14 février 2013 4 14 /02 /février /2013 11:34

 

Un pas de plus dans la criminalisation des mouvements sociaux qui bat son plein en Europe.

 

Grèce: Le gouvernement décrète la loi martiale contre les travailleurs des ferries en grève

 

Mardi soir, le gouvernement grec a imposé la loi martiale contre les marins des ferries en grève en mobilisant la police pour briser leurs piquets de grève. Les travailleurs avaient débrayé pour protester contre les suppressions d’emplois et les réductions de salaires ainsi que pour revendiquer le versement de salaires impayés. Cela fait des mois que certains d’entre eux ne reçoivent pas de salaire.

La grève a suspendu le transport maritime entre le continent et les nombreuses îles du pays, provoquant des pénuries alimentaires dans les îles plus petites qui n’ont pas d’aéroport.

Les équipages des ferries ont arrêté le travail jeudi dernier, 31 janvier. Le débrayage n’était initialement prévu que pour 48 heures, mais il a été reconduit pour trois fois 48 heures avant d’être brisé par le gouvernement.

Le gouvernement de coalition mené par Nouvelle Démocratie et qui regroupe aussi le PASOK (social-démocrate) et la Gauche démocratique, a invoqué tard mardi soir les pouvoirs d’urgence sous la forme d’une « mobilisation civile, » en enrôlant formellement les travailleurs des ferries dans l’armée et en leur ordonnant de reprendre le travail. Les travailleurs qui défient cet ordre sont passibles de peines de prison allant jusqu’à cinq ans.

Mercredi matin, la police a occupé le grand port du Pirée pour empêcher que les travailleurs ne tentent d’empêcher les briseurs de grève d’entrer.

Le syndicat des marins grecs (PNO) a réagi à l’imposition de la loi martiale en mettant immédiatement fin à la grève. Les deux principales confédérations syndicales grecques, l’ADEDY (Union des fonctionnaires) et la GSEE (Confédération générale des Travailleurs de Grèce) ont appelé mercredi à des grèves de solidarité dans la région d’Attica, qui comprend à la fois Athènes et le Pirée.

Les grèves de solidarité ont toutefois été strictement limitées. Les bus et les trams ne sont restés que quatre heures au dépôt et pratiquement aucun autre mouvement de grève n’a eu lieu dans les services publics. Mercredi à midi, des milliers de travailleurs se sont rassemblés au Pirée pour manifester contre l’action du gouvernement. Les manifestants ont défilé du port vers le ministère de la Marine.

L’imposition de la loi martiale contre les marins grévistes est survenue deux semaines à peine après que des mesures de loi martiales ont été prises pour briser une grève des travailleurs du métro d’Athènes. L’Etat grec a de fait décrété, en violation des droits démocratiques, une interdiction d’organiser la moindre grève efficace. Il viole aussi les lois internationales qui n’autorisent les travaux forcés que dans un cadre bien défini.

L’abolition du droit de grève et la criminalisation des travailleurs en grève rappelle les conditions d’Etat policier qui étaient en vigueur sous le régime fasciste des colonels, il y a une quarantaine d’années.

Depuis que l’Union européenne a commencé à dicter des mesures d’austérité à la Grèce, le gouvernement grec a recouru à la loi martiale à quatre occasions distinctes pour obliger les travailleurs en grève à reprendre le travail. La loi martiale a été invoquée en 2010 contre les chauffeurs routiers en grève, en 2011 contre les éboueurs et, ce mois-ci, contre les travailleurs du métro et les travailleurs des ferries.

Dès que des travailleurs cherchent à engager un mouvement de grève qui dépasse les protestations symboliques des syndicats et qui ait un impact sérieux sur les intérêts patronaux, ils sont contraints par l’Etat de retourner au travail. Toute forme efficace de résistance collective contre les mesures d’austérité, qui ont déjà coûté des dizaines de milliers d’emplois et réduit les salaires et les retraites, a été officiellement déclarée illégale non seulement par le parti droitier Nouvelle Démocratie mais aussi par le PASOK et la Gauche démocratique (DIMAR), une scission de SYRIZA (Coalition de la Gauche radicale.)

La quasi abolition du droit de grève va de pair avec une brutalité policière grandissante et la prolifération de méthodes d’Etat policier. La semaine passée, l’on a appris que quatre voleurs présumés ayant un passé anarchiste avaient été, après leur arrestation, férocement passés à tabac par la police. L’année dernière, il avait été révélé que la police avait traité de la même manière des manifestants antifascistes. Tout le monde sait qu’un grand nombre de policiers sont des membres ou des partisans du parti fasciste Aube dorée (Chrysi Avgi).

L’atteinte au droit de grève en Grèce est appliquée en collaboration et avec le soutien des autres gouvernements européens et institutions de l’UE. La soi-disant « troïka » , le Fonds monétaire International (FMI), la Commission européenne et la Banque centrale européenne (BCE), supervise chaque mesure prise par le gouvernement grec et elle a envoyé des observateurs pour contrôler certains ministères en particulier. Durant une visite à Berlin en début d’année, le premier ministre grec Antonis Samaras (ND) s’était entretenu avec la chancelière allemande Angela Merkel qui lui avait très clairement signifié qu’il ne pouvait y avoir de ralentissement dans l’imposition des coupes sociales.

Après avoir plongé la population grecque dans la misère sociale afin de répondre aux exigences des banques et des spéculateurs, l’Etat grec recourt à présent à la répression pure et dure pour étouffer l’opposition de la classe ouvrière. Mais la Grèce d’aujourd’hui est le visage de l’Europe de demain. Tout comme la Grèce est aujourd’hui la référence pour la propagation des mesures d’austérité au continent entier, de la même manière son tournant vers des méthodes d’Etat policier sera imité par les gouvernements d’Europe.

Les syndicats en Grèce et partout en Europe jouent un rôle indispensable dans l’imposition de ces attaques. Sans les efforts incessants entrepris par les syndicats grecs pour briser et saper la résistance des travailleurs contre l’austérité, le gouvernement instable de Samaras serait incapable de survivre.

Les syndicats européens soutiennent soit tacitement soit ouvertement les attaques menées contre les travailleur, de même qu’ils collaborent pour perpétrer des attaques contre les travailleurs dans leurs propres pays. Ils ne mènent aucune campagne sérieuse contre la criminalisation de fait des grèves.

Une porte-parole de la Confédération européenne des Syndicats (ETUC), Emanuela Bonacina, a dit au World Socialist Web Site que son organisation n’avait aucun plan d’action pour défendre les travailleurs des ferries grecs ou pour s’opposer aux assauts lancés contre les droits démocratiques en Grèce. Cette question n’avait même pas fait l’objet de discussions. Une réponse tout aussi méprisante a été donnée par le service de presse de la Fédération des syndicats allemands (Deutscher Gewerkschaftsbund, DGB).

La Fédération internationale des ouvriers du Transport (ITF), dont le PNO est un membre, a limité sa réponse à l’envoi d’une note de protestation à l’adresse de Samaras. Son porte-parole, Sam Dawson, a dit au WSWS : « Le PNO nous a demandé d’intervenir directement auprès du gouvernement, ce que nous avons fait. S’ils ont besoin de davantage d’aide, ils savent qu’ils peuvent compter sur l’ITF. »

En Grèce, c’est à l’aide d’une poignée d’actions symboliques que les syndicats cherchent à contenir la colère des travailleurs à l’égard des agissements du gouvernement. Après la répression, le mois dernier, de la grève des travailleurs du métro, ils ont organisé quelques petites actions de solidarité auxquelles ils ont rapidement mis fin pour ne pas mettre en péril le gouvernement. Les actions entreprises mercredi étaient du même type.

Les syndicats jouissent du soutien crucial de groupes pseudo-gauches tels SYRIZA et le Parti communiste grec (KKE). Le président de SYRIZA, Alexis Tsipras, s’est rendu dernièrement à Berlin et à Washington pour rassurer les gouvernements américain et allemand que son parti ne représentait nullement un danger et pour garantir le remboursement de la dette grecque. Tsipras a, à plusieurs reprises, souligné que SYRIZA n’avait aucune intention de renverser le gouvernement ni de contraindre Samaras à démissionner.

La présidente du KKE, Aleka Papariga, a défilé en tête de la manifestation au Pirée en appelant à la solidarité avec les travailleurs des ferries. Dans le même temps, la propre fédération syndicale du KKE, le PAME, qui jouit de la plus forte représentation au sein du PNO, a joué un rôle primordial dans l’annulation de la grève.

Christoph Dreier

Article original, WSWS, paru le 7 février 2013

Source :
Grèce: Le gouvernement décrète la loi martiale contre les travailleurs des ferries en grève | Mondialisation Grèce:

 

Et nouvelles exactions des nazis :

Lalibre.be - Les néonazis grecs prennent le chemin de l'école

Lalibre.be - Quand Aube dorée veut faire le ménage (dans les hôpitaux)

Et des appels à solidarité avec les travailleurs de la santé

Grèce : Appel à la solidarité avec les Dispensaires sociaux solidaires - Le blog de Danactu-résistance

Les robins médecins vont avoir besoin de médicaments et de matériel de soin pour continuer leur action.

Grèce : quand être sans emploi équivaut à la mort et les Robins médecins.

 


Grecia: "Estar desempleado equivale a la muerte"

 


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14 février 2013 4 14 /02 /février /2013 11:22

 

 

 

chaplin dictateur

Sans vouloir déconsidérer le message humaniste du film de Chaplin , on peut quand même regretter que la caricature qu’il donne d’Hitler n’aide pas à comprendre pourquoi et comment un mouvement aussi répugnant que le nazisme soit parvenu au pouvoir légalement dans un pays considéré comme un des fleurons culturels de l’Europe.

On peut même penser que le succès qu’a rencontré ce film en Occident doit beaucoup au fait qu’il a contribué à faire oublier qu’Hitler et le nazisme n’ont dû leur victoire qu’à l’appui politique et financier des représentants des firmes les plus puissantes du capitalisme allemand.

Soutenu seulement par certains cercles de l’armée, Hitler et le parti nazi ont longtemps été marginalisés. Au point que leur putsch de Munich en novembre 1923 tournera à la farce lamentable.

C’est que craignant une réaction trop vigoureuse de la classe ouvrière, la bourgeoisie souhaitait mettre fin à la République de Weimar et instaurer un pouvoir autoritaire, mais de manière constitutionnelle. A partir de 1924, Hitler, qui a retenu la leçon, décide de lancer son parti dans les compétitions électorales – toutefois sans succès jusqu’en 1929. C’est alors que, la conjoncture se dégradant après une période de relative stabilité, les milieux les plus réactionnaires du grand capital se tournent vers le parti nazi.

Emil Kirdorf.PNGParmi eux, Emil Kirdorf fondateur du consortium houiller de Rhénanie-Westphalie et de la société minière de Gelsenberg, et Alfred Hugenberg, représentant la grande industrie de la Ruhr, qui deviendra le ministre de l’Economie du premier cabinet de Hitler. Grâce à ces nouveaux appuis financiers, le parti nazi peut diffuser plus largement et plus intensément sa démagogie sociale et ainsi devenir, aux élections fédérales de 1930, le deuxième parti du pays avec plus de 6 millions de voix et 109 députés.

Hitler et son parti avaient ainsi prouvé à la grande bourgeoisie qu’ils représentaient l’instrument dont elle avait besoin pour assurer une transition de la démocratie parlementaire à un régime ouvertement dictatorial. Pour parfaire sa respectabilité, le 25 septembre 1930, Hitler prête serment de fidélité à la légalité devant la Cour suprême du Reich et nomme à des fonctions importantes de son parti des hommes de confiance du capital financier parmi lesquels des représentants de la banque Schröder, de la Deutsche Bank, du groupe des aciéries Thyssen,…

Carl Friedrich von Siemens.PNGLe 27 octobre 1931, devant un parterre de financiers américains, Carl Friedrich von Siemens, PDG de la firme Siemens, fait l’éloge des nazis et de leur volonté d’éradiquer le socialisme en Allemagne.

Toutefois, lors des élections fédérales de novembre 1932, le parti nazi perd 2 millions de voix et 40 sièges. Les grands industriels et des grands propriétaires terriens qui le soutiennent décident alors d’accélérer le mouvement. Le 19 novembre 1932, ils adressent une requête collective au maréchal Hindenburg, président de la République, lui demandant avec insistance la nomination d’Hitler au poste de chancelier.

Ce sera chose faite le 30 janvier 1933 après qu’une rencontre entre Hitler et l’ancien chancelier Franz von Papen, dans la villa du banquier Kurt von Schröder, ait permis de sceller les derniers arrangements.

Hitler Hindenburg.PNG

30 janvier 1933 : Le maréchal Hindenburg, élu président de la République en 1932 avec le soutien du Parti social-démocrate, nomme Hitler au poste de chancelier du Reich

 

 

 

 

 

Source : Kurt Gossweiler, Hitler l’irrésistible ascension ? Essais sur le fascisme, Ed. Aden, 2006.

Jean-Pierre Dubois

Nazisme et grand capital

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13 février 2013 3 13 /02 /février /2013 22:25

 

 

Santé au travail : Annie Thébaud-Mony, "Nous sommes face à une forme de crime organisé"

Affaires publiques

Santé au travail : « nous sommes face à une forme de crime organisé »

Du cynisme des industriels à l’inaction des pouvoirs publics, Annie Thébaud-Mony, directrice de recherches au CNRS, dresse un état des lieux sans concession de la santé au travail…


Du cynisme des industriels à l’inaction des pouvoirs publics, Annie Thébaud-Mony, directrice de recherches au CNRS, dresse un état des lieux sans concession de la santé au travail… Moyenâgeuse et cynique. C’est en ces termes qu’Annie Thébaud-Mony qualifie l’attitude de certains industriels vis-à-vis de la santé et de la sécurité des salariés. Attitude qui, selon elle, expliquerait que l’on déplore encore chaque jour en France deux morts par accidents du travail et plus de dix des suites d’une exposition à l’amiante.

