25 décembre 2011 7 25 /12 /décembre /2011 20:10

 

 

William Blum : L’Irak et la Libye étaient deux pays prospères et séculaires et nous les avons mis dans le même panier. J’ai fait une longue liste de ce que la population irakienne a perdu. [Vingt ans de bombardements étatsuniens, d’invasion, d’occupation et de torture ont abouti à la perte de leurs maisons, leurs écoles, leur électricité, leur eau potable, leur environnement, leurs quartiers, leur archéologie, leurs emplois, leurs techniciens, leurs entreprises, leur santé physique et mentale, leur système de santé, leur système de protection, leurs droits des femmes, leur tolérance religieuse, leur sécurité, leurs enfants, leurs parents, leur passé, leur présent, leur avenir, leurs vies... plus de la moitié de la population est soit morte, mutilée, en prison ou en exil à l’étranger... Leur air, leur sol, leur eau, leur sang et leurs gènes sont imprégnés d’uranium appauvri... les enfants naissent avec d’abominables déformations... des bombes à fragmentation n’attendent qu’un enfant pour exploser...] Je l’ai publié dans ma lettre d’information mensuelle, The Anti-Empire Report.

 


 

Extrait de De l'inhumanité des guerres de l'Empire - 

 

Ce qui rend encore plus intolérable ces incontestables destructions, c'est de voir la meute des démocrates de gauche et des experts improvisés en appeler à de nouvelles ingérences, à de nouveaux massacres, à la destruction irréversibles d'autres contrées, d'autres Peuples. De plus en plus de Peuples nous haïssent de plus en plus intensément... et je ne puis que les comprendre.

Les soldats de l'Empire ne meurent plus tant de blessures physiques que de l'intolérable mémoire d'être complices et acteurs de génocides Nous n'avons plus de Ministère de la défense mais des Ministères de l'Ingérence et de la destruction massive.

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25 décembre 2011 7 25 /12 /décembre /2011 16:30

 

L’état.C’est étrange tout de même, des flics, des militaires, des membres de différents secteurs de la fonctions publique attendent le versement de leurs salaire ou de diverses primes qui leur sont dues. Et quand ils interrogent leurs banquiers, ceux-ci attribuent le retard à un problème informatique. Comme il s’agit de banque différente, il faut en déduire que les programmeurs sont des incompétents Plus honnête la réponse qui annonce que le budget 2011 est épuisé et qu’il faudra attendre 2012 pour apurement du contentieux.

Les banques. A côté de cela des manœuvres transparentes, retenue de fonds qui permettent au banques de spéculer avec l’argent de leurs clients… de petits montants pour chaque personne individuellement concernées, mais des sommes importantes quand on en fait la somme. Les cas se multiplient de personnes au compte pourtant approvisionnés qui se sont vu refuser  la libre disposition de leur bien. Limitations mises au retrait d’argent liquide…

La zone Euro. Malgré l’annonce de la fin imminente de l’euro, se multiplient les fonds de soutien et de renflouement qui vont chercher l’argent directement dans la poche des populations…. Comme si avant d’annoncer la mort définitive de l’euro, il fallait d’abord saisir jusqu’au dernier cent des populations. Quant à la mise en gage de l’or des Français, il aurait été beaucoup moins hasardeux d’aller jouer cet argent à la roulette, on peut prévoir avec un très grand degré de certitude que les français viennent de faire don de leur or aux créanciers qui sont derrière le FMI.

La faim, le froid. Braquage de surgelés ou de boucherie à la kalachnikov, dépeçage de vaches à même les prairies, multiplication des mains qui se tendent vers vous à chaque coin de rue pour demander l’obole de quelques cents, détour pour éviter le sans-abri qui dort sur le trottoir. Pas de place en suffisance dans les refuges d’hiver pour ceux toujours plus nombreux qui n’ont pas de logement. Regards qui se détournent pudiquement ou hypocritement pour éviter de contempler la misère qui envahit nos villes.

La haine. Cette mamelle de l’extrême-droite se répand comme une traînée de poudre. LE FN en hausse constante dans les sondages. Alors que des néo-nazis décomplexés multiplient les coups de violence sans que ce développe une réaction à la mesure de cette dérive. Et le discours stupide d’acrimonie et de stigmatisation de ceux qui jouissent à l’idée de pouvoir participer incessamment à ma mise à mort des boucs émissaires. Chers voisins et amis, aller vous courir le risque de vous taper la honte de voir l’égérie de la haine relookée sortir victorieuse du premier tour des élection présidentielle ? De voir ceux qui font la honte de la France aux yeux des étrangers s’emparer de l’arsenal liberticide et mortifère préparé par une présidence dont la fonction principale semble être plus que jamais de préparer le nid douillet et tout chaud, dans lequel l’extrême-droite n’a plus qu’à se glisser. Avez-vous réalisé que tout est prêt pour que une fois le pouvoir en main, l’extrême-droite jouirait aussi de l’arsenal lui permettant de massacrer toute tentative d’opposition et de résistance dans la plus parfaite légalité ?

La guerre civile. Conséquence de ce qui précède… j’ai vécu longtemps en France, et je sais qu’il y a dans ce pays des forces vives qui préfèrent la mort à l’esclavage et qui se battront jusqu’à leur dernier souffle pour la liberté. Je garde ma confiance dans ceux des habitants de ce pays qui sont les héritiers de ce que la France à de plus essentiel, enfants du berceau de la reconnaissance des droits humains de liberté, de bonheur, de dignité. Que ces habitants soient des français d’origine ou ceux qui sont venus dans ce pays parce qu’il symbolisait pour eux ce respect de l’humain pour chaque autre humain, indépendamment de ces origines de classe ou de culture.

La milice. Ne plus payer ses policiers, pousser au suicide, à la démission voir révoquer les policiers qui se sont engagés dans ce métier difficile avec un idéal de défense des valeurs liées au respect des humains entre eux, gardiens de la paix. Promouvoir les forces de la répression qui sont des vecteurs puissants de la montée de la violence et de l’insécurité. Brader la fonction d’agent de la police au profit d’une milice qui n’aura pas la formation requise et donc dangereux pour soi, mais surtout pour les autres, comme chaque fois que le pouvoir est entre des mains incompétentes, c’est aussi ouvrir la porte à ceux qui y verront là l’occasion d’assouvir leurs pulsion de haine et de violence en toute légalité, sans ce contrôle de soi qui demande plus que 10 jours de formation…. Transformer des vétérinaires en médecins au rabais, déjà cela interpelle…. Mais former des policiers en 10 jours, c’est la mort d’un métier.

La noblesse. En finir avec toutes les aristocraties décadentes pour retrouver les valeurs de noblesse de cœur, d’intelligence, de solidarité, de dignité et d’honneur qui  font que tous agissent pour le bien de chacun. Inventer, créer, découvrir, apprendre, partager les connaissances indispensable pour réparer les dégâts commis par des irresponsables.

La résistance. Réveillez-vous peuples d’Europe… Enfants de la vieille Europe, ne laissez pas les adolescents immatures de la néo-colonisation d’outre-Atlantique vous imposer les valeurs d’un peuple immature qui veut tout, tout de suite et sans contrepartie. (cela pour mettre mon petit grain identitaire)… Refusez l’acculturation qui nie et détruit notre héritage, ouvrons-nos cœurs, nos âmes nos intelligences à tous ceux qui sur cette planète mènent le combat de la paix et ont réalisé la symbiose entre les apports de leurs cultures ancestrales et ce message de dignité, de respect, lancé à nos ancêtres, défendu par certains au prix de leur vie, du renoncement. Personnellement je dis non à l’acculturation Coca-cola et oui à la multi culturalité mise en commun de ce que nous avons chacun de meilleur pour (re)construire le monde auprésent.

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25 décembre 2011 7 25 /12 /décembre /2011 09:40

 

Un article intéressant  par les informations qu'il apporte même si je ne partage en rien les conclusions de ses auteurs... Que l'UE se dirige vers une Europe des régions, que la Belgique soit le maillon faible,et que cette régionalisation qui se profile à l'horizon coïncide avec la mise en place d'une dictature et une fascisation, les faits se multiplient qui avalisent cette théorie. Mais d'en déduire que toute forme de régionalisation est d'emblée à rejeter, je trouve que c'est aller un peu vite en besogne...

La Belgique est au bord de la division, nous avons enfin un gouvernement, mais son programme est fragile et les nationalistes flamands ont imposé comme plan B ...la division de la Belgique... qu'une dictature  'venue d'en haut" s'installe en Europe, oui... les règlements et les lois liberticides s'accumulent et les confiscation des biens des Peuples jettent de plus en plus de personnes dans la misère, les états sont en faillite... l'or de la France mis en gage, il y aurait eu moins de certitude de le perdre en le jouant à la roulette...

Que la première guerre globale soit à l'oeuvre  , que nous vivions aujourd'hui sur une poudrière avec des pyromanes en action... chaque jours de nouveaux évènements le confirment... Que le fascisme soit de plus en plus omniprésent et agissant sans rencontrer de réelle résistance, cela aussi. pas besoin d'extra-lucidité pourle constater..

Mon intime conviction reste cependant que si nous réchappons à l'horreur qui vient, la solution impliquera la primauté du local, d'une organisation à échelle humaine, des petits noyaux autogérés et des échanges intenses dans un monde multipolaire. La guerre civile généralisée est à présent une menace tangible. La Grèce donne l'exemple d'un mouvement de retour vers les campagnes où il est plus facile d'assurer sa subsistance.

Alors un retour vers les Âges Moyens ? Sans doute, mais pas vers la fin de cette ère, période-de la croissance des villes qui conjugue centralisation du pouvoir de l'église et de l'état. Plutôt la période mosaïque qui précède, diversités locales ancrées dans le territoire, renaissance du monde rural, créativité technique florissante et la fin, enfin de toute féodalité au plus grand profit de la libre détermination des personnes et des collectivités.... et mondialisation des échanges de connaissances, de compétences que chacun puisse puiser dans le vivier des savoirs, patrimoine de l'humanité, pour restaurer un petit bout de planète.... Internet est vraiment un magnifique outil pour ,permettre une priorité du local qui ne soit pas un repli frileux, mais l'invention d'un monde à échelle humaine dans lequel puisse coexister sans trop de frictions les sensibilités parfois très différentes de ses habitants avec des liens et des échanges intenses fonctions des affinités, des complémentarités en toute bonne logique d'horizontalité, rhizome avec ces centres de résonance, zones autonomes permanentes.

Anne

PS : en ce qui concerne les Âges Moyens, je vous invite à jeter les manuels d'une histoire écrite comme un chemin inéluctable  vers le totalitarisme technocratique triomphant et qui ne consacrent souvent à ce millénaire riche de possible que quelques pages disqualifi.

 

 

 

Régionalisme, sécessionnisme, fédéralisme : l’Europe de Leopold Kohr, projet d’un fascisme universel

 

 

par Karel Vereycken

Introduction

Si je vous disais que je viens de découvrir qu’il existe un complot fasciste pour gommer de la carte des grandes nations comme la France ou l’Allemagne, je pense que peu d’entre vous me prendront au sérieux. D’abord le mot « fasciste » est excessif et la notion de complot n’est pas politiquement correcte. Pourtant, les passages que je viens de découvrir du livre  La décomposition des Nations  écrit par Léopold Kohr vers 1945 et publié en 1957 ont balayé mes réticences, car elles m’ont donné, et vous donneront, je l’espère, un peu la chair de poule.

Peu connu en France, ce théoricien politique autrichien y expose d’abord pourquoi, selon lui, il est nécessaire de dépecer les grandes nations et ensuite sa stratégie pour y arriver. Avec le recul du temps, on pourrait observer que Kohr ne s’est trompé que sur un seul point, car quand il posait (en 1945) la question « Le fera-t-on ? », sa réponse était : « Non ! On ne le fera pas ! » Cependant, on constate que depuis 50 ans, jour pour jour, par étapes, le projet de Léopold Kohr, est sournoisement mis en œuvre devant nos yeux et l’éclatement tragi-comique de la Belgique, avec lequel on rigole beaucoup à l’étranger, risque de s’avérer une phase importante dans un projet mondial qualifiable de fasciste.

Qui est Léopold Kohr

Kohr est né en 1909 près de Salzbourg en Autriche et meurt en Angleterre en 1994. Diplômé de sciences politiques à Vienne, il fuit les nazis et se retrouve à la London School of Economics -véritable  Science-po  du monde anglo-saxon-à une époque où un autre autrichien Friedrich Von Hayek y cristallise l’opposition au « trop social » prôné par le directeur de l’école, le grand fabien et disciple des Webb, Lord Beveridge. Un de ses professeurs d’alors, dont il tire une partie de son inspiration, est le redoutable Henry Calvert Simons, qu’on retrouvera lors de la fondation de la société du Mont Pèlerin en Suisse, et qui sera l’homme qui se chargera de former l’économiste ultra-libéral et père du monétarisme à Chicago, Milton Friedman, futur conseiller de Margaret Thatcher et du dictateur chilien Augusto Pinochet.

