16 février 2019 6 16 /02 /février /2019 16:01

Quelle est la légitimité de Nicolas Maduro président du Venezuela, quelle est celle de Juan Guaido ?

Quelle est la légitimité de Maduro quand il affirma être le leader maximo du chavisme ?

Autant de questions qui donnent lieu à autant de réponses, souvent fantaisistes, quelques chiffres pour servir de base à la réflexion.

 

En ce qui concerne les élections présidentielles 

En octobre 2012

Chavez est élu, il obtient 8 191 132 voix, soit 55,07 % des suffrages.

Le candidat de l’opposition Capriles obtient 6 591 304 voix, soit 44,31 % des votes.

Le nombre d’électeurs inscrits est de 18 903 143, le taux de participation est de 80,56 % soit 15 146 096 votants

 

En mai 2018

Nicolas Maduro est élu avec 67,48 % des votes soit 6 245 862, le reste allant aux différents candidats de l’opposition.

Le nombre d’électeurs inscrits est de 20 526 978, la participation est de 46,07 %.

 

 

En 2013

Maduro était élu avec 7 587 579 (50,61%) contre Capriles 7 363 980 (49,12 % ). Le nombre de votants et le taux de participation sont quasi identiques en comparaison de l’élection de 2012, ce qui implique qu’une partie de ceux qui avaient voté pour Chavez, ont préféré, quelques mois plus tard, après le décès de Chavez, apporter leur voix à Capriles plutôt qu’a Maduro ou que les abstentionnistes ont changé de camp… Que je sache, cela n’a fait l’objet d’aucune enquête.

 

Après chacun pourra déterminer en fonction de ces chiffres si l’élection de Maduro, président pour un second mandat depuis le 10 janvier est ou non légitime ?

 

A titre de comparaison les élections présidentielles aux USA en 2016

Taux de participation : 55,7 %

H. Clinton 65 653 514 voix 227 grands électeurs

D. Trump 62 984 828 voix 304 grands électeurs

 

La victoire de Trump, discutable . Ou non ? De quel droit ?

 

 

 

Ce qui me fait question personnellement, c’est ce parti pris par l’équipe au pouvoir au Venezuela de se vanter haut et fort d’une écrasante victoire, plus de 67 %, sans jamais s’interroger sur la chute du taux de participation et celle du nombre de voix récoltées par Maduro.

Si on reprend l’évolution de la participation pendant les mandats de Chavez, et la progression de ses électeurs, le chavisme est alors un mouvement qui gagne du terrain, de la popularité, de la reconnaissance.

Mais le pays est toujours polarisé entre deux courants significatifs, et les principes de la démocratie, veulent que ces deux courants puissent s’exprimer et être représentés au sein du gouvernement. A La première élection de Maduro, il y a un faible mais réel basculement vers l’opposition. Depuis rien n'est vraiment clair, si ce n'est qu'on peut distinguer une opposition "antichaviste" en gros, d'une dissidence, chaviste mais anti-maduro.

Après, on peut (on doit) être critique, c’est une réalité, on ne peut pas dire avec certitude si le chavisme est un courant qui actuellement gagne, recule ou maintient le terrain acquis au Venezuela. Maduro perd du terrain gagné par Chavez, et une partie de cette désaffection vient de toutes les formes de la dissidence qui se réclament du chavisme. Une partie des votes récoltés par Maduro en 2013, était le chèque en blanc que lui accordaient certains votants, qui ratifiaient le choix fait par Chavez de son héritier politique, sans accorder a priori leur confiance à Maduro en tant que personne.

Et le constat est clair, une partie de cette confiance Maduro l’a perdue. Je n’ai pas les chiffres de participation des nouveaux votants, ni encore moins les résultat de cette jeune participation. Dommage, ce serait intéressant de voir l’implantation de Maduro parmi les plus jeunes électeurs.

 

Ma conclusion, c’est que cette dernière élection représente à la fois une victoire et un échec. Le parti de Maduro reste incontestablement le mouvement politique organisé qui rassemble le plus grands soutien, aucun autre mouvement ne lui fait concurrence. Rien ne garanti pour autant qu’il soit majoritaire dans l’ensemble de la population.

Rappelons également, que Juan Guaido, parlementaire, élu au sein de la coalition d’opposition Mesa de Unidad Popular, il appartient au parti Volontad Popular un courant minoritaire au sein de cette coalition. Le statut de l’Assemblée Nationale, sa délégitimation par le gouvernement, la légitimité de cette délégitimation est une autre question importante.

Ce pourquoi Guaido n'a a aucun titre, aucune légitimité, c'est pour appeler, comme il l'a fait très clairement, au soutien militaire étranger pour introduire une soi disant aide humanitaire qui ne respecte aucun critère du droit international, et que n'accompagne ni l'ONU, ni la Croix Rouge internationale.

 

Le seul courant qui à la fois supplante et intègre le madurisme aujourd’hui, ce sont les 80 % de la population opposée à toute forme d’intervention militaire étrangère dans le pays. S’opposer à cette intervention, c’est soutenir le peuple vénézuélien dans son ensemble.

 

Anne Wolff

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13 février 2019 3 13 /02 /février /2019 19:18

 

comment le laboratoire de changement de régime américain a créé le leader du coup d’État au Venezuela

par Max Blumenthal et Dan Cohen

Merci à Pascal, et Martha qui ont traduit ce texte important pour réseau international.C'est un incontournable pour comprendre la genèse de la "crise vénézuélienne". L'USAID a dépensé bien plus des 20 millions de dollars de l'"aide humanitaire" qui se trouve actuellement à la frontière colombienne pour former les Juan Guaido et autres clones du cheval de Troie US au Venezuela. Toutes les excuses pour la mise en page, je ne suis pas encore habituée à la nouvelle version de l'administration

La création de Juan Guaido :

 

Juan Guaidó est le produit d’un projet entrepris il y a dix ans et supervisé par l’élite des formateurs au changement de régime de Washington. Alors qu’il se fait le champion de la démocratie, il a passé des années à l’avant-garde d’une violente campagne de déstabilisation.

Avant le jour fatidique du 22 janvier, moins d’un Vénézuélien sur cinq avait entendu parler de Juan Guaidó. Il y a quelques mois à peine, le jeune homme de 35 ans était un personnage obscur au sein d’un groupe d’extrême-droite politiquement marginal, étroitement associé à d’horribles actes de violence dans la rue. Même au sein de son propre parti, Guaidó avait été une figure de niveau intermédiaire au sein de l’Assemblée Nationale dominée par l’opposition, qui est maintenant considérée outrageuse par la Constitution du Venezuela.

Mais après un simple appel téléphonique du vice-Président américain Mike Pence, Guaidó s’est auto-proclamé Président du Venezuela. Nommé leader de son pays par Washington, un homme politique jusque-là inconnu a été propulsé sur la scène internationale en tant que leader du pays choisi par les États-Unis disposant des plus grandes réserves de pétrole du monde.

Faisant écho au consensus de Washington, le comité éditorial du New York Times a salué Guaidó comme un « rival crédible » de Nicolas Maduro avec un « style rafraîchissant et une vision pour faire avancer le pays« . Le comité de rédaction de Bloomberg News l’a applaudi pour avoir cherché à « restaurer la démocratie » et le Wall Street Journal l’a déclaré « un nouveau dirigeant démocratique« . Pendant ce temps, le Canada, de nombreuses nations européennes, Israël et le bloc de gouvernements de droite latino-américains connu sous le nom de Groupe de Lima reconnaissent Guaidó comme le leader légitime du Venezuela.

