20 avril 2012 5 20 /04 /avril /2012 18:48

 


Bahar Kimyongür

 

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Depuis le début du printemps syrien, le gouvernement de Damas prétend combattre des gangs terroristes. La plupart des médias occidentaux dénoncent, dans cette thèse, une propagande d’Etat servant à justifier sa répression contre le mouvement de contestation. S’il est évident que celle-ci tombe comme du pain béni pour l’Etat baassiste de réputation peu accueillante envers les mouvements d’opposition qui échappent à son contrôle, elle n’en est pas fausse pour autant. Plusieurs éléments objectifs accréditent en effet la thèse du gouvernement syrien.


D’abord, il y a le facteur laïcité.

La Syrie est en l’occurrence le dernier Etat arabe laïc. (1) Les minorités religieuses y jouissent des mêmes droits que la majorité musulmane. Pour certaines sectes sunnites championnes de la guerre contre l’Autre quel qu’il soit, la laïcité arabe et l’égalité interreligieuse, incompatibles avec la charia, sont une injure à l’islam et rendent l’Etat syrien plus détestable qu’une Europe « athée » ou « chrétienne ». Or, la Syrie compte pas moins de dix églises chrétiennes différentes, avec des sunnites qui sont arabes, kurdes, tcherkesses ou turkmènes, avec des chrétiens non arabes comme les Arméniens, les Assyriens ou les Levantins, avec des musulmans syncrétiques et donc inclassables comme les alaouites et les druzes. Par conséquent, la tâche qui consiste à maintenir sur pied cette charpente ethnico-religieuse fragile et complexe s’avère si ardue que seul un régime laïc, solide et forcément autoritaire peut y parvenir.


Ensuite, il y a le facteur confessionnel.

En raison de l’origine du président Bachar El-Assad, le régime syrien est abusivement décrit comme « alaouite ». Cette qualification est totalement fausse, calomnieuse, sectaire voire raciste. Elle est avant tout fausse parce que l’état-major, la police politique, les divers services de renseignements, les membres du gouvernement sont majoritairement sunnites de même qu’une partie non négligeable de la bourgeoisie. Nos médias à sensations ne manquent pas de parler de Mme Asma El-Assad, l’épouse du président d’origine sunnite dans un but de la diaboliser. Mais ils évitent délibérément de citer la vice-présidente de la République arabe syrienne, Mme Najah Al Attar, la première et unique femme arabe au monde à occuper un poste aussi élevé. Mme Al Attar est non seulement d’origine sunnite mais elle est aussi la sœur de l’un des dirigeants exilés des Frères musulmans, illustration emblématique du paradoxe syrien. En réalité, l’appareil d’Etat baassiste est le reflet quasi parfait de la diversité ethnico-religieuse qui prévaut en Syrie. Le mythe à propos de la « dictature alaouite » est tellement grotesque que même le grand mufti sunnite, le cheikh Bedreddine Hassoune ou encore le chef de la police politique Ali Mamlouk, lui aussi de confession sunnite, sont parfois classés parmi les alaouites par la presse internationale. (2)

Le plus étonnant est que cette même presse apporte de l’eau au moulin de certains milieux salafistes (sunnites ultra-orthodoxes) syriens qui propagent le mensonge selon lequel le pays aurait été usurpé par les alaouites lesquels seraient, selon eux, des agents chiites. Ces mêmes salafistes taxent les chiites de négateurs (rawafidhs) parce que ces derniers rejettent, entre autres, la légitimité du califat, c’est-à-dire du gouvernement sunnite des origines de l’islam. Or, d’une part, il existe des différences notables entre alaouites et chiites tant sur le plan théologique que de la pratique religieuse. La divinisation d’Ali, la doctrine trinitaire, la croyance en la métempsychose ou encore le rejet de la charia propres aux alaouites, sont sources de critiques de la part des théologiens chiites qui ne manquent pas de les taxer d’exagérateurs (ghoulat). D’autre part, s’il y a une religion d’Etat en Syrie, c’est bien l’islam sunnite de rite hanéfite représenté entre autres par le cheikh Muhammad Saïd Ramadan Al Bouti et le grand mufti de la République, le cheikh Badreddine Hassoune dont la sage parole tranche avec les appels au meurtre et à la haine des cheikhs wahhabites. Mais qu’à cela ne tienne, pour expliquer l’alliance anti-US et antisioniste formée par l’axe Damas-Téhéran-Hezbollah, la presse aux ordres et les milieux sunnites ultraconservateurs répètent en chœur que la Syrie est dominée par les alaouites qui formeraient une « secte chiite ». La Syrie étant soutenue par la Chine, la Russie, le Venezuela, Cuba, le Nicaragua ou encore la Bolivie, il faudrait logiquement en conclure que Hu Jintao, Poutine, Chavez, Castro, Ortega ou Morales sont eux aussi des alaouites, au moins des crypto-chiites.


Troisièmement, il y a le facteur nationaliste.

Il convient de rappeler que pour les salafistes, la Syrie n’existe pas. Ce nom serait comme celui de l’Irak une fabrication athée. Dans leur jargon inspiré du Coran, l’Irak s’appelle Bilad Al Rafidaïn (le pays des deux Fleuves) et la Syrie, Bilad Al Cham (le pays de Cham).

Celui qui adopte l’idéologie nationaliste et se consacre à la libération de sa patrie commet un péché d’association (shirk). Il viole le principe du tawhid, l’unicité divine et à ce titre, il mérite la mort. Pour ces fanatiques, le seul combat agréé par Allah est le djihad, la guerre dite « sainte » livrée au nom d’Allah et visant à étendre l’Islam.

En tant que corollaire du nationalisme arabe, le panarabisme, cette idée progressiste d’unité et de solidarité interarabe est à fortiori un sacrilège parce qu’il mine l’idée de « oumma », la mère patrie musulmane. Comme le rappelait récemment le président Bachar El-Assad dans une interview accordée au journal Sunday Telegraph, le combat qui se livre actuellement sur le sol syrien oppose deux courants inconciliables : le panarabisme et le panislamisme (3).


Ce conflit originel introduit un facteur historique fondateur de la menace terroriste en Syrie.

Depuis 1963, la Syrie baassiste mène en effet une véritable guerre contre les mouvements djihadistes. L’armée gouvernementale et les Frères musulmans se sont affrontés dans de nombreuses batailles qui se sont toutes soldées par la victoire du pouvoir syrien. Ces victoires ont été arrachées au prix de nombreuses victimes, l’armée n’hésitant pas à semer la terreur pour parvenir à ses fins. En 1982, l’armée de Hafez El-Assad a pilonné des pans entiers de la ville de Hama pour venir à bout de la résistance djihadiste, massacrant sans distinction militants et civils innocents. On dénombre au moins dix mille morts dans les bombardements et les batailles de rue. De véritables chasses à l’homme ont ensuite été lancées contre les Frères musulmans syriens à travers le pays, contraignant ces derniers à l’exil. La répression n’est pas pour autant parvenue à éradiquer la tradition guerrière ni l’esprit revanchard des djihadistes syriens.


A présent, voyons 

pays par pays quels sont les mouvements terroristes auxquels les troupes syriennes sont aujourd’hui confrontées.


Le front libanais

En avril 2005, l’Occident s’est réjoui de voir les troupes syriennes quitter le territoire libanais après 30 ans de présence ininterrompue. Cet événement avait été déclenché par l’attentat visant l’ex-premier ministre libano-saoudien Rafiq Hariri connu pour son hostilité envers la Syrie, attentat immédiatement imputé au régime de Damas par l’Europe et les Etats-Unis sans la moindre preuve et avant même le début de l’enquête. Une « révolution du Cèdre » soutenue par les officines droitsdelhommistes de la CIA poussa l’armée syrienne à quitter le Liban. A peine les chars syriens se sont-ils retirés que les groupes salafistes refirent surface, dégainant leurs sabres et leurs prêches sectaires. Ces mouvements se sont implantés dans le Nord-Liban du côté de Tripoli majoritairement sunnite puis, peu à peu, dans les camps palestiniens du Liban, profitant des divisions politiques et de la faiblesse militaire des organisations palestiniennes ainsi que de la politique de non-intervention de l’armée libanaise dans ces camps. Entre 2005 et 2010, les groupes djihadistes ont mené la guerre contre tous les soutiens réels ou supposés du régime de Bachar el-Assad comme les populations chiites, alaouites ou les militants du Hezbollah. Certains de ces mouvements ont été jusqu’à franchir la frontière syro-libanaise pour harceler les troupes du pouvoir baassiste sur leur propre territoire. L’activisme anti-syrien des groupes salafistes libanais armés connut ensuite une recrudescence avec le début de la crise syrienne de 2011. Ils furent relayés par des mouvements salafistes non armés.

Le 4 mars 2012, quelques deux mille salafistes conduits par Ahmad Al Assir, un prédicateur de la ville de Saïda devenu l’étoile montante du sunnisme libanais, ont défilé à Beyrouth pour protester contre le régime de Bachar El Assad. Derrière un impressionnant cordon de sécurité composé de policiers et de militaires, quelque centaines de contre-manifestants du Parti baas libanais ont protesté contre ce défilé. D’Aarida à Naqoura, tout le Liban retint son souffle. Comme son cœur se resserre à chaque fois que des tirs retentissent depuis les quartiers tripolitains de Bab Tebbaneh et Djebel Mohsen. Car dans ce pays où la ligne de fracture politique est également confessionnelle avec des sunnites majoritairement anti-Assad et des chiites majoritairement pro-Assad et puis aussi avec des chrétiens divisés qui se retrouvent dans les deux camps, la hantise de la guerre civile est omniprésente. Mais le gouvernement d’union nationale tente de calmer le jeu et veille à rester neutre face au conflit syrien. Pour autant, certains groupes salafistes ne ratent pas une occasion pour semer le chaos dans ces deux pays géographiquement interdépendants et complémentaires.


Voici une brève description de certains de ces mouvements sectaires actifs au Liban et qui menacent la Syrie depuis plusieurs années :

Groupe de Sir El-Dinniyeh

Ce mouvement sunnite dirigé entre 1995 et 1999 par Bassam Ahmad Kanj, un vétéran d’Afghanistan et de Bosnie, est apparu à la suite de luttes entre différents courants islamiques voulant contrôler les mosquées de Tripoli. En janvier 2000, le Groupe de Dinniyeh a tenté de créer un mini-Etat islamiste dans le Nord du Liban. Les militants ont pris le contrôle des villages du district de Dinniyeh, à l’Est de Tripoli. 13.000 soldats libanais ont été envoyés pour mater cette rébellion djihadiste. Les survivants de l’assaut se retranchèrent dans le camp palestinien d’Ayn El Hilwé dans le sud du Liban. Après le retrait des forces armées syriennes en avril 2005, les combattants du groupe de Dinniyeh sont revenus à Tripoli où se trouvaient encore des cellules clandestines. La même année, le ministre libanais de l’intérieur par intérim, Ahmed Fatfat qui est précisément originaire de Sir El-Dinniyeh et qui, par ailleurs, dispose de la citoyenneté belge, a mené campagne pour obtenir la libération des prisonniers du groupe de Dinniyeh et ce, dans le but d’obtenir l’appui politique des groupes sunnites et salafistes du Nord-Liban.


Fatah Al Islam

Mouvement sunnite radical du Nord du Liban. Le Fatah Al Islam a littéralement occupé la ville de Tripoli avec la complicité de Saad Hariri et son parti, le Courant du futur. Hariri voulait se servir de ces radicaux sunnites pour combattre le Hezbollah chiite libanais et le gouvernement syrien. Parmi les alliés de Hariri, le groupe appelé « Fatah El Islam » dissident du mouvement national palestinien s’est emparé du camp de Nahr El Bared. Ce mouvement terroriste a assassiné 137 soldats libanais de manière brutale notamment lors de sataniques rituels se soldant par des décapitations. Le 13 février 2007, le Fatah El Islam fit également exploser deux bus dans le quartier chrétien d’Alaq-Bikfaya.

De mai à septembre 2007, l’armée libanaise fit le siège du camp palestinien de Nahr el Bared où étaient retranchés les combattants djihadistes et ce n’est qu’après d’intenses combats dignes de l’opération syrienne de Baba Amro qu’elle parvint à les neutraliser. Pas moins de 30.000 Palestiniens ont dû fuir les combats. Quant à Nahr el Bared, il fut réduit à l’état de ruines. Quelques mois plus tard, le Fatah al Islam est impliqué dans un attentat meurtrier qui secoue Damas. Le 27 septembre 2008, le sanctuaire chiite de Sayda Zainab à Damas est en effet la cible d’un attentat à la voiture piégée où 17 pèlerins sont tués. Le Fatah Al Islam est souvent cité lorsque des affrontements éclatent à Tripoli entre le quartier sunnite de Bab Tabbaneh et le quartier alaouite de Djébel Mohsen.


Jounoud Al Cham (Les soldats du Levant)

Mouvement sunnite radical du Sud du Liban aux origines multiples. Certains de ses membres seraient issus du groupe Dinniyeh tandis que d’autres seraient des vétérans d’Afghanistan ayant combattu sous le commandement d’Abou Moussab Al Zarqawi. La plupart de ses combattants seraient des Palestiniens « takfiristes », c’est-à-dire en guerre contre les autres religions et les non-croyants. Jounoud Al Cham serait responsable d’un attentant en 2004 à Beyrouth qui a tué un responsable du Hezbollah. Depuis plusieurs années, il tente de prendre le contrôle du camp palestinien d’Ayn El Hilwé situé à proximité de la ville de Sayda. En 2005, le groupe fait parler de lui pour ses accrochages quotidiens avec l’armée syrienne. Jounoud al-Sham se trouve sur la liste des organisations terroristes émise par la Russie. Il n’est pas sur la liste des organisations terroristes étrangères du Département d’Etat nord-américain. (4)


Ousbat Al Ansar (Ligue des partisans)

Présent sur la liste des organisations terroristes, Ousbat al-Ansar lutte pour « l’établissement d’un Etat sunnite radical au Liban ». Connu pour ses expéditions punitives contre tous les musulmans « déviants », Ousbat al-Ansar fait assassiner des personnalités sunnites comme le cheikh Nizar Halabi. Il fait également plastiquer des établissements publics jugés impies : salles de théâtre, restaurants, discothèques… En janvier 2000, il attaque à coups de roquettes l’ambassade de Russie à Beyrouth. Héritier du groupe de Dinniyeh, il infiltre le camp palestinien d’Ayn El Hilwé dans le Sud du Liban. Lorsqu’en septembre 2002, je visitai les camps palestiniens du Liban, l’inquiétude des résistants palestiniens était palpable. Nombre d’entre eux avaient été tués lors de tentatives de prises de contrôles par ce groupe réputé proche d’Al Qaïda. En 2003, quelque 200 membres d’Ousbat Al Ansar attaquèrent les locaux du Fatah, le mouvement palestinien de Yasser Arafat. Il y eut huit morts dont six membres du Fatah.


