16 septembre 2018 7 16 /09 /septembre /2018 13:23
L'ère néolibérale inauguration  d'un univers carcéral

L'ère néolibérale inauguration d'un univers carcéral

La prison aux USA est un thème qui interpelle pour de nombreuses raisons, quelques articles précédemment publiés sur les États d'Anne évoquent ce problème : le taux d'incarcération qui place les USA loin devant tous les autres pays du monde, sauf la Russie qui se distingue également dans ce domaine ; les raisons et conditions d'incarcération et ici il sera question de discrimination en matière de droits civiques en particulier le droit de vote

Je ne vais pas entrer dans les détails pour chaque états. Retenons que les Étasuniens ne sont pas égaux devant la loi, puisque dans certains états les prisonniers ont le droit de voter depuis la prison alors que dans d'autres toute condamnation vous prive de ce droit à vie. Actuellement ce sont 6 millions de personnes qui se voient ainsi privées de droit de vote. 35% sont des hommes afro descendants, groupe qui constitue 13% de la population du pays. Un homme afro-descendant sur 13 est privé de droit de vote contre 1/56 pour les autres groupes, parmi lesquels se détachent cependant les latino. Mais selon Amy Goodman, il n'existe pas de statistiques suffisantes les concernant.

Dans le cas de Crystal Mason : au Texas sont privés de droit de vote les personnes incarcérées ainsi que celles qui sont en liberté conditionnelle et celles placées sous contrôle judiciaire..

Quand j'évoque les raisons des incarcérations, dans un pays où trois délit mineurs peuvent vous valoir une incarcération à vie, une autre discrimination apparaît celle qui vous prive de droit de vote pour être ou avoir été emprisonné quelle que soit la nature et la gravité des faits motivants de la condamnation.

Amy Goodman de Democracy Now évoque cette semaine le cas de Crystal Mason, afro descendante, texane, qui est allé voter, après avoir purgé une peine de 5 ans de prison pour fraude fiscale, alors qu'elle était en liberté conditionnelle, ne sachant pas que cela lui était interdit,. Ne figurant pas sur les listes électorales de son bureau de vote habituelle, elle a été cependant autorisée à émettre un vote provisoire. Vote qui n'a pas été validé, puisque, après vérification il s'est avéré que selon les lois de l'état son droit de vote était suspendu.

Et pourtant, malgré sa bonne foi, et le fait que son vote n'a pas été validé, Crystal Mason vient de se voir condamnée à une nouvelle peine de 5 ans de prison pour fraude électorale cette fois. 5 ans auxquels s'ajoute 10 mois pour violation des conditions de la conditionnelle. Actuellement elle a fait appel pour cette condamnation qui va à l'encontre des lois du Texas, pour qu'il y ait fraude il eut fallu prouver la volonté de frauder de Madame Masan et en plus que son vote ait été validé, ce qui ne fut pas le cas. Elle devait cependant se constituer prisonnière avant le 13 septembre pour purger 5 ans pour fraude électorale, 10 mois pour violation de la liberté conditionnelle et 26 mois qui lui restait à tirer de sa peine pour fraude fiscale. Soit 8 ans de prison !!!

A titre de comparaison A.G. évoque le cas de Terri Lynn Rate, femme, blanche de l'Iowa qui a été condamnée pour fraude électorale pour avoir tenter de voter deux fois pour Donald Trump. Elle a été condamnée à 2 ans avec sursis complet et 750 dollars d'amende.

Le dernier aspect mis en évidence par A.G., c'est l'influence de cette situation sur les résultats électoraux. Dans le cas de la Floride, 1,4 millions de personnes sont privées définitivement de droit de vote quel que soit l'importance du délit commis. En Floride, Donald Trump a été élu avec 112 OOO voix d'avance (1,2% des votes). Or une majorité des exclus du vote sont des afro-descendants qui dans leur grande majorité votent démocrates. Ils sont privés de droit de vote en vertu de lois votées par la majorité républicaine de l'état qui assure ainsi indéfiniment son maintien au pouvoir et un état acquis au candidat républicain lors des présidentielles.

Mais il existe actuellement en Floride une plate-forme d'association « Amendement 4 » qui lutte pour la restitution des droits civiques aux personnes qui ont retrouvé la liberté (à l'exclusion des assassins et des personnes ayant commis un délit sexuel), elle présentera cette année un projet de loi en ce sens.

 

Résumé en français Anne Wolff.

Texte intégral en Espagnol ici

USA le pays où 1% de la population adulte est mise en cage

USA le pays où 1% de la population adulte est mise en cage

Compléments d’info, aperçu du contexte carcéral US:

- Les prisons privées aux États-Unis : un commerce plus lucratif que la drogue.

- L’ONU accuse les E.U. de traitement cruel, dégradant et inhumain envers les pauvres

- Les Prisons cauchemar étasunien de Pelican Bay à Athènes 

- Rêve "américain" : En prison les fous !

- Le travail dans les prisons des États-Unis : prélude aux camps

- USA De l’école à la prison, un cycle infernal

- Leonard Peltier : prisonnier politique aux USA depuis 1976

- La drogue : arme de l'état et instrument de contrôle social Quand commence la croissance fulgurante de l’incarcération au USA, une des causes principales est la tolérance zéro qui envoie derrière les barreaux les détenteurs de drogue, même en très petite quantité. Drogue, incarcération et privation de droit de vote. Les références abondent qui prouvent l’usage de la drogue par l’état américain, depuis l’opération arme contre drogue menée par G.H. Bush en tant que directeur de la CIA, pour détourner les jeunes des luttes sociales et politiques. Ajoutons la tolérance zéro (dès l ‘école voir : De l’école à la prison, un cycle infernal) qui transforment, sans leur laisser d’autres opportunité, une partie de la population de jeunes afro-descendante, latino et autres couches pauvres en écoliers d’une des plus grandes écoles de crime du monde.

Si on fait le tour de la question on arrive à la conclusion que non seulement le phénomène carcéral étasunien permet de radier de la citoyenneté en permanence 6 millions d’habitants du pays, mais aussi c’est la source, à travers la privatisation et l’exploitation du travail des prisonniers, d’un nouvel esclavage. Un modèle qui fait son apparition en Europe, mais cela c’est une autre partie de l’histoire.

 

Modification un lien vers un rapport de 2018 qui détaille en graphiques très clairs la situation carcérale étasunienne. Rectification, si les USA restent en tête (670 prisonniers pour 100 000 habitants) dépassée par le Ruanda (434)  la Russie  passe en troisième place (413) dans le peloton de tête alors que le Brésil voit dangereusement augmenter sa population carcérale (325)

Léonard Peltier, condamné sans preuves, prisonnier politique aux USA depuis le 6 février 1976

Léonard Peltier, condamné sans preuves, prisonnier politique aux USA depuis le 6 février 1976

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Gilles Deleuze, février 1977.

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