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Leopold Kohr (1909-1994)
Ensuite, lors de la guerre civile d’Espagne, Kohr travaille comme correspondant free-lance pour le New York Times, et se forge la réputation d’un combattant anarchiste anti-totalitaire, rejetant aussi bien le fascisme que le communisme. Il partage le bureau d’Hemingway et fait la connaissance d’un certain Eric Blair -mieux connu sous le nom de George Orwell-, ancien fonctionnaire de la police impériale anglaise en Birmanie et délateur à la botte de l’Information Research Department du ministère de l’intérieur britannique, tout en écrivant, avec un plaisir pervers, des livres comme  1984  où il dénonce  Big Brother ...
Les objectifs de la décomposition
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La décomposition des nations
En 1941, Kohr publie dans le magazine d’inspiration catholique new-yorkais The Commonweal son article « Disunion Now » [La désunion maintenant : un plaidoyer pour une société basée sur de petites unités autonomes], où l’on retrouve en embryon la substance de sa thèse.

Dans le débat parmi les élites anglo-américaines -qui commençaient à planifier des structures de gouvernance pour Europe de l’après-guerre qu’ils conçoivent essentiellement comme des garde-fous contre le nationalisme allemand et français- Kohr amorce son analyse à partir de la spécificité de la confédération helvétique. Il constate que bien qu’il existe plusieurs langues en Suisse (l’allemand, le français, l’italien), l’existence d’une multitude de 22 cantons permet d’empêcher toute domination d’un bloc linguistique sur un autre, « créant ainsi la condition préalable » d’un équilibre. « La grandeur de l’idée suisse, donc, » dit-il, « est la petitesse de ses cellules [les cantons] qui en sont le garant. » « Il faut se diviser pour mieux s’unir », nous dit-on. Si la défense du Kleinstaat, le petit état, amena Kohr à dire que « Chaque fois que quelque chose va mal, quelque chose est trop gros », son ami et disciple Fritz Schumacher reprendra à son compte le célèbre dicton de Kohr « Small is Beautiful » avec lequel on lavera le cerveau de toute une génération de baby boomers écolos.

Pour l’Europe d’après-guerre, Kohr exige dans son article que la « technique suisse et non seulement l’apparence de son résultat » soit appliquée :

« Ceci consistera dans la division de trois ou n’importe quel nombre de bloc inégaux, en autant de parties plus petites qu’il sera nécessaire, pour éliminer toute prépondérance numérique conséquente. C’est-à-dire qu’il faudrait créer 40 ou 50 états également petits au lieu de 4 ou 5 inégalement grands. » Sinon, dit-il, ceci, par le fait même qu’il y aura 80 millions d’Allemands contre 45 millions d’Italiens et autant de Français, finira par « une hégémonie allemande de façon tout aussi inévitable que la fédération allemande [de Bismarck], dans laquelle 24 petits états liés à la puissance d’une Prusse de 40 millions d’habitants, s’est terminé par l’hégémonie prussienne. »

« La suggestion, donc, consiste à diviser l’Allemagne dans un certain nombre d’états de sept à dix millions d’habitants ». Bien que, « avec la tendance naturelle de toutes les choses vivantes, l’Allemagne se réunirait à moins que toute l’Europe ne soit cantonisée en même temps. La France, l’Italie et la Russie doivent être divisées aussi. » Ainsi, « c’est seulement en découpant entièrement le continent européen qu’il sera possible d’éliminer honorablement l’Allemagne ou tout autre grande puissance sans avoir à infliger à aucune l’anathème d’un nouveau Versailles. »

Et c’est là que les masques tombent, car nous constatons bien que Kohr offre, devant ses maîtres anglais, une stratégie de domination politique.

Comment faire accepter ce projet ?

Ensuite, Kohr révèle dans le chapitre 10 de  La décomposition des Nations  sa stratégie pour faire accepter un tel dépècement des nations. Il constate que si les tyrans peuvent dépecer les pays par la force et par la guerre, « la guerre n’est heureusement pas le seul moyen par lequel on peut diviser les grandes puissances ».

Cependant, Kohr ne croit guère que l’on puisse convaincre une grande nation d’abandonner sa puissance :

« Englouties dans un marais d’émotivité infantile et attachant une valeur phénoménale au fait qu’elles sont grandes et puissantes, elles ne peuvent être persuadées d’opérer leur propre dissolution. Mais, étant infantiles et émotionnelles, on peut les y amener par la ruse. Alors, qu’elles rejetteraient leur division, si elle leur était présentée comme une exigence, elles pourraient tout à fait la désirer, si on la leur offrait sous l’apparence d’un cadeau. Ce cadeau serait : la représentation proportionnelle dans les instances dirigeant l’union fédérale dont elles font partie. L’acceptation de cette offre ne causerait rien moins que leur disparition finale. »

Et il rajoute :

« La France - pour illustrer la technique de division sur un pays qui s’accroche avec une ténacité particulière aux concepts de pouvoir et de gloire-ne consentirait jamais à être partagée en ses régions historiques originelles. Mais elle n’objecterait certainement pas à une invitation à être représentée dans les corps représentatifs du Conseil de l’Europe, par, disons, vingt délégués votants comparés avec, disons, un délégué du Luxembourg, trois délégués du Danemark et cinq délégués chacun de la Belgique et des Pays-Bas. »

Les petits pays seraient évidemment furieux de voir s’officialiser une situation qui est pourtant leur « désagréable condition réelle ». Ils n’accepteront cette règle que, dit Kohr, si « les vingt membres de la délégation française étaient élus, non nationalement, mais régionalement... » « Un tel changement » (...) « provoquerait la dissolution finale de la France. » Pour y arriver, la sous-division de la France en une vingtaine de « district conseil-européens ne serait pas suffisante » et donc un fort fédéralisme s’impose comme étape intermédiaire « vers l’intégration couronnée de succès dans une plus grande organisation internationale. »

Kohr cite ici ce que pensait son professeur à la London School of Economics, Henry C. Simons :

« Une grande vertu du fédéralisme ou de la décentralisation extrême dans de grandes nations est qu’il facilite leur extension vers l’organisation mondiale ou leur absorption dans de toujours plus grandes fédérations. Si les gouvernements centraux étaient, comme ils devraient l’être, en grande partie les dépositaires de pouvoirs non exercés, tenus simplement pour empêcher leur exercice par les unités constitutives ou des organisations extragouvernementales, alors l’organisation supranationale serait facile sinon presque gratuite. En fait, une telle décentralisation ou désorganisation de grande nation est à la fois la fin et les moyens de l’organisation internationale. »

La France acceptera-t-elle un tel projet ?

Se pose alors, la question de comment convaincre des grands pays à renoncer à leur puissance. En particulier la France, acceptera-t-elle un tel projet ? Pour Kohr :

« La réponse est oui, et pour différentes raisons. En premier lieu, (...) la division serait présentée sous forme d’un cadeau. » Egalement, puisque les pouvoirs gouvernementaux ne seront pas enlevés, « aucun sentiment patriotique ne serait blessé. Le changement révolutionnaire serait d’un caractère purement interne. Ce serait une destruction par laquelle rien qui compte ne serait détruit. Ce serait une élimination sans victimes. Il n’y aurait aucune loi étrangère, aucune occupation étrangère, aucun changement du commerce ou de quoi que ce soit sauf dans le fait que le gouvernement et la souveraineté se seraient soudainement rapprochés de l’individu, le dotant dans la sphère plus petite des nouvelles unités souveraines d’une dignité et d’une importance qu’il ne possédait pas précédemment. Il trouverait cela charmant, et non désagréable. »

Aldous Huxley, dont Orwell suivait les cours, n’avait-il pas dit qu’ « il y aura dès la prochaine génération une méthode pharmaceutique pour faire aimer aux gens leur propre servitude, et créer une dictature sans larmes, pour ainsi dire, en réalisant des camps de concentration sans douleur pour des sociétés entières, de sorte que les gens se verront privés de leurs libertés, mais en ressentiront plutôt du plaisir... »

Notez ici que Kohr, lorsqu’il suggère en 1945 la création d’un Conseil Européen avec siège à Strasbourg, cette institution n’existait pas encore. Il faut attendre le Congrès de La Haye de 1948, dirigé par Winston Churchill, qui, devant Raymond Aron, Denis de Rougemont, Coudenhove-Kalergi et Mitterrand parmi d’autres, y lançait un appel vibrant pour la création des « Etats-Unis d’Europe ». L’accord de La Haye deviendra en 1949 le traité de Londres... Ensuite, le livre de Kohr sortira en librairie en 1957, l’année de Spoutnik et l’année de la fondation des Communautés Economiques Européennes... Faisons l’Europe !

Northcote Parkinson et Freddy Heineken
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Cyril Northcote Parkinson(1909-1993)
Par la suite, un autre haut fonctionnaire de l’empire britannique, l’historien de la marine anglaise Cyril Northcote Parkinson (1909-1993), reprendra à son compte la thèse de Kohr. Si ce dernier voyait d’un bon œil la multiplication des administrations permettant à plein de gens de se penser importants, Parkinson y voyait le contraire, affirmant que les grands états créent d’énormes bureaucraties (sa « loi de Parkinson ») à l’opposé de petites entités sous la coupe de monarques qui eux savent gérer avec peu de personnel.

John Train, le banquier millionnaire new-yorkais qui a monté toute la campagne de dénigrement contre Lyndon LaRouche et son ami Jacques Cheminade en France, était un ami de « Cyril » en mémoire duquel il créa une fondation (rebaptisé récemment John Train Foundation) pour défendre la « libre entreprise ».

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Freddy Heineken
Ensuite, à un moment donné, le parcours de Parkinson a croisé celui du roi de la pub hollandais, le magnat de la bière Freddy Heineken (1923-2002), selon certains en bons termes avec François Mitterrand. Heineken raconte dans une lettre qu’après sa rencontre avec Cyril Northcote Parkinson, il décide d’engager une équipe de géographes hollandais pour redessiner la carte de l’Europe suivant les critères défendus par ce génie.

Quelques semaines après la signature des accords de Maastricht, Heineken publia d’ailleurs un pamphlet  Les Etats-Unis d’Europe (a Eurotopia ?)  où il préconise la division de l’Europe en 75 régions ou mini-états possédant une taille dite « optimale » d’environ 5 à 7 millions d’habitants, parfaitement fidèle à l’esprit de Kohr.

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La carte Heineken-Wesselink

Ce projet provoqua beaucoup de bruit. Heineken s’est même vu dans l’obligation de faire redessiner sa carte après que le gouvernement grec, consterné par la taille inquiétante qu’avait pris la Macédoine sur sa carte, déclara un embargo sur sa bière.... Certains serbes restent eux aussi assez intrigués par la similitude frappante entre la carte de Heineken et les frontières actuelles tracées par les diplomates à la fin de la guerre des Balkans.

Dans son pays natal, la carte d’Heineken a également fait débat, car la Belgique n’y est même pas divisée entre Flamands et Wallons (à l’horizontale), mais la logique d’un retour à des « nations » anciennes imposerait la réunification (à la verticale) du Brabant néerlandais avec le Brabant belge et de la province néerlandaise de la Hollande avec les Flandres belges et les Flandres françaises...

La globalisation à l’assaut de l’état-nation

Si jusqu’à ce jour des chefs d’états comme De Gaulle, ou d’autres, considéraient ses plans comme des foutaises maléfiques ou comme des simples hypothèses de lycéens attardés, les nouveaux facteurs économiques de la mondialisation font en sort que ce qui semblait loufoque et utopiste hier, risque malheureusement de se réaliser devant nos yeux.

D’abord, dans ses applications sur le terrain, la « mondialisation » a administré des véritables coups de bélier contre les états : les privatisations des grandes entreprises privées et publiques, les fusions acquisitions avec des groupes transnationaux et la politique des délocalisations effacent tout attachement sentimental qu’une population peut avoir avec l’état-nation qu’elle habite.

Ainsi, la Belgique, pour ne pas la nommer, a vu « s’évaporer » des secteurs nationaux entiers : Le groupe français Suez Lyonnaise des Eaux acquiert la totalité de la Société Générale, jadis le plus grand acteur économique du pays (à une époque 60 % de l’activité du pays). Le géant pétrolier anglo-français Total prend le contrôle de Petrofina, ING achète la Banque Brussel Lambert belge, le groupe français Usinor prend le contrôle de la société belge Cockerill Sambre, la banque française Dexia met la main sur le Crédit Communal et le géant français de l’assurance Axa acquiert la Royale Belge. Les forges de Clabecq sont fermées, les délocalisations font disparaître Renault Vilvoorde et la compagnie aérienne belge Sabena dépose le bilan après l’échec de l’alliance avec Swissair. Loin de faire naître des petits pays, et lors de l’occupation nazie, pendant qu’on promet aux crédules une « Flandre autonome » ou une « Wallonie indépendante » la mondialisation financière « évaporise » le plat pays.

Ensuite, jusqu’ici deux questions majeures avaient fortement retenu les candidats à la sécession : celle de frapper sa propre monnaie -une entreprise assez périlleuse, et la nécessité de pouvoir garantir l’accès à un grand marché pour pouvoir vendre ses produits. Cependant, il s’avère qu’aujourd’hui, si les candidats à l’indépendance font partie d’une « zone monétaire », tout devient possible -comme le dirait Sarkozy.

