées pour l’étanchéité des conduites assurant la transmission des données entre le cœur du réacteur et la salle de commande de la centrale et destinées aux centrales de Kori et Yongwang en Corée.
Plus surprenant l’entreprise lésée, Areva, n’a pas porté plainte, et on pourrait s’interroger sur la raison de ce silence.
Il est vrai que KHNP, l’entreprise nucléaire coréenne, est partie prenante dans le capital de la société d’enrichissement de l’uranium du Tricastin, tout comme dans les mines d’uranium du Niger exploitées par Areva.
Plus inquiétant, un dirigeant de la centrale de Kori purge une peine de 3 ans de prison pour avoir confié des soupapes rouillées, destinées a être jetées, à un industriel local, lequel les a revendu à la centrale de Kori, après les avoir nettoyées.
Faut-il y voir un lien avec les pannes qu’ont connu en 2012 les centrales coréennes de Wolsong et Kori pour des problèmes de rupture d’alimentation ? lien
Rien de bien rassurant, surtout lorsque l’on constate qu’à Fukushima, alors que la situation continue de se dégrader, les mafias japonaises gèrent discrètement l’approvisionnement des ouvriers sacrifiés, de sous-traitance en sous-traitance, lesquels disparaissent des registres, sans que l’on puisse savoir ce qu’ils sont devenus. lien
Ils seraient plusieurs centaines à avoir mystérieusement disparu. lien
En effet ce n’est un mystère pour personne : les yakuzas fournissent du personnel à l’industrie nucléaire, d’autant que les liens entre les yakuzas et le nucléaire japonais sont quasi aussi vieux que l’industrie du même nom. lien
Depuis 1966, date des premières centrales nucléaires japonaises, 500 000 travailleurs ont été employés, et ils sont seulement 20 à avoir fait une demande de reconnaissance d’accident de travail, et sur ces 20, seulement 10 ont été reconnus. lien
Les ouvriers choisis n’ont parfois pas plus de 18 ans et après une journée de « séminaire » on leur fait croire que la dose d’exposition n’est pas cumulative, même lorsqu’ils sont exposés à des doses de 1 mSv dans une journée.
Tetsuya Hayashi est l’un d’eux, et il a l’intention de déposer plainte, conscient que les travailleurs n’ont aucune formation adéquate pour travailler sur le chantier et que leur vie est en danger.
La réalité de ce qui se passe sur place est sur ce lien.
Depuis la catastrophe de Fukushima, les affaires de la pègre japonaise sont en pleine expansion.
Tomohiko Suzuki, journaliste japonais, s’était fait engager comme travailleur dans la centrale de Fukushima, afin de pouvoir enquêter discrètement, et il est l’auteur d’un livre très documenté sur le sujet : « yakuzas et centrales nucléaires ». (Éditions Bungeishunju).
Il a apporté à plusieurs reprises son témoignage que l’on peut découvrir dans cette vidéo.
Il raconte le système corrompu, les faux CV, et le drame que vivent les ouvriers envoyés sur le site.
Ces mêmes yakuzas contractent aussi sous des noms d’emprunt des prêts gratuits qui sont accordés normalement aux victimes des séismes, argent qui est réinvesti dans des trafics en tout genre.
Ceci dit, il ne fait pas bon s’intéresser de trop près aux activités coupables de cette mafia nipponne, et l’assassinat en 1997 de Yasuko Wayanabe, connu pour ses positions anti mox au sein de la société nucléaire, n’est toujours pas élucidé. lien
Comme dit mon vieil ami africain : « s’il y a des remèdes pour la maladie, il n’y en a pas pour la destinée ».
L’image illustrant l’article provient de « leconews.com »
 
Olivier Cabanel

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28 juin 2012 4 28 /06 /juin /2012 09:29

 

 

Ben oui, on le sentait que cela menait dans cette direction... mais tout de même... fromage synthétique, produits des nanotechnologies mais aussi, cette affirmation récurrente dans les textes du parlement européen que pour "protéger le consommateur", tout ce qu'il mange,tous les remèdes qu'il utilise pour se soigner doivent être scientifiquement validé et délégation du pouvoir en la matière à la commission... attention ortie dangereux etc... plus que jamais je sens que mes pas me dirigent vers cette priorité absolue : souveraineté alimentaire, pour une nourriture de qualité par des méthodes de culture qui le sont tout autant. Quoi, on va se taper, protégés comme nous le sommes de la nourriture de synthèse, de l'OGM dont on a déjà pu voir les effets pernicieux, pervers et délétères sur les animaux soumis à ce régime, pendant que l'agro bizness confisquera les terres, déplacera les paysans, tuera les rebelles, destituera les présidents pour se récupérer les surfaces utiles au prolifération de ses biomasses stériles...

Tiens, tiens comme c'est bizarre, nous retrouvons ici des acteurs du coup d'état contre Lugo, comme Gargill, le fabriquant de fromages synthétiques


 

La nourriture du futur que nous concocte l’industrie agroalimentaire

Par Agnès Rousseaux (27 juin 2012)

Hamburgers in vitro, fromages de synthèse, glu de porc, vache ou poisson transgénique… Le tout agrémenté d’une bonne pincée de chimie. L’industrie agroalimentaire multiplie les expérimentations, et commence à inonder le marché de ces nouveaux produits, davantage fabriqués en usines ou en labos que dans les champs. Objectif : nourrir la planète au moindre coût. Sans trop s’attarder sur les conséquences sanitaires et écologiques. Et sans pitié pour les cobayes que nous sommes. Basta ! vous présente le menu agro-industriel de demain. Miam !

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En entrée : une saucisse de glu de porc malaxée

Cela ressemble à de la guimauve rose liquide. Cette mixture de viande est obtenue en passant les carcasses de poulet ou de porc dans une centrifugeuse à haute température, ce qui permet de récupérer le moindre morceau de barbaque. Les tendons, graisses, tissus conjonctifs sont transformés en pâte. À l’arrivée dans l’assiette, le « lean finely textured beef » (bœuf maigre à texture fine) est utilisé depuis quinze ans « sans restrictions » aux États-Unis.

Petit détail : ce hachis liquide provient des parties les plus prédisposées à la bactérie E.coli et aux salmonelles. Ce qui rend nécessaire, pour tuer tous les éléments pathogènes, un traitement à l’ammoniaque, substance considérée comme non dangereuse par les autorités sanitaires, et utilisée par ailleurs pour la fabrication d’engrais, le détartrage des métaux, ou la fabrication d’explosifs… Aux États-Unis, le produit est ajouté depuis des années à la viande hachée ou aux hamburgers. Vous en reprendrez bien un peu ?

Ce pink slime – ou « glu rose », tel qu’il a été rebaptisé par ses détracteurs – a déclenché récemment une tempête aux États-Unis. Des parents d’élèves se sont mobilisés lorsque le ministère de l’Agriculture a annoncé qu’il prévoyait d’acheter plus de 3 000 tonnes de cette mixture pour les cantines scolaires. Devant la fronde populaire, McDonalds et Burger King ont annoncé en janvier qu’ils cessaient d’en ajouter à leurs steaks hachés. Beef Products Inc., le plus grand producteur de pink slime, a dû fermer (momentanément) ses usines. Le géant de l’agroalimentaire Cargill, qui utilise un produit similaire dans ses hamburgers, traité à l’acide citrique au lieu de l’ammoniaque, a annoncé en mars qu’il réduisait sa production.

En plat : la « viande séparée mécaniquement »

Pourquoi l’agro-industrie se donne-t-elle tant de mal ? Pour rentabiliser la moindre calorie bien sûr. « Nos installations traitent 4 500 à 6 000 têtes de bétail chaque jour, et il y a beaucoup de déchets dans le processus de fabrication », a expliqué un porte-parole de Cargill. Du coup, ces restes sont broyés, traités, compactés, et utilisés comme additif dans la viande sortie des chaînes de fabrication. Ajouter du pink slime permet à Cargill « d’économiser » l’équivalent de 1,5 million d’animaux chaque année. Impossible de savoir quelle quantité de cette mixture est ajoutée à la viande. Secret industriel. Aucune mention sur l’étiquetage, puisque le pink slime est considéré comme « 100 % bœuf ». Le ministère de l’Agriculture impose une limite de 15 % du fait du traitement à l’ammoniaque. Difficile à contrôler. 70 % des produits de bœuf haché contiendraient du pink slime, affirme Beef Products Inc.

En France aussi, on pratique le « VSM », pour « viande séparée mécaniquement ». Même objectif : récupérer toute la substance « comestible » possible. La VSM est produite en forçant les os à travers un tamis, sous haute pression. Ce qui provoque la destruction de la structure fibreuse des muscles. Le produit obtenu n’est donc plus vraiment de la viande. La Commission européenne a statué en 2001 qu’un étiquetage différencié était nécessaire, car la viande mécaniquement séparée « ne correspond pas à la perception de la viande par le consommateur et ne permet pas de l’informer de la nature réelle du produit »... Les petits morceaux d’os contenus dans la VSM ont aussi une taille réglementée.

Où trouver cette appétissante substance ? Notamment dans les saucisses. 700 000 tonnes de VSM sont produites par an en Europe. Un marché de 400 à 900 millions d’euros. En France, le volailler Doux, avec sa marque Père Dodu, a été accusé par la répression des fraudes de tromperie sur l’étiquetage : entre 2009 et 2011, il a écoulé 1 282 colis de saucisses de « poulet séparée mécaniquement » en les présentant comme « viande »... Destination : des cantines scolaires et des maisons de retraite [1]. Côté traçabilité, ce n’est pas gagné.

Le plateau de fromages synthétiques

Du côté des produits laitiers aussi, une formidable innovation technologique permet de casser les prix. Cargill a lancé en 2009 un « fromage » sans lait. « Son aspect, son goût et sa texture correspondent parfaitement à ceux du fromage à base de protéines laitières, vante le géant de l’agroalimentaire. Ils sont semblables à ceux des traditionnels fromages à pâte dure, comme le gouda, le cheddar ou le gruyère, assurant ainsi les mêmes plaisir et satisfaction aux consommateurs. » Ce fromage chimique, le Lygomme™ACH Optimum, est composé de trois amidons, d’un galactomannane (E410, 412, 417), d’un carraghénane (E407) et d’arômes. Un « système fonctionnel », qui « reproduit la fonctionnalité des protéines du lait et les remplace totalement », sans pourvoir prétendre à l’appellation « fromage », puisque sans produit laitier.

