9 décembre 2012 7 09 /12 /décembre /2012 14:09

 

 

Petit exercice intéressant pour tester sa capacité de résistance à la désinformation.

D’une part un titre racoleur à sa manière :

Le parti néonazi grec Aube dorée fait des émules en Espagne

 

Engluée dans une crise dont elle ne voit pas le bout, l'Espagne assiste, à l'instar de la Grèce, à une montée de l'extrême droite. Plusieurs formations se réclamant d'un populisme régional ont fait de la lutte contre l'immigration leur priorité.

Par Adeline PERCEPT , correspondante en Espagne (texte) A lire ICI


 

Le parti néonazi grec Aube dorée fait des émules en Espagne | Les Dernières Nouvelles du Monde | Scoop.it

Ensuite, lire les commentairesqui suivent dont certains venant d’espagnols outrés…

Alors qui pensez-vous qui informent… les commentateurs qui nous signalent que ce parti a obtenu 0,04% des voix aux dernières élections, que l’Espagne de toute manière est déjà gouvernée par l’extrême-droite ; que le parti au pouvoir, le PP,  est un parti d’extrême-droite et que cet article est tout bonnement de la propagande.

(Je vous rappelle les diverses alliances concluent par ce parti avec l’extrême-droite latino, avec UnoAmerica entre autres à travers diverses organisations et fondations dans lesquelles l’Ancien Premier Ministre PP Aznar se montre très actif.)

 


Alors, à votre avis, cet article… propagande ou info ?

Et cette stratégie informative en général ?

 

Trouvé via
Les Dernières Nouvelles du Monde 

 

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9 décembre 2012 7 09 /12 /décembre /2012 12:51

 

http://img.scoop.it/e7hE-ppnxAlM91Y9472ehDl72eJkfbmt4t8yenImKBVaiQDB_Rd1H6kmuBWtceBJ

Liaisons dangereuses Les Moissons du futur | fr - ARTE

 

 

L'Agra, cheval de Troie de l'agrobusiness en Afrique ?

"Les Moissons du futur" de Marie-Monique Robin

 

 

Namanga Ngongi - Président AGRA
zoom
Namanga Ngongi - Président AGRA

« Mettons en marche une révolution verte africaine », déclare Kofi Annan le 5 juillet 2006 à Addis-Abeba. Un appel qui sonne comme un coup d'envoi pour les promoteurs d'une agriculture intensive sur le continent. Dès septembre 2006, les fondations Rockefeller et Bill & Melinda Gates répondent à l’appel, en levant 150 millions de dollars pour la création de l'Association pour une Révolution Verte en Afrique (Agra). Avec le généreux soutien du « milliardaire philanthrope », pour lequel la lutte contre la famine est devenu un engagement prioritaire, la fondation Rockefeller va ainsi pouvoir relancer le projet agricole dont elle était déjà le leader dans les années 1960.

 

L'AGRA et ses bailleurs de fonds jurent qu'ils veulent offrir à l'Afrique « sa propre révolution verte » en tirant les leçons des « erreurs du passé ». En effet, le concept de « révolution verte » est né au début des années 1960,  lorsque le vice-président américain Henry Wallace, fondateur du groupe semencier Pionner, décida d'exporter le modèle agricole intensif des Etats-Unis pour contrer les menaces de la « révolution rouge », alors en marche dans le Tiers-Monde. Wallace chargea la fondation Rockefeller de financer un programme de recherche au Mexique, qui deviendra en 1963 le Centre international d'amélioration du maïs et du blé (CIMMYT), pour développer des variétés améliorées à haut rendement, adaptées aux pays du Sud. Pilotée par Norman Borlaugh, considéré comme le « père de la révolution verte » (Prix Nobel de la Paix en 1970), l’exportation du modèle agro-industriel (semences, engrais et pesticides chimiques, techniques d’irrigation) débuta en Inde en 1965, puis s’étendit en Asie et en Amérique Latine, avec le soutien de la fondation Ford, bien placée pour fournir  les engins agricoles.

 

Quarante ans plus tard, le bilan reste mitigé puisque près d'un milliard de personnes continuent de souffrir de la faim, dont beaucoup de paysans… ou ex-paysans. Car ceux qui sont incapables d’investir dans ce modèle agricole très coûteux, pour conformer leurs pratiques et leurs terres aux modèles des laboratoires agronomiques, doivent se résigner à l’exode rural. Quant à l’environnement, la monoculture de quelques céréales (blé, maïs et riz) dopées par la chimie a entraîné l’appauvrissement des sols et la diminution des ressources en eau, ainsi que la disparition de milliers de variétés locales remplacées par les hybrides.

 

Et aujourd'hui, que promeut l'Agra ? L’usage de semences améliorées et  d’engrais chimiques, commercialisés par un réseau d'« agro-dealers » que l’organisation met en place sur tout le continent africain (voir vidéo). Certes, son président, Namanga Ngongi, un agronome qui fit carrière au Programme alimentaire mondial et cultive de… l’huile de palme au Cameroun,  assure que l’AGRA n’a rien à voir avec l’agrobusiness, mais il est permis d’en douter : en 2010, la Fondation Bill &  Melinda Gates, qui finance plus de la moitié du budget de l’AGRA (400 millions de dollars), a acheté 500 000 actions de Monsanto, pour un montant de 23,1 millions de dollars (voir l'infographie). D’où la crainte des organisations paysannes, mais aussi de nombreux observateurs : en Afrique,  la révolution risque d’être verte, comme les dollars. Tout le contraire, en tout cas, du modèle agro-écologique fondé sur l’agriculture familiale, les semences locales et l’usage rationnel des ressources naturelles.


Benjamin Sourice / M2R Films

 

Source : L'Agra, cheval de Troie de l'agrobusiness en Afrique ? | Les Moissons du futur | Comprendre le monde | fr - ARTE

Via : Les Dernières Nouvelles du Monde | Scoop.it


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8 décembre 2012 6 08 /12 /décembre /2012 06:59

 

Quand j’ai pris conscience de ce que signifiait l’usage de l’uranium appauvri – après  celui de l’agent orange, tant en terme de conséquences à long et à court terme, que dans le chef de ceux qui en ordonnent l’utilisation, le monde a basculé… Quand j’ai découvert ces documents déclassifiés relayés par Eva Golinger - USA recherches sur les armes radioactives -… le petit (tout petit) bénéfice du doute qui me restait… « ils ne savent pas ce qu’ils font », ne pouvait plus subsister, et je n’ai toujours pas de mots pour qualifier de tels actes.

Eva Golinger, et quelques autres ont aussi enquêté sur le rôle des pseudo-ONG qui portent des noms ronflants plein de démocratie, de liberté, de développement, USAID, NED pour les plus connues, mais qui sont là pour jouer les chevaux de Troie du néo-colonialisme, le plus souvent en association avec ce que l’extrême-droite compte de plus crapuleux, comme ces héritiers directs du nazisme qui manifestent une recrudescence d’activité en Amérique Latin associés à leurs petits cousins de l’école des Amériques, héritiers des mêmes et des bourreaux d’Alger.

Nous savons qu’une stratégie du pouvoir néolibérale consiste soit à récupérer des mouvements de révolte ou « d’indignation » populaire, voir même à les anticiper, de manière à en canaliser le potentiel d’opposition. OPTOR, la fabrique de jeunes leaders informaticiens des révolutions oranges et autres printemps, mais participant aussi à la formation de groupes d’extrême-droite nettement plus violents dans la Media Luna de Bolivie.

Dans un autre créneau d’action perverse, voici AVAAZ :

 

 

Avaaz : un écran de fumée occultant les bombes libératrices à uranium appauvri
 Dominique Guillet                 
 Peu de temps après l’opération psychologique spéciale dénommée 9/11, le Général Wesley Clark, ancien général en chef de l’OTAN (Organisation Terroriste de l’Atlantique Nord) rencontre, au Pentagone, un officier d’état-major qui le convie à consulter un document confidentiel émanant du Ministère de la Défense US et stipulant que, dans les 5 années suivantes, sept pays seront envahis (“libérés” dans le langage Orwellien) par les USA : l’Irak, la Syrie, le Liban, la Libye, la Somalie, le Soudan et l’Iran. 
Le Général Wesley Clark, en retraite, s’est exprimé publiquement plusieurs fois à ce sujet: «C’était une déclaration stupéfiante : l’armée servirait à déclencher des guerres et à faire tomber des gouvernements et non pas à empêcher les conflits. Nous allons envahir des pays. Mes pensées se bousculaient. J’ai mis ça de côté, c’était comme une pépite que vous conservez. Un groupe de gens a pris le contrôle du pays avec un coup d’État politique, Wolfowitz, Cheney, Rumsfeld… je pourrais nommer une demi-douzaine d’autres collaborateurs du Projet pour un Nouveau Siècle Américain (PNAC). Ils voulaient que le Moyen-Orient soit déstabilisé, qu’il soit chamboulé et placé sous notre contrôle». (1)
Est-ce donc une coïncidence si l’organisation dénommée Avaaz a soutenu les interventions militaires en Libye (19 / 20 / 21) et en Syrie (25 / 26 / 27 / 28)? Est-ce donc une coïncidence si Avaaz se mêle des affaires internes de la Somalie (2 / 3 / 4)? Est-ce donc une coïncidence si Avaaz se mêle des affaires internes du Soudan (5) en accusant, par ailleurs, le très diabolisé Iran de livrer des armes (7 / 8)? Est-ce donc une coïncidence si Avaaz se mêle des affaires internes de l’Iran (9 / 10)?
Qui sont donc ces “activistes Avaaz” impliqués très concrètement, en 2012, dans des opérations de déstabilisation de la Syrie (11)?
L’organisation Avaaz n’est-elle pas tout simplement une tête de pont de la CIA, un gigantesque écran de fumée occultant les bombes libératrices à uranium appauvri de l’Impérialisme Occidental?
A l’automne 2009, en rédigeant mes quatre articles sur l’arnaque du réchauffement climatique anthropique (13), je découvris que cette organisation sollicitait les activistes pour récolter des fonds, en l’espace de quelques jours, à hauteur de 150 000 dollars afin de créer un blog durant le Sommet de Stockholm. «Il ne nous reste plus que quelques jours. Si d’ici lundi, nous pouvions collecter 150 000 dollars, Avaaz pourrait engager les grands moyens sur ce projet: construire une carte du monde et un blog dans le style de Twitter permettant de relier tous les événements organisés pour le climat le 21 septembre; mettre en place une base de données téléphoniques mondiale pour permettre à des milliers d’entre nous d’inonder nos dirigeants de coups de téléphone; et enfin engager une équipe de professionnels pour faire la différence sur le terrain médiatique, face aux puissants lobbys industriels et pétroliers».
150 000 dollars financés par des militants naïfs pour créer un blog!! On croit rêver. A l’époque, je pensais qu’Avaaz n’était qu’une ONG frauduleuse, une de plus, une Organisation pour Niaiser les Gogos, dont l’objectif unique est de soutirer beaucoup d’argent aux activistes et dont l’outil principal est fondé sur des pathologies modernes, la pétitionnite aiguë et la conjugaison débridée du verbe “cliquer”. Et il est clair qu’Avaaz excelle en tant que gigantesque machinerie à cliquer/glaner des dollars/euros. Il n’est que de consulter, sur internet, l’une de ses campagnes, en 2009, pour lever des fonds, à grands renforts de petits montants:
«C’est un moment d’une importance cruciale pour l’Iran et pour le monde. Nous pouvons aider à faire connaître la vérité en organisant de toute urgence un sondage post-électoral rigoureux auprès des citoyens iraniens, en leur téléphonant pour leur demander pour qui ils ont voté et en publiant les résultats dans les médias. Plus d’un tiers des votes sont en jeu - et notre sondage pourra ainsi prouver qui dit la vérité . Si nous arrivons à recueillir 119 000 € dans les prochaines 24 heures, nous pourrons publier les résultats avant que le Conseil des gardiens de la Constitution ne rende publics les résultats de son propre recomptage des voix. Si nous arrivons à recueillir plus d’argent, nous pourrons étendre la portée de cette campagne. Nous avons un besoin urgent que 10 000 d’entre vous donnent un petit montant. Aidez à financer le sondage dès maintenant en utilisant le formulaire sécurisé fourni ci-dessous.» (10)
On se demande d’ailleurs ce qui est sécurisé chez Avaaz car la phrase suivante apparaît en rouge gras: «$228,449 ont fait un don pour aider financer un sondage pour la vérité en Iran». Où apparaît-elle? Sur le site d’Avaaz France car aujourd’hui, en novembre 2012, il est toujours possible d’appuyer sur le bouton Paypal pour contribuer financièrement à ce sondage, pour le moins, très “post-électoral”. Après vérification de la même campagne sur son site US, il s’avère que la maison mère s’est répandue en plates excuses, en 2009, à propos de l’impossibilité d’effectuer le dit sondage à cause de la corruption en Iran. A l’époque, Avaaz proposa aux ponctionnés, en toute sincérité bien entendu, de récupérer leur dû - en envoyant un mail - ou de le mettre à disposition d’une autre campagne qu’ils venaient juste de lancer pour sécuriser un internet libre en Iran!! (12)... et pour sécuriser la cagnotte chez Paypal.
Car Avaaz a besoin d’argent, de beaucoup d’argent, pour organiser ses pétitions virtuelles à partir de quelques ordinateurs, et surtout pour les rémunérations de ses cadres. Car affirmons-le, haut et fort, les cadres chez Avaaz ne sont pas rémunérés avec des cacahuètes virtuelles: le fondateur et directeur exécutif, Ricken Patel, a ainsi touché, en 2010, la modeste somme salariale de 183 264 dollars (15 200 dollars par mois) - en légère augmentation par rapport à ses salaires de 120 000 dollars des années précédentes - tandis que le directeur de campagne, Ben Wikler, a touché 111 384 dollars de salaire. Cette même année 2010, Avaaz a déclaré sur sa feuille de revenu (form 990): 921 592 dollars de “frais de campagnes et de consultance”, 182 196 dollars de “frais de voyages”, 262 954 dollars de “frais de publicité”, 404 889 dollars de “frais de technologie d’information”, etc, etc. Tout cela pue l’arnaque financière et le copinage archi-dollarisé. Parmi ses quelques frais de gestion, Avaaz a payé Milena Berry (et son mari Paul), pour un travail de consultance IT (technologie d’information), la bagatelle de 245 182 dollars en 2009 et de 294 000 dollars en 2010. Malgré la très haute rémunération de Milena Berry, qui se présente comme la technicienne en chef de la gestion informatique de l’organisation, Avaaz a fait appel à la générosité des dons, afin de renforcer son système informatique, suite à une prétendue cyber-attaque en mai 2012. Sans commentaires.
L’organisation Avaaz ne semble d’ailleurs pas très pressée de publier sa déclaration de revenus pour 2011, ce que l’on comprend fort bien de par la pléthore d’articles, émergeant sur internet, afin de dénoncer cette organisation frauduleuse. A la mi-novembre 2012, la “form 990” est toujours absente de son site alors que l’audit du rapport financier a été délivré par son cabinet comptable de New-York (Lederer, Levine et Associates), le 19 juin 2012.
Avaaz a été créé en 2006 par MoveOn.org et Res Publica. “Avaaz”, dans différents langages de l’Asie et de l’Europe de l’est signifie “la voix”. La voix silencieuse, derrière Avaaz et Res Publica, est celle de trois individus: Tom Perriello, un ancien membre du Congrès US, Ricken Patel, consultant chez de nombreuses entités contrôlées par les psychopathes prédateurs, et Tom Pravda, un ancien diplomate d’Angleterre consultant pour le Ministère de l’Intérieur US.
Parmi les autres fondateurs d’Avaaz se trouvent Eli Pariser (le directeur exécutif de MoveOn), Andrea Woodhouse (consultant pour la Banque Mondiale), Jeremy Heimans (le co-fondateur de GetUp! et de Purpose), et l’entrepreneur Australien David Madden (le co-fondateur de GetUp! et de Purpose).
MoveOn, le co-fondateur d’Avaaz, a distribué, en 2002, par le biais de son Comité d’Action Politique, 3 millions et demis de dollars à 36 candidats politiques au Congrès US. En novembre 2003, MoveOn reçut 5 millions de dollars du spéculateur milliardaire George Soros. Ricken Patel a, d’ailleurs, déclaré publiquement que l’Open Society Institute de George Soros (renommé Open Society Foundation en 2011) était l’un des membres fondateurs d’Avaaz.
Qui est George Soros? L’un des prédateurs psychopathes à la direction du CFR (Council for Foreign Relations) et l’un des membres du Groupe Bilderberg. Le CFR et le Groupe Bilderberg sont deux des pseudopodes de la baudruche dénommée “Nouvel Ordre Mondial”. Le CFR et le Groupe Bilderberg ont été créés par les Rockefellers, la famille responsable de nombreux maux qui sévissent sur la planète. Pour mémoire, la Fondation Rockefeller a promu les lois eugénistes aux USA dès le début du siècle passé; elle a financé le Nazisme avant et durant la seconde guerre mondiale; elle a financé les recherches génétiques, dès 1945, et donc tout le secteur des chimères génétiques; elle a lancé la dévastatrice Révolution Verte...
Avaaz fut, en juin 2009, l’un des partenaires dans la campagne Tcktcktck lancée par Havas, aux côtés d’EDF, de la Loyds Bank... et de 350.org, une organisation financée par la Fondation Ford, la Fondation Rockefeller, le Rockefeller Brothers Fund et le milliardaire George Soros.
George Soros est le financeur incontournable de toute cette mouvance d’ONGs aux objectifs occultes. Durant l’été 2009, l’Open Society Institute (de Soros) donna une subvention de 150 000 dollars à Avaaz. En sus de cette subvention, Avaaz reçut de Res Publica (financée par Soros) 225 000 dollars en 2006, 950 000 dollars en 2007 et 500 000 dollars en 2008. La Foundation to Promote Open Society (de Soros) donna à Avaaz, en 2008/2009, 300 000 dollars de soutien général et 300 000 dollars pour la campagne (sur l’arnaque) climatique durant laquelle Avaaz a particulièrement brillé dans son expertise pour susciter de l’argent non virtuel afin de combattre un réchauffement climatique virtuel avec des pétitions tout aussi virtuelles. Ricken Patel ne précise d’ailleurs, nulle part, dans sa croisade contre le réchauffement climatique anthropique, comment il effectue la rédemption de “l’empreinte carbone” générée par les émoluments grandioses de ses bons amis au sein d’Avaaz (une redistribution des libéralités généreuses de la clique de Soros alors qu’Avaaz prétend effrontément que l’organisation ne reçoit de l’argent que de dons individuels!!!) et de “l’empreinte carbone” générée par ses très hauts salaires chez Avaaz! Il s’agit vraisemblablement d’une rédemption virtuelle.
Et, qui plus est, nous ne sommes pas allés vérifier si les multiples casquettes de Ricken Patel généraient de multiples “empreintes carbone” liées à de multiples salaires. En effet, il est le co-fondateur et co-directeur de Faith in Public Life (une grosse organisation chrétienne); il est consultant pour International Crisis Group, pour la Fondation Rockefeller, pour la Fondation Bill Gates, pour l’ONU, pour l’Université Harvard, pour CARE International, pour International Center for Transitional Justice; il est le co-fondateur et co-directeur de DarfurGenocide.org; il est le co-fondateur et directeur de Res Publica. Etc, etc, ad nauseam.
Dans la clique des fondateurs d’Avaaz - dont l’idéologie est fondée sur la pratique du clic-clic et le syndrome du petit montant - Patel n’est pas le seul à arborer de multiples casquettes. On retrouve Tom Perriello dans la consultance ou la direction chez: National Council of Churches of Christ, Catholics United, Catholics in Alliance for the Common Good, Faithful America, Faith in Public Life, Center for a Sustainable Economy, Center for American Progress Action Fund, Youth and Environmental Campaigns, E-Mediat Jordan, International Center for Transitional Justice, Res Publica, The Century Foundation, l’ONU, Open Society Institute, etc, etc. Il oeuvra avec le Reverend Dr. James Forbes sur des concepts de “justice prophétique”. Tom Perriello soutient l’opération psychologique spéciale dénommée “guerre à la terreur” qui fut lancée par Bush et prolongée par Obama. Sa vision d’Israël participe du conte de fée: il considère ce pays comme l’une des «créations les plus spectaculaires et excitantes de la communauté internationale» au 20 ème siècle et est convaincu qu’il «existe une relation stratégique et morale permanente entre les USA et Israël». Etc, etc, ad nauseam.
Le grand amour que Tom Perriello éprouve pour Israël n’empêche nullement Avaaz de lancer une pétition pour soutenir les malheureux Palestiniens persécutés par l’Etat Sioniste! Et c’est là que réside le grand génie stratégique d’Avaaz pour enfumer les militants et activistes sincères: Avaaz promeut, de temps en temps, de “nobles” causes: les abeilles, les Palestiniens... et même Kokopelli. Avaaz a même lancé une pétition pour mettre les banquiers en prison, ces mêmes banquiers qui ont promu avec Avaaz la législation “cap and trade” (JP Morgan Chase, Bank of America... ) ou avec lesquels les fondateurs d’Avaaz collaborent dans l’International Crisis Group (Morgan Stanley, Deutsche Bank Group...).
Avaaz atteint des sommets de grand guignolesque lorsque l’organisation lance une campagne pour stopper la “guerre contre les drogues”. Le 3 juin 2011, la marionnette Ban Ki-moon reçoit des mains de Ricken Patel - accompagné de Richard Branson, le fondateur de Virgin - une pétition de 600 267 personnes: “End the War on Drugs”. De quoi parle-t-on ici? D’une campagne de dépénalisation du cannabis, de l’ayahuasca, des champignons psilocybes et du peyotl? Ou bien d’une campagne pour stopper la guerre contre la gangrène sociale que constitue la commercialisation tout azimut de l’héroïne et de la cocaïne? Gageons qu’il s’agit bien de la seconde alternative. L’héroïne et la cocaïne constituent les deux sources les plus généreuses des caisses noires de la mafia des psychopathes prédateurs tout autant que des liquidités des grandes banques internationales. La présence de l’Alliance Occidentale en Afghanistan s’explique, entre autres, par le contrôle de l’opium dont 95 % de la production mondiale est concentrée dans ce pays. Quels sont les journalistes, dignes de ce qualificatif, qui ont informé le public quant au scandale gigantesque du blanchiment de centaines de milliards de dollars de l’argent de l’héroïne et de la cocaïne par les grandes banques internationales (23 / 24): HSBC, Wells Fargo, Bank of America....?
Toutes ces campagnes ne constituent qu’un gigantesque écran de fumée pour occulter toutes les finalités odieuses qu’Avaaz soutient au service de l’Impérialisme Occidental: la destruction de la Libye, la déstabilisation de la Syrie, la déstabilisation de l’Iran, la déstabilisation de la Bolivie d’Evo Morales..
Toutes ces opérations de destruction et de déstabilisation de pays souverains sont promues par Tom Perriello dont les visions bellicistes (“pro-war”) ne sont un secret pour personne.
Dans une vidéo (14), Tom Perriello, est présenté comme l’honorable directeur de E-Mediat Jordan, une organisation localisée en Jordanie, un pays limitrophe de l’Irak et de la Syrie. Il s’adresse aux jeunes de cette organisation (“un centre d’entraînement, de technologies et d’outils”) qui sont prêts, déclare-t-il, «à se sacrifier pour leur pays», à savoir à servir de chair à canon pour l’avancement de l’Impérialisme Occidental.
En mai 2009, alors que 60 membres du Congrès US votèrent contre l’attribution de 97 milliards de dollars supplémentaires dans les guerres d’Irak et d’Afghanistan, Tom Perriello vota pour.
En mars 2010, une réception fut organisée par deux organisations de coloration pseudo-verte “League of Conservation Voters” et “Environmental Defense Action Fund” pour lever des fonds pour la réélection de Tom Perriello au Congrès US. MoveOn.org, le co-fondateur d’Avaaz, lui attribua 100 000 dollars pour sa campagne de réélection.
En mars 2010, alors que 60 membres du Congrès US votèrent contre la prolongation de la guerre en Afghanistan, Tom Perriello vota pour.
Le 27 juillet 2010, Tom Perriello vota contre le retrait des troupes US du Pakistan.
Le 27 juillet 2010, alors que 115 membres du Congrès US votèrent contre l’attribution de 33 milliards de dollars supplémentaires dans la guerre d’Irak, Tom Perriello vota pour.
Le 30 juillet 2010, Tom Perriello vota contre les régulations (HR 3534) visant à encadrer les forages de pétrole en haute mer et vota en faveur de la suspension d’un moratoire imposant des gardes-fous sur les dits forages en haute mer.
Le 15 décembre 2011, Tom Perriello devint le directeur de CAP Action, l’une des branches du Center for American Progress. Dans la revue Democracy Journal, après avoir vanté le “succès” de l’intervention militaire en Libye, il déclara:
«Aujourd’hui, Kadhafi est mort et le peuple Libyen peut, pour la première fois depuis des décennies, jouir de l’opportunité d’une gouvernance responsable et démocratique... Il n’y a pas eu de décès dans les troupes Américaines. Les combattants insurgés et la vaste majorité de la population ont célébré la victoire comme une libération et les Syriens courageux, qui quotidiennement risquent la mort en s’opposant à leur propre régime répressif, se sont réjouis de la chute de Kadhafi. Tous ces accomplissements ne sont pas de petits exploits pour ceux qui se soucient de la dignité, de la démocratie et de la stabilité...»
Ce sont effectivement de grands exploits qui caractérisent la “libération” de la Libye qui fut le pays le plus riche de l’Afrique: un chaos social généralisé, des attentats quotidiens, des luttes intestines continuelles, sans oublier les 50 à 100 000 civils Libyens libérés à jamais de “l’oppression” de Kadhafi en mourant sous les bombes à uranium appauvri de l’Occident.
Que ce soit au travers des conceptions bellicistes de ses fondateurs ou de ses propres campagnes de déstabilisation et d’invasion militaire de pays souverains, Avaaz est clairement une organisation complice de crimes de guerre.
Je n’ai ni le temps ni l’envie de sonder plus avant les profondeurs d’immoralité de cette organisation crapuleuse. Je renvoie les lecteurs et lectrices à de nombreux articles et témoignages qui commencent à poindre sur internet (29 / 30 / 31 / 32) et, en particulier, aux quatre excellents rapports d’investigation rédigés au Canada par Cory Morningstar. (15 / 16 / 17 / 18).
Ce dont je suis convaincu, c’est que l’énorme rideau de fumée mis en place par Avaaz par le biais de campagnes “humanistes” en faveur des Palestiniens, des abeilles, de la forêt Amazonienne ou de Kokopelli... est en train de s’estomper rapidement. Avaaz est la “voix” occulte du complexe militaro-industriel qui cherche à semer le chaos de la guerre sur toute la planète.
Avaaz, bas les masques!
Dominique Guillet. Le 14 novembre 2012
Source : Liberterre.fr

