28 juin 2009 7 28 /06 /juin /2009 10:13

Parce que le monde à le droit de savoir !

Qui est Hossein Musavi le « combattant de la liberté » d’Iran ?

Il fut le premier ministre du pays pendant la guerre avec l’Irak (1981-1989). Il fut responsable de l’exécution du massacre de milliers de prisonniers politiques. C’est durant son mandat que la totalité des partis et organisations politiques, syndicats, organisations féministes etc. furent poursuivis, leurs membres - dont des milliers de jeunes et étudiants - arrêtés, torturés, exécutés.

Il s’agit du plus grand massacre de l’histoire contemporaine d’Iran. Parmi les victimes, 53 membres du comité central du part Toudeh (communiste), dont 4 qui avaient passé 25 dans les prisons du Shah, des poètes, des écrivains, professeurs d’université, médecins, des dizaines de militaires (parmi lesquels le commandant en chef des forces navales d’Iran, le général Afzali, accusé d’être communiste), les principaux représentants des minorités religieuses au parlement (toutes de gauche), liquidés après avoir souffert des tortures inimaginables tant physiques que psychologiques (par exemple être contraint à tirer le coup de grâce à leur camarades).


 Les revendications d’autonomie des minorités ethniques (près de 60% de la population du pays) durement réprimées, des centaines de kurdes et de turkmènes pendus sur les places publiques. L’ampleur de la répression politique, religieuse, ethnique, et antiféministe du régime islamiste a contraint plus de 4 millions d’iraniens à l’exil, le plus grand exil de toute son histoire. On estime à 30 000 le nombre d’assassinats dans ces quelques mois de 1988.


En 2008, à l’occasion du vingtième anniversaire du massacre, Amnesty International, dans son rapport annuel, demande que les responsables du « massacre des prisons » rendent des comptes (la plupart des victimes étaient déjà en prison). Tout le monde en Iran n’a pas oublié ce sanglant épisode de l’histoire et durant la campagne électorale, plusieurs fois, les étudiants ont demandé des explications à Musavi sur son rôle de l’époque.


Pourquoi ce gouvernement iranien gêne-t-il tant les puissances occidentales ? Les mêmes qui ne pipent mot quand il s’agit de dictatures ou de démocraties amies qui violent systématiquement les droits de l’homme.

En premier lieu parce que le gouvernement d’Iran est un obstacle considérable dans la région pour la stratégie impérialiste et son gendarme local le gouvernement de droite raciste d’Israël. En deuxième lieu parce que l’Iran, fort de son droit, résiste à l’énorme pression des grandes puissances et poursuit son programme de développment de l’énergie nucléaire.


La logique éléctorale des puissances occidentales

En ce qui concerne les élections, la logique occidentale part d’un principe universel : quand un ami des grandes puissances triomphe, il s’agit d’élections libres et quand des partis, mouvements ou personnalités hostiles gagnent, il y a fraude !

Dans le cas actuel, en Iran, on applique le principe universel en le complétant d’une espèce de syllogisme : 1) le candidat de l’opposition MUSAVI devait gagner ces élections, comme le souhaitaient les occidentaux, 2) MUSAVI a perdu les élections (un tiers des voix contre deux tiers au président actuel), 3) Conclusion : il y a eu fraude,

La conclusion a été assumée par les grandes puissances, ses leaders politiques et les grands médias.

Le résultat final, communiqué officiellement sur les 40 millions de votants Ahmadinejad 62.63% (25 millions) ; Musavi 33.75% (13.500.000) Rezai 1.73% (692.000) Karoubi 0.85% (340.000).

Pour qu’un tel résultat soit le résultat d’une fraude, celle-ci eut été monumentale et personne n’a apporté la moindre preuve d’une manipulation de cette envergure. Mais la « communauté internationale » (c’est ainsi que les médias nomment les grandes puissances) veut se débarasser à n’importe quel prix du gouvernement iranien actuel. C’est pourquoi MUSAVI est devenu le « combattant de la liberté »,

Source Le Grand Soir



5ème appel au peuple d’Iran de Hussein Musavi
Texte intégral


Tlaxcala publie et traduit des déclarations du candidat défait à l’élection présidentielle iranienne, Mir-Hossein Mousavi, dans le strict but d’informer le public en dehors d’Iran. Ces publications n’impliquent pas que nous partagions les positions de Mousavi, pas plus que nous ne partageons celles d’Ahmadinejad ou des autres candidats. Tlaxcala est un réseau associant de très nombreuses cultures, langues, sensibilités et itinéraires et qui veille à sauvegarder son indépendance et son regard critique.


Il nous semble salutaire de restituer la parole de celui que certains, victimes de la propagande impériale, auraient tendance à considérer comme « l’homme des Américains » à Téhéran. À chacun de se faire son opinion en se donnant la peine de découvrir le discours et la pensée des hommes engagés dans la bataille du pouvoir en Iran.-FG

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28 juin 2009 7 28 /06 /juin /2009 09:18


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ANKARA (NOVOpress) –
L’aviation turque a bombardé jeudi matin « un grand groupe » d’opposants kurdes dans le nord de l’Irak après une attaque qui a coûté la vie à 6 soldats turcs. Ces militaires avaient été tués par l’explosion d’une mine au passage de leur véhicule dans le sud-est de la Turquie à majorité kurde, dans la province de Haddakari, frontalière de l’Irak. Fin avril, 9 autres soldats avaient été également tués.

Après cette attaque, les troupes turques ont lancé une offensive contre la guérilla kurde. Cette population revendique un territoire autonome dans le sud-est de la Turquie. Le conflit a fait plus de 40 000 morts depuis 1984. Environ 2 000 Kurdes sont également retranchés et harcelés par l’armée turque dans le Kurdistan irakien. De véritables opérations de guerre au Moyen-Orient qui pourraient être importées au cœur de l’Europe en cas d’intégration de la Turquie à l’Union européenne.

29/05/2009 – 09h00


[cc] Novopress.info, 2009, Dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine
[http://fr.novopress.info]

Posté par Novopress dans Monde, Politique le 29 mai 2009 | Imprimer cet article
Répression anti-kurde : opérations de guerre de la Turquie en Irak

Ceux qui ont lu l'article que j'ai relayé qui concerne l'application des lois antiterroristes en Belgique auront appris que les recherches que j'avais commencé ce sont "volatilisées"
Là j'ai décidé dans la mesure de mes moyens d'ntreprendre une recherche bien plus approfondie à ce sujet en relation avec la situation en Turquie puisque les présumés terroristes sont des opposants au régime turque qui n'ont commis aucun acte de violence ni ici, ni là-bas.
Mais aussi parce que revient sur le tapis la question de l'entrée de la Turquie dans l'UE et que la moindre des choses seraient d'en savoir un peu plus sur ces partenaires potentiels un peu douteux.
Si vous avez des informations, des liens intéressants je vous serait reconnaissante de me les communiquer.

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23 juin 2009 2 23 /06 /juin /2009 21:36

Ou D'une pierre deux coups


Il y aurait là aussi un travail d'investigation et de synthèse à mener : sur la manière dont la CIA, certains membres du gouvernement des Etats-Unis et les crapules friquées de l'oligarchie qui se prennent pour une élite et qui sont la plus puante lie que l'humanité ait jamais produit ont utilisé la drogue pour détruire la jeunesse qui aurait pu s'opposer à leur projet. Les premiers à avoir été victimes de cette ignoble stratégie semble avoir été des afro-américains de quartiers "chauds". J'ai été personnellement témoin de la manière dont cette statégie à été utilisée à Bruxelles et Genève. Et j'ai vu se détruire quelques un(e) sde mes ami(e)s de coeur, et souvent ils me manquent. Allez voir sur le blog de Serge d'où vient cet article, sur celui de free spirit les vidéos qui fendent le coeur. Cet article-ci, je le dédie à tous mes amis morts d'une longue et pénible toxicomanie et à tous ceux qui en souffrent chaque jour de ne valoir guère mieux. Avec toute ette douleur de l'impuissance face à la force de ces substances qui possèdent ceux qui en consomment.

SERGE ADAM

Free spirit... Esprit libre... Daily-censorship - accueil | neila-dreama-free.blogspace.fr
Daily-censorship vous offre quelques clés qui ne se retrouvent pas ailleurs; Vous trouverez  sur le site ci-dessus les liens vers ses autres blogs.



Afghanistan : les barons de l’héroïne par la grâce des États-Unis En Afghanistan, sous la tutelle des « libérateurs » états-uniens et avec la participation des troupes de l’Otan, on engrange cette année la plus grande récolte d’opium que le monde ait jamais vue. Selon les rapports de l’ONU, il y avait eu, en 2006 déjà, la plus grande récolte d’opium de l’histoire. Elle avait dépassé le record précédent de 60%. Probablement ce record sera battu de façon massive cette année encore. Tandis que le trafic d’opium était presque entièrement bloqué et défendu sous le régime des Talibans, l’occupation de six ans a rendu possibles de nouveaux records concernant la culture du pavot somnifère et la production d’opium brut. Cependant, l’Afghanistan n’exporte aujourd’hui plus guère l’opium brut, car le pays a réussi à augmenter « la plus-value » à l’intérieur du pays – l’Afghanistan exporte aujourd’hui de l’héroïne pure ! L’héroïne n’est plus produite dans des caves-laboratoires, mais dans de vraies fabriques à partir d’opium brut. Des millions de litres des produits chimiques nécessaires sont importés en Afghanistan et on les transporte sur les routes qui ont été construites comme « aide aux Tiers-Monde ». Comment une chose pareille a-t-elle pu se passer ? La réponse nous est donnée par l’ancien ambassadeur anglais en Ouzbékistan, Craig Murray : « La réponse est simple. Les quatre auteurs principaux de ce jeu sont tous membres du gouvernement afghan pour lequel nos soldats se battent et meurent. Quand nous avons attaqué l’Afghanistan, l’armée de l’air états-unienne a recouvert le pays de bombes, pendant que la CIA a armé et équipé les barons de la drogue et les seigneurs de guerre afghans pour qu’ils effectuent les opérations terrestres – puis nous les avons nommés ministres. Le président Karzai est un bon garçon. Mais personne ne croit réellement qu’il a voix au chapitre dans le pays. Les États-Unis ignorent ses vœux de manière glaciale. Et avant tout, il n’a aucune influence sur les barons de la drogue et les chefs de tribus dont chacun contrôle strictement son domaine et dont chacun s’enrichit personnellement avec le trafic de drogue. Tout cela, je l’ai appris pendant mon séjour en tant qu’ambassadeur en Ouzbékistan. J’étais près du « pont de l’amitié » à Termez et j’observais les véhicules qui transportaient l’héroïne à travers le pays en direction de l’Europe. Et j’observais les camions-citernes qui roulaient en direction de l’Afghanistan. Mais cependant, j’étais incapable d’amener mon propre pays à entreprendre quelque chose là-contre. » Et d’ajouter : « Maintenant on récolte de l’opium partout en Afghanistan mais en quantité spécialement grande dans la région contrôlée par le général Abdul Rashid Dostum. Aujourd’hui, le général Dostum est le chef suprême de l’armée afghane. Là aussi mon propre gouvernement n’a reculé devant aucun effort pour cacher ces faits. Il a prétendu que la plupart de l’héroïne provenait de la région contrôlée par les Talibans. Mais cette région est formée en majeure partie de déserts rocheux et infertiles. Il est tout à fait impossible que cette énorme quantité d’opium puisse provenir de cette région. Le fait que le général Dostum soit l’actuel ministre de la Défense de l’Afghanistan est un signe supplémentaire que notre politique est pourrie. Car ce n’est pas un secret que Dostum fait assassiner prisonniers et opposants de manière atroce. Aussi triste cela soit-il, mais Dostum n’est probablement pas même le pire des marchands de drogue qui siègent au gouvernement afghan sous la tutelle de l’OTAN. Et la prochaine fois que vous entendrez parler du nombre des victimes de la guerre en Afghanistan, n’oubliez pas qu’il faut y ajouter les jeunes gens, dont la vie a été ruinée et sacrifiée par l’héroïne. Eux aussi sont les victimes de notre guerre d’intervention en Afghanistan », a déclaré Craig Murray amèrement.

Source: Voltaire.net Voir aussi
Site: Esprit Libre Free spirit
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23 juin 2009 2 23 /06 /juin /2009 14:53


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Nous sommes à un moment de l’histoire qui pose un défi radicalement nouveau à l’espèce humaine :

Pour la première fois, son prodigieux dynamisme se heurte aux limites de la biosphère et met en danger son avenir. Vivre ce moment signifie que nous devons trouver collectivement les moyens d’orienter différemment cette énergie humaine et cette volonté de progrès. C’est un défi magnifique, mais redoutable. Or, une classe dirigeante prédatrice et cupide, gaspillant ses prébendes, mésusant du pouvoir, fait obstacle au changement de cap qui s’impose urgemment.

http://blogantipub.wordpress.com/2006/12/28/comment-les-riches-detruisent-la-planete/

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Je vais vous faire partager quelques passages de la rubrique « Les mensonges économiques » dont vous trouverez la totalité sur le blog d’exdisciple. Prenez en le fil depuis les plus anciens, auquel vous conduit le lien ci-dessous, parcourez-les et vous aurez une chance de comprendre la vraie nature de l’économisme néo-libéral.

Ces 5 pages de ce blog sont pleines de vidéos intéressantes et d’articles que je n’ai pas repris ici par un choix un peu arbitraire

Les mensonges économiques archive at exdisciplesleblog

version partiellement revue en février 2012

 

 

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Le texte qui suit est fondamental :

*Ricardo Petrella est professeur d'Economie conseiller auprès de la Commission des Communautés Européennes, Président et fondateur de l'Association des Amis du Monde Diplomatique

 

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DECLARATION MONDIALISTE  DES DEVOIRS DE L'ESCLAVE-CITOYEN

Au nom de la compétitivité censée assurer le bonheur des peuples et la solidarité entre les nations, mais qui n'assure la liberté que des capitaux, et l'expropriation de toutes les souverainetés humaines

ARTICLE PREMIER : Tous les hommes et les femmes naissent et vivent prisonniers d'un Etat et d'un système mondial qu'ils n'ont jamais demandé et pour lequel ils n'ont jamais signé de contrat. Ils sont tenus d'en respecter les principes et de se plier à toutes les EXPROPRIATIONS de leurs droits et souverainetés que le libéralisme monopolistique leur impose.

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ARTICLE SECOND : L'être humain n'a aucun droit s'il n'est pas rentable. La personne humaine n'existe plus qu'en tant que ” ressource humaine ” exploitable. C'est un capital à gérer. Le droit au travail (reconnu par la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme) n'existe plus : il est remplacé par un ” devoir d'employabilité “. Nul n'a plus de droit en tant que personne, s'il n'est socialement utile. Comme l'individu peut être jeté dès l'instant qu'il n'est plus rentable, il doit être recyclable. On a donc inventé la formation continue, mais cela suppose de l'argent et l'envie de se battre. Seulement 15 % des plus de 50 ans ayant perdu leur travail en retrouvent un. Les autres, et tous ceux qui ne font pas la preuve de leur rentabilité, sont éliminés du rôle social.

 

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1 - EXPROPRIATION DE LA PERSONNE HUMAINE PAR LA RENTABILITE

ARTICLE TROISIEME : Seul est reconnu comme citoyen le consommateur solvable. Etre citoyen devrait consister à participer à la vie de la cité, et donc aux décisions qui influent sur ses membres. Ce citoyen n'existe évidemment plus, puisque l'essentiel des décisions qui régissent sa vie sont prises par les monopoles industriels et commerciaux. La meilleure preuve est qu'il est aujourd'hui impossible d'influer sur les marchés, c'est-à-dire d'agir sur la société, par le vote ou la voie parlementaire. Les marchés s'autorégissent et continuent leur oeuvre monopolistique quelles que soient les décisions politiques. Par contre, on peut changer les marchés par le BOYCOTT. Preuve que le citoyen n'a plus de pouvoir qu'en tant que consommateur. Seul le consommateur compte. Si je ne peux acheter, je n'ai aucun pouvoir, alors que je devrais être un homme comme un autre et un citoyen comme un autre. L'idéal serait de devenir actionnaire. Acheter les entreprises. Mais l'actionnariat de masse ne résout nullement le problème. Seules les positions dominantes ont une action réelle. Le reste est poudre aux yeux.

 

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2 - EXPROPRIATION DE LA CITOYENNETE PAR LA CONSOMMATION

ARTICLE QUATRIEME : Le social n'existe plus. L'argent est le seul paramètre de la valeur.” Il n'y a pas de société, il n'y a que le marché “, disent certains économistes. Tout est marchandise. On parle de ” produits culturels “, de ” marché de l'art ” etc. Alors qu'on aurait pu instaurer une communauté solidaire et une société mondiale, ne s'est instauré qu'un marché mondial. Et la société s'atomise du fait de la compétition entre ses membres jusqu'à l'individu qui est en concurrence avec son frère et sera un jour poussé à l'éliminer pour survivre.

 

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3 - EXPROPRIATION DE LA SOCIETE PAR LE MARCHE

ARTICLE CINQUIEME : Actuellement, la Loi est l'expression des intérêts financiers et des marchés. ” Dans le char de l'Etat, le conducteur est financier, le politique est dans le coffre “. Les contraintes des marchés financiers font la loi sur les politiques économiques. Aucun pays ne peut y échapper. Les parlements n'ont plus guère de marge de manœuvre face à la conjoncture mondiale. D'ailleurs cela a été officialisé dans le Traité de Maastricht par le fait que les banques centrales et les politiques monétaires sont désormais indépendantes et souveraines. Elles n'ont aucun compte à rendre aux Etats, et n'ont pas pour mission d'agir dans le sens d'une politique économique décidée par un Parlement. La politique monétaire de la banque centrale, destinée à empêcher toute inflation (parce qu'elle fait perdre aux prêts la valeur de l'intérêt perçu) quelles qu'en soient les conséquences sociales, est toute-puissante : les autres politiques doivent toutes être cohérentes par rapport à elle. Le traité de Maastricht (” indépendance de la B.C.E.”) reconnaît ouvertement que toutes les politiques gouvernementales sont directement soumises aux marchés financiers.

 

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4 - EXPROPRIATION DU POLITIQUE PAR LE FINANCIER

ARTICLE SIXIEME : Un pouvoir de plus en plus absolu entre les mains d'un nombre de plus en plus réduit de personnes : C'est la conséquence directe de cette expropriation du politique. On sait qui sont ces oligarchies, pouvoir absolu détenu par quelques infimes minorités qui se concentrent toujours plus. Voir les fusions récentes initiées par Hoechst, Petrofina, Axa, BNP, Ford etc..

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5 - LA DEMOCRATIE EXPROPRIEE PAR UNE OLIGARCHIE

ARTICLE SEPTIEME : Souffrir en silence. Nous avons les moyens de vous empêcher de parler. Toute considération humaine de bon sens est désormais subordonnée à la compétitivité sur les marchés mondiaux. Face aux drames sans nombre que cette situation provoque, on prétend ensuite quelque peu ” humaniser l'Economie “. Il est bien temps. En fait, peu importe que des familles crèvent par milliers localement, pourvu qu'au niveau global, la rentabilité soit meilleure ailleurs.

 

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6 - EXPROPRIATION DE L'HUMAIN CONFIE A L'HUMANITAIRE, ET DE L'INFORMATION PAR LA MANIPULATION.

ARTICLE HUITIEME : La morale est l'ennemi du libéralisme. L'éthique, c'est le respect de l'existence de l'autre. Cela est remplacé par les ” autocodes ” dans les entreprises. Mc Donald, Nike etc. ont toutes leur auto-code qui régit les rapports humains en fonction des nécessités de rentabilité de l'entreprise.

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7 - EXPROPRIATION DE L'ETHIQUE REMPLACEE PAR LES USAGES COMMERCIAUX ET LES REGLEMENTS D'ENTREPRISE

ARTICLE NEUVIEME : La diversité n'est pas moderne et s'oppose aux économies d'échelle. Il n'y a plus qu'une culture, une langue et elle passe par un modèle d'ordinateur et un logiciel. Le reste n'a plus droit de cité. Ceux qui tentent de faire survivre leurs différences n'ont rien compris à l'ouverture.


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8 - EXPROPRIATION DU CULTUREL PAR LE TECHNOLOGIQUE

ARTICLE DIXIEME : La Fraternité est interdite. L'homme sera de plus en plus un loup pour l'homme. ” Si vous voulez être solidaire, soyez compétitif, pour qu'il y ait des ressources à répartir. ” Ce langage est une imposture. La solidarité n'existe aujourd'hui qu'entre ceux qui sont accablés par les conséquences du mondialisme libéral.

 

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9 - EXPROPRIATION DE LA SOLIDARITE PAR LA COMPETITIVITE

ARTICLE ONZIEME : L'Egalité est interdite. En aucun cas l'Etat ne doit plus intervenir pour rétablir une certaine égalité. A la limite, toute subvention sera interdite. Il n'y a plus d'égalité possible, sinon dans la misère. ” Il est équitable d'avoir plus si on est plus compétitif “. Avec ce discours, on peut justifier toutes les injustices.

(note de 2012. Voir la Grèce où l'état, interdit les so upes populaires associatives spontannées et se réserve le monopole de l'aide alimentaire sous forme de tickets de rationnement.)

 

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10 - EXPROPRIATION DE LA JUSTICE PAR LE MERITE

ARTICLE DOUZIEME : Le racisme social et culturel est obligatoire.
L'apartheid social et culturel est le résultat du rejet de ceux qui ne méritent pas les fruits de la productivité. On s'enferme dans des ” gated communities ” où l'autre n'a plus accès sans code.