Robert Mundell et les zones monétaires optimales
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Robert Mundell
En Europe, il est à remarquer qu’un des « pères de l’Euro » et donc de la banque centrale européenne a été l’économiste canadien néo-Keynesien Robert Mundell, né en 1932, prix Nobel d’économie en 1999, lui aussi sorti de la London School of Economics et actuellement professeur à l’Université Columbia à New York. Parmi les disciples de Mundell, on trouve le directeur actuel de la banque d’Italie Mario Draghi (champion des privatisations imaginées entre copains sur un yacht de luxe du nom de Britannica). Pendant la gouvernance Berlusconi, Draghi était un des hauts responsables de la banque d’affaires new-yorkaise Goldman Sachs pour l’Europe avant de redevenir le directeur de la banque centrale italienne sous Prodi. L’autre disciple de Mundell est l’ancien PDG de LTCM Alberto Giovannini, dont la firme spéculative, par sa faillite spectaculaire en septembre 1998, a failli conduire tout le système financier mondial à un « Tchernobyl financier ».

En « sciences économiques », Mundell a été avec Marcus Fleming à l’origine de « la théorie des zones monétaires optimales ». Dès 1960, donc trois ans après la création de la CEE et de la publication du livre de Kohr, Mundell affirme que pour que des zones économiques soient « optimales », il est nécessaire que les pays qui les composent n’aient pas de différentiel d’inflation, ne subissent pas de chocs asymétriques mais au contraire connaissent une libre circulation des individus (facteur travail) et des flux financiers (facteur capital). Vous voyez d’où viennent aussi bien la directive Bolkestein (facteur travail) que les fameuses « critères de convergence » purement monétaires (facteur capital) imposés préalablement à l’introduction de l’euro... et totalement contreproductifs du point de vue de l’économie réelle. Comme nous l’avons montré, le fait de faire partie d’une zone monétaire facilite fortement l’éventualité d’une sécession. Le deuxième facteur, implicite dans le premier, reste la question, pour un nouveau pays en rupture de ban, de disposer d’un marché autre qu’un marché domestique ou national. La transformation de l’Europe en une vaste zone de libre échange en osmose avec la mondialisation leur offre un marché Europe intégré dans un marché monde.

Le cas de la Belgique
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The Size of Nations
Ces thèses destructrices sont au cœur de la décomposition de la Belgique. Elles le sont à travers  The Size of Nations , un livre provocateur publié en 2003 au MIT par deux économistes italiens de grand renom travaillant aux Etats-Unis : Alberto Alesina, chef de la section économie à Harvard et Enrico Spolaore de l’Université Tufts. Tous deux ont travaillé pour le FMI et la Commission Européenne et ont des responsabilités au National Bureau for Economic Research(NBER) une institution privée financée exclusivement par les quatre fondations patriciennes directement mécènes de la secte néo-conservatrice américaine (Bradley, Scaife, Olin et Smith Richardson). Notez ici qu’en juin 2005, Alesina s’est rendu avec Mundell en Chine où ce dernier travaille comme conseiller auprès du gouvernement.
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Alberto Alesina
Faisant la synthèse entre Kohr et Mundell, les deux auteurs affirment que les frontières d’une nation ne résultent surtout pas d’un  vouloir vivre en commun , essence de toute république, mais d’un simple marchandage pragmatique sur  les avantages de la taille et le coût  de la gestion d’un territoire hétérogène.En bref, on applique l’analyse coût/bénéfice utilisé (souvent stupidement) en entreprise à la gestion de ce qu’ils pensent être la bête humaine. Après avoir examiné les avantages qu’offre un grand pays (faible coût des services publics par tête, meilleure répartition de la pression fiscale, meilleure défense, etc.) les auteurs s’interrogentsur la richesse. Si un grand pays devrait en théorie être plus riche, ils affirment qu’en réalité « le volume des dépenses dans un pays dépend essentiellement de l’ouverture de ce pays au commerce ». De là, évidemment, par pure logique aristotélicienne, découle l’argument qu’un pays « intégré dans le marché mondial possèdele monde comme marché » et que, par conséquent écrivent-ils, « l’intégration économique conduit à la désintégration politique ». La chose est dite : la mondialisation (l’intégration économique et financière), conduit, par sa propre nature, à la décomposition des nations. On saisit mieux pourquoi TheSize of Nations est devenu en Belgique le livre de chevet des indépendantistes flamands.

Frans Crols, le directeur flamand de la revue économique influente  Trends  et indépendantiste de coeur résume assez bien les conclusions du livre :

« En 2004 a été publié The Size of Nations d’Alberto Alesina et Enrico Spoaore, deux économistes italiens qui enseignent dans des grandes universitésaméricaines. Spolaore a été chercheur pendant quelques années à l’Université Libre de Bruxelles. La question qui intriguait Alesina et Spolaore était : sur le fédéralisme et la décentralisation il y a des tas d’études et des textes. Sur le phénomène de l’apparition de plus en plus rapide de nouveaux états, aucun manuel n’existe, aucun texte qui puisse lesguider. Voilà à quoi essaie de répondre le livre très bien accueilli The Size of Nations. Quelles en sont les conclusions :

1) Il existe plus de nations dans un monde démocratique que dans un monde non-démocratique (la démocratie fait tâche d’huile et le nombre de pays indépendants continuera à s’accroître. [En 1945 : 74 pays indépendant,en2003 :193]

2) Le nombre de pays va continuer à croître parce que des grandes zones de libre échange voient le jour comme l’Union Européenne et le Nafta (ALENA : Association de libre échange nord américain). Pour le Québec, rien ne changera avant ou après une séparation avec le Canada car il continuera à faire partie de l’Alena ; pour les Flandres, rien ne changera car, et la Flandre, et la Wallonie continueront de faire partie du marché unique européen et de l’UE.

3) Les coûts de l’hétérogénéité d’un pays peuvent devenir tellement élevé que les citoyens d’une sous division plus homogène décident de faire baisser les coûts en érigeant ensemble un low cost country basé sur plus de cohésion, plus de capital social, moins de disputes et moins de pertes de temps. »

Frans Crols est un des auteurs du Manifeste pour une Flandre indépendante en Europe, publié en décembre 2005 par le think-tank flamand  In de Warande , qui exige, sur la base d’un argumentaire « purement économique », la dissolution de la Belgique à l’image du divorce de velours qui a dissout la Tchécoslovaquie « à l’amiable » en 1992. Pour ces indépendantistes, il est souhaitable que Flandres et Wallonie deviennent des nations indépendantes, tandis que Bruxelles - aujourd’hui enclave à prédominance francophone dans la région flamande - obtiendrait un statut... du type Washington D.C.

Nous avons documenté ailleurs la nature néo-conservatrice de leur projet qui vise surtout à mettre fin à un des meilleurs systèmes de protection sociale du monde. Si après 1960 le transfert d’argent (à ne pas confondre avec la richesse) s’est inversé entre les Wallons et les Flamands, l’argent a été essentiellement utilisé pour renflouer des grands groupes financiers au détriment des populations. Retenons simplement ici le fait que, statistiques à l’appui, le manifeste de  In de Warande  étoffe l’argumentaire de The Size of Nations. Ce manifeste vient-il de simples militants indépendantistes flamands ? Non, le président du think-tank flamand est le banquier Rémi Vermeiren, ancien patron de la KBC Banque & Assurance, grand spécialiste des produits dérivés et administrateur d’une société minière spécialisée dans le cuivre, et ces membres sont des patrons plutôt de droite parfois membres investis dans des partis sécessionnistes.

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Enrico Spolaore (à gauche, debout) au Parlement flamand. A droite, debout, Bart de Wever
Point étonnant donc qu’Enrico Spolaore, un des co-auteurs de The Size of Nations fut sollicité en juin 2005 à ouvrir les travaux d’un colloque au parlement flamand. Lors du débat, Bart de Wever, le président du parti indépendantiste Nieuw-Vlaamse Alliantie (ex-Volksunie), affirmait que « le romantisme est important, mais ne convainc pas les jeunes Flamands au XXIe siècle. Nous devons rationaliser notre discours », (c’est-à-dire parler à la cupidité bien moderne...). Le drame de la Belgique est le fait que De Wever, un historien formé à l’Université de Leuven qui se réclame de l’idéologie du penseur réactionnaire Edmond Burke, fait aujourd’hui partie des négociateurs officiels chargés de former un gouvernement d’une Belgique dont il souhaite la mort... Sa présence à l’enterrement du fondateur de Vlaams Blok Karel Dillen en mai 2007, en présence de Jean-Marie Lepen, mérite également réflexion.

Le 6 septembre 2007, The Economist de Londres, qui avait publié les premiers articles de Northcote Parkinson et très bien accueilli The Size of Nations, constatant cyniquement l’impasse survenue après trois mois d’efforts en vue d’un nouveau gouvernement belge, affirme sans aucune honte dans un article « C’est le moment d’en finir » que :

« le pays est devenu une monstruosité de la nature, un Etat où le pouvoir est tellement sous-délégué que le gouvernement est un vide que l’on tient en horreur. En bref, la Belgique a servi son objectif. Un divorce praline est à l’ordre du jour. Les belges ne devraient pas se sentir tristes. Les pays viennent et s’en vont ».

Comme sous l’occupation, les indépendantistes se font des grosses illusions en pensant que le diable va leur offrir une « belle petite république ». Nous leur donnons comme seul conseil de ne pas lire que les premières pages des œuvres de Kohr et d’Alesina, mais aussi les dernières...

Maastricht et Eurocities

On oublie parfois que le traité de Maastricht de 1991, ou le principe de la subsidiarité -qui affirme que ce sont les autorités les plus petites qui ont priorité de mandat-, a également donné naissance au Comité des Régions de l’Union Européenne que préside Michel Delebarre, maire de Dunkerque. Doublé du réseau Eurocities dont les membres sont des régions et une centaine de grandes villes d’Europe, un puissant lobbying en faveur de la décentralisation s’active. Le président actuel d’Eurocities est Gérard Collomb, maire de Lyon, tandis que Paris et Nantes comptent parmi les membres français.

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Réunion d’Eurocities à Lyon

En 2002, peu de temps avant sa mort, Freddy Heineken a aussi pu exposer son projet, en session fermée, devant les représentants d’Eurocities réuni à Amsterdam. Heineken y plaisantait en disant que pour résoudre le problème politique de l’intégration européenne, il faudrait déporter l’ensemble de la population européenne aux Etats-Unis et de la faire revenir par la suite... Devant sa carte, un des participants remarqua avec optimisme et opportunisme que l’emplacement des 75 régions ou « Etats-Unis d’Europe » d’Heineken semblait coïncider avec l’emplacement de 75 grandes villes membre d’Eurocities...

En réalité, on ne prévoit même pas des mini-états, mais des « cités-unis d’Europe ». Ce que certains appellent à juste titre comme « la régression médiévale » de Kohr n’est donc plus un simple retour à des nations ou régions du passé, mais la création d’un empire global composé de cités états, plus ou moins dé-territorialisées. L’architecte designer austro-britannique Christopher Alexander, présent à la conférence d’Eurocities d’Amsterdam, est un autre propagandiste de cette démarche. Citant le Britannique décadent Lord Weymouth qui pense que les limites démographiques d’une région vont de 2 à 10 millions, Alexander affirme : « Faites ce que vous pouvez pour établir un gouvernement mondial, avec mille régions indépendantes à la place de pays. » Son inspirateur Lord Weymouth proposa ni plus ni moins qu’un gouvernement mondial avec un seul représentant pour chaque pays peuplé d’environ 10 millions d’habitants. Notons qu’il existe aux Pays-Bas un « club des dix millions » qui, inspiré par le chiffre de Lord Weymouth cherche à réduire la population du pays, actuellement au-delà de 16 millions, à 10 millions seulement ...

Robert Mundell

Sur le plan économique, ce n’est pas un hasard que Robert Mundell caresse le vieux fantasme d’une monnaie unique mondiale. En 2003, il a réuni dans son palais renaissance à Sienne un petit groupe de banquiers pour discuter du projet de « monnaie unique mondiale ». Feu Robert Bartley, qui fut l’ami de Mundell et le rédacteur émérite du Wall Street Journal (connu pour son animosité vis-à-vis de LaRouche) disait que « si l’euro peut remplacer le franc, le mark et la lire, pourquoi une nouvelle monnaie mondiale ne pourrait-elle pas fusionner le dollar, l’euro et le yen ? » Une telle monnaie pourrait être appellé le « dey » (contraction de « dollar, euro, yen »). Bartley ajouta que pour cela il fallait entreprendre « la plus grande de toutes les réformes, une banque centrale supranationale. »

Comme on le voit, les tenants de ce modèle prônent en réalité l’instauration d’un gouvernement malthusien mondial. Le cantonalisme, la régionalisation, le fédéralisme et aujourd’hui les sécessions ainsi que l’intronisation des grandes villes comme des entités politiques au-dessus des états-nations, ne sont que différentes facettes d’une politique visant à détruire les grandes nations afin de mieux pouvoir se débarrasser des petites.

Voir Venise et mourir

Comme on le voit sur la couverture de The Size of Nations -puisqu’on y voit un agrandissement de Venise- pour Alberto Alesina le modèle est cette Sérénissime République, car ce « pays pauvre » est peuplé de gens immensément riches ! Dans le chapitre 11, p.176, Alesina donne en exemple la belle épopée des cités-états du moyen age : « Venise, Lisbonne, Gênes, Anvers et Amsterdam dans l’ordre chronologique de leur leadership » ; et il ajoute que « les cités-états de cette période sont un exemple limpide d’une entité politique capable de prospérer économiquement même si extrêmement petite car son marché était sans relation avec sa frontière. »

Pas une ligne sur le trafic des esclaves, le pillage colonial d’autres pays, les croisades et autres spéculations financières à l’origine de la richesse de la Sérénissime République de Vénise... et de l’empire britannique par la suite.