Le mythe de l’ASL

Il faut le reconnaître : les chasseurs de dictateurs qui peuplent les rédactions des grands organes de presse sont passés maître dans l’art du camouflage quand il s’agit de présenter des « résistants » qui servent les intérêts de leur camp. En véritables chirurgiens esthétiques, ils vous transforment l’Armée syrienne libre (ASL) en mouvement de résistance démocratique brave et sympathique composé de déserteurs humanistes dégoûtés par les atrocités commises par l’armée syrienne. Il n’y a aucun doute que l’armée du régime baassiste ne fait pas dans la dentelle et commet d’impardonnables exactions contre des civils, qu’ils soient terroristes, manifestants pacifistes ou simples citoyens pris entre deux feux. A ce sujet, les médias mainstream nous abreuvent ad nauseam de crimes imputés aux troupes syriennes parfois à raison mais le plus souvent à tort. Car en termes de cruauté, l’ASL ne vaut pas vraiment mieux. Seuls quelques rares journalistes comme le néerlandais Jan Eikelboom osent montrer l’envers du décor, celui d’une ASL sadique et crapuleuse. La correspondante à Beyrouth du Spiegel, Ulrike Putz vient, elle aussi, d’égratigner la réputation de l’ASL. Dans une interview mise en ligne sur le site de l’hebdo allemand, Ulrike Putz a mis en lumière l’existence d’une « brigade d’enterrement » chargée d’exécuter les ennemis de leur sinistre révolution à Baba Amr, le quartier insurgé de Homs repris par l’armée syrienne. (5)

L’égorgeur interrogé par Der Spiegel attribue 200 à 250 exécutions à sa brigade des croque-morts, soit près de 3% du bilan total des victimes de la guerre civile syrienne depuis un an. Du côté des institutions humanitaires, il a fallu attendre la date fatidique du 20 mars 2012 pour qu’une éminente ONG, à savoir Human Rights Watch, dont la traduction signifie bien « guetteur des droits de l’homme » reconnaisse enfin les tortures, exécutions et mutilations commises par les groupes armés opposés au régime syrien. Après 11 mois de terrorisme insurgé… A la bonne heure ô infaillible sentinelle ! « Sah Al Naum », comme on dit en arabe à quelqu’un qui se réveille.

Passons à une autre info qui écorne un peu plus la renommée de l’Armée syrienne libre et leurs appuis atlantistes. D’après des sources diplomatiques et militaires, l’ASL, cette armée dite de « déserteurs » manquerait d’effectifs militaires. Pour pallier cette pénurie de combattants, l’ASL enrôlerait des salafistes à tour de bras. C’est le cas du bataillon Al Farouq de l’ASL qui s’était rendu célèbre par ses enlèvements d’ingénieurs civils et de pèlerins iraniens, par ces tortures et ces exécutions sommaires. La difficulté de recruter des conscrits est somme toute fort logique puisqu’un déserteur est par définition un homme qui abandonne le combat. Déserter signifie quitter la guerre.

Dans le cas syrien, de nombreux déserteurs se constituent réfugiés et quittent le pays. La propagande de guerre occidentale affirme que s’ils quittent l’armée ou ne répondent pas aux appels sous les drapeaux, c’est parce qu’ils refusent de tuer des manifestants pacifiques. En réalité, ces jeunes recrues craignent autant de tuer que de mourir. Ils affrontent un ennemi invisible rompu aux techniques de guérilla, qui tire aveuglément sur des pro- et des anti-régime et qui n’hésite pas à liquider ses prisonniers selon un rituel sordide de décapitation et de dépeçage. La terreur qu’inspirent les groupes armés dissuade légitimement de nombreux jeunes de risquer leur vie en circulant en uniforme. Alors, ils choisissent de quitter l’armée et le pays.

Par exemple, les déserteurs kurdes syriens se réfugient dans la région autonome du Kurdistan irakien. A Erbil surtout, dans un quartier peuplé de Kurdes syriens que l’on surnomme « le petit Qamishli ». D’autres rejoignent les camps de réfugiés d’Irak, du Liban, de la Turquie ou de la Jordanie. Le terme de « déserteur » servant à désigner les militaires qui ont fait défection pour rejoindre le camp adverse et tirer sur leurs anciens camarades est donc inapproprié. Il serait plus correct de parler de transfuges.

Voici une analyse de Maghreb Intelligence, une agence que l’on ne peut soupçonner de collusions avec le régime de Damas et qui appuie la thèse de la démobilisation des jeunes appelés, de la faiblesse de l’ASL et de la présence de salafistes armés sur le champ de bataille :

D’après un rapport émanant d’une ambassade européenne à Damas et corroboré par des enquêtes menées par des centres de recherches français à la frontière turque, l’Armée Libre Syrienne -ALS- ne compterait en tout et pour tout que quelque 3000 combattants. Ils sont pour la plupart armés de fusils de chasse, de Kalachnikov et de mortiers de fabrication chinoise provenant d’Irak et du Liban. D’après ce rapport, l’ALS n’a pas pu enrôler la majorité des 20 milles militaires qui auraient déserté l’armée de Bachar Al Assad. D’ailleurs, l’ALS est particulièrement présente dans les camps de réfugiés établis sur le territoire turc. A Hama, Deraa et Idlib ce sont davantage des groupes armés salafistes qui donnent la réplique à l’armée syrienne. Ces salafistes, particulièrement violents et déterminés, proviennent dans leur grande majorité de la mouvance sunnite radicale active au Liban. (6)

A part le fait d’être impitoyable, infiltrée par des groupes sectaires et en manque d’effectifs, l’Armée syrienne libre est désorganisée. Elle n’est pas chapeautée par une direction centrale et unifiée. (7)

De nombreuses indications, notamment les saisies d’armes réalisées à divers postes-frontières du pays, montrent que l’ASL reçoit des armes de l’étranger et ce, depuis le début de l’insurrection, ce que l’ASL démentait avant de demander ouvertement une intervention militaire étrangère sous forme de bombardements, d’appui logistique ou de création de zones-tampons. Au début de son insurrection, le groupe armé dissident ne voulait visiblement pas donner l’image d’une cinquième colonne agissant pour des forces étrangères ni compromettre ces généreux mécènes que l’on devine. On se souviendra que dans le documentaire de propagande anti-Bachar réalisé par Sofia Amara, intitulé « Syrie : Permis de tuer » et diffusé sur la chaîne frano-allemande Arte en octobre 2011, un soldat de l’ASL est sur le point de révéler ses fournisseurs étrangers quand son supérieur le somme de se taire.


Le front jordanien

L’allégeance de la monarchie hachémite à Washington et Tel-Aviv relève du lieu commun. Pour satisfaire ses alliés, la Jordanie a d’ailleurs été le premier régime arabe à appeler Bachar El-Assad à quitter le pouvoir. Le 22 février 2012, le correspondant du Figaro, Georges Malbrunot révélait que la Jordanie avait acheté à l’Allemagne quatre batteries anti-missiles Patriot américains « pour protéger Israël contre d’éventuelles attaques aériennes menées depuis la Syrie. » (8) Ces missiles devraient être installés à Irbid, non loin de la frontière syrienne.

Déjà en 1981, la monarchie sécuritaire alliée des Etats-Unis avait laissé faire l’aviation israélienne qui avait violé son espace aérien pour aller bombarder le réacteur nucléaire irakien d’Osirak.

En politique intérieure, la Jordanie n’affiche pas une posture plus progressiste. Ainsi, des décennies durant, Amman a encouragé les Frères musulmans selon un calcul politique motivé par le souci d’éradiquer l’ennemi principal, à savoir l’opposition de gauche laïque (communiste, baathiste et nassérienne). Selon M. Abdel Latif Arabiyat, ancien ministre et ex-porte-parole du Parlement jordanien : « La confrérie n’était pas une organisation révolutionnaire, elle prônait la stabilité. Avec la montée en puissance des partis nationalistes et de gauche, nous avons conclu une alliance officieuse avec les autorités » (9). En 1970, les Frères musulmans se rangèrent du côté de la monarchie lorsque le roi Hussein ordonna l’écrasement des fédayins palestiniens. Motus donc de la part des Frères musulmans devant le massacre dit du « Septembre noir » dans lequel près de vingt mille Palestiniens ont été massacrés. De cette stratégie d’instrumentalisation des Frères musulmans jordaniens, ce sont finalement ces derniers qui sont sortis vainqueurs puisqu’ils représentent aujourd’hui le principal mouvement d’opposition du pays. Pour le royaume hachémite, les Frères musulmans constituaient un moindre mal à la fois par rapport à la gauche mais aussi par rapport aux mouvements djihadistes. Ce mariage de raison n’a pas tenu longtemps. Et finalement, la monarchie se vit contrainte de réprimer un mouvement devenu trop puissant.

Entretemps, la Jordanie subit plusieurs attentats terroristes. En 2005, ce sont des hôtels de la capitale Amman qui furent visés par des groupes salafistes. Abou Moussab Al Zarqawi, l’ancien chef d’Al Qaïda en Irak, est lui-même originaire de Zarqa, une ville jordanienne située au Nord-est d’ Amman. La révolte syrienne contre le régime ayant éclaté à Deraa, une ville méridionale proche de la frontière jordanienne, elle a éveillé l’appétit de conquête du courant djihadiste basé en Jordanie qui s’était essoufflé suite aux nombreuses pertes essuyées dans les rangs d’Al Qaïda. On y trouve entre autres la Brigade Tawhid, une petite armée djihadiste formée de plusieurs dizaines de combattants naguère actifs au sein du Fatah Al-Islam et s’infiltrant en Syrie pour attaquer l’armée gouvernementale. (10) Le portail d’info libéral jordanien Al Bawaba révèle que la ville frontalière de Ramtha accueille des mercenaires libyens payés par l’Arabie saoudite et le Qatar.

Par ailleurs, étant situé entre la Syrie et l’Arabie saoudite, le royaume hachémite est un passage obligé pour tous les djihadistes, les instructeurs et les convois militaires envoyés par Ryad.


Le front saoudien

A l’instar du royaume hachémite, la fidélité de la dynastie Saoud à l’Oncle Sam n’est un secret pour personne et ce depuis le Pacte du Quincy signé sur le croiseur américain du même nom entre Roosevelt et Abdelaziz Ben Saoud en février 1945. Cet accord allait permettre aux Etats-Unis de s’assurer un approvisionnement énergétique sans entrave moyennant une protection de son vassal face à leurs adversaires régionaux communs, notamment le nationalisme arabe et l’Iran dont certains territoires passaient sous influence soviétique. Lorsque la crise syrienne éclata, Etats-Unis et Arabie saoudite fêtaient leurs noces de jasmin pour leurs 66 années de vie commune en scellant le plus grand contrat d’armement de l’histoire : 90 milliards de dollars, impliquant la modernisation de la flotte aérienne et de la marine saoudiennes.

On s’en doutera, l’Etat wahhabite ne pouvait rester les bras croisés face aux événements qui secouent la Syrie, un pays phare du nationalisme arabe et de surcroît, ami de l’Iran, son ennemi juré.

Ryad alimente le terrorisme anti-syrien sous diverses formes : diplomatique, économique, religieux, logistique et bien sûr militaire. La Maison des Saoud parraine les djihadistes actifs en Syrie en les encourageant par le biais de ses propagandistes attitrés à mettre le pays à feu et à sang.

Par exemple, après avoir autorisé le djihad en Libye et appelé à l’élimination de Mouammar Kaddhafi, l’une des plus grandes autorités juridiques et fatalement religieuses du pays, le Cheikh Saleh Al Luhaydan s’est dit favorable à l’extermination d’un tiers des Syriens pour en sauver les deux tiers.

Sur la chaîne télévisée saoudienne Al-Arabiya TV, le prédicateur Aidh Al-Qarni a déclaré que « Tuer Bachar est plus important que tuer des Israéliens ». (11)

C’est depuis Ryad et via la chaîne Wessal TV qu’Adnan Al Arour appelle à hacher les alaouites et à donner leur chair aux chiens.

Les récentes déclarations christianophobes du Cheikh Abdul Aziz bin Abdullah, rapportées par Arabian Business, ne vont sans doute pas rassurer les chrétiens de Syrie : s’appuyant sur un hadith décrivant le prophète Mahomet sur son lit de mort, déclarant qu’il « ne devrait pas y avoir deux religions dans la péninsule arabique », le cheikh saoudien Abdullah qui n’est autre la plus grande autorité wahhabite au monde, en a déduit qu’il fallait détruire « toutes les églises de la région ». Les chrétiens de Syrie en proie à la haine religieuse, trouvent dans cette déclaration, une raison de plus pour soutenir Bachar el-Assad.

Nombreux sont les citoyens syriens hostiles au régime de Bachar el-Assad qui s’inquiètent du parrainage de leur mouvement démocratique par une théocratie qui décapite encore des femmes pour sorcellerie, qui torture ses opposants politiques dans les prisons et qui ne connaît ni Parlement ni élection.

Sous le soleil de Ryad, il y a aussi Bandar que l’on ne présente plus.

Son rôle trouble dans les attentats de Londres, le financement de groupes salafistes armés revendiqué par l’intéressé, ses collusions avec le Mossad, sa haine du Hezbollah, de la Syrie et de l’Iran font du prince saoudien Bandar Ben Sultan, secrétaire-général du Conseil national de sécurité, une pièce maîtresse du plan de destruction de la Syrie laïque, multiconfessionnelle, souveraine et insoumise. Il n’y a donc pas vraiment de quoi s’étonner lorsque la dictature saoudienne s’engage aux côtés de son voisin et concurrent qatari, à verser les salaires des mercenaires antisyriens lors de la réunion des « amis de la Syrie » à Istanbul.