Son avantage ? Son prix. Le Lygomme™ACH Optimum permet de ne pas dépendre des fluctuations du marché du lait. Une « alternative rentable » pour les pizzas au fromage : le Lygomme est 200 % moins cher que la mozzarella ou l’emmental ! Et même 60 % moins cher que le « fromage analogue », autre produit de substitution en circulation. Ce dernier, à base d’huile de palme, d’amidon, de sel et d’exhausteurs de goût – et 15 % seulement de protéines de lait –, a déjà inondé le marché européen. Cargill vante aussi les propriétés diététiques de son Lygomme : moins de matières grasses et moins d’acides gras saturés. Le produit a même été nominé aux Food Ingredients Excellence Awards 2009, grand rendez-vous de l’agroalimentaire, pour le titre d’« Innovation de l’année », catégorie... Produits laitiers (sic).

En Europe, pas de problème de commercialisation des substituts de fromage : il suffit que les composants soient clairement indiqués sur l’étiquette. Mais qui peut deviner que le « galactomannane » inscrit sur l’emballage désigne la pâte fromagère de la pizza ou des lasagnes ? D’autant que les producteurs laissent souvent une part de « vrai fromage » dans la liste des ingrédients pour ne pas effrayer le consommateur. Selon un reportage de la chaîne ZDF, l’Allemagne produit chaque année 100 000 tonnes de « faux » fromage. Un dixième de sa production. Un laboratoire allemand a analysé une centaine de sandwichs au fromage. Verdict : un tiers d’entre eux ne contenaient pas du « vrai fromage ».

Au menu demain : animaux transgéniques et hamburgers in vitro

Autre solution pour produire plus de protéines animales : des animaux qui « poussent » deux fois plus vite. Dans les laboratoires se multiplient les expériences pour produire des animaux génétiquement modifiés aux propriétés intéressantes pour l’industrie agroalimentaire. Aux États-Unis, les cochons « Enviropig », génétiquement modifiés pour moins polluer, et les saumons « Frankenfish », qui grandissent deux fois plus vite, attendent leur autorisation de mise sur le marché (lire notre enquête). Des vaches hypermusclées, des chèvres dont le lait fabrique de la soie, des porcs avec un gène de souris… Des animaux porteurs de gènes étrangers à leur espèce pourraient arriver bientôt dans nos assiettes. La Chine est à la pointe de la recherche sur la transgenèse animale. Et l’Europe se prépare discrètement à suivre le mouvement.

L’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) vient de lancer une consultation publique concernant l’évaluation des risques environnementaux des animaux génétiquement modifiés. Objectif : définir les données requises et la méthodologie à appliquer « si des demandes d’autorisation de mise sur le marché dans l’Union européenne devaient être soumises dans le futur »… L’évaluation porte « essentiellement sur les poissons, les insectes, les mammifères et les oiseaux génétiquement modifiés ». Vaste programme ! « Jusqu’à présent, aucune demande d’autorisation de commercialisation d’animaux GM n’a été déposée dans l’UE », précise l’Efsa. Mais « la technologie a rapidement évolué ces dernières années et, dans certains pays non membres de l’UE, les autorités de réglementation évaluent déjà la sécurité des animaux GM, tant au niveau de l’environnement qu’au niveau de l’alimentation humaine et animale ».

Et bientôt… le steak de sérum de fœtus de cheval

Demain, nous pourrons aussi nous demander si le steak ou la saucisse que nous avalons goulûment a bien un jour été « vivant ». De nombreux programmes de recherche travaillent depuis des années sur la viande artificielle. La Nasa a été la première à s’y intéresser (pour nourrir les futurs astronautes en route vers de lointaines planètes). En 2000, des chercheurs new-yorkais ont réussi à produire de la chair de carpe à partir de cellules prélevées. Comment fabriquer de la viande en éprouvette ? Les scientifiques cherchent à développer du muscle à partir d’une cellule de porc (bien vivant celui-là), par la mise en culture dans un milieu riche en nutriments.

Pour le moment, les morceaux de viande produits in vitro, fabriqués avec des cellules souches de porc et du sérum de fœtus de cheval, mesurent 2,5 cm de long et apparaissent gris et ramollis. Pas de quoi ouvrir l’appétit… En France, on doute d’arriver à un résultat à court terme. « L’une des difficultés majeures est de reproduire la finesse de l’irrigation sanguine, qui apporterait les nutriments et les facteurs de croissance nécessaires aux cellules, en mimant l’irrégularité des pulsations cardiaques », explique Jean-François Hocquette, directeur de recherche à l’Inra. En septembre dernier, des chercheurs néerlandais promettaient d’ici à six mois un steak prêt à manger… Le coût du morceau de viande reste pour le moment prohibitif : 250 000 euros.

Ces travaux sont encouragés par la plus importante organisation des droits des animaux, People for the Ethical Treatment of Animals (Peta), qui voit dans la viande in vitro un moyen de mettre fin aux souffrances des poulets, porcs ou vaches tués chaque année. Peta a promis une récompense d’un million de dollars au premier chercheur qui – avant le 30 juin 2012 – produira de la viande de poulet in vitro, au goût identique à celui du « poulet réel », et pouvant être fabriquée à grande échelle.

La solution écolo : mangez des vers, des scarabées et des papillons

Pour faire face à la demande mondiale, la production animale devrait doubler d’ici à 2050, estime la FAO [2]. Si d’ici quelques décennies les protéines ne poussent pas encore dans les laboratoires, cela représentera 36 milliards d’animaux – en plus de 9 milliards d’humains – sur la planète. Alors que l’élevage est déjà responsable de 18 % des émissions de gaz à effet de serre… La solution ? Réduire notre consommation de viande. Autre moyen pour réduire l’impact écologique de l’élevage : développer les cultures d’insectes. Certes, la quiche au vers ou la tarte à la chenille risquent d’avoir du mal à trouver des adeptes en France… Mais, selon la FAO, plus de 1 000 espèces d’insectes sont consommées dans le monde [3]. Une alimentation très saine et nutritive : les insectes apportent autant de protéines que la viande traditionnelle. Avec une teneur en fibres comparable à celle des céréales, plus du fer, du calcium et de grandes quantités de minéraux et de vitamines. Scarabées, papillons ou fourmis mais aussi punaises, termites et abeilles seront peut-être la base des repas les plus sains… De quoi en tout cas varier les menus !

Les insectes, c’est bon pour l’environnement : il faut 8 kilos de végétaux pour produire un kilo de viande bovine. Et moins de deux kilos pour produit un kilo d’insectes. Une matière première que l’industrie agroalimentaire semble pour le moment délaisser. En attendant les élevages intensifs et la future pâte d’insectes que ne manquera pas de nous concocter l’industrie alimentaire, il est toujours possible de déguster une sucette scorpion aromatisée à la myrtille, des raviolis de criquets ou des brownies aux vers.

Agnès Rousseaux

Photo de une : source

À lire aussi :
- Ces animaux mutants que la cuisine génétique vous prépare
- Nanotechnologies : tous cobayes de la nano-bouffe ?
- Overdose d’antibiotiques dans l’élevage industriel

Notes

[1] La société Doux-Père Dodu a reconnu sa responsabilité, en plaidant coupable, et expliquant son faux étiquetage par les distorsions de concurrence entre pays européens qui n’appliquent pas de la même façon la réglementation sur la VSM. L’entreprise a été condamnée par le tribunal de Quimper à près de 18.000 euros d’amende en avril 2012. Source : Le Télégramme

[2] Selon la FAO, la consommation annuelle mondiale de viande, en 2010, est de 286 millions de tonnes.

[3] « Il existe plus de 1 700 insectes comestibles et les plus importants appartiennent aux ordres des coléoptères (scarabées), lépidoptères (papillons diurnes et nocturnes), hyménoptères (abeilles, guêpes et fourmis), orthoptères (sauterelles et grillons), isoptères (termites), hémiptères (punaises) et homoptères (cigales). Des estimations évoquent 250 espèces d’insectes consommées en Afrique, 500 au Mexique, 180 en Chine, et 160 dans la région du Mékong. » Source : FAOtwitter

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26 juin 2012 2 26 /06 /juin /2012 07:56

 

 

Une contribution importante pour la compréhension des enjeux présents.

La lutte pour la souveraineté alimentaire, pour la préservation de l'agriculture traditionnelle est une lutte fondamentale de résistance et de libération... si vous en doutez encore lisez ce qui suit.

 

 

 

L’« arche de Noé végétale » en Arctique   


Par ​​​​F. William Engdahl, le 15 février 2008.

* * *

Introduction

Dans l’un des lieux les plus reculés du monde, à Svalbard (près de l’Océan Arctique), Bill Gates investit des millions pour rassembler toutes les semences du monde dans une chambre forte. Ses partenaires sont la Fondation Rockefeller, Monsanto, la Fondation Syngenta et le gouvernement de Norvège. Que cache ce projet d’Arche de Noé végétale ?

S’il y a bien une chose qu’on ne peut reprocher à Bill Gates, le fondateur de Microsoft, c’est bien la paresse. Il programmait déjà à 14 ans et il fondait Microsoft à 20 ans, alors qu’il étudiait encore à Harvard. En 1995, Forbes l’enregistrait comme l’homme le plus riche du monde, le plus gros actionnaire de Microsoft, sa société qui a établi avec acharnement un monopole de fait dans les systèmes informatiques pour ordinateurs personnels.

En 2006, alors que la plupart des gens en pareille situation se retireraient sur une île calme du Pacifique, Bill Gates décidait de consacrer son énergie à la Bill et Melinda Gates Fondation, la plus grande fondation privée « transparente » comme il dit, avec une énorme dotation de 34,6 milliards de dollars et l’obligation légale de dépenser 1,5 milliards de dollars par an pour des projets humanitaires dans le monde, afin de maintenir son statut d’organisation caritative exemptée d’impôt. En 2006, le cadeau d’environ 30 milliards de dollars en actions de Berkshire Hathaway du super-investisseur Warren Buffett, ami et associé en affaires, plaçait la fondation de Gates dans une catégorie qui dépense presque la somme totale du budget annuel de l’Organisation Mondiale de la Santé des Nations Unies (OMS).

Alors quand Bill Gates décide d’investir dans un projet, par l’intermédiaire de la Fondation Gates, quelques 30 millions de dollars de son argent durement gagné, ça vaut la peine d’y jeter un coup d’œil.