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4 décembre 2012 2 04 /12 /décembre /2012 16:48

 

 

 

Qu’évoquons- nous au juste quand nous parlons de socialisme ?

La divergence est consommée entre le socialisme du 21ème siècle d’Amérique Latine et le Libéral-Socialisme d’Occident.

Je trouve ces jours-ci quelques textes forts intéressants à ce sujet. J'y retrouve tout à fait ce que j’ai pu observer en Belgique  tant concernant les « camarades révolutionnaires » des 70 que d’autres représentants d’une gauche « plus modérée »…  A de rares exceptions près, ils sont aujourd’hui partie intégrante du système et pas la plus anodine !!!

Perversion… nous observons que c’est un des modes de fonctionnement du confusionnisme que de détourner le sens des concepts et autres mots afin que plus chacun ne sache de quoi on parle quand on utilise certaines notions.

Pour comprendre donc ce que veut dire aujourd’hui socialisme en Europe, sans doute faut-il passer par son histoire jalonnée par les étapes d’une récupération au service du système.

Le texte qui suit est révélateur, on peut également lire à ce sujet par exemple :

 Mais qui est donc notre chef de la police (sur un certain Valls) ?


Les errements d’une organisation méconnue

Internationale socialiste ou les Pieds Nickelés en Amérique latine


En 1951, l’Internationale socialiste (IS) rétablit ses activités en vue de « libérer les peuples de leur dépendance face aux détenteurs des moyens de production ». Soixante ans plus tard, ses dirigeants préfèrent parler de « régulation judicieuse des effets néfastes de la mondialisation ». Une lente dérive qu’illustre leur attitude face aux socialistes latino-américains.

par Maurice Lemoine, janvier 2012

Lors de son discours d’ouverture du conseil de l’Internationale socialiste (IS), réuni dans les locaux de la très libérale Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), à Paris, le 15 novembre 2010, la première secrétaire du Parti socialiste (PS) français Martine Aubry ne cache pas sa joie : « Je veux saluer tout particulièrement notre président Georges Papandréou et le féliciter pour les résultats des élections locales en Grèce [avec une abstention record de 53 % !]. Dans un contexte difficile, c’est un encouragement et un succès qui viennent récompenser un courage politique qui force l’admiration. » On sait ce qu’il est advenu du dirigeant du Mouvement socialiste panhellénique (Pasok) et de l’« austérité juste » qu’il a prétendu imposer à son pays. On connaît également le sort réservé par leur peuple à nombre d’éminents membres de l’organisation sociale-démocrate, MM. Laurent Gbagbo, Zine El-Abidine Ben Ali ou Hosni Moubarak, pour ne citer qu’eux.

Avec un tel déficit d’analyse et un semblable mode de fonctionnement, est-il réellement surprenant que ce noble conclave « socialiste » passe totalement à côté des mouvements de fond qui bouleversent l’Amérique latine depuis maintenant plus d’une décennie ?

Le 7 décembre de cette même année 2010, à Bruxelles, un portrait et un nom surmontent l’entrée Altierro-Spinelli du Parlement européen : ceux de M. Guillermo Fariñas, troisième opposant cubain en neuf ans à se voir octroyer le prix Sakharov pour la liberté de l’esprit. C’est en revanche sans publicité aucune que, dans un amphithéâtre, une dizaine d’eurodéputés et d’assistants parlementaires auditionnent des syndicalistes et des défenseurs des droits humains venus de Colombie.

Le tournant du coup d’Etat au Chili

Certains témoignages font froid dans le dos : depuis l’arrivée au pouvoir, quatre mois auparavant, de M. Juan Manuel Santos (ex-ministre de la défense de son prédécesseur Alvaro Uribe), trente-neuf syndicalistes et douze militants du Pôle démocratique alternatif (PDA), entre autres, ont été assassinés. Le social-démocrate danois Ole Christensen apporte un complément d’information : en juillet 2010, avec le travailliste britannique Richard Howitt, également présent, il a accompagné l’organisation Justice for Colombia en un lieu tristement célèbre, le village de La Macarena. « Nous avons été jusqu’au charnier. Il y a plus de deux mille personnes [victimes de l’armée et des paramilitaires] enterrées là. Nous devons dire “non” au traité de libre commerce [TLC] que négocient l’Union européenne et la Colombie. » Une seule voix s’élèvera pour défendre Bogotá, celle du représentant du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), M. Emilio Menéndez del Valle : « Croyez-vous qu’en trois mois un gouvernement peut régler tous les problèmes ? Si un pays entier a voté massivement [55,59 % d’abstention] pour Santos, il doit être respecté ! »

Appartenant à des formations membres de l’IS, ces trois eurodéputés n’ont manifestement pas accordé leurs violons. Conseiller de la Gauche unitaire européenne / Gauche verte nordique (GUE/NGL) (1), le Belge Paul-Emile Dupret repasse cette réunion, et bien d’autres, dans son esprit : « Dans leur groupe parlementaire [le Parti socialiste européen, PSE], Christensen et Howitt sont plutôt à contre-courant. Je ne suis pas sûr qu’une majorité se prononcerait contre la signature d’un TLC. Le président du groupe, l’Allemand Martin Schulz [Parti social-démocrate, SPD], y est favorable. Le PSOE encore plus, inconditionnellement ! »

Sans remonter à la nuit des temps, on rappellera que, fondé en 1933 par Salvador Allende, le PS chilien refusa de s’affilier à l’IS, critiquant ses « positions conformistes au sein du système démocratique bourgeois capitaliste (2) ». Pendant la guerre froide, la question ne se pose pas vraiment : considérant la région comme une zone d’influence des Etats-Unis, l’IS ne s’y aventure pas. « Je n’ai pas souvenir de textes ayant condamné le renversement de Jacobo Arbenz au Guatemala en 1954, conclut M. Antoine Blanca, membre à l’époque du secrétariat des relations extérieures de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO). Dix ans plus tard, lorsque j’ai demandé la parole pour dénoncer l’intervention des marines à Saint-Domingue [République dominicaine], Guy Mollet a ouvert des yeux ronds ! »

Entre-temps, la révolution cubaine (1959) avait pourtant placé l’anti-impérialisme au centre des débats. Sans grandes conséquences : « L’IS a jeté un regard intéressé, mais finalement très lointain. » Jusqu’au 11 septembre 1973. Traumatisme aussi fort que la guerre civile espagnole, le renversement et la mort d’Allende déclenchent chez les socialistes européens « une solidarité émotionnelle et la découverte d’un monde qu’on ne connaissait pas », se souvient M. Blanca, qui, mandaté par l’IS, saute dans un avion quelques jours après le coup d’Etat. A Viña del Mar, il se recueille sur la tombe du compañero presidente, avant d’être expulsé. « Ce fut le premier défi digne de ce nom, vis-à-vis de Washington, d’une Internationale qui, jusque-là, faisait tout pour apparaître comme soumise à la stratégie américaine et à l’OTAN [Organisation du traité de l’Atlantique nord]. »

L’appui des Etats-Unis aux dictatures va dès lors constituer le point de dissension majeur d’une génération sociale-démocrate — Willy Brandt (Allemagne), Olof Palme (Suède), François Mitterrand (France), Bruno Kreisky (Autriche), mais aussi MM. Mário Soares (Portugal) ou Felipe González (Espagne) — avec l’allié américain. De leur côté, les partis réformistes victimes de ces régimes autoritaires cherchent des alliés parmi les pays développés. Les contacts se multiplient. Une première réunion formelle a lieu en avril 1976 à Caracas, à l’invitation du président vénézuélien Carlos Andrés Pérez et de son parti Action démocratique (AD). La Ire conférence régionale de l’IS pour l’Amérique latine et la Caraïbe, à Saint-Domingue, en mars 1980, marque le déploiement de ce courant politique dans la région.

Fonctionnement « clientéliste »

Parmi les vingt-neuf organisations locales figure alors, pour le Nicaragua, le Front sandiniste de libération nationale (FSLN), admis dès 1978, alors qu’il luttait encore les armes à la main pour chasser Anastasio Somoza. M. Fidel Castro est invité en tant que président en exercice du mouvement des pays non-alignés. Et les Européens se « mouillent » : la présence de partis « frères » au sein du Front démocratique révolutionnaire (FDR) au Salvador, du Front démocratique contre la répression (FDCR) au Guatemala et du Front patriotique (FP) au Honduras — qui, pour les deux premiers, comportent une branche politique et une aile insurgée — les amène à soutenir, de fait, la lutte armée.

