Temps du vent mauvais -
Un jour de mai 2010, le Fond Monétaire International, l'œil de l'Union Européenne et la Banque centrale Européenne ont fait irruption dans notre vie quotidienne. La Troïka et les "Troïkans" modifient nos existences et nos comportements. Il y a un avant et un après. Comme lors d'une entrée en guerre ou d'une occupation. Un vent mauvais, un poison ambiant, une mise à mort de nos petites et grandes habitudes une mutation collective rapide, suspendue à la perte de nos repères. Désormais on plonge, y compris dans les quartiers chics ... dans les poubelles ....
greek crisis
Je continue ma lecture et vous la fait partager, mais l'essentiel est sur le blog même... il me semble lire la "chronique d'un avenir annoncé... Je le dis et le redis aux égoïstes, à ceux qui se sentent à l'abri dans leur cocon beurré "classe moyenne". Aujourd'hui vous servez de tampon entre le Peuple excédé qui déjà vit sa grèce en France ou en Belgique et le Pouvoir. Demain quand tous les ressort de la dictature seront installé vous ne lui servirez plus à rien et il vous sacrifiera comme nous tous sur l'autel du profit. Allez lire ce blog... allez comme vous iriez voir la voyante qui vous prédit votre avenir dans sa boule de cristal.
5 novembre 2011
À nos splendides marionnettes !
(Les mourants, les passants et les manifestants - Athènes 04-11-2011)
Vendredi soir. Athènes se fait encore belle, comme elle peut. Aux alentours du quartier de l'Agora les touristes, assez nombreux, se mélangent à nos flâneurs. Les trottoirs se remplissent, dans les rues marchandes, il y en a même qui font du shopping. Avant la tombée de la nuit, près du vieux marché, de la marchandise «récupérée», circule dans une course de caddies; dérobés des hypermarchés. J'apperçois un homme élégant, achetant de la marchandise à l'immigré qui pousse fébrilement son caddie, tournant son regard dans tous les sens, la police n'est certainement pas loin.
(…)Puis, un peu partout dans la capitale et ailleurs, fleurissent les commerces qui achètent cash ou prêtent sur gage, de l'or et des bijoux. Récemment, le principe du prêt sur gage s'élargit aux voitures, aux embarcations de plaisance et aux biens immobiliers. Belles perspectives en vue, du 1941 en 2011, merci à la mondialisation pour cet anachronisme.
Ce vent en poupe, profite également aux cours particuliers (ou par petits groupes). Arts martiaux, autodéfense, (les atteintes aux biens et aux personnes ont doublé en deux ans), et surtout on se rue sur l'apprentissage des langues.(…) Je lui rappelle alors le discours de DSK devant les députés grecs, il y a quelques mois, avant son malheureux épisode de l'hôtel américain. DSK avait déclaré sans nuances, que les jeunes grecs n'ayant plus d'avenir ici, peuvent massivement partir pour le monde entier. Cette déclaration n'a pas été bien appréciée par l'opinion publique, mais la psychologie collective comporte bien de limites. Les jeunes grecs quittent désormais leur pays par milliers, les plus jeunes, les diplômés, les moins profiteurs également, les moins ou les pas du tout escrocs du fisc et de l'argent de l'U.E.; cette manne financière que le P.S. et la droite qui alternaient au pouvoir, ont aussi distribué, suivant le management du parfait clientélisme. Et se dire que Madame Merkel exige de ces deux formations politiques de s'accorder … pour nous passer la corde, c'en est trop.