Pour le moment, nul projet n’est plus intéressant que cette curieuse entreprise dans l’un des lieux les plus reculés du monde, à Svalbard. Bill Gates investit des millions dans une chambre forte pour semences sur la Mer de Barents, près de l’Océan Arctique, à quelque 1100 kilomètres du Pôle Nord. Le Svalbard est un bout de roche stérile revendiqué par la Norvège et cédé en 1925 par un traité international (voir la carte).

Sur cette île perdue, Bill Gates investit des dizaines de millions avec, entre autres, la Fondation Rockefeller, Monsanto Corporation, la Fondation Syngenta et le gouvernement de Norvège, dans ce qui est appelé « doomsday seed bank » [arche de Noé végétale traduit au mieux cette expression qui combine chambre forte, semences et fin des temps ou apocalypse, NDT]. Officiellement, le projet est appelé chambre forte à semences mondiales de Svalbard, sur l’île norvégienne de Spitsbergen, qui fait partie de l’archipel de Svalbard. 

Le CGIAR et « Le Projet »

Comme je l’ai exposé en détail dans le livre Seeds of Destruction (1), en 1960, la Fondation Rockefeller, le Conseil sur le Développement de l’Agriculture de John D. Rockefeller III et la Fondation Ford, ont uni leurs forces pour créer l’Institut International de Recherche sur le Riz (IRRI) à Los Baños, aux Philippines. En 1971, l’IRRI de la Fondation Rockefeller, avec son Centre International d’Amélioration du Maïs et du Blé au Mexique et deux autres centres de recherche internationaux créés par les fondations Rockefeller et Ford, se sont associés à l’IITA pour l’agriculture tropicale, au Nigéria, pour former le Groupe Consultatif International sur la Recherche Agricole (CGIAR).

Le CGIAR a été formé lors d’une série de conférences privées organisées au centre de congrès de la Fondation Rockefeller, à Bellagio en Italie. Les principaux participants à Bellagio étaient George Harrar de la Fondation Rockefeller, Forrest Hill de la Fondation Ford, Robert McNamara de la Banque Mondiale, et Maurice Strong, l’organisateur environnemental international de la famille Rockefeller, qui, en tant que mandataire de la Fondation Rockefeller, avait organisé le Sommet de la Terre de l’ONU à Stockholm en 1972. Pendant de longues décennies, la Fondation avait détourné la science pour la mettre au service de l’eugénisme, une hideuse version des théories sur la pureté de la race, dans le cadre de ce qu’elle appelait simplement « Le Projet ».

Pour garantir un impact maximum, le CGIAR a impliqué l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et la Banque Mondiale. Ainsi, au début des années 70, grâce à l’influence soigneusement planifiée de ses ressources initiales, la Fondation Rockefeller était à même de façonner la politique agricole mondiale. Et elle ne s’en est pas privée.

Financé par de généreuses bourses d’étude des fondations Ford et Rockefeller, le CGIAR a veillé à ce que les principaux scientifiques de l’agriculture et les agronomes du tiers-monde soient amenés aux USA pour « maîtriser » les concepts de production de l’agroalimentaire modernes, afin qu’ils les ramènent dans leur patrie. Dans l’opération, ils ont créé un réseau d’influence extrêmement utile à la promotion de l’agroalimentaire étasunien dans ces pays, et plus particulièrement à la promotion de la « révolution génétique » des OGM dans les pays en développement. Et tout cela au nom de la science et de la rentabilité du marché agricole libre.

Une race supérieure génétiquement modifiée ?

La chambre forte à semences de Svalbard commence à présent à devenir intéressante. Mais ça devient encore mieux. « Le Projet » que j’ai évoqué est, depuis les années 20, le projet de la Fondation Rockefeller et de puissants intérêts financiers d’utiliser l’eugénisme, rebaptisé aujourd’hui génétique, pour justifier la création d’une race supérieure génétiquement modifiée. Hitler et les nazis l’appelaient la race supérieure aryenne.

L’eugénisme d’Hitler a été financé dans une large mesure par cette même Fondation Rockefeller, qui est aujourd’hui en train de construire une arche de Noé végétale pour préserver des échantillons de toutes les graines de notre planète. Là, ça devient vraiment intrigant. Dans sa quête acharnée à réduire la vie humaine à une « séquence génique définie », la Fondation Rockefeller a créé la discipline pseudo-scientifique de la biologie moléculaire, qui pourrait ensuite lui permettre de modifier à volonté les caractéristiques humaines. Les eugénistes d’Hitler – dont beaucoup ont été tranquillement ramenés aux États-Unis après la guerre pour y poursuivre leurs recherches biologiques sur l’eugénisme – ont posé de nombreuses bases de la manipulation génétique des diverses formes de vie et ont été ouvertement soutenus, jusque dans le Troisième Reich, par les généreuses subventions de la Fondation Rockefeller. (2)

Cette même Fondation Rockefeller a créé la fameuse Révolution Verte lors d’un voyage au Mexique en 1946 de Nelson Rockefeller et d’Henry Wallace, ancien secrétaire de l’Agriculture durant le New Deal et fondateur de la compagnie Pioneer Hi-Bred Seed.

La Révolution Verte visait à résoudre à grande échelle le problème de la faim dans le monde, au Mexique, en Inde et dans d’autres pays choisis où travaillait Rockefeller. Norman Borlaug, l’agronome de la Fondation Rockefeller, a gagné le Prix Nobel de la Paix pour son travail, le genre de truc dont on ne se vante pas quand on sait que des gens comme Henry Kissinger partagent le même.

En réalité, comme il est apparu des années plus tard, la Révolution Verte était une brillante manigance de la famille Rockefeller pour développer une agroalimentaire mondialisée sur laquelle elle pourrait ensuite exercer un monopole, tout comme elle l’avait fait dans l’industrie pétrolière un demi-siècle auparavant. Comme Henry Kissinger l’avait déclaré dans les années 70 : « Si vous contrôlez le pétrole vous contrôlez le pays ; si vous contrôlez l’alimentation, vous contrôlez la population ».

L’agroalimentaire et la Révolution Verte de Rockefeller allaient de pair. Ça faisait partie d’une grande stratégie qui incluait le financement par la Fondation Rockefeller des recherches pour développer quelques années plus tard le génie génétique des plantes et des animaux.

John H. Davis fut adjoint du ministre de l’Agriculture sous la présidence de Dwight Eisenhower au début des années 1950. Il quitta Washington en 1955 et se rendit à Harvard Graduate School of Business, un lieu inhabituel à cette époque pour un expert en agriculture. Il avait une stratégie claire. En 1956, Davis a écrit un article dans le Harvard Business Review, où il déclarait que « la seule façon de résoudre une fois pour toutes le fameux problème agricole en évitant la lourdeur des programmes gouvernementaux, est de faire progresser l’agriculture pour l’agroalimentaire ». Il savait précisément où il voulait en venir, même si peu de gens s’en doutaient à l’époque : une véritable révolution dans la production agricole qui concentrerait le contrôle de la chaîne alimentaire entre les mains des multinationales, loin de la traditionnelle famille d’agriculteurs. (3)

Un aspect crucial de la conduite des intérêts de la Fondation Rockefeller et des sociétés agroalimentaires étasuniennes, était le fait que la Révolution Verte reposait sur la prolifération de nouvelles semences hybrides dans les marchés en développement. La caractéristique principale des semences hybrides est leur manque d’aptitude reproductrice. Les hybrides avaient été élaborés par protectionnisme contre la prolifération. Contrairement à la pollinisation libre des espèces naturelles, dont la semence donne un rendement semblable à celui de ses parents, le rendement des semences des plantes hybrides est sensiblement inférieur à celui de la première génération.

Cette baisse de rendement propre aux hybrides impliquait que les agriculteurs devaient normalement acheter des semences chaque année pour obtenir un rendement élevé. En outre, le rendement plus bas de la deuxième génération éliminait le commerce de semences que font souvent les producteurs sans l’autorisation du semencier. Ceci empêchait la redistribution des semences de cultures commerciales par des intermédiaires. Si les grands semenciers multinationaux étaient capables de contrôler en amont la semence des lignées parentales, aucun concurrent ou agriculteur ne serait en mesure de produire d’hybride. La concentration mondiale des brevets de semences hybrides dans une poignée de gigantesques semenciers, dirigés par Pioneer Hi-Bred de DuPont et Dekalb de Monsanto, préparait le terrain à la révolution des semences OGM. (4)

En réalité, l’introduction des techniques agricoles modernes étasuniennes, des engrais chimiques et des semences hybrides commerciales ont rendu tous les agriculteurs des pays en développement – et en particulier les plus grands et les plus solides – dépendants de l’étranger, surtout des produits de base de l’agroalimentaire et de la pétrochimie étasuniennes. C’était la première étape de ce qui devait être un processus soigneusement planifié sur plusieurs décennies.

Grâce à la Révolution Verte, l’agroalimentaire a fait de grandes percées dans des marchés dont l’accès était auparavant limité aux exportateurs étasuniens. La tendance a par la suite été baptisée « agriculture orientée vers le marché ». C’était en réalité le contrôle de l’agriculture par l’agroalimentaire.

À travers la Révolution Verte, la Fondation Rockefeller et plus tard la Fondation Ford ont travaillé main dans la main, façonnant et soutenant les objectifs de la politique étrangère de l’Agence des États-Unis pour le Développement International (USAID) et de la CIA.

L’un des principaux effets de la Révolution Verte fut de dépeupler les campagnes et de forcer les paysans à fuir vers les bidonvilles des bas-quartiers de banlieue, désespérément à la recherche d’un travail. Ce n’était pas le fruit du hasard, cela faisait partie du plan visant à créer des bassins de main-d’œuvre bon marché pour les prochaines industries multinationales étasuniennes, la « mondialisation » de ces dernières années.

Quand l’autopromotion autour de la Révolution Verte se calma, les résultats étaient assez différents de ce qui avait été promis. Des problèmes surgirent de l’usage sans discernement des nouveaux pesticides chimiques, avec souvent de graves conséquences pour la santé. Avec le temps, la monoculture de nouvelles variétés de semences hybrides provoqua une baisse de la fertilité du sol et du rendement. Les premiers résultats étaient impressionnants : rendement doublé, voire triplé, de certaines cultures comme le blé et, plus tard, le maïs au Mexique. Des rendements qui ont rapidement fondu.