En France, en 1981, Mitterrand arrive à l’Elysée, la rose au poing. Sous l’influence de MM. Lionel Jospin et Régis Debray (chargé de mission à la présidence de la République), ainsi que de M. Blanca (qui sera nommé en 1982 ambassadeur itinérant en Amérique latine), Paris défie les Etats-Unis dans une région pour eux très sensible. Le 28 août 1981, la déclaration franco-mexicaine sur la représentativité de l’opposition salvadorienne — y compris sa branche armée (3) — a un impact considérable. Mitterrand ne cache pas sa sympathie pour les sandinistes ; les relations avec Cuba sont au beau fixe. « Au nom de l’IS et dans le dos de Washington, jubile M. Blanca, j’ai réussi des “coups”, comme d’empêcher un embrasement entre le Costa Rica et le Nicaragua ! »

Malgré l’irritation de Ronald Reagan, les thèses de l’Internationale, soit la résolution politique des conflits armés, prévaudront. Le président du Costa Rica, M. Oscar Arias, propose le plan de paix pour l’Amérique centrale qui lui vaudra en 1987 le prix Nobel. Membre, pendant toute cette période, de la commission politico-diplomatique de l’Union révolutionnaire nationale guatémaltèque (URNG), l’ancien guérillero Miguel Angel Sandoval se souvient : « Notre mouvement a toujours vu dans l’IS un espace susceptible de servir ses objectifs : la négociation et la recherche de la paix. Ainsi, notre première rencontre avec le gouvernement et l’armée a eu lieu à Madrid, grâce à la médiation du PSOE. Mais nous avons toujours eu conscience des profondes différences existant alors entre des partis comme le suédois, le français, l’espagnol, et d’autres, plus réformistes ou clairement de droite. »

Dès Saint-Domingue, des clivages se sont en effet dessinés. Certains membres « latinos » de l’IS — le Parti de libération nationale (PLN, Costa Rica), AD (Venezuela), le Parti révolutionnaire dominicain (PRD), etc. — se démarquent des Européens. A la différence de ces derniers, ne plongeant pas leurs lointaines racines dans le marxisme, ils ne remettent nullement en cause le capitalisme et s’affichent dans de nombreux cas vigoureusement anticommunistes. « Le concept même de classe sociale est très discutable en Amérique latine », osera ainsi le dirigeant de la Gauche démocratique (ID) équatorienne Rodrigo Borja (4).

Vaguement réformistes, ils utilisent l’IS pour damer le pion à la démocratie chrétienne lorsque tombent les dictatures et parce que, prenant note de la puissance économique des pays que gouvernent ou gouverneront bientôt leurs amis d’outre-Atlantique, ils calculent les avantages qu’ils pourraient en retirer. « L’Internationale socialiste fonctionne de manière clientéliste, s’insurgera en 1999 le mexicain Porfirio Muñoz Ledo (Parti de la révolution démocratique, PRD). Certains partis viennent ici côtoyer les Européens comme s’ils fréquentaient la classe supérieure (5). »

Dans le Comité de l’IS pour l’Amérique latine et la Caraïbe (Siclac) créé en 1980 cohabitent aussi bien le FSLN que la très centriste Union civique radicale (UCR) argentine ; le PS chilien (rallié en 1996 !), qui cogouverne avec la démocratie chrétienne, et le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) mexicain, assez peu démocratiquement au pouvoir pendant soixante-dix ans. On y trouve aussi le Parti libéral (PL) colombien, qui a introduit le modèle néolibéral (1990-1994), sous les gouvernements duquel a été exterminée la formation de gauche Union patriotique (1986-1990) et auquel appartiendra, jusqu’en 2002, M. Uribe (6).

Peu importe. En multipliant les adhésions à l’Internationale, les socialistes du Vieux Continent étendent leur influence. Par-là même, en bons gestionnaires coulés dans le cadre libéral et essayant de l’améliorer à la marge, ils promeuvent les intérêts des milieux d’affaires et du capital européens.

Réunion du conseil de l’IS, à Buenos Aires, les 25 et 26 juin 1999 : « Auparavant, le socialisme était plus dur et étatiste, frissonne M. González, mais le socialisme démocratique a toujours accepté le marché qui, de fait, va de pair avec la démocratie (7). » S’il condamne « les inégalités tragiques qui frappent le monde », le document final exhorte « à profiter de la mondialisation » pour éliminer le chômage, la faim et l’indigence (8). Bref, commente le Brésilien Leonel Brizola (Parti démocratique travailliste, PDT), le texte « est si général qu’il peut servir tant au pied droit qu’au pied gauche (9) ». Passant inaperçu, un court paragraphe mentionne la préoccupation de l’IS face à « l’évolution du processus politique au Venezuela [et à] la politique de confrontation permanente du gouvernement avec les autorités établies ». Le président Hugo Chávez n’occupe le pouvoir que depuis… six mois.

Un même cérémonial préside tant aux conseils (auxquels participent l’ensemble des partis) qu’aux réunions locales du Siclac. « Il faut passer deux jours d’abrutissement total à écouter les interventions de quelques chefs d’Etat ou de parti, discours généralement préparés par leurs conseillers et que, souvent, les découvrant en arrivant à la tribune, ils lisent en ahanant », lâche dans une grimace l’ex-vice-présidente de l’IS Margarita Zapata (FSLN). « Un chapelet de mots creux, complète M. Blanca, pleins de bonnes intentions, dont il ne sort strictement rien, sans orientation contraignante pour personne ; chacun repart de son côté sans idée plus précise de la situation. »

Seul intérêt de ces forums : « Il y a des tête-à-tête privés et on échange de grandes embrassades avec les vieux copains » (M. Blanca) ; « On établit des contacts et, surtout, on retrouve les amis » (Mme Zapata). Or, nul ne l’ignore, « les ennemis de mes amis sont mes ennemis ». « En prenant les décisions qui, je crois, vont être prises, le pays est particulièrement viable », s’enthousiasme l’Espagnol González après que, le 1er janvier 1989, Carlos Andrés Pérez — surnommé CAP — est redevenu président du Venezuela (10). Bien vu, « camarade » ! Converti au libéralisme et ayant négocié un ajustement structurel avec le Fonds monétaire international (FMI), CAP affame le peuple du jour au lendemain. Celui-ci se révolte le 27 février, lors de ce qui restera dans l’histoire comme le caracazo (émeutes de Caracas).

D’une brutalité inouïe, la riposte du pouvoir fait quelque trois mille morts. Plus chanceux que le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti du président tunisien Ben Ali, qu’exclura l’IS après la répression du mouvement populaire de janvier 2011, AD, le parti de Pérez, s’en sort sans une égratignure. En 1993, après sa destitution pour corruption, le bureau de l’Internationale enverra à Pérez un communiqué lui témoignant son estime et son amitié. Il est vrai que, pendant son premier mandat, « il avait été généreux avec ses amis européens : il est de notoriété publique que, sous la direction de M. González, le PSOE a largement bénéficié de sa “solidarité” financière (11) ». Pas de quoi rendre sympathique le lieutenant-colonel Chávez qui, le 4 février 1992, s’était soulevé contre cette « démocratie injuste et corrompue ».

Comme au Venezuela, les dirigeants des partis latinos membres de l’IS qui arrivent aux affaires dans les années 1980-1990 — Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Equateur, Mexique, Panamá, etc. — ont une vraie politique sociale : ils pourvoient aux besoins des bien vêtus et des bien nourris. Dérégulant et privatisant à la hache, de mèche avec Washington, la Banque mondiale et le FMI, ils finiront discrédités, voire renversés. Issus des luttes ou portés par les mouvements populaires, de nouveaux leaders apparaissent : MM. Chávez (Venezuela), Luiz Inácio Lula da Silva (Brésil), Evo Morales (Bolivie), Rafael Correa (Equateur).

Appui aux putschistes vénézuéliens

C’est à Caracas que, les 19 et 20 juillet 2002, le Siclac se réunit avec comme hôtes les Vénézuéliens Rafael Angel Marín, dirigeant d’AD, Antonio Ledezma (Alliance du peuple brave, ABP) et Miguel Henrique Otero, directeur du quotidien El Nacional. A des degrés divers, tous ont participé à la tentative de coup d’Etat contre M. Chávez, le 11 avril précédent. « Averti par des amis du PRI et du FSLN, raconte M. Maximilien Arvelaíz, à l’époque conseiller du président vénézuélien, je prends contact avec le secrétaire général de l’IS, le Chilien Luis Ayala, et il accepte une rencontre avec Chávez, sous condition : les participants qui le souhaitent s’y rendront “à titre personnel”. Le lendemain, effectivement, quelques-uns sont venus, mais, à la dernière minute, Ayala s’est désisté. »

Au terme de sa réunion, le Siclac émet un communiqué annonçant qu’il décide d’« appuyer Action démocratique et la Coordination démocratique dans la mobilisation et la défense du système démocratique et de ses institutions » — autrement dit : les putschistes ! Présent en tant qu’observateur du PS français, M. Jean-Jacques Kourliandsky revient sur cet épisode : « J’ai failli me faire agresser par le secrétaire général d’AD car j’ai protesté : ces conclusions avaient été rédigées et déjà publiées dans la presse d’opposition vénézuélienne avant le début des travaux ! » Puis il hausse les épaules : « Elles n’ont aucune valeur, en réalité. » Erreur ou cécité ?

Elles figurent aujourd’hui encore sur le site officiel de l’IS (12), comme toutes celles qui suivront, émanation directe des trois partis vénézuéliens membres — AD, Mouvement vers le socialisme (MAS), Podemos —, tous violemment hostiles à la révolution bolivarienne.

« L’Internationale socialiste ? » Ex-conseiller à l’ambassade parisienne de la Bolivie, M. Alfonso Dorado grimace ostensiblement. « Jaime Paz Zamora en a été le vice-président. Ça joue beaucoup dans la mémoire collective... » Dirigeant du Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR), ce dernier a passé un accord en 1989 avec l’ex-dictateur Hugo Banzer afin d’accéder à la présidence. En 2002, pour contrer la montée en puissance de M. Morales et de son Mouvement vers le socialisme (MAS) — à ne pas confondre avec le parti vénézuélien —, il s’est allié au multimillionnaire Gonzalo Sánchez de Lozada, qui, élu, sera chassé du pouvoir par une explosion sociale en octobre 2003. Le MAS bolivien n’appartient donc pas à l’IS, pas plus que le Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV), l’Alliance pays de M. Correa, le FMLN salvadorien, l’URNG guatémaltèque ; d’ailleurs, personne ne le leur a demandé.

L’Internationale n’a qu’un rêve : faire adhérer le Parti des travailleurs (PT) du puissant Brésil et de l’icône de la gauche latino-américaine, M. Lula da Silva. Mais le PT a mis ses œufs dans un autre panier. En 1990, avec M. Castro, il a fondé le Forum de São Paulo, qui accueille tant des partis modérés (également membres de l’IS) que des formations forgées dans la lutte armée, des partis communistes (y compris le cubain) et leurs différentes scissions. « Affronter le néolibéralisme en Amérique latine, explique M. Valter Pomar, membre de la direction nationale du PT, exigeait une attitude ouverte et plurielle, prenant en compte tant la crise traversée par le communisme que celle frappant la social-démocratie. Cela étant, nous entretenons de bonnes relations avec l’IS... » Mais de loin.

Ancrés dans leurs anciennes alliances, les sociaux-démocrates européens, à l’exception notable des portugais, ne comprennent rien à cette Amérique latine nouvelle qui ose évoquer le « socialisme du XXIe siècle », cherche la voie d’une démocratie « participative », se trompe parfois, avance, recule, mais qui, en matière sociale, obtient de notables avancées.

A travers la Fondation Friedrich-Ebert, le SPD allemand dispose d’énormes moyens, mais ne s’intéresse pas à la région. Laminés par M. Anthony Blair, les travaillistes britanniques « pur jus » font figure de tribu en voie d’extinction. Silence radio en Italie, où, pourtant… « Massimo D’Alema [Parti démocrate] est venu à Caracas, raconte M. Arvelaíz. Il était très tendu. Nous lui avons fait rencontrer Chávez. “Cela me rappelle ma jeunesse”, s’est-il exclamé en ressortant, enchanté… »

Au Parlement européen, « où, depuis plusieurs années, les accords de libre-échange sont le principal thème abordé, le groupe socialiste, dans sa majorité, n’est pas très progressiste, constate M. Dupret. Par exemple, on n’a jamais eu leur appui pour inscrire le Honduras [où a eu lieu un coup d’Etat en 2009] à l’ordre du jour. » En revanche, en 2004, c’est le président du PSE, l’Espagnol Enrique Barón Crespo, qui proposa d’inviter M. Uribe, le chef de l’Etat colombien. Lors du discours de ce dernier, le 10 février, « le GUE/NGL, les Verts, certains libéraux et de nombreux socialistes, désavouant Barón Crespo, ont quitté la salle. Mais pas les Espagnols ! ».

S’agissant de l’Amérique latine, Madrid exerce une influence considérable au sein de l’Union européenne. Suivant Cuba — la dernière de ses colonies — d’aussi près que s’il s’agissait de la Galice ou de l’Andalousie, l’Espagne a été quasiment la seule à défendre la normalisation des relations de l’île avec l’Union. Jusqu’à sa perte du pouvoir, en novembre 2011, le PSOE a joué un rôle important à travers la coopération. « Mais il ne s’agit nullement d’une proximité politique », remarque le Bolivien Dorado.

« Ignorance crasse » à Paris

Gros émoi à Paris, le 22 octobre 2010, rue de Solferino : porte-parole du PS, M. Benoît Hamon a annoncé qu’il « s’apprêterait » à se rendre au Venezuela et à y rencontrer, pourquoi pas, le président Chávez. Il s’attire les foudres de l’aile droite du parti.

De son expérience à l’ambassade de Bolivie, M. Dorado tire une conclusion désabusée : « Le PS n’a jamais manifesté d’intérêt pour ce qui se passe dans notre pays. Nous n’avons donc jamais eu l’occasion de discuter de cette expérience d’intégration qu’est l’ALBA-TCP [Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique - Traité de commerce des peuples (13)]. » Il est vrai que cette dernière, d’un point de vue néolibéral, est en contradiction totale avec les intérêts économiques et géopolitiques tant des Européens que des Américains. On a certes vu des délégations de haut niveau du PS aux Forums sociaux de Porto Alegre en 2002 et 2003 : il s’agissait avant tout de damer le pion aux altermondialistes et de courtiser Brasília. En campagne électorale, Mme Royal s’est ostensiblement affichée auprès des présidentes argentine et chilienne, Mmes Cristina Fernández de Kirchner et Michelle Bachelet — dont l’une des prouesses politiques sera d’avoir permis à la droite dure de revenir au pouvoir sous le signe… de la continuité. « Ce n’est même pas qu’il y ait, au sein du PS, une hostilité étayée pour X ou Y, tempête M. Roberto Romero, assistant parlementaire de M. Henri Emmanuelli. Il s’agit d’une ignorance crasse ! C’est du niveau du Monde ou de Libération, dont les choix éditoriaux sur l’Amérique latine s’apparentent à de la désinformation. »

Pour M. Romero comme pour nombre de nos interlocuteurs, « l’IS, cette coquille vide, est sans doute la meilleure agence de voyages du monde, et assez confortable… Mais il n’en sort rien ! ». Est-ce aussi certain ? Des réunions du Siclac et de ses partis discrédités proviennent les communiqués que diffuse l’IS. En Amérique latine, la presse d’opposition en fait ses gros titres : la gauche du monde entier nous appuie ! Les médias européens reprennent. Haro sur le « populisme » ! Les « socialistes » lisent. Et la boucle est bouclée.

Maurice Lemoine

Journaliste. Auteur de Cinq Cubains à Miami, Don Quichotte, Paris, 2010.

(1) Rassemble les partis de gauche, des antilibéraux aux anticapitalistes, en passant par les écosocialistes ou les communistes.

(2) Déclaration de principe approuvée lors du deuxième congrès du parti, en 1935.

(3) Le FDR-FMLN regroupe une aile politique, le FDR, dirigé par le social-démocrate Guillermo Ungo, et la guérilla du Front Farabundo Martí pour la libération nationale (FMLN).

(4) Nueva Sociedad, n° 48, Caracas, mai-juin 1980.

(5) Pagina 12, Buenos Aires, 27 juin 1999.

(6) Entre membres «  de plein droit  », «  consultatifs  » et «  observateurs  », le Siclac compte à l’heure actuelle trente-neuf partis.

(7) Pagina 12, 26 juin 1999.

(8) «  Conseil de Buenos Aires : façonner le changement  », Internationale socialiste, 25-26 juin 1999.

(9) La Nación, Buenos Aires, 28 juin 1999.

(10) El País, Madrid, 2 février 1989.

(11) Bernard Cassen, «  Union sacrée à Strasbourg  », Le Monde diplomatique, avril 2004.

(13) Antigua-et-Barbuda, Bolivie, Cuba, Equateur, Honduras (avant le coup d’Etat de 2009), Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Venezuela.

 

Source :
Internationale socialiste ou les Pieds Nickelés en Amérique latine, par Maurice Lemoine (Le Monde diplomatique)

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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 21:13
C'est trop mignon, merci Serge ( Serge Adam blog de nous rappeler que les fondements de la gauche ne se décrivent pas à grand coup d'arguments creux pour savoir qui est la gauche, la gauche de la gauche et encore plus à gauche que cela, et qu'à la fin dans ce monde où à l'infini toutes les droites sont courbes et toutes les parallèles se rejoignent...merde me vl'là à droite à force... ben non ce n'est pas comme cela que cela se passe...  la gauche c'est aussi une mmanière d'être qui privilégie la coopération et l'attention à l'autre, plutôt que la rivalité et l'écrasement... que les micofascistes (surtout ceux de gauche) en prennent de la graine (estampillées Vindana Shiva et pas Monsanto of course !!!"

La gauche sont ceux qui appliquent ce principe

"Toute personne a droit au respect et au moyen de la dignité du seul fait qu'elle existe"

et qui défendent le droit à l'autodétermination de chacun exempt de quelque pression autoritaire que ce soit dans un monde où toute forme d'exploitation aura disparu et l'état aussi parce que dans un monde de bien-être point n'est besoin d'autorité nide contrainte pour que chacun dans l"épanouissement optimum de ses potentialités singulières trouve sa place dans la grande collectivité planétaire, par plaisir, par amour. La tendresse est le baume magique des blessures du monde. La haine, le rejet, l'intolérance, la censure sont TOUJOURS du côté de la droite et du fascisme.