(…)Sur la place de la Constitution (Syndagma), je tombe sur le meeting du parti communiste (KKE). Bandiera rossa et odeurs de souvlaki tout juste sous le nez de Papandreou. Aleka Papariga, secrétaire générale du PC, alors femme relativement âgée, mais comme on dit souvent ici, très courageuse, explique les positions du KKE à une foule acquise d'emblée. On reconnaît la sociologie de notre vieux PC, visages d'ouvriers, femmes non maquillées, jeunes étudiants et retraités pauvres. L'autre foule du vendredi soir, jeunes femmes BCBG, hommes en pull-over et autres petits costumes qui passent par la, s'arrêtent pour écouter un bref instant. Ils se déclarent plutôt bienveillants, sans pour autant participer à un meeting qui affiche sans ambiguïté son esprit partisan.(…)
Devant l'Assemblée, la police est certes omniprésente, mais sans en faire vraiment trop. (…)Je remarque pourtant, l'image édifiante d'un mendiant, assis devant le grand magasin. Deux jeunes femmes bien habillées vont passer devant lui sans le voir. A vingt mètres seulement, les communistes, eux, n'ont des yeux que pour la secrétaire. Fragments de notre nouvelle Grèce sous mandat. Les mourants, les passants et les manifestants.(…)
(…)
Un peu plus loin dans la ville d'Athéna, devant certains établissements huppés, les très grosses cylindrées de la très grosse évasion fiscale se reposent sous l'œil des vigiles. Cette Grèce semble être intouchable. Ces gens se moquent sans doute des politiques à bien des égards. Les augmentations de l'imposition qui écrase la grande majorité des citoyens ne les effraie guère. «Entrepreneurs» qui font de la contre-bande dans le secteur pétrolier, chanteurs illustres qui ont oublié le fisc durant vingt ans, ayant par exemple les conjoints élus députés P.S., puis tout ceux, qui dans le monde politique et du pouvoir ont reçu l'argent provenant des caisses noires de Siemens. Et pour cause. Vive la République !
7 novembre 2011
(…)Dès ce matin, les journaux s'arrachent des kiosques, une fois de plus. L'information déborde de partout, pléthorique et souvent contradictoire.
(…)J'ai acheté ce matin Elefterotypia également pour une autre raison, soutenir ce journal. En effet, le quotidien se trouve menacé de fermeture puisque brusquement, la banque Alpha Bank a fait volte-face, concernant l'octroi d'un prêt de la dernière chance, tandis que le dossier était bien bouclé, et les garanties présentées par Elefterotypia (l'hypothèque de ses propres locaux), acceptées. Selon ses journalistes, la banque agit sous commandement politique, car la fermeture du journal (situé au centre – gauche), privera les citoyens grecs du seul grand quotidien anti-mémorandum, (étant donné, que les autres journaux de la gauche notamment, reflètent plus au moins strictement, les positions des deux partis de gauche. Nombreuses personnalités, signent alors un petit texte de soutien au quotidien, parmi eux, Vassilis Vassilikos et Costa Gavras. Le journal alors et ses soutiens ... sous le bras, beaucoup de gens ont déjà éteint leur poste de télé et laissé leur ordinateur en veille. La journée est vraiment belle pour ne pas en profiter. Vivons le temps présent, le temps restant, se disent les Grecs.
(…)En résumant, les indignés de la classe moyenne d'aujourd'hui, s'expriment ainsi: «Il faut tout changer dans le pays, sauf … notre petite richesse». Mais sous un soleil si radieux, qui va pousser le raisonnement jusqu'au bout ? Ainsi, nombreux et nombreuses sont ceux et celles qui se baignent. L'eau de la mer est à 17 degrés et pratiquement sans vent, on peut aussi faire bronzette. «La mer nous délivre de tout, mais vraiment de tout», dit une femme à son amie en sortant de l'eau. «Oui, et depuis le mal qui frappe notre pays nous en avons bien si besoin», répond l'autre femme.
(…)Un peu plus loin, un bistrot est définitivement fermé, tout comme un autre, à proximité de la plage avant le grand parking. Sur ce parking justement, deux Porsche sont garées côte à côte. Pas loin, un mendiant cherche dans la poubelle pour en extraire trois gobelets en plastique contenant les restes de café, il ramasse aussi les mégots. Il boit vite ces restes, se tournant vers le soleil. C'est vrai qu'il est gratuit et que tout le monde peut en profiter.