Alors que Guaidó semblait être apparu de nulle part, il était, en fait, le produit de plus d’une décennie de préparation assidue par les usines de changement de régime du gouvernement américain. Aux côtés d’un groupe d’activistes étudiants de droite, Guaidó a été cultivé pour saper le gouvernement socialiste du Venezuela, déstabiliser le pays et, un jour, prendre le pouvoir. Bien qu’il ait été une figure mineure de la politique vénézuélienne, il avait passé des années à démontrer discrètement sa valeur dans les couloirs du pouvoir à Washington.

Marco Teruggi, sociologue argentin et chroniqueur en politique vénézuélienne, a déclaré à The Grayzone :

« Juan Guaidó est un personnage qui a été créé pour cette circonstance. C’est la logique d’un laboratoire – Guaidó est comme un mélange de plusieurs éléments qui créent un personnage qui, en toute honnêteté, oscille entre risible et inquiétant« .

Diego Sequera, journaliste vénézuélien et écrivain de la revue d’investigation Misión Verdad, est d’accord, il a déclaré à The Grayzone :

« Guaidó est plus populaire en dehors du Venezuela qu’à l’intérieur, surtout dans l’élite de l’Ivy League et des cercles de Washington. C’est un personnage connu là-bas, on peut le dire de droite et il est considéré fidèle au programme« .

Alors que Guaidó est aujourd’hui considéré comme le visage de la restauration démocratique, il a passé sa carrière dans la faction la plus violente du parti d’opposition la plus radicale du Venezuela, se positionnant à l’avant-garde d’une campagne de déstabilisation à l’autre. Son parti a été largement discrédité à l’intérieur du Venezuela, et est tenu en partie responsable de la fragmentation d’une opposition gravement affaiblie.

« Ces dirigeants radicaux n’ont pas plus de 20% dans les sondages d’opinion« , écrit Luis Vicente León, le principal enquêteur du Venezuela.

Selon León, le parti de Guaidó reste isolé parce que la majorité de la population « ne veut pas la guerre« .

« Ce qu’ils veulent, c’est une solution. »

Mais c’est précisément la raison pour laquelle Guaidó a été choisi par Washington : On ne s’attend pas à ce qu’il mène le Venezuela vers la démocratie, mais qu’il fasse s’effondrer un pays qui, au cours des deux dernières décennies, a été un rempart de résistance à l’hégémonie américaine. Son ascension improbable marque l’aboutissement d’un projet de vingt ans visant à détruire une solide expérience socialiste.

Cibler la « troïka de la tyrannie »

Depuis l’élection de Hugo Chávez en 1998, les États-Unis se sont battus pour reprendre le contrôle du Venezuela et de ses vastes réserves de pétrole. Les programmes socialistes de Chávez ont peut-être redistribué les richesses du pays et aidé des millions de personnes à sortir de la pauvreté, mais ils lui ont aussi valu une cible sur le dos.

COVER-~1En 2002, l’opposition de droite vénézuélienne a brièvement évincé Chávez avec le soutien et la reconnaissance des États-Unis, avant que l’armée ne rétablisse sa présidence après une mobilisation populaire massive. Au cours de l’administration des Présidents américains George W. Bush et Barack Obama, Chávez a survécu à de nombreux complots d’assassinat, avant de succomber au cancer en 2013. Son successeur, Nicolas Maduro, a survécu à trois tentatives de meurtre.

L’administration Trump a immédiatement placé le Venezuela en tête de la liste des pays visés par le changement de régime de Washington, le faisant passer pour le leader d’une « troïka de la tyrannie« . L’an dernier, l’équipe de sécurité nationale de Donald Trump a tenté de recruter des militaires pour monter une junte militaire, mais cet effort a échoué.

Selon le gouvernement vénézuélien, les États-Unis ont également été impliqués dans un complot, baptisé « Opération Constitution », visant à capturer Maduro au palais présidentiel de Miraflores, et un autre, appelé « Operation Armageddon« , pour le tuer dans un défilé militaire, en juillet 2017. Un peu plus d’un an plus tard, des chefs de l’opposition en exil ont tenté de tuer Maduro à l’aide de drones au cours d’un défilé militaire à Caracas, sans succès.

Plus d’une décennie avant ces intrigues, un groupe d’étudiants de l’opposition de droite a été sélectionné et formé par une académie de formation au changement de régime financée par l’élite américaine pour renverser le gouvernement du Venezuela et rétablir l’ordre néolibéral.

Formation du groupe « Exporter-une-révolution » qui a semé les graines de NOMBREUSES révolutions de couleur

Le 5 octobre 2005, alors que la popularité de Chávez était à son apogée et que son gouvernement planifiait des programmes socialistes de grande envergure, cinq « leaders étudiants » vénézuéliens sont arrivés à Belgrade, en Serbie, pour commencer leur formation en vue d’une insurrection.

Les étudiants étaient arrivés du Venezuela avec l’aimable autorisation du Centre d’Action et de Stratégies non Violentes Appliquées (CANVAS). Ce groupe est financé en grande partie par le National Endowment for Democracy, une section de la CIA qui fonctionne comme le principal bras du gouvernement américain pour promouvoir le changement de régime, et par des organismes comme l’Institut International Républicain et l’Institut National Démocratique des Affaires Internationales. Selon des courriels internes provenant de Stratfor, une société de renseignement connue sous le nom de « shadow CIA » (CIA de l’ombre) :

« CANVAS a peut-être aussi reçu des fonds et une formation de la CIA pendant la lutte contre Milosevic de 1999/2000« .

CANVAS est une émanation d’Otpor, un groupe de protestation serbe fondé par Srdja Popovic en 1998 à l’Université de Belgrade. Otpor, qui signifie « résistance » en serbe, est le groupe d’étudiants qui a acquis une renommée internationale – et une promotion au niveau hollywoodien – en mobilisant les protestations qui ont finalement renversé Slobodan Milosevic.

Cette petite cellule de spécialistes du changement de régime fonctionnait selon les théories de feu Gene Sharp, le soi-disant « Clausewitz de la lutte non-violente ». Sharp avait travaillé avec un ancien analyste de l’Agence du Renseignement de Défense (Defense Intelligence Agency), le colonel Robert Helvey, pour concevoir un plan stratégique qui faisait de la protestation une forme de guerre hybride, visant les États qui résistaient à la domination unipolaire de Washington.

Otpor aux MTV Europe Music Awards 1998

Otpor aux MTV Europe Music Awards 1998

Otpor a reçu le soutien du National Endowment for Democracy, de l’USAID et du Sharp’s Albert Einstein Institute. Sinisa Sikman, l’un des principaux formateurs d’Otpor, a déclaré un jour que le groupe avait même reçu un financement direct de la CIA.

Selon une fuite d’un courriel d’un employé de Stratfor, après avoir mis Milosevic hors d’état de nuire :

« Les enfants qui dirigeaient Otpor ont grandi, ont enfilé des costumes et conçu CANVAS… ou en d’autres termes un groupe « exporter-une-révolution » qui a jeté les semences de NOMBREUSES révolutions de couleur. Ils sont toujours reliés au financement américain et font le tour du monde pour tenter de renverser les dictateurs et les gouvernements autocratiques (ceux que les États-Unis n’aiment pas)« .

Stratfor a révélé que le CANVAS s’est « tourné vers le Venezuela » en 2005, après avoir formé des mouvements d’opposition qui ont mené des opérations de changement de régime pro-OTAN en Europe de l’Est.