Una revolucion de alegria ?... por alli,vamonos !

 

La gauche pour les nuls

La gauche et la droite expliquées à mon fils
Par Savignac

- Papa, toi tu dis toujours la gauche, la droite, la gauche, la droite... mais c'est quoi ça, qu'est-ce que ça veut dire?
- Mon amour. C'est très simple. La gauche véhicule des valeurs humanistes, des valeurs de progrès, de solidarité, de liberté, de justice, de partage et d'égalité, tandis que la droite, plus pragmatique, favorisera des valeurs traditionnelles fondées sur l'ordre, le mérite, la sécurité et le conservatisme, valeurs auxquelles il faut ajouter la prédominance de l'individualisme, du libéralisme économique dérèglementé favorisant, avant toute chose, le profit. Va te brosser les dents.
- Papa... j'ai huit ans...
- Excuse-moi mon crapaud, Papa a eu une semaine difficile, il s'est fait chicaner à cause d'une dénommée Monique, enfin je t'expliquerai plus tard. Alors, comment te dire... voilà : imaginons que ton école, c'est le monde; ta classe, un pays; ton professeur, le Premier Ministre, et toi et tes amis, des citoyens. Dans ta classe, il y a des enfants qui ont plus de facilités, qui réussissent bien, et d'autres qui ont plus de difficultés. Tu as remarqué ça?
- Antoine, il est nul.
- Et bien tu vois, dans la vie des adultes, y'a des Antoine aussi. Alors, on a deux solutions : soit on dit qu'Antoine est nul et puis on continue d'avancer sans lui parce que nous ça va bien et puis il fait rien que nous ralentir, soit on décide de lui donner un coup de main. Par exemple, le professeur peut, à la fin du cours, ré-expliquer la leçon à Antoine, ou encore vous demander à vous, les autres élèves, de prendre un peu de temps pour l'aider à comprendre.
- Oui, mais j'aurai moins de temps pour jouer à la récré!
- C'est vrai. C'est ça la gauche et la droite mon amour. Être de droite, c'est vouloir à tout prix sa récréation, parce qu'on a travaillé fort pour l'avoir, et qu'on la mérite. Être de gauche, c'est accepter d'avoir cinq minutes de récréation en moins, mais de ne pas laisser Antoine sur le bord du chemin.
- En plus, il est super bon au hockey!
- C'est ça la force du groupe mon chéri. Les cinq minutes que la classe a donné à Antoine, il va les rendre autrement si on lui en donne la chance, parce que c'est sûr qu'Antoine, lui aussi, a des forces qui vont bénéficier à toute la classe. Grâce à Antoine, vous êtes plus forts au hockey. Et grâce à vous, Antoine est meilleur en maths. Quand on est de droite, on pense moins à ces choses là. On veut que notre effort en maths nous fasse gagner cinq minutes de récréation de plus, pas en perdre parce qu'un autre est à la traine. Or, que ce soit dans ta classe ou dans la société, nous sommes ce beau mélange : un ensemble de forces et de faiblesses différentes, et chacune de ces petites forces et faiblesses forment un groupe magnifique, pluriel, intelligent, généreux, soucieux de l'autre. Un groupe qui partage, qui n'exclut personne, qui tend la main parce qu'un jour, aussi fort qu'on soit, il se peut qu'on trébuche et qu'on ait besoin d'une main forte pour nous relever. Être de gauche, c'est prendre cinq minutes, et tendre sa main. C'est là qu'est ton coeur fiston, à gauche. T'as juste à te rappeler de ça.
- Kévin il est de droite. Il ne fait jamais de passes.
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4 juillet 2012 3 04 /07 /juillet /2012 13:11

 

Coup triple, un hommage à un grand parmi ces grands que sont ceux que certains qualifient de Rouge Brun, ce qui venant d'eux est un véritable honneur, un titre de gloire, que je proposerais bien que chacun de ceux qui ont été coopté affichent avec fierté et ostentation, pour que jamis plus un René Balme ne se fasse évincer par un Fenach à cause de tels arguments, que chacun en viennent à réagir en entendant l'unou l'autre se faire qualifier de Rouge Brun en l'associant à ce qu'ils sont réellement : courageux, intelligents, ne se laissant pas impressioner par l'inquisition néo-fasciste, et encore moins quand elle usurpe les drapeaux de la gauche au profit de milices SA ; restant envers et contre tout et tous des chercheurs libres refusant de se censurer au nom d'un politiquement correct fabriqué de toute pièce par ce pouvoir que la gauche est censé combattre de toute ses forces ; hérétiques et fiers de l'être dans un monde ou se conformer à la pensée dominante en vient à se faire complice des assassins du monde ; je l'ai dit, jamais je ne me serais permis de me coopté de moi-même parmi les grands chercheurs que sont les rougebrunset je considère commme une valoririsation -sans doute imméritée que d'y voir associée ma modeste personne . Un texte donc qui nous décrit ce grands parmi les grands de la caste exo-proclamée de rouges bruns, grand par sa modestie, sa sensibilité, son ntelligence et son action ; un texte qui illustre un peu d'avantage cette guerre dont il ne faut pas qu'elle contine, la guerre diffuse de l'empir equi n'a fait qu'affiner les méthodesde formations et les outils mis à disposition des psychopathes induits de service et pour finir un exemple de ce que devrait être toujours le journalisme dit d'investigation...qui s'est longtemps pratiqué devant un verre dans les hôtels, des  pays en guerre, loin duchamp de bataille dont chacun répercutait les échos sans voir ni savoir, et qui se pratique à présent derrière un ordinateur associé à une table de montage dansles pays fauteurs de guerre et à leur solde... voici donc un contre-exemple vivant et édifiant à la bêtise et à la méchanceté... un litlle big men parmi d'autres, Noam Chomsky. 