(…)Vers 22h enfin, la Présidence de la «République» de notre Protectorat, annonce qu'après la rencontre entre Papandreou et Samaras, (le chef du parti de la droite), un nouveau cabinet verra le jour demain. Il mettra en place tous les accords du 27 Octobre avec la Troïka, et seulement ensuite, il organisera des élections, d'ici trois mois. On pense même savoir que le Premier Ministre de demain, sera Loukas Papadimos, un chef de banque, ancien président de la Banque Centrale en Grèce, et jusqu'en 2010, vice-président de la BCE. Sur internet on se déchaine. «C'est un coup d'État déguisé», note sur son tweet un humoriste connu de tous ici (émission radiophonique Elinofreneia).
7 novembre 2011
Papadimos Über Alles
«À bas l'occupation, la lutte continue, pour nous, sujets du Protectorat allemand au sud de l'Europe, chers auditeurs, les masques sont tombés, Papadimos l'élu de Merkel et de Sarkozy, ce banquier qui a contribué au maquillage des statistiques grecques lors de l'entrée dans l'euro, cet homme de la BCE et des rapaces internationaux des marchés, ce conseiller de Papandreou sera probablement notre prochain Crime Minister ... Les deux grands partis ont signé par la même occasion, l'acte de leur mise à mort en assassinant la patrie et le peuple. «Socialistes» du P.S. et Nouvelle «Démocratie» (la droite), entrent dans l'incinérateur politique, ce n'est plus une affaire de gauche ou de droite, mais de dignité nationale et de survie. L'Europe dite démocratique, nous disait encore hier, vous êtes sous nos ordres, sinon nous allons vous b... (sic) …. je crains même, que sous peu, la liberté de parole restante va disparaître … Après les élections de … février, nous verrons éventuellement une grande coalition de tous les collabos, «Argentine plan» - phase II, sauf si …. Chers auditeurs, pensez-vous que vous et votre enfant, chères mamans, avez-vous encore un avenir ? et bientôt les mamans italiennes ou bien même françaises vont s'en rendre compte. Nous, nous savons ici que désormais, cette Europe n'est pas une Union politique, mais la dictature des criminels de la doctrine du choc, et notre peuple se voit programmé à mourir sous occupation ... Mais la Résistance est là ...», voilà en résumé, l'émission de Georges Trangas ce matin sur Real FM, première radio chez nous, en termes d'audience.
Des appels circulent également sur internet. «Ce n'est plus une affaire de gauche ou de droite, Front Populaire, résistance», puis certains actes précis, suivent. Nos coalisés Merkoziens pensent récolter les impôts, extraordinaires et impossibles, donnant ainsi les gages aux directoires de la rapacité financière mondialiste, une ministre du gouvernement français a sans doute trop vite parlé, suggérant «l'aide technique» de la France sur ce point. Déjà plusieurs citoyens, unions d'avocats, ou élus locaux saisissent la Justice sur l'inconstitutionnalité et l'illégalité de ces impôts extraordinaires, y compris de cette nouvelle imposition sur les biens immobiliers, incorporée dans les factures d'électricité. Plusieurs maires et municipalites de l'agglomération d'Attique (la région d'Athènes mais également à Rhodes et ailleurs), Peristeri, Elliniko – Argyroupolis, Saronikos, Nea Ionia, suggèrent aux citoyens de ne pas payer ces impôts, mettant en place un service juridique et technique d'aide à la désobéissance civile, le refus de se soumettre à ces lois, certains maires même, se déclarent prêts à remettre l'électricité aux foyers, au cas où Électricité de Grèce, coupe le courant. Le maire de Peristeri a ainsi avisé le fournisseur national d'électricité par voie judiciaire, que si l'électricité est coupée aux foyers dont il y a au moins une personne au chômage (nous arriverons bientôt à un million de chômeurs officiels ici, sur onze millions d'habitants !), chez les retraites touchant 450 euros par mois, dans ce cas, les responsables de l'entreprise auront à faire collectivement et personnellement à des poursuites. A Corfou et ailleurs on met en place les équipes de Robins des bois qui vont remettre l'électricité si besoin. Le mouvement «je ne paie pas», prend alors une nouvelle dimension, y compris démographique, ces municipalités représentent déjà plusieurs centaines de milliers de citoyens.