Léopold Kohr, on s’en doutait, est lui aussi un admirateur farouche de Venise. Dans un roman de politique fiction « Le Duc de Bon-Conseil », Kohr élabore un scénario où un bidonville de Porto Rico devient une cité état prospère en appliquant ses préceptes. Le secret ? Il suffit de nommer un millionnaire comme duc du lieu avec l’obligation d’y résider et d’y faire éduquer sa progéniture. La duchesse, forcément, exigera la construction d’un palais, et quand le matin elle ouvre les fenêtres, elle ne supportera plus la vue sur le bidonville. Elle exigera de son mari d’entourer le palais de belles résidences et la construction de bonnes écoles avec les meilleurs enseignants que la planète puisse nous offrir et qui enseigneront aussi aux pauvres... L’article se termine avec la pirouette suivante qui montre qu’il s’agit de Venise :

« De même Venise a commencé sa carrière scintillante comme un taudis épouvantable. Si elle avait suivi les conseils modernes et attendu son développement jusqu’à ce que l’Italie ait été unie, les Nations Unies établies, le Marché Commun formé, elle serait toujours un taudis aujourd’hui. Et il en serait de même d’Urbino, Perugia, Assise, Parme, Padoue et la plus grande part des prestigieux autres. En allant de l’avant toute seule à la façon du Duc de Buen Consejo, elle a violé tous les principes d’une politique, d’une économie, d’une planification, d’une théorie de la localisation, saines, en fait de l’équilibre intellectuel lui-même. Car qui, excepté un imbécile ou un bohémien miséreux, construirait au milieu d’une lagune. Mais elle nous a donné Venise. »

Etats-Unis et la France

Si vous pensez que ceci est un complot américain, vous vous trompez complètement. Alesina attaque fortement les arguments de James Madison dans les Federalist Papers, où Madison plaide les avantages d’un vaste territoire d’une grande diversité nationale.

Depuis peu, des mouvements sécessionnistes se sont constitués aux Etats-Unis et entretiennent des liens avec leurs co-penseurs en Europe. Ils réclament une république du Texas, de la Californie, du Vermont, du New Hampshire. Le 4 octobre 2007, réunis à Chattanooga au Tennessee, les délégués ont adopté une déclaration commune. Affirmant que les questions de liberté dépassent le clivage gauche-droite, et que la mainmise des grandes corporations met en danger la santé et la prospérité des citoyens américains, ils y constatent que « l’empire américain n’est plus une nation ou une République, car devenu agressif à l’étranger et despotique à l’intérieur ». Au nom des droits inaliénables définis par la constitution américaine, qui justifiait la désunion avec l’empire anglais, la charte de Chattanooga autorise la décomposition des Etats-Unis.

Si les instigateurs de la manœuvre sont l’auteur écologiste radical Kirkpatrick Sale, spécialiste des Luddites qui fait parfois écraser des ordinateurs pendant ses discours, et le libertarien Thomas Naylor, professeur émérite de Duke University, et que le nombre de délégués reste très groupusculaire, la démarche « originale » fut largement couverte par le New York Times et USA Today. Le site Internet du Middlebury Institute que dirige Sale, étale toutes les cartes de Kohr et des chapitres entiers de  La décomposition des nations . Les sécessionnistes américains, au-delà de la transformation des « états » en « nations » revendiquent « l’ensemencement nucléaire » (l’utopie d’une immense multitude de petits noyaux de co-habitation) prôné par Leopold Kohr.

Mais, fait nouveau, Sale et Naylor, plutôt écolos et gauchisants n’ont pas hésité depuis peu à sceller un pacte avec les nostalgiques néo-confédérés sudistes en particulier ceux de la Ligue du Sud crée par James Michael Hill en 1994. Hill est un historien des « guerres celtiques » menées par les Irlandais et les Ecossais contre l’Angleterre. Il affirme vouloir éduquer la jeunesse de « Dixie » et préside le League of the South Institute (LSI), fondé avec l’argent de la Mary Noel Kershaw Foundation de Nashville, Tennessee. La fondation finance des monuments en mémoire des « héros » d’un sud esclavagiste et le LSI annonce la publication d’un « livre gris », véritable projet pour l’indépendance du Sud.

Enfin pour la France, la pensée de Kohr est entrée en France par deux petits détours. D’abord, il a écrit pour son ami, le fondateur du parti indépendantiste du pays de Galles, endroit où Kohr s’est installé à partir de sa retraite universitaire en 1977, un livre du nom « Is Wales viable »[est-ce que le pays de Galles peut exister comme nation]. Ce livre fut traduit ensuite en français par le fédéraliste breton et européen Yann Fouéré qui a eu le génie de simplement remplacer le mot « Grande Bretagne » par « France » et « pays de Galles » par « Bretagne »... Le seul livre de Kohr en français s’appelle donc :  Une Bretagne libre est-elle viable ?  Fouéré est un des co-fondateurs de la « Ligue celtique » et disait qu’on « peut introduire la mesure dans le capitalisme comme dans le socialisme si on réduit les dimensions des sociétés de toute nature au sein desquelles on les applique, accroissant sur eux du même coup le contrôle des pouvoirs locaux, des citoyens, des producteurs et des administrés, grâce à ce que le Dr Kohr appelle la ’transparence des petits’. »

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Teddy Goldsmith, mécène de la « décroissance »
L’autre cheminement des idées de Kohr est le mouvement de « la décroissance ». Lors de la création du Fourth World Educational and Research Association Trust, Kohr en est administrateur aux cotés de l’auteur radical écolo et sécessionniste américain Kirkpatrick Sale et des aristocrates anglais Lord Beaumont, John Seymour, et l’inévitable Edward Goldsmith. C’est le même Goldsmith, propriétaire de la revue The Ecologist qui est le mécène du mouvement de « la décroissance », traduction française du terme anglais « de-development » apparu pour la première fois dans The Ecologist en 1977. Dans la même direction va la démarche intellectuelle de José Bové. Dans un entretien au Nouvel Observateur du 17 février 2002, après avoir affirmé que « l’état n’était plus le lieu des réponses aux questions que nous nous posons » et que « L’Etat-nation peut disparaître, cela ne changera pas grand-chose », Bové traitait d’escroc toute personne qui faisait « croire que l’Etat-nation peut être un rempart contre la mondialisation ! »

Leur combat pour la défense de l’environnement n’est qu’un simple prétexte moral pour combattre l’existence d’état-nations modernes. Car la maîtrise du nucléaire et d’autres technologies de pointe nécessitent une division de travail que seuls des états-nations développés puissent atteindre. Ce n’est pas « le nucléaire » ou « les OGM » qui les inquiètent, mais une société qui progresse par sa remise en cause permanente des limites, des « certitudes », des préjugés, des axiomes et l’imbécillité rurale qui contamine les bobos de villes.

Je pense qu’après ce tour d’horizon, nous pouvons conclure que « Small is often not beautiful at all »

 

Source : Solidarité & Progrès - Régionalisme, sécessionnisme, fédéralisme : l’Europe de Leopold Kohr, projet d’un fascisme universel

 

 

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24 décembre 2011 6 24 /12 /décembre /2011 06:33

Milicien ou taulard, il y a des perpectives pour tous !

Réveillez le flic qui est en vous !

Je les vois déjà, tous ces hargneux dotés de leur petit pouvoir de flicaillon, ça craint ! Les minables en uniformes, les revenchards à la petite semaine.... Formation en 10 jours...  je vous laisse imaginer la suite... si vous avez quelques notions d'histoire, vous savez que la milice est un souvenir honteux... traqueurs de résistants au service de l'occupanthier, cu colonisateur économiste aujourd'hui ? Le peuple armé contre le peuple désarmé... Et qu'on ne me fasse pas dire ce que je n'ai pas dis, je ne m'en prends pas à la police en tant que telle, au contraire,j'aimerais savoir ce qu'en pense les quelques flics dignes de respect qui se battent pour conserver à cette fonction un minimumde dignité (et qui s'en prennent plein la gueule). Dans le contexte actuel, le moins qu'on puisse dire c'est qu'ouvrir la porte à des flics au rabais, ce n'est vraiment pas judicieux... .

 

Ministère de l'Intérieur, de l'Outre-Mer, des Collectivités Territoriales et de l'Immigration

 

Vous voulez aider et agir pour la sécurité ?
Devenez citoyen réserviste de la police nationale

Téléchargement

 

 

 

Vous êtes âgés de 18 à 65 ans ; vous voulez aider et agir pour la sécurité ; renforcer le lien police/population, vous pourrez accomplir, selon vos disponibilités, des missions rémunérées de soutien ou de spécialiste, pour une période de 90 jours maximum par an sur le territoire national.

Les modalités
  • Etre de nationalité française ;
  • Etre âgé de dix-huit à soixante-cinq ans ;
  • Etre en règle au regard des obligations du service national : Journée Défense et Citoyenneté (JDC ex-JAPD) accomplie pour celles et ceux nés après le 31 décembre 1979 ;
  • Ne pas avoir été condamné soit à la perte des droits civique ou à l’interdiction d’exercer un emploi public, soit à une peine criminelle ou correctionnelle inscrite au bulletin n° 2 du casier judiciaire ;
  • Posséder l’aptitude physique requise pour exercer une activité dans la réserve.
Les missions

Vous pouvez participer à des missions de soutien à l’activité opérationnelle, de spécialiste ou d’agent de police judiciaire adjoint, dans la limite des conditions fixées par l’article 21 du CPP, en principe, au plus proche de votre domicile.

Les démarches

Remplir un dossier de candidature accompagné des pièces justificatives demandées et le retourner par voie postale auprès du secrétariat général pour l’administration de la police (SGAP) situé dans le ressort géographique de votre domicile. Si vous résidez en Ile-de-France le dossier de candidature est à transmettre par voie postale à la direction des ressources et de compétences de la police nationale (DRCPN)

Le contrat d’engagement

Après avoir satisfait à un entretien de recrutement et à la visite médicale d’aptitude, le service chargé de la gestion des réservistes vous proposera de signer un contrat d’engagement en qualité de réserviste de la police nationale. Ce contrat est d’une durée d’un an renouvelable tacitement dans la limite de cinq ans. Il précise la direction ou le service d’affectation, le niveau de fonctions exercées, la rémunération, l’organisation du temps de travail, la durée de l’obligation de disponibilité du réserviste et les modalités d’interruption ou de fin de contrat.

Les candidats retenus pour des missions de spécialistes peuvent faire l’objet d’un entretien complémentaire destiné à évaluer leurs compétences techniques au regard de la mission exercée.

La rémunération

Chaque vacation ouvre droit à une indemnité journalière de réserve calculée en fonction des compétences requises pour exercer les missions confiées : auxiliaire, réserviste première ou deuxième classe, expert 1, 2 ou 3.

L’équipement

Si vous exercez des missions sur la voie publique vous êtes doté d'une tenue, d'un gilet pare-balles, en fonction de la mission, et de l'insigne de la réserve civile. Vous n'êtes pas armés. les autres missions sont exercés en tenue civile.

La formation

En fonction des missions qui vous sont confiées, vous bénéficiez d’une formation initiale de dix jours dispensée dans une école nationale de police.
Cette formation vous permettra d’acquérir les bases juridiques et techniques nécessaires à l’exercice de vos missions. Elle s’articule autour de quatre modules :

  • Les principes d’organisation et de fonctionnement de la police
  • Les missions dévolues aux réservistes
  • Les règles de sécurité en intervention
  • Une information relative aux armes

Si vous êtes recruté en qualité d'expert, vous effectuerez une seule journée de formation.

Si vous exercez des missions nécessitant la qualité d'agent de police judiciaire adjoint, vous participerez au préalable à une formation complémentaire de dix jours qui vous permettra d'acquérir des connaissances en matière de droit pénal et de procédure pénale.

La protection sociale et fonctionnelle et la couverture des risques

Vous avez droit en cas de dommages subis pendant la période d’emploi ou de formation dans la réserve civile, et le cas échéant vos ayants droit, à la réparation du préjudice subi.

Si vous êtes victime d’une blessure en service ou d’un accident de trajet pendant votre période d’emploi ou de formation dans la réserve civile, vous êtes pris en charge par l’administration employeur.

 

http://www.interieur.gouv.fr/sections/reserve-civile/citoyen

 

Source :Vous voulez aider et agir pour la sécurité ? Devenez citoyen réserviste de la police nationale - Le blog de mamie sceptix/Charlotte


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23 décembre 2011 5 23 /12 /décembre /2011 15:35

 

 

J’habite en ville et je veux agir

Avec Colibris, Mouvement pour la Terre et l’Humanisme


« Ceux qui sont en ville peuvent parfaitement se solidariser avec ceux qui sont à la campagne, et ainsi faire un pont par dessus la sphère affairiste. »
Pierre Rabhi


Difficile a priori d’agir lorsque l’on est en ville… Pourtant, la population urbaine a bien plus de ressources pour se mobiliser qu’il n’y paraît. Ses choix de consommation, sa façon d’envisager l’espace… sont autant d’outils pour agir.

Vous trouverez dans cette fiche quelques idées pour vous reconnecter depuis votre appartement à la terre, au vivant et à la nature !

