30 novembre 2013 6 30 /11 /novembre /2013 13:10


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 (PL)  Les processus électoraux de cette année en Amérique Latine ont rencontrés de sévères menaces de multiples sortes. Les medias de masse, intégrés dans le réseau mondial de la désinformation et de la contre-insurrection ont joué un rôle clé.

Au Venezuela (en avril 2013) s’est produite une “guerre sale, qui s’est terminée la nuit du 14 avril par un déchaînement de violence de l’opposition putschiste. En Argentine sévit une campagne permanente de dénonciations mensongères anti-gouvernementale, destinée à semer le doute, la suspicion et l’incrédulité, visant des fonctionnaires et la figure présidentielle, dans ce cas, avec l’incorporation d’une extrême violence de genre contre la présidente Cristina Fernandez de Kirchner, dans des programmes de télévision, de radio, la presse, avec pour objectif d’influencer le cours des élections législatives de juin passé, parmi d’autres actions non moins graves et violentes.

Au Chili plus récemment, l’ingérence médiatique a également mené son jeu, avec des subtilités marquées. Une série d’Organisations Gouvernementales travaillèrent également pour affaiblir la candidate préférée, l’ex présidente Michelle Bachelet, favorisée par l’effet dynamisant de la lutte étudiante qui exige l’éducation gratuite et des changements dans une société qui se retrouve encore dans l’ombre de l’ex dictateur Augusto Pinochet, lovée dans diverses structures.

Les marches étudiantes, durement réprimées, créèrent les conditions d’un renouvellement grâce à une marée juvénile qui déborda les impasses politiques et réveilla les secteurs endormis de la société. Le triomphe de Bachelet fut indiscutable (presque 47% des votes) suivi de loin par l’officialisme quoiqu’il ne lui permit pas de remporter dès le premier tour.

Si les secteurs de la gauche qui participèrent aux élections dans des mouvements politiques mineurs et sans aucune possibilité de gagner avaient compris le moment politique que vit la région, il n’y aurait pas eu besoin d’un second tour, qui bien que l’élection soit assurée, donne du temps aux vieux putschistes armés pour imposer d’autres conditions. Au moment de l’incendie on ne joue pas avec le feu. Et il est certain que la phrase « ce sont tous les mêmes » est antidialectique par excellence.

Les faits qui se sont produits au Venezuela avec un arsenal contre-insurrectionnel évident (guerre sale, illégale), très similaire à celui qui précéda le coup d’état de septembre 1973, qui installa la cruelle dictature d’Augusto Pinochet au Chili, rendent compte de ce que les éternelles ingérences dans notre région, se font toujours plus actives.

A la guerre médiatique qui envenime la réalité vénézuélienne s’additionnent des sabotages permanents, et une guerre économique impitoyable et brutale, qui a été combattue heure par heure au cours des derniers jours par le président Nicolas Maduro. Le rêve d’aligner la vieille et rebelle « arrière-cour », a mené jusqu’à l’annonce que serait donné  un coup final à la Doctrine de Monroe, de 1823, qui postule que Notre Amérique est seulement pour les « américains », ce qui signifie en l’occurrence  pour les Nord-Américains.

En réalité, nous vivons sous une invasion silencieuse des Fondations créées par le Renseignement des Etats-Unis et ses réseaux d’organisations Non Gouvernementales (ONG) qui parsèment le territoire d’Amérique Latine et des Caraïbes, tapies comme les béliers de cette contre-insurrection, unie à la croissante militarisation régionale. La Doctrine de Monroe est encore en vigueur comme toujours, de même que la mentalité des fondamentalistes de la Guerre Froide n’a jamais disparu.

Honduras sous le feu

Les regards doivent se porter sur le Honduras où la situation est grave, parce que c’est le processus électoral le plus important après tant d’années de démocraties falsifiées et de dictatures Dans ce petit pays d’Amérique Centrale converti depuis les années 30 en une plate-forme militarisée des États-Unis, le peuple hondurien est une éternelle victime.