Nous apprenons également ce matin par les journaux, que notre résistance au froid, fait également feu de tout bois. Personnellement, je l'avais bien observée déjà. Nos forêts sont «exploitées» massivement, par une population n'ayant plus d'autres moyens de chauffage cet hiver. Les fonctionnaires de l'Office National des Forêts, ne peuvent et ne veulent plus contrôler, leurs véhicules n'ont plus de carburants manque de crédits, eux-mêmes souvent ne perçoivent plus leurs soldes. «On ferme les yeux lorsque les habitants coupent et ramassent des arbres pour leur usage personnel, mais lorsque nous nous apercevons les camions des trafiquants, cela nous attriste vraiment, mais que faire, on sait que ces gens sont potentiellement armés ...» déclare à la presse un garde forestier sous l'anonymat.
Je reçois également mails et messages en provenance du Net, invitant à une sorte d'école de la survie, comment devenir autonome, comment mettre en valeur son lopin de terre, comment vivre sans électricité. Vous avez dit occupation ? La vie et la mort ne connaissent pas le vide politique.
9 novembre 2011
Impôts ... cassés
(…)Étant les cobayes des laboratoires de la finance mondiale, nous subissons des mutations intéressantes. Pour l'instant nous sommes en train de mordre les barreaux de nos cellules, en nous cassant évidement les dents. C'est également pour cette raison, que nous nous mordons aussi, la queue de nos liens sociaux. Bientôt nous allons rester vraiment sans queue du tout. Déjà que sur les ondes des grandes radios généralistes, une nouvelle publicité, propose un breuvage, censé renforcer le courage sexuel de la population masculine vivant ici sous le Protectorat. Là encore, c'est de l'inédit. Donc, avis à toute la planète: Après dix-sept mois de FMI, il n'y a plus … à se faire … chez les Grecs.
Finalement c'est toute notre vie sociale, notre Amalthée relationnelle, qui est mise à une rude épreuve. Il y a par exemple des amis, qui disparaissent de la circulation, n'admettant plus se montrer en public après la faillite de leur entreprise, le chômage, ou la mise en saisie de leurs biens immobiliers ou de leurs voitures, par les banques. Et pas seulement ceux qui ont exagéré sur le consumérisme et l'endettement.
9 novembre 2011
Un astéroïde gros comme Papandréou frôlera la Terre ce soir
(…)Peu importe la déclaration d'impôt (d'un salarie du privé ou du secteur public, d'un retraité ou d'un indépendant et hélas d'un chômeur), ce qui est d'abord pris en compte dans le calcul de l'impôt est l'ensemble des biens du contribuable. Par exemple, une voiture de 1,6 de cylindrée vieille de 20 ans ajoute 2500 euros dans le barème de la présomption. Lorsqu'on y ajoute les 3.000 euros virtuels «de survie minimum par personne» (nouveau critère du gouvernement), cela fait donc 5.500 euros de revenus retenus par notre fisc dans son calcul. Et alors ? C'est très simple, un citoyen ici en Grèce, lorsqu'il possède une vieille voiture (souvent inutilisée) et en plus il a perdu son travail sans indemnités chômage (c'est fréquent) et il arrive à survivre grâce à la solidarité de sa famille et de ses amis, (je ne parle pas des tricheurs), eh bien il se retrouve imposable car nos gouvernants ont décidé que tout le monde est imposable au-delà de 5000 euros de revenus par an, même en se basant sur le calcul de la présomption présumée du train de vie (et si on y ajoute la vignette, 270 euros disons pour sa vieille auto), bingo ... Si en plus il se trouve propriétaire d'un bien immobilier (disons par héritage) on lui ajoutera 5.000 à 10.000 de revenu fictif-réel par an, afin de l'imposer et on vient d'ajouter une taxe annuelle sur l'immobilier. A contrario, dans les présumés beaux quartiers de notre capitale, il y a de plus en plus, des voitures immatriculées en Bulgarie. Encore de la marque Porsche, Mercedes et autres BMW luxueuses que Mme Merkel a bien eu le plaisir de nous vendre. Non ce n'est pas parce que nous recevons la crème du yaourt social bulgare voisin, mais tout simplement certains grecs aisés, transfèrent partiellement leurs domicile fiscal en Bulgarie en montant des vraies – fausses sociétés ... légalement à Sofia, transférant par la même occasion la propriété de leurs biens immobiliers, leurs bateaux de plaisance et récemment de leurs voitures (les filières spécialisées offrent ce service pour 2500 euros). Il reste donc pour le fisc grec, l'imposition sur leurs revenus, amputée, de toute présomption, liée à une richesse pourtant bien réelle. Sans évoquer l'évasion fiscale des plus gros poissons. A remplir une mer Égée … jusqu'à Santorin.