Une situation archaïque que cette spécialiste des questions de sécurité au travail dénonce depuis près de 30 ans en parlant non pas de négligence mais d’une authentique forme de “crime organisé” de la part de certains dirigeants qui, depuis longtemps, ont appris à sous-traiter non seulement les risques qu’ils génèrent mais aussi les responsabilités qui les accompagnent.

Face à cette manifestation de “pur cynisme industriel” dont les pouvoirs publics n’ont jusqu’alors pas pris la mesure, Annie Thébaud-Mony entend opposer deux mesures : l’interdiction d’avoir recours à la sous-traitance sur tout site dangereux et l’introduction des notions de crime industriel et de désastre volontaire dans le droit pénal. Seuls moyens, selon elle, d’en finir avec une situation qui persiste à placer l’intérêt économique au-dessus de la préservation de la vie humaine.

Je viens de refuser la Légion d’honneur parce que ce n’est tout simplement pas le type de reconnaissance que j’attends au terme de toutes ces années d’engagement et de recherche scientifique sur les questions de santé au travail et de santé environnementale. Ce que j’attends, c’est que mon travail soit pris en compte et reconnu ; autrement dit, qu’il incite les pouvoirs publics à adopter un certain nombre de dispositions, ne serait-ce que pour faire respecter la loi.

Car pour l’heure, en ce qui concerne la santé et la sécurité, le code du travail n’est pas appliqué. Il pose un certain nombre de principes qui ne sont pas respectés, à commencer par le principal : l’obligation faite depuis plus d’un siècle aux employeurs de garantir la santé de leurs salariés. Cette obligation a pourtant été rappelée à l’occasion du drame de l’amiante en 2002, l’affaire ayant débouché sur une certaine prise de conscience en montrant qu’il existait un réel problème de prévention face à un risque qui, pourtant, était identifié depuis longtemps. En prenant la mesure de cette catastrophe sanitaire, la Cours de cassation a réactivé cette obligation des employeurs d’assurer la santé des salariés au quotidien.

Or je constate chaque jour que, sur ce plan, rien n’a changé. Que nous restons face à une situation d’urgence sanitaire qui n’est absolument pas prise en compte par les politiques. Voilà pourquoi j’ai refusé la décoration qui m’a été proposée. Parce qu’elle aurait dû intervenir au terme de mon travail ; en marquer l’aboutissement. Et comment parler d’aboutissement alors que perdure cette situation d’urgence, que l’on attend encore que des décisions soient prises et des mesures adoptées ? Tant qu’il en sera ainsi, je ne pourrai ni me reposer, ni recevoir une médaille.

Sécurité versus rentabilité
Non seulement il n’y a aucune amélioration mais l’on voit s’installer chez les entreprises un discours fataliste fondé sur l’argument de la crise économique et consistant à dire : vu la situation catastrophique, nous avons d’autres priorités que d’améliorer les conditions de travail. Ce raisonnement prouve que la sécurité des salariés est perçue comme une dépense, non comme un investissement et que, dans un contexte tendu, elle devient une sorte de luxe que les entreprises estiment ne pas avoir les moyens de s’offrir.

Pire, elle est perçue comme une option alors qu’encore une fois, il s’agit d’une obligation. Résultat, ceux qui, comme moi, militent pour une autre gestion des risques sont uniquement perçus comme cherchant à alourdir les charges de l’entreprise. Pourtant on oublie une chose essentielle : c’est que l’assurance maladie – et par conséquent le contribuable – finance la négligence des industriels. Il faut savoir que dans le domaine des pathologies lourdes liées à l’environnement de travail, certains médicaments valent 1 000 euros la dose. Ce qui explique que les maladies professionnelles représentent chaque année des dépenses de plusieurs milliards d’euros.

A défaut de parvenir à se faire entendre sur l’aspect humain de la situation, je n’hésiterai pas à avancer cet argument économique auprès des pouvoirs publics pour dénoncer l’attitude moyenâgeuse de certains industriels pour qui les gains escomptés de certaines réductions de coûts d’exploitation légitiment tout, y compris la mise en danger de la vie d’autrui.

Impunité
Cette situation est d’autant plus révoltante qu’elle s’est jusqu’à maintenant accompagnée d’une impunité totale. Celle-ci vient d’être remise en question il est vrai avec le jugement rendu contre AZF mais il aura fallu une catastrophe exceptionnelle et onze années d’un procès exceptionnel pour y parvenir, alors qu’on dénombre chaque jour en France deux morts par accident du travail, une dizaine des suites d’un cancer lié à l’amiante et, chaque année, des milliers d’autres décès liés au cocktail de cancérogènes et toxiques en tous genres que les travailleurs respirent et, au-delà, les riverains des usines, des centrales nucléaires, des lignes à haute tension, etc.

Pour illustrer la dangerosité de certains lieux de travail, il y a ce cas récent de deux salariés partageant un même bureau sur le site d’une centrale nucléaire et atteints tous deux d’une tumeur au cerveau. Ce type de concordance est fréquent et lorsque l’on commence à enquêter, il n’est pas rare que l’on découvre d’autres cas atteints de la même pathologie, ce qui rend le lien avec l’environnement de travail évident. Comme c’est le cas chez les dockers. Parmi les 130 dockers du port de Nantes – qui manipulent en continu et sans protection les caisses de bois traitées aux pesticides, les bananes traitées au chlore et la ferraille qui dégage de l’oxyde de fer – 35 cas de cancers du rein ont été dénombrés. Je ne vois pas comment, avec une telle proportion, on peut encore parler de hasard.

Travail de lobbying
Pour établir des liens entre environnement de travail et cancers, nous avons mené un travail dit de systématisation face à l’exposition, en nous appuyant sur des données chiffrées. C’est essentiel pour établir ce qu’on appelle des présomptions d’imputabilité permettant au salarié qui développe une pathologie correspondant à une exposition propre à l’entreprise dans laquelle il travaille de la voir instantanément reconnue comme maladie du travail. Notre retard dans ce domaine s’explique par le fait que, pour établir ce type de tableau des maladies professionnelles, il faut un accord entre patronat et syndicat, ce à quoi, en France, un conflit d’intérêts évident nous empêche de parvenir.

Et pour cause : les experts du patronat emploient toute leur énergie à nier l’évidence. Exemple : on n’a toujours pas pu faire inscrire le cancer du larynx dans le tableau des maladies professionnelles alors qu’on le sait directement lié à une exposition à l’amiante et qu’il a été reconnu comme tel par d’autres organisations sanitaires il y a dix ans déjà. Dans ce domaine, nous nous heurtons à un véritable travail de lobbying qui, pour moi, justifie de parler de crime organisé de la part des grands industriels et des experts, doublé d’une situation de non-assistance à personne en danger.

L’amiante
Le traitement de l’amiante, qui est le plus connu des cancérigènes, est révélateur de cet état de fait. Les premiers cas sont identifiés à la fin du XIXe siècle et, dès 1930, les industriels disposent de toutes les données scientifiques attestant de sa dangerosité. Trente ans plus tard, un chercheur américain rend ces données publiques et en 1971 les entreprises du secteur s’organisent pour entreprendre une véritable campagne de désinformation sur les effets sanitaires de l’amiante, le tabac devenant un formidable alibi invoqué pour expliquer les maladies contractées par les salariés et la notion d’“usage sécuritaire” de l’amiante étant avancée pour empêcher une réglementation sévère de son usage, ce qui n’est rien de plus qu’un slogan de propagande industrielle puisqu’il a été établi qu’une fois l’amiante extraite de la mine et réduite en poudre, il n’existait aucune possibilité de limiter sa dangerosité.

Et le déni continue. Pour preuve, cette véritable bataille judiciaire qui, de 1997 à 2012, a opposé mouvements associatifs et pouvoirs publics dans une affaire de déconstruction d’une ancienne usine de transformation d’amiante, à Aulnay-sous-Bois. Tout ce que demandaient les associations, c’était l’application stricte de la réglementation de 1993 sur l’enlèvement d’amiante, à savoir : le confinement total du site durant les travaux afin de limiter la poussière au maximum et donc, les risques de contamination. Pour obtenir qu’il en soit ainsi, autrement dit pour que la loi soit respectée et appliquée, il a fallu plusieurs procédures judiciaires et surtout, il a fallu que la société civile se mobilise. Sans cela, on aurait démonté l’usine sans aucune précaution, ce qui aurait mené à une contamination des populations environnantes.

La sous-traitance du risque
Les secteurs présentant le plus de risques pour la santé des salariés sont connus. Il s’agit de la chimie et du nucléaire, bien sûr, mais aussi du BTP, de la réparation automobile, du travail des métaux, de l’imprimerie et de toutes les formes de maintenance industrielle. Le point commun étant que, dans l’ensemble de ces secteurs, on sous-traite les risques. La situation est simple : les entreprises considèrent que, à partir du moment où une activité est sous-traitée, la gestion des risques qui y est liée ne relève plus de leur responsabilité mais de celle de l’entreprise sous-traitante.

Et c’est là que l’on se heurte à un vide juridique. Le travail étant prescrit aux employés d’une autre entreprise avec laquelle le donneur d’ordres entretient une relation client-fournisseur, cela modifie les relations de travail entre le dirigeant de la première entreprise et les salariés de la seconde et, de ce fait, déplace les responsabilités. A cette situation déjà pernicieuse s’ajoute le fait que, bien évidemment, le sous-traitant en charge de cette activité de maintenance aura obtenu le marché parce qu’il aura répondu à un appel d’offres qui, au final, privilégiera toujours l’entreprise pratiquant les tarifs les plus avantageux. Et où les entreprises qui pratiquent ces tarifs avantageux parviennent-elles à faire des économies pour réduire leurs coûts d’exploitation ? Toujours sur les mêmes postes : la prévention et la sécurité des salariés.

AZF
Le drame d’AZF est un parfait exemple des situations parfois hallucinantes que l’on peut rencontrer dans l’univers de la maintenance industrielle. Le site utilisait des dérivés chlorés après avoir eu recours, des années plus tôt, à des engrais. Or il existe une incompatibilité totale et bien connue entre les nitrates contenus dans les engrais et le chlore. Ces produits n’auraient donc jamais dû être en contact. Mais l’entreprise ayant sous-traité la gestion de ses déchets sans alerter les personnes en charge sur la nature des produits et résidus qu’elles manipulaient, nitrates et chlore ont fini par se retrouver dans un même hangar, ce qui a abouti à l’explosion dans les minutes qui ont suivi.

On sait que, au cours de l’enquête, Total a tout fait pour éviter que cette piste chimique soit retenue ; c’est pourquoi le fait que le procès ait finalement abouti à la condamnation de l’industriel pour ne pas avoir géré les risques liés à ses activités de maintenance – activités qu’il a sous-traitées sans donner aucune consigne de sécurité ni même aucune information – est essentiel.

Pour moi, cela fait d’AZF le premier procès de la sous-traitance qui, j’espère, servira d’avertissement à tous les industriels qui se montrent totalement irresponsables dès lors qu’il s’agit de gérer leurs déchets. Tant qu’on est dans la production, ils s’en tiennent à leurs obligations légales : ils protègent leurs salariés et leur outil de travail. Mais dès lors qu’il est question de déchets, ils ne veulent plus dépenser un euro en prévention et gestion du risque car pour eux, la gestion des déchets, c’est typiquement ce qui coûte et ne rapporte pas. Résultat : 80 % de la dose collective d’irradiation, en France, sont supportés par des salariés du secteur de la sous-traitance.

C’est pourquoi je m’apprête à présenter à Mme Duflot un cahier intitulé “Etat des lieux et propositions” dans lequel figure, entre autres, une demande de voir interdire le recours à la sous-traitance sur tout site dangereux, afin que le risque ne soit plus sous-traité mais géré en interne.

Stratégie de contournement
Chaque grande filière industrielle – la chimie, le nucléaire, la métallurgie… – a développé sur la gestion des risques une même stratégie de contournement par la sous-traitance, laquelle se traduit par une délégation du danger et de la responsabilité. Ceci, tout en incitant les entreprises de sous-traitance à réduire leurs coûts – et donc, à rogner sur la sécurité – afin de remporter leurs appels d’offres. Ce qui prouve que, pour l’heure, l’intérêt économique l’emporte sur la préservation de la vie humaine et confirme qu’en matière de santé et sécurité des salariés, nous sommes face à une forme de crime organisé.

Prenons l’exemple des centrales nucléaires qui sous-traitent des opérations à très hauts risques comme la décontamination des piscines où l’on refroidit les réacteurs – piscines qui, une fois vidées, restent tapissées de poussières radioactives. Il existe des robots capables de retirer une partie importante de ces poussières mais ils coûtent cher et c’est pourquoi beaucoup de responsables du secteur refusent de les utiliser, préférant sous-traiter ce travail à des ouvriers qui se retrouvent à genoux au fond de la piscine avec un chiffon ! Bien sûr ils portent une combinaison mais la combinaison protège contre l’inhalation de la poussière.

Pas contre l’irradiation. Même chose chez France Telecom qui, durant des années, a installé un peu partout – sur les lignes, les poteaux, chez les abonnés… – des millions de parasurtenseurs contenant des sources radioactives. Lorsque l’utilisation des sources radioactives a été interdite, en 1978, rien n’a été fait pour les retirer et les salariés n’ont pas été avertis de leur dangerosité, si bien que beaucoup ont été irradiés. La situation a été dénoncée à plusieurs reprises et à plusieurs reprises France Télécom est parvenu à étouffer l’affaire.