Ce fut depuis le Honduras que parti l’avant-garde de l’invasion du Guatemala, pour renverser le populaire président Jacob Arbenz Guzman en 1954. Dans les années 80, il n’y aura pas seulement des bases disséminées au Honduras pour le projet étasunien de la guerre sale et prétendument sous-couverture contre le Nicaragua sandiniste, mais aussi un Centre d’Entraînement pour ceux qui auront à combattre les mouvements de libération du Salvador et du Guatemala et d’autres pays. Il y eu des disparus honduriens sous le règne de l’ambassadeur étasunien John Negroponte et la « collaboration » de militaires argentins et des agents du bataillon 601 avec les mercenaires de la « contra » qui assiégèrent les populations du Nicaragua.

Tout cela constitue la véritable histoire du Honduras. C’est pour cela que c’est un moment d’une aussi grande importance pour ce peuple qui a vécu un bref printemps, sous le gouvernement de l’entrepreneur du vieux parti libéral Manuel Zelaya, qui eu le courage d’écouter pour la première fois les voix de son peuple et de commencer a leur donner des réponses. Et pour couronner le tout, il commit le « sacrilège » de s’allier aux pays de l’ALBA, chapeautés par le Venezuela.

Il y aurait bien plus à dire, mais il suffit de savoir qu’a été appliqué dans ce cas le coup d’état « doux », quoique pas si doux que ça puisque que ce furent des militaires d’élites qui ont séquestré Manuel Zelaya ce 28 juin 2009 pour l’emmener vers une base nord-américaine au Honduras et de là à Costa Rica.

Negroponte,  était alors envoyé par le département d’Etat depuis juillet 2008 pour “remettre le Honduras à sa place”,  il avait obtenu de coopter les députés libéraux de Zelaya et avait présenté la liste des juges que ce Congrès devait élire pour intégrer la Cour Suprême. Il n’est donc pas surprenant que cette Cour ait considéré qu’il n’y avait pas eu de coup d’état au Honduras et qu’en réalité proposer un plébiscite pour changer la constitution était antidémocratique.

Les élections actuelles sont celles qui ont connu la plus grande participation enregistrée, avec des partis comme Libre (Liberté et Refondation), né de la résistance au coup d’état, qui se poursuit jusqu’aujourd’hui, malgré les persécutions et assassinats commis au cours des quatre dernières années de coup d’état continué et dont la candidate est Xiomara Castro, épouse de l’ex président Zelaya.

Cette femme a fait preuve d’un courage surprenant en prenant la tête des marches contre le coup d’état alors que son époux était séquestré à l’extérieur du pays. La campagne du pouvoir hégémonique et la guerre médiatique prirent la forme d’intimidations des citoyens, qui ont visé également des observateurs étrangers du processus électoral. Deux groupes furent pris en otage, dans le cadre d’une militarisation illégale.

La guerre de la peur est accompagnée par le nombre douloureux des victimes qui se mit à croître à partir du coup d’état de juin 2009 ; plus de 40 journalistes, cameraman et des dizaines de paysans, travailleurs, professeurs, dirigeants populaires de la résistance furent assassinés. Il y eu une instauration de la violence avec l’incursion des « maras » créées dans les bidonvilles latino des Etats-Unis pour être exportées dans leur pays d’origine et y amener l’insécurité et la terreur. Au moins 22 personnes meurent chaque jour au Honduras à cause de la violence. Tout cela depuis le golpe (coup d’état) venu « sauver la démocratie ».

Il y a eu des intimidations en tous genres  jusqu’aux jours précédents les élections, des humbles dirigeants du Parti Libre furent séquestrés, torturés, assassinés.

Ceci donne du crédit aux propositions du gouvernement issu du putschisme de militariser la société et de préserver l’existence des bases militaires des Etats-Unis comme celle de Palmerola, stratégique sur la carte de la domination régionale ou celle de Gracias a Dios, entre autres structures qui ont conduit à la misère et au féminicide.