10 novembre 2011
Entre deux Premiers Ministres ici, nous avons eu droit, à notre petite recrée, à de vrais moments de détente. Trop courts, hélas ! Cinq jours pratiquement, sans gouvernement, cela se fête ! Papandréou, démissionnaire, a été même vu derrière le Parlement, buvant apparemment son café, du cote du jardin botanique, le jardin dit «National», ou «Royal» avant 1968. Dans les Ministères les cartons sont déjà prêts. On emballe sans doute les … débordants dossiers de notre maigre pays. Et dans celui de Venizelos en Économie ?
Hier soir, nos télés fatiguées, se désintéressaient des tractations au sommet de notre planète politique. Le direct depuis les hauts lieux du «pouvoir», a été gentiment réduit, car dans la rue et dans tout le pays, on rit jaune. Papandréou est remplacé par un autre Seigneur Sith, plus précisément, par Lucas Papadémos de la BCI, (également, ancien cadre de la FED aux États-Unis – quotidien Elefterotypia de ce matin).(…)
(…)Durant ces cinq jours, des escrocs de renom furent incarcérés, des policiers ripoux également, et surtout on n'annonce pas de nouvelles mesures d'austérité. Que d'autre veut-il réellement ce peuple ? Punir les escrocs de tout genre et rompre avec les mesures qui (le) tuent.
Mais attention, Papadémos arrive. On imagine que notre personnel politique «systémique» (ainsi que les propriétaires exogènes de notre Baronnie depuis l'axe Bruxelles - Berlin), supposent que finalement, peu de gens dans l'eurogalaxie, et pas seulement sur notre petite planète balkanisée, peuvent reconnaître la différence entre les Sith et les Jedi ! D'où notre décadence actuelle, se trouvant gouvernés alors par une coalition politique non élue, un Premier Ministre ex-gardien de but à la BCI, avec la participation amicale du parti de Milton Friedman (le P.S., comme tous les P.S. en Europe), de la droite, et de l'extrême droite populiste, y compris probablement au sein du conseil des Ministres. Cela se dit aussi par les médias affiliés, «gouvernement d'union nationale transitoire». Seulement, nous nous rappelons encore, de la dernière «grande réussite» du banquier Papadémos, c'est à dire, cette nouvelle cuisine, par laquelle la Grèce, l'Italie et peut être bien d'autres pays, ont été admis dans la zone euro(…)
(…)Notre hebdomadaire satirique, notre Souris rigolote, dans ses colonnes économiques, suggère que l'euro, fut d'abord une monnaie dont la fonction la plus évidente se résumait au transfert des richesses et de compétitivité en faveur de certains pays, dont l'Allemagne, notamment l'Allemagne. D'où apparemment sa fin, sa transformation éventuellement (totale ou partielle), programmée ou spontanée, la monnaie peut être également, la continuation de la guerre par d'autres moyens. En tout cas, toujours selon l'hebdomadaire, l'organisme allemand TUI qui regroupe des entreprises dans le secteur du tourisme chez Madame Merkel, exige des chaines hôtelières grecques avec lesquelles il s'apprête à signer les conventions de la saison 2012, une clause, suivant laquelle, et si besoin est, les partenaires grecs doivent accepter d'être payés (par les entreprises allemandes), en nouvelle devise nationale (grecque) et non pas en euros !(…)
Ce dimanche, nous avons vécu la deuxième vraie offensive de l'hiver sur Athènes et sur la Grèce, après celle de Papadémos, évidemment. Il tombe du crachin par un vent du nord très froid et la neige apparaît sur nos montagnes, une autre vraie misère. Nos bateaux et autres ferries, c'est à dire ceux de nos armateurs, sont restés amarrés au Pirée, navigation interdite jusqu'à ce soir minuit, au moins. Alors c'est la tempête, vent à 50 nœuds, la mer Égée se déchaine depuis hier. Comme la plupart des îles, Lesbos, Santorin ainsi que Mykonos, se trouvent coupées du continent, encore une fois, les insulaires ne peuvent qu'attendre. Salle temps vraiment, par les banquiers qui courent.