Cynisme
Lorsque j’ai été auditionnée au comité sur la transparence du nucléaire sur la question de la sous-traitance, j’ai livré toutes ces informations en m’appuyant sur les différentes études attestant de l’exposition des travailleurs de ce secteur à un risque avéré. A la fin de la séance, les industriels ont expliqué que, si tout allait bien, ils seraient en mesure de réduire la sous-traitance dans quelques années ; ce qui n’est rien d’autre que la manifestation d’un cynisme intolérable. La preuve qu’une fois de plus, ils pensent et agissent dans un sentiment d’impunité total. Paradoxalement, ils sont plus prudents sur les questions environnementales – sans doute parce que plusieurs cas récents, comme le procès de l’Erika, ont prouvé qu’ils s’exposaient dans ce domaine à un véritable effet boomerang – que sur celles de la préservation de vies humaines et même de la protection de certaines populations. Le comble étant que, pour économiser sur la prévention et la sécurité, ils sont prêts à engager des sommes folles dans des études scientifiques censées apporter la preuve qu’il ne se passe rien.

Crime industriel et désastre volontaire
Le fait que les industriels soient conscients des risques liés à leur activité et qu’en toute connaissance de cause ils y exposent certains salariés fait qu’il ne s’agit plus seulement de négligence mais d’une véritable organisation de la déresponsabilisation. Cela fait trente ans que je cherche à dénoncer cette réalité ; à rendre visible une situation que, côté industriels, tout le monde s’emploie à dissimuler et dont, de toute évidence, les pouvoirs publics n’ont toujours pas pris la mesure. C’est pourquoi je m’apprête à adresser au gouvernement des propositions très concrètes dont une visant à modifier le code pénal pour y introduire les notions de crimes industriels et de désastre volontaire sur lesquelles un tribunal italien a récemment condamné deux industriels de l’amiante, non seulement à verser de fortes indemnités mais aussi à des peines de prison fermes.

Introduire ces deux notions dans le code pénal français, voire européen, impliquerait que, dès lors qu’un risque est connu, y exposer qui que ce soit fasse l’objet de sanctions pénales. Cela permettrait d’aller au-delà de la notion déjà existante de mise en danger de la vie d’autrui – qui doit être démontrée pour chaque plaignant – en plaçant d’emblée la plainte sur un niveau collectif. Comme cela a été le cas en Italie où la notion de désastre volontaire a été instruite pour quelque 6 000 parties civiles et où le procureur en personne a ouvert l’instruction, permettant à la justice italienne de s’autosaisir de ce drame de l’amiante. Alors qu’en France, cela fait quinze ans que le procès contre les industriels de l’amiante attend d’être ouvert.

 

 

Bio express

La militante

Sociologue du travail et chercheuse à l’Inserm, Annie Thébaut–Mony se spécialise dans les maladies professionnelles et la sécurité des salariés dès le début de sa carrière. Trente ans plus tard, elle continue à dénoncer, en bloc, les effets de l’amiante et de la radioactivité, l’inertie des pouvoirs publics et l’impunité des industriels dans un engagement sans faille qui, le 31 juillet dernier, la poussera même à refuser la Légion d’honneur.

Directrice du Giscop (Groupement d’intérêt scientifique sur les cancers d’origine professionnelle), responsable d’un programme d’études comparées en santé du travail et membre de l’IRI (Institut de recherches interdisciplinaires sur les enjeux sociaux) elle est, en outre, présidente de l’association Henri Pézerat sur les liens entre santé, travail et environnement, porte-parole de BAN Asbestos France, un réseau international de lutte contre l’utilisation de l’amiante et auteure de plusieurs ouvrages sur la santé au travail dont L’Industrie nucléaire, sous-traitance et servitude paru en 2000 et, 7 ans plus tard, Travailler peut nuire gravement à la santé.

 

Par Caroline Castets

 

Publié le |

 

SOURCE / LENOUVELECONOMISTE.FR

Via
Santé au travail : Annie Thébaud-Mony, "Nous sommes face à une forme de crime organisé" - Le blog de Danactu-résistance

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13 février 2013 3 13 /02 /février /2013 09:41

 

Je voulais attirer cette attention sur ce passage du texte qui suit

Z.A.D : zone d’autonomie définitive ou guerre sociale permanente ?

 

A Khimki (ville proche de Moscou, en Russie) [...] Une lutte ponctuée d’occupations dans la forêt (avec cabanes perchées), de centaines de sabotages, d’émeutes, et qui a déjà couté à la vie à plusieurs camarades. Notamment assassinés par des groupes de fascistes embauchés par Vinci pour “faire le ménage”.

 

Quelques axes essentiels orientent à présent mes recherches. L'un d'eux, l'ampleur de l'internationale nazie actuelle et son histoire ; les collusions historiques et actuelles entre cette internationale et le noyau du pouvoir globalisant. Même sans devenir spécialiste de la question, aucune envie de m'aventurer dans l'univers glauque et souterrain de la pieuvre qui étend ses tentacules sur notre monde,  cela implique de remonter des lignées :  qui est héritier de qui et de quoi; les Bush ou les héritiers actuels de Stroesnner au Paraguay aujourd'hui par exemple... . Un autre axe consiste à établir les résonances. Voici un exemple qui j'espère convaincra quelques personnes supplémentaires que nous sommes face à une menace que nous sousestimons et cela risque de nous coûter très cher.

Les transnationales qui font partie de ce noyau de pouvoir central globalisant n'ont jamais cessé d'instrumentaliser les courants nazis pour leur propres fins, depuis des décennies elles perfectionnent ces méthodes dans tous les combats qu'elles mènent en leur propre nom ou en utilisant à leurs propres fins la machine de guerre des USA (ce qui permet de faire payer la facture au peuple de ce pays).

Il existe des milliers d'exemple d'utilisation de milices fascistes, de mise en place de gouvernements fascistes par ces transnationales pour en faire les gardiens et les défenseurs de leurs propriétés, les persécuteurs et les assassins de ceux qui oseraient remettre en question leur accaparement du monde, de ceux qui défendent d'autres mondes possibles.

Ce que j'essaye de mettre en lumière, c'est que dans cette nouvelle phase d'accumulation de capital et de pouvoir, nous pouvons observer les manières d'agir de ces mêmes groupes où ils ne sont pas tenus par une reste de façade démocratique. Ce que j'essaye de mettre en lumière, c'est que les pouvoirs politiques de quelque obédience qu'ils soient qui constituent les gouvernements de transition vers la dictature technocratique,gouvernance mondiale quise met en place àvitesse accélérée, ont pour tâche principale de construire la nichede cette dictature, y compris en mettant bas ces derniers vestiges de façadisme démocratique.ce que j'essaye de mettre en lumière,c'est que peu dechose nous sépare du moment où Vincipourrait tout aussi bien engager des milices fascistes enFrance pour assassiner, torturer, menacer les résistants de Notre Dame des Landes. Ce que j'essaye de mettre en lumière aussi, c'est qu'une partie des forces de l'ordre institutionelles européennes sont d'ores et déjà conquises par les thèses fascistes et initiées à leurs méthodes et font d'ores et déjà partie des armées de l'ordre noir.

Le Nouvel Ordre Mondial compte s'imposer en semant un grand chaos généralisé d'où est censé émerger leur ordre. J'ai l'intime coviction que dans des guerres comme celle qui se mène en Syrie en ce moment, il existe des groupes chargés de profiter de la confusion pour éliminer les vraies forces de résistance qui ne sont ni d'un camp ni de l'autre mais bien des constructeurs d'autres mondes possibles.

J'ai l'intime coviction que si nous ne coudons pas les chemins de ce destin imposé de globalisation, ce sont des exactions similaires que nous aurons às ubir dans un proche avenir. Elles se produisent déjà, mais restent considérées comme des bavures, des épiphénomènes. Ce que j'essaye de mettre en lumière, c'est qu'au contraire cela représente une anticipation sur l'avenir que nous promet le pouvoir de l'ombre.

 

Z.A.D : zone d’autonomie définitive ou guerre sociale permanente ?

http://owni.fr/files/2012/11/Notre-Dame-des-landes-telecomix-hack-owni-7-e1352154539701.jpgSi la Z.A.D prend parfois les allures d’une “zone d’autonomie” qui nourri aussi quelques fantasmes, c’est -pour nous- avant tout une lutte qui s’inscrit dans un cadre beaucoup plus large et qui touche à de nombreuses questions. Celle de l’écologie radicale tout d’abord, parce qu’ignorée en tant que telle et qui nous semble pourtant essentielle dans la critique de l’autorité scientifique, la destruction de la nature et la manière dont le capitalisme nous domestique. Comment en effet ne pas faire le lien entre Etat, pouvoir économique et autorité scientifique (tout trois intimement liés) d’une part  et d’autre part ce que la plupart des opposant-e-s à ce projet d’aéroport s’accordent à décrire comme un grand projet inutile, une véritable nuisance et une autre façon de détruire la Terre et les êtres qui la peuplent ?

Cette critique écologiste radicale nous semble ne pouvoir être comprise pleinement qu’en étant intégrée dans une perspective anarchiste antagoniste et de conflictualité permanente.

http://3.bp.blogspot.com/-D178NMhW1nY/UJGeVK6R7AI/AAAAAAAADnU/_EUR7nhxBIk/s1600/ZAD+125.png

Une perspective qui inclue donc aussi d’autres problématiques.

Non seulement la lutte, les luttes de la Z.A.D ne peuvent pas être vue uniquement comme une sorte de “grand village autogéré”, mais elles ne peuvent pas être non plus réduite à un point géographique strict.
En effet, si ces luttes ont une chance de ne pas se limiter à une question “locale” ou aux fantasmes d’un “mode de vie alternatif”, et si elle peut encore intéresser une perspective révolutionnaire c’est aussi en y voyant autre chose que la question de cet aéroport.

Parce qu’au sein même de la Z.A.D, plusieurs dominations, même “entre camarades” ou “compagnon-e-s” continuent d’avoir cours. Parmi lesquelles le sexisme, le racisme, et aussi (et pourtant cela pourrait sembler particulièrement contradictoire) l’apologie de l’exploitation des animaux et même le mépris de la nature (comprise comme entité abstraite). Il ne s’agit pas de dresser une critique en l’air en mélangeant pêle-mêle les gens qui vivent et luttent à Notre-Dame-Des-Landes ou aux alentours, mais de tenter d’exprimer le fait que les dominations et oppressions ne s’arrêtent pas à l’entrée de la Z.A.D, d’un squat, d’un camping, d’une ferme autogérée ou d’un ensemble d’individu-e-s et de groupes (même avec les meilleurs intentions du monde) à moins d’y faire face et de les confronter directement. Et d’autre part donc, que la lutte contre l’aéroport, contre Vinci, ne se limite évidemment pas au cadre géographiquement situé de la Z.A.D.

Loin de nous l’idée d’insinuer que les occupations, les squats ou même les tentatives d’établir des zones d’autonomie ne font pas partie intégrante de ce type de lutte ou n’ont aucun intérêt (bien au contraire – elles en constituent souvent l’épine dorsale) mais qu’elles n’ont de sens que dans une perspective offensive, et  plus générale. Et qu’il faut les comprendre dans un conflit qui a des implications qui non seulement dépassent le cadre des frontières mais aussi celui d’une seule entreprise -Vinci- qui a aussi des coopérateurs (qu’ils soient privés ou para-étatiques) et qui s’inscrit dans une logique : celle du Capitalisme.

Aussi, Vinci n’en est pas à sa première opposition de masse contre un de ses projets. Et si ici le vernis démocratique masque encore un peu la violence du conflit, ailleurs, les soupapes de sécurité ont déjà sautées depuis longtemps.

A Khimki (ville proche de Moscou, en Russie), par exemple, où depuis des années une lutte fait rage contre le projet d’autoroute piloté par Vinci pour relier Moscou à Saint Petersbourg. Projet pharaonique qui implique au passage de raser des centaines d’hectares de la forêt millénaire qui se trouve au milieu. Une lutte ponctuée d’occupations dans la forêt (avec cabanes perchées), de centaines de sabotages, d’émeutes, et qui a déjà couté à la vie à plusieurs camarades. Notamment assassinés par des groupes de fascistes embauchés par Vinci pour “faire le ménage”. En bref un autre exemple du fait que non seulement l’entreprise capitaliste s’adapte toujours avec la même barbarie à la situation, mais aussi qu’elle façonne le paysage, détruit et remodèle l’environnement (naturel et social) en fonction de ses exigences.

Puisque l’ennemi de classe est sur tout les fronts, nous devrions l’être aussi.

De Khimki à Notre-Dame-Des-Landes en passant par le Val Susa. De Paris à Turin, etc…

Parce que les oppressions et les dominations sont partout : combattons les chaque fois que nous les trouvons sur notre chemin.

Et parce que Vinci et plus généralement le Capitalisme sont partout : soyons partout, et attaquons partout !

Le Cri Du Dodo

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Source :
Le Cri Du Dodo | journal anarchiste de critique sociale

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12 février 2013 2 12 /02 /février /2013 23:42
Guérilla pâtissière
Espagne
L'effarant procès des "Tartazos" anti-TGV
Madrid • Vendredi 02 Novembre 2012
APPEL À LA SOLIDARITÉ :
DES PEINES DE 4 A 9 ANNÉES DE PRISON POUR UN ENTARTAGE À LA MERINGUE CONTRE LE TGV ?