Le front qatari

Le Qatar, c’est avant tout, une gigantesque base militaire US, la plus grande qui se trouve en dehors des Etats-Unis. Et puis, accessoirement, c’est le royaume d’un petit émir médiocre, fourbe et cupide. Dans son royaume, il n’y a ni Parlement, ni Constitution, ni partis, ni élections. En 1995, il organise un coup d’Etat contre son propre père. A peine arrivé au pouvoir, le pétromonarque putschiste se lance dans un vaste programme de partenariat économique avec l’Etat sioniste prévoyant notamment la commercialisation du gaz qatari en Israël. En 2003, l’émir du Qatar autorise l’administration Bush à se servir de son territoire pour lancer l’assaut sur l’Irak. Avec le reste de sa famille, il contrôle l’ensemble de la vie économique, politique, militaire et culturelle du pays. La célèbre chaîne télévisée Al Jazeera est son joujou personnel. En peu de temps, il en a fait une puissante arme de propagande anti-syrienne. Grâce aux bidonnages d’Al Jazeera, la CIA et le Mossad peuvent s’offrir des vacances. Le nom de sa Majesté : Hamad Ben Khalifa al Thani. Le printemps arabe ? Il en est le principal bâilleur de fonds. Car pour lui, tout s’achète : le sport, l’art, la culture, la presse et même la foi. Alors, vous pensez bien, une révolution…

L’année dernière, l’émir Hamad envoya 5.000 commandos pour appuyer la rébellion djihadiste contre la Libye souveraine. A présent, son nouveau jeu de casino, c’est la Syrie et les rebelles de ce pays, des jetons de mise. Lorsque ces derniers subissent un revers de la part de l’armée arabe syrienne, il hurle au génocide. Hamad et sa clique, c’est l’hôpital qui se moque de la charité. Et à propos de charité, il a justement embauché un prédateur notoire de la paix et de la démocratie, le cheikh Al Qardawi, histoire d’islamiser le message de la chaîne. Mais malgré ses dollars et ses campagnes de mobilisation contre la Syrie, Al Jazeera est une armée en déroute.

Les coulées de désinformation qui se déversent à propos de la Syrie depuis les studios de la chaîne ont entraîné la démission de ses plus grandes vedettes. De Wadah Khanfar à Ghassan Ben Jeddo, de Louna Chebel à Eman Ayad, Al Jazeera a subi d’importantes défections qui passent inaperçues dans la presse occidentale.

En mars 2012, Ali Hachem et deux de ses collègues quittent eux aussi le navire de la piraterie informative qatarie. Certains des courriels d’Ali Hachem fuités font état de mesures de censure prises par Al Jazeera concernant des images de combattants anti-Bachar s’infiltrant en Syrie depuis le Liban qui datent d’avril 2011. Ces images font donc remonter la présence d’une opposition armée de type terroriste aux débuts du « printemps syrien ». Leur publication aurait fait voler en éclats l’imposture selon laquelle le mouvement anti-Bachar ne se serait radicalisé qu’à la fin de l’année 2011, une thèse reprise en chœur par toutes les chancelleries occidentales.

En dépit de ces scandales à répétition, « nos » médias continuent de considérer Al Jazeera comme une source fiable et son patron, l’émir Hamad, comme un apôtre de la démocratie syrienne.


Le front irakien

L’invasion de l’Irak par les troupes américano-britannique en mars 2003 a joué un rôle crucial dans l’augmentation du nombre de djihadistes syriens. Les poste-frontières comme Bou Kamal sont devenues des points de passage pour les djihadistes syriens allant combattre les forces d’occupation en Irak. Nombre de Syriens ont été grossir les rangs des bataillons d’Abou Moussab al-Zarqawi. Depuis l’été 2011, le processus s’est visiblement inversé puisque désormais, les militants sunnites irakiens franchissent la frontière pour aller combattre les troupes syriennes.


Al Qaida

La branche irakienne d’Al Qaida appelée Tanzim Qaidat al-Jihad fi Bilad al-Rafidayn (Organisation de la base du Jihad au Pays des deux fleuves) comptait de nombreuses recrues syriennes. On dit que 13% des volontaires arabes en Irak étaient syriens. (12) Leur terreur fut à l’égal de leur réputation. Al Qaida causa de tels dégâts au sein de la résistance irakienne sunnite que ces derniers durent se résigner à ouvrir un front anti-Al Qaida. En 2006, un Conseil de secours d’Anbar regroupant la majorité des clans et tribus de la province rebelle vit le jour. Son but était de nettoyer la province des terroristes d’Al Qaida. (13) A Falloujah et à Qaim, les chefs de tribus qui initialement ouvrirent les bras à la bande à Zarqawi finirent par retourner leurs armes. Pour avoir déclaré la guerre à Al Qaida, ils reçurent même le soutien du gouvernement irakien. La terreur aveugle d’Al Qaida a ainsi grandement neutralisé la résistance patriotique irakienne. Tous ces vétérans de la guerre contre les Américains mais aussi contre l’Iran, les chiites et les patriotes sunnites irakiens ont trouvé un nouveau salut dans la guerre contre le régime de Damas.

De décembre 2011 à mars 2012, les villes de Damas, Alep et Deraa ont été la cible de plusieurs attentats suicides ou à la voiture piégée faisant des dizaines de morts et de blessés. Ces attaques ont été revendiquées par Al Qaida ou attribuées à l’organisation takfiriste par les autorités syriennes et les experts internationaux en anti-terrorisme qui confirment l’infiltration de terroristes depuis l’Irak.


Jabhat Al-Nusra Li-Ahl al-Sham (Front de soutien à la population du Levant)

Le 24 janvier dernier, ce groupe a annoncé son apparition dans divers forums islamistes. Mais ce nom à rallonge semble être un diminutif de Jabhat Al Nusra li Ahl Al Sham min Mujahideen al Sham fi Sahat al Jihad ou Front de soutien à la population du Levant par les Moudjahidines de Syrie dans les lieux du Jihad.

D’après les experts en terrorisme, l’expression « Lieux du Djihad » suggère que les membres de ce groupe mènent leur guerre sainte sur d’autres fronts comme l’Irak. C’est d’ailleurs ce que révèle le leader du groupe Abou Mohammed al Julani dans une vidéo mise en ligne au milieu du mois de mars. Al Julani signifie le Golanais, référence syrienne explicite. Comme tous les groupes terroristes, Jabhat Al Nusra dispose d’un organe de presse : Al Manara al Bayda, le phare blanc. (14)

Jabhat Al Nusra reçoit l’appui d’un cyber-salafiste éminent dénommé Abou Moundhir al Shanqiti. Ce dernier a émis une fatwa appelant les musulmans à se ranger dans le camp de ceux qui élèvent le drapeau de la charia en Syrie.



Le front turc

En Turquie, pays membre de l’OTAN depuis 60 ans qui accueillera bientôt le bouclier anti-missile, c’est l’Armée syrienne libre qui tient le haut du pavé. Son chef présumé, Riyad Al Assaad est hébergé dans la province turque anciennement syrienne du Hatay et bénéficie de la protection directe du ministère des affaires étrangères. La Turquie est comme chacun sait l’un des plus ardents ennemis du régime de Damas. Craignant de « passer pour des impérialistes », les forces de l’OTAN poussent Ankara à franchir le Rubicon ou disons l’Oronte en la circonstance, dans la guerre contre la Syrie.

De nombreuses sources font état d’un axe Tripoli-Ankara dans la guerre contre Damas. Un trafiquant d’armes libyen évoque l’achat d’équipements militaires légers par des Syriens à Misrata (15). L’ex-officier de la CIA et directeur du Conseil de l’intérêt national US Philip Giraldi parle carrément d’un transport aérien de l’arsenal de l’ex-armée libyenne vers la Syrie via la base militaire américaine d’Incirlik située dans le sud de la Turquie à moins de 180 km de la frontière syrienne. Il affirme que l’OTAN est déjà clandestinement engagée dans le conflit syrien sous direction turque.

Giraldi confirme aussi l’information parue en novembre dernier dans le Canard enchaîné, à savoir que des forces spéciales françaises et britanniques assistent les rebelles syriens tandis que la CIA et les Forces spéciales US leur fournissent des équipements de communications et d’espionnage.

Un autre ex-agent de la CIA, Robert Baer, dont les mémoires (16) ont inspiré le film Syriana de Stephen Gaghan avec George Clooney en tête d’affiche, a déclaré à l’été 2011 que des armes sont envoyées aux rebelles syriens depuis la Turquie. (17)

Sibel Edmonds, cette interprète de la FBI censurée pour avoir dénoncé des abus commis par les services de renseignement américains, affirme que la livraison d’armes aux rebelles syriens est assurée par les Etats-Unis depuis mai 2011. Les Etats-Unis auraient également installé en Turquie une « division de communication » dont la mission est de convaincre les soldats de l’armée syrienne à rejoindre la rébellion. (18)

L’implication des mercenaires libyens ne serait pas uniquement logistique. Selon plusieurs témoins oculaires dont un reporter du quotidien espagnol ABC, des djihadistes libyens, dont certains membres du Groupe islamique combattant libyen (GICL) sont concentrés aux frontières syro-turques. (19)

Dans la région majoritairement arabophone d’Antioche en Turquie qui jouxte la Syrie, la population locale croise un nombre exceptionnellement élevé de Libyens. Occupant les plus luxueux hôtels de la région, ils ne passent pas inaperçus. Certains de ces Libyens multiplient les actes de vandalisme dans certaines zones touristiques comme à Antalya. Des miliciens libyens séjournant en Turquie ont plusieurs fois attaqué et occupé leur ambassade à Istanbul pour réclamer leur solde. A ce tableau étrange vient s’ajouter l’arrestation d’un Libyen de 33 ans à l’aéroport d’Istanbul en possession de 2,5 millions de dollars. Le 1er avril, ce Libyen faisait escale à Istanbul. Sa destination finale : la Jordanie, un pays où l’on signale un grand nombre de mercenaires libyens massés à la frontière syrienne. Tiens, tiens… (20)


Et les USA dans tout ça ?

Comte tenu des allégations de certains agents de la CIA concernant l’implication US dans la déstabilisation de la Syrie, est-il raisonnable de croire que l’administration Obama serait indifférente voire complaisante à l’égard d’un pays qui figure pourtant dans la liste des « Etats voyous » pour son soutien à la résistance palestinienne et son alliance stratégique avec le Hezbollah et l’Iran ? La Syrie est à ce titre cité parmi les sept pays contre lequel « l’utilisation de l’arme nucléaire est envisageable ». A ceux qui croient en l’inaction des forces occidentales en Syrie et à leur bonne foi dans leur défense des civils syriens, il convient de leur rappeler qu’il y a un an, l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) sous commandement américain jurait par tous les saints vouloir agir par « responsabilité de protéger » le peuple libyen et promettait de s’en tenir à la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations Unies afin d’ « empêcher le dictateur Kadhafi de bombarder sa population » et que, subitement, la protection des citoyens libyens s’est muée en engagement militaire dans une guerre civile, en coup d’état, en attentats ciblés et en bombardements aveugles.

On se souviendra aussi qu’après avoir anéanti la ville libyenne de Syrte où le dirigeant libyen s’était retranché, les forces de l’OTAN le livrèrent en pâtures à des bandes criminelles qui le torturèrent à mort. Cette sordide exécution avait été facilitée par les USA et l’OTAN puisqu’ils ont préalablement traqué et bombardé son convoi. Pourtant, Andres Fogg Rasmussen et ses comparses qui se félicitèrent de la mort de Kadhafi répétèrent des mois durant que le dirigeant libyen n’était pas leur cible.

La cynique stratégie des USA et de l’OTAN en Libye qui consistait à « ne pas dire ce que l’on fait et ne pas faire ce que l’on dit » est manifestement celle qui a été choisie pour la Syrie.

En effet, officiellement, l’OTAN n’a pas l’intention d’intervenir dans ce pays. Rasmussen a même rappelé que son organisation n’armera pas les rebelles. Pourtant, certains courriers électroniques de l’agence de renseignement privée américaine Stratfor révélés par WikiLeaks le 27 février dernier indiquent la présence de forces spéciales occidentales en Syrie.

Le compte-rendu d’une réunion, daté du 6 décembre 2011, sous-entend que des forces spéciales auraient été présentes sur le terrain dès la fin de l’année 2011. A ce propos, le courriel du directeur d’analyse de Stratfor Reva Bhalla est sans équivoque. (21) Il est question d’une réunion regroupant « quatre gars, niveau lieutenant colonel dont un représentant français et un britannique  » :

Au cours d’un entretien qui dura près de deux heures, ils auraient insinué que des équipes des Forces spéciales étaient déjà sur le terrain, travaillant à des missions de reconnaissance et à l’entraînement des forces de l’opposition.

Les stratèges occidentaux réunis aux Etats-Unis sembleraient rejeter l’hypothèse d’une opération aérienne sur le modèle libyen et privilégier l’option d’une guerre d’usure sous forme d’attaques de guérilla et de campagnes d’assassinat afin «  provoquer un effondrement de l’intérieur.  »

Ils auraient jugé la situation syrienne beaucoup plus complexe que celle de la Libye et le système de défense syrien trop performant, surtout ses missiles sol-air SA-17 disposés autour de Damas et le long des frontières israélienne et turque. En cas d’attaque aérienne, l’opération serait conduite depuis les bases de l’Otan à Chypre, conclut l’agence Stratfor.

Si jusqu’à présent, les Etats-Unis n’ont pas envoyé leurs bombardiers sur Damas, ce n’est donc pas parce que le maintien du régime syrien les arrange mais parce que ce régime n’est pas une bouchée facile. En apportant leur appui aux groupes armés, les USA se rendent néanmoins complices des massacres en Syrie.

L’OTAN et les Etats-Unis viennent ainsi compléter la très sympathique photo de famille du terrorisme anti-syrien aux côtés des monarchies du Golfe, des mercenaires libyens, des propagandistes salafistes et d’Al Qaida.


Conclusions

Le terrorisme anti-syrien est une réalité qui crève les yeux au sens propre comme au sens figuré. Son apparition est antérieure au printemps arabe. Durant les années 70 et 80, les Frères musulmans syriens en furent les principaux acteurs. Après avoir mis le pays à feu et à sang, ils furent écrasés par l’armée syrienne principalement à Hama en 1982. La dictature baassiste misa sur des moyens militaires pour éradiquer ce fléau mais comme bien souvent, la répression a au contraire eu pour effet d’ajourner voire d’amplifier la menace. Avec le retrait syrien du Liban en 2005, les mouvements djihadistes se sont implantés et renforcés dans la région libanaise de Tripoli puis dans les camps palestiniens du pays du Cèdre. Ils y ont retrouvé une nouvelle jeunesse et l’occasion de prendre leur revanche sur le régime baassiste en lançant des attaques en territoire syrien. Puis ils ont connu une troisième renaissance avec le printemps syrien de mars 2011.