Yannis, un ami habitant l'ile de Chios, a téléphoné ce matin: “Tiens mon vieux, nous sommes heureux aujourd'hui ici sur l'archipel, les gens observent la tempête durant des heures, elle est forte, les pécheurs s'affolent pour leurs petites embarcations, enfin, c'est ainsi que nous avons presque oublié Papadémos et ces autres minables de l'extrême droite au gouvernement.. et Samaras, [chef du parti Nouvelle Démocratie, la droite] qui déclare à la presse, ayant des ministres au gouvernement qu'il ne co-gouverne pas, seulement il fait de la gestion transitoire, mais pour qui, nous prennent-ils ces gens ?”.
Nos radios et nos journaux, ont également commenté ces autres vagues, soulevées cette fois par les récentes intempéries politiques. Il était question notamment, des réactions du P.S. en France, lorsque ce dernier se déclare si inquiet par “l'entrée de l'extrême droite (LAOS) dans le gouvernement grec [ce qui]est pour les socialistes un choc. Nicolas Sarkozy a félicité le gouvernement Papadémos, les socialistes Français s'y refusent. Monsieur Karatzaféris, leader du LAOS, ancien responsable d'un mouvement de jeunesse soutenant les colonels grecs qui installèrent la dictature dans ce pays ne peut en rien aider le peuple grec à sortir de la crise. Voilà où mène l'Europe quand elle tourne le dos aux peuples, en imposant des austérités brutales et aveugles sans donner la possibilité et le temps pour le redressement et en s'immisçant dans le fonctionnement démocratique des États-membres. A la crise économique et sociale s'ajoute une crise politique et démocratique”, (www.parti-socialiste.fr).
Mais vu d'Athènes, on sait désormais que radio Paris – P.S. ment. Sur toute sa ligne Maginot idéologique. D'où les commentaires très amers d'une partie de notre presse, dans nos bistros et parfois entre nous. Un mauvais pressentiment alors nous assaille, à craindre que la France se trouve peut-être dans la même orchestration pré-electorale que nous, en 2009. À l'époque, la propagande médiatique a tout fait pour que Papandréou se fasse élire, et il l'a été, avec dix points d'avance sur la droite. Le plan fut ainsi bien ficelé, le FMI et la gouvernance mondiale des banques s'apprêtèrent à lancer l'expérimentation de la meta-démocratie, commençant par notre pays, durant la période transitoire du petit Georges. Ce plan, préparait en réalité une dictature bien plus sournoise que celle des colonels. Après tout, jamais un gouvernement grec, y compris sous les colonels, n'a osé signer une telle convention de prêt international avec les «marchés» c'est à dire les banquiers... Préparé de surcroit, par un obscur cabinet privé d'avocats d'affaires, anglais nous semble-t-il, relevant du droit britannique. Selon ses termes exacts, la Grèce abandonne officiellement et définitivement sa souveraineté vis à vis des ses créanciers. Cela veut tout simplement dire, que le pays, ne peut plus faire usage du droit international et ainsi plaider auprès des instances, telles l'ONU, au cas où on arrive à prouver que la dette est illégitime, même partiellement, ou encore non viable, voire dangereuse, mettant en péril la survie des citoyens. Par cette même convention, tout bien appartenant à l'État grec, et si «on» veut par extension, tout bien privé, peut être saisi par les créanciers ou par les acheteurs potentiels de la dette. D'ailleurs, on prépare fébrilement à la Kommandatur de Bruxelles, un organisme issue de la xénocratie bancaire, se partageant et bradant ainsi par lots, les richesses et les biens du pays, hypothéquant par la même occasion la vie des générations futures. Cette convention, dont le Mémorandum n'est que la partie annexe, n'a jamais été présentée au Parlement, ni soumise au vote des députés, et encore moins, devant l'abrogation des citoyens, par referendum, par exemple. Lorsque