Quatre activistes ludiques du mouvement de désobéissance au TGV Mugitu ! sont traduits devant l’Audience Nationale de Madrid (tribunal d’exception) pour avoir entarté le 27 octobre 2011 à Toulouse la présidente navarraise Yolanda Barcina. Une campagne de solidarité est lancée aussi bien en Euskal Herria (Pays Basque) qu'au niveau international.
" 1. Ce qui n’est qu’une action comique de protestation n’entraînant presque aucune conséquence légale dans la plupart des pays occidentaux devient dans l’Etat espagnol l’objet d’une criminalisation et d’une poursuite pénale écrasante puisque le procureur requiert 4 á 9 années de prison.
2. Cette politique vindicative du gouvernement de Navarre vise à obtenir une punition exemplaire de l’Audience Nationale de Madrid, tribunal d’exception hérité du franquisme devenu actuellement l’organe de répression le plus féroce de la dissidence dans l’Etat espagnol.
3. La collaboration judiciairo-policière des autorités françaises avec l'Espagne en gelant les poursuites ouvertes dès le début à Toulouse, où cette action d’entartage anti-TGV n’aurait été réprimée que par une contravention, a permis l’inculpation et la brutale poursuite pénale des quatre contestataires à l’Audience Nationale espagnole.

Nous vous remercions de votre attention et nous vous invitons à diffuser ce dossier (en PDF) que vous trouverez ici en français, en anglais, en espagnol et en euskéra (langue basque).
Merci beaucoup. "

Rappel des événements sur notre site:
Un splendide entartage anti-TGV à Toulouse
Les "Tartazos" anti-TGV fêtent leur coup d'éclat

Site de Mugitu !

Source : Gloup Gloup !

 

 


Des « entarteurs » encourent jusqu’à 9 ans de prison

Par Sophie Chapelle (6 février 2013)

Entarter est désormais assimilé à un attentat en Espagne. Tel est le sort réservé à quatre militants de Mugitu !, un mouvement de désobéissance civique opposé à la traversée du Pays basque par une ligne à grande vitesse devant relier la France à l’Espagne. Traduits devant une juridiction d’exception, ils encourent des peines pouvant aller de 4 à 9 ans de prison.

Le 27 octobre 2011, trois membres de Mugitu ! entartent la présidente du gouvernement de Navarre, Yolanda Barcina, à l’occasion d’une séance plénière de la Communauté de travail des Pyrénées, à Toulouse. A l’issue de l’action, Mugitu ! publie un communiqué : « En tout état de cause, la crise s’aggrave et il est évident que nous devons non seulement réduire et redistribuer le “gâteau”, mais surtout en changer la recette ». L’action a été réalisée à visage découvert et filmée par Mugitu ! en vue d’être diffusée (voir la vidéo). Elle n’est suivie dans l’immédiat d’aucune détention ni identification en France.

Juridiction d’exception

Mais devant la télévision espagnole, Yolanda Barcina associe les auteurs de l’entartage à l’organisation armée indépendantiste basque ETA. Bien que l’action ait été menée hors des frontières de l’État espagnol, les trois militants sont cités à comparaitre le 16 novembre 2011 devant l’Audience nationale de Madrid, une juridiction d’exception équivalente à la cour de sureté de l’État en France. Ils sont accusés d’ « attentat contre une personne dépositaire de l’autorité publique », avec des demandes du procureur allant de 4 à 9 années de prison. Plusieurs mesures préventives sont prises à leur encontre : obligation de signer chaque semaine au tribunal le plus proche, retrait du passeport, impossibilité de sortir du pays, notification permanente du domicile et du téléphone.

Le 16 février 2012, l’Audience Nationale ordonne l’ouverture de l’instruction, et accuse une quatrième personne des mêmes faits. Son délit : avoir donné une conférence de presse au lendemain de l’action. La juridiction dépêche également une commission rogatoire auprès de la France pour qu’elle transfère les résultats de la recherche d’empreintes et d’ADN sur les emballages des tartes. La coopération judiciaire franco-espagnole est en place. Le 9 avril 2012, les quatre accusés sont appelés à faire une déposition. Devant le juge, ils manifestent leur désaccord avec les poursuites judiciaires dictées par l’Audience nationale et renoncent à toute déclaration.

Deux poids, deux mesures

Le mouvement Mugitu ! dénonce une « criminalisation et une poursuite pénale écrasante », alors même que l’entartage n’entraine quasiment aucune conséquence légale dans la plupart des pays occidentaux. En février 2012, l’entartage de Jean-Pierre Raffarin a valu une amende de 400 euros à son auteur. « Le principe de proportionnalité n’est pas respecté, déplorent les membres de Mugitu ! La qualification de l’entartage comme un "attentat grave à l’autorité" comporte des demandes exorbitantes de peines allant de quatre à neuf ans de prison ». De nombreuses initiatives et manifestations de soutien aux quatre accusés ont eu lieu en France, au Pays basque et en Espagne. Un appel à la solidarité est lancé.

 

Source Des « entarteurs » encourent jusqu'à 9 ans de prison - Criminalisation - Basta !

Via Mes coups de coeur

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12 février 2013 2 12 /02 /février /2013 23:08

 

 

lundi 11 février 2013, par Carlos Beas Torres

C’est clair que je ne suis pas Florence. Je m’appelle Miguel Juan Hilaria et je suis mixe, ayuuk comme nous disons nous autres. Avant j’étais un paysan, maintenant je suis seulement un détenu. Cela fait huit ans que je suis enfermé dans une prison d’Oaxaca, dans la localité de Matias Romero, depuis qu’il m’ont accusé à tort d’avoir assassiné un pauvre là-bas du côté de l’ejido Francisco Javier Jasso.

Pour établir ma culpabilité ils m’ont torturé et je fus obligé par le sous-procureur Wilfrido Almarez de signer une feuille blanche, dont j’ai su ensuite que c’était ma confession. Ils m’ont frappé et humilié pendant des heures dans les bureaux du ministère public qui sont à Tehuantepec, où ils m’avaient emmené sans même me montrer un ordre d’arrestation. Je ne parle pas bien le castillan, et à force de coups, de cris et même de crachats ils m’ont forcé à apposer ma signature et mes empreintes digitales sur une feuille. Aucun avocat et aucun traducteur ne m’accompagnait. C’est la loi pour nous autres.

Le jour suivant, comme un paquet, tout maculé et endolori, ils m’emmenèrent à la maison d’arrêt de Matias. À cause des coups reçus je ne pouvais m’arrêter de pisser du sang. Ma famille avisa l’organisation et rapidement ils m’envoyèrent un médecin qui s’occupa de moi, je restais dans le cirage dix jours. Et bien que la commission des droits de l’homme ait prouvé que j’avais été torturé, que l’unique témoin ait déclaré que les flics l’avaient menacé pour qu’elle témoigne, le juge me condamna à trente ans de prison.

Durant ces longs jours d’enfermement, que j’ai passé à tisser des hamacs, je n’ai cessé de me souvenir de cette maudite matinée où j’allais m’occuper de ma milpa [1] et où je trouvais le bétail du riche qui mangeait tranquillement la milpa que j’avais semée. Énervé, j’attachais les animaux pour que le riche en venant les récupérer me paie les dégâts. Et il arriva, bien remonté : « Putain d’Indien, ça va te coûter cher ! Pour qui tu te prends, va-nu-pieds ! » Moi je montais sur mes grands chevaux et je lui dis, non, je lui criais : « Fais ce que tu veux mais je ne rends pas tes animaux tant que tu n’as pas payé les dégâts. » Et comme je voulais, il me jeta quelques billets et se récupéra les trois bœufs en question, non sans m’avoir encore menacé.

Et le riche mit rapidement sa menace à exécution, que sa fille Janet était agent du ministère public, et me colla la mort d’un voisin qui avait une aventure avec la femme d’un autre. Cette Janet était aussi dans la politique et menait campagne pour le fameux Ulises Ruiz et quand celui-ci eut gagné le gouvernement la femme gagna en pouvoir et grâce à ses contacts réussit à ce que les magistrats me jettent en prison.

Mon procès fut une sale affaire, à plusieurs reprises mon avocat demanda à ce que l’on entende le mari offensé, qui était le véritable auteur du meurtre que l’on m’imputait, mais jamais ils ne le convoquèrent. Et comme la vie d’un Indien ne vaut rien dans ce pays, je récoltais des années espérant jour après jour que l’on reconnaisse l’injustice dont j’ai été victime et qui me tient ici, brisé, malade, et loin de ma famille.

Ici dans la prison il y a une majorité de pauvres. Ils racontent leur histoire. La majorité disent qu’ils n’eurent pas d’argent pour payer un avocat, certains qu’ils ne parlaient pas bien le castillan, qu’ils ne savent même pas pourquoi ils sont prisonniers. Beaucoup évoquent des mauvais traitements et des abus de pouvoir. Il y a un autre Indien, un Mixtèque, qui dit que le riche le dénonça abusivement pour viol, et qu’à présent il s’est emparé de ses terrains. La vérité est que sur cette terre il n’y aucune justice.

Non, je ne suis pas Florence. Juste un Indien de plus. Juste un pauvre de plus à être incarcéré, comme beaucoup dans ce pays. Beaucoup pour ne pas parler le castillan, ou pour ne pas avoir d’argent pour payer l’avocat ou acheter la justice. Non, je ne suis pas Florence, je suis juste Miguel Juan, Indien mixe. De moi le président de France n’a jamais entendu parler, je ne suis pas sorti sur l’écran pour avoir séquestré ou tué. Je suis prisonnier pour avoir pris soin de ma milpa, pour défendre mes droits et ma vie. Je ne vaux rien, cela les juges me l’ont dit, les policiers et le ministère public. Je suis juste Miguel Juan Hilaria, Indien détenu dans un pénitencier de l’État d’Oaxaca.

Carlos Beas Torres
Traduit par Alèssi Dell’Umbria.
Source du texte original :
La Jornada, 9 février 2013.

Notes

[1] La milpa, le champ de maïs.

 

Source : Je ne suis pas Florence - la voie du jaguar

via Mes coups de coeur

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12 février 2013 2 12 /02 /février /2013 22:48

 

Les bons vieux procédés, on prend un patient pour qui les méthodes de soin connues ne peuvent plus rien et avec la fallacieuse et ignominieuse excuse de lui donner une chance…peut-être, sait-on jamais… on le transforme tout à la fois en cobaye et en précédent… un seuil est franchi, une nouvelle porte ouverte ves de nouvelles dérives.


 

Soigner l'autisme par la neurochirurgie ?

 

autisme.jpg

 

 

Quand la neurochirurgie tente de soigner l'autisme

 

Des médecins allemands ont implanté des électrodes dans le cerveau d'un enfant atteint de symptômes sévères associés à une forme d'autisme spécifique.

Pour la première fois au monde, la stimulation profonde, une technique neurochirurgicale consistant à implanter des électrodes dans le cerveau, a été utilisée dans l'autisme. Les résultats ont été publiés le 21 janvier dans une revue médicale secondaire, Frontiers in Human Neuroscience. Ils n'auraient peut-être pas retenu l'attention si l'opération n'avait pas été effectuée par le célèbre neurochirurgien allemand de l'hôpital universitaire de Cologne, Volker Sturm. Pour l'instant, les experts interrogés par Le Figaro y voient plus une piste de recherche qu'un espoir de traitement. D'autant qu'il s'agit d'un cas très particulier.

 


Le jeune garçon de 13 ans qui a été opéré est atteint d'un autisme de Kanner sévère avec un comportement d'automutilation mettant sa vie en danger. À tel point qu'il doit être attaché la plupart du temps. Il souffre également d'une infirmité motrice cérébrale et se trouve confiné au fauteuil, incapable de se tenir debout ou de marcher sans aide. Or, deux ans après l'opération, ces symptômes semblent s'être améliorés grâce aux électrodes placées au cœur même de son cerveau, dans l'amygdale, une petite structure aux multiples fonctions.

 


Le risque de faux espoirs

Dans le cas précis du petit patient allemand, l'impasse thérapeutique était totale puisque même les médicaments neuroleptiques utilisés aux doses maximales ajoutés à des sédatifs ne parvenaient pas à éviter les comportements auto-agressifs, ce qui a décidé l'équipe allemande à agir. «Des nouveaux traitements plus efficaces sont absolument nécessaires pour aider de tels patients. Il faut féliciter l'équipe de Sturm qui a cherché à résoudre cette situation difficile et tout fait pour aider le patient», estime ainsi Andres Lozano, professeur de neurochirurgie à l'Université de Toronto (Canada) et lui-même engagé dans des recherches sur la stimulation cérébrale profonde (voir vidéo sous l'article) dans la maladie d'Alzheimer (nos éditions du 7 décembre 2011).

 


Plus réservé, le Pr Sylvie Tordjman, responsable du pôle hospitalo-universitaire de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent de Rennes, craint que l'annonce de ce cas unique, pour un enfant associant de surcroît plusieurs troubles, ne suscite de faux espoirs: «Il est un peu réducteur de penser qu'une zone cérébrale égale une fonction tant sur le plan comportemental que cognitif. Cela dit, cette approche ouvre tout de même des perspectives de recherche intéressantes car l'amygdale intervient aussi dans l'anxiété, fréquente chez les autistes.»

 


Mais avoir choisi une cible aussi peu spécifique que l'amygdale est précisément ce qui ennuie le Pr Marc Vérin, chef du service de neurologie du CHU de Rennes: «Les fondements anatomiques de cet essai sont contestables. On sait que dans l'autisme les lésions sont extrêmement diffuses, remarque ce spécialiste. Si les neurochirurgiens visaient les comportements d'automutilation, pourquoi ne pas avoir mis les électrodes dans le pallidum interne? La stimulation profonde de cette région, moins dangereuse et mieux connue, permet en effet d'éliminer l'auto-agression, parfois présente, dans le syndrome de Gilles de la Tourette (tics associés à des troubles du comportement, NDLR)».

 


Solange Guenez, responsable des programmes de recherche médicale à la Fondation de France, note que «de plus en plus de projets de recherche portent sur le développement normal et pathologique du cerveau. Certains supposent que l'autisme n'est pas qu'une question de lésions d'aires cérébrales mais aussi un problème de connexions, ce qui complique les choses».