Composés de toutes les nationalités qui peuplent la région, les courants djihadistes anti-syriens affichent un antinationalisme radical qui ne reconnaît aucune limite territoriale. Ils ne peuvent donc être associés strictement à un seul pays de la région. On trouve ainsi dans leurs rangs des Saoudiens, des Maghrébins, des Jordaniens, des Libyens, mais aussi de nombreux Palestiniens ultraconservateurs qui rejettent l’idée de lutte de libération nationale en Palestine à la faveur d’une stratégie de guerre de religions « contre les Juifs et les Croisés ».

Ces groupes politico-militaires ont causé des dommages significatifs à de nombreux mouvements de libération ainsi qu’à tous les gouvernements nationalistes arabes. En Irak par exemple, les militants d’Al Qaida ont farouchement combattu la résistance sunnite qui pourtant luttait contre les troupes américaines.

Aujourd’hui, les gouvernements libanais et irakien, alliés objectifs du régime syrien et en proie à ces mêmes groupes armés, tentent de bloquer le passage des djihadistes vers la Syrie.

Mais la connaissance du terrain de ces derniers disposant d’un soutien logistique sophistiqué de la part de l’OTAN et de ses alliés du Golfe rend ses frontières poreuses. Par exemple, certaines tribus sunnites transfrontalières, naguère en lutte contre les troupes d’occupation américaines et contre les chiites et aujourd’hui hostiles au régime de Damas pour des motifs essentiellement sectaires, acheminent armes, équipements et combattants depuis la province irakienne d’Anbar vers le district syrien de Deir Ez-Zor.

L’OTAN est donc bel et bien militairement engagée en Syrie par l’intermédiaire de ses alliés arabes mais aussi et surtout par le biais de la Turquie qui, selon les propres déclarations du premier ministre Recep Tayyip Erdogan, est un acteur clé dans la réalisation du Projet américain du Grand Moyen-Orient, un plan qui vise à abattre les dernières poches de résistance anti-US de la région.

Eviter de comparer les scènes de destruction, de massacres et de désolation qui nous parviennent de Syrie avec la guerre civile algérienne des années 90 devient de plus en plus difficile. D’autant que la Syrie et l’Algérie, pays phare du nationalisme arabe, sont tous deux dotés de gouvernements politico-militaires issus d’une guerre de libération contre la France coloniale et sont tous deux confrontés à un terrorisme d’un même genre. Les djihadistes algériens étaient des vétérans d’Afghanistan qui combattirent les troupes soviétiques alors que les djihadistes aujourd’hui actifs en Syrie ont fait leurs armes sur les fronts irakien, afghan ou libyen. Dans l’Algérie des années 90 comme dans la Syrie de 2012, les groupes terroristes procèdent à un nettoyage ethnique, idéologique et confessionnel méthodique. Une différence de taille tout de même entre les deux pays : s’il demeure une menace, le terrorisme algérien a malgré tout pu en grande partie être neutralisé grâce à des moyens politiques basés sur le dialogue et la réconciliation. L’un des architectes de la paix algérienne fut Ahmed Ben Bella, héros révolutionnaire et premier président de l’Algérie indépendante. Il nous a quittés le 11 avril dernier. Osons espérer que la Syrie trouvera son Ahmed Ben Bella.

Bahar Kimyongür

http://mediawerkgroepsyrie.wordpress.com/2012/04/15/le-terro...

Sources

  1. Avec un bémol : le président de la République doit obligatoirement être musulman. Cet article de la Constitution a été maintenu malgré la nouvelle réforme pour ne pas s’aliéner la majorité musulmane du pays.
  2. A propos du mensonge sur l’appartenance religieuse du cheikh Hassoune, voir Envoyé Spécial, 19 janvier 2012. A propos d’Ali Mamlouk, voir Le Figaro, 31 juillet 2011
  3. Sunday Telegraph, 29 octobre 2011
  4. Voir U.S. Department of State, Foreign Terrorist Organizations, 27 janvier 2012
  5. Ulrike Putz, The Burial Brigade of Homs in Der Spiegel, 29 mars 2012
  6. Maghreb Intelligence, 17 février 2012
  7. Nir Rosen, Al Jazeera online, 13 février 2012
  8. Georges Malbrunot, Le Figaro, 22 février 2011
  9. Vicken Cheterian, Le Monde diplomatique, mai 2010
  10. David Enders, McClatchy Newspapers, 1er avril 2012
  11. Sabq (journal saoudien en ligne), 26 février 2012
  12. The Jamestown Foundation, Terrorism Monitor, 2 décembre 2005
  13. Peter Beaumont, The Guardian, 3 octobre 2006
  14. Ayfer Erkul, De Morgen, 20 mars 2012
  15. Ruth Sherlock, The Telegraph, 25 novembre 2011
  16. Robert Baer, La chute de la CIA : les mémoires d’un guerrier de l’ombre sur les fronts de l’islamisme (trad. Daniel Roche de See not evil, Three Rivers Press, New York, 2001) collection Folio documents, Ed. Gallimard, 2002
  17. Hürriyet, 8 mars 2012
  18. Interview de Sibel Edmonds, Russia Today, 16 décembre 2012
  19. Daniel Iriarte, Islamistas libios se deplazan a Siria para « ayudar » a la revolucion, 17 décembre 2011
  20. Milliyet, 2 avril 2012
  21. Russia Today, 6 mars 2012

Source :
http://www.legrandsoir.info/le-terrorisme-anti-syrien-et-ses-connexions-internationales.html

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19 avril 2012 4 19 /04 /avril /2012 07:15

 



Mondialisation.ca, Le 17 avril 2012

 






Terroristes, islamistes, trafiquants, preneurs d’otages, voleurs, violeurs de fillette, égorgeurs, usurpateurs minoritaires, indépendantistes illégitimes, aventuriers sans programme politique, activistes obscurantistes et quasi-médiévaux et, pour couronner le tout, destructeurs potentiels de manuscrits trésors de l’humanité… Le bon vieux scénario colonial de terreur barbare et de diabolisation des rebelles touaregs au Mali s’étale à la une, alors que la création de la République de l’Azawad vient d’être déclarée le 6 avril 2012 par le MNLA (Mouvement National de Libération de l’Azawad). L’aspiration à l’indépendance d’une population malmenée depuis cinquante ans par un Etat dont le caractère "démocratique" relève de la langue de bois est malvenue dans la zone saharo-sahélienne. Dans le tableau caricatural présenté à l’opinion publique, l’innommable demeure la revendication politique des Touaregs, systématiquement tue par les experts assermentés. Le motif du jihad islamiste vient à point nommé pour étouffer tout élément d’intelligibilité de la situation et légitimer la répression à venir du mouvement et peut-être, comme par le passé, les dérives génocidaires. Qui se souvient des milices paramilitaires maliennes qui, juste après les accords de paix signés entre la rébellion et le gouvernement malien en 1991, ont été lancées contre les civils touaregs et maures à "peau rouge", torturés, tués, décimés ou contraints à l’exil (1), dans un silence international fracassant et sous le gouvernement même d’ATT, président du Mali démocratique, aujourd’hui détrôné par une junte militaire non démocratique ?

Le canevas jihadiste n’a rien de nouveau, il a été régulièrement brandi et activé, d’abord au sujet de la guerre anticoloniale menée par les Touaregs jusqu’à l’écrasement complet de leur résistance en 1919, puis à chaque soubresaut contre les régimes autoritaires des Etats postcoloniaux, mis en place en fonction des intérêts de l’ancien empire colonial. L’amalgame entre insurgés touaregs, islamistes et terroristes, sans compter les autres registres diffamatoires, est un raccourci commode pour éradiquer, sous couvert de lutte anti-terroriste, toute contestation politique de la part des Touaregs, toute déclaration ou action qui pourrait contrarier les intérêts des grands acteurs politiques et économiques de la scène saharienne. Les opposants sont d’ailleurs immédiatement pris en main par les services spéciaux des Etats à l’aide des dispositifs habituels : intimidation, diffamation ou corruption. L’un des petits cadeaux classiques et anodins que les services français ont toujours offert spontanément à leurs "amis touaregs" est un téléphone portable, satellitaire si nécessaire, directement branché sur les centres d’écoute. (2)

Mais l’enjeu essentiel de la question saharo-sahélienne ne se joue pas à l’échelle locale. Il concerne l’économie mondiale et le redécoupage des zones d’influence entre les puissances internationales avec l’entrée en scène de nouveaux acteurs (américains, chinois, canadiens, etc) qui bousculent l’ancien paysage colonial. L’accès convoité aux richesses minières (pétrole, gaz, uranium, or, phosphates...) dont regorgent le Niger, la Libye, l’Algérie, et le Mali d’après des prospections plus récentes, est au centre de la bataille invisible qui se déroule dans le désert. Les communautés locales n’ont jusqu’ici jamais comptées en tant que telles, mais seulement comme leviers de pression qu’ont systématiquement cherché à manipuler les Etats en concurrence. C’est ainsi que les revendications politiques touarègues ont longtemps été contenues dans les limites strictes d’une autonomie régionale, d’ailleurs jamais appliquée par les Etats ; et c’est pourquoi l’autre manette d’action que représentent les islamistes est devenu une réalité saharienne. Par contre, la question des liens étroits qu’entretient la création des groupes islamistes au Sahara avec, au premier rang, l’Etat algérien, n’est pratiquement jamais évoquée. De même qu’un silence de plomb règne sur les interventions constantes des services secrets français, algériens et libyens pour contrôler à leur profit la rébellion touarègue, la divisant en groupes rivaux destinés à se neutraliser les uns les autres.

Sous la pression des nouveaux contextes politiques nationaux et internationaux, les mouvements insurrectionnels touaregs ont, de leur côté, fortement modifié leurs revendications et leurs axes de mobilisation, dans la forme comme dans le contenu. Ils sont passés d’un projet d’indépendance politique de tout le "territoire des Touaregs et de ses marges" (Kawsen) au début du XXe siècle, lors de l’insurrection générale contre l’occupation coloniale, à des revendications plus restreintes : en 1963, les Touaregs de l’Adagh se soulèvent contre le découpage frontalier (entre le Mali et l’Algérie) qui les privent d’une partie de leur territoire et les séparent des Touaregs de l’Ahaggar ; la répression par l’armée malienne contre les civils sera féroce, laissant des cicatrices indélébiles jusqu’à aujourd’hui et cette terreur instaurée contre la population sans défense fournira le modèle privilégié utilisé pour réprimer chaque nouvelle insurrection touarègue dans les Etats de la zone saharosahélienne. Dans les années 1990, les mouvements rebelles du côté nigérien autant que malien expriment une revendication d’autonomie régionale infra étatique qui ne remet plus en cause les frontières postcoloniales. Les mouvements nés en 2007 s’insurgent contre la mal gouvernance mais, en dépit de leur inscription dans l’identité nationale étatique – "Notre identité est Niger" déclare le 23 avril 2008 Aghali Alambo, responsable touareg du Mouvement des Nigériens pour la Justice –, ils sont accusés d’ethnicisme et de communautarisme. En février 2012, le MNLA, fondé par des Touaregs du côté malien et armé d’une force de frappe inédite suite à l’effondrement de la Libye, revendique clairement "l’indépendance de l’Azawad" et une ligne politique républicaine, laïque et pluri-communautaire. Un nouveau mouvement, Ansar Dine, dirigé par Iyad ag Ghali, surgit en mars 2012, alors que l’action armée du MNLA est déjà engagée : l’objectif d’Ansar Dine est religieux et sa tendance salafiste, visant à instaurer la sharia dans tout le Mali et l’Afrique de l’ouest. Iyad Ag Ghali s’exprime bruyamment dans les média et donne l’occasion aux responsables politiques internationaux de brandir à nouveau la menace islamiste comme étendard de terreur et argument qui légitimerait une intervention militaire soutenue par la communauté internationale.

La carte du péril terroriste dans la zone saharo-sahélienne est jouée. Le projet était déjà dans les cartons des Etats bien avant les événements actuels. L’existence d’al Qaïda au Maghreb est en effet un schéma qui s’ébauche en 2001 quand le Département de Renseignement et de Sécurité algérien (DRS) annonce que l’armée a abattu un combattant yéménite présenté comme un émissaire de Ben Laden cherchant à assurer la liaison avec le Groupe Salafiste pour la Combat (GSPC). Dans le cadre de la lutte anti-terroriste, les Etats-Unis promettent à l’Algérie une aide en équipement militaire qui tarde à venir jusqu’à ce qu’un événement opportun survienne pour sceller la coopération américano-algérienne : l’enlèvement en mars 2003 de trente-deux touristes européens dans le sud algérien par des membres du GSPC. Ce groupe est dirigé par Amari Saïfi, alias Abderrezak El Para. Mais l’itinéraire de cet ancien militaire algérien révèle de nombreuses incohérences (3) qui montrent qu’il s’agit plutôt d’un "agent infiltré du DRS" (Malti, 2008). Sur le terrain, les observateurs touaregs constatent que les ravisseurs se ravitaillent dans les casernes du sud algérien et que certains d’entre eux, croisés sur les pistes sahariennes, n’ont visiblement pas passé la nuit à la belle étoile. La capture d’El Para en 2004 par un petit groupe de rebelles tchadiens qui propose sans succès à l’Algérie, aux USA et à la France de leur livrer l’islamiste le plus recherché d’Afrique, montre que cet épisode n’entrait pas dans le scénario organisé de la traque des "terroristes" à travers tout le Sahara. C’est finalement la Libye qui se chargera d’extrader El Para vers l’Algérie. Le rapt des otages dont un groupe sera libéré contre rançon au nord du Mali après une étrange mise en scène d’affrontement armé, donne l’occasion au président américain Bush d’agiter le spectre d’Al Qaïda au Sahara et d’affirmer la nécessité d’étendre la chasse aux extrémistes, de la corne de l’Afrique à l’Atlantique.