Papandréou nous a fait sa mauvaise blague du referendum; la question potentielle serait alors celle du Mémorandum et non pas, la Convention du prêt entre la Grèce et la Troïka, c'est à dire les banquiers. Et comme on le sait maintenant, y compris cette question (sur le nouveau Mémorandum du 27 octobre), fut interdite par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy. Les deux dirigeants, ont alors dicté une autre question, «pour ou contre le maintient de la Grèce dans la zone Euro», et c'est ainsi que le poisson fut définitivement noyé, avec les pécheurs de la mer Égée, par la même occasion.
Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont également insisté sur «l'obligation incontournable» du gouvernement Papadémos : adopter sans aucune discussion le nouveau Mémorandum et vite. Ils ont même laissé entendre que c'est seulement après, que le choix de la date des élections législatives peut être discuté. D'où essentiellement, le coté obscur de la nomination putschiste de Lucas Papadémos aux commandes. Mais hélas ce n'est pas tout.
Le journal Elefterotypia (12 novembre), rappelle à ce propos, que Papadémos, tout comme Mario Monti le “sauveur” présumé et coopté chez nos sympathiques voisins, se trouvent parmi les membres éminents de la Commission trilatérale, une organisation créé en juillet 1973, à l’initiative de M.David Rockefeller, figure de proue du capitalisme américain. Comme l'a déjà remarqué Olivier Boiral en novembre 2003 dans un article publié au Monde Diplomatique (“Trente ans d’une institution secrète Pouvoirs opaques de la Trilatérale”), “la création de cette organisation opaque, où se côtoient à huis clos et à l’abri de toute compromission médiatique des dirigeants de multinationales, des banquiers, des hommes politiques, des experts de la politique internationale, ou encore des universitaires, coïncide à ce moment avec une période d’incertitude et de turbulence dans la politique mondiale. La gouvernance de l’économie internationale semble échapper aux élites des pays riches, les forces de gauche paraissent de plus en plus actives, en particulier en Europe, et l’interconnexion croissante des enjeux économiques appelle une coopération plus étroite entre les grandes puissances. La Trilatérale va rapidement s’imposer comme un des principaux instruments de cette concertation, soucieuse à la fois de protéger les intérêts des multinationales et d’«éclairer» par ses analyses les décisions des dirigeants politiques (…).
L’élite rassemblée au sein de cette institution fort peu démocratique et que la démocratie inquiète dès lors que des groupes autrefois silencieux s’en mêlent va s’employer à définir les critères d’une «bonne gouvernance» internationale. Elle véhicule un idéal platonicien d’ordre et de supervision, assuré par une classe privilégiée de technocrates qui place son expertise et son expérience au-dessus des revendications profanes des simples citoyens (…) Ces interventions s’articulent autour de quelques idées fondatrices qui ont été largement relayées par le politique. La première est la nécessité d’un «nouvel ordre international». Le cadre national serait trop étroit pour traiter des grands enjeux mondiaux dont la «complexité» et l’«interdépendance» sont sans cesse réaffirmées. Une telle analyse justifie et légitime les activités de la Commission, à la fois observatoire privilégié et contre-maître de cette nouvelle architecture internationale. La seconde idée fondatrice, qui découle de la première, est le rôle tutélaire des pays de la triade, en particulier des États-Unis, dans la réforme du système international. Les pays riches sont invités à s’exprimer d’une seule voix et à unir leurs efforts dans une mission destinée à promouvoir la «stabilité» de la planète grâce à la généralisation du modèle économique dominant (...).