 


L'amélioration des symptômes observée par l'équipe allemande interpelle le Dr Éric Lemonnier, psychiatre au CHU de Brest, en particulier à propos de l'auto-agressivité. Selon lui, «le score amélioré est celui des symptômes les moins spécifiques de l'autisme». L'initiative du Pr Sturm peine visiblement à convaincre.

 

Figaro santé

  via http://www.mleray.info/article-soigner-l-autisme-par-la-neurochirurgie--115176782.html

 

Pour en savoir d'avantage sur ces projets d'implantation d'électrodes dans le cerveau et autres joyeuse nanaotechnologies l'incontournable,
: Pièces et Main d'Oeuvre

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12 février 2013 2 12 /02 /février /2013 21:23

Voilà qui conforte ce que je disais ci-dessous, heureuse coïncidence !

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(Source : Melty.fr via SOTT)

via Le racisme rendrait idiot « État du Monde, État d'Être

C’est une étude surréaliste mais pourtant très sérieuse qui vient d’être publiée dans la très honorable revue Psychological Science. Une équipe de chercheurs a établi un lien clair entre racisme et manque de créativité. melty.fr vous en dit plus.

Le racisme rend crétin. Si beaucoup d’entre nous s’en doutaient déjà , une étude extrêmement sérieuse publiée dans la revue spécialisée Psycological Science atteste désormais que bêtise et préjugés ne font souvent qu’un. Le psychologue israélien Carmit Tadmer et ses équipes de chercheurs ont révélé un lien de corrélation entre notre « degré de racisme » et notre créativité.

En sommes, plus on est raciste, moins on est cultivé et créatif. Pour cela les chercheurs ont fait subir toute une batterie de tests à 72 étudiants divisés en trois groupes, conditionnés pour adhérer ou pas aux théories racistes. Il a suffi pour cela de faire croire aux sujets que le racisme était un fait scientifiquement prouvé. Avant de subir les tests, le groupe 1 a lu un article scientifique légitimant le racisme, le groupe 2 a compulsé des thèses hostiles au racisme et le groupe 3, un article scientifique sur l’eau.

Une fois « conditionnés », les étudiants ont subi un test de créativité, via un exercice d’association d’idées. Ils devaient trouver le mot qu’avaient en commun trois termes très différents. Par exemple, à la question : quel mot associer aux termes « ping pong », « manger » et « cartes »? La bonne réponse serait le mot « table » (table de ping pong, manger à table, cartes sur table). Afin de réussir ce test, il est nécessaire de faire preuve de créativité et d’imagination. Les sujets ont par la suite, dû remplir un questionnaire évaluant leur degré d’adhésion aux théories racistes.

En recoupant les réponses données aux questionnaires avec les résultats obtenus au test de créativité, les chercheurs se sont aperçu que les participants du groupe 1 (conditionnés au racisme) avaient obtenu les moins bons scores au test de créativité. Après avoir reconduit l’expérience mais cette fois aux États-Unis sur trois groupes constitués d’asiatiques et de caucasiens, les équipes de Carmit Tadmer ont dû se rendre à l’évidence. Le racisme rend idiot, comme en atteste l’intervention de ce politicien antisémite qui a récemment insulté Mila Kunis.

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12 février 2013 2 12 /02 /février /2013 19:55

Plus j’avance dans mes découvertes concernant le passé du nazisme et sa contemporanéité, plus je suis interpellée, et dégoûtée aussi par l’ampleur d’un mouvement nazi international qui s’affiche de plus en plus ouvertement avec une arrogance extrême dans certains cas.

Le nazisme dans toutes ses composantes est certainement le plus grand problème politique (au sens de vivre ensemble) que l’humanité ait à résoudre aujourd’hui que ce soit à travers des mouvements ou des personnes qui s’affichent ouvertement comme telles, que ce soit celles qui porte le masque de la très, très droite néanmoins politiquement correcte ou les parties souterraines de ce mouvement et ces alliances internationales.

Plus j’avance et plus aussi je trouve de liens passé et présent entre ce cercle central du pouvoir de l’ombre qui après avoir armé l’Allemagne nazie et facilité l’évasion et récupération des nazis après qu’ils furent vaincus, n’a cessé de les utiliser dans tous ces plans les plus tordus, les plus immondes.

Je suis ressortie nauséeuse cet après-midi de quelques incursions dans ce monde glauque et je sais combien il est difficile pour des personnes tranquilles, pacifistes, qui n’aspirent qu’à vivre en paix et relation cordiales avec leurs voisins de l’ensemble de la planète de se dire que malgré soi on se trouve confronté à la résurgence de cette idéologie nauséeuse de telle manière que nous sommes chaque jour d’avantage placés dans une situation qui fut celles des Allemands de l’entre-deux guerre, une montée irrésistible de forces de l’ombre qui mise sur la bestialité de certains pour assurer son pouvoir.

Mêmes causes mêmes effets, l’Allemagne exsangue à cause de la dette odieuse qui lui a été imposée à l’issue de la première guerre mondiale se cherche des boucs émissaires. Ceux qui ont perdu leur identité, leur racines, qui ‘ont pas su préserver leur culture, ne pouvant se valoriser à partir de ce qu’ils sont ont besoin d’un « autre » vis-à-vis de qui ils s’instituent élites avec l’aide de quelques gourous qui les brossent dans le sens du poil.

Seuls quelques-uns révèlent le meilleur d’eux-mêmes dans les situations de crise, en tout cas dans nos régions qui après l’éviction des hérétiques par l’Inquisition sont livrées aux attaques conjuguées de l’acculturation US et de la secte de l’athéisme universaliste.

A part quelques rares exceptions, Don quichottes égarés par des mythes de chevalerie, les adeptes de l’extrême-droite que j’ai rencontrés sont tous extrêmement limités intellectuellement. Soit par des carcans de formatage fort, de ceux qui dès l’enfance forcent au déni de réalité, soit de cette connerie hargneuse dont peu de peuples sont exempts.

Voir par exemple Guerre sale et mégaprojets : Colombie, La Marina Qui illustre à merveille cette figure du délateur qui devient une figure courante ici aussi, de grande campagne de propagandes encouragent la délation en la valorisant sous le nom glorieux de civisme. On retrouve les mêmes réactions que ce soit sous l’Inquisition, pendant le franquisme en Espagne ou à La Marina de Colombie. Et c’est pareil pour tous ces minables et j’en ai vu pas mal qui se sentent soudain valorisés d’être Belgo-belges, leur grosse panse de buveur de bière et leur face bouffie de bouffeur de porcs devenant des signes extérieurs d’appartenance à l’élite. Ils me font gerber. |

Ce sont les mêmes à Athènes et ici ou dans les villages perdus de Slovaquie où ils assassinent des Rroms, en Russie ou le mouvement d’extrême-droite est puissant et assassins, dans les courants sionistes d’extrême-droite, dans la Média Luna de Bolivie, les bourreaux de l’Amérique Latine d’hier et d’aujourd’hui sont leurs enfants, leurs neveux de sang ou idéologique et je découvre l’existence de mouvements néo-nazis dans les pays Musulmans ou d’autres nazis ont essaimés.

La différence consiste en la manière dont ils sont combattus, tolérés ou encouragés par une partie suffisante de l’opinion publique et des institutions, ce qui se passe à Athènes peut très bien devenir le quotidien de Paris, Bruxelles, Anvers, Lyon… les Wallons sont moins réceptifs ainsi que quelques régions de France, mais le problème est de taille et il ne faut en minimiser ni l’ampleur, ni le caractère international, ni la faveur dont ils jouissent aujourd’hui venant d’une partie de l’opinion publique dans le monde entier.

De plus, ils ont depuis des décennies infiltré petit à petit les forces de répression et reçoivent dans le cadres des formations des opérations conjointes de la lutte contre insurrectionnelle un entraînement par les Forces Spéciales US des formations mises au point par l’Ecole des Amérique, l’école des tortionnaires et des assassins de tout qui est partisan d’un idéal contraire aux intérêt de ceux qui se cachent derrière le terme Etats-Unis. De tout qui refuse le formatage, la société de contrôle et l’idéologie totalitaire du système de la pensée unique.

Alors ce qui se passe à Athènes, prenez-en de la graine… comment o réagit face à cela ???

 

 

Grèce : Sur fond de crise, l’inquiétante ascension des néonazis

A Athènes ou au Pirée, la vie des réfugiés est devenue un enfer. En journée, la police recherche les sans-papiers pour les déporter. Le soir, des néonazis organisent des ratonnades, sous l’œil complice de la police. Face au chômage qui touche 2 millions de Grecs, le parti néonazi Aube dorée propose sa solution finale.

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« Chaque matin, je me pose la question : comment échapper à la police ? Et chaque soir : comment échapper aux racistes ? Voilà à quoi ressemble ma vie ici. » (1) Saleh Ibrahim, jeune Somalien de 26 ans et sans-papier, a été agressé par un groupe de néonazis qui lui ont cassé le bras alors qu’il traversait la place Aghios Pantéléïmonas, dans un quartier populaire au Nord d’Athènes.

La situation des immigrés et réfugiés en Grèce s’est considérablement dégradée depuis les élections du 6 mai, quand les néonazis d’Aube dorée sont entrés pour la première fois au parlement. Aube dorée a obtenu 6,9 % des voix et 18 sièges au parlement aux élections du 17 juin.

« Ils frappent pour tuer »

Contrairement à d’autres partis d’extrême droite en Europe à la façade légaliste, Aube dorée affiche ouvertement ses symboles nazis. Ses membres portent la croix gammée, des T-shirt de la Waffen SS et font le salut nazi. La principale activité d’Aube dorée aujourd’hui, c’est l’organisation de pogroms dans les rues d’Athènes et d’autres villes.

« Il y a des attaques tous les jours, explique Reza Gholami, qui dirige une association de réfugiés afghans. Ces types ne veulent pas seulement effrayer les gens, ils frappent pour tuer. » Dans la nuit du 12 août, un jeune irakien de 19 ans a été assassiné. Selon la police, il a été poignardé à mort par cinq personnes qui se déplaçaient à moto. Les agresseurs avaient auparavant tenté de s’en prendre à des immigrants roumains et marocains (2).

Un réseau de 23 associations, regroupées autour de l’Agence pour les réfugiés des Nations Unies (UNHCR), a répertorié 87 agressions xénophobes de janvier à septembre, à Athènes, au Pirée et à Patras. Les agresseurs ont utilisé généralement des armes, comme des bâtons, des barres de fer, des chaînes, des couteaux ou des bouteilles cassées. Le réseau dénonce également le comportement de la police dans 15 de ces cas. Plutôt que d’enquêter sur les incidents, la police a mené l’enquête sur la validité du séjour des victimes. Certaines victimes sans papier ont été menacées d’arrestation et de déportation et parfois brutalisées dans les commissariats.

Pour le réseau, ces 87 agressions ne sont que le sommet de l’iceberg. L’Association des travailleurs immigrés estime ainsi qu’il y a eu quelque 500 agressions à caractère raciste les six premiers mois de l’année. «  La plupart des incidents ne sont pas connus, parce que les immigrés ne déposent pas plainte. Ils ont peur parce qu’ils n’ont pas de titre de séjour ou parce qu’ils n’ont pas l’argent pour payer le dépôt de plainte (4) », déclare Reza Ghomali, de l’association des réfugiés afghans.

Le réseau antiraciste s’est donné pour objectif de mettre fin à l’impunité dont bénéficient les auteurs de ces attaques. Car pour l’heure, aucune condamnation n’a été prononcée contre des auteurs d’agression raciste. Pourtant, dans la majorité des cas répertoriés, la présence de membres d’Aube dorée a été constatée.

Le 31 octobre, un groupe de 150 personnes, dont trois députés d’Aube dorée (Ilias Panagiotaros, Kostas Barbaroussis and Nikolaos Michos) ont attaqué des immigrés et endommagé leurs commerces dans le quartier d’Aghios Panteleimonas. Barbaroussis est également impliqué dans un assaut similaire en septembre à Mesolongi, à l’ouest du pays. Le parlement grec vient de voter la levée de son immunité et de celle de trois autres députés néonazis pour ces agressions.

« Aube dorée a infiltré la police »

Les liens étroits entre Aube dorée et certains commissariats sont connus depuis longtemps. Lors des dernières élections, près de la moitié des policiers ont voté pour les néonazis. L’ancien ministre de la Protection du Citoyen (ministre de l’Intérieur), Michalis Chrysochoidis a déclaré lors d’un interview pour le magazine Unfollow : « Je ne sais pas si c’est 50 % ou 60 %, mais ils sont nombreux. Même si c’est 40 %, c’est trop. » Et quand on lui a demandé comment c’était possible, il a répondu que les policiers sont « induits en erreur », qu’ils recherchent une « protection politique ».

Récemment, le quotidien britannique The Guardian a recueilli le témoignage d’un officier supérieur. Il déclare que les gouvernements successifs en Grèce ont permis à Aube Dorée d’infiltrer la police à plusieurs niveaux. Par ses services de sécurité, l’État est bien informé des activités d’Aube dorée, explique-t-il. Les chefs de la police avaient la possibilité d’isoler et de liquider ces « poches de fascisme », mais ont décidé de ne pas le faire. « L’État fait cela délibérément utiliser les fascistes à ses propres fins ».

« Les néonazis peuvent ainsi être utilisés contre la gauche » qui mène des actions de protestation contre l’austérité. Ils peuvent aussi agir comme agents provocateurs pendant les manifestations, témoigne l’officier.

Les autorités continuent de nier ces liens. Pourtant, un policier vient récemment d’être suspendu pour avoir participé à une attaque d’Aube dorée contre des immigrés sur un marché le 8 septembre (5).