La Pan-Sahel Initiative (programme d’assistance militaire américaine au Mali, Niger, Tchad et Mauritanie), élaborée dès 2002, devient opérationnelle en 2003 avec l’envoi de troupes américaines sur le sol africain. Cette coopération militaire s’étend en 2005 à tous les pays adjacents (Tunisie, Algérie, Maroc, Sénégal, Nigéria) et devient l’Initiative du Contre-terrorisme trans-saharien. Le Rapport sur le terrorisme dans le monde publié en avril 2007 par le département d’État américain, produit une carte explicite qui désigne comme "Terrorist Area" pratiquement toute la zone saharo-sahélienne, et en particulier celle où évoluent les Touaregs et leurs anciens partenaires économiques et politiques. Les routes caravanières et les axes de circulation habituels des familles sont inclus dans ce périmètre terroriste. Pour l’Algérie, seuls les espaces frontaliers avec le Maroc, le Mali, le Niger et la Libye, font partie de l’aire incriminée, alors même que les attentats islamistes à cette période précise ont tous lieu au nord de ce pays, et notamment dans sa capitale. Le rapport américain allègue que ces zones désertiques servent de refuge aux organisations terroristes défaites au Moyen-Orient. Selon le Département d’Etat, le GSPC qui aurait fusionné en septembre 2006 avec Al Qaïda - prenant le nom d’Al-Qaïda in Islamic Maghreb (AQIM) - "a continué d’être actif au Sahel, franchissant les frontières difficiles à surveiller entre le Mali, la Mauritanie, le Niger, l’Algérie et le Tchad pour recruter des extrémistes aux fins d’entraînement et de lancement d’opérations dans le Trans-Sahara et peut-être à l’extérieur. Sa nouvelle alliance avec Al-Qaïda lui a peut-être donné accès à plus de ressources et à un entraînement accru."

Le rapport manie sans cesse la dichotomie simpliste et bien connue entre un monde civilisé et régulé par l’autorité étatique dont l’Occident aurait le monopole et l’espace sans foi ni loi des "tribus", aboutissant à des injonctions d’intervention au nom de la sécurité du monde. Le glissement entre supposition et réalité est opéré en 2008 par la presse américaine qui abandonne les "peut-être" du Rapport du Département d’Etat américain. La traque de "Al-Qaeda in the Islamic Maghreb (AQIM)" par les forces armées américaines au Sahel devient une évidence indiscutable, de la même façon que s’instaure insidieusement l’idée que le groupe islamiste serait aidé par des : "tribus nomades connues sous le nom de Touareg, un groupe ethnique berbère qui est en lutte avec le gouvernement du Mali" et d’autre part que sa trésorerie serait assurée par le trafic de drogue (Daniel Williams, in Bloomberg.com, 23 avril 2008).

Le compactage commode opéré entre ‘islamistes / terroristes /Touaregs /nomades / trafiquants’ dessine ainsi une "zone de non droit  livrée aux "tribus", et donc à l’anarchie, au désordre, à la délinquance. On retrouve ici la sémantique et le schéma appliqués entre autres à l’Afghanistan par les autorités américaines, avec le succès que l’on connaît.

Entretemps, l’ancien GSPC devenu Aqmi se développe au nord du Mali. Le successeur d’El-Para à la tête d’Aqmi est un autre algérien du nord, Mokhtar Belmokhtar. Grâce à la rançon obtenue en échange des otages, il s’assure des complicités locales dans l’Azawad en milieu arabophone et aurait pris épouse chez les Maures de Tombouctou. Il s’insère notamment aux réseaux de contrebande de cocaïne que les Etats ou du moins des personnes haut placées dans l’appareil étatique laissent opérer entre Mali, Mauritanie, Sahara occidental, Algérie, Niger, Libye, tant les bénéfices perçus sont juteux. Plusieurs brigades d’Aqmi sont identifiées dans cet espace, nanties de véhicules lourdement armés qui se déplacent au grand jour sans se dissimuler. Ces groupes qui ont établi un lien direct avec Al-Qaïda échappent à présent au contrôle de l’Algérie. En 2007, les services algériens auraient même tenté de faire assassiner Belmokhtar par des éléments de la rébellion touarègue (4).

Iyad ag Ghali, ancien chef de la rébellion touarègue des années 1990, travaillant ensuite au profit du gouvernement malien, a été en 2004 le médiateur principal dans l’affaire des otages enlevés par Aqmi. Il aurait alors été chargé d’"infiltrer les groupes d’Abou Zeid et Belmokhtar via la Katiba Ansar Essuna selon un plan bien établi avec les services secrets maliens et algériens" (Ansar 2012). Assumant des fonctions diplomatiques en Arabie Saoudite pour le gouvernement malien, il se rapproche des courants salafistes et des soutiens financiers lourds qu’ils procurent. Le 18 mars 2012, après les premiers succès significatifs du MNLA dans l’Azawad, il apparaît à la tête de son nouveau mouvement appelé Ansar Dine, spécialement créé pour diviser le front indépendantiste et "le dégarnir en hommes" (Ansar 2012). On a à faire, en somme, au traitement habituel des dynamiques insurrectionnelles par les services secrets, travaillant toutes les lignes de fractures possibles. Sauf que le schéma tribal sur lequel s’appuient ces stratégies d’affaiblissement du MNLA ne fonctionne pas exactement comme l’imaginent ou comme ont systématiquement essayé de l’instaurer depuis 1990 les artisans de la division.

Les informations alarmistes qui circulent sur les islamistes qui auraient chassé le MNLA et seraient sur le point d’imposer la sharia jusqu’à Bamako font partie du schéma de terreur, manipulé par les Etats en vue d’obtenir le soutien de l’opinion publique internationale pour justifier une intervention militaire musclée destinée à éradiquer le "Danger" qui en fait, pour leurs intérêts, serait au nord plus indépendantiste qu’islamiste.

Derrière la poudrière saharienne et ses imbroglios inouïs dont je n’ai évoqué qu’un très petit aspect, se profile l’échec cuisant des Etats postcoloniaux dits indépendants et de leurs élites, modelés spécialement pour préserver les intérêts pharaoniques des puissances internationales anciennes et montantes, au détriment complet de leurs peuples, souffrants, réprimés, brisés, manipulés, interdits de voix, d’espoir, de futur et dont le désir de vie se transforme peu à peu en désir de mort, pour des soulèvements à venir de plus en plus désespérés.

 

Notes

[1] Voir CLAUDOT-HAWAD Hélène et HAWAD (eds.), Touaregs. Voix solitaires sous l’horizon confisqué, Ethnies, Survival International, Paris, 1996

[2] Pour les interventions de la DGSE dans le dossier touareg, voir SILBERZAHN Claude et GUISNEL Jean, Au cœur du secret. 150 jours aux commandes de la DGSE, 1989-1993, Fayard, Paris, 1995.

[3] Voir à ce sujet notamment MALTI Hocine , Les guerres de Bush pour le pétrole , Algeria-Watch, 21 mars 2008 ; BENDERRA Omar, GÈZE François, MELLAH Salima, , « L’"ennemi algérien" de la France : le GSPC ou les services secrets des généraux ? », Algeria-Watch, 23 juillet 2005 ; GÈZE François et MELLAH Salima, "Al-Qaida au Maghreb" et les attentats du 11 avril 2007 à Alger. Luttes de clans sur fond de conflits géopolitiques, Algeria-Watch, 21 avril 2007 ; KEENAN Jeremy, "The Collapse of the Second Front", Silver City, NM and Washington, DC : Foreign Policy In Focus, Sept. 26, 2006.

[4] Voir ANSAR Issane, "Métastases du salafisme Algérien à l’épreuve des soubresauts sahariens et des rebellions Azawadiennes", blog Temoust, 2012.

Source : Business, profits souterrains et stratégie de la terreur. La recolonisation du Sahara.

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19 avril 2012 4 19 /04 /avril /2012 06:43

 

 

 

 

F. Michael Maloof, G2 Bulletin

9 avril 2012

Washington - L’armée russe prévoit qu’une attaque sera dirigée contre l’Iran vers cet été et elle a travaillé à un plan d’action ; selon des sources russes informées, des troupes russes seraient envoyées à travers la Géorgie voisine pour stationner en Arménie, qui possède avec la République Islamique une frontière.

Le chef du Conseil de Sécurité russe Viktor Ozerov a déclaré que le Quartier Général Militaire russe avait préparé ce plan d’action pour l’éventualité d’une attaque en Iran. Dimitry Rogozin, qui était il y a peu l’ambassadeur russe auprès de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, l’OTAN, a mis en garde contre une attaque en Iran. “L’Iran est notre voisin“, a dit Rogozin. “Une action militaire dirigée contre l’Iran, c’est une menace directe pour notre sécurité“. Rogozin qui est à présent l’adjoint du premier ministre russe, est considéré comme antioccidental. Il est en charge du secteur de défense russe.

Selon les sources du ministère de la défense de Russie, l’armée russe ne croît pas qu’Israël dispose du potentiel militaire pour vaincre les défenses aériennes iraniennes et pense en outre que l’engagement de l’armée des USA sera nécessaire.

La préparation des mouvements de troupes de l’armée russe ne signifie pas seulement que la Russie protège ses intérêts vitaux dans la région, mais qu’elle pourrait aussi assister l’Iran si une telle attaque avait lieu. Ces sources ajoutent qu’il est possible que la concentration des forces armées russes dans la région, pourrait être le résultat du potentiel de combats entre l’armée russe et les forces israéliennes, américaines, ou les deux.

Des sources informées disent que les Russes ont averti des ’conséquences imprévisibles’ d’une éventuelle attaque de l’Iran, quelques unes des personnalités russes disant que l’armée russe prendra part à cette possible guerre dans la mesure où elle serait une menace pour ses intérêts vitaux dans la région.

Le quotidien influent russe Nezavisimaya Gazeta a cité une source militaire russe qui a déclaré que la situation qui s’installe en Syrie et en Iran ’pousse la Russie à accélérer le programme d’amélioration de ses groupements militaires dans les régions du Sud-Caucase, de la Caspienne, de la Mer Noire et de la Méditerranée’. Cette dernière information découle d’un ensemble de rapports et de fuites de porte parole officiels et d’agences de presse gouvernementales selon lesquelles une attaque israélienne est quasi certaine vers l’été.

Du fait de l’impact sur les intérêts vitaux de la Russie dans la région, les sources disent que les préparatifs russes pour une telle attaque ont commencés il y a deux ans avec la modernisation de la base 102 de Gumri, en Arménie. Il est dit de cette base occupe une position géopolitique majeure dans la région.

Les familles de militaires russes de la base de Gumri en Arménie, proche de la Géorgie et de la Turquie ont été d’ores et déjà évacuées, disent des sources russes. ’La Base Militaire 102 est un point clé, un avant-poste russe dans le Sud-Caucase’, a déclaré une source militaire russe au quotidien. ’Elle occupe une position géopolitique très importante, mais le Kremlin craint de perdre cette situation’.

Avec le retour de Vladimir Poutine à la présidence de a Russie, la perspective qu’il déclencherait une nouvelle attaque sur la Géorgie comme il l’avait fait en août 2008 devient également une possibilité, disent ces sources informées.

Les Russes croient que la Géorgie coopérerait avec les Etats-Unis en bloquant tout approvisionnement destiné à la Base Militaire 102, qui est approvisionnée essentiellement par voie aérienne. Jusqu’à présent, la Géorgie bloquait la seule voie de transport routière que les fournitures militaires russes pourraient emprunter.

Le carburant pour la base russe en Arménie arrive d’Iran, et les responsables politiques russes pensent que ce passage frontalier pourrait-être bloqué en cas de guerre. Selon Yuri Netkachev, l’ancien commandant adjoint des forces russes en Transcaucasie, ’Il sera peut-être nécessaire de recourir aux moyens militaires pour briser le blocage routier géorgien et dégager des corridors de transport menant à l’Arménie’. La géographie de la région suggère, compte tenu des routes et de la topographie du pays qu’un tel corridor d’approvisionnement passe obligatoirement au milieu de la Géorgie, près de la capitale Tbilissi.

En septembre, l’armée russe prévoit de faire ses exercices militaires annuels appelés Kavkaz 2012. Les sources informées russes disent cependant que les préparatifs et les déploiements d’équipements et de personnels militaires ont déjà commencé en prévision d’une possible guerre avec l’Iran. Selon ces sources, un nouveau commandement et un nouvel équipement de surveillance ont été déployés dans la région, capables d’employer Glonass, le système GPS russe, pour la prise d’informations de ciblage.

’La force aérienne du District Militaire Sud a été réarmée à presque 100% par des nouveaux avions et hélicoptères’, selon l’expert Pavel Felgenhauer de la Fondation Jamestown basée à Washington. En 2008, Fegenhauer avait relevé qu’en servant de couverture aux déploiement de leurs forces, ce sont les manœuvres Kavkaz 2008 qui ont permis le succès de l’invasion de la Géorgie de la même année.

Le Ministre de la Défense Anatoly Serdyukov a déjà annoncé que les nouveaux Spetznaz, ou Unités de Forces Spéciales, seront déployés dans Stavropol et Kislovodsk, qui se trouvent dans les régions du Nord Caucase.

Des sources russes disent que l’Armée russe pense que si les USA entrent en guerre avec l’Iran, elle pourrait déployer des forces en Géorgie et des navires de guerre dans la mer Caspienne avec l’aide possible de l’Azerbaïdjan, qui a depuis déclaré qu’elle ne donnerait pas son autorisation pour que son territoire soit utilisé par Israël pour lancer des attaques contre son voisin l’Iran.

Des spéculations ont été faites, étant données les relations rapprochées entre Israël et l’Azerbaïdjan, selon lesquelles l’état juif pourrait utiliser des bases pour lancer des attaques contre les sites nucléaires de l’Iran voisin. Israël a récemment accepté de vendre à l’Azerbaïdjan pou 1,6 milliards en équipements militaires.

La perspective que des troupes aéroportées d’assaut russes par hélicoptère, également appelées unités VDV, pourraient être installées dans les provinces sécessionnistes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud est un sujet encore plus grand d’irritation pour le président de Géorgie Michaël Saakashvili. Ces deux provinces ont été prises par l’armée russe au cours de la guerre russo-géorgienne d’août 2008. Elles ont été déclarées pays indépendants par Moscou, mais le Kremlin indique à présent quelles pourraient être annexées par la Russie.

De même, le Lieutenant Général Vladimir Shamanov, commandant des VDV, a annoncé que les troupes russes en Arménie recevront le renfort de troupes parachutistes, ainsi que des hélicoptères d’attaque et de transport. “Le fer de lance (de la région de Transcaucasie) peut recevoir l’ordre de prendre la direction du sud pour empêcher le déploiement présumé de bases US en Transcaucasie, pour faire le lien avec l’Arménie et prendre le contrôle du corridor énergétique des états du Sud Caucase et de la Caspienne par lequel les hydrocarbures azéri, turkmène, ceux d’autres pays de la Mer Caspienne peuven arriver en Europé’, a déclaré Felgenhauer. “En un seul coup de balai militaire, la Russie pourrait se garantir le contrôle de tous les états du Caucase et de la Mer Caspienne qui par le passé, constituaient les marches de son empire, créant un fait accompli auquel l’Occident, trop absorbé par l’Iran, ne pourrait répondre’, a-t-il ajouté.