 

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11 - EXPROPRIATION DU RESPECT REMPLACE PAR L'INTOLERANCE

ARTICLE TREIZIEME : Détruire ou soumettre les ennemis du libéralisme est un devoir social. La course à la compétitivité rendue vitale du fait de l'ouverture mondialiste remplace provisoirement les guerres externes par les guerres internes. Cette guerre économique, écologique, culturelle, énergétique, éducationnelle, est un obstacle majeur pour la paix entre les hommes. Mais l'ennemi n'est pas toujours celui contre lequel on se bat, mais bien souvent celui qui profite de la division.

 

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12 - EXPROPRIATION DE LA PAIX PAR LA GUERRE

ARTICLE QUATORZIEME : Toute liberté et un crime dès l'instant où elle ne favorise pas le jeu des marchés censés régir la vie de chacun de nous. Toute opposition est une faute devant être combattue. Il s'ensuit la multiplication et le perfectionnement des outils de surveillance généralisée. Par satellites, par écoutes systématiques (téléphone, fax, internet), par cartes de sécurité sociale électroniques, par croisement de fichiers etc.

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13 - EXPROPRIATION DE LA LIBERTE PAR LA DICTATURE.


TOUS CES ARTICLES DOIVENT ETRE DECLARES CADUCS DANS L'ESPRIT DE CHACUN DE NOUS ET REMPLACES PAR :


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ARTICLE UNIQUE : Face à cette agression rampante et permanente qui détruit l'humain, chaque citoyen est invité à assumer son devoir de révolte : jamais les pouvoirs n'ont accordé de droits aux peuples sans qu'ils soient arrachés de haute lutte.

Et la première lutte se passe dans nos têtes. La passivité, c'est l'acceptation de tous ces principes illégitimes comme s'ils étaient légitimes. C'est à chacun de DELEGITIMER en lui-même ces principes fondateurs de la mondialisation. Refuser d'agir et de penser en termes de compétitivité, refuser de considérer l'autre comme un concurrent qu'il faudra un jour ou l'autre éliminer, refuser de laisser tout ce qu'il y a de plus profond dans l'individu être bafoué au nom de l'intérêt immédiat de quelques manipulateurs mondiaux qui nous font croire que leur enrichissement est le progrès inévitable et que le libéralisme sauvage au seul profit des monopoles est la voie économique légitime et naturelle. C'est cela le vrai fascisme qu'il n'est plus possible d'accepter. Et cela suppose de déligitimer aussi en nous le désir d'être à la place de ces exploiteurs-maîtres du monde, en déligitimant tout sentiment de compétition, qu'on soit étudiant ou cadre, au profit de la solidarité, car nos vrais intérêts à terme sont collectifs et communs.

 


http://sathyadas.blogspot.com/2007/12/les-dix-commandements-du-liberalisme.html

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 Car s'il est un mensonge, c'est bien celui de vouloir présenter l'économie comme une science ” exacte “, qui s'imposerait à l'homme comme la physique. Ce sont les économistes qui lui donnent une apparence ” scientiforme ” en l'habillant de tableaux, graphiques et équations mathématiques incompréhensibles par le commun des mortels. Si l'économie est une science, et elle l'est selon nous, c'est une science humaine, donc tout sauf exacte.

 

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La physique classique, elle-même ne peut prétendre à la reproductibilité et à l’exactitude que dans des conditions strictes qui sont le plus souvent les conditions artificielles du laboratoire avec  ces dispositifs et mécanismes créé par l’homme et même cette exactitude apparente est le fruit de nos propres limites de perception. Il y a toujours un horizon temporelle (durée) au-dela duquel toute reproductibilité s'arrête. Cette science mécaniste est totalement inappropriée en ce qui concerne le vivant et ces sociétés qui sont fondée sur l'évolution dont la condition première est la différenciation qui permet l'émergence de l'imprévu... la nouveauté comme source d'adaptation à l'évolution constante du monde (progrès). La gestion technocratique de la société "(gouvernance économique", dictature qui se substitue aux gouvernements comme émanantion de la volonté du peuple) est le fruit d’une vision mécaniste du monde et s’applique aux machines idéales produites par les expériences de pensée humaines, mais est mortel pour cette pensée et pour le vivant quel tente de soumettre à ces lois.

 

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« La croissance de la consommation est en réalité l’équivalent d’une drogue […]. Cette croissance, lorsqu’elle à lieu au sein des nations les plus développés, rend plus improbable une diminution des inégalités entre les peuples ; l’écart ne peut que s’aggraver. […] C’est donc, dès maintenant, non pas seulement une “croissance zéro” comme l’avait proposé le Club de Rome, mais une décroissance de la consommation des plus riches qui est nécessaire. Cette perspective n’a rien de sombre, à condition qu’elle soit accompagnée d’un développement des activités qui ne détruisent pas les richesses de la planète, notamment toutes celles générées par les rencontres entre humains. »

Albert Jacquart


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Les chômeurs heureux

Qui se cache derrière “les chômeurs heureux” ?  Personne ne se cache, au contraire : il s'agit de rendre visible une réalité bien cachée par les médias, à savoir qu'il y a mieux à faire de sa vie que de la sacrifier à l'économie, et qu'il existe dès à présent des gens qui sont chômeurs volontaires, qui ont trouvé un mode d'existence et d'activité assurément plus bénéfique, tant individuellement que socialement, que la grande majorité des jobs à leur portée. A partir de cette constatation «existentielle», nous mettons l'accent sur la contradiction suivante : d'un côté on nous chante les louanges des nouvelles technologies et de l'automatisation, lesquelles suppriment toujours plus de travail humain ; d’un autre côté, on se désole du résultat, le nombre croissant de chômeurs, et on fait tout pour leur rendre la vie impossible. Notre suggestion : payer ceux qui, grâce à leur non-travail, contribuent à la «rationalisation» et à «l'assainissement» des entreprises. 

http://www.interdits.net/2003mars/chomeurs.htm

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Publié 10 août 2007  Mis à jour le 14 Mars 2009

Les assassins financiers, écrit John Perkins, sont des professionnels grassement payés qui escroquent des milliards de dollars à divers pays du globe. Leurs armes principales : les rapports financiers frauduleux, les élections truquées, les pots-de-vin, l’extorsion, le sexe et le meurtre. » John Perkins sait très bien de quoi il parle… car il a été lui-même un assassin financier. Son travail consistait à convaincre certains pays stratégiquement importants pour les États-Unis, comme le Panamá ou l’Indonésie, d’accepter d’énormes prêts pour le développement de leurs infrastructures, et à s’assurer que tous les projets lucratifs étaient confiés à des entreprises américaines. Ainsi affligés de lourdes dettes, ces pays se retrouvaient alors sous le contrôle du gouvernement américain, de la Banque mondiale et d’autres organisations humanitaires dominées par les États-Unis, qui se comportaient envers eux comme des usuriers, leur dictant les conditions de remboursement et forçant leurs gouvernements à la soumission. Cet extraordinaire récit véridique dévoile la corruption et les intrigues internationales, ainsi que des activités gouvernementales ou entrepreneuriales peu connues, qui ont de graves conséquences pour la démocratie américaine et le monde entier.

http://www.voxnr.com/cc/etranger/EElVlVyVVkSBAeBUGT.shtml

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J’ajoute que la stratégie ignoble qui consiste à faire porter le coût du chômage - volontairement crée par les "capitalistes" - par les impôts des travailleurs à un double avantage pour les causeurs de crise. Ils s’exemptent de payer les dégâts qu’ils provoquent et transforment les « bénéficiaires de revenus de remplacement » en boucs émissaires de la grogne des travailleurs.

 

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Publié 17 août 2007

“L’aspiration à une société de frugalité exige l’examen de ce qui lui est contraire, la société de consommation, c’est-à-dire de sur-consommation, dont l’idéologie publicitaire est à la fois le reflet et le vecteur. Car ce qui pousse à consommer, ce n’est pas simplement la somme des publicités prises isolément à un instant donné : c’est avant tout un système, système économique certes, mais aussi système essentiellement idéologique. Or, il nous sera impossible de vivre dans un autre système, - j’entends la société de frugalité, sans abandonner les conduites réflexes créées par le système actuel, c’est-à-dire les schémas mentaux et attitudes compulsives de la « bête à consommer » que la publicité a ancrés au plus profond de notre être.”

François Brune

http://exdisciplesleblog.unblog.fr/tag/eglise-de-la-tres-sainte-consommation

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LA VÉRITÉ SUR LA DETTE

Ce petit texte à pour but d'expliquer une vérité habilement dissimulée par un savant lavage de cerveau : la dette des États, de TOUS les États endettés du monde, est due au fait que le système bancaire s'est approprié la création de la monnaie. Cet endettement des nations et des individus est un leurre qui ne doit sa survie qu’à la confusion mentale dans laquelle sont entretenus les dirigeants et les peuples, et à la méconnaissance générale du fonctionnement de la création monétaire. Il existe des ouvrages qui expliquent par le détail pourquoi cette dette, dont on nous rebat les oreilles et qui paralyse tous les gouvernements, est une ESCROQUERIE monstrueuse

http://www.youtube.com/watch?v=vhu08omooNU

 

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Publié 3 janvier 2008 1 Commentaire

 

Dans la ville d’Ontario, en Californie, des américains redécouvrent les joies de la vie sous le tepee. Un retour aux sources, en quelque sorte. A « Tent City », on compte déjà 200 tentes dans un conté où 1 maison sur 43 est en procédure de saisie par les banques. Ce nouveau quartier est surnommé Bushville. On en est déjà à plus de 600 000 saisies de logements aux Etats Unis.

http://www.interet-general.info/article.php3?id_article=10072

(2012. J'ajoute que tout est fait aujourd'hui pour éradiquer ces modes de vie en Europe, y compris pour ceux pour qui c'est un choix ; travailler plus, pour gagner moins, ens'amusant... faire notre pain avec dela sueur et des rires... soutenez notre droit à vivre simplement en consommant peu et en produisant de manière artisanale... nous n'obligeons personne à vivre comme cela,mais nous voulons que notre choix -de salubrité publique - soit respecté. Sans compter que le développement de camps de teppes, yaurtes et autres habitats léger pourrait apporter une solution immédiate aux problèmes de logement et de chômage. Et héberger ceux qui le souhaite en attendant un logement en dur salubre à loyer abordable, mais ces choix fabriquent des non-consommateurs et des producteurs qui si le mouvement grandit deviendraient concurentiel pour l'économie officielle... luddistes, ludiques et subversifs... ce serait aussi un moyen de contrer le raz-de-marée de misère qui approche... mais telle n'est pas la volonté du système, cela se confirme chaque jour d'avantage... regarder autour de vous, informez-vous, apprenez l'histoire et réfléchissez... )

 

 

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« Le palmarès des prévisions, non seulement que j’ai faites et des entreprises que j’ai développées, mais aussi pour toute la profession dans son ensemble, n’est pas vraiment spectaculaire ». « J’ai fait des prévisions depuis le début des années 50. J’étais aussi mauvais alors que maintenant ».

C'est le mea culpa d'Alan Greenspan, l'ancien chef de la Réserve Fédérale Américaine (Fed) de 1987 à 2006.

Les nouveaux campeurs apprécieront… et le bonhomme rajoute en guise de bonne année, comme si ça ne suffisait pas, que « quelque chose d’inattendu » va bientôt se produire et que ça nous « mettra par terre ».


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Préparez vos sacs de couchage : L'abbé Pierre disait qu'il suffit de trois jours pour devenir un SDF convaincant. Quel que soit le point de départ, cadre sup overbooké, smicard surexploité ou chômeur avéré, marié/deux enfants ou célibataire notoire. Trois jours seulement. En France, plus de 100 000 personnes sont devenues SDF. Il reste des places disponibles

 

 

http://www.revue-chimeres.fr/drupal_chimeres/files/images/enfantsdon_quichotte.jpg

Poudre aux yeux :Vidéo sdf à voir absolument


 

456726972_cbbbc76eed.jpg?v=0Etats-unis :personnes sans logement

Le capitalisme est une farce cosmique mise en scène par des gangsters ventriloques qui autorisent des banquiers fauchés à prêter le fric qu'ils n'ont pas en caisse à des couillons qui passent leur vie à trimer comme des forcenés pour rembourser des dettes virtuelles. Cette farce contribue à l'édification d'une immense pyramide de dettes, appelée monnaie de singes.

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Publié 10 octobre 2008

…la crise n'est pas le problème, elle est le mode normal de fonctionnement du capitalisme. Le scénario est toujours le même : des mecs qui ont l'argent et qui avec, veulent en gagner toujours plus, des montages financiers qui reposent sur du vent, l'emballement de la machine, le mythe de la croissance infinie dans un monde parfaitement fini, la prédation de tous contre tous, la montée des inégalités, le déferlement de la misère, encore plus de concentration de pouvoir et d'argent, le blanc-seing des politiques à cette curée hargneuse, la collaboration féroce des porte-flingues, des traîtres à leur classe, des sans-grade qui prennent les strapontins pour des marches-pieds, des politicards qui vont à la soupe avec la même avidité qu'ils envoient leurs électeurs benêts à l'équarrissage, et au bout du compte et des mauvais calculs, le château de cartes s'effondre sur la piétaille pendant que les nantis organisent la faillite des nations pour se refaire avant le prochain tour de poker menteur…

http://blog.monolecte.fr/post/2008/10/09/Ceci-n-est-pas-une-crise


Le sens profond de la crise boursière actuelle échappe à la majorité d’entre-nous. Beaucoup pensent que c’est bien fait pour les riches qui y ont perdu entre 20 et 50% de leur argent. C’est vrai, mais l’argent perdu ne l’est pas pour tout le monde. Il est allé dans la poche des super riches qui ont préparé la crise et l’ont déclenchée au bon moment.

La création de la réserve fédérale américaine en 1913 a permis à un groupe restreint de banquiers internationaux de s’approprier le pouvoir de l’argent. En s’arrangeant pour inciter à la création de déficits, ils les ont financé en imprimant de l’argent à partir de rien, et touchent les intérêts exonérés d’impôts sur leur intervention. Guerres et crises économiques sont toujours à l’origine de déficits, véritables aubaines pour la FED, ou plutôt pour les douze banques privées qui la composent, puisque la réserve fédérale n’a aucune réserve et n’est pas fédérale.

http://www.altermonde-sans-frontiere.com/spip.php?article8378


Publié 15 octobre 2008

” Si la population comprenait le système bancaire, je crois qu'il y aurait une révolution avant  demain matin. “
Henry Ford.

Derrière les chiffres, les graphiques et les abstractions, une poignée d'hommes en chair en os agissent. Leurs cerveaux échafaudent les plans par lesquels ils défendent avec ténacité, et de génération en génération, des intérêts privés au détriment des intérêts des nations.

La crise financière actuelle n'est incompréhensible que pour ceux qui ne veulent pas savoir.

http://pagesperso-orange.fr/aline.dedieguez/mariali/picrochole/conspirateurs/conspirateur.htm

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La monnaie que nous employons est basée sur notre futur travail que les gouvernements (politiciens) ont promis aux banquiers.

 

Publié 18 octobre 2008

Le sens profond de la crise boursière actuelle échappe à la majorité d’entre-nous. Beaucoup pensent que c’est bien fait pour les riches qui y ont perdu entre 20 et 50% de leur argent. C’est vrai, mais l’argent perdu ne l’est pas pour tout le monde. Il est allé dans la poche des super riches qui ont préparé la crise et l’ont déclenchée au bon moment.

La création de la réserve fédérale américaine en 1913 a permis à un groupe restreint de banquiers internationaux de s’approprier le pouvoir de l’argent. En s’arrangeant pour inciter à la création de déficits, ils les ont financé en imprimant de l’argent à partir de rien,
et touchent les intérêts exonérés d’impôts sur leur intervention. Guerres et crises économiques sont toujours à l’origine de déficits, véritables aubaines pour la FED, ou plutôt pour les douze banques privées qui la composent, puisque la réserve fédérale n’a aucune réserve et n’est pas fédérale.

http://www.oulala.net/Portail/article.php3?id_article=3672

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Si le crédit est une chose bien commune, son fonctionnement est des plus complexes.

Le problème tient au fait que les quelques personnes qui comprennent le système du crédit sont, soit tellement intéressées par les profits qu’il engendre, soit tellement dépendantes des faveurs qu’il conçoit, qu’il n’y aura aucune opposition au sein de cette classe. D’un autre côté, les personnes incapables d’appréhender l’immense avantage retiré du système par le capital porteront leur fardeau sans se plaindre et peut-être sans même remarquer que le système ne sert aucunement leurs intérêts.

 Maurice Allais, prix Nobel d’économie en 1988

 

 

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Publié 27 janvier 2009

 

 


“Le jeu du commerce est un jeu que seuls les Banksters peuvent gagner. Ils ne peuvent pas perdre ; ils ont forcé tout le monde à jouer et ils nous conduisent à une dette à laquelle nous ne pouvons pas échapper. USA/CA/EU, en tant que sociétés en faillite, sont possédées complètement par ses créanciers – les banquiers. Ils possèdent les médias, le gouvernement, l’éducation, la religion, tout ; si vous avez un acte de naissance, ils le possèdent aussi. Ils contrôlent chaque transaction ; ils contrôlent ce qui se passe dans le monde ; ils ont même le contrôle de la marionnette sur laquelle le monde rejette la responsabilité de la terreur et de la menace de guerre. Aimez-vous les résultats de ce contrôle ? Appréciez-vous le jeu ? La seule manière de gagner le jeu du commerce c’est de ne pas y jouer. Nous ne sommes pas fait pour fonctionner dans le commerce ; ils nous ont dupés et ceci dans leur propre intérêt. N’y a-t-il pas quelque chose que nous préférerions faire ?Que font les banques avec ce crédit que nous avons créé en signant des reconnaissances de dettes ? Elles le prêtent. Les banques ne sont pas autorisées à prêter leur argent ou leurs capitaux ; il leur est seulement permis de prêter du crédit – crédit que NOUS avons créé.


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Aujourd’hui les banques facturent des frais de service à tout le monde et pour toutes les transactions et la plupart des personnes déclarent que cela est tout à fait normal. Quand je vous paie $50 pour un service que vous m’avez-vous fourni, puisque je vous paye avec des fonds qui ont été empruntés, et sur lesquels un intérêt court, comment l’intérêt peut-il être remboursé ? Si je vous emprunte votre voiture, comment est-ce que je peux vous rapporter plus que votre voiture que j’ai elle-même empruntée ? Cela n’est pas possible. Chaque transaction nous plonge dans une dette qui n’EXISTE PAS, excepté dans les esprits des Banksters. La seule manière pour nous de gagner c’est de ne pas jouer. Gagner et/ou utiliser les billets des banksters, c’est un cercle vicieux qui se refermera sur nous. Il n’y a aucune solution possible à moins qu’on ne cesse simplement toute transaction, c.-à-d. : qu’on sorte du jeu du commerce. Nous ne pouvons pas gagner en accumulant plus de ce qui nous appauvrit. Ce qui est plus important que cette prétendue dette à laquelle nous ne pouvons pas échapper, ce sont les répercussions émotives et spirituelles des circonstances créées par ce cercle vicieux, qui d’ailleurs sont intentionnelles. Quelle meilleure manière de contrôler des personnes que de les appauvrir ? Un seul moyen – les maintenir dans la CRAINTE de la pauvreté.”


http://www.bankster.tv/bankster.htm

Publié 24 janvier 2009 0 Commentaires

 

Guerre contre les microbes. Guerre contre les insectes. Guerre contre les Palestiniens. Guerre contre les Irakiens. Guerre contre les SDF. Guerre contre les drogués. Guerre contre la liberté. Guerre contre les dealers qui n'ont pas de pharmacie. Guerre contre les chômeurs. Guerre contre les pauvres. Guerre contre les différences. Guerre contre la fête. Guerre contre le partage. Guerre contre le dialogue. Guerre contre la diversité. Guerre contre les traditions. Guerre contre les fumeurs. Guerre contre les intellectuels. Guerre contre l'intelligence. Guerre contre la diversité. Guerre contre la concurrence. Guerre contre la marginalité. Guerre contre la fraternité. Guerre contre la culture. Guerre contre le sexe libre. Guerre contre l'alcool. Guerre économique. Guerre contre le hasard. Guerre contre la lenteur. Guerre de l'information. Guerre contre les animaux. Guerre contre les plantes, dangereuses concurrentes gratuites.

 

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Les vendeurs d'armes, qui fabriquent aussi des journaux (la propagande) en temps de paix, ont besoin d'ennemi pour que les affaires marchent correctement :

- Hier, c'était le méchant Soviétique, aujourd'hui c'est le méchant Islamiste pas assez «moderne» (Iranien, Palestinien, Irakien, Afghan).
- Le méchant microbe de la nature qui va vous tuer si vous n'êtes pas vacciné (la nature c'est sale, il faut la nettoyer).
- Le méchant insecte qui va détruire les récoltes, qu'il faut donc tuer, au lieu d'utiliser le génie de la nature.
- Le méchant fumeur qui fume des plantes (le tabac) qui va vous tuer, il faut donc l'exclure.
- Le méchant buveur qui boit des plantes (la vigne) et va vous tuer, il faut l'exclure.