par Fred BRANFMAN


Noam Chomsky
Il y a quarante-deux ans j’ai vécu quelque chose d’inhabituel : je suis devenu ami avec Noam Chomsky. Je l’ai connu comme homme avant d’être tout à fait conscient de sa réputation et de l’importance de son travail. Depuis lors j’ai souvent repensé à cette expérience – d’une part en raison de la chance que j’ai de le connaître de près et d’autre part, le plus important, en raison de la grave crise qui aujourd’hui touche notre pays et le monde. Il a avec entêtement contribué à la dénonciation des dirigeants états-uniens qui traitent tant de peuples du monde comme des « non personnes », soit en les exploitant économiquement, soit en leur imposant des guerres, provoquant des morts, des mutilés, des sans-abris, plus de 20 millions de personnes depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale – plus de 5 millions en Irak et 16 millions en Indochine, selon les chiffres officiels du gouvernement états-unien.
Notre amitié s’est nouée, alors que nous portions la même attention au sort de ces « non personnes », lorsqu’il a visité le Laos en février 1970. J’habitais dans un village laotien non loin de la capitale Vientiane depuis trois ans, et je parlais laotien. Cinq mois avant j’avais été choqué lorsque j’avais dialogué à Vientiane avec les premiers réfugiés laotiens arrivés du nord du Laos, de la Plaine des Jarres, région qui était contrôlée par le Pathet lao (communiste) depuis 1964. Je m’étais rendu compte à ma grande stupéfaction que depuis cinq ans et demi le gouvernement états-unien bombardait ces villages pacifiques, ce qui avait poussé des dizaines de milliers de personnes à se réfugier dans des grottes, vivant comme des animaux.
J’avais su que de nombreuses grands-mères avaient été brûlées vives par le napalm, que des enfants avaient été enterrés vivants sous des bombes de 250 kilos, que des parents avaient été déchiquetés par des bombes antipersonnel. J’avais vu les éclats de ces bombes dans les corps des réfugiés heureux d’avoir survécu, j’avais rencontré des gens devenus aveugles à la suite des bombardements, j’avais vu des blessures provoquées par le napalm sur des corps d’enfants. J’avais appris que les bombardements états-uniens sur la Plaine des Jarres avaient dévasté une civilisation vieille de 700 ans – représentée par quelque 200 000 habitants –, et que les victimes principales étaient les personnes âgées, les parents et les enfants qui devaient rester à proximité des villages – et non pas les soldats communistes qui pouvaient se déplacer dans la jungle, pratiquement indétectables du ciel. Et j’avais vite découvert aussi que le gouvernement états-unien avait mené ces bombardements de façon unilatérale, sans même en informer le Congrès ou le peuple états-unien, pour ne pas parler de leur éventuelle approbation. J’étais bien conscient que ces réfugiés de la Plaine des Jarres détruite avaient eu de la chance. Ils avaient survécu. Les bombardements états-uniens non seulement se poursuivaient mais ils étaient de plus en plus intenses.
J’avais grandi en croyant aux valeurs états-uniennes mais ces bombardements de civils innocents violaient toutes ces valeurs. Voyant le gouvernement états-unien à partir d’un camp de réfugiés laotiens, j’avais compris en quelques semaines qu’il était l’ennemi de la décence humaine, de la démocratie, des droits humains et du droit international ; j’avais aussi appris que dans ce monde réel le crime pouvait apporter des bénéfices. Bien que beaucoup d’États-uniens crussent que l’Amérique fût « une nation de lois » et non d’hommes, chez eux ; au Laos c’était une nation de hors-la-loi violents et cruels.
Sans en prendre la décision tout à fait consciemment, je me suis retrouvé à faire tout mon possible pour essayer d’arrêter ces horreurs inimaginables. En tant que juif imprégné de l’Holocauste, je sentais que j’avais découvert la vérité d’Auschwitz et de Buchenwald dans les tueries qui se poursuivaient. Je faisais tout mon possible pour emmener dans les camps de réfugiés toutes les personnes que je trouvais – y compris des journalistes comme Bernard Kalb de CBS, Ted Koppel d’ABC, Flora Lewis du New York Times. Mon espoir était qu’ils fissent connaître au monde la vérité sur ces bombardements.
Un jour j’ai entendu parler de trois militants anti-guerre – Doug Dowd, Richard Fernandez et Noam Chomsky – qui devaient rester quelques nuits à l’Hôtel Lane Xang à Vientiane avant de monter dans l’avion de la Commission de contrôle internationale pour passer une semaine à Hanoï. C’était la seule façon d’aller à Hanoï à l’époque, en dehors de la route de Phnom Penh. J’ai appelé à l’une de leurs chambres, je me suis présenté, nous nous sommes rencontrés, et Noam est venu dîner le lendemain au village où j’habitais. Il devait se rendre à Hanoï le surlendemain.
J’avais passé les années 1960 au Moyen-Orient, en Tanzanie et au Laos, et je connaissais relativement peu Doug, Richard et Noam, mais je savais toutefois que Noam était un linguiste fameux et qu’il avait pas mal écrit sur la guerre d’Indochine. Mon objectif était alors de leur faire connaître la gravité des bombardements, dans l’espoir qu’ils pussent faire quelque chose.
Sur le plan personnel j’ai tout de suite apprécié Noam. Il était doux mais passionné – nous avions en commun cette dernière qualité – et il était très attentionné. J’avais été particulièrement horrifié par les bombardements parce que j’avais connu les Laotiens en tant que peuple parce que j’avais vécu dans un village ces trois dernières années ; j’avais notamment connu un vieux monsieur de 70 ans nommé Paw Thou Douang que j’avais fini par aimer comme un père de substitution. Il était gentil, doux et avisé. Et c’est la personne que j’ai le plus respectée de toute ma vie. J’avais été touché par la chaleureuse relation qui s’était nouée entre Noam et Paw Thou Douang lors de notre dîner chez lui avec sa famille. Noam avait immédiatement ressenti une affinité avec cette famille, ce que je n’avais pas observé chez les nombreux visiteurs que j’avais emmenés au village. Il montrait aussi de la curiosité sur les détails de ce qui se passait au Laos, curiosité que j’étais plus qu’heureux de satisfaire.
Le lendemain les trois visiteurs ont reçu une nouvelle déroutante : le vol de la Commission de contrôle internationale était annulé et ils ne pouvaient donc prendre l’avion que la semaine suivante. Tous trois étaient très occupés et ils ont donc commencé à planifier leur retour vers les États-Unis. J’ai cependant suggéré à Noam de rester. Je lui ai dit que je pourrais lui arranger des rencontres avec des réfugiés ayant fui les bombardements, avec l’ambassade états-unienne, avec des membres du gouvernement laotien, avec le premier ministre Souvanna Phouma, avec un membre du Pathet lao et avec un ex-guérillero – c’est la même chose que je faisais avec les journalistes. De son point de vue c’était l’occasion unique de connaître la guerre secrète des États-Unis au Laos, et pour moi c’était l’occasion de faire connaître les bombardements, dans l’espoir de les interrompre.
Noam m’avait alors donné son accord et nous avons eu une expérience unique – lui à l’arrière de ma moto, moi le conduisant dans les rues de Vientiane, alors qu’il cherchait à en savoir le plus possible sur ce que faisaient les États-Unis au Laos, ce qui était presque complètement inconnu dans le monde. Ce n’est que le mois suivant que Richard Nixon a finalement reconnu pour la première fois que les États-Unis bombardaient le Laos, depuis six ans, même si lui et Henry Kissinger continuaient de mentir en disant que les bombardements ne touchaient que des cibles militaires.
J’ai en mémoire différentes expériences de ma semaine avec Noam. Je l’observais lire un journal. Il fixait une page, semblait la mémoriser, et dans la seconde qui suivait il tournait la page et fixait la suivante. À un moment je lui ai donné un livre de 500 pages concernant la guerre au Laos, il était dix heures du soir. Je l’ai revu le lendemain matin pour le petit-déjeuner, juste avant notre entretien avec un responsable politique de l’ambassade états-unienne, Jim Murphy. Lors de l’entretien la question du nombre de soldats nord-vietnamiens présents au Laos a été discutée. L’ambassade affirmait que 50 000 soldats nord-vietnamiens avaient envahi le Laos, alors que tout montrait qu’ils étaient au maximum quelques milliers. Je suis presque tombé de ma chaise lorsque Noam a cité une note de bas de page qui soutenait son argumentation ; cette note se trouvait dans l’ouvrage que je lui avais donné, il avait donc dû lire plusieurs centaines de pages. Je connaissais l’expression « mémoire photographique », mais je l’ai rarement vue pratiquée, ou en tout cas si bien pratiquée. Accidentellement Jim Murphy lui a montré des documents internes de l’ambassade qui confirmaient que le nombre le plus bas était correct, documents qui ont par la suite été cités par Noam dans le long chapitre qu’il consacre au Laos dans son ouvrage « Guerre en Asie ».
J’étais également étonné par sa modestie. Il détestait parler de lui-même – contrairement aux grands personnages du journalisme que j’avais rencontrés. Il n’était guère intéressé par les conversations oiseuses, les commérages, il ne parlait pas des personnes fameuses ; il restait concentré sur le sujet qui l’intéressait. Il ôtait toute importance à son travail dans le domaine de la linguistique, considérant que c’était sans importance comparé à son souhait d’arrêter les meurtres de masse qui se produisaient en Indochine. Il n’avait aucune envie de connaître la fameuse vie nocturne de Vientiane, les lieux touristiques. Il n’était pas intéressé par le repos au bord de la piscine.
Son objectif était clair, il était en mission. Il m’a impressionné comme un authentique intellectuel qui réfléchissait beaucoup. Et je pouvais comprendre. Je réfléchissais beaucoup aussi et j’avais une mission.
Mais ce qui m’a le plus impressionné, et de loin, c’est ce qui s’est passé lorsque nous sommes partis vers un camp de réfugiés provenant de la Plaine des Jarres. J’avais déjà emmené des dizaines de personnes, dont beaucoup de journalistes, pour visiter les camps. Presque aucune de ces personnes n’avait ressenti d’émotion devant la souffrance des réfugiés. Que ce soit Bernard Kalb de CBS, Welles Hangen de NBC ou Sydney Schanberg du New York Times, les journalistes écoutaient poliment, posaient des questions, prenaient des notes, puis retournaient à leur hôtel pour écrire leur article. Ils ne montraient guère d’émotion, guère d’intérêt, concernant le vécu des villageois, tout ce qui les intéressait c’était ce qui allait leur permettre d’écrire leur article. Nos conversations dans la voiture pour retourner à leur hôtel portaient généralement sur le dîner du soir, ou sur leur programme dans les jours à venir.
Une scène m’a beaucoup marqué. Alors que je traduisais les questions de Noam et les réponses des réfugiés je l’ai soudain vu craquer et fondre en larmes. J’étais frappé non seulement parce que aucun des autres visiteurs n’avait réagi de cette façon, tout compte fait la plus naturelle des réactions, la plus humaine. Jusque lors Noam m’avait semblé si intellectuel, si immergé dans le monde des idées, des mots, des concepts ; il avait montré si peu de sentimentalité. Je réalisais à ce moment que c’est son âme qui était visible. Et l’image de Noam pleurant dans le camp m’est toujours restée. Lorsque je pense à Noam c’est cette image que je vois. L’une des raisons pour lesquelles sa réaction m’a frappé c’est qu’il ne connaissait pas ces Laotiens. C’était relativement facile pour moi, ayant vécu parmi eux, ayant aimé des personnes comme Paw Thou, de m’engager pour essayer de faire cesser les bombardements. Mais j’ai été fasciné de voir ces gens, dont Noam mais pas seulement lui, ces milliers d’États-uniens qui ont passé tant d’années de leur vie à essayer de mettre un terme aux bombardements en Indochine pour des victimes qu’ils n’avaient jamais vues.
Alors que nous revenions du camp ce jour-là, il est resté calme, encore ému par ce qu’il venait d’apprendre. À ce moment-là il avait déjà beaucoup écrit sur la guerre états-unienne en Indochine. Mais c’était la première fois qu’il rencontrait des victimes. Et dans le silence, sans mot dire, un lien s’est forgé entre nous.
Lorsque je jette un regard en rétrospective sur ma vie je sens que j’étais une meilleure personne pendant cette période. Et j’ai réalisé qu’à cette époque nous venions tous deux du même endroit : face à l’inimaginable calvaire de ces gens innocents, gentils, doux – ainsi que tant d’autres – tout semblait trivial. Une fois que vous saviez que des innocents étaient tués, comment pouviez-vous faire autre chose que d’essayer de leur sauver la vie ?
Et j’ai réalisé dans le silence de la voiture qu’au-delà de la personnalité publique de Noam, l’intellectuel des intellectuels, qui s’appuyait sur les faits et la raison pour soutenir son argumentation, il y avait un être humain très sentimental. Pour Noam ces paysans laotiens étaient des êtres humains, avec des noms, des visages, des rêves, avec autant de droit à la vie que ceux qui les bombardaient. Pour beaucoup de ces journalistes de passage, pour ne pas parler des États-uniens en général, ces villageois laotiens étaient des « non personnes » sans visage, dont la vie n’avait de toute façon aucune importance.
Lorsque je suis retourné aux États-Unis Noam et moi sommes restés en contact pendant toute la durée de la guerre. J’ai été encore plus impressionné par Noam lorsque j’ai commencé à lire son travail et j’ai réalisé que personne d’autre n’avait écrit de façon si détaillée, de façon si logique, de façon si pénétrante, aussi bien à propos des horreurs de la guerre que du système qui les produisait. Mais ce qui m’a encore le plus impressionné avec Noam – tout comme pour son ami Howard Zinn – c’est qu’en plus des écrits et des discours ils s’exposaient physiquement pour faire opposition à la guerre.
Noam et Howard faisaient partie de mon groupe d’amis lors des manifestations du 1er mai, des milliers de personnes avaient été arrêtées et nous nous sommes trouvés dans des cellules voisines à Washington à la suite des actions de désobéissance civile de Redress. J’ai aussi vu Noam être l’un des dirigeants de Resist, une organisation qui défendait les objecteurs de conscience contre l’engagement militaire et qui promouvait le non paiement des impôts pour s’opposer à la guerre. Ne fût-ce l’Offensive du Têt ils se seraient retrouvés devant les tribunaux. Il s’était exprimé contre la guerre à partir de 1963, avant que la plupart d’entre nous en aient même entendu parler. Il a reçu des menaces de mort et a dû faire face à pas mal d’autres problèmes – à tel point que son épouse Carol est retournée en cours pour pouvoir travailler au cas où il arriverait quelque chose à Noam qui l’empêcherait de maintenir leurs trois enfants.
Lorsque la guerre finit j’ai pris une décision fatidique. Au lieu de m’opposer au prochain épisode des horreurs provoquées par les dirigeants états-uniens, j’ai décidé de travailler au pays pour essayer de remplacer nos dirigeants par une nouvelle génération de dirigeants qui s’étaient opposés à la guerre et qui défendaient la justice sociale. Les quinze années suivantes j’ai donc travaillé sur les questions de politique intérieure – avec Tom Hayden et la Campagne pour la démocratie économique, comme conseiller du gouverneur Jerry Brown, dans le think tank du sénateur Gary Hart, à la direction de Rebuild America, recevant les conseils des meilleurs économistes et des plus grands hommes d’affaires états-uniens.
Je n’avais que des contacts sporadiques avec Noam pendant cette période, en partie parce que nos points d’intérêt divergeaient nettement. Il a continué à écrire de nombreux articles et des livres et de donner des conférences. Il s’est opposé à la criminelle politique états-unienne au Timor oriental, aux guerres terroristes de Reagan en Amérique centrale, à la désastreuse politique économique de Clinton en Haïti et dans d’autres pays du tiers-monde, aux bombardements du Kosovo ; en plus du sujet qui semble le passionner : le soutien états-unien à Israël qui opprime les Palestiniens. Ces sujets ne faisaient pas partie de mes centres d’intérêt, concentré que j’étais sur les questions électorales et la politique intérieure, comme l’énergie solaire ou le développement d’une stratégie économique nationale.
Lorsque je regarde en arrière aujourd’hui, je réalise l’importance d’un facteur inconscient : Je tendais à éviter Noam parce que j’imaginais qu’il me considérerait comme quelqu’un d’immoral ayant renoncé à sauver des vies pour préférer entrer dans ce système si corrompu. Je me suis trouvé dans des dialogues imaginaires avec lui, me trouvant sur la défensive, essayant de justifier ce que je faisais – ce qui était devenu difficile dans le mesure où mes efforts dans la politique électorale ont été vains, et je me trouvais beaucoup plus égoïste que pendant la guerre.
Plus de dix ans après, je me trouvais à Boston et j’ai appelé Noam. Il m’a chaleureusement invité à passer chez lui et nous avons conversé un moment. Je lui ai finalement demandé ce qu’il pensait du choix que j’avais fait de m’engager dans la politique électorale. Je lui ai également dit que je me trouvais alors chez un ancien ami de gauche qui travaillait pour une grande banque qui m’avait dit ce matin-là qu’il ne voulait pas rencontrer Noam parce qu’il imaginait que ce dernier le lui reprocherait. Noam était vraiment choqué par l’anecdote. « Pourquoi donc ? Nous sommes tous compromis », dit-il. « Regarde mon cas. Je travail au MIT, qui a reçu des millions du ministère de la Défense. » Il semblait vraiment perplexe, choqué parce que mon ami et moi avions pu penser qu’il nous aurait dénigré pour ce que nous faisions.
Ces dernières années j’ai été en contact régulier avec Noam, principalement par courrier électronique. Mais je suis aussi resté dix jours chez lui avant l’hommage rendu à Howard Zinn le 3 avril 2010. C’était très émouvant pour nous deux, particulièrement pour Noam, qui était très lié à Howard, et cette visite m’a beaucoup marqué.
J’ai globalement trouvé le même Noam que j’avais connu quarante ans plus tôt. Aucun intérêt pour les conversations oiseuses. Grande modestie. Grande contrariété devant le refus des intellectuels et des journalistes états-uniens de prendre position contre les crimes de guerre des dirigeants du pays. Les grandes thèmes moraux de notre époque. Un type sympa, qui me propose de me ramener d’un meeting à Cambridge, ou qui va chercher quelques courses au supermarché pour notre repas.
J’ai demandé à Noam comment il vivait le fait d’être en permanence critiqué parce qu’il s’intéresse principalement aux crimes commis par les dirigeants états-uniens et non pas à ceux d’autres pays. Il m’a dit que cela était normal dans la mesure où il est citoyen états-unien et les dirigeants états-uniens ont commis davantage de crimes à l’étranger depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Effectivement, et j’ai relevé qu’il y a beaucoup d’intellectuels et de journalistes qui critiquent les dirigeants étrangers, alors que très peu ne s’avisent de critiquer les crimes commis par leurs propres dirigeants.
Et, tout comme quarante ans auparavant, j’ai été particulièrement frappé par sa constante activité. Il passait presque tout son temps à lire, à écrire, à donner des interviews sur place ou au téléphone, à parler. Et avec cette générosité qu’on lui connaît il répond à un flot ininterrompu de courriers électroniques – parfois durant cinq ou six heures par jour.
J’ai également découvert qu’il continue de parler partout aux États-Unis et dans le monde, si bien que son agenda est déjà rempli plusieurs années à l’avance. À 82 ans il conserve un emploi du temps qu’une personne quarante ans plus jeune ne pourrait pas supporter.
Son ascétisme m’a frappé également. Lorsque je lui ai téléphoné j’ai réalisé qu’il avait toujours le même numéro de téléphone et qu’il vivait dans la même banlieue modeste que quarante avant. Il porte des jeans, et il ne s’intéresse quasiment pas à l’alimentation ou aux biens matériels. Il reçoit des visites de sa famille ou d’amis, voilà tous ses loisirs.
Un soir j’ai été particulièrement troublé, lorsque nous dînions, je pensais à l’énorme distance qu’il y a entre ce que Noam sait des massacres que nos dirigeants commettent dans le monde et ce que les gens savent. J’ai soudain pensé au Winston Smith du « 1984 » d’Orwell, qui n’a guère d’espoir de changer la société et qui se limite à essayer de rester en bonne santé et à coucher la vérité sur le papier dans l’espoir qu’un jour les générations futures en soient informées. J’ai dit à Noam que pour moi il était comme Winston Smith.
Je me souviendrai toujours de sa réaction. Il m’a regardé. Et il a sourit tristement.
Noam peut être très dur à l’encontre de ceux qui soutiennent les guerres états-uniennes, mais il est encore plus dur envers lui-même. Une fois j’ai raconté que j’avais interrogé un militant de toute une vie avec qui nous étions tous les deux en bons termes, je lui ai demandé s’il avait des regrets sur la vie qu’il avait eue. Notre ami a répondu qu’il aurait dû passer davantage de temps avec sa famille, et qu’il aurait dû donner suite à certains de ses projets en dehors de la politique. « As-tu des regrets ? », ai-de demandé à Noam Chomsky. Sa réponse m’a frappé. S’adressant plus à lui-même qu’à moi : « Je n’en ai pas fait assez ».
Une autre fois j’ai demandé à Noam quelle satisfaction il ressentait d’avoir écrit tant de livres, d’avoir fondé une nouvelle branche de la linguistique, d’être si influent dans le monde. « Aucune », a-t-il répondu d’un air contrarié, ajoutant qu’il n’avait pas réussi à faire comprendre le traitement barbare que les dirigeants états-uniens réservent aux non personnes dans le monde. Il ressentait un sentiment de frustration, par exemple, dû au fait que la plupart des gens ne comprennent pas que les assassinats de centaines de milliers de personnes innocentes commis par nos dirigeants et la destruction de la société sud-vietnamienne signifiaient en fait que nos dirigeants avaient gagné la guerre d’Indochine, parce que la possibilité d’un modèle économique et social alternatif à celui des États-Unis avait été éliminée.
Un soir comme je montais l’escalier pour aller à ma chambre j’ai jeté un coup d’œil dans le bureau de Noam. À la maison il passe sont temps assis dans une grande chaise devant son ordinateur ; et sa posture ressemble beaucoup à celle d’un moine bouddhiste en méditation.
Et cela m’est venu soudain. Soudain j’ai réalisé. « Ainsi Noam a vécu, comme je l’ai fait assez brièvement durant la guerre, pendant ces quarante dernières années. Il a travaillé des journées entières, lisant, écrivant, donnant des conférences, sans gaspiller une minute, dans un effort de concentration pour essayer d’arrêter les massacres commis par les États-Unis, pour forcer les gens à entendre la voix des non personnes ».
Et je suis bien embêté de dire que j’ai ressenti un grand amour pour lui à ce moment-là. Depuis que j’avais entendu parler du « Mahatma » Gandhi, je me demandais ce que l’expression « grand esprit » signifiait réellement. Et à ce moment-là j’ai compris. Si être un « grand esprit » c’est de répondre à la souffrance des sans voix, et d’engager tout son esprit, son corps et son âme pour essayer de la réduire, j’en avais enfin rencontré un. La tradition juive le dit de façon différente, dans la légende des 36 Justes qui, chacun à un moment donné, sans en être conscient, assurent la survie de l’humanité. Si Noam n’est pas l’un de ces 36, je me suis demandé, qui l’est ? Je me suis souvenu des personnes qui ont comparé Noam à des prophètes de l’Ancien Testament, comme Amos ou Jérémie, lesquels avaient aussi dénoncé les dirigeants corrompus de leur temps et dont nous avons oublié les noms.
Bien que certains pourraient être en désaccord avec certaines positions de Noam ces quarante dernières années, j’ai senti à ce moment, dans cet escalier, que de telles controverses semblent sans intérêt pour apprécier qui il est et ce qu’il représente. Cependant que, comme tout le monde, je m’étais parfois intéressé aux cris des victimes innocentes des guerres états-uniennes, Noam avait continûment été à leur écoute.
Lorsque je me trouvais chez Noam il a reçu la visite de la fameuse auteure indienne Arundhati Roy qui, comme tant de personnes en dehors des États-Unis, partout dans le monde, ressent un grand respect, de l’admiration et de l’amour pour lui. J’ai compris ce qu’il représente pour elle, lorsque j’ai lu ces mots qu’elle a écrits dans le chapitre « La solitude de Noam Chomsky » : « Chomsky révèle le cœur impitoyable de la machine de guerre états-unienne... capable d’annihiler des millions d’êtres humains, des civils, des militaires, des femmes, des enfants, des villages, des écosystèmes entiers – recourant à la violence avec une précision scientifique. Lorsque le soleil se couchera sur l’empire états-unien, comme cela se produira, comme ça doit arriver, le travail de Noam Chomsky demeurera... En tant que personne qui pouvait être une sale asiate, comme sale asiate en puissance, pour une raison ou pour une autre, presque tous les jours j’ai l’occasion de penser ’’Chomsky Zindabad’’ (’’Vive Chomsky ! ’’) ».
Je me demande pourquoi Chomsky est si affecté par la souffrance des victimes des dirigeants états-uniens. Cette dernière décennie je me suis intéressé de près à la psychologie, laquelle considère que l’explication de notre comportement se trouve globalement dans la façon de faire face aux traumatismes de notre enfance, notamment quand nous apprenons que nous allons mourir au cours de notre vie adulte. Et je pense à ce que cela signifie pour la personne de Noam Chomsky.
J’ai appris que nos vies sont largement déterminées par les défenses inconscientes que tôt nous développons contre les douleurs émotionnelles. Et il est clair pour moi qu’une clé pour comprendre Noam c’est que pour une raison ou pour une autre il a moins de défense que nous autres contre les douleurs du monde. Il n’a pas de « peau ». Il est tourmenté, comme je l’étais au Laos par la souffrance des « non personnes » – et il travail sans interruption pour tenter d’y mettre fin.
Et inversement c’est lorsqu’il se trouve avec eux qu’il se sent vraiment vivant et les sentiments intimes jaillissent de son être intellectuel.
Lorsque je me trouvais chez lui j’ai demandé à Noam qui il admirait le plus dans le monde. Il a répondu en disant qu’il s’est récemment rendu chez des paysans colombiens qui luttent dans des zones rurales pour protéger la jungle de la déforestation. Noam a passé plusieurs journées à discuter avec eux, faisant des enregistrements de leurs récits, prenant connaissance de leur grande souffrance et leur grand courage. Lors de sa dernière visite ils sont montés au sommet d’une colline et là les chamans ont dirigé une cérémonie pour qu’une forêt soit dédiée à Carol. Je ne l’avais jamais vu si ému, si vivant, depuis son séjour au Laos quarante ans plus tôt.
Je me suis souvenu récemment de Noam pleurant dans un camp de réfugiés au Laos et je me demande une fois de plus pourquoi il est comme ça. Qu’est-ce qui dans son enfance ou durant sa vie pourrait donner une explication ? Il est cependant difficile de trouver une réponse satisfaisante. Noam non seulement néglige les considérations d’ordre privé, il s’intéresse peu aux explications psychologiques ou spirituelles du comportement humain. Bien qu’il admette que la thérapie ait été utile pour des personnes qu’il connaît il considère les tentatives d’explication du comportement humain comme autant de « récits ». Il pense qu’il y a trop de variables impliquées pour comprendre l’être humain, pour appréhender l’esprit humain – pour ne pas parler de l’impossibilité de mener des expériences qui pourraient donner des réponses scientifiques.
Et on peut imaginer qu’il considère que le temps passé à ces « récits » est du temps perdu alors que tant de vrais êtres humains souffrent et la construction de mouvements de masse est le seul espoir qui puisse les sauver.
Si assez de personnes parmi nous avaient travaillé comme Noam pour obliger les dirigeants états-uniens à arrêter les massacres et l’exploitation ces quarante dernières années, après tout, beaucoup de gens auraient été sauvés, et les États-Unis et le monde seraient non seulement plus riches, plus pacifiques et plus justes, mais en plus on serait pas aujourd’hui en train d’avancer vers la fin de la civilisation provoquée par le changement climatique. Noam pense que la principale responsabilité sur ce point revient au système qui est mu par les considérations à court terme des grandes entreprises qui voient le changement climatique comme une « externalité », soit un problème dont quelqu’un d’autre doit s’occuper. Il est clair que le problème c’est que trop peu de personnes, moi compris bien entendu, réagissent de façon appropriée face à la probabilité de la mort de la civilisation.
Et finalement je réalise que la question importante n’est pas pourquoi Noam réagit de cette façon à la souffrance de personnes innocentes sur la planète. La question importante c’est pourquoi tellement de personnes ne font pas de même.
Le 18 juin 2012
Fred Branfman
Traduction : Numancia Martinez Poggi

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30 juin 2012 6 30 /06 /juin /2012 11:17

 

Voilà après avoir exprimé mon dégoût pour la réaction de Mélenchon niant Theodorakis à la première solicitation d'une droite qui n'est souvent philosémite que parce que cela fait partie des oripeaux du politiquement correct et que le sionisme de droite entre bien dans une ligne compatible avec la sienne, il m'aura fallu lire le texte de Theodorakis pour qu'enfin s'impose à moi ce mot que je cherchais pour qualifier l'attitude de Mélenchon : abjecte...

Et notre colonel Parachute en cravate à fait très fort, puisqu'il a même menacé de porter plainte contre ceux qui l'accusaient de fréquenter Theodorakis !!! Voici donc cet homme que Mélenchon ne connait pas.

 

Dire la vérité dans la gueule du loup

Detruire un homme !                      