“En même temps, une petite guerre victorieuse devrait réunir la nation russe derrière le Kremlin, lui permettant d’écraser les mouvements rémanents pro-démocratiques à propos d’élections justes. Avec un bonus supplémentaire, l’action militaire de la Russie pourrait abattre définitivement le régime Saakashvili’. Poutine n’a pas caché son aversion pour Saakashvili et avec son retour à la présidence, il peut envisager que la chute du président géorgien est une tâche inachevée. Tout comme en 2008, Poutine n’aura pas à trop se soucier d’envoyer des troupes en Géorgie, dans la mesure où la réponse des USA et des pays européens à l’invasion et à l’occupation qui a suivi étaient muettes.

mardi 10 avril 2012,
Jean Eckian ©armenews.com

Traduction Gilbert Béguian pour Armenews

 

Lire aussi :

Bruits de bottes dans le Caucase Sud

 

 

La Russie masse des troupes sur la frontière nord de l’Iran en prévision d’une attaque de l’Occident, et déploie de façon permanente sa flotte au large de la Syrie

la suite >>>

 

Source : La Russie s’attend à une Attaque en Iran pour cet été - 

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19 avril 2012 4 19 /04 /avril /2012 05:43

 

Nous assistons à un véritable emballement des dépenses pour la grande Machine de Guerre mondiale. Et pour ce faire les populations sont saignées à blanc et l'austérité leur est imposée, la misère sévit toujours davantage. Plans d'austérité pour rembourser des dettes odieuses et pour constituer une machine de guerre qui ne pourrait en aucun cas amener quoi que ce soit de bon pour les populations. Et l'escalade est mondiale.

La politique belliqueuse des Etats-Unis oblige le reste du monde à s'armer. On nage en plein délire, toute l'économie est tournée vers la guerre, tout l'argent et ce n'est pas nouveau qui pourrait servir à créer les conditions de paix, de tranquilité,de bien-être est détourné dans une oeuvre mondiale de destruction massive.

Et il n'est pas question que d'argent, il est question de morts, de blessés, de destructions de structures vitales de pays qui sont plongés dans la peur, la douleur, l'obscurantisme : un règne de la Terreur qui gagne du terrain, les soupes mutagènes des guerres faites avec des substances radioactive qui nous conduisent vers l'indicible horreur de la multiplication des ces petits êtres innomables car comment les appeler sans offense ni pour eux ni pour les parents qui les mettent au monde et doivent assumer les conséquences de la folie des fabriquants de haine.

Autant je trouve qu'il est temps d'en finir avec le monde unipolaire et le rôle des USA comme gendarmes du monde, autant je suis contente de voir que d'autres pôles émergent qui mettent fin à cet impérialisme autant savoir que lorsque l'Empire tombera, la Russie et la Chine seront surarmées ne me paraît pas rassurant du tout. Et l'Europe en ce moment se contente de jouer au citron pressé, avec ses armées vassales aux ordres et ses populations asservies et exploitées pour servir des intérêts opposés aux leurs. Et ce que je puis voir des réactions en ce moment ne me semblent pas très encourageant, malgré qu'une grande partie d'entre nous soit tout à fait convaincue qu'il faut en finir au plus vite avec l'Union Européenne et l'Otan la sauce ne prends pas. Mais sans doute si certains saississent les implications économiques immédiates de la situation, il n'ont pas encore compris que cela n'est rien à côté de la gravité de ce qui se prépare !

Malgré que la plupart d'entre nous sachent que pour que le changement se produise, il faut une réaction et une organisation des population entre elles et à la "base" et qu'aucun bulletin de vote dans aucune urne ne peut contribuer à crer ce mouvement, les petites tentatives d'organisation se perdent encore dans la masse qui suit les courants de la guerre  et du consumérisme qui est la manifestation de la guerre économique. La plupart des mouvements d'opposition cohérents et constructifs consistent d'avantage à préparer des conditions de survie à ce qui est en train de nous tomber dessus bien plus au'à se préparer à bouter dehors les occupants de la guerre économique. Et s'il est certain que une économie alternative doit se développer pour passer à un autre système, il est tout aussi évident que cela ne sera pas suffisant pour éviter le pire qui se prépare en ce moment sous nos yeux, une guerre globale avec la planète comme champ de bataille.

 

La course folle de la dépense militaire
Dernières données du Sipri


Mondialisation.ca, Le 18 avril 2012

 




Pendant le temps que vous mettrez à lire cet article, on aura dépensé dans le monde 10 millions de dollars de plus en armes, armées et guerre. La dépense militaire mondiale se monte en effet à 3,3 millions de dollars à la minute.  Soit 198 millions par heure, 4,7 milliards chaque jour. Ce qui équivaut à 1.738 milliards de dollars en une année. Ces données sont celles de 2011, publiées hier par le Sipri, le fameux institut international dont le siège est à Stockholm.

Les Etats-Unis sont toujours la locomotive de la dépense militaire, avec 711 milliards de dollars, équivalents à 41% du total mondial. La coupe annoncée de 45 milliards annuels dans la prochaine décennie reste encore à voir. Les économies devraient être effectuées en réduisant les forces terrestres et en restreignant les pensions (assistance médicale comprise) des anciens combattants. Objectif du Pentagone : rendre les forces étasuniennes plus agiles, plus flexibles et prêtes à être déployées encore plus rapidement. La réduction des forces terrestres prend place dans la nouvelle stratégie, testée avec la guerre en Libye : utiliser l’écrasante supériorité aérienne et navale étasunienne et en faire assumer la plus grosse charge par les alliés. Mais les guerres n’en coûtent pas moins pour autant : les fonds nécessaires, comme cela s’est passé pour la guerre contre la Libye, sont autorisées par le Congrès à chaque fois, en les ajoutant au budget du Pentagone. Et s’ajoutent aussi à cela d’autres postes à caractère militaire, parmi lesquels environ 125 milliards annuels pour les militaires au repos et 50 pour le Département de la sécurité de la patrie, portant la dépense étasunienne à environ la moitié de celle mondiale.

Dans les estimations du Sipri, la Chine reste au deuxième rang par rapport à 2010, avec une dépense estimée à 143 milliards de dollars, équivalents à 8% de la dépense mondiale. Mais son rythme de croissance (170% en termes réels en 2002-2011) est plus grand que celui de la dépense étasunienne (59% pour la même période). Cette accélération est due fondamentalement au fait que les USA sont en train d’opérer une politique de « containment » de la Chine, déplaçant de plus en plus le centre focal de leur stratégie dans la région Asie/Pacifique. En rapide augmentation aussi la dépense de la Russie, qui passe, avec 72 milliards de dollars en 2011, du cinquième au troisième poste parmi les pays ayant les plus grandes dépenses militaires.

Suivent la Grande-Bretagne, la France, le Japon, l’Arabie saoudite, l’Inde, l’Allemagne, le Brésil et l’Italie. La dépense militaire italienne est estimée par le Sipri, pour 2011, à 34,5 milliards de dollars, équivalents à environ 26 milliards d’euros annuels.  L’équivalent d’une grosse loi de Finances.

Dans la répartition régionale, l’Amérique du Nord, l’Europe et le Japon totalisent environ 70% de la dépense militaire mondiale : c’est donc la triade, qui jusqu’à présent a constitué le « centre » de l’économie mondiale, qui investit les plus grandes ressources dans le domaine militaire. Ceci a un effet de répercussion sur les régions économiquement moins développées : par exemple, l’Afrique compte à peine 2% de la dépense militaire mondiale, mais l’Afrique du Nord a enregistré la croissance la plus rapide de la dépense militaire dans les sous-régions (109% en termes réels en 2002-2011) et celle du Nigeria aussi est en croissance rapide.

La dépense militaire continue ainsi à augmenter en termes réels. Selon les estimations du Sipri, elle a grimpé à 250 dollars annuels pour chacun des 7 milliards d’habitants de la planète. Un chiffre apparemment négligeable pour un citoyen moyen d’un pays comme l’Italie. Mais qui, additionné aux autres, devient un fleuve d’argent public qui se perd dans un puit sans fond. Avant même de tuer quand elle est convertie en armes et armées, la dépense militaire tue en soustrayant des ressources vitales à des milliards d’êtres humains.

 

Edition de mercredi 18 avril 2012 de il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/area-abbonati/in-edicola/manip2n1/20120418/manip2pg/01/manip2pz/321318/  

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

Source : La course folle de la dépense militaire

 

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18 avril 2012 3 18 /04 /avril /2012 03:52

 

 

 

lundi 16 avril 2012

Le mois dernier un soldat américain massacrait des civils afghans. Coup de folie individuelle ou syndrome des horreurs de la guerre et illustration dramatique de ce qu’elle produit chez les assaillants ? Depuis le Vietnam ces phénomènes sont connus, mais cela n’arrête pas les fauteurs de guerre...

Le sergent américain responsable du massacre de seize civils en Afghanistan est issu de la base militaire Lewis-McChord, dans l’Etat de Washington. La nouvelle du drame y a été accueilli avec fatalisme, alors que les soldats peinent à y obtenir des soins psychiatriques.

La base militaire Lewis-McChord, dans l’Etat de Washington, est connue pour être l’une des plus problématiques de l’armée. L’affaire du sergent qui a abattu au moins seize civils dans le sud de l’Afghanistan le 11 mars vient s’ajouter à une longue liste de suicides, de meurtres, d’agressions et autres délits commis par des soldats issus de cette base.

Avec plus de 60 000 employés militaires et civils, Lewis-McChord est la plus grande base militaire de la côte Ouest et l’un des principaux fournisseurs de troupes d’infanterie pour l’Irak et l’Afghanistan. Elle a notamment défrayé la chronique lorsque plusieurs soldats de la base ont été condamnés pour avoir tué des Afghans pour le plaisir [entre janvier et mai 2010] ; lorsqu’un père a été accusé d’avoir torturé son enfant en lui faisant subir le supplice de la baignoire [waterboarding] ; ou encore pour ce soldat qui a arrosé les jambes de sa femme d’essence avant d’y mettre le feu. Douze soldats issus de la base se sont suicidés l’année dernière et un vétéran d’Irak âgé de 24 ans a abattu un ranger du parc national du Mont Rainier au début de l’année.

Améliorer la prise en charge

Une enquête a révélé en février que des centaines de diagnostics de stress post-traumatique [Post Traumatic Syndrom Disorder, PTSD] avaient été infirmés par le service de psychiatrie du Madigan Army Medical Center, l’hôpital de la base, dans certains cas pour faire des économies. Le chef de l’établissement a été suspendu.

Patty Murray, sénatrice démocrate de l’Etat de Washington, a demandé au directeur du service de santé des armées de lancer une enquête sur la façon dont les cas de stress post-traumatique sont traités à Lewis-McChord. Certains soldats déclarent avoir eu beaucoup de mal à obtenir de l’aide car la base s’emploie essentiellement à préparer les troupes pour les envoyer au combat.

Le sergent qui a abattu les civils afghans était attaché à la 3e Stryker Brigade, qui fait partie de la 2e division d’infanterie, laquelle est basée à Lewis-McChord, selon une source du Congrès. Agé de 38 ans, père de deux enfants, il était dans l’armée depuis onze ans. Il avait déjà effectué trois missions en Irak, où il avait été blessé à la tête. C’était la première fois qu’il était envoyé en Afghanistan.

A la base Lewis-McChord, l’annonce du massacre a été accueillie non sans une pointe de fatalisme. "C’est surprenant mais ce n’est plus un choc", confie Jorge Gonzalez, le directeur de GI Voice, une association de vétérans issus en majorité de la base Lewis-McChord qui demande l’amélioration des soins psychiatriques pour les soldats. "Je passe mon temps à m’attendre au pire."

Une situation pas pire qu’ailleurs

Selon les experts de l’armée, le stress post-traumatique n’est pas le seul facteur responsable du taux élevé de suicides et des problèmes de consommation de drogue et de violence qui touchent tous les soldats en général. Et pour les responsables de la base, la situation de Lewis-McChord n’est pas pire que celle des autres bases militaires américaines aux effectifs importants.

Il y a toutefois longtemps que les soldats et les familles se plaignent de la difficulté d’obtenir des soins psychiatriques corrects à Lewis-McChord. Ils soulignent que bien souvent les soldats sont découragés de se faire soigner par leur hiérarchie ou de peur d’être stigmatisés par leurs camarades.

En outre, les médecins de l’hôpital militaire Madigan sont débordés par l’afflux de soldats qui reviennent d’Irak et d’Afghanistan en ayant besoin d’aide. Les consultations pour troubles du comportement sont passées de 93 000 en 2009 à 101 000 en 2010 et ont encore augmenté en 2011.

"Je leur ai dit que je ne pouvais pas dormir et ils m’ont donné des conseils basiques du genre : ’Ne buvez pas trop de caféine avant d’aller vous coucher.’ Puis quand je leur ai dit que je pensais que j’étais en train de perdre la tête, tout ce qu’ils ont eu à me proposer, c’est des présentations PowerPoint et des brochures", confie Greg Miller, un ancien de la base qui a servi en Irak et a récemment été libéré de ses obligations militaires.

Les familles déclarent harceler le personnel de l’hôpital pour obtenir de l’aide, tout cela pour se retouver à attendre des heures avant le moindre rendez-vous ou se faire accuser de simuler pour toucher une pension d’invalidité.

Voilà pourquoi le sergent arrêté en Afghanistan recueille une certaine sympathie à Lewis-McChord.

"Bien sûr, ce qui s’est passé est atroce. En même temps, c’est déprimant de voir l’opinion publique, l’armée et le président s’en prendre comme ça à ce soldat qui a servi notre pays pendant trois missions", déclare une femme de militaire qui s’est battue pour obtenir des soins psychiatriques pour son mari. "Quand est-ce que l’Amérique va se rendre compte que nous sommes en guerre et qu’il y a une limite à ce que nos hommes en uniforme peuvent encaisser ?"

Par Kim Murphy source Los Angeles Times le 13/03/2012

Transmis par Linsay

Source : Soldat tueur : l'origine du mal - Rouge Midi

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9 avril 2012 1 09 /04 /avril /2012 11:54

 

 

[Rapport]La machine parlementaire au service de l'homme-machine


http://www.levillagedemusher.com/images_blog/transhumanisme.jpg
Transmis par Seb & flo, le 1er avril 2012

Bonjour,

Chacun sait que lorsqu'elle réalise l'un de ses funestes projets, ou bien lorsqu'elle fait l'objet de critiques, la mafia scientifique se hâte de se draper d'une couverture "éthique" (Comets, Comité consultatif national d'éthique), ou de l'aveu d'une autorité "indépendante" (Cnil, Afssaps) ; cette fois-ci le cas est si douteux qu'il n'y faut pas moins qu'un rapport de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et techniques.