L'eugénisme d'Adolf n'est en aucun cas mort, il a simplement changé de nom et de visage. L'uranium appauvri permet de détruire les populations, les animaux et les plantes, par le cancer et la transformation génétique. C'est une arme idéale pour pouvoir ensuite vendre de la chimie qui va réparer, très mal, ce que le cartel de l'armement a détruit. Surtout, ce type de bombes permet de détruire, à petit feu, les facultés d'un concurrent des cartels qui est gratuit : la nature. L'uranium appauvri facilite la prise de contrôle de l'agriculture d'un pays, car les graines contaminées peuvent être remplacées par les graines du cartel. Les OGM ont été imposés à l'Irak, dès la fin du conflit, par les Américains.

 

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Les pesticides et les herbicides permettent le même type d'action destructrice sur les échos systèmes et sur les sols, qui permet d'affaiblir la concurrence déloyale de la nature. Les OGM permettent aux cartels (pétrole-chimie-pharmacie-agroalimentaire) de tuer toute concurrence dangereuse. L'Agent Orange de Monsanto au Vietnam n'est que la version plus puissante de ce que Monsanto vend habituellement. L'uranium appauvri est le frère jumeau de sa version non-militaire, la centrale nucléaire. La voiture est la suite du char d'assaut, en temps de paix. Le Zyklon B des camps de concentration est le miroir de la chimie actuelle vendue par IG Farben (Bayer, BASF, Hoechst devenu Sanofi).

En France, malgré les discours, seulement 3 % de la production agricole est biologique…

Tant que vous croirez qu'il faut combattre des ennemis, les vendeurs d'armes (pétrole, chimie, pharmacie, armement) pourrons faire prospérer la maladie et la mort avec le soutien des politiques et votre bénédiction.

Conférence de presse à l'occasion :
- du lancement de la plateforme collaborative Colibris
.
http://sathyadas2.blogspot.com/2009/01/lancement-de-la-plateforme.html

 


Publié 19 février 2009

 ”Nous sommes dans la décadence…

“Sur quoi se fonde l'avenir de cette société marchande? Sur la consommation. Tant que les hommes préfèreront acheter leur biens plutôt que les produire, tant qu'ils préfèreront se laisser enivrer par le chant des publicitaires plutôt qu'écouter leurs besoins réels, les hommes seront condamnés à se lever tous les matins, et à vendre leur temps unique de vie à un propriétaire pour en tirer les subsides nécessaires… Tant que les hommes croiront effectivement (consciemment ou non) qu'il faut travailler plus, pour gagner plus, pour consommer plus, pour vivre mieux, rien ne changera et l'emprise du capital sur la vie des individus ne fera que s'étendre… leur vendant toujours plus ce qu'il leur a volé! “

Extraits  du documentaire de J-M. Carré, “J'ai (très) mal au travail”…


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Publié 15 mars 2009

“Avec la crise internationale déclenchée à l’été 2008, tous les dogmes néolibéraux ont été battus en brèche et la supercherie qu’ils représentaient a été mise à jour.

Ne pouvant nier leurs échecs, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) prétendent avoir abandonné les politiques néolibérales connues sous le nom de « consensus de Washington ». Bien que discréditées, ces institutions profitent pourtant de la crise internationale pour revenir sur le devant de la scène.

Pendant des décennies, elles ont imposé aux forceps des mesures de déréglementation et des programmes d’ajustement structurel qui ont conduit immanquablement à l’impasse actuelle. C’est un réel fiasco pour le FMI et la Banque mondiale qui doivent maintenant répondre de leurs actes devant l’opinion publique mondiale.

 

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De surcroît, leurs prévisions économiques ne sont pas fiables : en novembre 2008, le FMI pronostiquait une croissance mondiale à 2,2% pour 2009, avant de la revoir à la baisse à 0,5% en janvier, puis de l’estimer finalement négative en mars. En fait, leurs experts défendent la cause des grands créanciers face aux citoyens dont les droits fondamentaux sont de moins en moins garantis.

Alors que la situation économique se détériore rapidement, les grands argentiers du monde s’efforcent de garder la main et de donner à un FMI discrédité et délégitimé le rôle du chevalier blanc qui va aider les pauvres à faire face aux ravages de cette crise.

Or c’est tout le contraire qui se passe…”

http://www.cadtm.org/spip.php?article4219



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Les banques privées créent 92% de la monnaie en circulation…sur ordinateur.
Cette monnaie est électronique, des chiffres et des lettres créés sur écran,

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23 juin 2009 2 23 /06 /juin /2009 06:17

Deux ou trois choses que j'avais à vous dire, par Yildune Lévy



C’est un homme, dans un bureau, comme tant dautres hommes dans tant d'autres bureaux auxquels il ressemble sans ressembler à rien. Celui-là dispose dun pouvoir spécial, certainement dû au fait que son bureau occupe le dernier étage dune quelconque tour dun palais de justice.

On dit quil instruit, qui ? quoi ? Il instruit. Il écroue. Il interroge. Il rend des ordonnances, de pâles ordonnances, où quelques articles de loi, une poignée de formules convenues et de considérations vagues se concluent par dimpénétrables mesures de contrôle judiciaire. Benjamin, certainement trop apprécié comme épicier à Tarnac, sera assigné à résidence chez sa mère en Normandie, où il na jamais vécu, à 30 ans. Manon et moi, qui partagions tout à Fleury, navons plus le droit de nous voir maintenant que nous sommes «libres». Julien peut se mouvoir dans toute la couronne parisienne, non traverser Paris, au cas où lui viendrait la tentation de prendre dassaut lHôtel de Ville, sans doute.

Tel ami qui le visitait au parloir de la Santé doit se garder de le croiser désormais, sous peine de réincarcération. Lhomme au bureau construit un dédale de murs invisibles, un labyrinthe dimpossibilités factices où nous sommes censés nous perdre, et perdre la raison. Il y a un ordre dans cet écheveau dabsurdités, une politique de désorientation sous les accents neutres du judiciaire.


On nous libère en prétextant quil ny a pas de «risque de concertation frauduleuse» pour ensuite nous interdire de nous voir et nous exiler ici ou là, loin de Tarnac. On autorise un mariage tout en en faisant savamment fuiter le lieu et la date. On fragnole [Il manque assurément au vocabulaire français un verbe pour désigner la passion que met un assis à rendre, par mille manœuvres minuscules, la vie impossible aux autres. Je propose dajouter pour combler cette lacune à lédition 2011 du Petit Robert le verbe «fragnoler» doù découlent probablement le substantif «fragnolage», ladjectif «fragnolesque» et lexpression argotique «Tes fragno !» dont lusage est attesté et ne cesse de se répandre.], à coup sûr, mais pas seulement.

Cest par ses incohérences quun ordre révèle sa logique. Le but de cette procédure nest pas de nous amener à la fin à un procès, mais, ici et maintenant, et pour le temps quil faudra, de tenir un certain nombre de vies sous contrôle. De pouvoir déployer contre nous, à tout instant, tous les moyens exorbitants de lantiterrorisme pour nous détruire, chacun et tous ensemble, en nous séparant, en nous assignant, en starifiant lun, en faisant parler lautre, en tentant de pulvériser cette vie commune où gît toute puissance.

La procédure en cours ne produit quincidemment des actes judiciaires, elle autorise dabord à briser des liens, des amitiés, à défaire, à piétiner, à supplicier non des corps, mais ce qui les fait tenir : lensemble des relations qui nous constituent, relations à des êtres chers, à un territoire, à une façon de vivre, d’œuvrer, de chanter. Cest un massacre dans lordre de limpalpable. Ce à quoi sattaque la justice ne fera la «une» daucun journal télévisé : la douleur de la séparation engendre des cris, non des images. Avoir «désorganisé le groupe», comme dit le juge, ou «démantelé une structure anarcho-autonome clandestine», comme dit la Sous-direction antiterroriste, cest dans ces termes que se congratulent les tristes fonctionnaires de la répression, grises Pénélope qui défont le jour les entités quils cauchemardent la nuit.

Poursuivis comme terroristes pour détention de fumigènes artisanaux au départ dune manifestation, Ivan et Bruno ont préféré, après quatre mois de prison, la cavale à une existence sous contrôle judiciaire. Nous acculer à la clandestinité pour simplement pouvoir serrer dans nos bras ceux que nous aimons serait un effet non fortuit de la manœuvre en cours.

Ladite «affaire de Tarnac», lactuelle chasse à lautonome ne méritent pas que lon sy attarde, sinon comme machine de vision. On sindigne, en règle générale, de ce que lon ne veut pas voir. Mais ici pas plus quailleurs il ny a lieu de sindigner. Car cest la logique dun monde qui sy révèle. À cette lumière, létat de séparation scrupuleuse qui règne de nos jours, où le voisin ignore le voisin, où le collègue se défie du collègue, où chacun est affairé à tromper lautre, à sen croire le vainqueur, où nous échappe tant lorigine de ce que nous mangeons, que la fonction des faussetés, dont les médias pourvoient la conversation du jour, nest pas le résultat dune obscure décadence, mais lobjet dune police constante.

Elle éclaire jusquà la rage doccupation policière dont le pouvoir submerge les quartiers populaires. On envoie les Unités territoriales de quartier (UTEQ) quadriller les cités ; depuis le 11 novembre 2008, les gendarmes se répandent en contrôles incessants sur le plateau de Millevaches. On escompte quavec le temps la population finira par rejeter ces «jeunes» comme sils étaient la cause de ce désagrément. Lappareil d’État dans tous ses organes se dévoile peu à peu comme une monstrueuse formation de ressentiment, dun ressentiment tantôt brutal, tantôt ultrasophistiqué, contre toute existence collective, contre cette vitalité populaire qui, de toutes parts, le déborde, lui échappe et dans quoi il ne cesse de voir une menace caractérisée, là où elle ne voit en lui quun obstacle absurde, et absurdement mauvais.

Mais que peut-elle, cette formation ? Inventer des «associations de malfaiteurs», voter des «lois anti-bandes», greffer des incriminations collectives sur un droit qui prétend ne connaître de responsabilité quindividuelle. Que peut-elle ? Rien, ou si peu. Abîmer à la marge, en neutraliser quelques-uns, en effrayer quelques autres. Cette politique de séparation se retourne même, par un effet de surprise : pour un neutralisé, cent se politisent ; de nouveaux liens fleurissent là où lon sy attendait le moins ; en prison, dans les comités de soutien se rencontrent ceux qui nauraient jamais dû ; quelque chose se lève là où devaient régner à jamais limpuissance et la dépression. Troublant spectacle que de voir la mécanique répressive se déglinguer devant la résistance infinie que lui opposent lamour et lamitié. Cest une infirmité constitutive du pouvoir que dignorer la joie davoir des camarades. Comment un homme dans l’État pourrait-il comprendre quil ny a rien de moins désirable, pour moi, que dêtre la femme dun chef ?


Face à létat démantelé du présent, face à la politique étatique, je narrive à songer, dans les quartiers, dans les usines, dans les écoles, les hôpitaux ou les campagnes, quà une politique qui reparte des liens, les densifie, les peuple et nous mène hors du cercle clos où nos vies se consument. Certains se retrouveront à la fontaine des Innocents à Paris, ce dimanche 21 juin, à 15 heures. Toutes les occasions sont bonnes pour reprendre la rue, même la Fête de la musique.


Étudiante, Yildune Lévy est mise en examen dans l’«affaire de Tarnac».
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18 juin 2009 4 18 /06 /juin /2009 08:30

Le développement durable : une pollution mentale au service de l’industrie - L'Aviseur international

Voici un article qui confirme ce qui m’apparait de plus en plus clairement : s’ils ne sont pas repris dans le contexte d’une conception du monde fondée sur une notion de croissance qualitative, la notion de « développement durable » peut se voir mis au service de l’industrie et j’ajoute que la notion de décroissance pourrait être utilisée pour nous faire accepter des politiques d’austérité soi-disant pour sauver la planète des danger de perturbations écologiques qui la menace, sans que ne soit développées simultanément des politiques de développpements équitable et que ne soient mis en chantier les changements nécessaire à l’amélioration de la qualité de vie des habitants de la planète. Il faut être de plus en plus prudent dans la manière dont nous entendons et utilisons de tels concepts car ils peuvent très facilement se transformer en outils de manipulation du N.O.M. prédateur dans sa volonté d’imposer un communisme de la rareté. 

Anne.

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C’est en 1980, dans un rapport commun du Programme des Nations unies pour l’environnement et du World Wildlife Fund, qu’apparaît pour la première fois la notion de « développement durable »1. Elle est ensuite mise en avant dans le rapport dit « Brundtland », du nom de la Première ministre norvégienne présidant la commission des Nations unies pour l’environnement et le développement. En voici la définition : « Un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. »

3414379577_d9939f1ff8.jpg?v=02Il n’existe pas de définition beaucoup plus précise du « développement durable ». Sa signification dépend donc des rapports de force sociaux entre différents groupes d’intérêts qui défendent sous ce nom des objectifs qui sont, on va le voir, en grande partie contradictoires. Ceux-ci sont en effet officiellement de trois types : maintenir l’intégrité de l’environnementaméliorer l’équité socialeaméliorer l’efficacité économique. Selon les agents sociaux concernés, défenseurs de l’environnement, industriels ou États (plus ou moins industrialisés), le « développement durable » recouvrira donc des priorités tout à fait différentes, sans pour autant que la signification qui s’est imposée dans le sens commun – synonyme de respect de l’environnement et devenue un instrument de marketing politique et commercial – en soit affectée.

3Les industriels ont résumé à leur façon ces trois objectifs : les « 3 P », c’est-à-dire les « trois pôles interdépendants du développement durable de 3415283386_1c72d55bd6.jpg?v=0l’humanité : équité sociale (People), préservation de l’environnement (Planet), efficacité économique (Profit) ».

  • 2  « Développement durable en Europe pour un monde meilleur : stratégie de l’Union (...)
  • 3  De fait, le « progrès social » est lui-même un effet mécanique de la croissance qui doit(...)

4La Commission européenne proclame quant à elle que « le développement durable laisse entrevoir à l’Union européenne l’image concrète [sic], à long 3415293758_1f27a62ef6.jpg?v=0terme, d’une société plus prospère et plus juste, garante d’un environnement plus propre, plus sûr, plus sain, et offrant une meilleure qualité de vie à nous-mêmes, à nos enfants et à nos petits-enfants. Pour réaliser ces objectifs, il faut une croissance économique qui favorise le progrès social et respecte l’environnement, une politique sociale qui stimule l’économie et une politique de l’environnement qui soit à la fois efficace et économique2 ». On voit clairement, dans la dernière partie de la phrase, que la politique de l’environnement est soumise aux objectifs économiques – une déclaration qui correspond d’ailleurs au rapport de force entre la DG Environnement et les DG Marché unique et Commerce de la Commission. Au passage, relevons que « développement durable » est une notion suffisamment souple (« une politique sociale qui stimule l’économie… ») pour qu’on puisse l’invoquer afin de légitimer des politiques de déréglementation du marché de l’emploi3. C’est bien la croissance qui est ici la source du progrès social et du respect de l’environnement (« une croissance économique qui favorise le progrès social et respecte l’environnement… ») : ce qui revient à établir un lien mécanique entre la réalisation du premier objectif du « développement durable », le développement, et les deux autres, le respect de l’environnement et des règles d’équité.

  • 4  Un programme très exactement déclaré dans le projet de traité constitutionnel européen (...)

5Dans cette optique, déréglementer l’activité des entreprises et flexibiliser le 3415194382_8241200f35.jpg?v=0marché du travail aurait la vertu de permettre aux entreprises d’investir plus de profits dans la recherche de technologies « propres » (« éco-industries ») et donc de protéger l’environnement et aussi d’augmenter le « bien-être » social4. Le corollaire est qu’on ne saurait ni imposer de réglementations environnementales à l’industrie ni limiter sa capacité de développement pour sauvegarder la planète. C’est ce que certains appellent aussi la « croissance verte », vertigineux renversement de perspective si l’on se souvient que le Programme des Nations unies pour l’environnement entendait répondre aux analyses du club de Rome qui prônait alors la croissance zéro.

6Devant les immeubles de la commission à Bruxelles, une sculpture en béton figurant un engrenage industriel muni d’un pot d’échappement entraînant les pétales d’une marguerite illustre aussi assez fidèlement, si ce n’est esthétiquement, cette résolution de la quadrature du cercle productiviste durable.

  • 5  Commission européenne, « Relever le défi. La stratégie de Lisbonne pour la croissance et (...)
  • 6  Sur le WBCSD, lire Observatoire de l’Europe industrielle,Europe Inc. Comment les (...)
  • 7  WBCSD, « Mobility 2030 : meeting the challenges of sustainability. The sustainable mobility(...)

3415232932_ec6f083089.jpg?v=07On comprendra un peu plus concrètement ce qui se cache sous ce charabia en consultant le rapport d’évaluation de la « Stratégie de Lisbonne à mi-parcours », paru en 2004. Le « groupe de haut niveau » mis en place par la Commission européenne donne notamment cet exemple : « Seuls trois Chinois sur mille possèdent actuellement, une voiture, mais, à mesure que le niveau de vie augmentera, la Chine pourrait devenir le plus grand marché automobile du monde. Dans le même temps, compte tenu de l’ampleur des problèmes de pollution atmosphérique et de l’accroissement de la demande de pétrole, le gouvernement chinois s’efforce de rattraper les normes européennes pour les émissions des véhicules d’ici à 2010. Ces éléments, combinés aux revenus relativement peu élevés en Chine, inciteront les consommateurs à choisir des véhicules plus propres et consommant moins de carburant. Les fabricants de 3414708307_193bd07dae.jpg?v=0l’Union européenne sont en bonne position pour répondre à cette demande.5 » Cette « solution » (toujours plus de voitures mais plus propres) a été directement prônée par l’industrie elle-même, à travers le Conseil mondial des affaires pour le développement durable (WBCSD), puissant lobby patronal créé, dans la perspective du sommet de la terre de Rio, par l’industriel suisse Stephan Schmidheiny, à la demande de Maurice Strong, alors président de la commission des Nations unies pour l’environnement après avoir présidé le Forum économique mondial de Davos6. Le groupe de travail pour la « mobilité durable » de cette ONG patronale réunit les principaux groupes énergétiques et automobiles, dont BP, DaimlerChrysler, General Motors, Michelin, Norsk Hydro, Renault Shell et Toyota. Il prétend développer une vision à long terme de la mobilité mais fait l’impasse sur l’insoutenabilité inhérente à une augmentation toujours plus grande des volumes transportés sur des distances toujours plus grandes, et cela au nom du deuxième principe, l’équité sociale. En effet, dans son rapport 2003, le groupe met l’accent sur le fait que ce sont « les transports qui ont créé la possibilité de la vie telle que nous la connaissons dans le monde développé », caractérisée par l’« accès aux biens et services ». Et l’un des objectifs est de « réduire la fracture de la mobilité » qui frappe les pays pauvres et les populations socialement défavorisées partout dans le monde… les empêchant de « parvenir à de meilleures conditions de vie pour eux et leurs familles »7.

  • 8  « La publication de bilans sociaux et environnementaux est devenue du dernier chic dans le (...)
  • 9  Sur le populisme de marché, lire Thomas Franck, Le Marché de droit divin. Capitalisme sauvage (...)
  • 10  Lire John Stauber & Sheldon Rampton,L’Industrie du mensonge. Lobbying, communication, (...)

3415418084_94dff114ca.jpg?v=08S’appuyer ainsi sur le principe d’équité inclus dans la définition du « développement durable » pour contrer les critiques du productivisme est devenu une stratégie courante. Lorsqu’une association, Actionconso, dénonce la campagne de marketing « Consommer mieux, c’est urgent », lancée à l’occasion de la parution du « Rapport de développement durable8 » des hypermarchés Carrefour, le groupe s’offre le luxe de publier sur son site la lettre de l’association et la « réponse » du PDG. En bon populiste de marché9, celui-ci rejette toute idée d’une réduction de la consommation au nom de « la démocratisation de la consommation » et en soutien aux « moins aisés » (« People »), s’appuyant sur la « définition du développement durable, énoncée pour la première fois en 1987 par les Nations unies dans le rapport Brundtland […] : consommer en réfléchissant sur le long terme ». Cette définition est évidemment imposée comme cadre de toute négociation avec les défenseurs de l’environnement. Ceux qui ne l’acceptent pas – autrement dit qui refusent d’intégrer la compétitivité des entreprises et l’objectif de croissance à leurs problématiques écologistes – tendent à être exclus du débat public et du « Dialogue ». Certains sont accusés d’appartenir à des « organisations extrémistes » alors que ces ONG ne font que défendre leur raison sociale – comme les entreprises défendent la leur : faire des profits. À l’inverse, les « éco-réalistes », comme le WWF, sont particulièrement choyés par le monde de l’entreprise10.

  • 11  Lire Europe Inc…,op. cit., p. 398-399.
  • 12  En 2005, 60 % des entreprises participantes n’avaient pas fourni de rapport de suivi à (...)
  • 13  Ibid.
  • 14  Lire par exemple « L’entreprise se ressource dans l’humanisme », TGV magazine, mars 2005.