Réponse de Mikis Théodorakis à ses détracteurs
   
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Je suis Grec et fier de l’être, car nous sommes le seul peuple en Europe qui, pendant l’occupation allemande (1941-1944), non seulement n’a pas exercé de poursuites contre les Juifs mais, au contraire, les a aidés à vivre et à survivre avec tous les moyens dont nous disposions.
À l’époque, J’étais moi-même partisan de l’Armée populaire de Libération et je me souviens que nous avions pris sous notre protection de nombreuses familles de Juifs Grecs, que nous nous sommes souvent battus contre les SS pour les sauver et beaucoup d’entre nous l’ont payé de leur vie.
Plus tard, j’ai composé le cycle “Mauthausen” que, notamment en Israël, l’on considère quasiment comme un hymne national. J’ai ressenti une des plus grandes émotions de ma vie quand, dans les années 80, il m’a été accordé de diriger cette œuvre sur le site du camp de concentration de Mauthausen, tout d’abord chantée en grec par sa première interprète, Maria Farantouri, puis en allemand par Gisela May et en hébreu par la chanteuse israélienne, Elinoar Moav. Je l’ai dirigée une fois encore sur ces lieux et, depuis lors, l’œuvre enregistrée est diffusée sans interruption sur le site du camp.
En 1972, j’ai bravé le boycottage européen et j’ai donné des dizaines de concerts en Israël, des moments que je qualifierais d’historiques en raison des liens d’amour mutuel qui nous unissaient.
À cette même époque, Yigal Allon, alors Vice-Premier ministre du gouvernement israélien et Ministre de l’Éducation et de la Culture, m’a confié une première mission, celle de transmettre un message de paix à Arafat au nom de son gouvernement. C’est dans cette intention que je l’ai rencontré à Beyrouth et, à cette occasion, j’ai donné une conférence de presse dans une salle. Un groupe de fanatiques Palestiniens avait décidé de m’abattre, car il me considérait comme un complice des Juifs. C’est Arafat lui-même qui me l’a dit le lendemain avec, à ses côtés… le groupe de mes assassins en puissance. Qu’est-ce qui m’a sauvé ? Mon amour authentique pour les deux peuples martyrs : les Juifs et les Palestiniens.
«Quand on t’a entendu pendant la conférence de presse», m’ont-ils dit, « on a compris que nous nous trompions». Qu’est-ce que j’avais dit au cours de la conférence de presse ? «Le conflit qui vous oppose ne sera pas résolu par les armes, mais par la compréhension mutuelle. De l’autre côté, il y a des hommes ordinaires qui vous ressemblent, simples et travailleurs, capables d’aimer et qui, comme vous, aiment leur famille et leur pays. C’est eux que vous devez trouver, parce que c’est avec eux que vous pourrez vivre dans la paix».
Arafat m’a dit : «Tu as chanté les Juifs et tu as eu raison, car eux aussi c’est un peuple tourmenté. Comme nous. Alors, s’il te plaît, écris une chanson pour nous aussi…». C’est ainsi que j’ai écrit aussi un chant pour le peuple palestinien qui est devenu son Hymne national.
Bien plus tard, à l’occasion de la remise du prix Nobel de la Paix à Rabin (Israël) et à Arafat (Palestine), l’orchestre symphonique d’Oslo avec, en soliste, l’interprète finlandaise Arja Saijonmaa a joué “Mauthausen” en hommage à Israël et le chant que j’avais composé, reconnu comme Hymne National, en l’honneur du peuple palestinien. Ce moment symbolique suffit à démontrer la place que j’occupe dans l’esprit et dans les cœurs des deux peuples.
Je suis souvent allé en Israël, en Palestine et au Liban et c’était chaque fois la paix, l’amitié, la coexistence et la coopération entre ces deux peuples martyrs qui occupaient mes pensées. En tant que Grec, je me sens proche d’eux, comme si nous appartenions à la même famille. Et pourtant, pour certains fanatiques d’un côté comme de l’autre, je suis la cape rouge agitée devant le taureau.. Pourquoi ? Parce que j’ai la franchise et le courage de dire la vérité et de la dire même dans la gueule du loup. Ainsi, quand je suis en Palestine je m’exprime ouvertement et publiquement contre les fanatiques qui me haïssent et, quand je suis en Israël, je fais de même en critiquant tout aussi ouvertement et publiquement les fanatiques qui, en raison de la diaspora juive présente dans tous les pays du monde, ont la possibilité de transformer leur haine en venin et en mensonges monstrueux.
Dans mon opéra «les Métamorphoses de Dionysos» (dont j’ai écrit aussi le livret), il y a une scène où des Juifs sont déportés par des SS dans des camps d’extermination. Il s’agit d’un moment crucial de l’œuvre, d’une condamnation du Nazisme qui dévoile d’une façon très humaine, l’affliction psychique et intellectuelle que je ressens devant les souffrances des Juifs.
D’ailleurs, la dénonciation du racisme et la défense de ses victimes ont guidé mes décisions et mes actes tout au long de ma vie. Une vie jalonnée de poursuites qui m’ont souvent poussé jusqu’au seuil de la mort.

Donc, me qualifier de raciste et d’antisémite n’est pas une simple calomnie, mais l’expression de la pire bassesse morale, issue le plus souvent de cercles proches d’organisations et d’individus opérant dans la mouvance du Néonazisme et auxquels la crise a permis de relever la tête pour nous menacer et –incroyable, mais vrai– nous accuser, eux, d’….antisémitisme en utilisant un arsenal de mensonges et de déclarations insidieuses!

Il suffit de dire, par erreur manifeste, dans une interview de trois heures «antisémite» au lieu de «antiraciste», et on s’empare d’une seule et unique phrase dont on isole un mot, brandi comme un étendard, tout simplement pour servir l’intention de m’incriminer. Combien d’années était-on aux aguets pour une simple erreur ? Le mot «antisémite» correspond-il vraiment à ce qui suit ? «J’aime le peuple juif avec lequel nous avons vécu et souffert en Grèce pendant des années et je hais l’antisémitisme». Je suppose que mes différents ennemis se sont bien gardés de citer ces paroles. Et pourtant, c’est EXACTEMENT la phrase qui suit. Ce n’est pas quelque chose que je viens d’inventer, après-coup, en guise d’alibi. Il en EST ainsi et il est facile de le prouver de façon incontestable en écoutant TOUTE la phrase, exactement comme je l’ai prononcée et non pas en la tronquant comme l’ont voulu mes adversaires.
Peut-être va-t-on se demander pourquoi et comment certains persistent à vouloir discréditer un ami si fidèle d’Israël et des Juifs et tentent de me faire passer à tout prix pour un antisémite. (De qui parle-t-on ? De quelqu’un qui a connu les sous-sols de la Gestapo pour les sauver !)…
Toutefois, la réponse est finalement simple : beaucoup de mes amis juifs sont d’accord avec moi. Certains sont d’accord avec moi,-même s’ils vivent en Israël, donc dans la tourmente quotidienne des évènements. Alors, si les simples citoyens du peuple d’Israël entendent mes idées, telles qu’elles sont réellement exprimées, ils « risqueraient » (selon mes ennemis, bien sûr) d’être d’accord avec moi, en pensant que la solution du problème ne se trouve pas dans la violence et les armes, mais dans la coexistence et la paix. Ce qui ne plaît pas du tout à mes adversaires car, bien sûr, j’ai –à plusieurs reprises– totalement désapprouvé la politique de l’État d’Israël et j’ai exprimé ce désaccord avec force et de la façon la plus claire et la plus catégorique (comme je fais toujours). Pour ne pas courir le risque que ces citoyens se rangent à mes opinions, ils ne doivent pas les entendre. Et quelle est la meilleure et la plus sûre façon de procéder pour arriver à ses fins ? Et bien, leur tactique habituelle : me coller «l’étiquette» d’antisémite, de sorte qu’aucun Juif, où qu’il se trouve, ne veuille plus entendre non seulement mes idées, mais même mon nom. 

Et maintenant, particulièrement en France où brusquement on «s’est souvenu» d’une interview donnée il environ un an et demi, il existe -de toute évidence- une autre raison: porter atteinte à la Gauche. Leur prétendu «argument» (qui est totalement mensonger) est que son leader, M. Mélenchon me connaît et que, par conséquent…il a des amis antisémites ! Toutefois, la vérité –malheureusement pour eux– est évidente et je pense que tout homme animé de bonnes intentions peut s’en rendre compte.
Donc, même si après la lecture de ce qui précède, certains persistent encore à me faire passer pour quelqu’un que je n’ai jamais été et que, bien sûr, je ne suis pas, le doute n’est plus permis. Tout est fait sciemment pour servir d’autres finalités, car ma foi inébranlable dans la paix et la coexistence de ces deux peuples martyrs dérange plus d’un.

Athènes, le 15 juin 2012
Mikis Théodorakis
[Traduit du grec par Arlette Manoli]
Source : Médiapart
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26 juin 2012 2 26 /06 /juin /2012 08:12

 

 

Nous avons pu constater que le terrain qui a permis de fomenter le coup d'état contre Lugo avait été balisé par un quotidien local ABC Color dont le propriétaire Zucolillo, proche de l'ancien dictateur Stroessner est également dirigeant de lasociété interamèricaine de presse,la SIP, il est donc intéressant d'en savoir un peu plus sur cette agence, voici donc quelques renseignements pour se faire une idée... une petite pièce du grand puzzle.

Rappelons au passage que le groupe Zucolillo est également le partenaire principal de Cargill au Paraguay et que tout ce "beau monde" possède des villas à Miami ce haut lieu  d'où les oligarques conspirent rêvant de la contre-révolution en Amérique latine et montant les sales coups qui tentent de la mettre en action.

 

 

Le cartel de la désinformation en Amérique se donne rendez-vous à Cadix

Les médias espagnols ont lancé au vol une campagne pour annoncer que se tiendrait à Cadix la réunion annuelle de la Sociedad Interamericana de Prensa (SIP), dont l’ouverture serait réalisée par le président du Gouvernement en présence du Prince des Asturies, ce qui est triste c’est que cette réunion apparaîtra comme une réunion de journalistes, ce qui est faux, totalement faux.

La SIP est une association de propriétaires, éditeurs et directeurs de quotidiens, périodiques et agence de presse d’Amérique. Ses membres dans leur majorité ne sont pas des journalistes, encore que quelques-uns l’aient été et se soient reconvertis en hommes de confiance des actionnaires de 1 300 périodiques et revues qui composent cette organisation. En plus, ils vont essayer de présenter la SIP comme une organisation de défense des libertés démocratiques et qui s’efforce de lutter pour le droit à l’information.

Un autre mensonge, vu qu’ils ne sont certainement pas des défenseurs de la véritable liberté de la presse, vu qu’ils la considèrent comme la liberté qu’ils prennent de se réserver le monopole de l’information. Pour savoir qui ils sont et comment agit ce cartel de l’information, qui se retrouveront en Espagne ce mois-ci, il existe de la documentation, mais jalousement occultée par eux-mêmes, c’est pourquoi je pense qu’il n’est pas inutile de faire un bref récapitulatif de leur histoire.

Sans doute, quoique fort improbable, si quelqu’un  de la Maison Royale s’enquerrait du passé et du présent de la SIP il pourrait douter qu’il convienne que l’héritier de la Couronne se compromette avec des gens de cette espèce.

Le Fondateur

L’édifice qui abrite le siège de la SIP se trouve dans le Sud-Ouest de la Troisième Avenue de Miami et porte le nom de son fondateur, Jules Dubois, qui était colonel du renseignement militaire nord-américain, reconverti en correspondant du Chicago Tribune en Amérique Latine au service de la CIA.

C’est que la SPIP naquit d’une opération du renseignement étasunien pour se rivaliser avec l’agence panaméricaine préexistante et dans laquelle se retrouvaient des journalistes et périodiques indépendants. Les responsables de cette opération, ceux qui posèrent les bases du fonctionnement  de la SIP et de son orientation idéologique furent les agents de la CIA, Jules Dubois et Joshua Powers, ainsi que le fonctionnaire du Département d’Etat étasunien Tom Wallace. Le dénommé Dubois apparaît dans la fresque fort connue du peintre Mexicain Diego Riviera « Glorieuse victoire », réalisée en condamnation de l’invasion du Guatemala par la CIA et l’entreprise bananière United Fruit en juin 1954. Dans cette œuvre Dubois apparait en compagnie du Secrétaire d’Etat de l’époque, John Foster Dulles, frère ainé de Allan Welsh Dulles, ex président de la United Fruit et premier directeur civil de la CIA en 1953.

Le dictateur Carlos Castillo Armas, imposé par les envahisseurs avaient été élève de Dubois dans l’académie militaire de Panama, connue comme l’Ecole des Amériques, une “école de torture” qui a eu comme élèves notables les militaires Léopold Galtieri, Augusto Pinochet et Hugo Banzer, jugés pour crimes contre l’humanité. Jusqu’à sa mort Dubois a présidé la commission pour la liberté de la Presse et de l’information, colonne vertébrale de la SPIP.

Fuente: Yvke Mundial/Crónica Popular

Los Cárteles de la Desinformación Inician Reunión en España

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25 juin 2012 1 25 /06 /juin /2012 10:23

 

 

 

 

Pourquoi ont-ils renversé Lugo ?


Il y a quelques minutes la farce achevait de se consommer : le président du Paraguay Fernando Lugo a été destitué de sa charge par un jugement plus que sommaire par lequel le Sénat le plus corrompu des Amériques – et ce n’est pas peu dire ! – le déclara coupable de « mauvais accomplissement » de ses fonctions en ce qui concerne les meurtres qui se sont produits dans l’expulsion d’une finca à Curuguaty.

Il est difficile de savoir ce qui pourra se produire de plus ici. Ce qui est certain, comme le disait l’article de Idilio Mendez qui accompagne ce billet, la tuerie de Curuguaty était un piège monté par une droite qui, depuis que Lugo assume le pouvoir, attend le moment propice pour en finir avec un régime qui,  malgré qu’il n’ait pas affecté ses  intérêts, ouvre un espace aux protestations sociales et à l’organisation populaire incompatible avec sa domination de classe.

Malgré les multiples avertissements de nombreux alliés, à l’intérieur comme à l’extérieur du Paraguay, Lugo ne s’est pas dédié à la tâche de consolider la force sociale, constituée d’une multitude hétérogène, qui avec un grand enthousiasme l’avait élevé à la Présidence en Août 2008. Son soutien au Congrès a été absolument minime, un ou deux sénateurs au maximum ; et seule la capacité de mobilisations qui se manifestait dans les rues pouvait conférer la gouvernabilité à sa gestion. Mais il ne le comprit pas et au long de son mandat se succédèrent de multiples concessions à la droite ignorant qu'il aurait beau la favoriser toujous plus, jamais elle n’accepterait sa présidence comme légitime.

Les gestes de concession envers la droite n’ont eu pour effet que de la conforter plutôt que de la neutraliser. Malgré ces concessions Lugo fut toujours considéré comme un intrus dérangeant, même alors  qu'il promulgua les lois antiterroristes - plutôt que d’y opposer son véto - qu'à la demande de « l’Ambassade » (US Ndt), le congrès le plus corrompu des Amériques approuva. Une droite qui en principe agit toujours en accord avec Washington pour empêcher entre autres choses, l’entrée du Venezuela dans Mercosur. Lugo se rendit compte trop tard de ce que signifiait le « démocratique » dans l’institution  de l’état capitaliste qui le destitua dans un simulacre de jugement politique violant toutes les normes relatives à ce processus. Une leçon pour le peuple du Paraguay et pour tous les peuples d’Amérique Latine et des Caraïbes : seules une MOBILISATION ET UNE ORGANISATION POPULAIRE soutiennent les gouvernements qui souhaitent impulser un projet de transformation sociale, aussi modéré soit-il, comme ce fut le cas de Lugo. L’oligarchie et l’impérialisme jamais ne cessent de conspirer et d’agir, et quand il semble qu’ils sont résignés c’est une apparence tout à fait trompeuse, comme cela vient de se confirmer il y a quelques minutes à Asuncion.

Source : La Historia Del Día

 

Monsanto réalise un coup d’état au Paraguay

Les morts de Curuguaty et le jugement politique de Lugo

Idilio Méndez Grimaldi (*)

 

Qui est derrière cette sinistre farce ? Les promoteurs d’une idéologie qui met en avant le profit économique à n’importe quel prix et, d’autant plus, meilleur c’est,, maintenant et dans le futur. 

Le vendredi 15 juin 2012, un groupe de policiers qui allaient accomplir un ordre d’expulsion dans le département de Canindeyu à la frontière du Brésil, fut pris en embuscade par des francs-tireurs, mêlés à des paysans qui réclamaient des terres pour leur survie. L’ordre avait été donné par un juge est une procureure afin de protéger un latifundiste. Le résultat fut 17 morts, 6 policiers et 11 paysans, ainsi que des dizaines de blessés graves. Les causes : le gouvernement laxiste et timoré de Fernando Lugo a fait preuve d’une faiblesse croissante et extrême, dérivant toujours d’avantage vers la droite, au point d’être soumis à la justice politique d’un Congrès dominé par la droite ; dur revers pour la gauche et pour les organisations sociales et paysannes, accusées par l’oligarchie des propriétaires terriens de semer l’agitation chez les paysans ; une avancée pour l’agro bizness extractiviste aux mains de transnationales comme Monsanto, au moyen de la persécution des paysans et  la confiscation des leurs terres et, finalement l’installation d’une plateforme commode pour les oligarques et leurs partis de droites pour leur retour triomphal au pouvoir exécutif lors des élections de 2013.  

Le 21 octobre de 2011, le Ministère de l’Agriculture et l’Elevage, dirigé par le libéral Enzo Cardozo, autorisa illégalement la semence de coton transgénique de Monsanto Bollgard BT de la compagnie étasunienne de biotechnologie Monsanto, pour ses plantations commerciales au Paraguay. Les protestations des paysans et des organisations de défenses du milieu ambiant ne se firent pas attendre. Le génome de ce coton est mélangé avec celui de Bacillus Thurigensis, une bactérie toxique qui tue quelques-unes des pestes du coton, comme les larves du picudo, un coléoptère qui pond dans les boutons des fleurs du textil.

Le Service National de Qualité et Santé Végétale et des Semences, SENAVE, autre institut de l’état paraguayen, dirigé par Michel Lovera, n’a pas inscrit cette semence dans les registres de cultures n’ayant pas reçu d’instructions du Ministère de la Santé et du Secrétariat du Milieu Ambiant, comme l’exige la législation.

Campagne médiatique

Pendant les mois suivants, Monsanto, par l’intermédiaire de l’Union des Corporation de Production, UGP étroitement lié au Groupe Zucolillo, qui publie le quotidien ABC Color, attaqua SUNAVE et son président pour n’avoir pas inscrit la semence transgénique de Monsanto permettant son usage commercial dans tout le pays.