CONSOMMER BIO, LOCAL ET DE SAISON

Consommer local, de saison et bio permet de réduire l’impact environnemental de notre alimentation en évitant les transports, les stockages, les engrais et pesticides de synthèse. On contribue ainsi à restaurer la qualité des sols, à maintenir des paysages entretenus, à préserver la qualité de l’eau, à maintenir l’emploi... Les produits que l'on achète sont adaptés aux spécificités régionales, et consommés à maturité, ils sont encore meilleurs !
> Rendez-vous sur la fiche : Consommer bio, local et de saison

ADHÉRER OU CRÉER UNE AMAP

L'AMAP est une Association pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne (marque déposée), dont l'objet principal est de « mettre en lien paysans et consommateurs, afin de créer un partenariat pour permettre aux premiers de bien vivre de leur production et de pérenniser leur métier et aux seconds de s'alimenter bien et local ». L’AMAP permet non seulement de manger local, de saison et souvent bio, mais aussi de redonner une vraie valeur de ce que nous mangeons !
> Rendez-vous sur la fiche : Créer une AMAP

CRÉER UN COMPOST URBAIN

Réduire sa production de déchets, alléger le traitement des ordures ménagères de la collectivité tout en fabriquant un compost “maison” pour fertiliser jardin et jardinières : c’est possible grâce au compostage, même en ville si on a un balcon ou un petit jardin. Issu de la fermentation des déchets organiques, riche en minéraux, le compost apporte au sol les éléments qui se sont épuisés au cours des cultures : une façon de rendre à la nature ce qu’elle nous a donné.  
> Téléchargez le « Guide du compostage domestique » de l’ADEME :
http://www.mescoursespourlaplanete.com/Ressources/
> Téléchargez les conseils de la Fondation Nicolas Hulot :
http://www.defipourlaterre.org/outils/outils_2.php

PARTCIPER OU CRÉER UN JARDIN PARTAGÉ

Un jardin partagé est un jardin de proximité, animé par des habitants groupés en association. C'est un lieu de vie ouvert sur le quartier qui favorise les rencontres entre générations et entre cultures. Il facilite les relations entre les différents lieux de vie du quartier : écoles, maisons de retraite, hôpitaux…  Mais où trouver un jardin partagé près de chez soi ? Le jardin partagé trouve sa place sur un terrain de la ville mais peut aussi être constitué sur un autre terrain (bailleurs sociaux, etc.).
> Découvrez le site francophone du jardin partagé animé par le « Réseau du Jardin
dans Tous Ses Etats » (JTSE) : http://jardinons.com/
> Le portail des jardins partagés et d’insertion en Ile-de-France : http://www.jardinons-ensemble.org/

REVEGETALISER L’URBAIN

Oui, mais je plante où ? Dans mon jardin ou ma cour, sur les toits, dans les terrains vagues, dans un coin de parc, sur les balcons, terrasses et appuis de fenêtre, les accotements, et même en appartements… Ouvrez grands les yeux et vous découvrirez toutes sortes d’espaces disponibles autour de chez vous. Pourquoi pas les occuper pacifiquement avec de petites plantations ?

Dans les écoles, les entreprises… remplacer les pelouses par une jachère fleurie, un verger ou un potager. Ils favoriseront la présence des oiseaux et des insectes essentiels à la biodiversité.
> Découvrez les idées et conseils des Végétaliseurs : http://www.les-vegetaliseurs.com/

Pratiquer la « Green Guerilla ». Ce mouvement né dans les années 70 à New York vise à récupérer des friches urbaines et les transformer en jardins. Mais vous pouvez aussi vous munir de graines et les semer dans des endroits improbables : les bacs  à fleur vides, les terrains vagues… A Rennes, à Troyes, on végétalise les murs, à Paris, on plante aux pieds des arbres, à Brest, on jardine dans des bidons…
> Découvrez le dossier consacré à la « Green Guerilla » de Neomansland :
http://www.neomansland.info/2010/03/green-guerrilla-1-lhistoire-new-york...

Créer un mur ou un toit végétal. Depuis que Patrick Blanc a revêtu de vert les plus grands musées, hôtels et centres commerciaux du monde, le mur végétal est devenu un must en matière de décoration. D'autant que ses vertus ne se limitent pas au seul critère esthétique : entre autres bienfaits, le mur végétal purifie l'air et isole !
> Quelques conseils avec :
http://www.mon-budget-ma-planete.com/habitats.htm/murs-toits-vegetal-rev...

ET ENCORE PLEIN D’AUTRES IDEES AVEC :

Source : Des idées pour agir ! | Solutions Locales

 


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23 décembre 2011 5 23 /12 /décembre /2011 14:29

 

 

Bruxelles - Visite au service de métrologie nucléaire

vendredi 23 décembre 2011

 

Mardi dernier, les portes du service de métrologie nucléaire de l’Université Libre de Bruxelles ont été vissées, ses murs tagués... Mardi dernier, j’arrive sur le campus de l’Université Libre de Bruxelles et je suis accueillie par une banderole sur laquelle on peut lire quelque chose du genre "le nucléaire nous pompe l’air. Arrêtons la recherche !" Puis en me rendant dans le bâtiment D je découvre que les portes principales du service de métrologie nucléaire ont été vissées. Sur les murs du couloirs il y a des tags du genre "nucléocrate bouffe ta cravate ! Arrêtons la recherche (nucléaire). Mort au nucléaire et à son monde..." Et un peu partout il y a cette affiche collée dont je vous retranscris le texte :


Au Service de Métrologie nucléaire

Salutation,

Nous vous offrons un peu de perturbation dans votre routine quotidienne. Vous en profiterez pour étudier et prendre position sur quelques problématiques qui tendent à être occultées consciencieusement tant dans les milieux scientifiques qu’ à chaque fois qu’un individu, une institution ou un groupe d’intérêt s’exprime au nom de la science.

Tout est fait pour qu’aux yeux du " public ", science rime avec neutralité et objectivité. Pourtant la science n’est rien moins qu’intéressée et traversée, comme n’importe quel autre corps social, par la recherche de puissance et de prestige.

La science est intéressée : quiconque a quelque peu fréquenté les milieux scientifiques sait qu’un scientifique, qu’il soit dans son labo ou lorsqu’il conseille le prince, n’est jamais seul. Il porte avec lui les intérêts de ceux pour qui il travaille et de ceux qu’il doit convaincre de l’intérêt de ses recherches, que ce soit un organisme public ou des entreprises privées en recherche de gains en terme de puissance, de prestige ou économique.

En l’occurrence, le service de métrologie travaille, entre autres, main dans la main avec le lobby nucléaire français en collaborant avec tractebel suez ; avec le lobby américain westinghouse ; et aussi avec des agences promotrices à tout va et à tous risques du nucléaire tel le centre d’étude nucléaire ou l’IRSN français. Pour ne citer qu’eux.

La science n’est ni objective ni neutre : elle doit être opérante, elle produit des techniques comme on produit du boudin. Il n’existe pas de cadre théorique objectif qui transcenderait toutes connaissances. La science, pour être reconnue objective, doit être avalisée par des communautés scientifiques, économiques et des Etats.

Et en se constituant en tant que vérité, en tant que pratique indépendante et neutre, la science avalise à son tour les actions de ces mêmes communautés scientifiques, de ces mêmes puissances économiques, de ces mêmes Etats. C’est donc par le double mouvement entre acteurs de la technoscience et le statut de la technoscience dans nos sociétés que se renforce chacune des parties dans une étroite interdépendance.

Ce double mouvement permet de dépolitiser les choix de sociétés qui nous sont imposés. Dans le domaine spécifique du nucléaire, cette collusion entre promoteur de l’atome à gogo, industrie et Etat tente d’occulter que le développement du programme nucléaire belge, (électronucléaire, militaire, mais aussi tout ce qui concerne le médical, la stérilisation par irradiation,..) A été et reste une décision politique et économique.

Par exemple, la création d’une agence fédérale de contrôle du nucléaire - avec laquelle collabore le service de métrologie nucléaire - qui prétend exercer un contrôle indépendant et fournir une information transparente, objective et fiable permet, sous couvert d’expertise scientifique, d’occulter le fait que le choix des normes de radioactivité acceptables pour les population est une décision économique et politique et non pas scientifique. En cas d’accident, les experts et les décideurs politiques se mettent rapidement d’accord pour augmenter le seuil qu’ils jugent acceptable. Ainsi le 25 mars 2011, alors qu’avait débuté la catastrophe à fukushima, l’union européenne décide d’augmenter les normes de radioactivité des aliments importés pour des raisons économiques. La logique sous-jacente sous ce genre de décision est qu’il vaut mieux sacrifier des individus que d’affronter une remise en question, de quelque ordre qu’elle soit, des structures qui ont amené une telle situation.

Si nous nous invitons aujourd’hui ; ce n’est pas au nom d’une contre expertise rationnelle mais parce que nous voulons la vie et non pas la survie que nous organise les Etats, les industriels et les scientifiques. Nous voulons l’espace pour choisir nos vies et ne plus subir les décisions de quelques uns, aussi éclairés qu’ils se croient.

Sur le chemin de l’émancipation, le nucléaire est un obstacle de taille. Il est à la croisée des logiques autoritaires qui dominent nos sociétés. Cheval de troie, une fois introduit par quelques décideurs, le nucléaire à des conséquences écologiques et sociales inimaginables. Ecologiquement inimaginables parce que la durée de nuisance de ses déchets dépasse les capacités humaines d’appréhension ; parce que nous ne connaissons pas encore l’étendue du désastre qu’il crée au quotidien. Socialement il révèle le rôle de pompier pyromane que jouent l’Etat et les scientifiques : après nous avoir mis bien dedans, ils se prétendent les seuls à pouvoir gérer le désastre.

 ?­

Oui, mais, pourquoi cibler ce service ?

N’aurait-il pas fallu clouer les portes de Tihange, Doel ou Kleine Broegel ?

Non, il n’y a pas d’erreur, c’est bien ici, dans ce lieu à l’abri des contestations du nucléaire et du rôle des scientifiques dans notre soumission quotidienne que nous voulons chercher la petite bête.

Elle n’est pas longue à trouver, une fois passé les écrans de fumée agités par les experts. Rien ne fonctionne jamais comme sur le papier et c’est d’ailleurs pour ça que les promoteurs du nucléaire s’amusent à faire des expériences grandeur nature. Derrière leurs prévisions probabilistes qui minimisent toujours les risques, il y a un tas de petites bêtes qui n’ont cesse d’infirmer telle ou telle partie de la théorie. Elles prennent la forme là d’une fuite radioactive ou d’une enceinte qui se désagrège ; là d’une faute de frappe,là encore d’accident ou un d’emballement imprévu qui fait tout sauter…

En travaillant sur les risques industriels et nucléaires, le service de métrologie nucléaire ne fait pas que produire un outil de gestion concrète de ces risques, mais s’intègre dans une stratégie plus générale. Depuis Tchernobyl, les scientifiques et l’Etat ne prétendent plus ni l’accident majeur impossible, ni contrôler tous le processus nucléaire (même s’ils continuent à minimiser les risques à grand renfort de mensonges). Désormais leur stratégie consiste à faire accepter autant la possibilité, et la réalité comme à Tchernobyl et Fukushima, de l’accident majeur que les contaminations quotidiennes.

Les accidents majeurs leurs servent d’opportunité pour empêcher toute remise en question de la société nucléaire et de leur propre pouvoir au sein de cette société en y expérimentant des techniques de communication, d’acceptation et de gestion du risque au quotidien.

Le quotidien créé par le nucléaire ; c’est l’exploitation, c’est la contamination à toutes les étapes du processus. Ce service n’est pas isolé des autres installations nucléaires. La spécialisation poussée en science empêche chacun de voir l’ensemble, de voir dans quoi s’insère son propre labo, son propre objet de recherche, son expérience.

Matériellement, le service de métrologie nucléaire n’existe pas sans les mines d’uranium au Niger ou au Congo où s’expérimentent l’esclavage moderne et la liquidation par contamination des populations locales. Il n’existe pas non plus sans le transport des matériaux radioactifs avec tout ce que ça comporte comme diffusion de la contamination. Il n’existe pas sans les réacteurs expérimentaux comme ceux au nombre de quatre du Centre d’Etude nucléaire avec lequel il collabore. Enfin, parce qu’il existe, il crée des déchets radioactifs pour lesquels il n’existe aucune solution acceptable pour nos vies et celles à venir.

Enfin, nous voulons soulever le problème du nucléaire médical auquel participe ce service en donnant des formations en radioprotection et à travers sa filière biomédicale nucléaire. La partie médicale que ce soit pour le nucléaire comme pour les OGM, sert toujours d’argument pour museler la contestation. La déclaration de l’ex-directeur de la Fondation Curie en France, le professeur Latarjet selon qui la probabilité de guérison de cancers par rayonnements est beaucoup plus élevée que celle de la production d’un nouveau cancer et que donc les avantages l’emporte sur les inconvénients, révèle le cynisme qui règne dans le milieux du médical nucléaire. Il y a en quelque sorte un calcul coûts/bénéfices, dans laquelle la santé et la vie d’une personne se résume à un chiffre dans des probabilités. A ne pas douter que les bénéfices se palpent aussi en billets.