Tout en surveillant le programme de formation CANVAS, Stratfor a présenté son programme insurrectionnel dans un langage très brutal :

« Le succès n’est nullement garanti et les mouvements d’étudiants ne sont qu’au début de ce qui pourrait être un effort de plusieurs années pour déclencher une révolution au Venezuela, mais les formateurs eux-mêmes sont les gens qui se sont faits les dents sur le « Boucher des Balkans ». Ils ont des compétences folles. Quand vous verrez des étudiants de cinq universités vénézuéliennes faire des démonstrations simultanées, vous saurez que la formation est terminée et que le vrai travail a commencé« .

Naissance du cadre de changement de régime « Génération 2007″

Le « vrai travail » a commencé deux ans plus tard, en 2007, lorsque Guaidó a obtenu son diplôme de l’Université catholique Andrés Bello de Caracas. Il a déménagé à Washington pour s’inscrire au programme de gouvernance et de gestion politique de l’Université George Washington, sous la tutelle de l’économiste vénézuélien Luis Enrique Berrizbeitia, un des meilleurs économistes néolibéraux d’Amérique Latine. Berrizbeitia est un ancien directeur exécutif du Fonds Monétaire International (FMI) qui a travaillé pendant plus d’une décennie dans le secteur énergétique vénézuélien, sous l’ancien régime oligarchique évincé par Chávez.

Cette année-là, Guaidó a aidé à diriger des rassemblements antigouvernementaux après que le gouvernement vénézuélien ait refusé de renouveler la licence de Radio Caracas Televisión (RCTV). Cette station privée a joué un rôle de premier plan dans le coup d’État de 2002 contre Hugo Chávez. RCTV a contribué à mobiliser des manifestants antigouvernementaux, a falsifié des informations accusant les partisans du gouvernement d’actes de violence perpétrés par des membres de l’opposition et a interdit les reportages pro-gouvernementaux pendant le coup d’État. Le rôle de RCTV et d’autres stations appartenant à des oligarques dans l’échec de la tentative de coup d’État a été décrit dans le célèbre documentaire « The Revolution will not be televised« .

La même année, les étudiants ont revendiqué l’échec du référendum constitutionnel de Chavez pour un « socialisme du XXIe siècle » qui promettait :

« D’établir le cadre juridique de la réorganisation politique et sociale du pays, donnant un pouvoir direct aux communautés organisées comme condition préalable au développement d’un nouveau système économique« .

Les manifestations autour de RCTV et le référendum ont donné naissance à un groupe spécialisé de militants pour le changement de régime soutenus par les États-Unis. Ils se sont appelés eux-mêmes « Génération 2007« .

Capture2Les formateurs de Stratfor et de CANVAS de cette cellule ont identifié l’allié de Guaidó – un organisateur politique libertaire nommé Yon Goicoechea – comme un « facteur clé » pour vaincre le référendum constitutionnel. L’année suivante, Goicochea a été récompensé pour ses efforts par le Prix Milton Friedman du Cato Institute pour l’avancement de la liberté, ainsi que par un prix de 500 000 $ qu’il a rapidement investi dans son réseau politique.

Friedman, bien sûr, était le parrain des fameux Chicago Boys néolibéraux qui ont été importés au Chili par le chef de la junte dictatoriale Augusto Pinochet pour mettre en œuvre des politiques d’austérité fiscale de type « doctrine du choc radical ». Et l’Institut Cato est le groupe de réflexion libertaire basé à Washington DC, fondé par les frères Koch, deux des principaux donateurs du Parti Républicain qui sont devenus des partisans agressifs de la droite en Amérique Latine.

Wikileaks a publié en 2007 un courriel de l’ambassadeur américain au Venezuela, William Brownfield, envoyé au Département d’État américain, au Conseil de Sécurité Nationale et au Commandement Sud du Département de la Défense, louant « Génération 2007″ pour avoir « forcé le Président vénézuélien, habitué à fixer l’agenda politique, à (trop)réagir ». Freddy Guevara et Yon Goicoechea figuraient parmi les « leaders émergents » identifiés. Il a salué cette dernière figure comme « l’un des défenseurs les plus éloquents des libertés civiles des étudiants« .

Riche de l’argent des oligarques libertaires et des organisations de pouvoir doux (soft power) du gouvernement américain, le cadre radical vénézuélien a lancé sa tactique Otpor dans la rue, ainsi qu’une version du logo du groupe, comme on le voit ci-dessous :

Capture3

 Galvaniser l’agitation publique…pour profiter de la situation et la retourner contre Chavez »

En 2009, les jeunes militants de Génération 2007 ont organisé leur manifestation la plus provocatrice à ce jour, baissant leur pantalon sur la voie publique et adoptant les tactiques scandaleuses du théâtre de guérilla décrites par Gene Sharp dans ses manuels de changement de régime. Les manifestants s’étaient mobilisés contre l’arrestation d’un allié d’un autre groupe de jeunes appelé JAVU. Selon le livre « Building the Commune » de l’universitaire George Ciccariello-Maher :

« Ce groupe d’extrême droite a recueilli des fonds auprès de diverses sources du gouvernement américain, ce qui lui a permis d’acquérir rapidement une notoriété en tant que bras dur des mouvements de rue d’opposition« .

Bien que la vidéo de la manifestation ne soit pas disponible, de nombreux Vénézuéliens ont identifié Guaidó comme l’un de ses principaux participants et bien que l’allégation ne soit pas confirmée, elle est certainement plausible ; les manifestants aux fesses nues étaient membres du noyau interne de Génération 2007 auquel appartenait Guaidó, et étaient vêtus de leur marque déposée « Resistencia ! Venezuela« , comme on peut le voir ci-dessous :

4Cette année-là, Guaidó s’est exposé au public d’une autre manière, fondant un parti politique pour capturer l’énergie anti-Chavez que sa Génération 2007 avait cultivée. Appelé Volonté Populaire, il était dirigé par Leopoldo López, un partisan de droite formé à Princeton, fortement impliqué dans les programmes du National Endowment for Democracy et élu maire d’un district de Caracas qui était l’un des plus riches du pays. Lopez était un portrait de l’aristocratie vénézuélienne, directement issue du premier président de son pays. Il a également été le cousin germain de Thor Halvorssen, fondateur de la Fondation Human Rights Watch basée aux États-Unis, qui fait office de boutique publicitaire de facto pour les militants antigouvernementaux soutenus par les États-Unis dans les pays ciblés par Washington pour un changement de régime.

Bien que les intérêts de Lopez s’alignent parfaitement sur ceux de Washington, les liens diplomatiques américains publiés par Wikileaks ont mis en évidence les tendances fanatiques qui conduiraient finalement à la marginalisation de Volonté Populaire. Lopez a été identifié comme :

« Une figure qui divise l’opposition… souvent décrite comme arrogante, vindicative et avide de pouvoir« .

D’autres ont souligné son obsession pour les affrontements de rue et son « approche intransigeante » comme source de tension avec d’autres dirigeants de l’opposition qui privilégient l’unité et la participation aux institutions démocratiques du pays.

En 2010, Volonté Populaire et ses bailleurs de fonds étrangers ont décidé d’exploiter la pire sécheresse qui ait frappé le Venezuela depuis des décennies. D’importantes coupures d’électricité ont frappé le pays en raison de la pénurie d’eau nécessaire à l’alimentation des centrales hydroélectriques. Une récession économique mondiale et la baisse des prix du pétrole ont aggravé la crise, alimentant le mécontentement du peuple.

Stratfor et CANVAS – les principaux conseillers de Guaidó et de son cadre antigouvernemental – ont conçu un plan cynique et choquant pour enfoncer une dague au cœur de la révolution bolivarienne. Le projet reposait sur un effondrement de 70 % du système électrique du pays dès avril 2010.