Le compte à rebours définitif semble avoir été donné par une nouvelle accusation lancée part une pseudo syndicaliste de SENAVE, du nom de Silvia Martinez, qui le 7 juin passé, à travers ABC Color, accusa Lovera de corruption et népotisme dans l’institution qu’il dirige,. Martinez est l’épouse de Roberto Caceres, représentant technique de différentes entreprises agricoles, et parmi elles Agrosan, récemment acquise pour 120 millions de dollar par Syngenta, autre transnationale, toutes membres de la UGP

Le jour suivant, le vendredi8 juin, la UGP publia dans ABC, 6 colonnes : « Les 12 arguments pour détruire Lovera »(1) Ces arguments présumés furent présentés au vice-président de la République, coreligionnaire du Ministre de l’Agriculture, le libéral Frédérico Franco, qui à ce moment assumait la présidence à la place de Lugo en voyage en Asie.

Le vendredi 15 courant, à l’occasion d’une exposition annuelle organisée par le Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage, le ministre Enzo Cardozo laissa échapper un commentaire devant la presse à propos d’un supposé groupe d’investisseurs de l’Inde, du secteur agrochimique, qui abandonneraient un projet d’investissement au Paraguay à cause de la présumée corruption de SENAVE<. Mais il ne mentionna jamais de quel groupe il s’agissait. C’est pendant ces heures, ce jour-là, que se déroulèrent les évènements tragiques de Curuguatay.

Sous l’égide de l’exposition préparée par le Ministre cité, la transnationale Monsanto présenta une autre variété de coton, doublement transgénique BT et RR, résistant au Round Up, un herbicide fabriqué par, et sous brevet de Monsanto. La transnationale Nord-Américaine prétendait faire breveter cette semence transgénique au Paraguay, ainsi qu’elle l’avait déjà fait en Argentine et dans d’autres pays du monde.

Préalablement à ces faits, le quotidien ABC Color dénonça systématiquement pour des faits présumés de corruption la ministre de la Santé, Ezperanza Martinez et le Ministre du Milieu Ambiant, Oscar Rivas, deux fonctionnaires qui ne rendirent pas une expertise  favorable à Monsanto.

Monsanto factura l’année passée 30 millions de dollars, libres d’impôts, (parce que cette partie de ses revenus n’est pas déclarée) seulement sous forme de royalties pour l’usage des semences transgéniques de soja au Paraguay. Tout le soja cultivé est transgénique sur une surface qui avoisine les 3 millions d’hectares, avec une production d’environ  7 millions de tonnes en 2010.

D’autre part,  à la Chambre des Députés, un projet de Loi de Biosécurité a déjà été globalement approuvé. Ce projet prévoit la création d’une direction générale de la biosécurité à charge du Ministère de la culture, avec toute latitude pour approuver la commercialisation et mise en culture de toutes les semences transgéniques, ce qui est déjà fait pour le soja, le maïs, le riz, le coton et d’autres cultures. Ce projet de loi prévoit le remplacement du Comité de Biosécurité actuel, qui est une entité collégiale de fonctionnaires techniques de l’état paraguayen.

Et pendant que ce produisaient tous ces évènement, la UGP préparait un acte de protestation nationale contre le gouvernement de Fernando Lugo pour le 25 juin prochain. Il s’agissait d’une manifestation avec des machines agricoles, fermant une partie des routes en différents points distincts du pays. Une des revendications du dénommé « tratorazo » est la destitution de Miguel Lovera de SENAVE, ainsi que la libéralisation de toutes les semences transgéniques pour la culture commerciale.

Les connexions

La UGP est dirigée par Hector Cristaldo, appuyé par d’autres apôtres comme Ramon Sanchez – qui fait commerce dans le secteur de l’agrochimie – entre autres agents des transnationales de l’agro bizness, Cristaldo fait partie du staff de différentes entreprises du Groupe Zuccolilllo, dont le principal actionnaire est Aldo Zuccolillo, directeur propriétaire du quotidien ABC Color depuis sa fondation sous le régime de Stroessner, en 1967. Zucolillo est le dirigeant de la société Interaméricaine de presse SIP.

Le groupe Zuccolillo est le partenaire principal, au Paraguay, de Cargill, une des plus grandes transnationales de l’agro bizness du monde. La société a construit un des ports semencier les plus importants du Paraguay, dénommé PORT Union à 500 mètres de la prise d’eau de l’entreprise des eaux de l’Etat du Paraguay, sur le Rio Paraguay, sans aucune restriction. ( ?)

Les transnationales de l’agro bizness au Paraguay ne payent pratiquement pas d’impôts, grâce à la grande protection qu’elles reçoivent du congrès, dominé par la droite. Le montant de l’impôt au Paraguay est d’à peine 13 % de la valeur du PIB. 60 % des impôts récoltés par L’état du Paraguay proviennent de la Taxe sur la Valeur Ajoutée, la TVA. Les propriétaires terriens ne payent pas d’impôts. L’impôt Immobilier représente à peine O,O4 % de la totalité des impôts, quelques 5 millions de dollars, selon une estimation de la banque mondiale (2) alors que l’agro bizness produit des revenus qui correspondent à 30 % du PIB ce qui représente 6 000 millions de dollars annuels.

Le Paraguay est un des pays qui connait une des plus grandes inégalités dans le monde. 85 % des terres soit 30 millions d’hectares sont dans les mains de 2 % de propriétaires (3) qui se dédient principalement à la production éxtractiviste ou dans le pire des cas à la spéculation sur la terre.

La majorité de ces oligarques possèdent des villas à Punte del Esto à Miami et entretiennent d’étroites relations avec les transnationales du secteur financier, qui conservent leur bien mal acquis dans les paradis fiscaux où leur sont facilités les investissements à l’étranger. Tous, d’une manière ou d’une autre ont d’étroites relations avec l’agro bizness et dominent le spectre politique national, avec de larges pouvoirs d’influence sur les trois pouvoirs de l’état. Là règne la UGP, appuyée par les transnationales du secteur financier et de l’agro bizness.

Les faits de Curuguatay

Curuguatay est une ville située à l’est de la Région orientale du Paraguay, à quelques 200 km de Asuncion, capitale du Paraguay. Non loin de de Guruguatay se situe la estancia Morambi, appartenant au propriétaire terrien Blas Riquelme, avec plus de 70 mille hectares en ce lieu. Riquelme vient de la mouvance de la dictature de Stroessner (1954 – 1989) sous le régime duquel il bâtit une immense fortune, allié avec le général Andres Rodriguez, qui exécuta le coup d’état qui renversa le dictateur Stroessner. Riquelme qui fut président du parti Colorado pendant de nombreuses années et sénateur de la République, qui est propriétaires de plusieurs supermarchés et établissements d’élevage s’est approprié par des subterfuges légaux aux environs de 2 000 hectares qui appartenaient à l’état Paraguayen .

Cette parcelle fut occupée par les paysans sans terre qui ont sollicité son attribution au gouvernement de Lugo. Un juge et une procureure ont ordonné l’expulsion par le groupe des opérations spéciales GEO de la police nationale dont une majorité des membres d’élite avaient été entrainée en Colombie, sous le gouvernement de Uribe, pour la lutte contre-insurrectionnelle.

Seul un sabotage interne de la part des cadres de l’intelligence de la Police avec la complicité du Ministère Public explique l’embuscade dans laquelle moururent 6 policiers. Il est incompréhensible que des policiers hautement entraînés sous l’égide du Plan Colombie puissent tomber facilement dans un piège tendu soi-disant par des paysans comme veut le faire croire la presse dominée par les oligarques. Leurs camarades réagirent et criblèrent de balles les paysans tuant 11 d’entre eux, laissant 50 blessés. Parmi les policiers morts, il y a le chef du GEO le commissaire Erven Lovera, le frère du  colonel Alcides Lovera chef de la sécurité du président Lugo.

Le plan consiste à criminaliser, et conduire aux extrémités de la haine vis-à-vis de toutes les organisations paysannes pour forcer les paysans à abandonner la campagne à l’usage exclusif de  l’agro Bizness. C’est un processus lent et douloureux de « dépaysanisation » de la campagne Paraguayenne qui attente directement à la souveraineté alimentaire du peuple paraguayen, à la culture alimentaire du peuple paraguayen, qui sont les paysans producteurs et recréateurs de toute la culture ancestrale guarani.

Tant parquet ou le Ministère Public que le pouvoir judiciaire et la Police Nationale, ainsi que divers autres organes de l’Etat du Paraguay sont contrôlés par le moyen des conventions de coopération de USAID, l’agence de coopération des Etats-Unis.

L’assassinat du chef de la sécurité du président de la République est clairement un message direct à Fernando Lugo, qui lui dit que sa tête serait le prochain objectif, probablement à travers un jugement politique, lui qui a « droitisé » son gouvernement dans l’espoir de calmer les oligarques. Ce qui s’est passé à Curuguaty entraina la démission de Carlos Filizola le Ministre de l’Intérieur qui fut remplacé par Ruben Candia Amarilla qui est membre  du parti d’opposition Colorado, que Lugo renversa par les urnes en 2008, après 60 ans de dictature de couleur incluant la Tyrannie de Alfredo Stroessner.

Candia fut Ministre de la Justice du gouvernement coloré de Nicanor Duarte (2003-2008) et se reconverti comme procureur général de l’état pendant un temps, jusqu’à l’année passée, quand il fut remplacé par un autre coloré. Javier Dia Veron, à l’instance  de Lugo lui-même. Candia est accusé d’avoir promu la répression de dirigeants du mouvement paysan et de mouvements populaires. Sa nomination comme procureur général de l’Etat en 2005 fut approuvée par l’ambassadeur des EU de l’époque John F Keen. A Candia incombe la responsabilité d’un contrôle accru de l’USAID sur le Ministère Public et fut accusé par Fernando Lugo au début de son gouvernement de conspiration à son encontre dans le but de le renverser

Après avoir pris ses fonctions comme ministre politique de Lugo, la première chose qu’annonça Candia fut l’élimination du processus de dialogue avec les paysans qui occupent les propriétés. Le message est qu’il n’y aura pas de conversation, sinon l’application de la loi, ce qui signifie l’emploi la force policière répressive sans façons. Deux jours après que soit entré en fonction Candia Amarilla, les membres de la UGP, avec à leur tête Hector Cristaldo visitèrent le flambant Ministre de l’Intérieur, à qui ils demandèrent des garanties pour la réalisation du dit tractorazo. Toutefois, Cristaldo dit que l’utilisation  de la force pourrait être suspendue en cas de nouveau signal favorable pour la UGP (légalisation des semences transgéniques de Monsanto ; destitution de Lovera et d’autres ministres entre autres avantages pour le grand capital et les oligarques) droitisant encore d’avantage le gouvernement.

Cristaldo est précandidat à la députation pour les élections de 2013 pour un mouvement interne au parti Colorado, dirigé par Horacio Cartes, un entrepreneur qui dans un passé récent à fait l’objet d’une enquête des EU pour blanchiment d’argent et narcotrafic, selon les dire du ABC Color, qui se fit l’écho de différents télégrammes du Département d’Etat US, publié par WikiLeaks, dont un parmi eux faisait directement allusion à Cartes, le 15 novembre 2011

Jugement politique de Lugo

Au cours des dernières heures, pendant que se rédigeait cette chronique, la UGP,(4) quelques membres du Parti Colorado et les propres membres du Parti Libéral Radical Authentique, PLRA, dirigé per le sénateur Blas LLano et allié du gouvernement, menace Lugo d’un jugement politique pour le destituer en tant que président de la république du Paraguay.

Lugo dépend de l’humeur des Colorado pour poursuivre son mandat présidentiel, ainsi que de ses alliés libéraux qui à présent le menacent de jugement politique, certainement à la recherche de plus d’espace de pouvoir (argent) comme gage de paix. Le Parti Colorado, allié à d’autres partis minoritaires de l’opposition, détient la majorité nécessaire pour destituer le président de ses fonctions.

Peut-être qu’ils espèrent un signal favorable de Lugo que l’UGP – au nom de Monsanto, la patrie financière des oligarques – exige du gouvernement. Au cas contraire, ils passeraient à la phase suivante du plan de main mise sur ce gouvernement qui naquis progressiste et qui a dérivé lentement pour finir conservateur contrôlé par les pouvoir fantoches.

Entre autres choses que l’on peut lui attribuer, Lugo est responsable de l’approbation de la Loi Antiterroriste, proposée par les EU dans le monde entier depuis 11/O9/01. Il autorisa en 2010 l’implantation d’une Initiative Zone Nord, consistant en implantation et déploiement de troupes et de civils US dans le Nord de la région orientale – dans les narines du Brésil – supposés développer des activités en faveur des communautés paysannes

Le Front Guazu, coalition des gauches qui appuyait Lugo, n’a pas réussi à unifier son discours et ses membres perdirent la perspective de l’analyse du pouvoir réel, tombant dans les jeux électoraux de portée immédiate. Infiltrés par l’USAID, beaucoup de membres du Front Guazu qui participent à l’administration de l’état, succombent devant les chants de sirènes du consumérisme galopant du néolibéralisme. Ils se corrompent jusqu’au cou et dans la pratique se convertissent en émules vaniteux de  riches pleins de suffisance qu’ont intégré les récents gouvernements de droite du parti Colorado.

Curuguaty contient aussi un message pour la région, en particulier pour le Brésil, à la frontière duquel se produisirent les sanglants évènements, clairement dirigés par les seigneurs de guerre, dont les théâtres d’opération ont été l’Irak, la Libye, l’Afghanistan et à présent la Syrie. Le Brésil est en train de construire une hégémonie mondiale avec la Russie, l’Inde, la Chine, appelée BRIC. Cependant les EU ne cèdent pas dans leur pouvoir de persuasion au géant d’Amérique du Sud. Le nouvel axe commercial est déjà en marche intégré par le Mexique, Panama, la Colombie, le Pérou et le Chili. C’est un mur de contention pour les désirs expansionnistes du Brésil vers le Pacifique.

Pendant que Washington poursuit son initiative diplomatique au Brésil, tachant de convaincre le gouvernement de Dilma Roussef de resserrer les liens commerciaux, technologiques et militaires. Pendant ce temps, la 4ème flotte des EU réactivée il y a quelques années après avoir été hors service dès la fin de la seconde guerre mondiale, surveille tout l’Atlantique Sud, et vogue près du Brésil au cas où il ne comprendrait pas la diplomatie.

Et le Paraguay est un pays objet de dispute entre deux pays hégémoniques, dominé en cemoment largement par les UE. Pour cela Curuguaty est aussi un petit signe au Brésil, dans le sens ou le Paraguay peut se convertir en un brasier dont l’expansion  enflammerait lé sud-ouest du Brésil.

Mais par-dessus tout, les morts de Curuguaty sont un signal du capital,  du grand capital, de l’extractivisme exploiteur qui asservit la Planète et écrase la vie dans tous les recoins de la Terre au nom de la civilisation et du développement. Par chance, les peuples du monde donnent aussi des réponses à ces signaux de la mort, avec des signaux de résistances, avec des signaux de dignité et de respect de toutes les formes de vie de la planète.

1- http://www.abc.com.py/edicion-impresa/economia/presentan-12-argumentos-para--destituir-a--lovera-411495.html

2- Documento del Banco Mundial. Paraguay. Impuesto Inmobiliario: Herramienta clave para la descentralización fiscal y el mejor uso de la tierra. Volumen I: Informe principal. 2007.

3- Censo Agropecuario Nacional 2008.

4- http://www.abc.com.py/edicion-impresa/politica/productores-se-ratifican-en-juicio-politico-416196.html

 

(*) Periodista, investigador y analista. Miembro de la Sociedad d’Economie Politique du Paraguay. Auteur du livre “Les héritiers de Stroessner” 

 

Source : Monsanto golpea en Paraguay : Los muertos de Curuguaty y el juicio político a Lugo.( Texto PDF) « La Historia Del Día

Traduction Anne Wolff

 

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22 juin 2012 5 22 /06 /juin /2012 01:23

 

 

Un texte de Claude Guillon de 2010 tout à fait à l'heure de RIO :


Education nationale et propagande :

« DÉVELOPPEMENT DURABLE »

 

Je ne prétends pas révéler ici à mes lecteurs que l’Éducation nationale, en tant qu’institution, a pour rôle social d’inculquer des « valeurs » aux futurs citoyens. Cependant, même en toute connaissance de cause, il demeure fascinant d’observer en temps réel une campagne idéologique en train de s’élaborer dans les bureaux d’un ministère, avec ici l’ambition affichée de rayer certains mots du vocabulaire, ou au moins de les discréditer au profit d’autres jugés plus convenables. À qui ou à quoi doivent servir ces grandes manœuvres, voilà ce qui se lit fort clairement, entre les lignes de l’abondante production pédagogique des stratèges de l’Éducation. Nous y reviendrons en temps utile.

À l’intention des distrait(e)s auquel(le)s aurait échappé l’engouement pédago-ministériel pour le dit « développement durable », rappelons que le premier « plan triennal de généralisation de l’éducation à l’environnement pour un développement durable » a été lancé en 2004. Eh ! oui, six ans déjà, à l’heure où j’écris ces lignes, que les programmes scolaires, notamment ceux de sciences de la vie et de la Terre et d’histoire-géographie, puis de mathématiques, de sciences physique et de chimie l’intègrent explicitement. Un nouveau plan triennal, couvrant la période 2007-2010, a été lancé. Il concerne « l’éducation au développement durable ».


Saurez-vous, petits amis, repérer le mot qui a disparu du programme entre 2004 et 2007 ? Je vous laisse quelques secondes... Bravo ! C’est le mot « environnement ». Ne croyez pas qu’il s’agisse d’un hasard et encore moins d’un oubli. Il en sera question plus loin.