Quand en 2008, à Fleurus, la fuite radioactive de l’IRE, l’un des six laboratoires au monde producteur de radio-isotope pour le secteur médical, provoque la colère des habitants, le sujet de préoccupation médiatique devient vite la pénurie de radio-isotopes pour les hôpitaux. Il n’est jamais question de remettre en question l’existence de l’IRE. Pourtant, n’y avait-il pas quelque chose de légitime dans la colère des habitants qui souffrent et meurent de maladies radio induites, dont des cancers, pour qu’on puisse diagnostiquer ces cancers ?

Tout cela n’a rien de nouveau pourtant l ’espace pour contester la propagation d’un incendie allumé par les expériences grandeur nature de quelques scientifiques financés par des Etats et des intérêts industriels diminue de jour en jour et particulièrement au sein des milieux scientifiques. Mais nous avons la prétention qu’il soit encore possible de tout arrêter ; que les bifurcations sont toujours possibles. Il n’y a pas d’inéluctabilité, ce monde peut être radicalement transformé dans une optique émancipatrice. Mais tout cela ne sera possible qu’en balayant ce qui permet à certains de prendre des décisions pour tous. Et cela à tous les niveaux. A commencer par ce service ici.

Aux chercheurs qui y travaillent, aux profs qui y enseignent, aux étudiants qui s’y forment : il est temps de se sortir le cerveau du bocal de chloroforme et de réaliser quelle part vous prenez dans la propagation de l’incendie. Vous avez toujours le choix d’accepter ou non d’ajouter du combustible. Vous avez toujours le choix de choisir la soumission ou l’émancipation pour vous comme pour tous. Nous avons tous ces choix.

Pour cela, la première étape serait d’arrêter d’alimenter le feu, alors pourquoi ne pas commencer la remise en question avec cet appel :

Arrêtons la recherche !

Repris de indybxl.

 

Source : Bruxelles - Visite au service de métrologie nucléaire - Base de données anarchistes

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23 décembre 2011 5 23 /12 /décembre /2011 02:11

 

Un texte toujours d'actualité :

Travail en prison = esclavage légal

 

Au fil des jours,
Périphéries explore quelques pistes -
chroniques, critiques, citations, liens pointus...

[01/05/01]  

Un communiqué d’Act Up-Paris à l’occasion du 1er mai

« Depuis 1987, le travail au sein des prisons françaises n’est plus censé être afflictif et obligatoire. Au contraire il serait devenu un “moyen de réinsertion”. Pourtant au simple regard du coût de la vie en prison, on comprend aisément que le travail salarié soit pour le détenu la seule façon de pouvoir “surpayer” les services qui vont de l’achat de biens de premières nécessités à la location d’une télévision.

Il existe trois types de travail en détention :
- le service général d’entretien de l’établissement : il concerne 8000 détenus et sa rémunération est de 800 Fr/mois environ.
- le travail pour la régie industrielle des établissements pénitentiaires, de l’imprimerie à la confection d’uniformes pénitentiaires, dont la rémunération est de 1900 Fr/mois environ.
- Enfin le travail en concession, dernier cas le plus courant, qui concerne plus de 11000 détenus et n’est pas le mieux rémunéré, de l’ordre de 1200 Fr/mois environ.

C’est depuis la mise en place du programme 13000 en 1987 que des entreprises privées peuvent cogérer une vingtaine d’établissements pénitentiaires français. Ils ont été construits par Vivendi, la Lyonnaise des Eaux ou Dumez et sont gérés de manière rentable mais souvent inhumaine et déplorable, notamment en matière de santé, par Sodexho, Eurest, Gecep, Gepsa. Les points communs à tous ces travaux sont l’absence de contrat de travail, de salaire minimum garanti, de congés payés, de congés maladie, des avantages de la retraite (alors même qu’ils cotisent), l’interdiction du droit de grève, de contestation, d’association, de syndicalisation. Des tâches répétitives et peu qualifiantes, un travail précaire n’assurant même pas ce maigre revenu pendant toute l’année. La flexibilité est d’ailleurs ici un mot d’ordre : on déclasse arbitrairement, on paye encore à la pièce. Un détenu de la Maison d’Arrêt de Caen ayant travaillé trois semaines pour un concessionnaire a ainsi perçu 200,88 Fr pour ce travail. Le Conseil de Prud’Hommes et la Cour de Cassation ne se sont pas sentis concernés par le cas de ce “travailleur”.

Ces entreprises “citoyennes”, épargnées dès lors par les charges sociales et les éventuels préavis de grèves, se cachent derrière l’alibi honteux de la “réinsertion”. Or, un prisonnier leur rapporte en fait 255 Fr/jour et elles touchent 3 à 5% du Chiffre d’Affaire de la prison chaque année. De plus ce sont elles qui gèrent le cantinage et par les prix exorbitants qu’elles y pratiquent, elles exploitent doublement chaque détenu qui ne peut vivre sans y avoir recours et ne peut payer sans travailler...

L’Administration Pénitentiaire organise cet esclavage légal des détenus et favorise leur exploitation. Le ministère de l’Emploi et de la Solidarité n’accorde pas à ces travailleurs les droits qui leurs sont dus. Quant aux syndicats dits représentatifs, ils ignorent totalement leur qualité de travailleur et ne défendent que les intérêts des matons. »

Ecoutez « Ras les murs », émission sur 89.4 tous les mercredis de 20h30 à 22h30
Sur le(s) même(s) sujet(s) dans Périphéries :

 

Travail / Chômage
* Et vous, quel travail feriez-vous si votre revenu était assuré ? - Revenu garanti, « la première vision positive
du XXIe siècle » - décembre 2010
* Struggle for time - A la recherche des heures célestes - 5 octobre 2008 - 5 octobre 2008
* Pardon, mais il n’y a pas que « Siné Hebdo » - Abonnez-vous à « CQFD » ! - 18 septembre 2008
* Sacrées espèces
et menteurs menacés
- L’entreprise, c’est la vie - mars 2008
* L’emploi du temps - La Condition littéraire, de Bernard Lahire
Working, de Studs Terkel - mars 2007
* Le scandale du travail - L’argent, l’urgence, de Louise Desbrusses - janvier 2006
* « Pédagogie noire » et servitude volontaire - L’idéologie du travail - 26 août 2005
* « Un fantôme de travail » - Résolution, de Pierre Mari - 16 janvier 2005
* « Qui ne travaille pas »... - Les aventuriers du RMI, de Jérôme Akinora - 20 novembre 2004
* Les roseaux sont des cons - Autour des « recalculés » (1/6) - septembre 2004
* « Un monde comme ça, c’est l’enfer » - La Société des Vagabonds, de Harry Martinson - 4 juin 2004
* Gébé - 7 avril 2004
* J’en chie, donc je suis - Petite philosophie anti-grève - 24 juin 2003
* L’otage de la grève - Par Denis Fernàndez-Recatalà - 11 juin 2003
* Un intellectuel clandestin - Jean Sur, écrivain et formateur - mars 2003
* Perdre sa vie en main - Putain d’usine, de Jean-Pierre Levaray - 5 septembre 2002
* « Une boussole pour des combats dépareillés » - Pour la gratuité, de Jean-Louis Sagot-Duvauroux - mars 2002
* Un message des LU de Calais - 17 janvier 2002
* Un « OVNI social » atterrit - Les intellos précaires, d’Anne et Marine Rambach - 3 septembre 2001
* « Nous ne sommes pas en trop, nous sommes en plus » - Avec l’APEIS et Ne Pas Plier (1/5) - mars 2001
* « Créer des lieux où l’on peut reconstruire son identité » - Ricardo Montserrat, accoucheur de romans - janvier 2001
* Aiguillage : le Pare - 6 novembre 2000
* Marseille-Naples, la chienlit, c’est elles - A la recherche de l’autre cap - novembre 2000
* « Le nouveau prolétariat, ce sont les précaires » - Petites natures mortes au travail, d’Yves Pagès - avril 2000
* L’année du blaireau - Nouvelle économie - avril 2000
* Feignants et bons à rien - Le CARGO (Collectif d’Agitation pour un Revenu Garanti Optimal) - 14 janvier 2000
* « Quand tomberons-nous enfin le masque ? » - Le cauchemar de la « culture d’entreprise », par Pierre Lazuly - 27 septembre 1999
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23 décembre 2011 5 23 /12 /décembre /2011 01:42

 

 

 



Femme extraordinaire, grande activiste de la Résistance française, Berty Albrecht a fondé avec Henri Frenay le mouvement de résistance Combat. Elle milita contre le fascisme de façon très active, mais aussi pour la contraception et l’avortement dès 1927. En 1941, elle est à Lyon où elle agit sans relâche pour la résistance. Mais elle est arrêtée, emprisonnée à la prison St Joseph, puis au Vinatier d’où elle réussira à s’évader le 23 décembre 1942. Cependant les nazis auront sa peau quelques mois plus tard fin mai 1943.


Berty Wild est née le 15 février 1893 à Marseille de parents luthé­riens d’ori­gine suisse. Elle a grandi dans la haute société pro­tes­tante au cœur du vieux Marseille. Elle fait des études clas­si­ques au Lycée Montgrand de Marseille, puis à Lausanne, en Suisse. En 1911, elle entre­prend des études d’infir­mière. Jeune diplô­mée, elle part pour Londres comme sur­veillante dans une pen­sion de jeunes filles. Après le déclen­che­ment des hos­ti­li­tés de la guerre de 1914-1918, Berty rentre à Marseille où elle joue un rôle impor­tant en tant qu’infir­mière de la Croix-Rouge dans des hôpi­taux mili­tai­res.

Après l’armis­tice, fin 1918, elle épouse à Rotterdam un ban­quier hol­lan­dais, Frédéric Albrecht. Ils ont deux enfants, Frédéric et Mireille. Ils habi­tent en Hollande, puis à Londres à partir de 1924, où là elle ren­contre de nom­breux intel­lec­tuels, et elle com­mence à s’inté­res­ser à la condi­tion fémi­nine.

Elle écrit à son mari : « La vie ne vaut pas cher, mourir n’est pas grave. Le tout, c’est de vivre confor­mé­ment à l’hon­neur et à l’idéal qu’on se fait. »


Féministe, anticonformiste, antifasciste


Elle se sépare de son mari à partir de 1931, mais Frédéric Albrecht conti­nue à lui assu­rer une vie cossue. Elle s’ins­talle à Paris, consa­cre son temps aux droits de l’Homme. et se lie avec Victor Basch, pro­fes­seur à la Sorbonne et co-fon­da­teur et pré­si­dent de la Ligue des Droits de l’Homme. En 1933, elle crée alors une revue fémi­niste, Le pro­blème sexuel, dans laquelle elle milite pour le droit des femmes à la liberté de contra­cep­tion et d’avor­te­ment. Cette revue, à laquelle ont tra­vaillé aussi les méde­cins Jean Dalsace et Georges Heuyer, est parue jusqu’en 1935.

Tout des­ti­nait cette petite femme au regard d’un bleu inou­blia­ble à rem­plir jusqu’au bout son rôle unique de mère de famille bour­geoise. Tout sauf son tem­pé­ra­ment radi­cal, incontrô­la­ble, anti­confor­miste. Tout sauf rester dans une tra­jec­toire tracée d’avance. Et puis des ren­contres avec des gens remar­qua­bles, cela peut aider à chan­ger cette tra­jec­toire, et deve­nir surin­ten­dante d’usine, c’est-à-dire assis­tante sociale, pour la cause des femmes ouvriè­res, mili­tante fémi­niste de l’union libre, pro­pa­gan­diste de la liberté sexuelle, com­pa­gne de route du parti com­mu­niste sans jamais y adhé­rer… Elle fonde d’ailleurs avec des intel­lec­tuels com­mu­nis­tes le Comité mon­dial des femmes contre le fas­cisme.

Lucide sur la réa­lité du nazisme et hos­tile aux accords de Munich, elle fonde en 1934 un centre d’accueil pour les réfu­giés alle­mands fuyant le nazisme (juifs et oppo­sants poli­ti­ques) afin de leur pro­cu­rer argent, loge­ment et tra­vail. Elle fera de même pour les Espagnols répu­bli­cains réfu­giés de la guerre civile exilés en France. Elle y ren­contre dès 1934 Henri Frenay, et par­ti­ci­pera par la suite à toutes ses ini­tia­ti­ves pour la Résistance malgré leurs diver­gen­ces poli­ti­ques.

En octo­bre 1936, elle entre en for­ma­tion à l’école des surin­ten­dan­tes d’usines (assis­tan­tes socia­les auprès des ouvriers), où elle s’est liée d’amitié avec Jane Sivadon, qu’elle inci­tera plus tard à par­ti­ci­per à la résis­tance. En 1938, elle est affec­tée aux usines Barbier-Bernard et Turenne, fabri­que d’ins­tru­ments d’opti­que pour la Marine.


La guerre, l’Occupation, la Résistance


Berty Albrecht est mobi­li­sée pen­dant la guerre en tant que surin­ten­dante à la manu­fac­ture d’armes de Saint Étienne. En juin 1940, elle entre comme surin­ten­dante aux usines Fulmen à Vierzon et pro­fite de cette situa­tion, dès l’été 1940, pour faire passer la ligne de démar­ca­tion à des pri­son­niers évadés.