La Révolution Verte était généralement accompagnée de grands projets d’irrigation, avec souvent des prêts de la Banque Mondiale pour la construction d’énormes barrages et, dans le processus, l’inondation de régions auparavant habitées et fertiles. Ainsi, le rendement supérieur du super blé s’obtenait en saturant le sol avec d’énormes quantités d’engrais, constitués de nitrates et de pétrole, des matières premières que contrôlaient les sept grandes compagnies pétrolières sœurs dominées par les Rockefeller.

De plus, d’énormes quantités d’herbicides et de pesticides étaient utilisées, créant de nouveaux marchés pour les géants de l’industrie pétrolière et chimique. Comme l’a dit un analyste, la Révolution Verte n’a été en réalité qu’une révolution chimique. À aucun moment, les pays en voie de développement ne pourraient payer les énormes quantités d’engrais et de pesticides chimiques. Ils obtiendraient des crédits gracieux de la Banque Mondiale et des prêts spéciaux de la Chase Bank et d’autres grandes banques de New York, soutenus par des garanties du gouvernement étasunien.

Mis en application dans un grand nombre de pays en développement, ces prêts furent accordés à la plupart des grands propriétaires terriens. Pour les petits paysans, la situation se présentait différemment. Ces derniers ne pouvaient pas payer les produits chimiques et les autres besoins modernes et durent emprunter de l’argent.

Initialement, divers programmes gouvernementaux tentèrent de fournir des prêts aux agriculteurs afin qu’ils puissent acheter des semences et des engrais. Ceux qui n’avaient pu participer à ce genre de programme durent emprunter dans le secteur privé. À cause du taux d’intérêt exorbitant des prêts, de nombreux petits paysans ne purent même pas tirer bénéfice des premiers rendements, plus élevés. Après la récolte, ils durent vendre la majorité sinon la totalité de leur production pour rembourser les prêts et les intérêts. Dépendants des prêteurs sur gages et des négociants, ils furent nombreux à perdre leurs terres. Même avec des prêts à taux préférentiel consentis par des organismes publics, de plus en plus de cultures vivrières cédèrent la place à la production de cultures de rente. (5)

Depuis des décennies, les mêmes intérêts, notamment ceux de la Fondation Rockefeller qui a soutenu la Révolution Verte, travaillent à promouvoir la nouvelle « révolution génétique, » comme l’a appelée il y a quelques années Gordon Conway, le président de la Fondation Rockefeller, c’est-à-dire la dissémination de produits de l’agriculture industrielle et commerciale, notamment de semences OGM brevetées.

Gates, Rockefeller et la « Révolution Verte » en Afrique

Tout en gardant à l’esprit l’expérience de la Révolution Verte de la Fondation Rockefeller dans les années 50, il semble particulièrement curieux que les fondation Rockefeller et Gates, qui investissent à présent des millions de dollars dans la préservation de toutes les semences contre un éventuel scénario « apocalyptique », investissent aussi des millions dans un projet nommé Alliance pour la Révolution Verte en Afrique (AGRA).

L’AGRA, comme elle s’est elle-même appelée, est une alliance avec cette même Fondation Rockefeller qui a créé la « révolution génétique ». Un coup d’œil sur le conseil d’administration de l’AGRA le confirme.

Son président n’est autre que Kofi Annan, l’ancien Secrétaire général des Nations Unies. En juin 2007, dans son discours d’admission lors d’une réunion du Forum Économique Mondial au Cap, en Afrique du Sud, Kofi Annan a déclaré : « J’accepte ce challenge avec gratitude pour la Fondation Rockefeller, pour la Fondation Bill & Melinda Gates, et pour tous ceux qui soutiennent notre campagne africaine ».

Le conseil de l’AGRA comporte par ailleurs un Sud-Africain, Strive Masiyiwa, mandataire de la Fondation Rockefeller ; Sylvia M. Mathews de la Fondation Bill & Melinda Gates ; Mamphela Ramphele, ancien directeur général de la Banque Mondiale (2000-2006) ; Rajiv J. Shah de la Fondation Gates ; Nadya K. Shmavonian de la Fondation Rockefeller ; Roy Steiner de la Fondation Gates. De plus, l’AGRA emploie également Gary Toenniessen, le directeur général de la Fondation Rockefeller et Akinwumi Adesina, directeur associé de la Fondation Rockefeller.

Pour allonger encore la liste, les Programmes pour l’AGRA emploient Peter Matlon, directeur général de la Fondation Rockefeller ; Joseph De Vries, directeur du Programme pour les systèmes semenciers de l’Afrique et directeur associé de la Fondation Rockefeller ; Akinwumi Adesina, directeur associé de la Fondation Rockefeller. Comme l’ancienne Révolution Verte ratée en Inde et au Mexique, la nouvelle Révolution Verte en Afrique est manifestement une priorité de la Fondation Rockefeller.

Bien qu’à ce jour ils gardent profil bas, Monsanto et les principaux géants de l’agroalimentaire OGM sont soupçonnés d’être au cœur du problème en se servant de l’AGRA de Kofi Annan pour disséminer leurs semences OGM brevetées dans toute l’Afrique sous l’étiquette trompeuse de « biotechnologie, » le nouvel euphémisme pour semences génétiquement modifiées brevetées. À ce jour, l’Afrique du Sud est le seul pays africain qui autorise légalement la plantation de cultures OGM. En 2003 le Burkina Faso a autorisé des essais d’OGM. En 2005, le Ghana de Kofi Annan a rédigé des lois sur la sécurité biologique et les principaux responsables ont exprimé leur intention de poursuivre la recherche sur les cultures OGM.

L’Afrique est la prochaine cible de la campagne de dissémination mondiale des OGM du gouvernement étasunien. Ses sols riches en font un candidat idéal. Évidemment, de nombreux gouvernements africains soupçonnent le pire de la part des sponsors des OGM, car une multitude de projets de génie génétique et de biosécurité ont été entamés en Afrique, dans le but d’introduire des OGM dans ses systèmes agricoles. Il s’agit notamment de parrainages offerts par le gouvernement étasunien pour former aux États-Unis les scientifiques en génie génétique africains, de projets de biosécurité financés par l’USAID et par la Banque Mondiale ; la recherche sur les OGM impliquant les cultures vivrières indigènes africaines.

La Fondation Rockefeller a travaillé pendant des années, en grande partie sans succès, à promouvoir des projets pour introduire des OGM dans les champs d’Afrique. Elle a financé la recherche qui soutient l’applicabilité du coton OGM dans le Makhathini Flats, en Afrique du Sud.

Monsanto, qui a établi une solide tête de pont dans l’industrie des semences OGM et des hybrides en Afrique du Sud, a conçu un ingénieux programme pour petits exploitants, « Semences et Espoir, » qui introduit un package de révolution verte à petite échelle chez les agriculteurs pauvres, suivi, bien entendu, par les semences OGM brevetées de Monsanto. (6)

La société suisse Syngenta AG, l’un des « Quatre Cavaliers de l’Apocalypse OGM », investit des millions de dollars dans un centre de culture à Nairobi, pour développer du maïs OGM résistant aux insectes. Syngenta fait également partie du CGIAR. (7)

Continuer à Svalbard

Alors, est-ce tout simplement un excès de sentimentalité philosophique ? Qu’est-ce qui pousse les fondations Gates et Rockefeller à financer la prolifération de semences brevetées, bientôt Terminator, à travers toute l’Afrique ? Ce processus a détruit la diversité des semences végétales partout où la monoculture agroalimentaire industrialisée a été introduite. Dans le même temps, ils investissent des dizaines de millions de dollars pour préserver toutes les variétés de semences connues dans une chambre forte à l’épreuve de l’Apocalypse, à proximité du cercle Arctique, « afin que la diversité végétale puisse être préservée pour l’avenir, » pour reprendre leur communiqué de presse officiel.

Il n’est pas fortuit que les fondations Rockefeller et Gates s’associent pour préconiser une révolution OGM de style Révolution Verte en Afrique, tout en finançant tranquillement l’« arche de Noé végétale » à Svalbard. Les géants de l’agroalimentaire OGM sont impliqués dans le projet de Svalbard jusqu’au cou.

À vrai dire, l’entreprise de Svalbard toute entière, ainsi que les gens impliqués évoquent des images de catastrophe pires que celles du best-seller de Michael Crichton, La variété Andromède. Dans ce thriller de science-fiction, une maladie mortelle d’origine extraterrestre provoque la coagulation rapide et fatale du sang, menaçant l’espèce humaine toute entière. À Svalbard, le futur entrepôt à semences le plus sûr du monde sera gardé par les policiers de la Révolution Verte OGM, les fondations Rockefeller et Gates, Syngenta, DuPont et CGIAR.

Le projet du Svalbard sera géré par un organisme appelé Trust Mondial pour la Diversité Végétale (GCDT). Qui sont-ils pour détenir une responsabilité aussi considérable sur la diversité des semences de la planète entière ? Le GCDT a été fondé par la FAO et par Bioversity International (anciennement International Plant Genetic Research Institute), une ramification du CGIAR.

Le GCDT est basé à Rome. Son conseil est présidé par Margaret Catley-Carlson, une Canadienne également présente au comité consultatif du groupe Suez Lyonnaise des Eaux, l’une des plus grandes sociétés privées de l’eau. Jusqu’en 1998, Catley-Carlson était aussi présidente du Comité sur la Population établi à New York, l’organisation de réduction des populations de John D. Rockefeller, créé en 1952 pour accélérer le programme d’eugénisme de la famille Rockefeller, sous couvert de promouvoir le planning familial, le système de contrôle des naissances, la stérilisation et le « contrôle de la population » des pays en voie de développement.

Les autres membres du conseil de GCDT comptent l’ancien cadre de Bank of America, actuellement chef de Hollywood DreamWorks Animation, Lewis Coleman. Coleman est aussi administrateur de Northrup Grumman Corporation, l’un des plus grands entrepreneurs de l’industrie militaire du Pentagone.

Le Brésilien Jorio Dauster est aussi président du conseil d’administration de Brasil Ecodiesel. C’est un ancien ambassadeur du Brésil auprès de l’Union Européenne, et le négociateur en chef de la dette extérieure du Brésil pour le ministère des Finances. Dauster a aussi rempli les fonctions de président de l’Institut du Café Brésilien et de coordonnateur du Projet de modernisation du système des brevets du Brésil, qui consiste à légaliser les brevets sur les semences génétiquement modifiées, une chose jusque-là interdite par les lois du Brésil.