Le 30 septembre 2012, un groupe de motards antifascistes ont manifesté contre Aube dorée, qui faisait la chasse aux immigrés. La police, arrivée en force, a arrêté 23 antifascistes et deux membres d’Aube dorée. Ces derniers ont été libérés après quelques heures, mais les antifascistes ont été transférés à l’état-major de la police. Ils déclarent avoir été torturés durant la nuit par la police, ce qui a été confirmé par des constats médicaux ultérieurs.

Pour la journaliste et élue du Parti communiste de Grèce (KKE) Liana Kanelli, Aube dorée remplit « la mission que le système lui assigne ». Aube dorée agit aussi en soutien des employeurs qui exploitent la main-d’œuvre immigrée. « Quand un employeur veut vous faire chanter, il menace d’appeler Aube dorée. Des bandes fascistes viennent tabasser des travailleurs qui réclament leurs droits (6) », explique Javed Aslam, dirigeant de la communauté pakistanaise en Grèce.

Un climat raciste entretenu au sommet

Le 4 novembre, Walid, 29 ans, travailleur immigré égyptien était retrouvé enchaîné et couvert de blessures dans l’île de Salamine, près du Pirée. L’ouvrier boulanger a été enlevé et torturé pendant 18 heures par son employeur grec et trois autres hommes liés à Aube dorée, dans le but de lui voler ses économies. Le patron, membre de la Nouvelle Démocratie, est adjoint au maire d’Ambelakio. La victime était parvenue à s’échapper avant de s’effondrer au pied d’un arbre. Une ambulance a été dépêchée sur les lieux, ainsi que la police et les pompiers, qui ont dû intervenir pour couper la grosse chaîne attachée autour du cou de la victime, avant que celle-ci ne soit transférée à l’hôpital. Après avoir reçu les premiers soins, Oualid a été arrêté et menacé d’expulsion faute de titre de séjour valable. Ses tortionnaires ont eux été libérés le 8 novembre (7). La communauté égyptienne a manifesté à deux reprises devant l’ambassade d’Egypte pour demander une protection adéquate contre les attaques racistes.

A Xanthi, au nord-est de la Grèce, où vit une importante minorité musulmane depuis des siècles, des fascistes harcèlent les musulmans. Et même des touristes d’Egypte, de Corée du Sud ou des États-Unis ont été victimes des fascistes ou des rafles de la police. La situation est telle que l’ambassade des États-Unis recommande la prudence à ses ressortissants « d’origine africaine, asiatique, hispanique ou moyen-orientale » (8). Ces actes sont le résultat d’un climat de haine raciste entretenu au sommet de l’État.

Les dirigeants d’Aube dorée peuvent ouvertement débiter leurs propos racistes et fascistes sur les chaînes de télévision. L’un d’eux a même agressé physiquement deux députées, de Syriza et du KKE, lors d’une émission en direct. Et les déclarations xénophobes de certains ministres et députés de la Nouvelle Démocratie ne font que renforcer sa popularité. Selon divers sondages récents, Aube dorée est crédité de 9 à 12 %.

En avril, avant les élections, le ministre de l’Intérieur, du Pasok (Parti socialiste), Michalis Chrysochoidis, a organisé une vaste opération de contrôle dans le centre d’Athènes, dans le but d’arrêter les sans-papiers. Et il a annoncé à grand fracas la construction de 30 « centres de rétention » pour candidats réfugiés en attente d’expulsion. « Les immigrés clandestins devraient être expulsés du pays, ils sont devenus les tyrans de la société », a déclaré alors son challenger, l’actuel premier ministre, Antonis Samaras (Nouvelle Démocratie, conservateurs). Il s’était engagé à « reconquérir » les villes et arrêter « l’invasion » de l’immigration illégale. Tout en ajoutant : « Il n’y a plus de place pour les Grecs dans les jardins d’enfants. Nous allons y mettre fin. (9) »

La chasse aux sans-papiers a repris début août, quand le nouveau ministre de l’Intérieur, Nikos Dendias, de la Nouvelle Démocratie, a lancé l’opération « Xenios Zeus » (Dieu de l’hospitalité !). « La question de l’immigration illégale est l’un des grands problèmes du pays avec celui de l’économie (10) », a dit Nikos Dendias. 7 300 demandeurs d’asile ont déjà été interpellés et 1 596 arrêtés et transférés en vue de leur déportation.

« Non, l’extrême droite néonazie ne grandit pas comme une force externe au système démocratique. Le système démocratique l’a incorporée en son sein et se nazifie en reproduisant son programme comme un dogme d’organisation sociale et comme une méthode de gouvernement. En ce sens, Aube dorée est déjà au pouvoir », écrit le journaliste grec Augustine Zenakos (11).

Le dernier rassemblement des néonazis sur l’île de Crète le 25 novembre, montre bien leur vision de la société. Devant leurs partisans, les députés néonazis ont déployé le drapeau de la junte fasciste (1967-1974). Ils avaient même projeté de faire un tour de Crète. Mais ils en ont été empêchés par des centaines de manifestants antifascistes qui ont encerclé la salle où ils étaient réunis. La télévision grecque a montré le porte-parole d’Aube dorée, Kasidiaris, invectiver la police et exiger qu’elle chasse les manifestants antifascistes. Et celui-ci d’ajouter : « On va les baiser ! Il y aura des morts ici ce soir ! Je vous en donne ma parole ! »

Dans un autre reportage, on peut voir Kasidiaris expliquer comment les 18 députés d’Aube dorée tirent avantage de leur immunité parlementaire : « Nous pouvons désormais porter légalement des armes et nous ne serons pas arrêtés sur place en cas d’incident. Cela nous permet d’être un peu plus à l’aise dans nos mouvements.(12) »

Comment expliquer leur ascension ?

Aux dernières élections, 425 000 Grecs ont voté pour ce parti néonazi. Bien peu connaissent pourtant son idéologie et le pedigree de ses 18 élus. Aube dorée s’affiche « contre le système » et dénonce les « voleurs », les « banques », les « politiciens corrompus ». Il déclare qu’il veut protéger les Grecs et sa « solution » est « de chasser les immigrés ».

Certains commentateurs qualifient ce parti de nationaliste. Ils ont tort. Les tirades d’Aube dorée contre Merkel et les Allemands, c’est pour la galerie. Aube dorée entretient des liens avec d’autres partis néonazis. En 2005, il a rejoint le parti allemand NPD dans une cérémonie d’hommage à Hitler. Et en 2010, son dirigeant faisait un discours devant les militants néofascistes italiens du parti Forza Nuova (13). Ilias Kasidiaris, le porte-parole d’Aube dorée, a écrit récemment un article à l’occasion de l’anniversaire d’Hitler, qu’il qualifie de « grand réformateur social et organisateur d’un État modèle ».

« Ils ne comprennent pas », déclare le leader d’Aube dorée, dans un discours en 2011 (14). « Quand nous deviendrons forts, nous serons sans pitié ! S’il le faut, nous salirons nos mains ! Nous ne sommes pas des démocrates ! »

Mais tout cela, beaucoup d’électeurs ne le savent pas. Ils ne savent pas non plus qu’Aube dorée soutient les armateurs, les plus riches capitalistes du pays.

Alors que la population se débat dans la misère, les armateurs grecs à la tête de la 1e flotte au monde, ne paient toujours pas d’impôts. Ce privilège est inscrit dans la Constitution depuis 1967. Le parlement grec compte revoir cela. Ilias Panagiotaros, député d’Aube dorée, a exprimé au parlement, son soutien aux armateurs (15) : « Le pays va recevoir 80 millions d’euros en taxant les bateaux avec pavillon grec. Quoi de plus facile pour les armateurs grecs de changer leur pavillon pour sauver leur argent ? Au lieu de cela, un accord devrait être trouvé pour qu’au lieu des 2-3 Grecs maximum sur chaque navire – dont le capitaine et le premier mécano – le reste de l’équipage soit aussi grec. »

Selon le politologue Christophoros Vernardakis, les électeurs d’Aube dorée sont principalement issus de la petite classe moyenne qui s’est rapidement appauvrie avec la crise. On y trouve des petits indépendants, commerçants, agriculteurs, petits employés sans emploi et des policiers. Aube dorée exploite le désespoir, l’ignorance et la peur. Il désigne les immigrés comme responsables de la crise, alors qu’ils en sont, comme les travailleurs grecs, les premières victimes. Et en plus, il se propose de faire le sale boulot avec la complicité de la police. Il détourne ainsi une partie de la population de la lutte contre les véritables responsables du pillage du pays.

« Le parti est fort dans les zones les plus touchées par la crise, mais aussi dans d’anciens fiefs des bataillons de sécurité (16) », les milices armées par l’Allemagne pour lutter contre la résistance communiste, explique le politologue Elias Nikolakopoulos. C’est ainsi que l’on peut expliquer les scores du parti néonazis dans certaines régions rurales où il y a peu d’immigration.

Saccage des revenus et des droits démocratiques

« Aube dorée a toujours offert ses services au patronat et aux organisations patronales, selon le KKE. A plusieurs occasions, ses militants ont été utilisés pour briser des grèves. Leur violence avait aussi pour but d’effrayer les travailleurs pour leur faire abandonner la lutte. » « Il faut dénoncer son rôle de soutien au système, explique Aleka Papariga, secrétaire générale du KKE. Aube dorée doit être combattue par un mouvement organisé, sur les lieux de travail, dans les secteurs, les organisations populaires. »

L’ascension d’Aube dorée s’inscrit dans le saccage généralisé des revenus, des services et de l’ensemble des droits démocratiques des travailleurs et de la population en Grèce.

Les conventions collectives, les obstacles au licenciement et le salaire minimum ont été abolis par les gouvernements de la Nouvelle Démocratie et du Pasok. Le 9 octobre dernier, le gouvernement a utilisé une loi datant de la junte fasciste (1967-1974) pour interdire une partie d’Athènes aux manifestants. Cette loi n’avait pas été utilisée depuis 1974 (17). La liberté d’expression est également menacée. Le journaliste Kostas Vaxevanis peut en témoigner. Il a été arrêté pour avoir publié, dans son magazine Hot Doc, la liste des 2 000 grands fraudeurs qui avaient ouvert un compte en Suisse. Cette liste avait été remise au gouvernement grec en 2010, qui n’en n’avait rien fait, puisqu’il l’avait « perdue ».

« Tout le monde n’est pas responsable de la crise en Grèce, écrit Vaxevanis (18). Et tout le monde ne paye pas cette crise. Le petit club corrompu au pouvoir tente de s’en sortir en prétendant qu’il fait des efforts pour sauver la Grèce. En réalité, il exacerbe les contradictions, tandis que la Grèce est amenée au bord du gouffre. »

Les 2,3 millions de Grecs vivant sous le seuil de pauvreté, les 2 millions de sans-emploi, les deux tiers de la population qui ne parvient plus à payer ses factures, sont littéralement amenés au bord du gouffre. Au lieu de les aider, Aube dorée va les pousser dans l’abîme, tout en protégeant une poignée de riches qui ont planqué leur fortune en Suisse et ailleurs.

D’abord les immigrés, puis les communistes, les homosexuels, les handicapés…

« Quand Aube dorée sera au Parlement, nous allons mener des raids dans les hôpitaux et les crèche pour jeter les immigrés et leurs enfants dans la rue, afin que les Grecs puissent prendre leur place (19) », a déclaré un candidat du parti néonazi avant les élections. Le parti néonazi vise aussi les soupes populaires et les bureaux de chômage, qu’il veut interdire aux étrangers.

Les immigrés sont des « sous-hommes qui transportent toutes sortes de maladies (20) », a déclaré au parlement Eleni Zaroulia, députée d’Aube dorée et épouse du leader du parti. Cette députée est aussi membre du comité pour l’égalité et la non-discrimination du Conseil de l’Europe…

Le parti néonazi a récemment demandé au ministre de l’Intérieur de fournir le nombre d’enfants étrangers accueillis dans les écoles maternelles du pays. Et le député néonazi Panayiotis Iliopoulos a écrit à l’Université de l’Egée (île de Lesbos) pour demander combien d’étudiants étrangers étaient hébergés. Le vice-recteur s’est senti « insulté » par cette question (21).

Face au désespoir de la population, Aube dorée prône un nettoyage ethnique : l’emploi, les services publics, l’enseignement, les soins de santé… réservés aux Grecs. Aube dorée annonce ses nouvelles cibles : après les immigrés, il veut s’attaquer aux homosexuels et aux handicapés, comme on peut le lire dans leur dernier tract.

Aube dorée ne vise pas seulement les immigrés, explique Liana Kanelli, députée du Parti communiste de Grèce (KKE). « Il menace aussi les communistes et dit ouvertement : “Nous allons faire de vous du savon”.  » Le 7 novembre à Thessalonique, deux membres d’Aube dorée ont attaqué avec des bâtons et des couteaux trois jeunes communistes qui distribuaient des tracts en faveur de la grève générale. Ces jeunes ont pu s’en tirer grâce à l’aide de travailleurs en grève d’une usine proche. La police n’a toujours pas arrêté ces individus.

Le mois dernier, quatre députés et des membres d’Aube dorée, avec des intégristes et prêtres orthodoxes, ont attaqué le théâtre où se jouait la pièce de Terrence McNally Corpus Christi, où Jésus et les apôtres sont une communauté gay vivant au Texas. La police anti-émeute a encerclé le théâtre. Mais le directeur n’a pas osé sortir car les néonazis étaient toujours présents. « La dernière fois qu’une pièce de théâtre était jouée sous la garde de la police, c’était pendant la junte. Je ne veux pas croire que c’est de nouveau la junte », a-t-il déclaré.

Un journaliste témoin de la scène a été tabassé par les fascistes, devant les policiers qui n’ont rien fait. Le journaliste n’a pas porté plainte, de crainte que son adresse ne soit transmise à Aube dorée (22).