Dès l’automne 1940, elle refuse la défaite et ne peut que se rendre en zone libre rejoin­dre son ami Henri Frenay, évadé d’Allemagne, car elle est per­sua­dée qu’il faut agir sans atten­dre, même si tous les deux n’ont pas les mêmes vues poli­ti­ques. En effet, alors que Berty Albrecht, ou Victoria, de son nom de résis­tante, est proche des mili­tants com­mu­nis­tes, Henri Frenay est un mili­taire lyon­nais de la droite catho­li­que et pétai­niste qui, bien qu’ennemi vis­cé­ral des nazis et des col­la­bo­ra­teurs, entre­tient au début des doutes pos­si­bles sur le rôle du maré­chal Pétain lors de la libé­ra­tion. Mais il chan­gera d’avis. Pour Berty, Frenay, de douze ans plus jeune qu’elle, c’est l’amour de sa vie. La déter­mi­na­tion de l’un frot­tée à la convic­tion pas­sion­née de l’autre crée­ront les étincelles qui don­ne­ront Combat, le plus impor­tant mou­ve­ment de résis­tance. Elle est à la fois son bras droit, son ange gar­dien, son ser­gent recru­teur, sa secré­taire, sa fidèle conseillère, sa com­plice intel­lec­tuelle, et son amie la plus intime, même si vivre les mêmes évènements n’impli­que pas de les vivre ensem­ble. Tous les deux réa­li­se­ront ensem­ble suc­ces­si­ve­ment trois jour­naux clan­des­tins Bulletins d’infor­ma­tions et de pro­pa­gande, Les Petites Ailes, puis Vérités, avant de deve­nir les fon­da­teurs du réseau Combat.

Début 1941, elle com­mence à dac­ty­lo­gra­phier les pre­miers Bulletins de pro­pa­gande du Mouvement de Libération Nationale (M.L.N.), créé par Henri Frenay, qui appor­tent des infor­ma­tions brutes sur les actions des occu­pants et sur la pour­suite de la guerre en Europe, infor­ma­tions qui sont obte­nues via la sec­tion alle­mande du 2e Bureau, l’écoute de la B.B.C. et de la radio de Genève. À son bureau lyon­nais de l’avenue de Saxe, Berty recrute pour le mou­ve­ment les pre­miers adhé­rents et col­lecte les pre­miers fonds. Au contraire d’autres mou­ve­ments émergents, le recru­te­ment du M.L.N. s’effec­tue sui­vant un large éventail poli­ti­que et social.


Lyon, Combat, et l’évasion de l’hôpital psychiatrique du Vinatier


En mai 1941 elle emmé­nage cette fois com­plè­te­ment à Lyon, étant char­gée de mis­sion par le Ministère de la Production Industrielle et du Travail pour l’ensem­ble des pro­blè­mes du chô­mage fémi­nin dans le Lyonnais. Berty fait ouvrir des ate­liers de cou­ture pour les chô­meu­ses.

Parallèlement elle décou­vre au 5 de la rue Mozart à Villeurbanne, ville où se trou­vent les locaux du Commissariat au Chômage, Joseph Martinet, le pre­mier impri­meur qui prend le risque de tirer le jour­nal Les Petites Ailes à 2000 ou 3000 exem­plai­res puis le jour­nal Vérités, à partir de sep­tem­bre 1941.

En 1942, de la fusion de Vérités et de Libertés, organe résis­tant de François de Menthon, naît « Combat », qui se déve­loppe sous la direc­tion d’Henri Frenay avec la par­ti­ci­pa­tion active de Berty Albrecht. Poursuivant sa lutte contre les Allemands nazis, elle établit de pré­cieu­ses liai­sons entre les deux zones au profit du mou­ve­ment. Les bureaux de Villeurbanne devien­nent rapi­de­ment ceux du mou­ve­ment et Berty s’efforce aussi de mettre en place un ser­vice social clan­des­tin de Combat pour venir en aide aux cama­ra­des du mou­ve­ment empri­son­nés et à leurs famil­les.

Les allées et venues dans les bureaux du Commissariat au Chômage atti­rent l’atten­tion de la Police qui arrête Berty Albrecht une pre­mière fois à la mi-jan­vier 1942. Relâchée au bout de trois jours, elle est rapi­de­ment contrainte à la démis­sion.

Arrêtée à son domi­cile fin avril 1942 par la police du gou­ver­ne­ment de Vichy, elle est inter­née admi­nis­tra­ti­ve­ment et arbi­trai­re­ment en mai 1942 à Vals-les-Bains, en Ardèche, avec une partie de l’état-major du mou­ve­ment à la suite d’un coup de filet. Elle n’a droit ni à un avocat, ni à un procès. Elle exige d’être jugée. Devant le refus des auto­ri­tés, elle fait une grève de la faim pen­dant deux semai­nes avec quel­ques-uns de ses co-déte­nus, parmi les­quels Emmanuel Mounier, ini­tia­teur du « per­son­na­lisme » et fon­da­teur de la revue Esprit. Elle obtient alors gain de cause et est trans­fé­rée à la prison Saint-Joseph de Lyon. Jugée au bout de six mois de prison, elle est condam­née par le gou­ver­ne­ment de Vichy au camp d’inter­ne­ment.

L’inva­sion par les Allemands de la zone sud, le 11 novem­bre 1942, risque de com­pli­quer un peu plus encore l’avenir des pri­son­niers poli­ti­ques et résis­tants. Berty Albrecht craint la dépor­ta­tion et décide alors de simu­ler des crises de folie pour faci­li­ter ses chan­ces d’évasion. Elle est d’ailleurs inter­née à l’asile psy­chia­tri­que du Vinatier à Bron le 28 novem­bre. Et elle réus­sira à s’évader du Vinatier le 23 décem­bre 1942 avec le coup de main d’un com­mando des Groupes Francs du mou­ve­ment Combat mené par André Bollier. Elle béné­fi­ciera également pour sa libé­ra­tion de l’aide de sa fille Mireille et de son méde­cin trai­tant. Cet exem­ple d’enga­ge­ment montre aussi tout le cou­rage du per­son­nel soi­gnant de l’hôpi­tal du Vinatier sous l’Occupation, dans un contexte tra­gi­que où, par la volonté nazie et les théo­ries d’Alexis Carrel, de nom­breux mala­des men­taux mou­raient de faim.


Face aux nazis, elle ne dit rien, elle se donne la mort


Recherchée par toutes les poli­ces fran­çai­ses et alle­man­des, refu­sant de passer en Angleterre, elle se réfu­gie dans les Cévennes, à Durfort, puis se cache durant deux mois dans la région de Toulouse, reprend immé­dia­te­ment la lutte ainsi que ses acti­vi­tés clan­des­ti­nes et, au début de février 1943, rejoint Henri Frenay à Cluny, en Saône-et-Loire, au nord de Lyon.

Mais le rendez-vous de Mâcon le 28 mai 1943 est le rendez-vous de trop. Le traî­tre Multon l’a donné. Frenay devait s’y rendre mais son réveil n’a pas sonné… : « Berty a été sacri­fiée, arrê­tée à la place de Frenay ». Elle est arrê­tée à Mâcon le 28 mai 1943 par la Gestapo qui s’est invi­tée au faux rendez-vous de l’hôtel de Bourgogne. Elle est incar­cé­rée et tor­tu­rée à la prison du Fort Monluc à Lyon. Mais elle ne par­lera pas. Elle ne fai­blira pas. Cette fois, elle sait qu’elle ne s’en sor­tira pas. Puis elle est trans­fé­rée à la prison de Fresnes, près de Paris, le 31 mai à 0h15. Placée dans une cel­lule du quar­tier des droits com­muns, échappant ainsi à la sur­veillance réser­vée aux « poli­ti­ques », elle se donne la mort par pen­dai­son dans la nuit avec un fou­lard accro­ché à la lumière.

Le 31 mai 1943, les Allemands font connaî­tre à la Préfecture de Mâcon et à l’ambas­sade des Pays-Bas à Londres le décès de Berty Albrecht sans indi­ca­tions sur ses causes. En mai 1945, son corps est retrouvé dans le jardin pota­ger de la prison de Fresnes. Berty Albrecht est alors inhu­mée, et c’est la seule femme, dans la crypte du fort du Mont Valérien, à Nanterre, à l’ouest de Paris, où de nom­breux résis­tants furent exé­cu­tés.

Nous savons aujourd’hui qu’elle s’est bel et bien pendue. Pourtant, dès le début, la rumeur court qu’elle a été déca­pi­tée à la hache dans la cour de la prison. Plus d’un demi-siècle après, elle court encore puis­que nombre d’anciens résis­tants en étaient sin­cè­re­ment convain­cus jusqu’à l’exhu­ma­tion des archi­ves de la prison par sa fille Mireille il y a peu.

La pion­nière de l’émancipation des femmes est morte trop tôt pour cons­ta­ter que sur les 1038 per­son­nes com­bat­tan­tes faites Compagnons de la Libération, de Gaulle n’avait honoré que six femmes ! Dont elle, la résis­tante Berty Albrecht.

P.-S.

Débaptisons les rues de Lyon !

Il a fallu attendre le 16 janvier 2006, sur proposition de Jean-Louis Touraine, et suite au combat de la résistante Lily Eigeldinger [1], pour que le conseil municipal de Lyon accepte de retirer le nom d’Alexis Carrel [2] à la voie du 8e arrondissement de Lyon reliant l’avenue Viviani à la rue Professeur Tavernier et de lui donner le nom de rue Berty Albrecht (1893-1943), militante des Droits de l’Homme, héroïne de la Résistance, fondatrice du mouvement Combat, qui officia sur Lyon et Villeurbanne et fut incarcérée à la Prison du Fort Montluc.

Notes

[1] « Rendons hommage à celle qui fut l’animatrice du combat pour faire disparaître le nom d’Alexis Carrel des rues de son quartier : Lily Eigeldinger, responsable de l’Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance. Cette militante du Parti Communiste, fille et sœur de Résistants, épouse de Résistant - Déporté, fit partie des Francs Tireurs et Partisans Français, du Front Uni de la Jeunesse Patriotique, arrêtée par la police française, elle a dû fuir Lyon. Elle fut ensuite chargée d’organiser la Résistance parmi la jeunesse dans les départements du midi de la France. Aujourd’hui, avec ses camarades de combat, elle peut être satisfaite que son action ait porté ses fruits. »

[2] Alexis Carrel : mèdecin raciste pro-nazi, précurseur des chambres à gaz, promoteur zélé de l’eugénisme théorisant un non droit de vie pour les handicapés et les malades mentaux, à l’origine de l’extermination, par la faim, de milliers de malades au Vinatier. La honte de Lyon !

 

 

Source : Le 23 décembre 1942, Berty Albrecht s'évade du Vinatier

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23 décembre 2011 5 23 /12 /décembre /2011 01:15

 



Mondialisation.ca, Le 21 decembre 2011

 


La persécution du dénonciateur d’abus Bradley Manning est un très sérieux avertissement à l’ensemble de la classe ouvrière. Ce jeune soldat de 24 ans fait en ce moment l’objet d’une audition militaire préliminaire portant sur des accusations passibles de peines allant jusqu’à la peine de mort. Il est accusé d’avoir divulgué des centaines de milliers de documents gouvernementaux et militaires. Le traitement vindicatif que subit ce jeune homme courageux est destiné à intimider toute opposition à l’égard de l’impérialisme américain.

En février 2010, le site d’information WikiLeaks avait commencé à publier le matériel que Manning est accusé d’avoir transmis. Les documents ont révélé la criminalité du gouvernement américain et de l’administration Obama ainsi que d’autres gouvernements de par le monde. Les révélations sur la corruption et la brutalité des régimes au Moyen-Orient ont contribué à attiser le soulèvement révolutionnaire qui s’est déclenché à travers toute la région à commencer par le soulèvement tunisien d’il y a un an.

>De nombreux dossiers ont documenté les crimes de guerre américains en Irak et en Afghanistan. L’une des publications les plus explosives fut une vidéo, publiée sous le titre « Meurtres collatéraux » et montrant un hélicoptère de combat fauchant à la mitrailleuse des civils irakiens, dont des enfants et deux journalistes de l’agence Reuters, dans un quartier de Bagdad. Dans ce domaine de couverture médiatique hautement censuré des opérations militaires américaines, l’exposition du public américain à une telle atrocité a eu un impact significatif et intensifié l’opposition populaire à l’occupation de l’Irak. (Voir « Leaked video shows US military killing of two Iraqi journalists »)

Si Manning était effectivement responsable de la publication de ce matériel, il aura rendu un grand service à l’humanité. Le seul « crime » qu’il a commis est celui d’avoir révélé au grand jour les véritables crimes de l’impérialisme américain. Alors qu’il comparaît devant le tribunal militaire, les gouvernements et les chefs militaires responsables du déclenchement de guerres illégales, de la pratique de la torture et de la violation des droits démocratiques fondamentaux restent eux, en liberté.

Détenu pendant plus d’un an et demi par l’armée, Manning a été soumis à un régime de détention à l’isolement total, a une nudité forcée, à la privation de sommeil et à d’autres cruautés. On lui a refusé l’application d’une procédure régulière et des réunions privées avec ses avocats et avec des enquêteurs des droits de l’homme.

Sa difficile situation a suscité des dénonciations de la part d’organisations internationales de défense des droits ainsi que de masses de gens ordinaires partout dans le monde. Le gouvernement Obama – aux côtés de l’ensemble de l’establishment politique et des grands groupes de médias – a réagi à ces appels avec indifférence et mépris.