9L’objectif des industriels devenus chantres du « développement durable »2276660006_23b636475c.jpg?v=0 est d’éviter à tout prix une quelconque réglementation contraignante en échange de promesses basées sur des codes de conduite volontaires. Les Nations unies ont contribué à crédibiliser cette idéologie angélique en lançant, lors du forum de Davos de 1999, le Pacte mondial des entreprises, « concocté par la Chambre de commerce internationale »11. À travers celui-ci, les entreprises « s’engagent », sans le moindre contrôle ni obligation de résultats, dans les domaines de l’environnement, du social et des droits de l’homme12. Elles y gagnent le label de l’ONU transformé en instrument de marketing : selon un institut de sondage, 75 % des sondés dans 18 pays déclaraient que leur confiance dans une multinationale augmenterait si elle entrait en partenariat avec l’ONU pour le progrès social13. Une entreprise publique en voie de privatisation comme la SNCF n’est pas en reste, ce qui lui permet de légitimer une stratégie de changement de modèle social par des normes internationales en trompe-l’œil et de mettre la pression sur les syndicats et les salariés en manipulant l’opinion publique14.

  • 15  Communiqué de presse des Amis de la Terre, 25 novembre 2003.

3414566249_674f302c42.jpg?v=010Les écologistes auraient donc tort de prendre à la légère les stratégies de verdissement de l’industrie et de la grande distribution, lesquelles, par la réforme du vocabulaire, affectent désormais nos façons de penser. D’autant qu’un certain nombre d’organisations écologistes nouent des « partenariats pour le développement durable » avec les principaux pollueurs. C’est le cas du WWF, devenu la caution « des entreprises multinationales qui contribuent par des fonds importants [à son] travail de conservation » et sont ainsi assurées en retour d’une « relation unique qui améliorera [leur] image de marque et valorisera [leurs] stratégies marketing et communication » – coût de l’opération pour le groupe Lafarge : 5 millions d’euros sur 5 ans 15. (On ne doit pas s’étonner des affinités profondes de la branche française du WWF avec la grande distribution : son directeur fut auparavant PDG des 3 Suisses puis des Galeries Lafayette.)

11Le développement durable est devenu un label, particulièrement sur les 2043845134_3438c85e6b.jpg?v=0rayons des supermarchés. Toute l’ambiguïté est évidemment que le consommateur entend bien souvent par là « pratiques écologiques » sans savoir qu’il n’a affaire qu’aux fameux « 3 P » – PeoplePlanetProfit –, outil de communication de la responsabilité auto-proclamée des entreprises.

  • 16  Sourcehttp://www.msc.org/.(...)
  • 17  La « deep ecology »est une étiquette stigmatisante née aux États-Unis et importée en (...)
  • 18  Forest and Bird Protection Society, « MSC Hoki Appeal Shows Fishery Should Never Have Been (...)

12Le label « pêcherie durable » pour les produits de la mer est attribué par le Marine Stewardship Council (MSC) qui homologue pour cela des organismes de certification privés pour les pêcheries. Fondée par le WWF et Unilever, première entreprise mondiale de poissons surgelés, cette « organisation caritative » – elle est financée par des « mécènes » et des galas de charité patronnés par le prince Charles – affirme aujourd’hui « agir en toute indépendance ». Le président de son conseil exécutif, organe qui concentre l’essentiel du pouvoir au sein du MSC, était toutefois, avant son difficile évincement en janvier 2005, John Gummer, ministre de l’Environnement de Margaret Thatcher puis de l’Agriculture pour John Major, qui se rendit célèbre en partageant avec sa fille de quatre ans un hamburger devant les caméras de télévision pour relancer la consommation de bœuf en pleine crise de la vache folle. On compte dans les membres du MSC le PDG de la principale industrie de produits de la mer d’Australie, le dirigeant de son équivalent britannique (30 % des parts de marché), ses homologues sud-africain et thaïlandais, une responsable de Whole Foods Market (première chaîne mondiale de distribution de produits alimentaires), quelques scientifiques, des membres du WWF (par ailleurs anciens industriels du BTP et de la chimie), mais aussi l’ancien directeur général de la pêche à la Commission européenne (devenu consultant, comme c’est courant dans les instances européennes) et l’ancien président du comité des pêcheries à la FAO16. Pour avoir accordé son label de « pêcherie durable » à une entreprise néo-zélandaise exploitant les stocks de hoki (un poisson de l’hémisphère sud), le MSC était, dès 2002, sous le feu d’organisations écologiques du type de celles que les contempteurs de la « deep ecology » essaient de délégitimer17. Selon la Société de protection des forêts et des oiseaux, les méthodes de pêche de cette société tuent, chaque année, des centaines d’albatros et d’autres espèces en voie de disparition. Dans son enquête, cette organisation relève de nombreuses erreurs et omissions dans les rapports de certification, établis sur la seule base d’« une visite rapide et discrète en Nouvelle-Zélande, qui n’a pas permis de consulter des organisations comme Greenpeace et le ministère de l’Environnement ; de plus, les conséquences de la pêche au hoki sur les stocks d’autres espèces de poissons n’ont pas été évaluées » 18.

  • 19  Greenpeace, « The Marine Stewardship Council. Principles and criteria », (...)

3410075302_0591f9e00b.jpg?v=013Ces critiques ont poussé le Marine Stewardship Council à s’interroger en 2004 sur l’opportunité de retirer la mention « pêcheries durables » de son label. Le compte rendu de leur discussion révèle surtout que la définition du terme « durable » est suffisamment floue pour écarter tout risque de procès pour publicité mensongère mais qu’il est déjà suffisamment entré dans le langage courant pour constituer une ressource marketing. Ce compte rendu donne aussi une idée des rapports de force au sein de cette association, les principaux points de vue représentés étant organisés comme suit : 1. le point de vue du marketing ; 2. le point de vue environnemental ; 3. le point de vue des distributeurs ; 4. le point de vue des producteurs. L’ensemble des discutants s’accorde pour reconnaître que « nous sommes très loin de comprendre et de pouvoir garantir la “durabilité”, particulièrement du point de vue de l’écosystème entendu au sens large » et que, ne s’agissant pas d’une notion « scientifiquement définie », elle peut être « interprétée ». Autant dire que le mot n’a de sens que celui que lui donnent les rapports de force (entre écologistes et industriels), qui sont en l’occurrence favorables aux intérêts commerciaux dans le panel de discussion constitué par le MSC, associant des membres de son conseil scientifique et de son conseil de surveillance. Certains membres proposèrent cependant de remplacer « pêcheries durables » par « sur la voie de la durabilité » ou « meilleures pratiques pour assurer la durabilité à long terme », puisque les entreprises peuvent obtenir le label sans « répondre à 100 % aux critères » à condition qu’elles s’engagent, dans la même logique que le pacte mondial des entreprises, à « rentrer dans un processus d’amélioration ». Selon Greenpeace, « une des critiques fondamentales du fonctionnement du Marine Stewardship Council est qu’il homologue certaines pêcheries non durables contre la promesse d’améliorations. Cela prend la logique à rebrousse-poil, trompe le consommateur et réduit l’incitation à faire des progrès. Une pêcherie non-durable peut profiter des avantages marketing substantiels du label pendant cinq ans avant qu’une évaluation n’intervienne. Soit largement le temps de s’assurer une position dominante sur le marché.19 » Toutefois, aucune pêcherie n’a à ce jour été exclue du label après l’avoir obtenu…

14Ici encore, le rapport Brundtland, document de référence des Nations 3464975949_9b759aa5e3.jpg?v=0unies, est sollicité, cette fois-ci pour établir que « durabilité » est synonyme de « processus à long terme » : « Le développement durable n’est pas un état fixé d’harmonie mais plutôt un processus de changement dans lequel l’exploitation des ressources, les investissements, les orientations du développement technologique et les changements institutionnels sont rendus compatibles avec les besoins tant futurs que présents. » Le débat arrive finalement à la conclusion que « le programme est celui d’une amélioration progressive et que la certification ne signifie pas strictement “durabilité” mais seulement que la pêcherie correspond aux standards du Marine Stewardship Council », standards qui devraient être « clarifiés » en interne et, éventuellement, mieux « expliqués aux consommateurs » (essentiellement afin de ne plus encourir les foudres de certaines ONG). Par ailleurs, les conclusions soulignent que certains États comme l’Australie ont adopté des normes de « pêche durable » qui ne sont pas moins floues  – les États ayant eux-mêmes renoncé à donner à la notion un contenu normatif tout en entretenant son crédit.

  • 20  « Special joint session of the stakeholder council and technical advisory board. The MSC claim(...)

428662244_855f0bbdc7.jpg?v=015Dans ces conditions, il n’y a donc pas de raison que le Marine Stewardship Council renonce à exploiter un mot en passe de conquérir les esprits et prenne le risque irraisonné de « semer la confusion chez les consommateurs ». Car l’argument principal pour conserver le terme « durable » est bien sûr le marketing : « La durabilité est devenue un mot du langage commun en Europe qui fait sens pour beaucoup de gens. Donc, d’un point de vue marketing, nous ne pouvons retirer le mot “durable” du label MSC. […] En ce qui concerne les consommateurs, il est difficile de savoir dans quelle mesure ils comprennent exactement le sens du terme. Sainsbury’s l’utilise comme un mot courant, simple, qui aide à ce que le message reste simple. […] Whole Foods Market estime que l’utilisation de ce mot en association avec le logo augmente le sens. […] Les demi-messages ou ceux qui nécessitent des explications détaillées ne sont pas bons pour le consommateur.20 »

  • 21  Par exemple, en bout de chaine, la présentation du « saumon MSC » par la chaine de (...)
  • 22  « L’industrie est la solution » : slogan du Conseil mondial des affaires pour un (...)
  • 23  « Marine Stewardship Council Under Fire. Old men of the sea have all but gone », New (...)

16Cette « imposture » a toutes les chances de s’avérer efficace, notamment 493388232_abd5452818.jpg?v=0du fait des campagnes de marketing pour les « produits durables » lancées par la grande distribution, particulièrement en Europe21, dont les institutions contribuent à populariser la notion de « développement durable ». Elle vaut surtout par ce qu’elle cache, à savoir que la pêche industrielle n’est pas la solution, mais le problème22. Selon un article publié dans New Scientist, lorsque la pêche d’une espèce s’industrialise, il suffit de 10 à 15 ans pour que sa population soit réduite de 80 %, se stabilisant en général autour de 10 % de son effectif initial. Cette stabilisation semble s’expliquer par le fait que, face à la diminution des captures, les flottes industrielles se déplacent vers d’autres secteurs ou se concentrent sur d’autres espèces. « Le danger est que les responsables des pêcheries ne prennent pas en considération les stocks initiaux et considèrent cet état dégradé comme normal et sain. » À quoi s’ajoute la diminution de la taille des poissons – par exemple, la taille moyenne des thons a diminué de moitié en 20 ans23.

229981128_7eeb220e78.jpg?v=017Les grands pollueurs ont tout intérêt à ce que le « développement durable » soit avant tout un problème de responsabilisation du consommateur-citoyen, faisant ainsi de la pollution un problème de manque de civisme et de la consommation une solution. Ce qui nécessite des campagnes de propagande de grande envergure. Dans les années 1990, le géant des pesticides Rhône-Poulenc, qui nous annonçait la venue d’un « monde meilleur » à grand renfort de rivières sauvages, sponsorisait aussi l’émission « Ushuaïa », animée par Nicolas Hulot sur la chaîne du constructeur d’autoroutes Bouygues. Le but de TF1 est « de rendre [le téléspectateur] disponible, c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages, explique son PDG Patrick Le Lay. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible25 ». En phase de relaxation devant « Ushuaïa », notre cerveau se trouve ainsi prêt à être convaincu que, « à l’heure où la nature semble se venger des outrages que lui fait subir l’homme, un grand média national comme TF1 se doit d’afficher clairement son rôle de pédagogue actif et engagé en faveur de l’écologie26 ». Et que la374458256_ed84221683.jpg?v=0 meilleure façon de protéger la nature, c’est encore de consommer. Ce qui tombe bien car le consommateur n’a plus que l’embarras du choix : entre Leclerc et Carrefour, lequel soutenir de son acte d’achat « écologique » et « éthique » ? Quelle enseigne oligopolistique vouée à la consommation de masse, poussant au productivisme, au dumping social et aux délocalisations, éradiquant le commerce de détail, étranglant les producteurs via les marges arrières27, jetant sur les routes un flux exponentiel de camions à travers toute l’Europe, est la plus engagée sur la voie du « développement durable » ? Partenariat avec la fondation Nicolas Hulot et « sacs cabas réutilisables» à l’effigie des trois éléments pour Leclerc… Partenariat avec le WWF pour Champion… Un 3615346509_7a36c69ecc.jpg?v=0peu partout des campagnes d’affichage en faveur de la « consommation responsable » – dévoreuses de papier, d’eau, d’énergie. Et sur place, pendant que les parents font leurs courses, des « ateliers » pour former les enfants aux « éco-gestes » qui feront les « éco-citoyens ». Dans ce cadre, la fondation Hulot réalise un journal permettant « aux enfants de parfaire leurs connaissances de la faune et de la flore composant la forêt »,Le P’tit repère – qui porte le nom de la marque « discount et verte » de Leclerc28. Pour les plus grands, c’est avec la fondation d’entreprise Procter & Gamble et le conservatoire du Littoral que la fondation Hulot co-signe « un ouvrage pédagogique sur la mer édité par Gallimard Jeunesse dans la collection “Environnement”». Et ils ont su en convaincre plus d’un sur ce point : « Et si la solution c’était vous ? » proclame le WWF dans le cadre de sa campagne « Du jetable au durable » 3600092179_930f8faa2a.jpg?v=0lancée à la Cité des sciences de la Villette en janvier 2004. À cette occasion, Mélanie Moulin, chargée de mission au ministère de l’Écologie et du Développement durable, estima que l’État « ne [pouvait] pas toujours avoir une démarche contraignante », qu’il fallait plutôt préconiser des « actions de pédagogie auprès des citoyens ». Même en Irlande, qui adopte une « démarche contraignante », la « pédagogie » reste une planche de salut, comme le rapportait Gilliane Quinn, propriétaire de la chaîne de supermarchés irlandais Superquinn : « Nous avons été confrontés à un problème éthique concernant les sacs plastiques lorsque le gouvernement a décidé que […] chaque sac plastique vendu [serait] taxé 15 cents. […] Il n’était pas question qu’un des distributeurs décide de prendre en charge lui-même le coût de la taxe. […] Chaque consommateur devait être responsable et payer directement. » Les clients ont donc été « sensibilisés à la fois par le gouvernement mais aussi, au travers des magasins, par cette nouvelle forme de citoyenneté ». Et de conclure en des termes que Patrick Le Lay ne désavouerait sans doute pas : « Il y a une expression en anglais qui est “No brainers”, ce qui signifie qu’on n’a pas besoin de cerveau car si on parvient à changer les comportements des consommateurs et des distributeurs, tout le monde est gagnant. »29


3564278191_03dd85c3bd.jpg?v=0

  • 24  Cette conclusion est déjà parue dans les parties additives du chapitre IX de John Stauber (...)
  • 25  Dépêche AFP du 9 juillet 2004.
  • 348216506_2322523dfa.jpg?v=0
  • 26  Nicolas Hulot, http://www.fondation.(...)
  • 27  Lire Christian Jacquau, « Producteurs étranglés, consommateurs abusés. Racket dans la(...)
  • 28  Cité in http://www.novethic., 29 août 2004. (...)
  • 29  WWF, actes de la table ronde « Comment passer du jetable au durable », janvier 2004, p. 8-11
  • 3564640677_5533683df0_m.jpg
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18 juin 2009 4 18 /06 /juin /2009 08:25

Annexe

Lafarge Inde
Projet employabilité

[Actuellement dirigée par le PDG des ciments Lafarge, l’ONG patronale intitulée Conseil mondial des affaires pour un développement durable (WBCSD) met régulièrement en ligne sur son site des études de cas de « partenariats pour le développement durable », parmi lesquelles celle-ci, impliquant directement le groupe Lafarge. L’action, de dimension purement symbolique (la formation au final de 28 jeunes maçons) vise à la fois à assurer une certaine paix sociale autour des usines, à promouvoir le ciment dans les campagnes, à améliorer l’image de l’entreprise et à motiver les cadres ; elle est pourtant présentée comme un projet de développement…]
Lafarge Inde dépend du Groupe Lafarge, le plus grand producteur mondial de ciment. […] Lafarge emploie 85 000 personnes dans 75 pays avec un chiffre d’affaires de 13,6 milliards d’euros.
Lafarge est implanté en Inde depuis 1999… Lafarge Inde emploie 1 500 personnes sur trois sites de production en Inde.

 


Situation

Le problème clé pour Lafarge en Inde est le taux de chômage élevé dans les régions rurales et le manque de maçons expérimentés et qualifiés sur le marché de la construction […]. Les interlocuteurs de la société sont :
— les jeunes résidant à proximité de nos usines ;
— les clients qui utilisent les ciments Lafarge ;
— ‑le gouvernement qui cherche à ce que l’industrie contribue à réduire le chômage ;
— ‑les ONG présentes dans les zones rurales sous-développées et cherchant des méthodes efficaces de développement rural ; 
— ‑les actionnaires, les médias et les futurs employés qui préféreraient investir et travailler dans une société citoyenne ;
— ‑les employés possédant les compétences et les talents qui contribuent au succès de la firme et ont la générosité de les mettre au service de la société.

Les habitants

Les usines Lafarge sont situées dans des régions reculées à l’est de l’Inde. Une partie des habitants y appartiennent à des classes défavorisées souffrant de difficultés socio-économiques. […] Un grand pourcentage de la population est sous-employée avec des salaires journaliers de moins d’un dollar. Les moins de trente ans sont majoritaires. La plupart de l’habitat est constitué de vieilles huttes à peu près inhabitables. […] Il n’y a pas d’eau potable et l’irrigation est très dépendante de la mousson. À cela s’ajoute moins de routes que dans les zones urbanisées, des écoles de faible niveau et des systèmes de santé et d’hygiène sous-développés.


Lafarge dispose des ressources et des talents pour régler un certain nombre de ces problèmes, par exemple transformer les jeunes pour les rendre employables. Lafarge a la capacité de les aider à obtenir des compétences et des savoirs qui augmenteront leurs revenus. La réduction du chômage aura en retour l’effet de limiter la conflictualité et de créer une relation saine et bénéfique à long terme entre les populations et la firme. Lafarge peut créer des opportunités d’emploi à travers ses contacts dans le secteur de la construction qui emploie beaucoup de maçons, dans la mesure où nombreux sont ceux qui achètent ses ciments.


De plus, instaurer une situation où les conflits sociaux sont réduits facilitera considérablement l’activité de Lafarge. […] L’absence de revenus assurés combiné avec une faible éducation et d’autres plaies sociales ont créé chez ces habitants l’attente d’un emploi chez Lafarge. S’il n’y a pas d’embauche, cela crée des conflits et nuit à long terme à l’activité de la firme. Lafarge est donc persuadé qu’il a un rôle crucial à jouer tant en s’impliquant directement dans des projets de développement que comme catalyseur pour apporter la prospérité aux populations […] particulièrement à proximité de ses usines.

 


Les marchés

[…] Alors que la construction de maisons privées consomme 80 % de la production indienne de ciment, une grande part de la population rurale vit dans des maisons construites sans ciment, ce qui a tendance à être dangereux et inconfortable. L’une des raisons premières est l’absence de main-d’œuvre qualifiée et une faible conscience des avantages des maisons en ciment. Si Lafarge parvient à atteindre le marché de l’habitat rural et de fournir de la main-d’œuvre qualifiée, le marché du ciment va prendre de l’expansion, ce qui est important pour la firme.


Les objectifs de Lafarge sur ce marché sont notamment :
— ‑fournir à ses clients des maçons plus qualifiés et expérimentés pour augmenter leur niveau de satisfaction et améliorer les pratiques de construction ;
— ‑créer des ambassadeurs à long terme de la marque en exposant les clients à la qualité des produits et des procédés Lafarge qui sont basés sur des normes internationales ;
— ‑créer une force de travail important de maçons qualifiés et expérimentés dans les régions rurales pour répandre les maisons à base de ciment, stimulant ainsi la demande ;
— ‑consolider l’image de la firme comme respectueuse de ses clients, répondant à leurs besoins et leurs attentes.

 


Personnel

Lafarge aime se singulariser par la création d’équipes de volontaires d’entreprise qui mènent des projets de développement pour le compte de Lafarge et mettent leur expertise au service de la société. Un autre effet est d’augmenter la motivation du personnel et, par le bouche à oreille, influencer les jeunes pour qui Lafarge sera l’entreprise par laquelle ils préféreraient être recrutés.

 


Activités

La première session a été lancée le 19 mai 2004 à Khakripara, un village situé auprès de l’usine de Jamshedpur au Jharkhand. 56 jeunes ruraux ont été sélectionnés. […] La préférence a été donnée à ceux qui avaient le plus maigre bagage en arithmétique et la volonté farouche de devenir membre d’une main-d’œuvre qualifiée.