Cary Fowler est directeur exécutif de GCDT. Il a été professeur et directeur de recherche au département pour l’Environnement International et pour les Études de Développement de l’Université des Sciences de la vie de Norvège. Fowler a aussi été principal conseiller du directeur général de Bioversity International. Il y représentait les centres des moissons du futur du CGIAR, dans les négociations pour le Traité International sur les Ressources Phytogénétiques. Dans les années 90, il dirigeait le Programme International sur les Ressources Phytogénétiques de la FAO. Il a ébauché et supervisé les négociations du Plan d’Action Mondial pour les Ressources Phytogénétiques de la FAO adopté par 150 pays en 1996. Il est ancien membre du Comité National sur les Ressources Génétiques des Plantes des États-Unis et du conseil d’administration du Centre International d’Amélioration du Maïs et du Blé (CIMMYT) du Mexique, un autre projet de la Fondation Rockefeller et du CGIAR.

Le Dr Mangala Rai de l’Inde, membre du conseil d’administration du GCDT, est secrétaire du Département de la Recherche Agricole et de l’Éducation (DARE) de l’Inde, et directeur général du Conseil Indien pour la Recherche Agricole (ICAR). Il est aussi membre du conseil d’administration de l’IRRI de la Fondation Rockefeller, qui a fait la promotion du « Golden Rice » (riz doré), la première expérience majeure sur les OGM menée avec beaucoup de battage médiatique et qui s’est avérée être un fiasco. Rai a siégé comme membre du conseil d’administration du CIMMYT et comme membre du conseil exécutif du CGIAR.

Le Trust des Donateurs pour la Diversité des Semences Mondiales ou les bailleurs financiers comportent aussi « tous les suspects habituels », comme le dit Humphrey Bogart dans le grand classique Casablanca. En plus des fondations Rockefeller et Gates, les donateurs comptent les géants des OGM, DuPont-Pioneer Hi-Bred, Syngenta de Bâle en Suisse, CGIAR et l’énergique promotrice des OGM, l’USAID. Effectivement, il semble que les renards des OGM et de la réduction des populations gardent le poulailler de l’humanité et de la diversité des semences mondiales dans le magasin de Svalbard. (8)

Pourquoi Svalbard maintenant ?

On peut légitimement se demander pourquoi Bill Gates, la Fondation Rockefeller les principaux géants du génie génétique agroalimentaire comme DuPont et Syngenta avec le CGIAR, construisent une arche de Noé végétale en Arctique.

Tout d’abord, qui utilise ce genre de chambre forte à semences ? Les sélectionneurs et les chercheurs sont les principaux utilisateurs de ces coffres. Aujourd’hui, les plus importants reproducteurs sont Monsanto, DuPont, Syngenta et Dow Chemical, les géants mondiaux des plantes OGM brevetées. Depuis début 2007, Monsanto détient, avec le gouvernement des États-Unis, les droits mondiaux des brevets pour les plantes dites « Terminator » ou Technologie de Restriction d’Utilisation des OGM. Terminator est une technologie de mauvais augure, qui fait qu’une semence commerciale brevetée se « suicide » après récolte. Le contrôle des semenciers privés est total. Un pareil contrôle et une telle mainmise sur la chaîne alimentaire n’ont jamais existé auparavant dans l’histoire de l’humanité.

Cette ingénieuse caractéristique Terminator force les agriculteurs à retourner chaque année chez Monsanto ou d’autres semenciers OGM pour obtenir de nouvelles semences de riz, de soja, de maïs, de blé ou de toute autre culture dont ils ont besoin pour nourrir la population. Si c’était largement adopté dans le monde, on pourrait peut-être en une dizaine d’années faire de la majorité des producteurs de nourriture du monde de nouveaux serfs féodaux, asservis à trois ou quatre géants semenciers comme Monsanto, DuPont ou Dow Chemical.

Bien entendu, cela permettrait à ceux qui possèdent ces sociétés privées, peut-être aux ordres de Washington, de refuser des semences à certains pays en voie de développement, ceux dont la politique irait à l’encontre des intérêts du gouvernement étasunien. Ceux qui disent « ça ne pourrait pas arriver dans ce cas » devraient s’intéresser de plus près aux événements mondiaux actuels. La simple existence de cette concentration de pouvoir chez trois ou quatre géants privés de l’agroalimentaire étasunien est en elle-même une raison juridique suffisante pour interdire toute culture OGM – même si le gain de moisson était réel, ce qui n’est manifestement pas le cas.

Ces compagnies privées, Monsanto, DuPont, Dow Chemical, n’ont guère d’antécédent sans tache en termes de gestion de la vie humaine. Elles ont développé et multiplié des innovations du style dioxine, PCB, Agent Orange. Elles cachent depuis des décennies les preuves manifestes des risques de cancers et d’autres graves conséquences pour la santé humaine, liées à l’usage de produits chimiques toxiques. Elles ont enterré des rapports scientifiques sérieux sur le glyphosate. Cette substance, très répandue dans des herbicides utilisés partout dans le monde, est toxique quand elle s’infiltre dans l’eau potable (9). Elle est l’un des ingrédients de base du Roundup de Monsanto, un herbicide lié à l’achat de la plupart des semences génétiquement modifiées de cette société. Le Danemark a interdit le glyphosate en 2003, quand il fut confirmé qu’il contaminait les nappes phréatiques du pays. (10)

La diversité des semences stockées dans les chambres fortes à gènes est la matière première pour la reproduction des plantes et pour de nombreuses recherches biologiques fondamentales. Plusieurs centaines de milliers d’échantillons sont distribués chaque année à de telles fins. La FAO répertorie quelque 1400 chambres fortes à semences dans le monde, les plus importantes étant gardées par le gouvernement des États-Unis. D’autres grandes chambres fortes sont détenues par la Chine, la Russie, le Japon, l’Inde, la Corée du Sud, l’Allemagne et le Canada, par ordre de taille décroissante. Par ailleurs, le CGIAR exploite une chaîne de chambres fortes pour semences dans des centres choisis aux quatre coins du monde.

Le CGIAR, créé en 1972 par les fondations Rockefeller et Ford pour propager leur modèle de Révolution Verte agroalimentaire, contrôle la plupart des chambres fortes à semences privées, depuis les Philippines à la Syrie en passant par le Kenya. Toutes ces chambres fortes à semences actuelles contiennent plus de six millions et demi de variétés de semences, près de deux millions d’entre elles sont « distinctes ». L’arche de Noé de Svalbard aura la capacité d’abriter quatre millions et demi de graines différentes.

Les OGM comme arme de guerre biologique ?

Nous arrivons maintenant au cœur du problème, à savoir la dangerosité et l’utilisation potentiellement abusive du projet de Bill Gates et de la Fondation Rockefeller à Svalbard. Le développement de semences brevetées pour la plupart des grandes cultures vivrières, comme le riz, le maïs, le blé et pour les céréales fourragères comme le soja, pourrait-il être utilisé dans une horrible forme de guerre biologique ?

Le but explicite du lobby des eugénistes – financé depuis les années 20 par de riches familles élitistes, comme Rockefeller, Carnegie, Harriman et autres – était de mettre en pratique ce qu’ils appelaient l’« eugénisme négatif », l’extermination systématique des lignées indésirables. En 1939, Margaret Sanger, eugéniste alerte, fondatrice de Planification Internationale de la Maternité et intime de la famille Rockefeller, menait à Harlem une opération nommée « The Negro Project ». Comme elle le confiait à un ami dans une lettre, « nous voulons exterminer les populations noires ». (11)

En 2001, Epicyte, une petite entreprise de biotechnologie de Californie, annonçait la mise au point d’un maïs génétiquement modifié contenant un spermicide capable de rendre stériles les hommes qui en mangeaient. Epicyte avait à cette époque un accord de coentreprise pour diffuser sa technologie avec DuPont et Syngenta, deux des sponsors de l’arche de Noé végétale à Svalbard. Depuis, Epicyte a été rachetée par une société de biotechnologie de Caroline du Nord. Il était étonnant d’apprendre qu’Epicyte avait développé son maïs OGM spermicide avec des fonds de recherche du ministère de l’Agriculture étasunien, ce même ministère qui, en dépit de l’opposition du monde entier, a continué à financer le développement de la technologie Terminator, actuellement détenue par Monsanto.

Dans les années 90, l’OMS lançait, pour des millions de femmes entre 15 et 45 ans du Nicaragua, du Mexique et des Philippines, une soi-disant campagne de vaccination contre le tétanos, une maladie que l’on peut contracter en marchant par exemple sur un clou rouillé. Les hommes et les garçons n’étaient pas vaccinés, bien qu’ils soient vraisemblablement tout aussi susceptibles que les femmes de marcher sur des clous rouillés.

À cause de cette curieuse anomalie, le Comité Pro Vida de México, une organisation laïque catholique romaine, devint méfiant et fit tester un échantillon du vaccin. Les tests révélèrent que le vaccin antitétanique en train d’être distribué par l’OMS aux femmes en âge de concevoir, contenait de la gonadotrophine chorionique ou hCG, une hormone naturelle qui, combinée à une anatoxine tétanique, provoquait l’activation d’anticorps qui rendaient la femme incapable de maintenir sa grossesse. Il a été dit qu’aucune femme ne fut vaccinée.

Plus tard, il apparut que la Fondation Rockefeller avec le Comité sur la Population de Rockefeller, la Banque Mondiale (qui abrite le CGIAR), et l’Institut National de la Santé des États-Unis, étaient impliqués dans un projet long de 20 ans, lancé en 1972, afin de mettre au point un agent abortif dissimulé dans un vaccin contre le tétanos pour l’OMS. Par ailleurs, le gouvernement de Norvège, l’hôte de l’arche de Noé végétale de Svalbard, a fait un don de 41 millions de dollars pour développer un vaccin antitétanique spécial, ayant la capacité de provoquer l’avortement. (12)

Est-ce une coïncidence si ces mêmes organisations, de la Norvège jusqu’à la Fondation Rockefeller en passant par la Banque Mondiale, sont également engagées dans le projet de chambre forte pour semences à Svalbard ? Selon le professeur Francis Boyle, auteur de la loi sur l’antiterrorisme et les armes biologiques promulguée par le Congrès étasunien en 1989, le Pentagone est « désormais préparé à disputer et à gagner la guerre biologique » dans le cadre de deux directives de stratégie nationale de Bush adoptées en 2002, « sans que le public le sache ». Boyle ajoute que, de 2001 à 2004, le gouvernement fédéral étasunien a dépensé 14,5 milliards de dollars – une somme faramineuse – pour des travaux uniquement liés au bioterrorisme civil.