Qu'est-ce que cet office ? Une structure créée en 1983 pour « éclairer les décisions du Parlement », composée de 18 députés et 18 sénateurs, et qui  se décrit comme « un intermédiaire entre le monde politique et le monde de la recherche ».

C'est que cette fois, le cas est sans espoir : la fabrique de l'homme-machine par les neurotechnologies, notamment à Clinatec, la "clinique expérimentale du cerveau" du CEA-Minatec de Grenoble. Ce que les parlementaires nomment pudiquement "L'impact et les enjeux des nouvelles technologies d'exploration et de thérapie du cerveau".

C'est si frappant qu'un lecteur nous a dit : "Voilà le rapport parlementaire qui valide l'enquête de Pièces et main d'oeuvre sur Clinatec".

Jugez-en vous-mêmes : « Les avancées en neuroimagerie, particulièrement grâce à l'IRM fonctionnelle, font émerger la capacité sans précédent de corréler l'activité du cerveau avec les états psychologiques (de nombreux travaux ont été menés sur le mensonge), les grands traits de la personnalité (incluant l'extraversion, le pessimisme, la capacité à l'empathie, l'obstination, voire les attitudes racistes inconscientes, la prédisposition au crime violent...) et certains désirs (préférences sexuelles ou pour certains objets, exploitées en neuromarketing).

Les travaux visant à améliorer la compréhension du comportement criminel font envisager d'autres interprétations de la notion de responsabilité individuelle qui, dès lors, ne dépendrait pas exclusivement du libre-arbitre. »

Retrouvez la lecture critique de ce rapport sur :
http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=361

Merci de faire circuler,

Pièces et main d'oeuvre

Via : Le blog du C.L.A.P33

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6 avril 2012 5 06 /04 /avril /2012 23:28
Jean Ziegler pourfend les affameurs
L'ancien rapporteur spécial de l'ONU parle de son dernier «livre de combat»

 


Jean Ziegler présente son dernier essai comme un «récit» et un «bilan» des neuf années (2000 à 2008) passées en qualité de rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l'alimentation. Il le décrit aussi comme un «livre de combat». On est tenté de dire «un autre?», car, depuis la publication en 1976 d'Une Suisse au-dessus de tout soupçon, M. Ziegler dénonce divers pouvoirs, surtout financiers, avec une vigueur qui lui a déjà valu neuf procès en diffamation, tous perdus.

Dans Destruction massive: géopolitique de la faim (Seuil, 2012), Jean Ziegler a des mots très durs à l'endroit des «malfaiteurs» qu'il tient responsables de la sous-alimentation dont souffrent encore et toujours un milliard d'êtres humains, alors que les derniers rapports de la FAO affirment que l'agriculture mondiale pourrait nourrir normalement 12 milliards de personnes.

«Aujourd'hui, au début du millénaire, il n'y a aucune fatalité, il n'y a aucun manque objectif. Cela existait il y a deux cents ans, quand les gens émigraient de Bretagne pour échapper à la misère. Mais aujourd'hui, un enfant qui meurt de faim est un enfant assassiné», lance-t-il en entrevue. Or des enfants qui meurent de faim, il y en aurait un toutes les cinq secondes, selon les statistiques très officielles citées par M. Ziegler.

L'universitaire, politicien et polémiste se dit libéré de son devoir de réserve depuis qu'il a quitté ses fonctions de rapporteur spécial. Comme il est actuellement vice-président du comité consultatif du Conseil des droits de l'homme, il demeure toutefois couvert par l'immunité de l'ONU, donc à l'abri de nouveaux procès...

La faim est de «très loin» la cause principale des décès sur la planète, poursuit Jean Ziegler, ajoutant que «ce massacre quotidien se fait au vu et au su de tous, dans une normalité glacée». Il voit même dans le manque d'accès à la nourriture «le scandale de notre temps».

Dans son ouvrage, l'ancien député fédéral suisse attribue à cinq causes la triste situation alimentaire dans le monde: spéculation sur les aliments de base; production de biocarburants; dumping de produits agricoles subventionnés; endettement des pays pauvres; achats et locations à long terme de terres arables africaines, sud-américaines et sud-asiatiques par des fonds souverains et des sociétés transnationales.

Spéculateurs coupables

«La pire de ces causes, et en même temps la plus absurde, c'est la spéculation boursière sur les aliments de base, soutient Jean Ziegler. En 2008 et 2009, les prédateurs, les hedge funds [qui] ont détruit 85 000 milliards de valeur patrimoniale [...], ont migré vers les bourses des matières premières et, notamment, vers les Bourses des matières premières agricoles»

«Tout à fait légalement, avec des instruments boursiers, ils ont réalisé des profits astronomiques, ce qui a fait exploser les prix des aliments de base tels que le maïs, le riz et le blé, qui couvrent 75 % de la consommation mondiale», poursuit-il. Et ce qui a fait que, dans les bidonvilles du monde, les femmes ne peuvent plus acheter suffisamment de nourriture, et que des centaines de millions d'êtres humains de plus sont jetés dans l'abîme de la sous-alimentation.»

Selon lui, les spéculateurs sont une deuxième fois responsables du «meurtre collectif» parce que le Programme alimentaire mondial (le PAM, responsable de l'aide humanitaire d'urgence) a perdu presque la moitié de son budget quand les pays industriels ont réduit leur contribution, préférant renflouer leurs banques, et une troisième fois parce que ce même PAM doit maintenant acheter ses denrées «à des prix exorbitants».

Résultat, selon M. Ziegler: «Le PAM refuse tous les matins des centaines de personnes parmi celles qui se présentent devant les camps et les centres de distribution de nourriture dans la Corne de l'Afrique et au Sahel.»

«Les spéculateurs sur les aliments devraient être traduits devant un tribunal de Nuremberg pour crime contre l'humanité», lance l'ancien rapporteur spécial, pour qui seule une mobilisation populaire permettrait de faire interdire cette forme de spéculation. «Dieu n'a pas d'autres mains que les nôtres», dit-il en citant Georges Bernanos.

Un droit de vie ou de mort

«On connaît les raisons du meurtre collectif, on connaît les victimes, qui ne sont séparées de nous que par le hasard de la naissance, et on connaît les malfaiteurs, soit les hedge funds et les dix sociétés transcontinentales privées qui contrôlent 85 % du commerce des aliments dans le monde. Cette oligarchie décide chaque jour, en fixant les prix, qui va vivre et qui va mourir», poursuit Jean Ziegler.

«Il faut désendetter les pays les plus pauvres pour qu'ils puissent investir dans l'agriculture vivrière», ajoute-t-il après avoir critiqué l'acquisition par des intérêts étrangers d'immenses terres dans ces pays.

Dans son dernier ouvrage, Jean Ziegler avoue avoir à l'occasion «trahi l'attente des gens». «Je vous donne un exemple: au Guatemala, où moins de 3 % de la population possède plus de 60 % des terres arables, je suis allé dans la sierra où se sont réfugiés les Indiens mayas chassés de leurs terres. Tout à coup, j'ai vu l'espérance s'allumer dans leurs yeux. Pour la première fois, ils voyaient un Blanc qui les écoutait, raconte-t-il. Au moment où je voyais cette espérance s'allumer, je savais déjà parfaitement ce qui allait se passer à l'Assemblée générale des Nations unies. Ma première recommandation concernait évidemment la réforme agraire. L'ambassadeur américain (et l'ambassadeur canadien aussi, je regrette de le dire) me sont tombés dessus en disant qu'il s'agissait d'une intervention intolérable dans le marché.»

M. Ziegler prononcera des conférences demain à la Faculté de droit de l'université Laval, et jeudi au Coeur des Sciences de l'Université du Québec à Montréal, à l'invitation de la Coalition pour la souveraineté alimentaire, un regroupement de 80 organisations syndicales et professionnelles québécoises.


 Articles de Claude Lévesque publiés par Mondialisation.ca
Source : Jean Ziegler pourfend les affameurs

 

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19 mars 2012 1 19 /03 /mars /2012 03:24

 

6 000 chars anglais et autres véhicules vont être déplacés en Allemagne

 

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6 000 chars anglais et autres véhicules vont être déplacés en Allemagne. Raison officielle : manque d’espace pour les stocker au Royaume-Uni. L’information est à prendre au sérieux aujourd’hui, même si la rumeur circule depuis plusieurs jours. WikiStrike en a déjà mis un article. Cette nouvelle est extrêmement inquiétante.

Pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale, le ministère de la Défense envisage l’envoi d’une vaste flotte de combat vers le Rhin. Plutôt que des manœuvres stratégiques, la cause invoquée sont les restrictions budgétaires, explique le Telegraph. Les véhicules devraient trouver position à Mönchengladbach, en Allemagne occidentale.

Sont-ce les mêmes chars américains dont on a pu voir des convois hors-normes ces derniers mois aux USA ? Et alors que l’Allemagne se trouve être le pays pssédant le plus de bases américaines en Europe ? C’est plus que possible. En d’autres termes, ne sont-ce pas là des tanks US déguisés en chars de sa Majesté ?

L’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine en serait la cause. Poutine s’oppose en effet à la puce électronique, au NOM ; de plus, les larmes de Poutine au soir de son accession démontrent parfaitement sa nostalgie de L’Union Soviétique. Il y a quelques temps, Vladimir Poutine a personnellement dit et répété qu’il souhaiterait récupérer son fameux bloc, l’est de l‘Europe. Ses larmes de joie sont un détail de son profond désir de reconquête.

La situation géopolitique tendue au Proche-Orient, la menace iranienne, et le probable conflit qui déboucherait inévitablement sur une 3ème guerre mondiale permettrait à Poutine de récupérer ce bloc soviétique qu’il désire tant.

Des chars anglais en Allemagne couvrent d’autres objectifs: l’Italie pro-russe, et la Grèce détruite par la finance en guise de préparatif à la Grande Guerre Méditerranéenne.

L’Allemagne souhaite également supprimer l’argent papier en août 2012, c’est-à-dire dans quelques mois. Des émeutes en Allemagne sont-elles à prévoir ?

Un déplacement de matériels militaires à un coût qui exclut le hasard et les prétextes d’économie.

 

Source
Article du Télégraphe

 

Via : 6 000 chars anglais et autres véhicules vont être déplacés en Allemagne - rusty james news

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16 mars 2012 5 16 /03 /mars /2012 01:05

Drônes et autres machines, les nouveaux serviteurs des ambitions guerrières des aspirants maîtres du monde. Partout les humains sont remplacés par les machines tellement plus fiables, dénuées d'émotions et de sentiment. Ce qui me révolte, c'est l'absurdité de toute cette production de malveillance. La sagesse est la grande absente. Quel gaspillage, celui des possibles qui conduisaient vers un monde en harmonie, à un nouvel équilibre. Aujourd'hui partout se mettent en place les moyens d'une répression sans conscience pour écraser les peuples prêts de se rebeller. Description de quelques nouveaux jouets tueurs.

 

Les robots killer* de l’empire


A ce rythme même les militaires vont se retrouver au chômage... et les civils de plus en plus nombreux à mourir sous les coups de l’aveuglement technologique.

Tant d’intelligence humaine qui pourrait être utilisée pour le progrès et la vie et qui est mise au service de la barbarie et de la mort.

De menaçants rapaces high-tech volent jour et nuit au-dessus de l’Afghanistan, du Pakistan, Irak, Yémen, Somalie, Libye et d’autres pays. L’espèce la plus répandue est celle des Prédateurs, drones dotés de vidéo caméras et senseurs à infrarouge, ces yeux par lesquels les opérateurs les télécommandent depuis une base aux Etats-Unis, à plus de 10.000 Kms de distance.

Une fois la proie repérée, elle est attaquée avec des missiles « Feu de l’enfer ». Le Prédateur de dernière génération, dénommé Broyeur (de vies humaines évidemment), peut en transporter 14. Ces drones et quelques autres sont en train de proliférer rapidement : le Pentagone, qui en avait une cinquantaine il y a dix ans, en possède aujourd’hui plus de 7.000. La U.S. Air Force est en train d’entraîner davantage de « pilotes à distance » pour ses drones que de pilotes de chasseurs bombardiers. Et, sur les drones de guerre, misent non seulement les Etats-Unis mais toutes les plus grandes puissances.

L’Italie aussi utilise en Afghanistan (et peut-être même en Libye) des drones prédateurs, télécommandés depuis la base d’Amendola dans les Pouilles. Grâce aux milliards de dollars destinés à la recherche et au développement, l’espèce évolue rapidement. On expérimente à présent des drones spatiaux, comme l’X-37B de la U.S. Air Force : complètement robotisé, il est en mesure de rentrer à la base après sa mission. Il peut détruire des satellites adversaires (pour aveugler l’ennemi avant l’attaque) ; il peut lancer depuis l’espace les « dards de Dieu », qui ont l’impact cinétique d’un météorite ; il peut, aussi, lancer depuis l’espace des ogives nucléaires.

Dans la base aérienne de Wright-Patterson (Ohio) on est en train d’expérimenter des drones miniaturisés, qui reproduisent le vol d’oiseaux et d’insectes, battements d’ailes compris. Dans les futurs scénarios guerriers sont prévus des essaims de drones-insectes qui, diffusés sur un territoire, espionnent partout et sont capables aussi de tuer. On expérimente aussi, en même temps, en particulier à Fort Benning aux Usa, des robots terrestres de combat. Parmi ceux-ci le « Gladiateur », un véhicule à chenille de plus d’une tonne doté de mitrailleuses et autres armes, qui tirent sur des objectifs repérés par les télé-caméras.

Pour les combats en zone urbaine surtout, est désormais prêt à l’emploi un petit robot à chenille armé de mitrailleuses, qui tirent quand ses cinq télé-caméras (capables aussi de vision nocturne) repèrent une silhouette humaine. Il a déjà été expérimenté avec succès en Irak, tandis qu’un modèle analogue est utilisé en Israël le long de la frontière avec Gaza. Dans le cadre du programme « Futur système de combat » (coût 200 milliards de dollars), le Pentagone prévoit de remplacer d’ici 2015 un tiers des véhicules blindés avec équipage, en leur substituant des robots de combat.

La façon de faire la guerre est donc en train de changer : les Etats-Unis et les autres grandes puissances utilisent leur supériorité technologique pour imposer leur domination avec une armée de drones et robots de combat, qui réduisent les risques pour les militaires. Mais la guerre robotisée facilite l’extension des opérations militaires et accroît le nombre de victimes civiles.