L’hégémonie des démocraties libérales conforte la foi dans les vertus de la mondialisation et de la libéralisation des économies qui s’exprime dans le discours de la trilatérale. La mondialisation financière et le développement des échanges internationaux seraient au service du progrès et de l’amélioration des conditions de vie du plus grand nombre. Or elles supposent la remise en cause des souverainetés nationales et la suppression des mesures protectionnistes. Ce credo néolibéral est souvent au centre des débats. (...) Loin d’être un «vieux serpent de mer» qui referait surface au ravissement de quelques adeptes d’ésotérisme et de «théorie du complot», la Commission trilatérale est une institution bien établie, dont la discrétion facilite la collusion entre responsables politiques et grandes entreprises. Ainsi se dessine la trame d’un pouvoir diffus, opaque, presque insaisissable, qui tisse ses liens à travers des clubs fermés et des rencontres internationales dont le forum de Davos représente l’expression la plus ostentatoire. Dans ces lieux de rencontres, d’échanges, de tractations gravitent les mêmes protagonistes, s’élaborent les analyses et les compromis qui précèdent souvent les grandes décisions. La Commission trilatérale est une des pièces de cet échiquier polymorphe. Elle consolide l’alliance entre le pouvoir des multinationales, de la finance et de la politique, grâce à un réseau d’influences dont les ramifications s’étendent aux principaux secteurs de la société”.
En 2011 donc, les membres de la Tripartite prennent ouvertement les commandes en Europe, avec Papademos et Monti. En Grèce, et peut-être bien en Italie, on arrive cependant à mieux cerner la duperie. En France, pas encore. Le P.S. et François Hollande prononcent haut et fort exactement les mêmes jolies paroles que Papandréou en 2009, sur les méfaits des exagérations du capitalisme spéculateur, alors qu'en réalité, ils lui sont depuis longtemps les serviteurs. Voila ce que nous nous disons ici à Athènes, y compris dans certains de nos médias, tant que la liberté d'expression reste encore possible.
Ah oui, notre extrême droite de Karatzaféris, leader du LAOS et de ses ministres au cabinet Papadémos, est à ce titre une double parodie politique car, non seulement elle remâche sans cesse les stéréotypes les plus simplistes et idiots du nationalisme, mais; ce qui est plus grave encore, participant à la gouvernance des banquiers, elle abandonne par la force des actes, toute idée de souveraineté nationale, idée néanmoins habituelle de l'armature idéologique de l'extrême droite. Une fausse extrême droite alors ?
En tout cas, les socialistes en France feraient mieux de se montrer choqués par eux mêmes d'abord, bien malheureusement pour tout le peuple français et accessoirement pour sa gauche, avec ou sans guillemets. J'ose même jouer les Cassandre, prédisant une variante du scenario grec, italien ou portugais, en France, après les élections de 2012, si François Hollande est élu, évidemment. On expliquera alors aux citoyens, que la dette du pays est hélas implacable, obligeant à des mesures beaucoup plus radicales que celles de Nicolas Sarkozy, le temps que l'économie reprenne le chemin de la croissance et que finalement il n'y a pas d'autre choix que les plans d'austérité jusqu'en 2058. Puis un «sauveur» banquier ou «technocrate», prendra les mauvaises commandes des mains du P.S., et sans transition, comme ont dit. À moins, qu'une figure politique, membre également de la Commission trilatérale soit propulsée au pouvoir. Elisabeth Guigou, par exemple (voir la Trilateral Commission Membership List, disponible sur le site de l'organisation www.trilateral.org).
Et pour bientôt, la houle de la gouvernance mondiale des banquiers, suivant le mouvement ondulatoire de la surface des dettes? Pour paraphraser le grand écrivain enterré dans l'Indre, être informé de tout et condamné ainsi à ne rien comprendre, tel est le sort des électeurs, on se demande pourtant si c'est bien vrai ...
Source : greek crisis: novembre 2011