Richard Ebright, biologiste à l’Université Rutgers, estime que plus de 300 institutions scientifiques et quelques 12.000 personnes aux États-Unis ont aujourd’hui accès à des agents pathogènes convenant à la guerre biologique. L’Institut National de la Santé du gouvernement étasunien est doté de 497 subventions uniquement pour la recherche sur les maladies infectieuses à potentiel de guerre biologique. Bien entendu, la justification est la défense contre une éventuelle attaque terroriste, une excuse couramment employée aujourd’hui.

Le gouvernement étasunien dépense de nombreux dollars dans le génie génétique lié à la guerre biologique. Selon Jonathan King, professeur en biologie au MIT, « les programmes de bioterrorisme en pleine expansion représentent la naissance d’un important danger pour notre propre population ». King ajoute : « bien que ce genre de programme soit toujours qualifié de défensif, avec les armes biologiques les programmes défensifs et offensifs se recouvrent presque complètement ». (13)

L’avenir nous dira, à Dieu ne plaise, si l’arche de Noé végétale de Bill Gates et de la Fondation Rockefeller au Svalbard fait partie d’une autre Solution Finale, celle entraînant l’extinction définitive de la Grande Planète Terre.

(source : mondialisation.ca)

Notes

(1) F. William Engdahl, Seeds of Destruction, Montreal, (Global Research, 2007)

(2) Ibid, pp.72-90.

(3) John H. Davis, Harvard Business Review, 1956, cité par Geoffrey Lawrence dans Agribusiness, Capitalism and the Countryside, Pluto Press, Sydney, 1987. Voir aussi Harvard Business School, The Evolution of an Industry and a Seminar: Agribusiness Seminar.

(4) Engdahl, op cit., p. 130.

(5) Ibid. P. 123-30.

(6) Myriam Mayet, The New Green Revolution in Africa: Trojan Horse for GMOs ?, mai 2007, African Centre for Biosafety, biosafetyafrica.net.

(7) ETC Group, Green Revolution 2.0 for Africa?, Communique Issue #94, mars/avril 2007.

(8) Site Internet Global Crop Diversity Trust

(9) Engdahl, op. cit., pp.227-236.

(10) Anders Legarth Smith, Denmark Bans Glyphosates, the Active Ingredient in Roundup, Politiken, 15 septembre 2003.

(11) Tanya L. Green, The Negro Project: Margaret Sanger’s Genocide Project for Black American’s.

(12) Engdahl, op. cit., pp. 273-275; J.A. Miller, Are New Vaccines Laced With Birth-Control Drugs ? HLI Reports, Human Life International, Gaithersburg, Maryland; juin/juillet 1995, Volume 13, Number 8.

(13) Sherwood Ross, Bush Developing Illegal Bioterror Weapons for Offensive Use, 20 décembre 2006 : truthout.org.

* * *

F. William Engdahl est auteur « Seeds of Destruction, the Hidden Agenda of Genetic Manipulation » (« graines de destruction : Le projet secret de la manipulation génétique« ) qui vient d’être publié par Global Research. Il est également auteur de Pétrole, une guerre d’un siècle : L’ordre mondial anglo-américain (en français). Pour le contacter par courrier électronique : info@engdahl.oilgeopolitics.net

Source : L’« arche de Noé végétale » en Arctique | LeTransmuteur.Net

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23 juin 2012 6 23 /06 /juin /2012 06:59

 

 



Grand comme la moitié de l'Europe, le septième continent est une accumulation permanente de déchets plastiques près des côtes d'Amérique du Nord. Une catastrophe écologique dont presque tout le monde se tape.

Sous l’effet de courants marins combinés, il se forme dans le Pacifique, quelque part entre les côtes hawaïennes et celles d'Amérique du Nord un énorme vortex qui attire à lui les déchets rejetés à la mer par l’homme depuis des années. Le navigateur Charles Moore l'a découvert (par hasard) lors d’une expédition, en 1999. Halluciné par sa trouvaille, il alerte l’ALGALITA, une fondation américaine de recherche océanographique.

En novembre 2006, le navire de Greenpeace, l’Esperanza, croise sur cette partie des océans hors des routes de navigation et, constate l’ampleur des dégâts : une accumulation de tonnes de plastiques favorisée par l'absence de vent et qui forme la Grande plaque de déchet du Pacifique*, amèrement baptisé le septième continent.


Spécialiste en la matière pour Greenpeace France, François Chartier estime l'expression abusive :« Il ne faut pas s’imaginer une île de plastique où l’on déambule tranquillement ! C’est plutôt, une énorme « soupe de plastique » formée par de petites particules qui s’étendrait sur une superficie grande comme la France ! Elle stationne entre Hawaii et la Californie ».

Source : Paperblog

via : Actualité Distincte: Le septième continent : Des tonnes de déchets accumulés dans le Pacifique

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21 juin 2012 4 21 /06 /juin /2012 11:29

 

 

 

50 000 personnes à Rio contre le néolibéralisme vert

Par Sophie Chapelle (21 juin 2012)

Plus de 50 000 personnes ont défilé le 20 juin dans les rue de Rio de Janeiro au Brésil. Une centaine de chefs d’Etat arrivaient au même moment sur les lieux de la conférence des Nations Unies sur le développement durable à l’autre bout de la ville. Cette marche à l’initiative du Sommet des peuples – sommet alternatif organisé par la société civile en marge de la conférence de l’ONU – était placée sous le signe de « la justice sociale et écologique », « contre la marchandisation de la vie », et « pour la défense des biens communs ». Pour Fatima Mello de la FASE [1], une organisation brésilienne, ce succès est lié au désarroi que génère la conférence officielle. « Nous sommes tous ensemble pour dire non à l’économie verte et oui aux mouvements et convergences populaires, a t-elle confié. C’est un nouveau cycle de luttes sociales qui s’ouvre » (voir la vidéo).

Des rassemblements et marches décentralisées ont eu lieu partout dans le monde ce jour-là. En France, une trentaine d’associations avaient appelé à parodier une vente aux enchères fictive de la Terre à Paris. 350 personnes ont constitué à Biarritz une grande chaîne humaine pour la justice sociale et écologique. «  Les vraies solutions et alternatives ne manquent pas, notamment au plan local, a rappelé une militante du collectif Bizi qui participait à la chaîne. Transports collectifs de proximité plus sobres, monnaies locales, maintien d’une agriculture paysanne de proximité, luttes pour le tri des déchets à la source... ». Toutes ces mobilisations avaient un mot d’ordre : ne pas laisser les questions écologiques et environnementales entre les mains des responsables économiques et financiers.

Notes

[1] Federação de Órgãos para Assistência Social e Educacional.

 

Pour ceux qui veulent en savoir plus sur ce qui se passe à RIO+20 ou se prennent desdécisions qui sont d'un enjeu incommensurable laissé aux mains des quelques-uns qui se prennent déjà pour notre gouvernement mondial, et où à côté se tient une Conférence des Peuples qui réunit des membres d'associations paysannes et de défenses des droits humains venus du monde entier avec la proposition d'un autre avenir pour le monde je vous renvoie à Basta ! - Agence d'informations sur les luttes environnementales et sociales   qui fait un excellent travail sur ce thème à travers plusieurs articles et également sur le site de    qui d existe en Espagnol, Français et Anglais. Sur la partie Espagnol vous trouvere les comte-rendus et enregistrement de la Conférence des peuples In Vivo.

 La Via Campesina: Movimiento Campesino Internacional    

et /ou

     La Via Campesina: Mouvement Paysan International 

 

 

 


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18 juin 2012 1 18 /06 /juin /2012 19:15

 

 

A l'heure où de nombreux signaux font redouter de nouveaux massacres et des déplacements forcés massifs, des expropriations brutales de ceux qui sont les légitimes propriétaires de ressources qui se font rares, il est important de garder un œil sur la façade des "décideurs" de l'économie "verte", cette nouvelle arnaque à creuser les inégalités.

Je ne peux que me répéter et insister, si le mécanisme de la dette est une des machine de capture par laquelle "quelques-uns" s'approprient jusqu'à nos consciences, l'économie verte, et ses confiscations de terres pour en remettre la gestion à ces mêmes quelques-uns est également une machine de capture. La militarisation croissante du monde ayant le double rôle de machine de capture d'une part et de défense des acquis.

Les quelques-uns ont pour champ d'action la planète, leur village global. Quand la Résistance va-t-elle se constituer elle aussi de manière planétaire ?... Cela se fait, cela avance, entre les non-alignés, de manière polymorphe et multipolaire, en  dehors de l'Europe, les USA on en parle même pas... je ne peux que le répéter l'Europe par son repli sur elle-même, par son égoïsme, pas son incapacité à reconnaître ses torts dans les pillages et les exactions de la colonisation et de la néo-colonisation se met d'elle-même à l'écart du nouveau monde émergeant. Par son incapacité à renoncer maintenant à ses mauvaises manières.

Je creuse le sujet c’est jours-ci, et toujours s’aggrave ce constat, l’Europe y compris ce qu’on y appelle « gauche » est à la traîne de l’empire, l’extrême-droite séduit toujours plus en jouant sur de moteur qui a toujours été celui du fascisme, qui a été le terreau du nazisme : on prend des ploucs qui ne volent pas très haut dans leur vie, d’autant que la situation économique a tendance a les transformer en misérable, on leur crée un pire et on leur attribue le titre d’élite par rapport à ce pire désigné pour l’occasion (juifs, musulmans, indigènes… peu importe) qui leur permet la bouffée d’orgueil… enfin ils sont quelqu’un et pas n’importe qui, c’est minable, mais cela marche à tous les coups… et les coups après, ils les distribuent à tours de bras, qui n’a jamais eu envie d’un punchig-ball pour se délivrer de la rage de la frustration et de l’impuissance.

Sans doute faudrait-il être capable de reconnaître que toutes les belles étiquettes utilisées jusqu'ici pour justifier ses pillages, les dominations, les contraintes faites  à d’autres peuples à adopter les mêmes valeurs sans bénéficier des mêmes avantages reposait sur une idée fausse, la suprématie ultime de notre civilisation et n’avait finalement pour moteur que la cupidité, la convoitise et le désir de dominer l’autre..

Aujourd'hui cette civilisationest très clairement entrée en décadence. Je retiens ce moment symbolique, le rire obscène de la Clinton lors de l'assassinat de Kadhafi comme ce moment où toute nos prétentions à "être civilisés" s'effondrent d'un coup sans espoir de retours, le visage de la stupidité haineuse et béate incarné par Harpie Clinton, et le visage de ce que nous sommes devenus en tant que « civilisation ».