Une note interne de Stratfor précisait :

« Cela pourrait être l’événement décisif, car Chavez ne peut pas faire grand-chose pour protéger les pauvres de l’échec de ce système, cela aurait probablement pour effet de galvaniser l’agitation publique d’une manière qu’aucun groupe d’opposition ne pourrait jamais espérer. A ce moment-là, un groupe d’opposition serait mieux servi pour profiter de la situation et la retourner contre Chavez en fonction de ses besoins« .

À ce moment-là, l’opposition vénézuélienne recevait un montant faramineux de 40 à 50 millions de dollars par an d’organisations gouvernementales américaines comme l’USAID et le National Endowment for Democracy, selon un rapport du groupe de réflexion espagnol, l’Institut FRIDE. Elle disposait également d’une énorme richesse à puiser dans ses propres comptes, qui se trouvaient pour la plupart à l’extérieur du pays.

Alors que le scénario envisagé par Statfor ne s’est pas concrétisé, les militants de Volonté Populaire et leurs alliés ont renoncé à toute prétention de non-violence et ont rejoint un plan radical pour déstabiliser le pays.

Vers une déstabilisation violente

En novembre 2010, selon des courriels obtenus par les services de sécurité vénézuéliens et présentés par l’ancien Ministre de la Justice Miguel Rodríguez Torres, Guaidó, Goicoechea et plusieurs autres étudiants activistes ont suivi une formation secrète de cinq jours dans un hôtel appelé « Fiesta Mexicana » au Mexique. Les sessions ont été animées par Otpor, les formateurs au changement de régime basés à Belgrade et soutenus par le gouvernement américain. La réunion aurait reçu la bénédiction de Otto Reich, un exilé cubain fanatiquement anti-Castriste travaillant au département d’État de George W. Bush, et de l’ancien Président colombien de droite Alvaro Uribe.

Juan-Guaido-©-Reuters-Rayner-PenaLes courriels indiquaient qu’à ces réunions, Guaidó et ses collègues activistes avaient élaboré un plan pour renverser le Président Hugo Chavez en créant le chaos par des épisodes prolongés de violence de rues.

Trois éminents représentants de l’industrie pétrolière – Gustavo Torrar, Eligio Cedeño et Pedro Burelli – auraient couvert la note de 52 000 $ pour tenir la réunion. Torrar est un « militant des droits de l’homme » et un « intellectuel » autoproclamé dont le jeune frère Reynaldo Tovar Arroyo est le représentant au Venezuela de la compagnie pétrolière et gazière privée mexicaine Petroquimica del Golfo, qui détient un contrat avec l’État vénézuélien.

Cedeño, pour sa part, est un homme d’affaires vénézuélien en fuite qui a demandé l’asile aux États-Unis, et Pedro Burelli, ancien dirigeant de JP Morgan et ancien directeur de la compagnie pétrolière nationale du Venezuela, PDVSA. Il a quitté PDVSA en 1998 lorsque Hugo Chavez a pris le pouvoir et fait partie du comité consultatif du programme de leadership en Amérique Latine de l’Université de Georgetown.

Burelli a insisté sur le fait que les courriels détaillant sa participation avaient été fabriqués de toutes pièces et a même engagé un détective privé pour le prouver. L’enquêteur a déclaré que les registres de Google montraient que les courriels présumés être les siens n’avaient jamais été transmis.

Pourtant, aujourd’hui, Burelli ne cache pas son désir de voir l’actuel Président vénézuélien, Nicolás Maduro, être destitué – et même traîné dans les rues et sodomisé à la baïonnette, comme le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi l’a été par des miliciens soutenus par l’OTAN.

 

Nicolas Maduro, tu ne m’as jamais écouté. Tu m’as fouetté/persécuté comme Chavez n’a jamais osé le faire. Ecoute-moi, tu n’as que deux options dans les prochaines 24 heures :

1. Comme Noriega : purger une peine pour trafic de drogue, puis la Cour Pénale Internationale de La Haye pour les droits de l’homme.

2. Ou à la Kadhafi.

Choisis maintenant !

Mise à jour : Burelli a contacté The Grayzone après la publication de cet article pour clarifier sa participation au complot « Fiesta Mexicana ». Burelli a qualifié la réunion « d’activité légitime qui s’est déroulée dans un hôtel sous un nom différent » au Mexique.

Lorsqu’on lui a demandé si Otpor avait coordonné la réunion, il a seulement déclaré qu’il « aimait » le travail d’Otpor/CANVAS et, bien qu’il ne soit pas un bailleur de fonds, il a « recommandé des militants de différents pays pour les suivre et participer à leurs activités dans divers pays« .

Burelli a ajouté :

« L’Institut Einstein a formé ouvertement des milliers de personnes au Venezuela. La philosophie de Gene Sharpe a été largement étudiée et adoptée. Et cela a probablement empêché la lutte de se transformer en guerre civile« .

Le présumé complot de la Fiesta Mexicana s’inscrit dans un autre plan de déstabilisation révélé dans une série de documents produits par le gouvernement vénézuélien. En mai 2014, Caracas a publié des documents détaillant un complot d’assassinat contre le Président Nicolás Maduro. Les fuites ont permis d’identifier Maria Corina Machado – aujourd’hui le principal atout du Sénateur Marco Rubio – comme l’une des dirigeantes de l’opération. Le fondateur du groupe Sumate, financé par le National Endowment for Democracy, Machado, a servi de liaison internationale pour l’opposition, rendant visite au Président George W. Bush en 2005.

« Je pense qu’il est temps de rassembler les efforts, de passer les appels nécessaires et d’obtenir le financement nécessaire pour anéantir Maduro et le reste s’effondrera« , a écrit Machado dans un courriel à Diego Arria, ancien diplomate vénézuélien en 2014.

Dans un autre courriel, Machado a affirmé que le complot brutal avait reçu la bénédiction de l’ambassadeur américain en Colombie, Kevin Whitaker.

« J’ai déjà pris ma décision et ce combat se poursuivra jusqu’à ce que ce régime soit renversé et que nous le livrions à nos amis dans le monde. Si je suis allée à San Cristobal et que je me suis exposée devant l’OEA, je ne crains rien. Kevin Whitaker a déjà reconfirmé son soutien et a souligné les nouvelles étapes. Nous avons un chéquier plus fort que celui du régime pour briser le cercle de la sécurité internationale« .

Guaidó fonce vers les barricades

En février de la même année, des étudiants manifestants agissant comme troupes de choc pour l’oligarchie en exil ont érigé des barricades à travers le pays, transformant des quartiers contrôlés par l’opposition en violentes forteresses appelées « guarimbas ». Alors que les médias internationaux dépeignaient le bouleversement comme une protestation spontanée contre la règle de la main de fer de Maduro, il y avait de nombreuses preuves que Volonté Populaire orchestrerait le spectacle.

Un participant de guarimba a déclaré à l’époque :

« Aucun des manifestants dans les universités ne portait son t-shirt universitaire, ils portaient tous des t-shirts de Volonté Populaire ou de Justice D’abord. C’était peut-être des groupes d’étudiants, mais les conseils d’étudiants sont affiliés aux partis politiques de l’opposition et ils leur sont redevables« .

Lorsqu’on lui a demandé qui étaient les meneurs, il a répondu :

« Eh bien, si je suis tout à fait honnête, ces gars sont des législateurs maintenant« .

Environ 43 personnes ont été tuées pendant les guarimbas de 2014. Trois ans plus tard, elles ont éclaté à nouveau, causant la destruction massive des infrastructures publiques, le meurtre de partisans du gouvernement et la mort de 126 personnes, dont beaucoup étaient chavistes. Dans plusieurs cas, des partisans du gouvernement ont été brûlés vifs par des bandes armées.