 


Problèmes et difficultés

Lafarge a rencontré beaucoup de problèmes et de difficultés au cours de ce programme :
— ‑beaucoup de candidats venant de familles très pauvres ne pouvait pas sacrifier même un jour de salaire. Pour cette raison alors que 56 candidats ont participé à la session, seulement 40 ont pu le faire à plein temps. Pour résoudre ce problème, Lafarge a fourni un repas sain par jour et promis des récompenses en espèces ou en nature pour les candidats qui réussiraient ;
— ‑Lafarge a aussi dû gérer certaines attentes car quelques candidats s’attendaient à ce que la firme leur fournisse directement un emploi. Cela fut fait grâce à plusieurs mises au point tant collectives qu’individuelles. Le fait de présenter les candidats à des employeurs potentiels a aussi […]

 


Résultats

À ce jour les résultats du programme sont excellents :
— ‑les 28 candidats qui ont passé l’examen ont trouvé un emploi chez des clients de Lafarge ;
— ‑une large couverture du programme par les médias locaux a donné à Lafarge une bonne image d’entreprise ;
— ‑les clients de Lafarge ont apprécié cette première étape et estimé qu’il fallait continuer.
Pour plus d’information visitez http://www.lafarge.fr/wps/portal/ ou contactez Neeraj Akhoury, General Manager (Corporate Affairs), Lafarge India : neeraj.akhoury@in.lafarge.com

 


Notes

1  En anglais « sustainable développement », également traduit par « développement soutenable ». Les hésitations sur la traduction d’une expression apparue dans les documents de l’ONU, organisation qui a le français comme langue officielle, constituent déjà un fort indice de l’ambiguïté d’un terme, dont le sens dépend des rapports de force.UICN/PNUE/WWF, Stratégie mondiale de la conservation : la conservation des ressources vivantes au service du développement durable, Union internationale pour la conservation de la nature et de ses ressources, Programme des Nations unies pour l’environnement et Fonds mondial pour la nature, Gland, Suisse, 1980.

 


2  « Développement durable en Europe pour un monde meilleur : stratégie de l’Union européenne en faveur du développement durable », communication de la Commission, COM(2001) 264.

3  De fait, le « progrès social » est lui-même un effet mécanique de la croissance qui doit donc être favorisée par la déréglementation des politiques sociales, ce qui produira plus de croissance donc plus de richesse donc plus de social selon la « stratégie de Lisbonne ».

4  Un programme très exactement déclaré dans le projet de traité constitutionnel européen (rejeté notamment par les électeurs français le 29 mai 2005), qui inscrit au sommet de la hiérarchie des normes la « compétitivité des entreprises ».

5  Commission européenne, « Relever le défi. La stratégie de Lisbonne pour la croissance et l’emploi », Office des publications officielles des Communautés européennes, Luxembourg, 2004.

6  Sur le WBCSD, lire Observatoire de l’Europe industrielle, Europe Inc. Comment les multinationales construisent l’Europe et l’économie mondiale, Agone, 2005, p. 303-317.

 


7  WBCSD, « Mobility 2030 : meeting the challenges of sustainability. The sustainable mobility project, full report », 2004

8  « La publication de bilans sociaux et environnementaux est devenue du dernier chic dans le domaine de la CSR (responsabilité sociale des entreprises). Véritables gourous du verdissement, Shell et BP ont utilisé, avec beaucoup de succès, cette méthode comme partie intégrante de leurs stratégies sophistiquées de relations publiques pour restaurer leur image écornée. Le rapport « pionnier » de Shell, People, planet and profits, reste perçu comme à l’origine d’une véritable révolution dans les milieux de la CSR. La position rusée adoptée par exemple par Shell sur la question du changement climatique l’a mis bien en cour, sur la foi de sa seule rhétorique, auprès de groupements tels que Familles contre Bush. Le succès de l’opération cosmétique de Shell a fait des envieux et de plus en plus d’entreprises tentent de le reproduire » (lire Europe Inc…, op. cit., p. 316-317).


9  Sur le populisme de marché, lire Thomas Franck, Le Marché de droit divin. Capitalisme sauvage et populisme de marché, Agone, 2003.

10  Lire John Stauber & Sheldon Rampton, L’Industrie du mensonge. Lobbying, communication, publicité & médias, Agone, 2004, chapitre IX.

11  Lire Europe Inc…, op. cit., p. 398-399.

12  En 2005, 60 % des entreprises participantes n’avaient pas fourni de rapport de suivi à l’ONU (lire Greenbiz, « UN global compact participants report progress so far », 19 juillet 2005,http://www.globalpolicy.org/reform/business/2005/0719gcreport.htm.

 


13  Ibid.

14  Lire par exemple « L’entreprise se ressource dans l’humanisme », TGV magazine, mars 2005.

15  Communiqué de presse des Amis de la Terre, 25 novembre 2003.

16  Source http://www.msc.org/.

17  La « deep ecology » est une étiquette stigmatisante née aux États-Unis et importée en France par le « philosophe » et ancien ministre de l’Éducation Luc Ferry. Elle vise à délégitimer, souvent avec le renfort de militants historiques « retournés », les mouvements écologistes qui restent fidèles au vrai sens des mots et des combats à mener pour la défense de l’environnement.

 


18  Forest and Bird Protection Society, « MSC Hoki Appeal Shows Fishery Should Never Have Been Certified », 16 décembre 2002.

19  Greenpeace, « The Marine Stewardship Council. Principles and criteria »,http://www.rcep.org.uk/fisheries/p2evid/p2-Greenpeacecritique-MSCprinciples.pdf.

20  « Special joint session of the stakeholder council and technical advisory board. The MSC claim of sustainability », Rome, 27 mai 2004.

21  Par exemple, en bout de chaine, la présentation du « saumon MSC » par la chaine de supermarchés Delhaize,http://www.delhaize.be/food/thetaste/fish_goodforyou/_fr/fish_goodforyou.asp.

 


22  « L’industrie est la solution » : slogan du Conseil mondial des affaires pour un développement durable.

23  « Marine Stewardship Council Under Fire. Old men of the sea have all but gone », New Scientist, vol. 178, n° 2395, 17 mai 2003, p. 4.

24  Cette conclusion est déjà parue dans les parties additives du chapitre IX de John Stauber & Sheldon Rampton, L’Industrie du mensongeop. cit.

25  Dépêche AFP du 9 juillet 2004.

 


26  Nicolas Hulot, http://www.fondation-nicolas-hulot.org/partenariat/fondateurs.php.

27  Lire Christian Jacquau, « Producteurs étranglés, consommateurs abusés. Racket dans la grande distribution à la française », Le Monde diplomatique, décembre 2002.

28  Cité in http://www.novethic.fr/novethic/v3/home.jsp, 29 août 2004.

29  WWF, actes de la table ronde « Comment passer du jetable au durable », janvier 2004, p. 8-11

 


Pour citer cet article

Référence électronique

Benoît Eugène, « Le « développement durable » », revue Agone, 34 | 2005, [En ligne], mis en ligne le 23 octobre 2008. URL : http://revueagone.revues.org/index112.html. Consulté le 17 juin 2009.

 

 



 

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18 juin 2009 4 18 /06 /juin /2009 04:13
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Un peu d'histoire occulte du monde, pour nous aider à tirer les leçons de l'histoire

Ceux qui ignorent l’histoire se condamnent à la répéter (Georges Langlois)

mardi 3 juin 2008
[Altermonde-sans-frontières] L’histoire du Bilderberg racontée à Y.Calvi et J.F.Khan


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La nouvelle vient juste de tomber. Cette année, le Bilderberg tiendra sa conférence annuelle du 5 au 8 juin, à Chantilly, près de Washington. Cette information, venue des Pays-Bas, a peu de chance d’intéresser les téléspectateurs français car, depuis le 4 mars 2008, ils "savent" que le Bilderberg n’existe pas. En effet, ce soir là, Yves Calvi, consacrait son émission C dans l’air - une de ces cuistreries dont la télévision française est friande - à la question : “ Qui gouverne le monde “.

par Laurence Kalafatides

 

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  Yves Calvi, journaliste depuis 1986 (France Info, FRI, Europe 1) recevait quatre éminents spécialistes du sujet : Gérard Chaliand (spécialiste des problèmes géopolitiques et stratégiques), Nicole Bacharan (historienne et politologue franco-américaine), Jean-François Khan (historien, journaliste depuis 1964 - Europe 1, l’Express, le Monde - fondateur de l’Evénement du Jeudi puis de l’hebdomadaire Marianne),et enfin Jacques Rupnik (Directeur de recherches au Centre d’études et de recherches internationales). Comme à l’accoutumée, la fin de l’émission fut dédiée aux questions des téléspectateurs. Yves Calvi se saisit d’un message et posa la question à brûle-pourpoint : [1]

Y. Calvi : Que savez-vous de l’organisation mondiale Bilder ... beurk, je vais y arriver... Bilderberg, moi j’en avais jamais entendu parler, qui réunit chaque année les personnages les plus influents du monde ? Vous connaissez ça vous ?
Réponse unanime des invités : NON
Y. Calvi : Ben voilà, c’est un bide en direct.
J-F Khan : Je connais la Tricontinentale [2] , je connais Davos, mais je connais pas ...
N. Bacharan : Je ne connais pas du tout cette organisation donc je n’en dirais rien
Y. Calvi : c’est peut-être une invention d’un téléspectateur qui a de l’humour, qui nous teste ?
N. Bacharan : peut-être qu’il voulait vérifier...
G. Chaliand : Je me méfie beaucoup de ces organisations mondiales qui dans l’ombre se réunissent et distribuent en quelque sorte les dividendes et les rôles. C’est une longue histoire.
Y. Calvi : Vous êtes peut-être en train de répondre très habilement à une fausse question, ce qui est très rare, et ce qui pour le coup est d’une grande intelligence, enfin moi, ça m’arrange !

La suite de l’émission importe peu. Les téléspectateurs auront retenu que le Bilderberg n’existe pas puisque cinq journalistes et spécialistes de géopolitique n’en ont tout simplement jamais entendu parler.

A la décharge de nos brillants “experts” il faut reconnaître que le Groupe de Bilderberg n’existe QUE depuis 54 ans, et que ce club ultra huppé ne reçoit QUE des têtes couronnées, des ministres,des secrétaires généraux de l’OTAN, des PDG, des patrons de presse. On le voit, il n’y a là rien qui puisse éveiller la curiosité des invités d’Yves Calvi. Pourtant...

 

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Le Bilderberg, ce fantasme de gauchiste [3]


Pourtant, la genèse du Groupe de Bilderberg est une histoire fort instructive qui mérite d’être contée, car elle donne à voir une réalité qui se situe à l’exact opposé de la démocratie. Depuis sa création en 1952, le Bilderberg a largement contribué à construire le condominium euro-américain, sous leadership US, que l’on voit à l’oeuvre aujourd’hui. Ce condominium transatlantique peut être considéré comme la clé de voûte du nouvel "ordre mondial" que le président américain Harry Truman a annoncé en 1947. Plan Marshall, OTAN et son réseau secret Stay-Behind, Union Européenne, CIA , MI6 et Bilderberg font partie des instruments utilisés pour mettre en place cet "ordre mondial" et mener la guerre froide.

 

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Pour autant, façonner ce nouvel ordre mondial, selon l’architecture décidée par Washington, implique la collaboration des pays membres de l’Alliance Atlantique. Le Bilderberg a précisément pour fonction d’assurer cette collaboration. La filiation OTAN/Bilderberg peut se lire au travers des nombreuses sessions consacrées "aux questions sur lesquelles un accord au sein de l’Alliance Atlantique peut s’avérer difficile." Sous couvert de débats, le Bilderberg exerce une véritable diplomatie parallèle au prétexte que, selon ses propres termes, " les dimensions et les possibilités des contacts officiels [ des hommes d’Etat et des diplomates ] ont leurs limites et ne couvrent pas tout le champ que les fondateurs de Bilderberg avaient en idée."

Le Groupe de Bilderberg, dont l’objectif affiché est de construire "l’unité du monde occidental" ne recrute que" des gens importants et respectés et qui peuvent contribuer à la réalisation des objectifs3376449876_735373d243.jpg?v=0 que le Bilderberg s’est assigné. [4]" Au début de chaque conférence, une note distribuée aux participants indique que l’on attend d’eux qu’ils usent de leur "influence afin que l’Alliance Atlantique puisse fonctionner d’une façon plus efficace." Quant à la diversité des sujets débattus, elle découle, selon un document de 1957, de "l’intérêt commun des membres de l’OTAN [ qui ] s’étend constamment au-delà de la sphère d’application limitée du Traité Atlantique. [5]" Il va sans dire que pour faire entériner cette "politique occidentale qu’il serait peut-être plus exact bien que moins diplomatique d’appeler américaine" [6] la plus grande quiétude est nécessaire. C’est la raison pour laquelle ces conférences annuelles - qui regroupaient environ 50 personnes dans les premières années et qui aujourd’hui en comptent 120 - se tiennent loin des regards, dans des hôtels ultras sécurisés et ne donne lieu à aucune communication externe.

 

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Amitié Transatlantique

2594421645_fa2c2e5b72.jpg?v=0Paris, 25 septembre 1952. Ce jour-là, 13 personnes se réunissent pour jeter les bases de ce qui deviendra deux ans plus tard, le Groupe de Bilderberg. En plus du Baron François de Nervo, hôte de la réunion, on note des personnalités venues de toute l’Europe :
- Paul Van Zeeland, ministre belge des affaires étrangères
- Bernhard De Lippe-Biesterfeld, Prince consort des Pays-Bas, époux de la Reine Juliana
- Ole Bjorn Kraft, Ministre danois des affaires étrangères, président du Conseil de l’OTAN
- Dr Rudolf Mueller, avocat d’affaires allemand, ancien président de la German Economic Administration de la zone anglaise.
- Panagiotis Pipinelis, représentant permanent de la Grèce à l’OTAN
- Paul Rykens, président de la firme multinationale Unilever
- Hugh Gaitskell, ancien chancelier de l’Echiquier, trésorier du parti travailliste
- Guy Mollet, président le la SFIO
- Antoine Pinay, Président du Conseil ; ministre des Finances et Affaires économiques

Et enfin les deux chevilles ouvrières du Bilderberg en cours de constitution :
- Sir Colin Gubbins, ancien Général de l’armée britannique, qui durant la guerre fut chargé de la planification des actions subversives et de sabotage au sein du S.O.E. - Special Operation Executive - Démantelé en juin 1946, le SOE fut remplacé, à l’intérieur du service de renseignement MI6, par une nouvelle section secrète " Special Operations" dont Colin Gubbins prit le commandement. En liaison avec Frank Wisner - directeur du bureau de coordination politique des opérations spéciales de la CIA (OPC ) Gubbins s’activa à créer les armées secrètes de l’OTAN - Stay Behind - dans toute l’Europe [7].

- Joseph Retinger : Cet ami intime de Gubbins fut conseiller diplomatique du Général Sikorski, chef du gouvernement polonais en exil à Londres durant la Deuxième Guerre mondiale [8]. Les services secrets français le considéraient comme un agent du contre-espionnage polonais passé au service de l’Intelligence Service de Grande-Bretagne [9]. Lorsqu’en 1952, Retinger se lance dans la création du groupe de Bilderberg, il occupe le 40412500_7b380145f1.jpg?v=0poste de secrétaire général du Mouvement européen.

Sont excusés,
- Max Brauer, membre du parti socialiste allemand, Maire de Hambourg - Lord Portal de Hungerford, ancien maréchal de la Royal Air Force, contrôleur pour la production de l’énergie atomique au ministère de l’approvisionnement.

 


Pour Retinger et ses amis, la première tâche consiste à redonner du dynamisme à la campagne antisoviétique en Europe, et à faire battre en retraite les partis communistes jugés trop puissants. Mais pour ce faire, il s’avère nécessaire de pacifier les relations euro-américaines. Il est vrai que de nombreux nuages se sont accumulés sur l’ horizon transatlantique depuis la fin de la guerre. Le comité européen pointe du doigt l’ingérence américaine dans les affaires intérieures des pays européens, à ce point outrancière que les élus peinent à la masquer à l’opinion publique. Problème amplifié par le comportement "vulgaire et arrogant" de nombreux Américains en postes en Europe et qui alimente un certain "anti-américanisme" dans les populations. Cette situation donne, selon les membres du Comité, des arguments aux partis communistes qui dans certains pays engrangent de belles victoires électorales. Le groupe échafaude alors un plan d’action destiné à "attirer l’attention des autorités compétentes sur des mesures qui puissent renforcer l’amitié et la confiance qui doivent régner entre l’Amérique et l’Europe" et décide, dans la foulée, de créer un Comité analogue aux Etats-Unis.

Peu de temps après, Joseph Retinger et le Prince Bernhard, s’envolent pour les Etats-Unis 417550610_0d73c70ab1.jpgoù ils rencontrent Averell Harriman [10], directeur de la Mutual Security Agency - agence chargée de coopération économique - Walter Bedell Smith [11], directeur de la CIA et C.D. Jackson [12], Président du Comité pour une Europe Libre . Le 1° octobre 1953 une lettre du directeur de la CIA, informe Retinger que le Comité américain est constitué. 18 mois plus tard, le 8 février 1954, Européens et Américains se réunissent, de nouveau chez le Baron François de Nervo, et valident un rapport - N°3 - où se trouve également consignée leur stratégie : "Les membres du Groupe, usant de leurs relations avec leurs autorités respectives, s’assureront que les points de vue développés dans le rapport n°3 seront soumis aux divers gouvernements". Ils décident d’organiser " dans un futur proche, une réunion restreinte de personnalités triées sur le volet et d’environ cinquante personnes ; la conférence discutera des problèmes mentionnés dans le document N°3 et si possible conviendra que ses conclusions sont la meilleure voie possible pour réaliser une entente parfaite entre l’Europe et l’Amérique. Les participants seront des personnalités influentes et informées des sujets débattus."

La conférence dont il est fait mention est prévue pour les 29-30et 31 mai 1954 à Oosterbeek (Pays- Bas ) dans l’hôtel Bilderberg. Les thèmes inscrits à l’ordre du jour sont les suivants :447032845_8a45956ee6.jpg
a) L’attitude générale envers le communisme et l’Union soviétique
b) L’unification de l’Europe
c) La Communauté européenne de Défense et la défense européenne
d) Le problème des colonies
e) Les problèmes économiques

Trouver un consensus qui permettrait d’adopter une position commune "envers le communisme et l’Union Soviétique" n’est pas chose aisée. Les Etats-Unis se montrent inflexibles envers "l’ennemi" et reprochent à l’Europe de s’orienter vers une politique de négociation avec l’URSS, voire même, blasphème, une politique d’apaisement. Pour leur défense, les Européens arguent d’un fort électorat communiste dans certains pays contre lequel la "solution" américaine semble inadéquate. Déterminés à aller de l’avant, les participants concluent que la réconciliation se fera grâce à un front commun contre l’Ennemi, à savoir le communisme.
Au fait, en quoi consiste cette menace communiste contre laquelle on mobilise tant de monde et tant d’argent ?

 

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Le capitalisme en danger

En 1945, le Reich à peine vaincu, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis envisagent sérieusement un revirement d’alliance. Nombre de personnalités des deux nations considèrent que l’ennemi "naturel" n’est pas le nazisme, mais le bolchevisme. Il est, momentanément, question que les armées britanniques et américaine "marchent sur Moscou". Churchill donne l’ordre - secret - au Maréchal Montgomery de ne pas désarmer les unités allemandes capturées et de les tenir prêtes pour un possible emploi contre l’armée rouge. De son côté, le Général Patton demande à réarmer deux divisions de la Waffen SS afin de les incorporer dans la troisième armée américaine pour les diriger contre les Russes. Dans le même temps, les services de renseignements américains recrutent des espions nazis ainsi que des gradés SS et exfiltrent un nombre considérable de criminels de 1367251-1806066.jpgguerre [13].

Toutefois, les opinions publiques ne sont pas prêtes à un tel revirement de situation et sont loin de considérer l’URSS comme une ennemie. En 1945, l’armée rouge jouit d’un grand prestige parmi les soldats stationnés en Europe, et un sondage indique que 55% des Américains déclarent vouloir conserver l’URSS comme allié après la guerre [14]. Durant l’année 1946, John Strohm, président de l’Association américaine des journalistes agricoles voyage plusieurs mois à travers la Russie, de retour, il racontera dans un livre que partout où il est allé, il a pu constater chez les Russes un profond sentiment d’amitié à l’égard des USA. Le diplomate américain Summer Welles, quant à lui, affirme publiquement que les véritables objectifs de la politique soviétique sont "la sécurité, la reconstruction, l’industrialisation des républiques soviétiques, et le développement des ressources naturelles comme partie essentielle d’un programme visant à élever rapidement le niveau de vie des Russes." [15]

Ces prises de position s’avèrent extrêmement contrariantes pour ceux qui se sont considérablement enrichis grâce à l’économie de guerre et envisagent d’un mauvais oeil la baisse des carnets de commandes. D’ailleurs, en 1946, des économistes sonnent l’alarme : une crise de surproduction menace et le spectre de la récession n’est pas loin. Pour l’administration américaine, l’ urgence est de trouver des débouchés pour les produits et les capitaux américains, et de remettre en selle la stratégie de la "porte ouverte" [16]. Les regards se tournent vers l’Europe qui manque de tout, vers ses colonies dans lesquelles les Américains veulent pouvoir s’implanter et enfin vers les pays d’Europe sous l’influence de L’URSS .
128810110_9079e33a99.jpgMais en Europe de l’Ouest, l’ antifascisme radical se double d’une remise en cause du capitalisme. Dans de nombreux pays, syndicats et partis de gauche acquièrent une influence considérable. En Allemagne les ouvriers mettent en place des "conseils d’entreprises souvent dirigés par des communistes" [17] y compris dans les filiales allemandes des entreprises américaines Ford ou General Motors. Ces conseils d’entreprises "inquiètent tous ceux qui craignent que la Deuxième Guerre mondiale ne débouche sur une révolution sociale, exactement comme la guerre franco-prussienne de 1870 et la Première Guerre mondiale avaient engendré la Commune et la Révolution d’Octobre." [18] En Grande- Bretagne, le parti travailliste qui remporta les élections contre Winston Churchill en 1945 développe une politique qui répond aux aspirations d’une population extrêmement éprouvée par la guerre. De grandes réformes sociales sont mises en place, telle que la création de la sécurité sociale, ou la nationalisation des industries lourdes et de la Banque d’Angleterre. En Italie, les élections communales de 1946 amènent une large victoire des partis de gauche, tandis qu’en France, le général de Gaulle au pouvoir entreprend des nationalisations, et concède quatre ministères aux communistes. Les élections législatives de novembre 1946, font du PCF le premier parti politique en voix.