Et le plus triste, c'est de constater que tous ces pillages, tout le sang et toutes les larmes ont conduit à la plus grande civilisation de gaspillage, au-delà du concevable. Aujourd’hui nous sommes haïs et/ou méprisés par les peuples des autres continents qui relèvent la tête et s’unissent, en dehors de nous quand ce n’est pas contre nous. Les hasards de mon histoire font que de plus en plus je me sens proche de ces peuples d’Amérique Latine auxquels nous devons tant, une dette inépuisable. Refondation est le cri de ralliement qui traverse le continent et fait écho jusque dans les plus petits villages. Refondation n’est pas qu’un cri, c’est une manière d’être, une manière de vivre et une manière de concrétiser le monde rêvé.

C'est vrai, l'article qui suit est de ceux qui me donne la nausée, parce que là seront mis en place les nouvelles causes de nouvelles destructions, de nouveaux massacres, de nouvelles douleurs, toujours au profit des mêmes quelques-uns qui nous ferons croire qu’en suivant leur diktat nous contribuons à sauver la planète. Vaste blague, la planète elle se sauve très bien elle-même. Ce qui sortira de Rio ce seront de nouvelles promesses de destruction massive, de mutilation, d’expropriations, etc… Rio, aussi, c’est la guerre faite par quelques-uns à tous les autres habitants de la planète.

 

 

Rio+20 : comment multinationales et marchés financiers comptent s’accaparer la nature

Par Sophie Chapelle (18 juin 2012)

Un nouveau sommet des Nations unies sur le développement durable s’ouvre à Rio le 20 juin (Rio+20). Au programme : la mise en place d’une « économie verte », présentée comme une solution à l’épuisement des ressources naturelles et au réchauffement climatique. Ou comment les tenants d’un néolibéralisme vert, les grands groupes privés et les marchés financiers cherchent à s’approprier les biens communs : eau, forêts, biodiversité ou cycle du carbone… Une entreprise prométhéenne pour transformer la nature en bulle spéculative.

 

Vingt ans après le sommet de Rio de 1992, qui avait jeté les bases du développement durable, la conférence qui s’ouvre au Brésil le 20 juin sera placée sous le signe de « l’économie verte ». Si les attentes sont faibles en termes de résultats concrets, cette conférence dite « Rio+20 » sera le théâtre d’une bataille idéologique cruciale. « Le concept de développement durable exprimait un compromis entre les exigences écologiques de durabilité et celles du développement, rappelle l’économiste Geneviève Azam, coauteure de l’ouvrage La nature n’a pas de prix. Même si ce compromis s’est avéré insoutenable, il devait toutefois engager les sphères économiques, sociales et politiques. » Le discours dominant sur l’économie verte soumet au contraire les choix sociaux, écologiques et politiques aux logiques économiques. « Il exprime un renoncement final à placer la justice sociale et la durabilité au-dessus des logiques économiques de rentabilité. »

Du capitalisme vert au néolibéralisme vert ?

Qu’entend-on exactement par « économie verte » ? Il existe autant de définitions que d’institutions… Dans son rapport de février 2011, le Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue) la définit comme « une économie qui entraîne une amélioration du bien-être humain et de l’équité sociale, tout en réduisant de manière significative les risques environnementaux et la pénurie de ressources ». Cette économie serait donc « LA » solution à la crise globale que nous traversons.

Malgré l’échec cuisant d’une régulation des émissions de gaz à effet de serre par le marché (les marchés « carbone »), l’auteur le plus influent du rapport du Pnue, Pavan Sukdhev, préconise une approche financière. Selon cette approche, seuls des instruments marchands comme les marchés de droits échangeables (les droits à polluer), la compensation, les produits dérivés, sont efficaces pour gérer les biens communs que sont l’eau, l’air, la terre, la biodiversité ou le climat. Le fait que Pavan Sukdhev soit mis à la disposition du Pnue par la Deutsche Bank, peut expliquer l’orientation néolibérale du rapport…

Les financiers à la conquête du capital naturel

Ce capitalisme vert est déjà à l’œuvre. Agrocarburants, gaz et huiles de schiste, marchés du carbone, brevets sur le vivant, libéralisation du commerce des biens et services environnementaux, accaparement des biens communs naturels, dessinent une nouvelle phase du capitalisme. Sous Reagan déjà, on assiste à des droits de propriété sur l’atmosphère, et à partir de 1997, à la mise en place de permis d’émissions de gaz à effet de serre sous Kyoto. « Mais il s’agit là encore de la phase artisanale du capitalisme vert, précise Geneviève Azam. L’économie verte, en effet, est plus qu’un verdissement du capitalisme : c’est la conquête du "capital naturel", son inclusion dans le cycle du capital, non pas seulement comme stock dans lequel puiser sans limite, mais comme flux producteur de services. » Désormais, les flux deviennent plus importants que les ressources.

Après avoir marchandisé les éléments de la biodiversité, l’économie verte s’attaque donc aux processus, aux « services rendus ». Il s’agit de quantifier financièrement les services rendus par la nature comme le filtrage de l’eau ou la capture du carbone. Objectifs ? Créer par exemple un marché de crédits de biodiversité négociables que l’on pourra compenser, échanger ou vendre. Les grands cycles écologiques du carbone, de l’eau, de la biodiversité pourraient désormais entrer dans des bilans comptables.

Remplacer le pétrole par la biomasse

« Pour le Pnue, assigner à la nature une valeur monétaire, un prix, serait la meilleure façon de la protéger ! », dénonce la Fédération internationale des Amis de la Terre (FOEI) [1]. « Ce à quoi nous assistons n’est rien de moins que la naissance d’une vaste industrie du vivant, résume le think tank canadien ETC Group [2]. Les entreprises ne se contentent plus de contrôler le matériel génétique retrouvé dans les semences, les plantes, les animaux, les microorganismes et les humains ; elles veulent également contrôler la capacité de reproduction de la planète. »

L’offensive pour le contrôle de la nature est déjà lancée. Pour résoudre le problème du pic pétrolier et contrer les changements climatiques, les plus grandes entreprises de la planète se tournent vers la biomasse [3]. L’enjeu, selon ETC Group, est de « substituer l’exploitation de la biomasse (cultures alimentaires et textiles, herbacées, résidus forestiers, huiles végétales, algues, etc.) à l’extraction du pétrole ». Dans cet avenir sans pétrole, la production industrielle de plastiques, de produits chimiques, de carburants, de médicaments ou d’énergie ne dépendra plus des carburants fossiles, mais de matières premières végétales transformées à l’aide de plateformes de bio-ingénierie de haute technologie.

Nouvelles alliances chez les multinationales

La course à l’appropriation de la biomasse, dont les plus importantes réserves sont disséminées à travers les pays du Sud, stimule les alliances commerciales. Parmi les principaux acteurs, ETC Group évoque « des géants de divers secteurs industriels – énergie (Exxon, BP, Chevron, Shell, Total), pharmaceutique (Roche, Merck), alimentation et agroalimentaire (Unilever, Cargill, DuPont, Monsanto, Bunge, Procter & Gamble), produits chimiques (Dow, DuPont, BASF) – ainsi que la plus grande puissance militaire au monde, soit l’Armée des États-Unis ».

Par exemple, le géant de l’industrie chimique DuPont et le géant de l’industrie pétrolière BP possèdent Butamax, une filiale dont le but est de commercialiser des carburants dérivés de plantes marines. Les forêts attirent également toutes les convoitises, car elles recèlent au niveau mondial plus de 600 000 millions de tonnes de biomasse.

Biologie de synthèse, nanos et OGM

« L’idée est que les gouvernements cessent les subventions préjudiciables à l’environnement (aux combustibles fossiles, à la pêche industrielle, etc.) et utilisent ces fonds pour investir dans des technologies nouvelles, libérant ainsi des investissements massifs pour permettre de passer à l’économie verte », rappelle la FOEI. Le nucléaire et les OGM, sans être explicitement approuvés, sont considérés comme compatibles avec l’approche du rapport du Pnue. Quant aux « technologies nouvelles » promues, on distingue essentiellement le génie génétique, la biologie synthétique et les nanotechnologies. La géo-ingéniérie, qui consiste en une manipulation du climat à grande échelle et décryptée par Basta ici, n’est pas écartée.

Mais c’est bien la biologie de synthèse qui attire le plus les investisseurs. Les entreprises de biologie synthétique fabriquent de l’ADN de synthèse pour créer sur mesure des algues et des microorganismes qui agissent comme des usines biologiques miniatures. Le but consiste à pouvoir convertir presque n’importe quel type de biomasse en presque n’importe quel produit. « Les spécialistes de la biologie synthétique promettent qu’ils seront bientôt capables de prendre n’importe quelle forme de biomasse pour la transformer en n’importe quel produit final simplement en remplissant une cuve industrielle de carbone vivant et en laissant leurs microbes, brevetés, faire leur besogne », ironise ETC Group.

Qui contrôlera la biomasse ?

Les grandes entreprises énergétiques de la planète, comme la néerlandaise Royal Dutch Shell, l’américaine ExxonMobil, l’anglaise British Petroleum, la française Total, la brésilienne Petrobras ou la russe Gazprom, sont des investisseurs reconnus du secteur de la biologie synthétique. Elles cherchent non seulement à se forger une image plus propre et plus écologique, mais elles demeurent également persuadées que les futurs profits dépendront de la diversification et du contrôle des matières premières issues de la biomasse servant à produire de l’énergie.

Devant la flambée des coûts du pétrole, l’incertitude quant à l’état des réserves et le défi qu’impose l’extraction des ressources fossiles, l’industrie pétrochimique opère elle aussi une substitution de ses matières premières, délaissant graduellement les ressources pétrochimiques pour se tourner vers la biomasse. Ainsi, Dow Chemical, Unilever, Chevron, Bunge Ltd, l’US Navy et le département de la Défense des États-Unis sont tous partenaires de l’entreprise californienne de biologie synthétique Solazyme. Cette dernière produit une huile synthétique à partir d’une algue qui se nourrit de sucre. BCC Research a évalué que la valeur du marché de la biologie synthétique ne dépassait pas 233,8 millions de dollars en 2008, mais prévoit que ce secteur bénéficiera d’un taux de croissance annuelle de presque 60 % pour atteindre 2,4 milliards de dollars en 2013.