Guaidó a été directement impliqué dans les guarimbas de 2014. En fait, il a tweeté une vidéo sur Twitter se montrant lui-même vêtu d’un casque et d’un masque à gaz, entouré de ses complices masqués et armés qui avaient fermé une autoroute et s’étaient engagés dans un violent affrontement avec la police. Faisant allusion à sa participation à Génération 2007, il a affirmé :

« Je me souviens qu’en 2007, nous avons proclamé « Étudiants » ! Maintenant, nous crions : « Résistance ! « Résistance !« 

Guaidó a supprimé le tweet, démontrant ainsi son souci apparent pour son image de champion de la démocratie.

 Le 12 février 2014, au plus fort des guarimbas de cette année-là, Guaidó rejoint Lopez sur scène lors d’un rassemblement de Volonté Populaire et de Justice D’abord. Au cours d’une longue diatribe contre le gouvernement, Lopez a exhorté la foule à marcher vers le bureau de la Procureur Général Luisa Ortega Diaz. Peu après, le bureau de Diaz a été attaqué par des gangs armés qui ont tenté de le réduire en cendres. Elle a dénoncé ce qu’elle a appelé « une violence planifiée et préméditée« .

Guaido aux côtés de Lopez au rallye du 12 février 2014

Guaido aux côtés de Lopez au rallye du 12 février 2014

Lors d’une apparition télévisée en 2016, Guaidó a qualifié de « mythe » les morts causées par les guayas – une tactique de guarimba consistant à tendre un fil d’acier sur une route pour blesser ou tuer des motocyclistes. Ses commentaires ont étouffé une tactique meurtrière qui avait tué des civils désarmés comme Santiago Pedroza et décapité un homme nommé Elvis Durán, parmi tant d’autres.

Ce mépris impitoyable pour la vie humaine allait définir son parti de Volonté Populaire aux yeux d’une grande partie du public, y compris de nombreux opposants à Maduro.

La répression de Volonté Populaire

Avec l’escalade de la violence et de la polarisation politique dans tout le pays, le gouvernement a commencé à agir contre les dirigeants de Volonté Populaire qui ont contribué à l’alimenter.

Freddy Guevara, vice-Président de l’Assemblée Nationale et commandant en second de Volonté Populaire, a été l’un des principaux dirigeants des émeutes de rue de 2017. Confronté à un procès pour son rôle dans les violences, Guevara s’est réfugié à l’ambassade du Chili, où il demeure.

Lester Toledo, un législateur de Volonté Populaire de l’État de Zulia, a été recherché par le gouvernement vénézuélien en septembre 2016 pour financement du terrorisme et complot d’assassinats. Les plans auraient été élaborés avec l’ancien Président colombien Álavaro Uribe. Toledo s’est échappé du Venezuela et a participé à plusieurs tournées de conférences avec Human Rights Watch, la Freedom House soutenue par le gouvernement américain, le Congrès Espagnol et le Parlement Européen.

Carlos Graffe, un autre membre de Génération 2007 formé par Otpor et qui a dirigé Volonté Populaire, a été arrêté en juillet 2017. Selon la police, il était en possession d’un sac rempli de clous, d’explosifs C4 et d’un détonateur. Il a été libéré le 27 décembre 2017.

Leopoldo Lopez, le leader de longue date de Volonté Populaire, est aujourd’hui assigné à résidence, accusé d’avoir joué un rôle clé dans la mort de 13 personnes pendant les guarimbas en 2014. Amnesty International a fait l’éloge de Lopez en le qualifiant de « prisonnier d’opinion » et a qualifié de « insuffisant » son transfert de la prison à la maison. Pendant ce temps, les membres de la famille des victimes de guarimbas ont présenté une pétition pour que d’autres accusations soient portées contre Lopez.

Yon Goicoechea, le postier des frères Koch, a été arrêté en 2016 par les forces de sécurité qui prétendaient avoir trouvé un kilo d’explosifs dans son véhicule. Dans un éditorial du New York Times, Goicoechea a protesté contre ces accusations les déclarant « fausses » et a affirmé qu’il avait été emprisonné simplement pour son « rêve d’une société démocratique, libérée du Communisme« . Il a été libéré en novembre 2017.

 

Hoy, en Caricuao. Llevo 15 años trabajando con @jguaido. Confío en él. Conozco la constancia y la inteligencia con la que se ha construido a sí mismo. Está haciendo las cosas con bondad, pero sin ingenuidad. Hay una posibilidad abierta hacia la libertad.

 
Aujourd’hui, à Caricuao. Je travaille avec @jguaido depuis 15 ans. Je lui fais confiance. Je connais la constance et l’intelligence avec lesquelles il s’est construit. Il fait les choses avec bonté, mais sans naïveté. Il y a une possibilité ouverte vers la liberté.

David Smolansky, également membre de Génération 2007, est devenu le plus jeune maire du Venezuela lorsqu’il a été élu en 2013 dans la banlieue riche d’El Hatillo. Mais il a été démis de ses fonctions et condamné à 15 mois de prison par la Cour Suprême, qui l’a déclaré coupable d’avoir attisé les violentes guarimbas.

Risquant d’être arrêté, Smolansky s’est rasé la barbe, a mis des lunettes de soleil et s’est enfui au Brésil déguisé en prêtre avec une bible à la main et un chapelet autour de son cou. Il vit maintenant à Washington, DC, où il a été choisi par le Secrétaire de l’Organisation des États Américains Luis Almagro pour diriger le groupe de travail sur la crise des migrants et réfugiés vénézuéliens.

Le 26 juillet dernier, Smolansky a tenu ce qu’il a appelé une « réunion cordiale » avec Elliot Abrams, le félon condamné pour l’affaire Iran-Contra installé par Trump comme envoyé spécial des États-Unis au Venezuela. Abrams est connu pour avoir supervisé la politique secrète américaine d’armement des escadrons de la mort dans les années 1980 au Nicaragua, au Salvador et au Guatemala. Son rôle de premier plan dans le coup d’État vénézuélien a alimenté les craintes qu’une autre guerre par procuration entachée de sang ne se prépare.

 

Cordial reunión en la ONU con Elliott Abrams, enviado especial del gobierno de EEUU para Venezuela. Reiteramos que la prioridad para el gobierno interino que preside @jguaido es la asistencia humanitaria para millones de venezolanos que sufren de la falta de comida y medicinas.

Réunion cordiale à l’ONU avec Elliott Abrams, envoyé spécial du gouvernement américain au Venezuela. Nous réaffirmons que la priorité du gouvernement intérimaire qui préside @jguaido est l’aide humanitaire pour les millions de Vénézuéliens qui souffrent d’un manque de nourriture et de médicaments.

Quatre jours plus tôt, Machado avait lancé une nouvelle menace violente contre Maduro, déclarant :

« S’il veut sauver sa vie, il doit comprendre que son temps est écoulé« .

Un pion dans leur jeu

L’effondrement de Volonté Populaire, sous le poids de la violente campagne de déstabilisation, a aliéné une grande partie de l’opinion publique et conduit à l’exil ou à la détention. Guaidó est resté un personnage relativement mineur, ayant passé la majeure partie de sa carrière de neuf ans à l’Assemblée Nationale en tant que député suppléant. Originaire de l’un des États les moins peuplés du Venezuela, Guaidó s’est classé deuxième lors des élections législatives de 2015, avec seulement 26 % des suffrages exprimés pour obtenir sa place à l’Assemblée Nationale. En effet, ses fesses étaient peut-être mieux connues que son visage.