« L’homophobie a toujours existé en Grèce », déclare Andrea Gilbert (23), porte-parole d’Athens pride, une organisation de défense des droits des homosexuels. « Mais depuis un an, il y a une nette augmentation des attaques anti-gay. Les auteurs agissent avec impunité… avec le même scénario que les attaques d’Aube dorée contre les immigrés. Ces gens haïssent les immigrés, les gays, les étrangers, les femmes. Ils haïssent tout le monde. »

Cécile Chams

Source : PTB

1. RFI, 30 juillet 2012

2. Ekathimerini, 14 août 2012

3. http://1againstracism.gr/racist-violence-recording-network-f…, 23 octobre 2012

4. Ekathimerini, 12 juin 2012

5. Ekathimerini, 11 septembre 2012

6. The Guardian, 26 octobre 2012

7. I efimerida ton syntakton, 9 novembre 2012

8. Ambassade des USA, 16 novembre 2012

9. The Guardian, 26 octobre 2012

10. La Libre Belgique, 9 août 2012

11. Augustine Zenakos, “The literality of nazism”, 13 octobre 2012

12. Kathimerini, 26 novembre 2012

13. Augustine Zenakos, 25 octobre 2012. Op. cit.

14. Augustine Zenakos, 25 octobre 2012. Op. cit.

15. Rizospastis, 8 novembre 2012

16. Le Monde, 6 octobre 2012

17. Okeanos, 12 octobre 2012

18. The Guardian, 30 octobre 2012

19. The Guardian, 12 juin 2012

20. Ekathimerini, 18 octobre 2012

21. Ekathimerini, 23 octobre 2012

22. Okeanos, 12 octobre 2012

23. Greek Reporter, 26 novembre 2012

Source : legrandsoir.info

Via : Les Dernières Nouvelles du Monde | Scoop.it

et Grèce : Sur fond de crise, l’inquiétante ascension des néonazis | ActuWiki

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12 février 2013 2 12 /02 /février /2013 12:36

Nous sommes quelques-uns a attirer l’attention sur ce fait qui est toujours d’avantage mis en lumière dans sa concrétisation le projet de gouvernance globale est un projet de gestion technocratique de la planète.

Une fiction est à la base de toutes les propagandes entourant ce projet, celle de l’objectivité scientifique comme référence ultime dans lequel les promoteurs du projet, qui ne sont pas des comploteurs rappelons-les, mais de nouveaux despotes fort peu éclairés, fondent la validité de leur projet en évacuant les questions éthiques. Face à la prétendue omniscience dont leurs sbires technocrates seraient les détenteurs, toute objection éthique est disqualifiée a priori pour cause de subjectivité.

L’Europe est déjà de fait soumise a une telle gouvernance, chaque jour quelques vestiges de pouvoir  émanant du peuple (et non de la nation, cette fiction commode pour qui veut accaparer le pouvoir), est mis à mal. Mettre en résonance est la meilleure manière de comprendre le caractère homogénéisant de cette globalisation technocratique totalitaire (le mythe de l’objectivité est de nature intrinsèquement totalitaire).  

Un programme globalisant (pas un complot, restons politiquement correcte !), conçu hors de la volonté des Peuples, est mis en œuvre partout dans le monde, les différences sont fonction de la diversité des situations originelles. La stratégie de la tension s’adapte au terrain mais ne change pas fondamentalement ses méthodes et son but est unique.

Que la nécessité de mettre un gouvernement technocratique en place dans certains délais un gouvernement technocratique en Tunisie nous donne une hypothèse quant au mobile des crimes,  dont l’assassinat de Chokri Belaïd qui se produit de manière tellement opportune pour la réalisation de ce programme. Y compris en envoyant un message très clair à ceux qui voudraient prendre le risque de le contester… la terreur pour les opposant potentiels, fait partie des méthodes récurrentes de cet ordre technocratique, l’objectivité scientifique mise à cette sauce ne fait aucun cas de la volonté des peuples et encore moins de la vie humaine ou du respect de l’existant.

Voici de quoi étayer cette hypothèse, une piste. Parmi d’autres ?

Je sais par expérience que les résonances ont tendance a échaper à la plupart des Européens,  y compris de """gauche""" trop imbus d'eux mêmes, comment reconnaître que nous avons été traités par nos colonisateurs de la même manière que ces peuples qu'ils prennent pour inférieurs alors que malheureusement la "civilisation occidentale" n'est pas à la hauteur de ces prétetion,c'est le moins qu'on puisse dire !

 

Partenariat de Deauville : pierre angulaire de l'ingérence internationale en Tunisie

Pour nous contacter : contact@economie-tunisie.org    
 
À la suite du 14 Janvier 2011 et de la fuite de Ben Ali, l'effervescence internationale cachait mal le malaise de certaines puissances de n'avoir pu anticiper un tel événement. Suite à un certain nombre de tergiversations, parmi lesquelles nous pouvons citer la sortie de Michelle Alliot-Marie, alors Ministre de l'Intérieur en France, lesdites puissances ont décidé de réagir pour ne pas se laisser dépasser par les événements. C'est cette histoire que nous allons exposer ici en décrivant, en décryptant la réaction de ces dites puissances, s'inscrivant dans ce qu'il est convenu d'appeler le Partenariat de Deauville.
I. Le contexte de l'émergence du Partenariat de Deauville
1. Avant le G8 de Deauville
Alors que les gouvernements se succèdent en Tunisie suite aux pressions populaires des différentes Kasbah, la France, premier partenaire économique de la Tunisie, organise son premier voyage le 20 et 21 Avril 2011 sous l'égide du Ministre des Affaires étrangères, M. Juppé, et invite officiellement la Tunisie à participer au sommet du G8 qui se déroulera les 26 et 27 Mai 2011 à Deauville dans le nord-ouest de la France. Le gouvernement tunisien est alors composé de plusieurs technocrates, sous le Premier ministère de Béji Caïd Essebsi, et notamment de son ministre des Finances, M. Jaloul Ayed, technocrate et banquier de carrière ayant survécu à la chute du gouvernement de Mohammed Ghannouchi. C'est dans ce cadre que vont commencer à se mettre en place les premières pierres de l'édifice du Partenariat de Deauville.
Une semaine avant le sommet du G8 à Deauville, M. Ayed effectue alors une visite officielle à Washington du 16 au 18 Mai, et y rencontre de hauts responsables de l'administration, le Congrès américain, le FMI et la Banque mondiale afin de préparer le sommet du G8. Il rencontre aussi Michael Forman, Conseiller adjoint à la Sécurité nationale, chargé des affaires économiques internationales et représentant personnel du président Barack Obama aux sommets du G8 et du G20,David Lipton, assistant spécial auprès du président américain pour les affaires économiques ainsi que les sénateurs John Mc Cain et Joseph Lieberman à qui il fait un exposé sur le développement de la situation en Tunisie.
C'est lors de cette rencontre que seront mis sur la tableles plans du Partenariat de Deauville.
Le 25 mai 2011, le Premier ministre britannique David Cameron a déclaré à Londres, lors d’une conférence de presse avec le président Barack Obama que « Londres et Washington vont promouvoir un «programme de soutien» politique et économique au «printemps arabe» lors du G8 en France ».
2. Le sommet du G8 de Deauville
Le sommet du G8 à Deauville, sous la Présidence de la France de Nicolas Sarkozy, a permis à la France de prendre le leadership du Partenariat de Deauville durant sa présidence du G8. C'est lors de ce sommet, les 26 et 27 Mai 2011, que le Partenariat de Deauville a été officiellement lancé. Plusieurs actions ont alors été entreprises : premièrement, le G8 a exigé de la part du gouvernement de transition tunisien un plan économique sur 5 ans ; deuxièmement, la Banque mondiale a octroyé un prêt d'1 milliard de dollars dans un programme « Gouvernance et Opportunités », en partenariat avec la Banque Africaine de Développement, l'Agence Française de Développement et l'Union Européenne.
3. Après le sommet
Quatre mois plus tard, en septembre 2011, les ministres des Affaires Étrangères du Partenariat de Deauville se sont réunis à New York afin d'acter de la stratégie officielle du Partenariat de Deauville et ainsi de mettre en exergue le grand nombre d'acteurs internationaux impliqués dans ce partenariat. C'est à cette occasion que le gouvernement de transition tunisien a présenté son plan économique sur 5 ans : le « Plan Jasmin ». Le ministre des Finances, Jaloul Ayed, célèbre banquier et homme d’affaire tunisien, qui a concocté ce plan économique, avoue dans son livre sorti en janvier 2013 que ce nom de « Plan Jasmin » lui a été suggéré par le Président de la Banque mondiale de l'époque, M. Zoellick, et ce, en référence au Plan Marshall des États-Unis en Europe après la Seconde Guerre Mondiale.

Le 10 janvier 2012, Houcine Dimassi, désigné ministre des Finances depuis quelques jours, a rencontré Gordon Gray, ambassadeur des États-Unis d'Amérique, à Tunis. C’était pour appeler les États-Unis à concrétiser leurs promesses à la Tunisie lors du sommet du G8 à Deauville. Et pour leur faire comprendre que le nouveau gouvernement allait rester sur la même stratégie que celui qui précédait et qu’il n’allait pas sortir du cadre des conventions de Deauville. 



 


Le jeudi 12 janvier 2012, Hédi Ben Abbes, Secrétaire d’État aux Affaires Étrangères chargé de l’Amérique et de l’Asie, a reçu Mme Caroline Atkinson, Directrice des Affaires Économiques Internationales au Conseil américain de Sécurité Nationale, accompagnée de M. Andrew Baukol, Assistant du Secrétaire américain au Trésor. L’entretien a été l’occasion de discuter les préparatifs du Sommet du G8 2012 qui était présidé par les États-Unis d’Amérique et qui s’est tenu en mai 2012 à Chicago, afin de concrétiser les engagements annoncés à Deauville. Ben Abbes y appelé les grandes puissances économiques mondiales à soutenir davantage la Tunisie lors du prochain sommet.
En août 2012, Ridha Bettaieb, a annoncé , lors d’une interview sur ExpressFM que le département américain du Commerce se chargera du benchmarking entre les codes d’investissement de pays comparateurs comme la Malaisie, Turquie, Jordanie et Maroc, la Banque européenne d’investissement (BEI) étudiera le rapport compétitivité-emploi, l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) évaluera le rendement des incitations, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) étudiera l’intégration socio-économique de l’investissement et l’International Financial Corporation (IFC ou SFI) payera les experts devant contribuer à l’élaboration de ce code.
Le même ministre, enverra le 9 octobre 2012, une lettre à Jim Yong Kim, Président de la Banque mondiale qui porte comme titre : « Lettre de politique de développement », dans laquelle il reprendre les points cités dans ses déclarations antérieures et dans laquelle il dit clairement que « Les réformes économiques s’inscriront dans un processus d’approfondissement de la libéralisation extérieure […] » et que « Le processus de libéralisation sera consolidé à travers l’approfondissement de la coopération avec l’Union européenne pour un partenariat privilégié ».Il explique aussi que « le processus de libéralisation des mouvements de capitaux sera poursuivi graduellement […] ».

Le 12 décembre 2012, Alistair Burt, le ministre britannique chargé des Affaires duMoyen-Orient et de l'Afrique du Nord, rencontre le ministre tunisien de l'Investissement et de la Coopération internationale, Riadh Bettaieb, pour lui communiquer « la volonté de son pays, qui présidera le G8, à partir de 2013, de concrétiser l'initiative du partenariat de Deauville ».
Le lendemain, c’est-à-dire le 13 décembre 2013, le ministre de l’Investissement et de la Coopération Internationale publie un communiqué où il a met l'accent sur les réformes adoptées dans le domaine économique, notamment celles relatives à l'amélioration du climat des affaires et des investissements. On y parle aussi de la concrétisation du Partenariat Public/Privé (PPP).
Le 14 décembre 2012, un communiqué de TAP intitulé : « Jebali exhorte le G8 à concrétiser les promesses du partenariat de Deauville » rapporte qu’à la clôture de la 9e session du Forum pour l'Avenir, Jebali a appelé les pays du G8 à concrétiser les points du programme sur lequel le gouvernement tunisien et les participants aux G8 se sont mis d’accord. Selon ce communiqué, il leur affirma aussi que « Le gouvernement tunisien s'emploie à réformer les systèmes financier et bancaire et à réviser le code d'incitation à l'investissement ».

II. Les objectifs du Partenariat de Deauville

1. Les acteurs en présence
Avant de rentrer dans le vif du sujet des objectifs annoncés par le Partenariat de Deauville, il est nécessaire de mesure l'ampleur de ce partenariat qui implique un nombre impressionnant d'acteurs internationaux de premier plan. Voici donc la liste des acteurs ayant conclu ce Partenariat de Deauville :
Le G8 (France, États-Unis, Russie, Japon, Allemagne, Canada, Italie, Grande-Bretagne) , l'Union Européenne, l'Arabie Saoudite, le Qatar, la Turquie, le Koweït, les Émirats Arabes Unis, ainsi qu'une multitude d'institutions internationales : Banque Africaine de Développement (BAD), Fonds Arabe pour le Développement Économique et Social (FADES), Fonds Monétaire Arabe (FMA), Banque Européenne de Reconstruction et de Développement (BERD), Banque d'Investissement Européenne (BEI), Banque Islamique de Développement (BID), Société Financière Internationale (SFI) (membre de la Banque Mondiale), Fonds Monétaire International (FMI), Fonds OPEC pour le Développement International (FODI), Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE), Banque mondiale (BM).
En ce qui concerne les pays récipiendaires de ce Partenariat, il s'agit tout d'abord de la Tunisie, de l'Égypte, du Maroc et de la Jordanie auxquels s'est rajoutée en Septembre 2011 la Libye. La France ayant insisté pour que des pays comme le Maroc et la Jordanie ne soient pas mis de côté et soient impliqués dans ce partenariat.