On peut se demander alors qui sont vraiment les robots. Non pas les machines, mais ceux qui suivent la voie de la guerre (en faisant sa promotion, en la justifiant ou en l’acceptant sans discussion).

Ils marchent comme des automates, vers le précipice.

Par Manlio Dinucci Source Edition de mardi 19 juillet 2011 de il manifesto : « I robot killer [1]dell’impero »

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

Transmis par Linsay

Manlio Dinucci est géographe et journaliste au quotidien italien il manifesto.


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16 mars 2012 5 16 /03 /mars /2012 01:00

 

La grande arnaque du lait
Comment l’agrobusiness vole aux pauvres leurs moyens de subsistance et une source d’alimentation vitale
mercredi 18 janvier 2012


Un nouveau rapport de GRAIN* met en évidence l’importance du lait pour les moyens de subsistance et la santé des pauvres dans de nombreux pays de l’hémisphère Sud. La plupart des marchés laitiers sont alimentés par des petits vendeurs qui collectent le lait chez des petits agriculteurs et des petits éleveurs. Mais ils sont actuellement menacés par des entreprises laitières comme Nestlé, ou d’autres acteurs comme PepsiCo et Cargill, qui s’efforcent de s’emparer des secteurs laitiers de ces pays, depuis les fermes jusqu’aux marchés. Ci-dessous une synthèse du rapport dont on trouvera le lien en fin d’article.

Le « lait populaire » concerne des centaines de millions de personnes à travers le monde, qu’il s’agisse de petits agriculteurs et d’éleveurs nomade ou de fromagers et vendeurs de lait frais locaux. Ils fournissent un lait sans risque, nourrissant et abordable, à des centaines de millions de familles pauvres.

- Quatre-vingt pour cent des marchés laitiers dans les pays en développement sont alimentés par ces systèmes de « lait populaire », souvent appelés le « secteur informel »
- Quinze pour cent de la population mondiale participent à la production laitière
- Les systèmes laitiers à petite échelle dans le Sud créent 200 emplois ruraux par million de litres de lait et par an à comparer à 5 emplois ruraux par million de litres de lait par an dans les systèmes de production laitière industrielle du Nord
- Au Pakistan, au Kenya et en Colombie, le lait frais populaire se vend à la moitié du prix du lait conditionné dans les supermarchés.

Des petits agriculteurs, éleveurs et vendeurs font un travail formidable pour alimenter les marchés de produits laitiers en pleine croissance dans les pays du Sud. Le problème est que de grandes entreprises s’intéressent à ces mêmes marchés et qu’elles utilisent la manière forte pour les voler aux pauvres, avec le soutien des gouvernements.

- Des accords commerciaux bilatéraux permettent à des sociétés multinationales laitières de pratiquer périodiquement un dumping avec du lait en poudre subventionné et de casser les prix par rapport aux producteurs locaux
- Des règlementations et des normes privées sont orientées en faveur des grandes entreprises et ferment les marchés au lait du peuple.

Des investisseurs financiers et des grandes entreprises laitières unissent leurs forces pour mettre en place des méga-fermes laitières dans tout les pays du Sud. Le fonds d’investissements spéculatifs de Cargill consacre actuellement 300 millions de dollars à des fermes laitières industrielles en Chine et en Inde. La plus grande coopérative laitière du monde, Fonterra, construit des fermes en Chine, en Inde et au Brésil à une échelle qu’elle n’aurait jamais pu se permettre dans son pays d’origine, la Nouvelle-Zélande. Au Vietnam, une banque est en train de faire construire une ferme de 137 000 vaches. Ce sont là des catastrophes écologiques et sociales, sources de difficultés pour des millions de personnes.

L’élevage laitier industriel se mondialise

Au Vietnam, le marché des produits laitiers est en plein essor, mais les producteurs laitiers du pays, dont 90 % sont en contrat avec des transformateurs, ont récemment été obligés de réduire leurs troupeaux car les transformateurs les obligent à accepter des prix inférieurs à leurs coûts de production. Pour répondre à la croissance de la demande, les transformateurs importent du lait en poudre et investissent dans leurs propres fermes. TH Milk, une société récemment créée par la femme d’affaires vietnamienne Thai Huong, directrice de l’une des plus importantes banques privées du pays, est en train de construire la plus grande ferme laitière en Asie, dans le district de Nghia Dan, au Vietnam. Déjà 12 000 vaches ont été importées de la Nouvelle-Zélande, et tous les 50 jours, 1000 vaches supplémentaires arrivent. D’ici 2012, la société vise à avoir 45 000 vaches et une capacité de production de 500 millions de litres de lait par an. Son objectif pour 2017 est d’avoir 137 000 vaches dans sa ferme et d’assurer 30 % de la consommation nationale de lait. L’ensemble de l’opération est mise en œuvre et gérée par la société israélienne Afimilk.

Le principal concurrent de TH Milk dans le pays, Vinamilk, possède lui-même cinq grandes exploitations, avec un total de 6 000 vaches. Mais la société prévoit que la plus grande partie de son approvisionnement continuera de provenir de l’étranger. Pour cette raison, Vinamilk a commencé à investir dans des activités de transformation et de production à l’étranger et a acquis une participation de 19 % dans l’entreprise laitière Miraka à Taupo, dans le nord de la Nouvelle-Zélande. Vinamilk est coté à la bourse Hô Chi Minh et est contrôlée à 49 % par des investisseurs étrangers.

Au Pakistan, beaucoup des familles les plus riches du pays se sont récemment lancées dans des grandes exploitations laitières, avec l’appui de divers programmes gouvernementaux d’agriculture industrielle et des principaux transformateurs laitiers, comme Nestlé, ainsi que des entreprises de conditionnement.64 Des investisseurs étrangers, particulièrement des pays du Golfe, ont également manifesté leur intérêt, comme l’Emirates Investment Group.65 Tout comme les transformateurs. Engro Foods, la société leader du lait conditionné au Pakistan, une filiale du géant pakistanais des engrais, Engro Corporation, a lancé sa propre ferme-usine de production laitière dans le district de Sukkur, en 2008. La ferme a commencé avec 2 200 vaches importées d’Australie, et l’entreprise prévoit de porter le troupeau « à 150 000 vaches dans les années qui viennent afin de pouvoir contrôler sa propre chaîne d’approvisionnement. »66 Engro, qui développe ses activités agroalimentaires à l’étranger, veut à terme exporter des produits laitiers à partir du Pakistan.

En Égypte, la plus grande ferme laitière du pays est la propriété de Dina Farms, une entreprise de produits laitiers créée par l’une des principales sociétés de capital-investissement de la région, Citadel Capital. L’installation est située dans le désert, près de la route principale entre Le Caire et Alexandrie. Elle possède 7 000 vaches laitières, mais Citadelle veut en disposer de 12 000 en 2012. D’autres gros investisseurs du secteur laitier affluent aussi en ce moment vers le désert. Danone est en train d’y construire une méga-ferme, sa deuxième grande exploitation agricole, après la construction d’une autre dans le désert en Arabie saoudite. « Notre participation à l’organisation de grandes exploitations laitières représente une nouvelle orientation pour nous », explique le directeur de Danone, Jean-Christophe Laugée. C’est aussi nouveau pour PepsiCo, qui a engagé des initiatives importantes dans les produits laitiers ces dernières années. Une filiale de PepsiCo, International Dairy and Juice Ltd (IDJ), a acheté la société égyptienne Beyti en 2010, et pris ainsi le contrôle de sa grande exploitation de production laitière. PepsiCo détient conjointement IDJ avec le géant saoudien des produits laitiers, Almarai, qui gère six méga-fermes dans le désert saoudien. Ces dernières regroupent 100 000 vaches, soit les deux tiers du cheptel laitier du pays, ainsi qu’une ferme laitière en Jordanie qui fait maintenant partie d’IDJ.

Il semble complètement fou de construire au milieu du désert égyptien des fermes laitières très gourmandes en eau. D’autant plus quand les fermes prévoient de couvrir leurs futurs besoins en eau en puisant dans le Nil, qui est déjà une source de tensions entre les différents pays et communautés qui dépendent de lui pour leur production alimentaire. « Je ne suis pas préoccupé par un risque de pénurie d’eau du Nil », explique le Dr Mohamed Waeed, un dirigeant de Dina Farms. « Je sais que les Éthiopiens veulent utiliser plus d’eau du Nil. Mais ça ne marchera pas pour eux. J’ai été là-bas, c’est un pays montagneux, il n’y a pas suffisamment d’espace pour une agriculture extensive [...] Non, l’avenir de l’agriculture en Afrique du Nord est dans le désert égyptien. Qui sait, nous allons peut-être devenir de gros exportateurs de produits agricoles et laitiers dans la région. »

En Uruguay, les investissements étrangers dans la transformation laitière et les fermes laitières sont en plein boom. Parmi les principaux investisseurs figurent Bom Gosto du Brésil, le fournisseur mondial de chaînes de fast-food Schreiber Foods des États-Unis, Cresud de l’Argentine, Inlacsa du Mexique, et le Grupo Maldonado du Venezuela, qui est un partenaire de Fonterra et Nestlé. Bom Gosto et Schreiber gèrent maintenant à eux seuls un quart de la production de lait de l’Uruguay. La hausse des investissements étrangers a transformé l’Uruguay en un important centre pour les exportations de produits laitiers. Aujourd’hui, les deux tiers des produits laitiers uruguayens sont exportés, principalement au Brésil, au Venezuela et au Mexique. Mais si la production est en hausse, le nombre d’exploitations et la superficie consacrée à l’élevage laitier sont en déclin rapide, ce qui conduit à une plus grande concentration. Les exploitations de plus de 500 hectares représentent désormais 5 % du secteur laitier et 28 % de l’approvisionnement national en lait. Beaucoup de ces grandes exploitations sont entre les mains d’investisseurs étrangers, comme New Zealand Farming Systems Uruguay, qui a été monté par des investisseurs néo-zélandais jusqu’à une reprise par le groupe Olam de Singapour en 2011. Les 31 fermes laitières de l’entreprise produisent environ 70 millions de litres de lait par an, mais cette dernière envisage d’acquérir plus de fermes et de porter la production à 300 millions de litres dans les prochaines années, soit environ 20 % de la production totale de lait de l’Uruguay !

Plusieurs actions et mesures sont suggérées pour arrêter l’appropriation des marchés laitiers par les grandes entreprises :
- Des tarifs douaniers élevés, généralisés pour empêcher le dumping périodique de lait en poudre importé et de produits laitiers bon marché
- Une réorientation de la production laitière vers les marchés nationaux dans les pays exportateurs, avec des programmes de type gestion de l’offre
- Des systèmes de sécurité alimentaire adaptés aux besoins des populations, pas aux résultats financiers des entreprises
- Le boycott des grandes entreprises laitières et des supermarchés
- Des campagnes de désinvestissement ciblées sur les fonds qui investissent dans la production laitière industrielle dans les pays du Sud
- Une solidarité à l’intérieur et à l’extérieur des frontières entre les producteurs laitiers, les petits vendeurs et transformateurs, les consommateurs et les travailleurs de l’industrie laitière.

Des luttes quotidiennes sont menées contre les multinationales du lait, non sans résultat.

Le secret de la réussite de la résistance aux Géants laitiers en Colombie

L’attaque frontale des Géants laitiers contre le lait populaire est toujours camouflée dans les discours positifs de ses promoteurs. Elle est généralement décrite comme une modernisation : une voie vers des exploitations plus productives et des produits laitiers plus sûrs. Les slogans sont répétés par des représentants du gouvernement et même adoptés par certaines ONG et bailleurs de fonds qui recherchent des opportunités de « réduction de la pauvreté » dans une mer de destruction des moyens de subsistance. La rhétorique peut créer la confusion et compliquer la résistance populaire si elle n’est pas soigneusement déconstruite. En Colombie, par exemple, la confrontation claire avec les mythes mis en avant par l’industrie a joué un rôle clé dans le succès du mouvement en faveur du lait populaire.

Pour Aurelio Suárez Montoya, le directeur exécutif de l’Asociación Nacional por la Agropecuaria Salvación, la lutte en faveur du lait populaire en Colombie s’est concentrée sur trois arguments principaux pour affronter directement les allégations du gouvernement et des Géants laitiers sur le fait que le libre échange et le passage au « secteur formel » permettraient d’accroître la production laitière, de créer des emplois et de fournir du lait moins cher et plus sûr (d’un point de vue sanitaire) :

1. Realismo. Le système du lait populaire fournit 83 % du lait dans le pays, ce qui fait que la Colombie est auto-suffisante en produits laitiers. Les grandes sociétés laitières n’ont pas la capacité de collecter et de transformer la majorité de cette production de lait, et vont donc recourir aux importations. Si le système du lait populaire est évincé, la production laitière nationale va diminuer et que pays ne sera plus auto-suffisant.

2. Practica. Le système du lait populaire assure un moyen d’existence à des millions de Colombiens, qu’il s’agisse d’agriculteurs, de vendeurs ou de petites entreprises de transformation laitière. Ces moyens de subsistance ne peuvent pas être remplacés par les gros transformateurs. Le lait populaire fournit aussi du lait frais à un prix abordable à des millions de Colombiens pauvres qui n’achètent pas le lait plus cher traité par les grandes entreprises laitières. Le lait populaire est vendu 0,55 USD le litre ; le lait pasteurisé dans les supermarchés américains se vend 1,40 USD le litre.

3. No mala. Le système du lait populaire fournit un lait nutritif, frais et sain. La confiance dans le système, et la pratique courante de le faire chauffer à forte température pendant environ 10 minutes avant la consommation, assurent sa sécurité sanitaire. Il n’existe aucune preuve que le système du lait populaire facilite les épidémies ou encourage la falsification du lait.

Le lait du peuple fait face à des forces puissantes. Mais l’expérience en Colombie et ailleurs montre qu’il peut l’emporter parce qu’un très grand nombre de gens en dépendent de pour leur subsistance et le bien-être de leurs familles. C’est précisément le type de systèmes alimentaires dont le monde a besoin pour traiter la pauvreté, la faim et le changement climatique et nous devrions tous les soutenir.

Par Grain source Grain.org le 16/12/2011

Transmis par Linsay

Le rapport complet, avec les tableaux chiffrés, La grande arnaque du lait : Comment l’agrobusiness vole aux pauvres leurs moyens de subsistance et une source d’alimentation vitale, est disponible ici :



*GRAIN se définit comme une petite organisation internationale qui soutient la lutte des paysans et des mouvements sociaux pour renforcer le contrôle des communautés sur des systèmes alimentaires fondés sur la biodiversité.

Source : La grande arnaque du lait - Rouge Midi

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