La majorité des travailleurs honduriens gagnent un dollar par jour et la pauvreté a augmenté notablement depuis le coup d’état touchant à présent 66,7% de la population. Les escadrons de la mort des années 80 avaient converti le Honduras en une immense base pour la guerre sale contre le Nicaragua sandiniste, comme le bataillon 3-16 qui continue à être d’actualité et appuie le candidat officiel. En, plus, depuis le coup d’état sont arrivés dans le pays des autres groupes étrangers et des conseillers qui forment un réseau d’escadrons paramilitaires.

Porfirio Lobo dirige le pays conjointement avec le candidat officiel Juan Orlando Hernandez du Parti National, une des formations traditionnelles de l’oligarchie. Comme président du Congrès jusqu’ici Hernandez s’est occupé de préparer le chemin de la continuité créant une police militaire soi-disant pour combattre l’insécurité et il a fait passer une série de lois redoutables.

Parmi les récits de la terreur, les militaires entrèrent à l’improviste dans un siège de Libre deux jours avant les élections et la nuit les précédant ils prirent les antennes de Radio et  de TV-Globo de Cantagallo.

« Nous avons à élire entre un chemin de vie ou continuer à mourir de misère, de persécution et de meurtre », dit un dirigeant populaire de Olancho. Quoi qu’il se passe au Honduras, les pays de la région ne doivent pas oublier que là aussi se définit l’avenir de l’Amérique Latine et des Caraïbes.

Stella Calloni est une journaliste argentine et correspondante dans son pays du journal La Jornada. Elle est l’auteur de « Les années du Condor ».

Traduction française Anne Wolff

Source en Espagnol HONDURAS TIERRA LIBRE: América Latina: Elecciones amenazadas 

 

 

Notes de traduction

Stella Calloni, journaliste et chercheuse est aussi l’auteur de Dormir avec l’ennemi ou l’invasion silencieuse.Par stella calloni. Partie 1 - Dormir avec l’ennemi ou l’invasion silencieuse. Partie 2 bis (bolivie) - Dormir avec l’ennemi ou l’invasion silencieuse. Partie 2 (venezuela) -Dormir avec l’ennemi ou l’invasion silencieuse. Partie 3 (fin)  texte par lequel elle retrace les réseaux de la toile d’araignée des associations créées dans le but de déstabiliser les gouvernements progressistes d’Amérique Latine, par des outils de guerre psychologique amplement subsidiés. Ces associations ne se limitent pas toujours à la guerre de désinformations, leur manipulation de mécontentement de certaines parties de la population peut se doubler de formation de type para militaire, comme ces entraînements para militaires à Miami dont le dirigeant de la droite vénézuélienne a fait la promotion ce mois-ci ((VIDEO) J.V. Rangel: Leopoldo López ofreció financiamiento a jóvenes venezolanos para entrenarse como paramilitares en Miami) , mais rien de nouveau sous le soleil du sud puisque OPTOR, devenu JAVU sévit tant au Honduras, qu’au Venezuela ou en Bolivie (Le pacifisme de l’Empire, au Honduras comme ailleurs :OPTOR et ses contre révolutions)

Comme nous le dit Stella Calloni, ancienne qui a traversé le pire, le temps des dictatures et y a survécu, et ensuite a vu s’incarner dès l’aube du 21ème siècle l’espoir- – aujourd’hui gravement menacé - quand  de nouvelles formes de gouvernements ouvrent vers de nouveaux possibles, aussi imparfaits ou critiquables soient-ils par ailleurs. Pour comprendre l’alternative proposée par l’élection de dimanche passé au Honduras, on peut se référer à l’entrevue avec la meneuse de l'organisation indigène COPINH, Bertha Caceres, réalisée par Mémoire des luttes (Les mouvements sociaux à l’épreuve d’une « dictature transnationale »  ). Tant  cette association indigène,  que l’association fraternelle des noirs garifuna OFRANEH sont fort critiques de la transformation de la branche politique du Front National de la Résistance Populaire (au coup d’état) en un parti dont l’essentiel de l’énergie a été investi dans la bataille électorale au détriment d’un travail de renforcement de la base, de décolonisation comme dit l’anthropologue quechua Ollantay Itzamna (Honduras : leçons et défi du processus électoral apparent) alors que dénonçant le rôle joué par le déstabilisateur professionnel JJ Rendon, l’association OFRANEH met en évidence  la soigneuse préparation de la fraude (Honduras : JJ Rendon, la droite fasciste et la fraude annoncée).