Quand Harry Truman était "fatigué de pouponner les soviétiques" [19] Fort opportunément, en février 1946, un conseiller de l’ambassade américaine en URSS, George Kennan, rédige un 2195373631_93d46fe22f.jpglong document dans lequel il fait part de ses réflexions sur le défi soviétique auquel est confronté l’Amérique. Bien que convaincu qu’il n’existe pas de risque de conflit entre les deux "grands", il préconise une grande fermeté vis-à-vis du Kremlin ainsi qu’ une politique offensive visant à réduire l’influence soviétique sur les pays satellites. Ce "long télégramme" sera utilisé, peu de temps après, par l’establishment américain pour agiter la menace d’une agression militaire imminente de l’URSS.

23121475_p.jpgQuelques mois plus tard, le sous-secrétaire d’Etat Dean Acheson réunit les principaux dirigeants du Congrès et leur présente la Russie comme une nation "agressive et expansionniste" et conclut qu’un gouffre idéologique infranchissable sépare l’URSS des Etats-Unis [20]. De son côté, la CIA informe le Président américain que "le plus grand danger pour la sécurité des Etats-Unis est la possibilité d’un effondrement économique en Europe occidentale et par conséquent l’accession au pouvoir d’éléments communistes" [21]

Le 6 mars 1947 , le Président Harry Truman attaque lors d’un discours à l’université Baylor le principe de l’économie administrée, visant par là non seulement l’URSS, mais aussi des pays comme la Grande-Bretagne ou la France. Truman décrit ainsi le "chemin pour l’ordre mondial" : " Partout le futur est incertain. Les politiques économiques sont fluctuantes. Dans cette atmosphère de doute et d’hésitation, le facteur décisif sera le type de conduite que les Etats-Unis donneront au monde... Le peuple [ américain ] est prêt à assumer le rôle de guide qui lui revient ... Nous sommes le géant du monde économique... Que nous le voulions ou non, la structure future des relations économiques dépend de nous. Le monde attend et observe pour voir ce que nous ferons. Ce choix est le nôtre." Ce discours précède d’un mois le lancement du "Plan Marshall". Entre 50459104_0ca158e157-copie-1.jpgtemps le sénateur Vandenderg, président du Comité des Relations étrangères au Sénat, avait réussi à convaincre le président Truman "d’épouvanter" l’opinion afin de la préparer à la nouvelle politique antisoviétique [22]. Cette épouvante ira crescendo grâce à la "Croisade pour la Liberté" destinée à présenter une image apocalyptique de l’Union soviétique. Le général Eisenhower en personne, accuse Moscou de chercher à "contrôler le monde" et à "détruire la liberté humaine", dans la foulée il annonce que l’Amérique doit se préparer à une bataille aux "conséquences mortelles" qui menacent" l’existence même des Etats-Unis" [23] . En 1952, la "chasse aux sorcières" du sénateur McCarthy ayant accompli son oeuvre, "une véritable crise d’hystérie s’est emparée de l’Amérique et l’opinion croyant la guerre proche s’inquiète de la construction rapide d’abris antiatomiques." [24]

De retour aux Etats-Unis, George Kennan, est nommé directeur du Policy Planning Staff, division du Département d’Etat chargé d’élaborer la politique étrangère américaine. Dans un mémorandum adressé au secrétaire d’Etat Dean Acheson il expose ce que devrait être la position américaine vis-à-vis du reste du monde "Nous disposons de près de 50% de la richesse mondiale, mais seulement de 6,3% de la population... Notre véritable tache dans la période à venir est de concevoir un modèle de relations qui nous permettront de maintenir cette position de disparité... Notre attention devra partout se concentrer sur nos objectifs nationaux immédiats. Nous devons cesser de parler d’objectifs vagues et irréels tels que les droits de l’homme, l’amélioration du niveau de vie, et la démocratisation. Le jour où nous devrons raisonner en terme de concepts clairs de pouvoirs n’est pas si loin. Moins nous serons entravés par des slogans idéalistes et mieux cela sera" [25]

13685501_f7d0cdf6d9.jpgMais l’agression militaire soviétique imminente est un bluff. A la fin de la guerre, l’URSS est à genoux. Vingt millions de Soviétiques sont morts au front, l’industrie a été dévastée par les armées d’Hitler et partout dans le pays la nourriture manque. Contrairement aux affirmations péremptoires des propagandistes, les "maîtres du Kremlin" n’ont pas l’intention de lancer une nouvelle guerre. En 1945, le ministre des affaires étrangères britannique, Antony Eden déclare devant le parlement anglais, être absolument convaincu que les mesures prises par les Russes en Europe occidentale sont seulement destinées à empêcher une dangereuse résurrection de la puissance allemande : "nous savons que les dispositions russes ne sont pas dirigées contre nous" [26] . D’ailleurs, en 1957, George Kennan lui-même prendra ses distances avec la position belliciste américaine et fera une mise au point : "Je n’ai jamais cru que le gouvernement soviétique, à aucun moment depuis 1945, ait désiré une guerre générale, ou qu’il aurait été amené, pour quelque raison politique valable, à entamer une telle guerre" [27]

 

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Halloween au Bilderberg

Dans les salons du Baron de Nervo, le Comité de Bilderberg ne semble pas traumatisé par une quelconque attaque bolchevique. En revanche ce qui inquiète l’assemblée réunie ce 8 février 1954, est le manque d’enthousiasme évident des populations européennes pour la croisade américaine contre l’Union Soviétique. Selon le Comité européen, le problème est dû en partie, au McCarthysme qui a créé de "très grands dommages" dans l’opinion publique européenne surtout dans les pays où existe un fort électorat communiste. L’inquiétude monte d’un cran vers la fin de l’année lorsque C.D. Jackson averti le Département d’Etat que "l’Europe occidentale veut la paix, le relâchement des tensions internationales et la dissipation de la guerre froide" [28]. La Conférence de Barbizon, en mars 1955, est l’occasion de relancer l’ardeur au combat. Sur un ton mélodramatique, lors de la 437834285_48b7d1d31f.jpgsession consacrée à "l’infiltration communiste dans les divers pays occidentaux", les conférenciers jouent à se faire peur et relatent le " péril rouge" qui sévit chez eux :En Grande-Bretagne, ’"les communistes ont dû agir par voie d’infiltration pour tenter d’atteindre la position dominante qui leur est nécessaire." En Allemagne, "les activités communistes se sont accrues...Il existe certains courants très sommaires au sein des masses laborieuses qui... peuvent être exploitées par la propagande communiste." En France explique Guy Mollet "Il existe une tendance profondément enracinée à penser que le progrès est à gauche ... Ce que le terme gauche signifie exactement n’est pas très bien saisi. Du fait que le communisme est ainsi baptisé, il n’y a rien là qui soit de nature à alarmer une large fraction de la population". Quant à l’Italie : "on a pas réussi à isoler le communisme... La gravité de la situation [ économique ] donne aux communistes une sorte de monopole de l’espoir." Les populations européennes, résume le Prince Bernhard, sont vulnérables du fait que "le communisme a deux attraits : l’égalité sociale ou la possibilité pour chacun de trouver sa place dans le système, et la sécurité économique qu’il offre à la partie non ambitieuse de la population, laquelle constitue la majorité."

Heureusement, il existe des pays sains. La Suisse par exemple où les communistes sont très peu nombreux et sont "principalement des indigènes, pour la plupart ouvriers" auxquels 1-1202056095Nddr.jpgs’ajoutent "une partie d’étudiants qui traversent ce qu’on peut appeler une crise de croissance." A la fin de la session, les participants parviennent à se mettre un peu de baume au coeur : "Au Portugal, le communisme se présente sous un aspect largement négatif. Il est bon de savoir qu’il existe au moins un pays du monde où le communisme ne joue pas de rôle." En effet, le Portugal est une dictature. En 1926, date du coup d’Etat, le parti communiste, interdit, a dû entrer en clandestinité. Après l’accession au pouvoir du dictateur Salazar, en 1933, les communistes furent massivement arrêtés. Ceux qui n’ont pas été sommairement exécutés furent torturés et déportés dans le camp de concentration de Tarafal au Cap-Vert.

La deuxième séance voit l’assemblée s’enflammer sur la question de la "défense de la démocratie" et la manière de s’y prendre pour la sauver. Le problème, résume un intervenant, est que "la guerre froide a quelque chose d’une guerre civile dans la mesure où une partie de la population fait fonction d’agents de l’étranger.". Des mesures doivent être prises. Certains envisagent de faire appel à l’Eglise afin de contrer la "propagande pseudopacifiste" des communistes. D’autres exhument une "vieille loi néerlandaise de 1855 qui autorise la proscription des partis non démocrates" et qui mérite d’être examinée de près pour éventuellement servir de modèle aux autres. Impossible rétorque Alberto Pirelli - industriel fasciste et ancien ministre de Mussolini [29] - car en Italie les "choses sont devenues extrêmement difficiles depuis l’abrogation des lois fascistes." A défaut de pouvoir utiliser des lois fascistes pour sauver la démocratie, les conférenciers décident une "offensive de propagande" pour laquelle il sera nécessaire d’utiliser "plus particulièrement la presse ... spécialement en Italie et en France".

 

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L’Europe, l’Europe, l’Europe

En ce début des années cinquante, la grande affaire transatlantique est incontestablement l’intégration européenne. Celle-ci fit d’ailleurs partie intégrante du Plan Marshall pour le relèvement de l’Europe. Pour l’Administration américaine, l’Europe a reconstruire 104070155_18f76e2e5a.jpgnic.jpgs’envisageait d’abord comme un gigantesque marché à ouvrir aux produits et aux capitaux américains, permettant ainsi à l’industrie US d’échapper une crise de surproduction. Les conditions posées aux nations européennes pour avoir accès à l’aide Marshall étaient claires : créer une "union douanière" et rendre les monnaies européennes convertibles entre elles et avec le dollar. Afin de verrouiller ce nouveau marché, le Congrès américain vota tout un arsenal juridique, empêchant de facto les pays d’Europe de l’Ouest de commercer avec le "bloc de l’Est" [30]. Mais le Plan Marshall fut aussi un instrument d’ingérence dans les affaires de politique intérieure des pays "aidés". "Le but de l’ERP [ Plan Marshall ] est fondamentalement politique ... Il est nécessaire de coordonner et d’intégrer le mieux possible toutes les phases de l’effort du gouvernement américain, particulièrement la diplomatie, l’ECA [ administration du plan Marshall ], l’aide militaire et les opérations secrètes de guerre politique [ comprendre coups tordus de la CIA]" [31] Cette ingérence fut telle qu’elle finit par faire grincer des dents y compris dans les rangs américanophiles.

Pour le Bilderberg, pas question de laisser les choses s’envenimer. Lors de la réunion du 8 février 1954, la situation est froidement analysée : "la pression exercée par les Américains sur les 2910550795_610158590b.jpgEuropéens pour accélérer le processus d’unification indigne l’opinion européenne, y compris les plus ardents amis de l’Amérique." De plus, les dernières nouvelles indiquent que l’on s’achemine vers un rejet, par le parlement français, de la Communauté européenne de Défense ( CED ), ce qui fera prendre un sérieux retard au réarmement de l’Allemagne décidé par les USA. L’inquiétude des membres du Bilderberg est d’autant plus vive que la plupart d’entre eux sont des figures majeures de la construction européenne.

Le projet d’une Europe fédérée sur les plans politique, économique et culturel fut le fruit pierre-pean-le-monde-selon-K.jpgde réflexions et de concertations menées à Londres, en 1943, par un petit groupe de personnalités. Edmond Giscard d’Estaing, Paul van Zeeland, Joseph Retinger en furent les principaux acteurs [32]. Trois ans plus tard, Van Zeeland, Retinger et son "vieil ami" Colin Gubbins créèrent la Ligue Indépendante de Coopération Européenne (ILEC). Il s’agissait d’un groupe de pression transnational composé d’hommes d’affaires, de banquiers et de politiques européens dont l’un des objectifs était l’établissement d’un marché commun européen et d’une monnaie unique. L’ambassadeur américain en Grande-Bretagne, Averell Harriman mit sur pied la section américaine de l’ILEC.

Au mois de septembre 1946 Winston Churchill appela solennellement à "ériger quelque chose comme les Etats-Unis d’Europe" [33]. Cet appel fut relayé par le Congrès américain qui exigea que les Etats bénéficiaires du Plan Marshall s’engagent à participer à ces Etats-Unis d’Europe [34]. Au même moment se créait, autour d’ Alexandre Marc, de Denis de Rougemont et d’Henry Frenay, l’Union Européenne des Fédéralistes (UEF) dont le rôle essentiel était de mobiliser l’opinion publique. De leur côté, les socialistes fondèrent le Mouvement Socialiste pour les Etats-Unis d’Europe, tandis que les chrétiens démocrates s’agrégèrent dans les Nouvelles Equipes Internationales. Afin de coordonner ces mouvements, Duncan Sandys - gendre de Churchill - et Joseph Retinger organisèrent un grand Congrès, financé par des fonds du Plan Marshall, à la Haye en mai 1948. Ce congrès donna naissance au Mouvement Européen dont Retinger devint le Président. Dès le début, mouvements fédéralistes et unionistes furent financés par la CIA. Mais ce nouveau Mouvement Européen, avait besoin de beaucoup d’argent pour fonctionner. A cette fin la CIA créa une organisation spécifique : l’ACUE ( American Committee for United Europe ) à la direction de laquelle on trouvait 2519773637_ba2b5cfbb8-copie-1.jpgWalter Bedell-Smith, directeur de la CIA et Allen Dulles directeur des plans de la CIA. D’autres fonds parvinrent via la Fondation Ford dont un des dirigeants, Shepard Stone, lança en 1951 une grande campagne de soutien au Mouvement Européen. En 1952, ce même Shepard Stone finança la création du Groupe de Bilderberg dont il devint un membre du comité directeur.

L’Europe était sur les rails. Tout le monde cependant ne partageait pas ce bel enthousiasme. Le Général de Gaulle fit connaître son opinion par voix de presse : "N’est-ce pas tuer l’Europe que de fabriquer, à grand renfort d’intervention américaine, ce monstre, ce robot, ce Frankenstein, que pour tromper le monde, on appelle la Communauté ?" [35] Et de pointer un doigt accusateur sur cette construction communautaire où l’on voyait " s’y employer des synarques [36] qui rêvent d’un empire supranational, des politiques qui croient tout perdu si l’on ne cède pas à l’étranger, enfin cette sorte de gens qui sont toujours prêts à s’inscrire pour le voyage de la lune, en souhaitant secrètement que le départ soit différé. Tous voulaient être les prophètes de l’Europe." [37]

2371817422_09d5f0c1be.jpgPas question cependant de laisser le Général de Gaulle jouer les troublions dans cette Alliance Atlantique dont le but était "d’établir un ordre mondial stable" [38]. Mais la France, "pierre angulaire de l’Europe de l’Ouest continentale" [39] était sous bonne surveillance, plusieurs organismes américains étaient installés à Paris. L’ECA (Economic Cooperation Administration tout d’abord, dont le siège était situé dans l’hôtel Talleyrand, était en charge de la coordination, au niveau européen, de l’attribution des aides du plan Marshall. L’ECA était dirigé par Averell Harriman qui, de retour aux USA en 1952, supervisa la mise en place du Comité américain du Bilderberg. Également présent dans la capitale française le Comité France-Amérique administré entre autres par David Rockefeller et C.D. Jackson, tous deux membres du comité directeur du Bilderberg. Quant à Radio Free Europe - officine de la CIA - elle avait ses bureaux sur les Champs Elysées, et était dirigée par C.D. Jackson. Dans ce contexte,il n’est pas surprenant que les réunions constitutives du Bilderberg se soient tenues à Paris.

 

 

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Le formatage de l’élite transatlantique

Le Bilderberg est un club élitiste, ne sont convié aux conférences que "des personnes influentes dont les relations personnelles avec les hommes placés à la tête des affaires publiques pourraient contribuer ... a rechercher une attitude commune sur les terrains politiques, culturels, économiques et social." Ses fondateurs estiment "beaucoup plus fructueux d’obtenir une compréhension et une bonne volonté mutuelles entre des hommes occupant les positions-clés dans chaque pays que d’essayer d’influencer directement l’homme de la rue par voie de publicité ou de 1311324874_c55d2865aa.jpgpropagande" [40].La méthode du Bilderberg pour embrigader les élites qui s’emploieront à manipuler l’opinion publique, est identique à celle utilisée par le Congrès pour la Liberté de la Culture [41] : "La CIA faisait circuler les objectifs américains de politique extérieure et en retour, elle écoutait attentivement un groupe dont la connaissance de l’Europe de l’Ouest pouvait faciliter ou même modifier les méthodes et les arguments utilisés pour formuler les mêmes objectifs." [42] La recette, concoctée par le Conseil de Stratégie Psychologique - PSB - créé en 1951 par le Président Truman, était basée sur le manuel d’instruction des stratèges de la CIA, qui préconisait de "contester la théorie politique égalitaire et de montrer la persistance et le caractère incontournable du pouvoir de l’élite, même en un âge d’égalité." Le PSB proposait la mise en place d’un "mouvement intellectuel à long terme" afin de "briser les modes de pensées doctrinaires hostiles aux objectifs américains." Pour cela il suggérait de prendre appui sur une élite définie comme étant "un groupe numériquement limité ... Qui forme ou du moins prépare les attitudes et opinions de ceux qui à leur tour dirigent l’opinion publique." [43] Ce parallélisme entre le Bilderberg et le Congrès pour la Liberté de la Culture n’est pas le fruit du hasard et l’on retrouve les mêmes acteurs dans les deux instances. La doctrine fut élaborée par le PSB à la 1527625929_2230140958.jpgdemande du président du National Committee for Free Europe ( officine de la CIA ), C.D. Jackson, qui, au même moment, constituait le Comité américain du Bilderberg. Nommé, en 1953, conseiller spécial pour la guerre psychologique du président Eisenhower il devient, en 1954, administrateur du comité américain pour la Liberté de la Culture et membre du comité directeur du Bilderberg. Cinq autres personnalités sont liées aux deux instances : Hugh Gaitskell, chancelier de l’échiquier britannique, Denis Healey député travailliste, Stone Shepard directeur de la Fondation Ford et David Rockefeller président de la Chase Manhattan Bank.

 

 

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Le mode d’emploi

Le fonctionnement du Bilderberg est décrit dans la brochure de présentation du groupe :
Le Prince Bernhard des Pays-Bas est le président et dirige chacune des réunions. Il est assisté par un secrétaire général pour l’Europe - Joseph Retinger jusqu’en 1958 [44] - et un secrétaire général pour les USA - Joseph E. Johnson [45]- Le Prince centralise toutes les activités de Bilderberg, désigne les membres du Comité directeur et après consultation de ces derniers décide des personnes à inviter aux conférences annuelles. Le Comité directeur 2051282060_efb8dc7dfb.jpgse réunit au moins deux fois par an. Sa composition est variable à l’exception d’un petit groupe d’hommes qui sont toujours présents. Si, au début des années cinquante, les Conférences de Bilderberg comptent une cinquantaine d’invités, on en dénombre, aujourd’hui environ cent vingt. Considérant que "les dirigeants réels d’un pays ne sont pas seulement les politiciens [et que ] d’autres grands intérêts - religieux, financiers, industriels, syndicaux, intellectuels - jouent également leur rôle en matière de relations entre pays [46]", la répartition des conférenciers est la suivante : environ 1/3 d’hommes politiques, 1/4 d’hommes d’affaires, le reste étant des intellectuels, des syndicalistes, des diplomates, des fonctionnaires et des représentants de la presse. Les conférences durent trois jours, dans un hôtel entièrement réservé à cet effet et gardé par une escouade de policiers. Ni les conjoints, ni les secrétaires ne sont acceptés. Chaque participant aux conférences devient "membre" de facto du Bilderberg et même s’il n’est plus invité par la suite, il peut sur demande recevoir les comptes rendus des réunions et ainsi continuer à user de son "influence" pour "contribuer à la réalisation des objectifs que Bilderberg s’est assigné". La relation à la presse est ainsi décrite pas la brochure de présentation : "La presse en tant que telle n’est pas admise aux conférences, cela ne signifie pas pour autant que les journalistes soient exclus des réunions. En fait, d’éminentes personnalités de la presse ont assisté à la plupart des conférences, mais ils ont participé, comme tous les autres en leur qualité personnelle" [47]. Cette belle architecture faillit toutefois s’effondrer en 1976 lorsque le Prince bernhard fut pris dans la tourmente d’un scandale financier. Il fut contraint de reconnaître qu’il avait reçu 1 million de dollars de pots-de-vin de la firme Lockheed afin d’influencer le gouvernement hollandais pour l’achat d’avions de chasse F-16. Le Prince démissionna de la 2423366734_25e60750ed-copie-1.jpgprésidence du Bilderberg et il n’y eu pas de conférence cette année-là.