Guaidó est connu comme le Président de l’Assemblée Nationale dominée par l’opposition, mais il n’a jamais été élu à ce poste. Les quatre partis d’opposition qui composent la Table pour l’Unité Démocratique de l’Assemblée ont décidé d’établir une présidence tournante. Le tour de Volonté Populaire arrivait, mais son fondateur, Lopez, était assigné à résidence. Pendant ce temps, son second responsable, Guevara, s’était réfugié à l’ambassade du Chili. Un personnage nommé Juan Andrés Mejía aurait été le suivant, mais pour des raisons qui ne sont claires que maintenant, Juan Guaido a été sélectionné.

Sequera, l’analyste vénézuélien observe :

« Il y a un raisonnement de classe qui explique l’ascension de Guaidó. Mejía vient de la haute société, a étudié dans l’une des universités privées les plus chères du Venezuela, et n’a pas pu être facilement commercialisée auprès du public comme Guaidó l’a été. D’une part, Guaidó a des traits métis communs, comme la plupart des Vénézuéliens, et ressemble davantage à un homme du peuple. Aussi, il n’avait pas été surexposé dans les médias, donc il pouvait être intégré dans à peu près n’importe quoi« .

En décembre 2018, Guaidó s’est faufilé de l’autre côté de la frontière et s’est rendu à Washington, en Colombie et au Brésil pour coordonner le plan visant à organiser des manifestations de masse pendant l’investiture du Président Maduro. La veille de la cérémonie d’assermentation de Maduro, le vice-Président Mike Pence et la Ministre canadienne des Affaires Étrangères Chrystia Freeland ont appelé Guaidó pour affirmer leur appui.

Une semaine plus tard, le Sénateur Marco Rubio, le Sénateur Rick Scott et le représentant Mario Diaz-Balart – tous des législateurs de la base de Floride du lobby cubain de droite en exil – ont rejoint le Président Trump et le vice-Président Pence à la Maison Blanche. À leur demande, Trump a convenu que si Guaidó se déclarait président, il le soutiendrait.

Le Secrétaire d’État Mike Pompeo a rencontré personnellement Guaidó le 10 janvier, selon le Wall Street Journal. Cependant, Pompeo ne pouvait pas prononcer le nom de Guaidó lorsqu’il l’a mentionné dans une conférence de presse le 25 janvier, l’appelant « Juan Guido ».

 

Secretary of State Mike Pompeo just called the figure Washington is attempting to install as Venezuelan President "Juan *Guido*" - as in the racist term for Italians. America's top diplomat didn't even bother to learn how to pronounce his puppet's name.

Le Secrétaire d’État Mike Pompeo vient d’appeler la figure que Washington tente d’installer comme Président vénézuélien « Juan *Guido* » – comme dans le terme raciste pour les Italiens. Le meilleur diplomate américain n’a même pas pris la peine d’apprendre à prononcer le nom de sa marionnette.

Le 11 janvier, la page Wikipédia de Guaidó avait été modifiée 37 fois, soulignant la lutte pour façonner l’image d’un personnage autrefois anonyme qui était maintenant un tableau des ambitions de changement de régime de Washington. Finalement, le contrôle éditorial de sa page a été confié au conseil d’élite des « bibliothécaires » de Wikipedia, qui l’a déclaré Président « contesté » du Venezuela.

Guaidó était peut-être un personnage obscur, mais sa combinaison de radicalisme et d’opportunisme satisfaisait les besoins de Washington. L’administration Trump a déclaré :

« Il manquait cette pièce interne. Il était l’élément dont nous avions besoin pour que notre stratégie soit cohérente et complète« .

Brownfield, l’ancien ambassadeur des États-Unis au Venezuela, a dit dans le New York Times :

« Pour la première fois, vous avez un chef de l’opposition qui signale clairement aux forces armées et aux forces de l’ordre qu’il veut les garder du côté des anges et des gentils« .

Mais le parti de Volonté Populaire de Guaidó a formé les troupes de choc des guarimbas qui ont causé la mort des policiers et des citoyens ordinaires. Il s’était même vanté d’avoir participé à des émeutes de rue. Et maintenant, pour gagner les cœurs et les esprits des militaires et de la police, Guaido devait effacer cette histoire sanglante.

Le 21 janvier, un jour avant le début du coup d’État, la femme de Guaidó a prononcé une allocution vidéo appelant les militaires à se soulever contre Maduro. Sa performance était en bois et peu inspirante, soulignant les limites politiques de son mari.

Alors que Guaidó attend une aide directe, il reste ce qu’il a toujours été : un projet de prédilection des forces extérieures cyniques.

« Peu importe qu’il s’écrase et brûle après toutes ces mésaventures. Pour les Américains, il est sacrifiable« , a déclaré Sequera au sujet de la vedette de ce coup d’État.

Source : The Making of Juan Guaidó: How the US Regime Change Laboratory Created Venezuela’s Coup Leader

traduit par Pascal, revu par Martha pour Réseau International

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7 février 2019 4 07 /02 /février /2019 15:23
Le gouvernement du Venezuela fait barrage à l'arrivée d'aide humanitaire depuis Cucuta (Colombie)

Le gouvernement du Venezuela fait barrage à l'arrivée d'aide humanitaire depuis Cucuta (Colombie)

Avant d’entrer dans plus de détails, un bilan de la situation de crise au Venezuela aujourd’hui. Une crise qui sera probablement l'aboutissement de 20 ans de tentatives continuées de déstabilisation du Venezuela. Et d’une histoire bien plus longue encore d’interventions et ingérences souvent meurtrière des USA en Amérique Latine, considérée comme arrière-cours de l’Amérique du Nord.

La prochaine étape de la guerre contre le Venezuela, est la programmation de l’envoi d’aide humanitaire dont les prémisses se mettent en place dans la ville frontalière de Cucuta en Colombie, qui devrait être origine d’un premier couloir « humanitaire », un deuxième trouverait son origine au Brésil, alors que la localisation du troisième n’est pas encore connue avec précision, elle serait maritime.

Pendant les mois de désertion du blog et en grande partie de l’actualité, je n’ai cessé de garder un œil sur le déroulement de la crise vénézuélienne. Le point de vue dominant que j’ai pu observer actuellement, c’est le « ni Maduro, ni Guaido » mais aussi l’aspiration immédiate  à un secours d’urgence alimentaire et médical qui est une question de survie pour des centaines de milliers d’habitants du pays.

Aujourd’hui les deux points focaux de dénouement de la crise vénézuélienne seront Cucuta, (Colombie), ville frontalière où se concentre la première « aide humanitaire » et Montevideo (Uruguay) où se déroulera la première réunion du comité international de gestion de la crise où se retrouveront des pays européens et latino américains avec la volonté avouée de chercher une issue non belliqueuse comme dénouement des tensions actuelles. J’y reviendrai. Si une majorité de gouvernements d’Amérique Latine on reconnu le « président intérimaire » autoproclamé du Venezuela et souhaitent le départ de Maduro, seuls les gouvernements d’extrême-droite de Colombie et du Brésil, sont partisans d’une intervention armée qui risque de propager la guerre dans toute l’Amérique Latine.