Vers une agriculture de synthèse « intelligente »

« Climate smart agriculture » (« agriculture climatique intelligente ») [4] est un concept développé par la Banque mondiale. L’idée ? Si l’agriculture est une source non négligeable d’émissions de gaz à effet de serre, il est possible de les réduire en sélectionnant les pratiques les moins émettrices et en utilisant les capacités physiques des sols à capter des gaz à effet de serre.

Partant du fait que les sols ne relâchent pas de gaz à effet de serre s’ils ne sont pas travaillés, Monsanto a fait breveter des OGM appropriés pour introduire directement des semences dans le sol, sans labour préalable. Si Monsanto et les autres géants de la génétique parviennent à leurs fins, l’agriculture chimique sans labour pourrait bénéficier de généreuses subventions au nom de la compensation carbone [5]. Un moyen pratique pour l’entreprise d’accroître ses bénéfices nets.

Un dollar par an et par paysan

Le Kenya accueille d’ores et déjà le tout premier projet agricole de la Banque mondiale visant à encourager la séquestration du carbone dans les sols. Intitulé Biocarbon Fund Project, ce projet pionnier concerne quelque 15 000 agriculteurs, regroupés en 800 groupes, qui doivent modifier leurs pratiques agricoles sur une période de vingt ans, afin de fixer dans le sol quelque 600 000 tonnes de gaz à effet de serre. Il est prévu que le projet génère 2,5 millions de dollars de crédits carbone. Somme que l’on fait miroiter aux paysans et au gouvernement kenyan pour les convaincre du bien-fondé de ce genre de projets. Concrètement, des techniciens et experts de la séquestration du carbone dans les sols viendront expliquer aux paysans kenyans les techniques et pratiques agricoles à employer pour semer, entretenir et récolter.

La mise en place et le suivi du projet, comme la mesure du carbone séquestré ou la commercialisation des certificats de réduction d’émissions, mobiliseront plus d’un million de dollars que les consultants, financiers et autres experts se partageront avec gourmandise. Le reste, partagé entre 60 000 paysans correspond à environ un dollar par an et par paysan ! Un projet décrié par des associations comme Attac. Plusieurs études scientifiques contredisent également les bienfaits espérés de ces nouvelles techniques anti-érosion comparées aux labours [6].

ONU = organisation des multinationales unies ?

« Nous devons passer d’une protection de l’environnement contre les entreprises à une protection de l’environnement grâce aux entreprises », a déclaré Janez Potocnik, le commissaire européen à l’Environnement. C’est ce que prône l’ONU depuis le sommet de Johannesburg en 2002. Le Pnue a travaillé en étroite collaboration avec les représentants de l’industrie mondiale pour préparer Rio+20 et l’échéancier de l’économie verte. En avril 2011, le Pnue a organisé à Paris, avec la Chambre de commerce internationale (CCI), un des lobbies de l’industrie, une réunion de 200 représentants d’entreprise pour présenter le Rapport sur l’économie verte.

« La réponse de la CCI a été rédigée par un groupe de travail comprenant des représentants d’Exxon Mobil, Shell, RBS, Monsanto, BASF et Suez », rappelle Olivier Hoedeman, du Corporate Europe Observatory. L’un des orateurs principaux à cette conférence était Chad Holliday, président de la Bank of America et ancien patron de DuPont. Il dirige Business Action for Sustainable Development 2012 (BASD 2012), principal porte-parole des multinationales, dont la mission est de « veiller à ce que les entreprises soient reconnues comme sources de solutions ».

Le développement durable assuré par Coca-Cola, Nestlé ou Shell

De nombreuses entreprises multinationales ont désormais des partenariats avec des agences onusiennes. C’est le cas par exemple de Shell et du Pnue sur la biodiversité, de Coca-Cola et du Pnud sur la protection des ressources en eau, de Nestlé et du Pnud sur l’autonomisation des communautés rurales, ou encore de BASF, Coca-Cola et ONU-Habitat sur l’urbanisation durable. Outre les conflits d’intérêts posés par de tels partenariats, on assiste également à la montée des acteurs économiques privés au sein même des programmes internationaux. C’est le cas de l’Unep Finance ou du Biodiversity and Business Offset Program, le marché international de la compensation financière biodiversité. « L’action publique des Nations unies tend à être privatisée, déplore ainsi l’économiste Geneviève Azam. L’échec du modèle de Rio signe aussi celui du multilatéralisme. »

Illustration : source

Comment spéculer sur l’extinction des espèces

La crise climatique et l’épuisement des ressources naturelles fournissent des terrains d’expérimentation, où investissent des fonds financiers. EKO Asset Management Partners, Inflection Point Capital Management, Innovest Strategic Value Advisors, Canopy Capital, Caisse des dépôts et consignations, en France, en sont quelques exemples [7]. À ces instruments financiers s’ajoutent en nombre croissant des produits dérivés spéculatifs. Des produits dérivés estampillés biodiversité en sont encore au stade de la proposition. Ils pourraient inciter des agents économiques à spéculer sur la disparition d’espèces comme d’autres ont spéculé sur l’écroulement des subprimes.

Il s’agit également de produits liés à des emprunts hypothécaires gagés sur l’environnement, dit « environment mortgage ». Ces emprunts hypothécaires sont placés auprès de communautés locales du Sud, pauvres en ressources économiques mais riches en ressources naturelles. Ces communautés pourraient contracter des prêts de type microfinance à condition qu’elles gèrent bien leur environnement naturel. Ses promoteurs, comme la firme Advanced Conservation Strategy, ne disent pas ce qui adviendra si les débiteurs sont dans l’impossibilité de rembourser, comme ce fut le cas dans la crise du prêt immobilier de 2008. C’est ce que les auteurs de La nature n’a pas de prix appellent « la financiarisation de la nature ».

Un Rio+20 alternatif

Si l’enjeu à Rio+20 pour les gouvernements est d’aboutir à une déclaration relativement courte et consensuelle, les plus fortes divergences aujourd’hui ont trait à « l’économie verte ». « Les désaccords portent sur les principes qui devraient guider sa mise en œuvre, son rôle dans le cadre du développement durable et sur les moyens financiers et technologiques pour y parvenir », analyse Attac. Les mouvements de la société civile organisent un sommet alternatif à Rio du 15 au 23 juin. Basta ! sera présent sur place pour couvrir cet événement. En France, une journée de mobilisations est prévue le 20 juin. À Paris, se tiendra une grande vente aux enchères de la Terre. Tout un symbole.

Sophie Chapelle

Photo de une : source

La nature n’a pas de prix : les méprises de l’économie verte, publié par l’association Attac, éd. Les liens qui libèrent, 2012.

Notes

[1] Télécharger le rapport de FOEI, Reclaim the UN from corporate capture (en anglais).

[2] Télécharger le rapport d’ETC Group, Qui contrôlera l’économie verte.

[3] Le terme biomasse fait directement référence à la masse de matière vivante (plantes, animaux, bactéries, champignons, etc.) trouvée à un endroit donné. Cependant, ce terme est plus souvent employé pour désigner la matière biologique non fossilisée qui peut être utilisée en guise de matière première. Le terme sous-entend une manière particulière de considérer la nature : comme une marchandise, et ce, bien avant qu’elle entre sur le marché. Source : ETC Group

[4] Difficile à traduire littéralement mais le terme renvoie à une agriculture intelligente par rapport aux défis climatiques.

[5] Sous l’égide du « Mécanisme de développement propre » élaboré par les Nations unies dans le cadre du protocole de Kyoto.

[6] En 2006, une vaste revue de la littérature consacrée au sujet effectuée par le département américain de l’Agriculture (USDA) et des pédologues de l’État du Minnesota est parvenue à la conclusion que les résultats quant à l’effet favorable des pratiques aratoires anti-érosive sur l’accumulation de carbone dans les sols « n’étaient pas convaincants » (voir ici). D’autres études plus récentes confirment que l’application de pratiques aratoires anti-érosives ne permet pas d’accumuler plus de carbone dans les sols que le recours au labourage.

[7] À venir, un entretien avec le chercheur Christophe Bonneuil sur Canopy Capital et la réserve nationale d’Iwokrama.

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8 juin 2012 5 08 /06 /juin /2012 11:59

 

Un documentaire à aller voir ici : Homo Toxicus.

 

 

affiche.jpg

 

Aprés l’homo-érectus, l’homo-sapiens voici l’homo-toxicus.

On prend conscience que nous sommes des cobayes en puissance avec ce film.

 


Une expérience planétaire est en cours et nous en sommes les cobayes

Chaque jour, des tonnes de substances toxiques sont libérées dans l'environnement sans que nous en connaissions les effets à long terme pour les êtres vivants. Certaines d'entre elles s'infiltrent à notre insu dans nos corps et dans celui de nos enfants. En même temps que notre patrimoine génétique, nous transmettons aujourd'hui à nos enfants notre patrimoine toxique.

Dans une enquête inédite, menée avec rigueur et humour à partir de ses propres analyses de sang, la réalisatrice explore les liens entre ces substances toxiques et l'augmentation de certains problèmes de santé comme les cancers, les problèmes de fertilité et l'hyperactivité. Les conclusions sont troublantes...

Scénario et réalisation: Carole Poliquin
Producteurs: Carole Poliquin et Isaac Isitan

Les productions ISCA inc.
6103 Jeanne-Mance
Montréal, Québec,
H2V 4K9

pesticides-toxiques.jpg

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  • Amoureuse de la vie, d'une fleur, d'un papillon, d'un arbre, du sourire d'un enfant, je m'oppose à tout ce qui conduit à la destruction systématique de ce que la nature a créé, de la vie, de la beauté du monde, de la tendresse et de la dignité
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Nouvelles formes du fascisme

"Le vieux fascisme si actuel et puissant qu’il soit dans beaucoup de pays, n’est pas le nouveau problème actuel. On nous prépare d’autres fascismes. Tout un néo-fascisme s’installe par rapport auquel l’ancien fascisme fait figure de folklore […].

Au lieu d’être une politique et une économie de guerre, le néo-fascisme est une entente mondiale pour la sécurité, pour la gestion d’une « paix » non moins terrible, avec organisation concertée de toutes les petites peurs, de toutes les petites angoisses qui font de nous autant de microfascistes, chargés d’étouffer chaque chose, chaque visage, chaque parole un peu forte, dans sa rue, son quartier, sa salle de cinéma."

 

Gilles Deleuze, février 1977.

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