Les socialistes sont nos meilleurs amis

Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, aux Etats-Unis, le clivage politique dans le domaine des affaires étrangères ne se fait plus selon une ligne Républicains/Démocrates mais selon une ligne isolationniste/interventionniste. Dès 1941, le courant interventionniste - politique de la porte ouverte - était devenu majoritaire dans les deux camps. En 1952, le président Harry Truman institua une règle visant à assurer la continuité de la politique extérieure quelque soit la majorité au pouvoir [48]. 41521946_79fe0efa55.jpgSituation dont se félicite le Comité américain lors de la Conférence de Bilderberg à Barbizon en 1955 : "Le large soutien auquel le Président est maintenant en mesure de faire appel pour sa politique étrangère, et qui couvre sans doute les deux tiers ou les trois quarts du parti républicain et une part considérable du parti démocrate, permet de traiter maintes questions importantes dans un climat de modération et de responsabilité." L’objectif de Washington est d’exporter ce modèle en Europe afin que la ligne atlantiste soit conservée quelque soit le gouvernement en place, autrement dit s’assurer que si les partis socialistes viennent au pouvoir, ils adoptent une ligne compatible avec les intérêts américains. A la fin de la guerre les Etats-Unis organisèrent la Non Communist Left Policy - NCLP -( politique de gauche non communiste ) qu’Averell Harriman, résuma en ces termes au Congrès : "Les socialistes sont nos meilleurs amis en Europe" [49]. Sur le terrain, les Américains savaient pouvoir compter sur de nombreux soutiens afin de développer cette politique. En Italie tout d’abord, où dès 1945 les "Etats-Unis érigèrent la Démocratie chrétienne italienne (DCI) - un ramassis de collaborationnistes, de monarchistes et de fascistes - comme rempart au communisme" [50]. Son dirigeant, Alcide De Gasperi, président du Conseil Italien et ministre des Affaires 1463412802_3989336655.jpgétrangères de 1946 à 1953, qui recevait secrètement de l’argent de la CIA, suggéra à celle-ci de financer aussi le parti socialiste. "Bonne idée" qui fut immédiatement mise en pratique [51]. Sa mort inopinée en 1954 priva le Bilderberg de sa collaboration. [52] En France, autre pays fortement contaminé - selon Washington - par les idéaux communistes, c’est l’ambassadeur américain Jefferson Caffery, qui avait chargé les relations avec les socialistes. En 1946, celui-ci fit savoir à Washington que Guy Mollet, qui s’apprêtait a devenir secrétaire général de la SFIO, "n’avait aucune sympathie pour les communistes et souhaitait par-dessus tout entretenir avec Washington des rapports amicaux [53]" Une note du 21 janvier 1947, des services de renseignement français - SDECE - indiquait par ailleurs que "la NCLP prenait forme et que le soutien économique des partis européens de gauche non communistes a été décidé [54]" Fort de cette relation de proximité, l’ambassadeur Caffery discuta avec les socialistes de l’éviction des ministres communistes du gouvernement Ramadier. Eviction réalisée en mai 1947. Lorsqu’en mars 1949 les élections municipales montrèrent une forte poussée des conservateurs, Caffery, fit savoir au président du Conseil, Henri Queuille, que "pour les Etas-Unis, les socialistes devaient continuer à participer à la coalition gouvernementale" et dans la foulée alla trouver Guy Mollet pour lui demander de soutenir Queuille [55] . Guy Mollet devint en 1952 membre fondateur du Bilderberg. De l’autre côté de la Manche, l’affaire s’annonçait délicate. Il était question de mettre le Labor Parti (Parti travailliste) dans le "droit chemin". Un organisme crée en 1948 par le premier ministre travailliste Clement Attlee fut utilisé à cet effet. L’IRD - Information Research Department - sorte de ministère secret de la guerre froide rattaché au Foreign Office était étroitement relié à la CIA [56]. Sa mission était de produire et de divulguer des documents de propagande anticommuniste [57]. 38367389_a33afce443.jpgPour parvenir à ses fins,l’IRD cherchait à se "concilier les gens et les institutions qui, dans la tradition politique de gauche, étaient généralement perçus comme des opposants aux centres de pouvoir. Le but d’une telle conciliation était de se rapprocher des groupes "progressistes" afin de contrôler leurs activités en les influençant de l’intérieur." [58] L’aile droite du Labor, en lutte contre le communisme était principalement conduite par Hugh Gaitskell et Denis Healey. C’est par ces proches de l’IRD que "la CIA espérait réussir à mettre la pensée politique britannique au service de ses projets pour l’Europe" [59]. Hugh Gaitskell fut nommé ministre de l’économie en 1950, puis Chancelier de l’Echiquier. Membre fondateur du Bilderberg, il prendra la tête du parti travailliste en 1955. Denis Healey , quant à lui, dirigeait le Département international du Parti travailliste depuis 1948. Elu député travailliste en février 1952, il rejoignit le Comité directeur du Bilderberg en 1954.

 


 

2095797550_51e1754b08-copie-1.jpg Quand le Bilderberg voulait rééduquer le tiers-monde

 


Au milieu des années cinquante, les Etats-Unis opèrent un virage sur l’aile. Les activités 473716657_682b291773-copie-1.jpgparamilitaires [60] et les opérations de propagande s’avérant contre-productive, ils décident d’adopter une politique moins agressive. La "libération" des pays d’Europe de l’Est prendra un peu de retard d’autant plus que l’occident ne semble pas au mieux de sa forme : sur le plan militaire, "les Russes ont pris de l’avance en matière d’armement" [61] quant à l’économie, "le taux généralement élevé de croissance économique [ de l’URSS ] semble être supérieur aux taux occidentaux. Ceci contraste péniblement avec la récession et le chômage croissant aux Etats-Unis." [62] En réalité l’urgence du moment se situe du côté des anciennes colonies principalement en Asie et en Afrique.

Sur la scène internationale ont émergé d’importantes personnalités du tiers monde qui ne se laissent guère intimider par la cupide et belliqueuse élite occidentale. Pourtant si les prises de position de leaders politiques tels que Sukarno, Nerhu, Hô Chi Minh, Nasser, irritent Washington elles constituent néanmoins une opportunité à saisir afin de prendre la main dans des pays jusqu’ici dominés par l’Europe. Difficile exercice pour lequel il s’avère nécessaire d’amadouer les alliés occidentaux que l’on s’apprête à dépouiller. La tension entre l’Europe et les Etats-Unis est vive sur la question coloniale, et la réunion de 28048820_8b0a77833c.jpgBilderberg du 8 février 1954 est en partie consacrée à trouver un consensus entre les membres. En première analyse, les Européens relaient le ressentiment des gouvernements à l’encontre de l’attitude américaine en Birmanie, en Indonésie, en Indochine, au Maroc et plus généralement dans les Territoires de l’Union Française [63]. Face à cette mise en cause, le Groupe américain se retranche derrière son opinion publique, laquelle est, dit-on, en proie à une "réaction sentimentale" et "hautement émotionnelle" sur la question du colonialisme et se place résolument du "côté des aspirations nationalistes des peuples des colonies". Une fois encore le grand Satan communiste permet aux deux rives de l’Atlantique de se rapprocher et d’adopter une position commune ainsi résumée : " Dans presque tous les cas l’abandon du pouvoir par les Européens a laissé les peuples des colonies dans une compréhension du gouvernement démocratique inadéquate et un manque de maturité pour affronter les tâches auxquelles ils sont confrontés. Dans la confusion économique et politique qui en résulte,les communistes sont en position de prendre le contrôledugouvernement. Nous devons insister sur le fait que c’est précisément le but recherché par Moscou ... Nous devons considérerque les troubles [ fomentés par la Russie ] vont croître et que le problème des pays sous-développés va monter en importance."

1374246950_bc1cd61191.jpgLa question du colonialisme est d’autant plus prégnante que trois mois plus tard, en avril 1954, à l’initiative du président indonésien Sukarno, une conférence au sommet réunira à Colombo, capitale de Ceylan, les présidents d’Indonésie, d’Inde, de Ceylan, du Pakistan et de la Birmanie. L’objectif de cette conférence, qui mettra sur les rails le courant des "non-alignés" est de proposer une action commune pour mettre fin à la guerre d’Indochine, où la situation est des plus confuse, et où français et Américains sont engagés dans un véritable bras de fer.

A la fin de la 2°Guerre Mondiale, le Département d’Etat considérait que parmi toutes les administrations coloniales de l’

Asie du Sud-Est, l’administration française en Indochine avant la guerre avait été la pire. Il entendait malgré tout obtenir de la France la liberté du commerce en l’Indochine ainsi que la possibilité d’établir des bases américaines. En octobre 1948 les USA se donnèrent pour mission de débarrasser l’Indochine de l’influence communiste d’Hô Chi Minh et d’instaurer un Etat entretenant avec l’Amérique des liens d’amitié, tout en étant formellement associé à la France. Si bien qu’en 1954, la guerre d’Indochine menée par la France était encore financée à plus de 80% par les Etats-Unis [64]. Mais la cuisante défaite de Diên Biên Phu change la donne.

Les accords de Genève de juin 1954, signés pour la France par Pierre Mendès France, prévoient la partition du Vietnam en deux entités, le retrait des troupes occidentales, et des élections générales dans les deux pays, en 1956. A la Maison Blanche, ces accords sont qualifiés de "désastre" et l’on décide, premièrement de les saboter et deuxièmement de prendre la place des Français. Un accord secret conclu entre Paris et Washington en septembre 54 engage la France à soutenir Ngô Dihn Diêm, le candidat des américains - profondément anti-français - pour les futures élections. Un nouvel accord, militaire celui là interviendra quelques semaines plus tard. Tandis que négociateurs européens et Américains mènent leurs discussions, sur le terrain, au Vietnam, services secrets français - défenseurs des puissants intérêts financiers en place - et CIA se livrent une guerre souterraine faite de coups tordus, de sabotages, de manipulations et de tentatives d’assassinats. [65]

Cette guerre souterraine n’empêche pas, toutefois, le ministre français des Affaires étrangères, Antoine Pinay [66], de consacrer trois jours de son précieux temps à la 23123847_p.jpgConférence de Bilderberg qui, en cette année 1955, est hébergée à Barbizon En parallèle du conflit larvé franco-américain, une autre guerre se dessine. Il s’agit, et la conférence de Bilderberg y consacre une session entière, de se mettre en ordre de bataille afin de lutter contre le neutralisme, problème déclaré par le président Eisenhower comme étant encore plus préoccupant que le communisme. La question des "peuples non engagés" ainsi définis : " nationalistes d’Asie, d’Afrique et du Moyen Orient qui ne sont pas pleinement ralliés aux idéaux et aux idées de l’Occident" est longuement débattue et se voit conférer le statut d’ "urgence politique". Urgence liée au calendrier, car nous sommes au mois de mars et le 18 avril, 29 pays se réuniront à Bandung [67] pour une Conférence dont le programme est, d’ores et déjà, considéré par le Bilderberg comme un catalogue de "déclarations anti-occidentales fondées sur l’anticolonialisme le plus superficiel et le plus mal digéré."

A Barbizon, les conférenciers se livrent alors à une séance de psychanalyse d’où il ressort que ces peuples "encore pauvres et inefficaces" n’ont pas opté pour l’Ouest dans sa lutte contre le communisme du fait d’une "psychose" qui prend racine dans le "ressentiment et la jalousie" vis -à - vis de pays occidentaux dépeints comme étant des "boucs émissaires". L’assemblée décide de trouver des "remèdes à cet état morbide qui peut nous faire perdre militairement et politiquement l’Afrique et l’Asie" et conclu à la nécessité de "persuader ces peuples d’accepter nos idées de société démocratique comme étant la seule solution équitable des problèmes de l’humanité." Une première piste se dégage qui fait l’unanimité, et la Conférence se prononce pour un programme visant à établir des "relations franches avec les chefs de ces pays" dont la principale tâche doit-être de "rééduquer leurs peuples".

1416319173_f276c7745a.jpgPour renforcer les nouveaux liens avec ces peuples "incapables de se rappeler que l’existence humaine est une vallée de larmes" une solution de nature économique, cette fois, est envisagée. Mais il faudra, auparavant, que l’occident se soit "débarrassé de sa complaisance passive pour la bonté et la perfection de son système" et ce, d’autant plus rapidement, que jusqu’à présent il n’a pas "subi d’agression de la part des Russes sur le champ de bataille de l’économie". A leur grand étonnement, les conférenciers observent que jusqu’à présent, les Russes n’ont fait "aucune tentative pour détraquer l’économie du monde libre par l’usage de leur propre puissance". Cette situation devra être exploitée au plus vite, car "lorsque les peuples comparent ce qui s’est produit dans un pays qui a été pris en main par le communisme et dans un pays qui est demeuré libre de celui-ci, nous nous trouvons en face d’un immense défi."

Pourtant, cet allant novateur ne portera pas ses fruits et la conférence du Bilderberg réunit à Fiuggi du 4 au 6 octobre 1957, constatera que la "pénétration de la civilisation, de l’éthique et des idéaux de l’Occident dans les pays non engagés" a échoué et que la classe dirigeante des pays neufs manque toujours "d’admiration pour nos standards techniques" et tarde à adopter "nos standards politiques et moraux." La crise de Suez n’avait sans doute pas laissé que de bons souvenirs.

 


 

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Nous sommes tous des américains [68]

Aujourd’hui, la guerre froide est terminée, l’Union Soviétique a disparu ainsi que le Pacte de Varsovie. En revanche, l’OTAN est toujours là, le Bilderberg aussi.
Des protagonistes de la première heure seuls sont toujours vivants, et assidus aux conférences, David Rockefeller (92 ans) et Henry Kissinger (83 ans). La principale fonction des conférences n’a pas changé, à savoir tester et affiner la propagande que les "élites" au service de l’empire américain utiliseront pour manipuler l’opinion publique, notamment lors des guerres de prédation menées au nom de la Liberté.
Depuis sa création, le Bilderberg, présidé depuis l’an 2000 par le Vicomte Etienne Davignon, a monté en prestige et aujourd’hui, l’on se flatte "d’en être". La reine Béatrix des Pays-Bas, fille du Prince Bernhard, honore de sa présence les conférences depuis de nombreuses années.
3202120062_e8b3f8d93e.jpgEn plus des ministres en exercice, des députés, des journalistes, des banquiers et des PDG, sont régulièrement invités, la plupart des commissaires européens ( leur voyage est payé par la Commission européenne ), les présidents du FMI et de la Banque Mondiale, ainsi que le directeur général de l’OMC. Pour assurer la sécurité de ces VIP, le gouvernement du pays hôte déploie une armada policière, armada rétribuée cela va sans dire, par les contribuables. Et l’on nous dit, depuis 54 ans, que tout ceci est de nature strictement privée [69]. Il serait peur-être temps de rappeler à cette pseudo élite la sentence du Président Roosevelt : "La liberté dans une démocratie n’est pas assurée si le peuple tolère que la puissance privée grandisse au point qu’elle devienne plus forte que l’état démocratique lui-même. Ce qui, fondamentalement est le fascisme".

Laurence Kalafatides

 

 


NOTES
[1] Voir la vidéo sur Dailymotion
[2] La Tricontinentale est une organisation qui fut crée en janvier 1966 à La Havane dans le cadre d’un forum du tiers monde,révolutionnaire. Il s’agit pour les combattants anti impérialistes du tiers-monde de coordonner leur stratégie, axée sur la priorité à la lutte armée et l’unité d’action entre les différents groupes révolutionnaires se réclamant du marxisme-léninisme. La Tricontinentale cessera d’exister deux plus tard peu après la mort d’Ernesto Guevara.
[3] Selon l’expression de Patrick Devedjian, qui se flatte d’avoir été invité deux fois aux conférences
[4] Les citations en italiques de ce paragraphe sont extraites de différents comptes rendus des réunions du Bilderberg de 1952 à 1957
[5] Le secrétaire d’Etat Dean Acheson fit valoir au Congrès américain en 1949 que « le Traité de l’Atlantique Nord est beaucoup plus qu’un dispositif de défense. C’est l’affirmation de nos valeurs morales et spirituelles communes ». Affirmation basée en partie sur l’Article 2 de l’OTAN qui stipule entre autre : " les parties s’efforceront d’éliminer toute opposition dans leurs politiques économiques internationales et encourageront la collaboration économique entre chacune d’entre elles ou entre toutes."
[6] Pietro Quaroni, membre du Comité directeur du Bilderberg - Conférence de Fiuggi 4-6 octobre 1957
[7] Daniele Ganser- Les armées secrètes de l’OTAN. Editions Demi lune - 2007. Sont également liés aux Stay Behind et membres du comité directeur du Bilderberg, le Prince Bernhard et Jens Christian Hauge ministre de la défense norvégien
[8] Retinger the grey eminence- John Pomian - Sussex University Press - 1972
[9] Frédéric Charpier - La CIA en France, 60 ans d’ingérence dans les affaires françaises - SEUIL 2008
[10] Averell Harriman fut ambassadeur US en URSS ( 1943-46 ) ambassadeur US au Royaume-Uni ( 1946 ) secrétaire d’Etat au Commerce ( 1946-48 ) administrateur en Europe pour le Plan Marshall ( 1948-50) Assistant spécial du président Harry Truman ( 1950-52) Harriman fut également un homme d’affaire : Il fonde en 1922 la banque W.A. Harriman qui aidera Fritz Thyssen à créer une banque à New-York afin de financer le parti nazi en Allemagne. Harriman s’associe avec Pescott Bush ( grand père de l’actuel président des Etats-Unis ) qui préside l’Union Banking Corporation. En 1941, les prisonniers du camps de concentration d’Auschwitz sont soumis au travail forcé dans les usines de l’IG Farben et de la Consolidated Steel. Cette dernière, rebaptisée Silesian American Cooproration après son rachat par l’UBC est totalement contrôlée par Averell Harriman et Prescott Bush.
[11] Bedell Smith directeur de la CIA - de 1950 à 1953 - puis sous secrétaire d’Etat
[12] chef adjoint de la Division de la guerre psychologique durant la guerre, C.D. Jackson devient en 1951 directeur "externe" des opérations secrètes de la CIA à travers le Comité pour une Europe Libre l’objectif principal du Committee for a Free Europe était de financer et d’organiser les intellectuels anticommunistes favorables à une démocratie sociale. En janvier 1953, le président Eisenhower en fait son conseiller spécial pour la guerre psychologique
[13] Jacques Pauwels - Le mythe de la bonne guerre - Edition Aden 2005
[14] Jacques Pauwels op.cit.
[15] Fred J. Cook - Les vautours de la guerre froide - Editions Julliard 1964
[16] Yves Durand - Naissance de la guerre froide - Edition Messidor 1984
[17] Jacques pauwels op.cit.
[18] Jacques pauwels op.cit.
[19] Lettre du Président Truman au secrétaire d’Etat James Byrnes, in Justine Faure, L’ami américain - la Tchécoslovaquie enjeu de la diplomatie américaine- Editions Tallandier 2004
[20] Fred J. Cook . Op. Cit.
[21] Justine Faure. Op. Cit.
[22] Yves Durand. Op. Cit.
[23] Justine Faure. Op. Cit.
[24] Robert Bradley, attaché de presse de l’ambassade US à Paris. Cité in Bernard Lefort - Mes carnets secrets de la IV° République - Seuil 1996
[25] PPS/23 : Review of Current Trends in U.S. Foreign Policy FRUS 1948, Volume I
[26] Fred J. Cook. Op. Cit.
[27] Fred J. Cook. Op. Cit.