2. Les objectifs
Les objectifs présentés par le Partenariat de Deauville se répartissent sur deux piliers essentiels, un pilier politique et un pilier économique. Dans l'idée, la symbiose entre le renforcement d'un État de droit (pilier politique) et le soutien à la croissance (pilier économique) permettrait aux pays concernés de répondre aux besoins de leur population. En principe, le pilier politique porterait sur le renforcement d'un État de droit, le soutien à la société civile, ainsi que sur l'amélioration de la formation professionnelle dans ces pays. Le pilier économique porterait sur le renforcement du développement économique et le soutien à une intégration régionale et mondiale. Néanmoins, en pratique et d'un point de vue bilatéral, les objectifs ont été largement influencés par la Présidence du G8 : la France en 2011 et les États-Unis en 2012. D'un point de vue multilatéral, ce sont principalement la Banque mondiale et le FMI qui ont influencé le contenu de ce Partenariat.

Parmi les objectifs cités par le gouvernement français concernant le Partenariat de Deauville en 2011, nous pouvons citer l'Office euro-méditerranéen de la jeunesse dont l'objectif serait de former des jeunes de la rive sud en Europe puis de les aider à s'insérer dans leur propre pays ainsi qu'un vaste projet  d'installation de gigantesques fermes solaires dans la rive sud de la Méditerranée sous l'égide d'un duo franco-allemand (installation des fermes solaires par l'Allemagne – projet Desertec – et installation de l'interconnexion euro-méditerranéenne par la France – projet Medgrid).
Des points de ce programme sont cités dans un document du FMI publié le 10 Septembre 2011.
Lors du changement de Présidence du G8 à Camp David aux États-Unis les 18 et 19 Mai 2012, l'influence américaine a pu mieux se faire sentir, et les objectifs ont été présentés dans le détail. En effet, des fiches d'informations 1 ont été publiées par le Département d'État américain détaillant les programmes du Partenariat de Deauville pour les cinq pays concernés :
Développement des PME passant par les actions suivantes : création d'un fonds de soutien pour les PME administré par le FADES ; assistance technique au développement des PME sous l'égide du FMI et d'autres banques multilatérales ; réduction des barrières à l'investissement des pays en transition ; accroissement des efforts pour stimuler le commerce et l'investissement dans la région en renforçant les Accords d'Agadir, le GAFTA, et en élargissant les Accords de Libre-Échange avec d'autres pays ; recommandations concernant le meilleur moyen pour les PME de créer de l'emploi sous l'égide de la plate-forme des institutions financières internationales ; ouverture des marchés des pays en transition et appui technique pour améliorer leur compétitivité au sein des pays du G8 : création d'associations d'entreprises dans les pays du G8 qui créeront des partenariats avec leurs homologues des pays en transition.

Gouvernance ouverte et participation passant par les actions suivantes : mise en place des réformes pour être éligible à l'Open Government Partnership (OGP) ; création d'un Corps de Conseil en Services Financiers, issus du public et privé pour développer un secteur financier fort, stable, transparent et accessible ; poursuivre la mise en place de la Convention des Nations-Unies contre la Corruption.

• Élargissement des prérogatives de la Banque Européenne de Reconstruction et de Développement : création d'un fonds spécial de transition en 2012 d'un montant allant jusqu'à 1,3 milliards de dollars et jusqu'à 4 milliards sur les trois années suivantes ; la BERD a principalement pour mission de soutenir le secteur privé et d'accompagner les pays en transition vers une économie de marché.

• Échanges internationaux d'ici fin 2013 passant par les actions suivantes : échange entre les membres du corps législatif, assistance technique pour les assemblées des pays en transition ; échange dans le domaine judiciaire pour une justice indépendante ; échange entre les pouvoirs régionaux et locaux ; échange entre les syndicats.

Plan d'action de recouvrement des avoirs passant par les actions : publication d'un guide pour le recouvrement des avoirs ; aide à l'écriture de lois ayant trait à cette question et formations ; soutien au lancement du Forum Arabe pour le Recouvrement des Avoirs ; les pays en transition doivent renforcer la prévention et les outils contre la corruption.
• Finance passant par les actions suivantes : lancement d'une Initiative d'Accès aux Marchés de Capitaux en prenant exemple sur l'accord pour une garantie de prêt signé entre les États-Unis et la Tunisie en 2012 ; lancement d'un Nouveau Fonds de Transition à l'égard des pays en transition sous la forme d'assistance technique pour implémenter des réformes critiques dans les domaines : de la gouvernance économique, de l'intégration, du commerce et de l'investissement, ainsi que dans le domaine des réformes institutionnelles ; création d'une plate-forme de coordination des Institutions Financières Internationales, avec la BAD en premier chef de coordination et dont les réformes prônées pour l'année 2012 sont :
prêt sur la gouvernance, le secteur privé, les marchés domestiques en Tunisie (BAD et BM), en Jordanie (BM) et au Maroc (BM)
lignes de crédits pour les PME et pour les infrastructures rurales pour une croissance inclusive en Tunisie (BAD)
soutien des Partenariats Public-Privé via l'Arab Financing Facility for Infrastructure lancée en 2011 par la BM et la BID.
Développement de compétences pertinentes dans l'enseignement supérieur dans la région à travers l'initiative « e4e Initiative for Arab Youth ».
• la BERD et le FMA font la promotion des marchés de capitaux en Égypte, Jordanie, Tunisie et au Maroc.

Nous pouvons ainsi mesurer l'étendue du programme du Partenariat de Deauville touchant ainsi à tous les domaines de la politique économique d'un pays. La question de la transition n'a dont pas été prise à la légère par les pays partenaires de Deauville. Certaines mesures concernant les réformes structurelles seront très difficiles à mettre en place du fait de leur impopularité, d'où notre intérêt pour décrire la stratégie mise en place par les acteurs du Partenariat de Deauville.

III. Stratégie des acteurs du Partenariat de Deauville
1. Traitement de choc
Au vu des moyens considérables mis en place, institutions et chancelleries mobilisées, moyens financiers gigantesques (plus de 80 milliards de dollars en tout), il est clair que les pays en transition concernés ne font pas le poids. Le Partenariat de Deauville est une vaste entreprise à l'égard des pays du « printemps arabe » et dont l'objectif principal est de garder sous contrôle ces pays afin qu'ils ne sortent pas du cadre établi par le modèle de démocratie de marché et ainsi faire en sorte qu'ils restent sous influence atlantiste (la Russie, seul pays du G8 non atlantiste, ne joue aucun rôle dans le Partenariat). Pour mettre en place toutes les réformes nécessaires et douloureuses pour imposer le modèle de démocratie de marché à ces pays, les acteurs du Partenariat de Deauville doivent donc établir une stratégie gagnante. Pour comprendre un des fondements de cette stratégie, il faut revenir à l'étude que Naomi Klein avait publiée en 2007, la Stratégie du Choc, et dont le fondement est le suivant : à la suite d’un choc violent (révolution politique, guerre, catastrophe naturelle, assassinat politique, ...), il s’agit à chaque fois de profiter du « choc » pour s’introduire et faire perdre à une entité ou un État sa souveraineté, son self-control, pour la placer sous un contrôle extérieur. Friedman, soutenant l'ultralibéralisme, conseilla aux hommes politiques d'imposer immédiatement après une crise des réformes économiques douloureuses avant que les gens n'aient eu le temps de se ressaisir. Il qualifiait cette méthode de traitement de choc. Le mieux étant de déléguer les rênes des pays concernés à des technocrates qui feraient croire à leur neutralité et à leur objectivité mais qui, au final, défendraient bec et ongle le modèle d'ultralibéralisme, ce sont ceux que Naomi Klein a appelé les Chicago Boys.
2. Diviser pour mieux régner
Un des points essentiel de cette stratégie du traitement de choc est de faire en sorte de créer une diversion capable d'absorber toute l'énergie des forces vives des pays en proie à ce traitement, en alimentant les divisions capables de cristalliser le plus de tension possible. En ce qui concerne les pays cibles du Partenariat de Deauville où un contrôle est nécessaire du fait de leur instabilité (Tunisie, Égypte), le choix a été vite fait d'alimenter la division entre laïcs et islamistes, entre modernistes et conservateurs. L'objectif étant, nous le rappelons, de cristalliser les forces vives des pays et donc de les paralyser afin qu'elles ne se préoccupent pas ou peu des réformes douloureuses à faire passer. Pour bien comprendre cette stratégie, il suffit d'observer l'alliance autour du Partenariat de Deauville où des pays laïcs et progressistes (tels que la France) et des pays islamistes et conservateurs (tels que le Qatar) ont su transcender et dépasser l'opposition ; opposition qu'eux même alimentent à travers leurs médias dans les pays cibles en la faisant passer pour irréductible.

IV. Implications pour la Tunisie
1. Implications économiques
Le Partenariat de Deauville ayant commencé à être mis en œuvre en 2011, nous pouvons d'ores et déjà faire une sorte de bilan des conséquences qu'a eu ce Partenariat sur la Tunisie. S'il est un bilan à tirer de la politique économique de la Tunisie depuis 2011, c'est qu'elle n'a fait l'objet d'aucun vrai débat sur la scène nationale. Et pour cause, la quasi-totalité des réformes entreprises depuis 2011 l'ont été sous la tutelle du Partenariat de Deauville. En effet, par exemple la plupart des réformes entreprises par le gouvernement de transition de Béji Caïd Essebsi ont été conduites sous la tutelle de la BM, et ces réformes ont fait l'objet d'une enquête2 de la part de l'association ACET qui a prouvé que les réformes allaient à l'encontre des intérêts de la plupart des Tunisiens. De même, suite aux élections du 23 octobre 2011 et la mise en place du gouvernement de Hamadi Jebali, toutes les réformes entreprises en 2012 ont été littéralement dictées par la BM, il suffit pour s'en convaincre de comparer le tableau des réformes de la Présidence du Gouvernement avec celui qui apparaît dans le document de prêt de la BM 3: ce sont exactement les mêmes. Pourtant ces réformes n'apparaissaient pas dans le programme d'Ennahdha lors des élections, ce qui montre que ces réformes sont le fait de l'initiative de la BM dans le cadre du Partenariat de Deauville.
De même, il est significatif d'observer que la signature d'un accord pour un Partenariat Privilégié avec l'Union Européenne n'est pas passée par l'ANC et continue d'être négocié par une administration sans que les députés de l'ANC soient consultés, montrant ainsi que des négociations aussi cruciales échappent à la souveraineté du pays.
Les velléités récentes du FMI de faire passer un Programme d'Ajustement Structurel début 2013 s'inscrit, selon le Gouverneur de la BCT, dans le cadre du Partenariat de Deauville. D'ailleurs quelques jours avant son assassinat, Chokri Belaïd et son Front Populaire étaient allés contre ce PAS du FMI.
Les conséquences économiques sont désastreuses, en effet, d'un point de vue du compte courant, les négociations avec l'UE vont accroître de déficit de la balance commerciale du pays, d'un point de vue du budget, les prêts octroyés par les IFI ne générant aucune ressource propre permettant leur remboursement, vont accroître le déficit budgétaire par une fuite en avant, d'un point de vue du système financier, une plus grande ouverture vers une économie de marché exposera encore plus l'économie tunisienne à la prochaine grande crise qui arrivera suite à l'inéluctable effondrement du dollar. Les réformes concernant les subventions, la caisse  des retraites, la fiscalité ou encore le droit du travail vont encore plus fragiliser une population déjà très vulnérable. Nous fournirons une étude plus poussée sur ces réformes structurelles imposées par le FMI.
2. Implications politiques

Du point de vue politique, l'application de la stratégie du choc a pour conséquence directe la perte de souveraineté de l'État tunisien. Comme décrit dans le chapitre précédent, que ce soit avant ou après les élections, l'État tunisien n'a absolument pas le pouvoir de décider de sa propre politique économique, sociale ou même institutionnelle. Le manque de marge de manœuvre, de moyens humains et financiers, fragilisent les institutions démocratiques telles que l'ANC qui n'ont pas les moyens de faire leur travail dans de bonnes conditions (peu de formations, peu de moyens humains pour assister les députés, etc.). Ainsi, la Tunisie se trouve enfermée dans un piège où son supposé manque de ressources l'oblige à se soumettre aux conditions du Partenariat de Deauville pour accéder à des ressources financières, conditions qui ont pour conséquence de diminuer encore plus les ressources disponibles augmentant ainsi sa dépendance vis-à-vis des acteurs de ce Partenariat. Ce piège repose entièrement sur le paradigme de l'État Mendiant n'ayant pas de ressources alors que la fuite des capitaux représente deux fois plus que le montant total du stock de la dette, et que la Tunisie dispose de ressources naturelles suffisantes à son indépendance budgétaire.
V. Conclusions

Nous avons voulu ici décrire le processus, les acteurs et les enjeux que couvre le Partenariat de Deauville. Ce sujet a été peu traité par les médias tunisiens et le nombre d'acteurs et d'interlocuteurs de la Tunisie n'aide pas à voir toute la cohérence de cette entreprise menée depuis 2011. Il nous a été impossible d'analyser de manière exhaustive et analytique le rôle de chacun des acteurs de ce Partenariat, que ce soit du côté des partenaires laïcs ou des partenaires islamistes, et nous pensons que cela doit faire l'objet d'études ultérieures. Les Tunisien(ne)s doivent être au courant de cette initiative qui modèle, influe et encadre le processus d'émancipation des peuples arabes. Nous appelons à la vigilance, à la probité et au respect des principes qui font qu'un peuple est souverain et qu'il peut construire son avenir sur ses propres bases.

1 fiches d'informations   
2 http://zelzel.net/deconstruire/contre-revolution-en-tunisie-la-strategie-du-choc-et-la-banque-mondiale
3 http://pdfcast.org/pdf/document-de-programme 

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