Le traitement que l’Etat fait subir à Manning vise à briser sa volonté, tout à l’image des détenus à Guantanamo Bay qui ont été obligés d’avouer des accusations fabriquées de toutes pièces par le gouvernement américain.

Le gouvernement Obama entend utiliser Manning pour fermer WikiLeaks et faire taire son fondateur Julian Assange qui fait présentement appel de son extradition vers la Suède où il doit être jugé sur la base d’accusations fictives de délit sexuel. S’il perd son appel, Assange risque d’être extradé vers les Etats-Unis pour y être soit jugé comme terroriste par le ministère de la Justice soit interpellé et détenu à vie sans procès par l’armée américaine.

Alors que l’audition dont il fait l’objet en est à son quatrième jour, la défense de Manning est obligée de présenter ses arguments sans le témoignage de 46 des 48 témoins qu’elle avait requis. Le ministère de la Justice exerce une influence directe sur le processus judiciaire en ce que le lieutenant-colonel Paul Almanza, officier chargé de l’enquête et procureur du ministère de la Justice, préside l’affaire en qualité de juge. Ignorant les protestations de la défense selon quoi ces fonctions représente un conflit d’intérêts, Almanza et l’armée rejettent les appels exigeant qu’il se récuse.

Les méthodes du gouvernement Obama – détention perpétuelle, torture, suppression d’information, cours martiales – en disent long sur son attitude à l’égard des droits démocratiques. Propulsé au pouvoir en grande partie en raison du dégoût éprouvé à l’égard de la politique militariste du gouvernement Bush, Obama a considérablement élargi les services de renseignement militaire, déclenché de nouvelles guerres et mis en place une politique d’assassinat d’Etat extrajudiciaire, dont de citoyens américains.

Il est significatif de noter qu’après avoir promis de créer « le gouvernement le plus transparent de l’histoire, » le président a classifié un nombre record de données et poursuivi pour « espionnage » davantage d’informateurs d’abus gouvernementaux que ne l’avaient fait tous les gouvernements précédents réunis.

Le président n’attend actuellement que l’occasion de donner force de loi à un cadre juridique d’Etat policier. La National Defense Authorization Act [loi de finances relative au financement de la machine de guerre] contient des dispositions qui permettront de détenir dans des prisons militaires pour une durée indéfinie, sans inculpation ni jugement, des citoyens arrêtés sur le sol américain. La loi légalise effectivement la politique mise en vigueur par le gouvernement Bush et élargi son usage sur le sol américain, abrogeant la Déclaration des droits des Etats-Unis. (Voir « Obama, Congress back legalization of a police state »

Les poursuites judiciaires contre Manning sont partie intégrante de cette attaque contre les droits démocratiques, soutenue par l’ensemble de l’establishment politique américain. L’Etat affirme que, non seulement il doit être libre de commettre des crimes partout dans le monde, mais que quiconque révèle au grand jour ces crimes subira les punitions les plus sévères.

La décrépitude de la démocratie aux Etats-Unis n’est pas due au hasard. Elle a sa source dans l’effondrement du capitalisme américain et mondial. La classe dirigeante a réagi à la crise avec des mesures de plus en plus brutales, qui ont engendré une catastrophe sociale pour des millions de personnes. Les soins de santé publics sont réservés à une ploutocratie financière de plus en plus restreinte et riche. En conséquence, des masses de gens sont poussés dans la lutte des classes. C’est avant tout pour cette raison que Washington est en train de jeter les fondements d’un Etat policier.

Une détention à vie dans une prison militaire plane au-dessus de la tête de Bradley Manning, voire la peine de mort. Les travailleurs qui craignent pour sa vie et qui sont opposés à la politique de guerre de l’impérialisme américain doivent comprendre que la vendetta contre Manning et d’autres informateurs d’abus est liée de façon inhérente aux attaques de la classe dirigeante sur les droits et les conditions de vie de la classe ouvrière en général.


Article original, WSWS, paru le 19 décembre 2011.

 

Source : Bradley Manning et l’attaque des droits démocratiques

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23 décembre 2011 5 23 /12 /décembre /2011 00:59

 

 

 


 


L’épouvantable révélation selon laquelle l’armée américaine a engagé un sous-traitant privé pour transporter, incinérer et jeter les restes humains des soldats américains tués en Irak dans un site d’enfouissement a outré les familles de ceux qui ont été tués dans les guerres de Washington ainsi que plusieurs des membres du personnel militaire qui sont encore actifs ou qui sont à la retraite.

L'enfouissement des restes humains envoyés à la base aérienne de Dover, qui, selon le Pentagone, a pris fin en 2008, s’est déroulé sous le couvert d'un silence médiatique imposé par le Pentagone et la Maison-Blanche de Bush. Bush avait justifié la censure de la presse en déclarant que « la sensibilité et la vie privée des familles de ceux qui sont tombés au combat doivent être la priorité numéro un ».

Bien sûr, la vraie raison était que l’administration ne voulait pas alimenter le sentiment antiguerre qui allait en augmentant. Comme l’a expliqué un ancien commandant de l’armée, la décision d’utiliser la force militaire devrait passer « le test Dover » – c’est-à-dire, la réaction du public face au flot continu de cercueils enveloppés dans le drapeau et défilant dans la base aérienne du Delaware. De la même manière que la Maison-Blanche de Bush a lancé la guerre en Irak sur la base de mensonges, elle a tenté de tromper le peuple américain en s'évitant ce « test » par le biais de la censure d’État.

Ses opérations étant entourées de mystère, la morgue de Dover a introduit la pratique bizarre et inhumaine qui consiste à empaqueter des restes humains déjà incinérés ainsi que des déchets médicaux et à les envoyer à un site d’enfouissement afin qu’ils soient incinérés et éparpillés parmi les déchets.

Gari-Lynn Smith, la veuve de Scott B. Smith, sergent de première classe et membre d’une unité de déminage tué en 2006, a passé quatre ans à écrire des lettres, à faire des appels téléphoniques et à soumettre des requêtes d’informations afin de découvrir ce qui est arrivé aux restes de son mari identifiés après ses funérailles.

En avril dernier, elle a finalement reçu une réponse qui disait que de tels restes étaient incinérés et jetés au site d’enfouissement de King George. Cette information était suivie d’une note du directeur de la morgue de Dover qui disait : « J’espère que cette information vous amène du réconfort en cette période de deuil. »

En colère, Smith a dit au Washington Post, « Ils savaient qu’ils faisaient quelque chose de dégueulasse et ils faisaient tout ce qu’ils pouvaient pour nous le cacher. »

Dans des excuses faites à contrecœur, le chef adjoint de l'état-major de l’Air Force, le lieutenant-général Darrell Jones, a déclaré lors d’une conférence de presse à Washington jeudi que le Pentagone regrettait toute « détresse additionnelle que les pratiques passées auraient pu causer aux familles. »

Tout en soutenant que la mission de l'Air Force Mortuary Affairs Operations était de traiter les dépouilles des soldats morts au combat avec "dignité, honneur et respect", il a défendu la pratique de mettre ensemble des restes humains et des déchets biologiques pour incinération et élimination comme étant « en respect des normes de l'industrie ». Cependant, des représentants du site d'enfouissement et de l'entreprise recrutée pour procéder au transport et à l'incinération des caisses marquées « déchets biologiques » provenant de Dover n'ont jamais été informés de leur contenu et ont été choqués d'apprendre qu'ils avaient manipulé des restes humains.

Le général de l'Air Force fait référence aux « normes de l'industrie » pour le transport des déchets. Mais la norme pour s'occuper des dépouilles des soldats a été fixée par la tombe des inconnus au cimetière national d'Arlington.

L'Air Force a tenté de justifier ses actes en notant que les familles des 274 membres du personnel militaire impliqués avaient signé des documents demandant de ne pas être avisées si des restes de leurs êtres chers étaient identifiés après leur inhumation. Certainement, pour de nombreuses personnes, rien ne pourrait être plus horriblement douloureux que de recevoir des appels les informant qu'un autre morceau de leur enfant, conjoint ou parent avait été retrouvé.

Mais bien sûr, aucun d'entre eux n'aurait pu imaginer que ces restes allaient être enterrés dans un site d'enfouissement. En plus des 976 membres et parties de corps humain des 274 soldats, on s'est débarrassé de plus de 1700 autres restes humains de façon semblable.

Le chef de l'Air Force, le général Norton Schwartz, a dit aux médias que les familles n'avaient été informées de cette procédure que la semaine dernière, car le Pentagone avait été forcé d'attendre que l'Office of Special Counsel produise son rapport d'enquête dans l'affaire.

Cependant, la conseillère juridique Carolyn Leclair a qualifié l'explication fournie par Schwartz de « manifestement fausse ». Elle a soutenu que son bureau avait pressé l'Air Force à maintes reprises, et ce, depuis mars, d'avertir les familles. « Ils ont dit alors que certaines de ces familles avaient des blogues, et que l'on ne pouvait pas leur faire confiance, qu'ils pourraient raconter ce qu'ils savaient aux médias », a-t-elle dit.

La société américaine et sa culture politique sont saturées de la glorification du militarisme et de l'incessante déification des « guerriers » de l'armée, un concept complètement étranger à une république démocratique dont l'usage s'est répandu avec la « guerre contre le terrorisme ». Mais l'horrible vérité de la profanation de restes humains à Dover et la honteuse tentative de l'armée pour masquer cette affaire ont exposé le cynisme et la brutalité entourant une décennie de guerres sans interruption, ainsi que l'inhumanité exprimée envers les soldats qui ont mené ces guerres.

Les guerres en Afghanistan et en Irak ont été déclenchées sur la base de mensonges sur la supposée menace du terrorisme et d'armes inexistantes de destruction massive. Elles sont menées dans les intérêts de l'élite financière et dans le but d'assurer l'hégémonie des États-Unis sur les régions stratégiques vitales et riches en énergie de l'Asie centrale et du golfe Persique. Ces guerres ont considérablement enrichi une clique de contractants privés, de Halliburton à Blackwater.

Quant aux soldats, ils sont considérés comme de la chair à canon. Ils sont membres d'une soi-disant « armée de volontaires » qui a été créée au lendemain de la guerre du Vietnam précisément pour isoler la machine de guerre américaine des influences démocratiques et des sentiments populaires contre le militarisme. L'objectif était de donner au gouvernement une plus grande liberté pour mener une agression militaire à l'étranger que si la population entière était soumise à la conscription militaire.

Le résultat est que les guerres impérialistes de la dernière décennie ont été menées par une très faible portion de la population, où seulement la moitié d’un pour cent des adultes américains en service actif à n’importe quel moment. Cette couche, issue principalement de la jeunesse ouvrière, la plupart cherchant du travail ou une façon d’obtenir une éducation universitaire, a été soumise à un nombre sans précédent de tours de service pratiquement sans interruption en Afghanistan et en Irak.

Ces guerres ont impliqué des crimes terribles contre les  populations civiles : on évalue à plus d’un million le nombre de vies irakiennes perdues et à des dizaines de milliers les civils tués en Afghanistan. Le caractère colonial de ces conflits a aussi fait des ravages sur les troupes qui les ont menés. En addition aux plus de 6 300 soldats qui ont perdu la vie en Irak et en Afghanistan, plus de 16 pour cent des anciens combattants, après le 11-Septembre, ont souffert de sérieuses blessures, dont bon nombre d'entre elles étaient des amputations et des traumatismes crâniens. Les blessures invisibles des traumatismes psychologiques et émotionnels sont encore plus envahissantes.

Pour ceux qui quittent l’armée, et des dizaines de milliers se joindront à eux avec le retrait des troupes d’Irak, les conditions sont de plus en plus sombres. Ceux qui retournent à la vie civile feront face à la pire crise économique depuis la Grande Dépression des années 30.

Le taux de chômage chez les jeunes vétérans, âgés de 18 à 24 ans, a augmenté à 30,4 pour cent, soit le double du taux pour l’ensemble de cette tranche de la population.

Au moins 13 000 jeunes vétérans âgés de 18 à 30 ans ont joint la population sans domicile fixe du pays selon une récente étude menée par le Department of Housing and Urban Development and the Veterans Administration (ministère du Logement et du Développement Urbain et de l'Administration des anciens combattants).

Des centaines de milliers de ceux envoyés en Irak et en Afghanistan sont revenus avec le trouble de stress post-traumatique, qui avec les multiples amputations est possiblement la blessure typique de ces deux guerres coloniales. La plupart doivent se battre pour recevoir des traitements, les rendez-vous étant souvent retardés de plusieurs mois. Dans certains cas, même les soldats ayant fait une tentative de suicide se voient refuser des rendez-vous dans un délai raisonnable. 

Le taux de suicide parmi les militaires en service actif ont atteint de nouveaux records : 305 membres de l'armée se sont enlevé la vie l'année dernière. Chez les anciens combattants, les chiffres sont encore plus alarmants. L'Administration des anciens combattants estime que 18 vétérans se suicident tous les jours.

Le scandale entourant la gestion des  restes humains à Dover est emblématique de la réalité des soldats jetables, mâchés et crachés par la machine de guerre américaine. 

Article original, WSWS, paru le 10 décembre 2011


 Articles de Bill Van Auken publiés par Mondialisation.ca

 

Source : Le scandale de la morgue de Dover et les soldats jetables de l’Amérique



 

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