Je constate à travers mes diverses lectures que les moyens sont tellement diversifiés, fait d’une multitude de petits actes convergeant tous pour confisquer les résultats de l’élection en faveur du Parti National, qu’il faut parcourir une multiplicité de textes pour avoir une faible idée de l’immense ampleur de cette fraude réellement monstrueuse menée avec les éminents conseils "techniques" de l’ambassade des Etats-Unis, il faudra lire les rapports qui recueillent les diverses manifestations de l’intimidation et de la fraude que préparent tant Libre, le Parti Anticorruption et le parti Libéral que diverses associations de défense des droits humains ou d'observateurs pour trouver réunis les éléments qui permettent de mesurer l’incroyable ampleur des méthodes mises en œuvre de manière coordonnée pour que le Parti au pouvoir ( et donc l’oligarchie locale et transnationale) puisse confisquer cette élection, et le pays.

 

N’empêche, le Honduras est aujourd’hui le maître domino de la pénétration des transnationales en Amérique Latine (et une des clés pour leur domination globale) et l’élection de dimanche dernier incarnait donc l’alternative d’un futur de douleurs et de larmes dans un pays littéralement confisqué par des transnationales ou la possibilité pour le peuple du Honduras, de se remettre tout simplement à respirer pour travailer à réduire les inégalités dans un pays sorti de la terreur et pour l’alternative qui à ma sympathie, la possibilité de continuer à l’avenir le combat pour un "habiter raisonnable" de notre planète qui s’incarne aujourd’hui dans l’avant-garde que constituent les mouvements paysans de la Terre, représentés au Honduras par la Copinh, Ofraneh, et autres groupements paysans, réunis dans la Via Campesina qui accorde son soutien à Libre et sa candidate présidentielle Xiomara Castro, l’alternative est limpide : Soit une démocratie avec ses imperfections et ses espaces de liberté, soit l’avènement d’une dictature transnationale aggravée, comme nous le dit la résistante Lenca Berta Caceres, pour qui le résultat confisqué des élections a une conséquence très claire : sa vie ne tient qu’à un fil :

Et pour terminer, une petite note personnelle, je souscris tout à fait aux paroles de Stelle Calloni quand elle parle du surprenant (et admirable courage) de Xiomara Castro, qui lors du coup d’état à pris la tête du mouvement populaire, face à l’armée, risquant sa vie avec une détermination sans faille. J’ai écris à l’époque que cette Dame ferait une bonne présidente, même si je suis plus proche des projets de monde de la COPINH ou d’OFRANEH que du programme de Libre, je suis persuadée qu’à ce moment-ci de l’histoire Xiomara Castro est sans aucun doute et de loin la meilleur présidente dont puisse rêver le Honduras qui dans sa majorité a d’ailleurs voter pour le projet populaire qu’elle incarne..

 Alors que tous ceux qui essayent de la faire passer pour un satellite de son mari, se réfèrent aux documents de l'époque du coup d'état, Xiomara Castro a construit son leadership dans la rue à la tête du mouvement populaire de résistance, en faisant face avec détermination aux forces de répression alors qu'il aurait été bien plus facile pour elle de rejoindre son mari à la grande satisfaction des putschistes.

 

 

Ici Honduras : analyse d'un coup détat 1: Le mythe de la réelection.

  la prétendue cause du coup d'état, les raisons pourlesquelles Zelaya a été écarté comme "dictateur


Première phase d'un coup d'état continué, juillet 2009

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