[28] Justine Faure. Op. Cit.
[29] En 1937 Alberto Pirelli dirigea la délégation de la confédération des industriels fascistes qui fut reçue par Hitler à la Chancellerie. Source : Fabrice d’Almeida - La vie mondaine sous le nazisme - Editions Perrin 2006
[30] Annie lacroix-Riz - Plan Marshall et commerce est/ouest - 1991
[31] Réponse du Département d’Etat à un questionnaire d’Averell Harriman. FRUS III 1948 Western Europe 3 décembre 1948
[32] Thierry Grosbois - Chaire Jean Monnet d’histoire de l’Europe contemporaine - Université Catholique Louvain la Neuve
[33] L’ancien Premier ministre, alors leader de l’opposition conservatrice, avait pris la parole à l’Université de Zurich en ces termes : « Si les pays européens parvenaient à s’unir, leurs 300 à 400 millions d’habitants connaîtraient, par le fruit de leur commun héritage, une prospérité, une gloire, un bonheur qu’aucune borne, qu’aucune frontière ne limiterait [...]. Il nous faut ériger quelque chose comme les États Unis d’Europe. »
[34] Réseau Voltaire - Histoire secrète de l’Union européenne - 28 juin 2004
[35] Charles de Gaulle - Oeuvre complètes - Discours et messages - T II -Conférence de presse du 12 novembre 1953
[36] La Synarchie, ou Mouvement Synarchique d’Empire est un courant de pensée qui se développe dans l’entre deux-guerre. Son objectif est d’exercer le pouvoir au nom des compétences techniques de ses membres, en dépassant le clivage droite-gauche. Selon les Renseignements Généraux en 1941 ( Rapport Chavin ) les synarques se recrutaient principalement à l’inspection des finances, polytechnique, école centrale, sciences-po, conseil d’Etat, mais aussi dans le haut patronat ( comité des houillères ). L’un des 12 fondateurs de la Synarchie est le Baron Léon de Nervo, dont le Groupe abrita en 1937 la société secrète fasciste " France 1950" à laquelle appartenait Edmond Giscard d’Estaing.
Selon l’Ambassadeur américain Biddle ( 1943 ) "ces hommes avaient dès l’origine soutenu Pétain ... Et étaient d’aussi bons fascistes que leurs homologues européens." La Synarchie fonctionne selon les principes suivants : société secrète avec ciment idéologique Division en plusieurs équipes et jeu sur tous les tableaux afin d’assurer la permanence du pouvoir des membres de la Synarchie quelles que soient les tendances politiques de régime ou de gouvernement Paravent de technicité afin d’échapper aux bagarres politiques lors des changements de gouvernements ou de régime.
La Synarchie était principalement financée par les Banques Worms, D’Indochine, de Paris et des Pays-Bas. Mais à la fin de la guerre, en 1945, les renseignements Généraux indiquent que la Synarchie, qui compte entre 1500 et 2000 membres, a pour principal bailleur de fond, le Groupe de Nervo. D’après Annie Lacroix-Riz - Le choix de la défaite - Armand Colin 2006
[37] Conférence de presse du 7 avril 1954
[38] Lors de l’ouverture de la Conférence du Bilderberg à Wiesbaden en 1966, le Prince Bernhard défini ainsi l’Alliance Atlantique : L’Alliance Atlantique a combiné deux objectifs. But primordial en 1949 : faire face à la menace directe que les Soviets faisaient peser sur l’Europe. Mais l’Alliance reflétait également une ambition plus large :
- tisser des liens solides de diverses nature entre les USA et l’Europe
- édifier par étape une Europe forte et unie
- faire échec aux menaces communistes en établissant un ordre mondial stable
[39] FRUS 1948, Volume I
[40] Joseph Retinger " Le Groupe de Bilderberg " 1956
[41] Organisme chargé d’enrôler des intellectuels pour mener la guerre froide culturelle.
[42] Frances Stonor Saunders - Qui mène la danse - Editions Denoël 2003
[43] Frances Stonor Saunders. Op. Cit.
[44] Il sera remplacé par Ernst H. Van der Beugel Assistant du Ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas, responsable des questions de l’OTAN et de l’Europe
[45] Président de 1950 à 1971 de la Carnegie Endowment for International Peace.
[46] Joseph Retinger " Le Groupe de Bilderberg" 1956
[47] Ont participé à la Conférence de 2007, en Turquie, les journalistes suivants :
- Nicolas Beytout, rédacteur en chef du Figaro
- Donald E. Graham PDG du Washington Post
- Josef Joffe, rédacteur en chef du journal allemand Die Zeit
- Anatole Kalestsky, éditorialiste au Times
- Fehmi Koru, journaliste à Yeni Safek ( Turquie )
- Matthias Nass, éditorialiste à Die Zeit
- Toger Seidenfaden, rédacteur en chef du journal danois Politiken
- John Vinocur, journaliste en chef à l’International Herald Tribune
- Martin H. Wolf, journaliste économique au Financial Times
- Adrian D. Wooldridge, journaliste du magazine The Economist
[48] En 1952, le président Harry Truman institua une règle - non écrite - en vertu de laquelle la CIA devait informer les deux candidats - républicain et démocrate- en lice pour les élections présidentielles, de l’exacte situation des relations internationales. Le premier objectif de Truman était d’assurer la continuité de l’Etat en matière de politique étrangère durant la période de passation de pouvoir et de mise en place de la nouvelle administration. L’autre objectif était d’établir des liens étroits entre la CIA et le nouveau président et ses conseillers. Jusqu’à aujourd’hui, aucun président n’a dérogé à cette règle. Source : John L. Helgerson. CIA briefings of presidential candidates. Central Intelligence Agency
[49] Diner and evening discussion with Averell Harriman - Archive Truman Library 1 octobre 1952
[50] Daniel Ganser - Les armées secrètes de l’OTAN - Editions Demi-lune 2007
[51] Franck Daninos - CIA une histoire politique - Tallandier 2007
[52] "Mon cher président, Comme vous le savez, notre groupe a toujours regretté l’absence d’un membre italien. J’ai maintenant le plaisir de vous faire savoir que Mr De Gasperi, avec lequel j’ai eu une longue conversation à la Haye, a accepté d’être des nôtres." Extrait d’une lettre de Retinger à Guy Mollet du 22 octobre 1953
[53] Irwin Wall - L’influence américaine sur la politique française 1945-1954 - Balland 1989
[54] Annie Lacroix-Riz - Le choix de Marianne - Editions Messidor 1986
[55] Irwin Wall. Op. Cit.
[56] En 1941, Roosevelt et Churchill définirent des objectifs politiques communs à la Grande-Bretagne et aux USA. Cette initiative est connues sous le nom de Relation Spéciale. Sur le plan militaire une étroite collaboration fut mise en place, quant à la CIA elle sera organisée selon le modèle britannique des services de renseignements. La plus célèbre collaboration du tandem CIA/ MI6 est le renversement du premier ministre iranien Mossadegh en août 1953.
[57] L’IRD élabora des rapports "factuels" sur toute sorte de sujets afin de les distribuer parmi les membres de l’intelligentsia britannique, dont il était alors attendu qu’ils recyclent les faits dans leurs propres travaux. Ralph Murray , le premier chef de l’IRD écrit : " il est important qu’au Royaume-Uni, comme ailleurs, on ne donne pas au public l’impression que le Foreign Office organise une campagne de propagande anticommuniste". In Frances Stonor Saunders
[58] Frances Stonor Saunders. Op. Cit.
[59] Frances Stonor Saunders. Op. Cit.
[60] Ces activités paramilitaires sont ainsi définies : Inciter à des actions et des attitudes de résistance dans le but de mettre la pression sur les autorités communistes, de discréditer ces autorités et de provoquer une intervention soviétique ... Organiser, entraîner,et équiper des organisations clandestines capables de lancer des raids sur une grande échelle et d’être disponibles en cas de guerre . Directive du National Security Council du 29 juin 1953 ( N° 74 NSC 158) : Objectifs des Etats-Unis et actions pour exploiter le malaise dans les Etats satellites / Dwight D Eisenhower Library
[61] Conférence de Bilderberg à Barbizon 1955
[62] Ibid
[63] De fait à la fin de la guerre les USA ont élaboré un vaste programme d’exportation de capital. En décembre 1952, Eisenhower considérait comme une priorité d’assurer aux Etats-Unis un approvisionnement permanent en matières premières bon marché des pays sous-développés. Annie Lacroix-Riz, Les protectorats d’Afrique du Nord entre la France et Washington - L’Harmattan 2005
[64] Irwin.Wall. Op. Cit.
[65] Frédéric Charpier - La CIA en France, 60 ans d’ingérence dans les affaires françaises - SEUIL 2008
[66] Ancien membre du Conseil National sous Pétain et décoré par lui de l’Ordre de la francisque. Dans le cadre du "Plan Cloven" destiné à liquider le PCF, Antoine Pinay travailla en étroite collaboration avec David Bruce, ambassadeur américain à Paris. Le Département d’Etat lui rendit hommage pour son efficacité dans la lutte anticommuniste.
[67] Du 18 au 24 avril 1955 à Bandung ( Java ) Cette conférence réunie 29 pays : seize pays d’Asie (Afghanistan, Birmanie, Cambodge, Ceylan (l’actuel Sri Lanka), République populaire de Chine, Inde, Indonésie, Japon, Laos, Népal, Pakistan, Philippines, Soudan, Siam (l’actuelle Thaïlande), République populaire du Vietnam, État du Vietnam), neuf du Moyen-Orient (Arabie saoudite, Égypte, Iran, Irak, Jordanie, Liban, Syrie, Turquie et Yémen) et quatre pays africains (Côte-de-l’Or (l’actuel Ghana), Éthiopie, Libéria et Libye) La conférence conceptualise le "neutralisme positif" fondé sur le droit à l’indépendance, la revendication à l’égalité, la coexistence pacifique, le refus des alliances étrangères, l’indépendance dans la gestion des problèmes internationaux, le droit au développement économique, le désarmement général et complet.
[68] C’est à Nicole Bacharan, invitée d’Yves Calvi du 4 mars, que l’on doit (le 11 septembre 2001), le célèbre slogan "nous sommes tous des américains". Slogan qui sera repris le lendemain, avec le succès que l’on sait par l’éditorialiste du Monde.
[69] "Les réunions de Bilderberg revêtent un caractère strictement privé, de telle sorte que les participants peuvent s’exprimer librement dans une atmosphère absolument confidentielle ... Il serait totalement erroné d’en déduire que les réunions de Bilderberg sont enveloppées de mystère : ni les sujets traités, ni les échanges de vues ne sont "secrets" par nature ; les discussions sont tout simplement privées et de ce fait confidentielles." Extrait de la brochure de présentation du Bilderberg - 1966 -

oulala

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Répondre à cet article
Messages de forum : L’histoire du Bilderberg racontée à Y.Calvi et J.F.Khan mercredi 30 juillet 2008
par  Un citoyen

Je suis tout à fait d’accord avec le contenu de l’article de Laurence Kalefatides. Ces donnés sont toutes vérifiables. Il y a suffisamment d’information disponible partout dans le monde grâce à internet et les publications alternatives pour celui qui a envie de comprendre le but véritable de cette globalisation effrénée. Le seul problème pour un simple citoyen avec cette grande quantité de sources, c’est que l’analyse et le croisement de ces informations demande beaucoup de temps et notre société a été si savamment conçu pour laisser le moins de temps possible à la réflexion libre de l’individu. Il est beaucoup plus facile d’ingurgiter le prémâché en provenance des sources dites "officielles" que d’aller à la pêche des informations soi-même pour en vérifier le contenu. Quant aux "experts" et "spécialistes" de tous genres, l’inconvénient c’est la compartimentation des données. La focalisation sur un domaine d’étude tellement spécifique fait souvent que c’est l’arbre qui finit par cacher la forêt. La plus grande difficulté dans cette société c’est d’avoir une vue d’ensemble des choses. Les événements dans le monde pris et commentés isolément sont en apparence déconnectés les uns des autres et consomment une énergie humaine incroyable dans la polémiques des médias à ne plus en finir. Chacun pense avoir raison parce que dans son camp il détient une pièce de puzzle. Heureusement pour notre humanité que de plus en plus de personnes commencent à se questionner sur la possibilité d’existence d’un dessin et liens bien précis entre la crise énergétique, alimentaire, financière, les maladies, les saccages sociaux, le terrorisme, le racisme, l’intégrisme, les répressions policières, les guerres et autres fléaux dans ce chaos général.

Quant on est pris dans une toile d’araignée, on ne voit pas l’araignée. Ce n’est qu’en s’élevant au-dessus de la toile que l’on a une vision de l’ensemble des fils qui la constituent et qui conduisent à l’auteur de l’ouvrage.

La même chose vaut pour un puzzle, les pièces prises isolément ne représentent pas grand chose, mais une fois patiemment assemblées dans l’ordre donnent une vision toute autre.

La question se pose seulement, combien d’entre nous sont vraiment prêts à ouvrir les yeux et voir le dessin dans sa totalité, car inévitablement cela implique une remise en question de nous-mêmes, de nos certitudes et de notre conception du monde tout court qui aura pour risque de s’écrouler.

Dominer sa peur, croire assez en soi pour sortir du système, reprendre son pouvoir personnel, assumer ses responsabilités et agir en conséquence n’est certainement pas une chose aisée, mais je pense que le jeu en vaut la chandelle.


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The Big Picture
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16 juin 2009 2 16 /06 /juin /2009 02:36
vendredi 03 septembre 2004, Libération-Il est urgent de poser la question politique des relations entre la recherche et les intérêts privés.
Mise en ligne le samedi 4 septembre 2004

« Dans le passé, les scientifiques purs considéraient avec snobisme les affaires. Ils voyaient la recherche du gain comme intellectuellement peu intéressante, digne seulement de commerçants. Travailler en industrie, même aux prestigieux laboratoires de Bell ou d’IBM, était bon pour ceux qui n’avaient pas été capables d’être nommés à l’université (...). Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Il y a très peu de biologistes moléculaires et très peu d’institutions de recherche sans affiliation commerciale. Le bon vieux temps est mort. La recherche génétique avance à une vitesse plus folle que jamais. Mais elle est faite en secret, de manière hâtive, et pour le profit. »


Ce texte est de 1991, et des millions de lecteurs, sans doute, l’ont lu puisqu’il figure dans les premières pages de Jurassic Park, de Michael Crichton. Le romancier, ici, ne faisait pas oeuvre de fiction et, en plus de dix ans, les conséquences pour le moins discutables des nouveaux modes de « partenariat » entre recherche académique et intérêts privés se sont étendus. Or, ce n’est que très lentement, et comme à regret, que les communautés scientifiques ont commencé à prendre en compte ces conséquences, déjà prévisibles pour un « simple romancier ».


En Europe, nous suivons vaillamment, sous l’impératif sacré de la compétition économique, l’exemple américain. « L’intégration croissante de la recherche et de l’innovation, et le resserrement des liens entre les centres de recherche et l’industrie » sont devenus un devoir pour l’Europe. On a fort peu entendu parler des nouvelles relations avec l’industrie lorsque les chercheurs sont descendus dans la rue en France pour « sauver la recherche », seulement des traditionnelles revendications : postes et crédits.


La plupart des protestataires auraient considéré comme « manifestation anti-science » la demande d’une mise en débat politique du rôle de la recherche publique. Cette demande serait d’autant plus inquiétante qu’elle pourrait renforcer les projets gouvernementaux de financement des programmes et non plus des laboratoires. Alors que pèsent de tout leur poids les intérêts industriels, « sauver la recherche » rime encore et toujours avec respecter les libres choix de chercheurs autonomes et éclairés, l’harmonieux concert de ces choix étant censé, hors politique, assurer l’articulation optimale entre la recherche désintéressée et le service des intérêts stratégiques de la France dans la guerre économique.


Quant à l’Académie des sciences, sous l’égide de laquelle s’organisent les états généraux de la recherche, cela ne semble pas l’inquiéter le moins du monde. Pas plus d’ailleurs que ne l’inquiètent les liens unissant à l’innovation industrielle certains de ses membres qui ont récemment mis en garde contre l’inscription dans des textes à valeur constitutionnelle du principe de précaution. Les effets pervers d’une telle inscription seraient, apprenons-nous, « susceptibles d’avoir des conséquences désastreuses sur les progrès futurs de notre bien-être, de notre santé et de notre environnement ».

 


On peut s’étonner, face à ce qui est en train d’arriver, de la vulnérabilité qu’ont manifestée les communautés scientifiques américaines, et qui semble ne pas devoir épargner les communautés européennes (je ne parle pas de certains individus ou groupes très minoritaires). Les chercheurs « savent bien », pourtant. Ils savent notamment que la prise de brevet devient la réussite par excellence, bien plus que la manière dont leurs collègues évalueront leur proposition. Ils savent que leurs choix de recherche sont de plus en plus canalisés par les brevets existants, puisque ces brevets définissent les questions pour lesquelles on ne pourra plus prendre de brevet.



Ils veulent croire, mais ne sont pas tout à fait certains, qu’ils conservent encore le droit de ne pas tenir compte de ces brevets existants si leurs questions sont « purement académiques ». Bref, ce sont les alliés mêmes auxquels ils se fiaient pour respecter les distances qui définissent l’« autonomie » des territoires de la recherche qui sont en passe d’envahir ces territoires (du moins les plus prometteurs) ; mais les chercheurs ne savent pas comment poser le problème public, politique, de ce qui leur arrive.

 


Peut-être ne le savent-ils pas parce que tous les mots qu’ils sont habitués à utiliser pour se présenter au public (neutralité, objectivité, progrès) sont dirigés contre ce public, destinés à le tenir à distance, à lui communiquer d’abord confiance et respect. L’alliance entre l’institution scientifique, l’Etat et les pouvoirs industriels se veut résolument apolitique, voire même suprapolitique, trop importante pour être mise à l’aune de l’aventure démocratique.


Elle demande que les « incompétents » soient cantonnés dans la double position de spectateurs intéressés, apprenant des sciences les bonnes réponses à leurs questions, et de bénéficiaires satisfaits des retombées du progrès scientifique. Tous ceux qui, comme moi, ont voulu proposer aux scientifiques d’utiliser des mots qui n’attribuent pas à un « esprit scientifique », à une objectivité qui serait l’apanage du « vrai » scientifique, la responsabilité de la fiabilité des énoncés scientifiques, se sont heurtés à la même crainte : si nous « leur » racontons la science « telle qu’elle se fait », ils perdront confiance, et, s’ils perdent confiance, rien ne les défendra contre l’irrationalisme.


Il devient dès lors terriblement difficile de poser publiquement un problème qui implique que, peut-être, la position d’un scientifique serait susceptible d’être infléchie par sa dépendance, ou sa participation active, à des intérêts privés. On a si souvent seriné au public que la science se définit par son objectivité et sa méthode qu’il conclura inévitablement que ceux qui sont mis en cause sont des tricheurs, des menteurs, des traîtres à l’engagement à l’objectivité qui définit tout scientifique. Comment partager avec ce public ce que les scientifiques savent bien, mais qu’ils ont étiqueté « enfants non admis » ?


Car tous savent qu’un scientifique, aussi partial soit-il, peut toujours afficher toutes les marques d’objectivité, d’esprit scientifique, de neutralité, sans que cela ne l’empêche de mener son travail là où il a décidé qu’il devait aller. La véritable contrainte pour ce scientifique est de savoir qu’il va être lu par des collègues exigeants et compétents dans son domaine, dont le premier intérêt sera de vérifier que l’argument tient face aux objections, que les questions sont pertinentes, et que surtout elles n’en cachent pas d’autres, que le collègue aurait négligées ou arbitrairement disqualifiées. Mais lorsque le premier intérêt des collègues ne passe plus par la mise à l’épreuve des propositions, c’est tout le montage qui est susceptible de s’écrouler : chacun sera indulgent parce que chacun aura besoin de l’indulgence des autres. Et l’ensemble gardera pourtant une allure très objective, parfaitement scientifique.


On peut certes plaider pour la restauration de « l’intégrité » de la recherche académique, qui devrait être protégée des mélanges d’intérêts qui, désormais, la contaminent. La notion d’intérêt est en effet décisive : la recherche dite « désintéressée » doit sa fiabilité non au caractère « désintéressé » des chercheurs mais à ce que chacun ne peut avancer qu’en passant par les autres, dont la première préoccupation est de savoir s’ils peuvent ou non s’appuyer sur le résultat proposé. Il ne s’agit donc pas - ce serait une erreur catastrophique - de demander aux scientifiques de se mettre au service de « bons » intérêts, et non d’intérêts égoïstes.


Il s’agit, en revanche, de poser la question proprement politique des rapports entre une recherche « intègre » et les questions d’intérêt public qui ne se résument jamais à des questions de fiabilité scientifique. Et pour cela, il est urgent que les scientifiques prennent le risque d’abandonner le rêve d’un retour à l’Age d’or où les sciences étaient respectées, source pure et désintéressée des progrès permanents du bien-être, de la santé et de la sauvegarde de l’environnement, comme dirait l’Académie.


Il n’est pas sans intérêt, de ce point de vue, de se souvenir du prix qui a été payé lorsque les scientifiques ont obtenu des pouvoirs publics modernes les ressources nécessaires (jamais suffisantes) et une certaine autonomie. Ce prix est double. D’une part, les scientifiques académiques ont abandonné à leur destin leurs collègues travaillant dans le privé, qui sont, eux, définis comme vendant leur force de travail cérébral : tenus au secret par contrat, obligés de soutenir des positions qu’ils savent non fondées ou mensongères, punis s’ils le font savoir.


D’autre part, lors même que l’attention la plus critique était consacrée aux énoncés « proprement scientifiques », les chercheurs se gardaient bien d’étendre leurs objections à la manière dont leurs collègues présentaient leurs travaux aux « non-compétents » et intéressaient activement à leurs travaux ceux qui pouvaient en assurer des « retombées ». Revendiquer le refus de penser (« nous sommes des scientifiques, ce que l’on fait de ce que nous produisons ne nous regarde pas ») signifie d’abord : dès lors qu’il sort du territoire, chacun de nos collègues est libre d’exploiter pleinement, pour la plus grande gloire de la science et au service du progrès, toutes les opportunités offertes par le milieu ; nous n’entendrons rien, nous ne dirons rien, nous laisserons faire tant qu’il ne confondra pas ce qui suffit dehors (la société), et cela seul qui vaut à l’intérieur (le laboratoire).

 


La manière dont les scientifiques ont défendu l’intégrité de leur territoire par le passé a créé leur vulnérabilité d’aujourd’hui. En défendant ce territoire sur un mode apolitique, ils se sont fiés aux alliés entreprenants dont l’intérêt était précisément que ne soit pas posée la question politique de leur rôle. Ils ont cru que ces alliés comprendraient que ne pas les respecter reviendrait à « tuer la poule aux oeufs d’or », à tarir la source de l’innovation scientifique. Peut-être, d’ailleurs, ont-ils raison sur ce point : une recherche asservie pourrait bien décevoir, à terme, ceux qui, aujourd’hui, ne voient plus pourquoi un secteur de la société devrait échapper à l’impératif sacré de la privatisation. Même si c’était le cas, on devra dire que les scientifiques se sont comportés comme la grenouille de la fable, qui accepta de prendre un scorpion sur son dos pour lui faire traverser la rivière. Lorsque, au beau milieu de celle-ci, le scorpion l’a piqué, la grenouille expirante demanda dans son dernier souffle : « Pourquoi ? » Et le scorpion, dans son dernier souffle, répondit : « C’est ma nature, je n’ai pu m’en empêcher. »

 



Isabelle Stengers

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