En 2007, le Bulletin officiel de l’Éducation nationale (n° 14, 5 avril) publie une circulaire du 29 mars de la même année. Le ministère estime que « Grâce au socle commun de connaissances et de compétences, le développement durable est désormais solidement ancré dans la base des savoirs fondamentaux ». Le socle en question inclut la connaissance de « l’impact sur l’environnement de nos activités techniques, [...] une attitude de responsabilité face à l’environnement, au monde vivant, à la santé » ; il présente le DD comme « un moyen de comprendre l’unité et la complexité du monde ». Comme dit Jean-Pierre Marielle dans Les Galettes de Pont-Aven, en présentant à la marchande de parapluies sa nouvelle collection : C’est appréciable.

L’EDD « doit former à une démarche scientifique et prospective, permettant à chaque citoyen d’opérer ses choix et ses engagements en les appuyant sur une réflexion lucide et éclairée. [...] Les sujets liés à l’environnement sont souvent surmédiatisés. L’Éducation nationale doit donc prendre toute sa place et apporter des explications s’appuyant sur des connaissances scientifiques avérées. »

On reconnaît ici, pour peu que l’on ait l’âge voulu, le discours type de réassurance scientiste pro-nucléaire. Ainsi le comité de scientifiques institué à la suite de l’accident survenu à la centrale nucléaire de Three Mile Island (États-unis) affirme-t-il en 1979 qu’une explosion de type nucléaire est hors de question dans une centrale et ajoute : « Il faut surtout éviter les informations contradictoires qui font douter globalement de leur validité » (Voir « Le réel et la fission », in De la Révolution). Comme la presse est par ailleurs bien utile pour distraire le gogo en lui assénant quotidiennement des informations infiniment diversifiées et contradictoires dans le détail, le plus sûr est d’instiller dans les jeunes cervelles des connaissances scientifiques avérées. Comme par exemple : les OGM ne présentent aucun danger, il ne s’est rien produit à Tchernobyl, etc.

L’inconvénient des plans triennaux est qu’ils ne durent que trois ans, ce qui en fait de « durabilitée » a un côté petit bras. Le ministère des Affaires étrangères et européennes lance donc, en 2008 et en partenariat avec celui de l’Éducnat, une « campagne sur les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) ». Ce qui vous a tout de suite une autre gueule !

Les huits objectifs du millénaire sont la « sensibilisation des jeunes au développement et à la solidarité internationale ; réduire l’extrême pauvreté et la faim [on s’occupera de la pauvreté dès le millénaire suivant] ; assurer l’éducation primaire pour tous ; promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes ; réduire la mortalité des enfants ; améliorer la santé maternelle ; combattre le VIH/Sida, le paludisme et d’autres maladies ; assurer un nevironement durable ; mettre en place un partenariat mondial pour le développement. »

Ouf !

La « campagne de sensibilisation » menée par le ministère des Affaires étranges s’intitule, je cite scrupuleusement : « 8 fois oui ».

Bon. Que penser d’un concept qui inclut à la fois de partager son goûter, de ne pas tirer les nattes de sa sœur et de mettre une capote au bon moment ? Cest un concept... Creux, bravo !

Ajoutez-y le « commerce équitable » et le tri des déchets pour faire bon poids, vous avez dans les mains une arme fatale (comme disent les marabouts), au croisement de l’instruction civique et de l’économie politique. « L’éducation au développement durable est un des éléments essentiels de la formation des futurs citoyens » affirme une note de service publiée dans le Bulletin officiel de l’Éducation nationale du 5 mars 2009.

Mais au fait, de quand date et d’où nous vient cette petite merveille ?

Le mensonge des origines

Eh bien voilà... Le Développement durable a été apporté à papa et maman par une cigogne venue de Norvège... En tout cas, elle parlait anglais ! Lisons plutôt, sur le site Éduscol où le ministère publie des fiches pédagogiques, un petit texte sous le titre de paragraphe « Le développement durable comme nouveau paradigme ».

Un paradigme (le mot vient du grec, via le latin et signifie « exemple ») c’est en gros un modèle. Et c’est la noble tâche des idéologues du ministère de vous accueillir, chers petits amis, dans ce nouveau paradigme du développement durable où coulent des ruisseaux de miel, et où les arbres donnent des pains au chocolat. Pas un serpent à l’horizon. L’espèce a été éradiquée.

Revenons à l’histoire de la cigogne qui parle anglais :

« “Sustainable developement” [je sais, chers petits amis, je sais, et vous savez, que le mot développement s’écrit en anglais development, sans “e” entre le “p” et le “m”, mais il serait peu charitable de se moquer des rédacteurs du ministère qui ont déjà, 8 fois oui, plein de choses à penser ; on aimerait bien vous y voir !] [1] l’expression est apparue à la fin des années 1980, popularisée par le rapport de la commission mondiale pour l’environnement et le développement, en 1987 : Le développement durable doit répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs et correspond aux devoirs des générations actuelles de transmettre un monde vivable, viable et reproductible [2] Communément [sic] admise depuis lors, cette formule définit le développement durable comme une tentative pour concilier l’efficacité économique, la qualité de l’environnement et le développement humain et social, qui en constituent les trois piliers ou sphères [euh...]. Avec le troisième pilier, le développement durable intègre également la dimension culturelle et les questions de gouvernance [sic]. »

Vous retiendrez au passage que la « gouvernance » est l’art de faire croire à l’utilité des gouvernements, des gouvernants et des gouverneurs.

On conviendra que cette soudaine « apparition » du DD tient du miracle marial [3]. C’est que les idéologues du ministère oublient, ou feignent d’oublier, que l’expression « développement durable » ne s’entend que s’il existe d’abord un « paradigme » du... développement, oui ! très bien Dédé. Tu suis, toi, au moins !

Or le développement lui-même n’est pas apparu « à la fin des années 1980 », mais quelques trente annés plus tôt !

Et voici comment [4].

Fin 1948, l’équipe du président américain Harry Truman, qui vient d’être réélu, prépare le discours d’investiture qu’il doit prononcer le 20 janvier 1949. Il doit annoncer la contribution des États-unis à la reconstruction de l’Europe via le plan Marshall, la poursuite du soutien à l’ONU et la création d’une nouvelle organisation de défense commune : l’OTAN. L’un de ses conseillers suggére d’ajouter à cette liste un quatrième point concernant « une extension aux nations défavorisées de l’aide technique [...] jusqu’ici accordée à certains pays d’Amérique latine. [...] Au lendemain du discours présidentiel, la presse américaine fit ses gros titres sur le “Point IV”. »

Truman plaide la pureté de ses motivations : « L’ancien impérialisme [il a donc existé !] - l’exploitation au service du profit étranger - n’a rien à voir avec nos intentions. Ce que nous envisageons, c’est un programme de développement fondé sur les concepts d’une négociation équitable et démocratique. » Si le sens aujourd’hui courant de « développement » apparaît dès le début du XXe siècle, on le trouve ici dans le voisinage des mots « équitable », que nous verrons accolé au mot « commerce », et « démocratie », mis à toutes les sauces. De plus, le texte du point IV parle d’aider « la croissance des régions sous-développées », et c’est, semble-t-il, l’une des premières apparitions publiques du concept de « sous-développement ».

« C’est, écrit Gilbert Rist dans un livre dont je recommande vivement la lecture Le Développement. Histoire d’une croyance occidentale (Presses de Sciences Po, 2001), cette innovation terminologique, qui modifie le sens du mot "développement" en introduisant un rapport inédit entre "développement" et "sous-développement". » [p. 121]

Ensuite (1980) viendra le paradigme de Dédé, je veux dire du DD, répété jusqu’à écœurement, je veux dire jusqu’à ce qu’il soit « communément admis ».

Gilbert Rist relève que le concept de « soutenabilité » (sustainability) se trouvait chez Malthus, mais concernait le rythme de renouvellement des espèces vivantes. Le rapport Brundtland pose lui la nécessité d’une relance de l’économie. « L’enjeu [de ce rapport], écrit Rist, n’est donc pas de réconcilier deux phénomènes antagonistes dans une synthèèse hégélienne qui les dépasserait l’un et l’autre, mais de faire croire à la nécessité du "développement" en lui atttribuant la valeur suprême que l’on reconaît à l’environnement. De ce point de vue, le "développement durable" apparaît comme une opération de camouflage. [...] Même si le leurre est séduisant, il ne faut pas s’y tromper : ce que l’on veut faire durer, c’est bien le "développement", non pas la capacité de l’écosystème ou des sociétés à le tolérer. » [p. 317]

De la vraie nature humaine

Il est un mot, chers petits amis, que vous ne trouverez nulle part dans les abondantes productions ministérielles sur le DD, c’est le mot « capitalisme ». Car, voyez-vous, le capitalisme, cela va sans dire.

Le capitalisme est la vraie nature naturelle de l’espèce humaine, ou sa seconde nature, comme vous voudrez. Sans le capitalisme naturel, tout irait de travers sur Terre : les pauvres mourraient de faim, les espèces disparaitraient par milliers et personne ne saurait quoi faire de son argent.

Les idéologues de l’Éducnat ne cherchent pas à prémunir vos enfantines cervelles contre les anticapitalistes. Cette espèce-là est censée avoir disparu, un peu après les dodos, tout comme l’extraction de la plus-value est aussi obsolète que celle de la houille.

...À moins que nos idéologues aient une évolution de retard. Car en effet, chers petits amis, ce contre quoi ces serviteurs zélés du système d’exploitation dont on ne doit pas prononcer le nom veulent vous prémunir, c’est l’écologie. Oui, ça fait ringard, mais c’est comme ça : « le développement durable marque une rupture par rapport aux discours des écologistes ». Le DD permet d’éviter bien des « pièges », par exemple « survaloriser la dimension environnementale et faire écho au catastrophisme ». Car il faut que vous le sachiez : le catastrophisme est une catastrophe pour le bon sens bourgeois, sauf quand il l’emploie lui-même.

« Ce serait, dit une fiche Éducsol sur le DD en classe de sixième, faire écho aux discours médiatiques, qui privilégient le catastrophisme au détriment d’une analyse globale. Si l’on n’y prend pas garde, cette approche peut se traduire dans l’enseignement par une démarche réductrice [on a eu assez de mal à se débarasser des Jivaros, c’est pas pour adopter leurs méthodes !] qui ne retiendrait que le côté dégradation et pollution effectuées à l’encontre d’une nature immuable. Le risque est grand de passer du développement durable à la défense de la nature, voire à l’écologie politique [je souligne]. Cela n’est pas l’objet de nos enseignements. »

Ainsi donc, même en pratiquant le DD depuis la maternelle, il n’est pas impossible de glisser, pour ainsi dire sans s’en apercevoir dans les ornières de l’écologie politique ! Cela ne fait-il pas froid dans le dos ?

Il faut dire aussi, sans vouloir les critiquer, on est humains après tout, et en rendant un hommage mérité à leurs efforts, que les enseignants sont un peu... Ah ! comment dire ça sans vexer personne ? Ils sont émotifs, voilà ! C’est un rapport de l’Inspection générale de l’Éducation nationale qui l’affirme [5].

« On peut espérer que l’effort de prise de distance vis à vis de l’affectif en SVT permettra de faire gagner à la biologie et aux géosciences en lisibilité et en crédit. » [p. 22]

« Il est certainement important de maîtriser la composante affective sans pour autant la nier. Sortir de l’affectif, des positions de type "défense de...", implique que l’on distancie, que l’on jugule les approches trop sensibles pour s’attacher au scientifique, au "comment", à la justification, à l’explication, susceptibles de fournir les supports rigoureux d’une argumentation. » [p. 13]

Ça n’est pas que tout se soit si mal passé...

« L’on voit dans les années 80-90 des projets remarquables par leur ouverture et leur richesse, souvent accompagnés par des professeurs de disciplines différentes. Mais le discours des professeurs présente souvent un caractère "militant", qui exprime des choix et culpabilise volontiers l’homme. Cette approche naturo-centrée se répand dans les médias ; elle tire une légitimité - du moins affective - dans une certaine représentation de "respect" de la nature. On dénonce par exemple les résultats négatifs scientifiquement établis de l’emploi excessif d’engrais, des pollutions. Ils sont attribués à des comportements irresponsables, souvent sans que la perspective historique ne permette de comprendre en quoi les choix de l’après-guerre n’étaient pas aussi ouverts qu’aujourd’hui. La révolution verte, pour répondre à l’exigence immédiate qui était de nourrir les populations, a fait avec ce qu’elle avait comme bagage scientifique et technique : la matière avec les engrais, et l’énergie avec la mécanisation ! En amalgamant sans prendre le recul nécessaire, science et jugement de valeur, on a souvent franchi la ligne de "l’enseignement des choix". » [p. 11]

Le rédacteur fait allusion à la formule dont se gargarisent les idéologues Éducnat : « "Éduquer au choix" et surtout pas "enseigner des choix" ». Ce qui signifie concrètement que la mission de l’enseignement est de faire adhérer les élèves à l’idée d’un progrès technique (soutenable), soit l’ancien mot pour « développement », modéré d’un peu d’écologie qui ne dit pas son nom. Le tout au nom du respect de la liberté de conscience individuelle.

« Se placer dans une perspective de développement durable induit un questionnement "anthropocentré" et non "naturo-centré". Ainsi, une question simple : "Comment protéger la forêt", centrée sur la forêt, devient-elle "Comment gérer la forêt aujourd’hui pour demain ?". Ainsi reformulée, la problématique intègre pleinement la responsabilité humaine et la dimension développement grâce à l’emploi du verbe gérer. La notion de durable (ou de "soutenable") est induite par la référence à "aujourd’hui" et "demain", regard porté vers les générations futures. Questionner ainsi, c’est aussi résolument lutter contre le catastrophisme. »

Or, le danger est partout. Par exemple dans des textes tirés de la presse étrangère et utilisés (mais est-ce bien innocemment ?) par des professeurs de langue.

« "L’autorité" du professeur de langues, en tant que professeur, peut aisément, par une curieuse distorsion [très curieuse, dirais-je], aboutir à faire passer sans précaution un "message", ce qui dans l’esprit est contraire à ce que l’on recherche en EDD, mais aussi tout simplement dans une École laïque. On peut penser par exemple aux doctrines de la "deep ecology" anglosaxonne, tellement éloignées de l’approche "développement durable" mais aussi de notre corpus légal qui n’est pas construit sur un "droit de la nature" mais bien sur un droit centré sur l’Homme. [...] On pense aussi aux nombreux textes concernant l’effet de serre, les OGM, qui nécessitent que le professeur de langue se fasse livrer quelques clés par les scientifiques compétents. » [p. 17]

Vous avez là, chers petits amis, un bel exemple d’« éducation au choix ». Au choix du ministère, cela s’entend.

« La disparition du E d’environnement dans le sigle initialement choisi d’EEDD (Education à l’environnement pour un développement durable) a pu faire croire à une éventuelle priorité de principe des critères économiques et a donc suscité des réactions d’inquiétude. Mais l’affirmation d’un "pilier environnemental" à côté des piliers économique et social dans le développement durable devrait suffire à rassurer. » [Introduction]

« Il ne s’agit certainement pas d’abandonner la prise en compte des paramètres "environnementaux". Le fait de faire sortir du sigle le "E" de environnement a parfois été mal compris [tsss !], perçu comme un abandon [non ?], voire une forme de négationnisme [arrête !], comme si ce choix amenait à négliger le poids d’enjeux spécifiques comme ceux liés à la biodiversité au changement climatique pour privilégier systématiquement les facteurs économiques. Tel n’est certainement pas le but. »

Euh, en fait, chers petits amis, comment dire... le but n’est certainement pas de vous faire connaîre le but.

D’ailleurs, il serait injuste d’accuser le ministère de privilégier d’ennuyeuses questions économiques, à l’heure où il fait disparaître (rentrée 2010) du programme d’économie de seconde ce qui concerne le chômage, la précarité, les discriminations à l’embauche, etc.

Bref, la situation s’améliore :

« Après une période d’explication, parfois d’inquiétude ou de scepticisme vis-à-vis d’un concept souvent flou et médiatisé de façon abusive et souvent sans discernement, on peut penser que la démarche "EDD" est en cours d’appropriation. [...] Le renforcement très net du message politique à l’échelon national, réaffirmant l’importance d’une mise en œuvre générale de l’EDD dans toutes ses dimensions, vient à point nommé. »

Voilà, chers petits amis, non pas ce qui vous attend, mais ce dans quoi vous êtes désormais enfonçés jusqu’aux yeux. Oh ! bien sûr, il y a et il y aura des mécontents, voire même des réfractaires. Comment l’éviter ? Ils seront dûment triés et recycliqués. C’est ici que, s’agissant des enseignants, les inspecteurs d’académie et les commissions de discipline joueront tout leur rôle. Quant aux élèves, les plus jeunes feront l’objet d’un suivi psychologique adapté, les autres devront, hélas, être, euh !... orientés. Ils seront orientés, voilà ! de manière à ne pas ébranler chez leurs camarades, chez vous, chers petits amis, la fragile confiance que le ministère de l’Éducnat aura réussi à créer dans le caractère incontestablement et oserais-je dire jovialement soutenable du capitalisme.

Contrairement à d’autres du même auteur, le texte ci-dessus n’a pas été jugé digne d’un signalement sur le site rezo.net.

[1] L’expression a d’abord été traduite en français par développement soutenable avant d’opter dans les années 1990 pour la traduction “développement durable”.

[2] « Notre avenir à tous », Rapport présidé (sic) par G. H. Brundtland en 1987, ministre norvégienne en charge de préparer le sommet de Rio ou « sommet de la Terre » en 1992.

[3] Marial, de Marie, mère supposée, et de surcroît supposée vierge, de Jésus.

[4] J’avais (un peu trop) rapidement évoqué cette question dans un texte de 2003 : « Insoutenable capitalisme. Sur le "développement durable" ».

[5] Une discipline dans l’éducation au développement durable : les sciences de la vie et de la Terre ; n° 2008-004, janvier 2008

 

Source : ÉDUCATION NATIONALE ET PROPAGANDE : LE « DÉVELOPPEMENT DURABLE »

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