Je reviendrai sur qui est Guaido en me basant principalement sur les données de l’article La creación de Juan Guaidó qui est le plus documenté et le plus synthétique des informations que j’ai pu récolter par ailleurs. En résumé : un pur produit des laboratoires de déstabilisation US, membre de la branche vénézuélienne du mouvement OTPOR, qui depuis près de deux décennies, entraîne les rejetons de l’opposition oligarchique, liée à des mouvements d’extrême droite et de suprémacistes blancs. Quelques textes antérieurs qui nous éclairent sur ce courant de l’extrême-droite latino qui reçoit ses ordres de Washington. Guaido est le disciple de Leopoldo Lopez qui est lui-même un poulain d’Alvaro Uribe. Pour en savoir plus Mais qui est donc Leopoldo Lopez ? Dans ce texte vous trouverez quelques références utiles pour comprendre ce mouvement de sédition de l’extrême-droite en Amérique Latine et dans le monde. A l’heure où Steve Banon vient coacher l’extrême-droite européenne en vue des prochaines élections, bénéficier des investigations latino concernant les membres et méthodes de l’Internationale Fasciste est éclairant.

Qui décide à Washington ? C’est la question du «pouvoir réel » dont nous voyons encore une fois qu'il poursuit ses objectifs avec continuité, surmontant tous les obstacles dressés par les peuples, indépendamment de la fiction d'alternance, qui change les emballages, pas le contenu. Il s'agit d'instaurer un nouvel ordre global à échelle mondiale, un concept que reconnaissent explicitement tant « un groupe de pouvoir dominant » aux USA, que Poutine ou Xi Jinping, la différence, et les conflits qui en résultent, résidant dans la manière dont cette homogénéisation globale doit être imposée aux masses et, bien sûr, dans les modalités de partage du gâteau Terre.. Le grand rêve chinois de Xi « Un monde, une humanité, un destin » est une version revue et corrigée 5G du « Rêve américain ». Un monde dans lequel les masses ont des droits économiques mais pas de droits politiques.

Le Venezuela est un bon morceau de ce gâteau, enjeu de toutes les convoitises. Endetté jusque par dessus la tête de plusieurs générations à venir envers la Russie et la Chine, le désir et la nécessité de recouvrir et faire fructifier leurs investissements fait donc de la Russie et la Chine des acteurs à part entière de ce conflit.

 

Du point de vue US, les programmes du Pentagone dont on peut observer au quotidien l’application et le déroulement dans le monde sont une des meilleures sources pour comprendre la nature de l’idéologie qui préside le destin des USA et du monde et ses modes d’application. Le monde global est un monde dans lequel les individus n’ont aucune importance en soi, ce qui importe c’est la fonction. C’est tout aussi vrai pour l’ouvrier à la chaîne que pour les présidents.

Ce sont des programmes à long terme qui n’ont cessé de voir leur aboutissement différé par le surgissement répétitif d’obstacle imprévus dont la Puissance de la Chine comme force hégémonique mondiale et le rétablissement de la Puissance Russe mise en œuvre par Poutine sont des facteurs majeurs.

Quelques textes importants, à la fois illustratifs et édifiants, des clés pour la compréhension des « problèmes » auxquels nous nous confrontons quand il est question de l’avenir de notre monde en général, et de l’enjeu Venezuela en particulier :

Le projet militaire des Etats-Unis pour le monde. Le nouveau paradigme

Militarisation impérialiste : nouveaux masques pour de vieux projets

 

 

Dans le grand chaos de la dés-administration Trump il existe un fil conducteur, l’utilisation de stratèges de la déstabilisation de l’Amérique Latine comme Elliott Abrams, actuel envoyé spécial des Etats-Unis au Venezuela.Comme Negroponte, c’est un vieux de la vieille, qui était déjà à l’origine de centaines de milliers de morts en Amérique Latine par son implication dans les guerres contre-révolutionnaires des années 70 et suivantes en Amérique Centrale. Un expert des escadrons de la mort, on le retrouve en 2OO2 dans le coup d’état échoué contre Chavez. Comme Negroponte, après avoir sévi en Amérique Centrale il a contribué à l'exportation des Escadrons de la Mort en Irak.

Encore une fois, on se retrouve dans la poursuite d’un plan de déstabilisation, destruction et mise sous contrôle US de l’Amérique Latine : de la population qui survivrait aux massacres qu'impliquent cette mise sous contrôle et des ressources de la région. Voir Le projet militaire des Etats-Unis pour le monde. Le nouveau paradigme Un projet déjà bien avancé, le Mexique, l’Amérique Centrale, la Colombie sont plongé dans une violence inouïe entre narcotrafic, para-militarisme et pandillas, entre DEA et armées et forces de répressions locales formée par les Opérations Spéciales des USA et d’Israël sous le regard bienveillant des héritiers de l’immigration nazie qui a fait son nid en différents lieux du continent Sud, Argentine, Chili, Paraguay, Brésil, Media Luna Bolivienne,... les foyers sont nombreux et prolifèrent aujourd’hui du Mexique à la Terre de Feu. Les nazis, néo ou non, ouvrent des camps d’entraînement, des écoles pour une nouvelle jeunesse ouvertement hitlérienne ou, sous autres bannières, tout autant d’extrême-droite.

Si Macri en Argentine, Duque (dauphin d'Uribe) en Colombie sont des membres identifiés de cette grande famille de fabricants d’histoire tragique pour l’Amérique Latine, l’un et l’autre continuent d’utiliser une bonne dose de « politiquement correct » dans leurs discours officiels ou électoraux. Bolsonaro, par contre, a rompu sans équivoque avec ce discours lénifiant et il n’hésite pas a proclamer haut et fort la mise à mort programmée des populations indigènes subsistantes comme celle des membres de la gauche et des mouvements populaires par les forces de répressions de son régime… De même que toute forme de crime fasciste blanc, d’assassinat de sexe et de genre, de leaders sociaux est d’avance pardonné voire encouragé par cette nouvelle dictature.

Mauvais présage aussi pour tous ceux qui, au Venezuela s'opposent à l'impérialisme, comme pour les populations indigènes et afro-descendantes. Si les troupes colombiennes et brésiliennes envahissent le pays, elles rencontreront une forte résistance d’une partie d’une grande partie de la population. Nul doute cependant que les meneurs populaires sont d’ores et déjà des cibles privilégiées, identifiées par l’ennemi extérieur, comme par la cinquième colonne vénézuélienne.

Et cela seule une très petite minorité, tant au Venezuela qu'à l'extérieur le souhaite.

Qu’implique cette opération d’« aide humanitaire ? » et ses 3 couloirs qui ont pour origine Cucuta en Colombie, une zone frontalière du Brésil et un pont maritime dont le lieu n’est pas encore dévoilé.

 

Le Gouvernement des USA annonce très clairement la couleur :

Trump annonce que si le gouvernement de Maduro se refuse à recevoir cette aide, les couloirs seront ouverts militairement, par la force. Des missions militaires accompagnent les containers qui arrivent en ce moment à Cucuta, ville frontalière de Colombie, alors que Maduro concentre des troupes de l’autre côté de la frontière qui disposent des containers sur les routes d'accès de l'aide humanitaire.

A Cucuta première étape de ce programme plurinational d’aide humanitaire, conjointement à la logistique de manutention de l'aide en médicaments, en vivres et autre matériel, se déroule l'installation d'un camp militaire de base susceptible d’accueillir, d’héberger de ravitailler les soldats d'une projection de forces militaires en ce lieu. Un camp qui en cas d’intervention militaire du Venezuela pourrait très vite être rendu opérationnel.

Si certains courants de l’opposition, comme celui dont fait partie Guaido appelle ouvertement à cette intervention militaire, s’il est plus que transparent que les USA souhaitent que se produisent les conditions qui la rendrait « acceptable » aux yeux de la communauté internationale, il existe aussi une partie de l’opposition de « centre droite » qui d’ores et déjà organise les réseaux de distribution civile dans le pays en privilégiant ceux qui sont soumis à la plus grande urgence, enfants en état de dénutrition avancée, malades que le manque de soin menace de mort imminente.

 

Si parmi les commentaires de l’opposition « radicale » j’ai trouvé quelques crétins qui appellent à cette intervention proférant des inepties, des grossièretés du style de l’ affirmation de ce que cette intervention serait une guerre éclair avec des frappes chirurgicales qui couperait uniquement la tête du régime, la majorité des vénézuéliens rejettent toute intervention militaire, ils savent bien qu’une telle intervention a toujours eu, jusqu’ici, pour conséquence la destruction volontaire des pays intervenus et des dizaines, centaines de milliers de morts, la plus grande partie parmi la population civile. Comme des dirigeants et conseillers US l'ont exprimé ouvertement à diverses reprises, le but de ces interventions est de renvoyer un pays à l'âge de pierre de telle manière qu'il ne puisse se relever. C'est aussi le contenu explicite de programmes du Pentagone.

 

Au Venezuela,les dernières élections l’ont montré, quand bien même les résultats n’en seraient pas entièrement fiables, quand bien même de nombreux candidats n’ont pas pu ou pas voulu se présenter, le madurisme a tout de même recueilli quelques millions de voix, si beaucoup d'entre elles étaient le produit du clientélisme et/ou du chantage, certaines venaient – quand même - d'inconditionnels du régime. A côté du madurisme on trouve la dissidence, les courants dissidents du chavisme, les autres mouvements de gauches et différents courants de souveraineté populaire et de communalisme. Tous ont en commun le refus de toute ingérence militaire ou politique US dans le pays.

Comme je l’ai dit plus haut l’opposition se compose des oligarques d’extrême-droite qui sont rejeté par une grande partie de l’opposition de centre droit et populaire qui n’apprécie ni les méthodes violentes utilisées lors des guarimbas, les soulèvements violents qui ont tenté à plusieurs reprises de renverser le gouvernement en utilisant des méthodes meurtrières qui leur ont rapidement aliéné le soutien de la population y compris l'opposition de base qui en était indifféremment victime.

J’ai amplement documenté cela en 2013, il faut que je remette à jour les catégories du blog, pour que ces documents, suivi quotidien et nombreuses traductions inédites soient facilement accessibles, on y trouve les fils conducteurs de cette nième tentative de renversement du gouvernement du Venezuela qui se sont multipliées depuis l’élection de Chavez, depuis 20 ans. 20 ans, c’est qui est aussi le « temps de l'oubli », oubli des méfaits des régimes qui ont précédé le chavisme et le madurisme, quand des jeunes sans histoire peuvent se voir manipuler et fanatiser par l'un ou l'autre camp. Je sais de quoi je parle, j'ai commencer à militer à l'âge de 12 ans, j'ai été manipulée, j'ai résisté à l'étape fanatisme et j'ai compris l'importance de la connaissance de l'Histoire (globalisante) et des Histoires des peuples dans leur diversité. Aujourd’hui certains des jeunes manifestants ont trouvé la haine du chavisme diluée dans le lait de leur biberons, alors que parmi les jeunes militants du madurisme, c’est le discours appris d’une pensée unique qui se répète sans variation ni esprit critique. Quand à la violence qui caractérise une partie de la jeunesse pauvre, délictueuse, malheureusement, ce n’est pas un phénomène propre au Venezuela, c’est une réalité au Mexique, en Amérique Centrale, en Colombie. La culture de bandes, Maras, pandillas est à l’honneur dans les réseaux sociaux. En Colombie, des enfants de douze ans n’ont d’autres écoles que celles où ils apprennent le métier de sicarios (tueurs à gage). Si je compare l’évolution du Honduras depuis le coup d’état de 2009, avec celle du Venezuela pendant la même période, je vois bien qu’en termes de misère, de violence, de dépossession, de confiscation d’élections, de violation de Droits Humains le régime hondurien imposé par un coup d’état US (restauration de la démocratie) a aussi besoin d’urgence d’aide humanitaire et de changement de régime. Si tout cela n’était pas horriblement douloureux on pourrait le qualifier d’absurde.

 

Avant d’écrire ces quelques lignes, j’ai lu beaucoup, visionné d’innombrables vidéos de différents point de vue. Beaucoup de bêtises et de blabla, d’éternelles redites depuis les insultes contre le chavisme et les chavistes, les blasphèmes contre les populations indigènes dont pour certains, il faut poursuivre l’éradication totale mais aussi les professions de foi romantiques et/ou fanatiques de nostalgiques de la gauche perdue. Je ne parle même pas des litanies d’un officialisme complètement hermétique à la réalité vécue de ceux qui parmi le peuple ne soutiennent pas le régime.

La Chine et la Russie ont clairement exprimé qu'elles se lavaient les mains du sort de Maduro en tant que tel, ce qui leur importait était de préserver leurs intérêts dans le pays indépendamment du régime en place. Les deux Empires sont en pourparler avec les deux parties l’équipe de Maduro, comme celle de Guaido, cherchant leur meilleur intérêt. Mais l'intérêt des USA est tout aussi clairement de se réapproprier les ressources du Venezuela mises sous hypothèque par Maduro qui pour des besoins urgent de fonds a cédé la plus grandes parties des richesses naturelle du pays, jusqu'au plus profond du dernier puits de pétrole, de la dernière mine d'Or, du dernier gisement de Coltan à ses « sauveurs » usuriers, la Chine et la Russie.

 

Le madurisme reste le courant le plus puissant et organisé du pays. Le chavisme reste un courant majoritaire, mais la dissidence est tout aussi divisée que l'opposition et se nourri de discours, de polémiques, d'actions symboliques, alors que tous ses efforts devraient se concentrer aujourd'hui sur une participation active à l'entrée et la distribution de l'aide humanitaire, dont elle reconnaît, contrairement au régime, la nécessité. Une distribution de l’aide, civile, populaire, efficace est le seul moyen de faire barrage à l'invasion militaire. Y participer est aussi probablement une mise en danger de sa vie courir le risque de subir la répression de la part de l’officialisme.

Les spéculations vont bon train, j’ai essayé ici de m’en tenir à des faits ou des opinions significatifs et avérés.

 

Les enjeux dépassent de très loin le seul Venezuela. Ce dont il est question ici, c'est autant l'avenir de l'Amérique Latine que celui du monde. Géo-stratégiquement parlant, le Venezuela est un enjeu majeur dans la guerre des 3 Empires.

 

Aujourd’hui nous en apprendrons d’avantage sur la réunion de Montevideo (Uruguay) entre les délégués de l’Europe et de l’Amérique Latine qui cherchent ensemble les moyens d’une issue pacifique comme dénouement de la « crise ».

 

Tout autre considération mise à part, je rappellerai ici que Chavez est devenu CHAVEZ quand, après avoir constaté que sa tentative de coup d’état de 1992 tournait à l’échec, il s’était rendu pour éviter d’inutiles déversements de sang.

Je rappellerai aussi que quand il est question de choisir son camp en politique, il ne s’agit pas d’un choix duel, entre groupes de pouvoir, le choix de la souveraineté populaire est aussi une option, c’est la mienne. Pour beaucoup, cela semble un choix perdant, mais de ne pas l’assumer, c’est ma conscience que je perdrais, et cela serait pire que tout…

 

Anne Wolff

 

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Au lieu d’être une politique et une économie de guerre, le néo-fascisme est une entente mondiale pour la sécurité, pour la gestion d’une « paix » non moins terrible, avec organisation concertée de toutes les petites peurs, de toutes les petites angoisses qui font de nous autant de microfascistes, chargés d’étouffer chaque chose, chaque visage, chaque parole un peu forte, dans sa rue, son quartier, sa salle de cinéma."

 

Gilles Deleuze, février 1977.

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