L’Europe austéritaire : no pasarán !
David Pestieau
Un banquier à la tête de l’Italie. Un autre à la tête de la Grèce. Et maintenant le chef des renseignements à la tête de la Roumanie. À ce rythme-là, on aura peut-être bientôt des colonels en Espagne ou au Portugal.
Il y a de quoi être inquiet. « Nous avons besoin de suspendre quelques principes démocratiques pendant dix-huit ou vingt-quatre mois afin que des décisions difficiles puissent être prises », expliquait en novembre dernier un dirigeant d’entreprise italien au Financial Times. Le Frankfurter Allgemeine Zeitung, quotidien de référence allemand, écrivait le 30 juin : « Dans peu de temps, la Grèce deviendra de facto une démocratie limitée. »
En Grèce, les Men in Black de la troïka du FMI, de la Banque centrale européenne et de la Commission européenne veulent imposer une diminution du salaire minimum de 25 %, jusqu’à 600 euros par mois et le licenciement de 150 000 fonctionnaires.
Le 30 janvier, le sommet européen a décidé d’un Pacte fiscal qui garantit des sanctions sévères pour ceux qui sortent des clous. Un Pacte qui signifie plus de 1 500 milliards de restrictions dans les cinq années à venir. Ce qui va plonger l’Europe dans une profonde récession et jeter une grande partie de la population dans la pauvreté.
En même temps, partout en Europe, une gigantesque campagne contre les syndicats et contre le droit de grève se développe. Comme chez nous en Belgique lors de la grève générale (voir notre dossier pages 8-9). Nous le voyons en France où le gouvernement veut imposer dans certains secteurs que les grévistes déposent un préavis individuel 48 heures avant la grève. Et ce mercredi, la Commission européenne veut adopter une « réglementation Monti II » qui entend limiter le droit de grève. En résumé, la Commission veut mettre, dans certains cas, les libertés économiques — liberté de circulation des marchandises, des services, des capitaux et des personnes — sur le même pied que le droit, fondamental, de grève. Des tribunaux pourraient ainsi décider qu’une grève est légitime ou pas, dans la mesure où elle perturbe les lois du libre marché. Mais n’est-ce pas la définition même d’une grève ?
Les mesures antidémocratiques vont de pair avec les mesures antisociales. L’évolution actuelle de cette Europe « austéritaire » doit être arrêtée. Il ne s’agit pas d’essayer d’en réduire les contours les plus aigus. Il faut l’arrêter.
La résistance des peuples qui disent « no pasarán ! » grandit. En Grèce, mais aussi au Portugal, en Roumanie, en Hongrie, en Italie, en Espagne et en France. Et aussi chez nous. Car en dépit de ses déclarations, le gouvernement n’a pas bougé. Il veut en remettre une couche le 25 février, lors du conclave budgétaire, et ne veut toujours pas chercher l’argent là où il est. La journée syndicale d’action européenne du 29 février prend, dans ce contexte, toute son importance.
Cri du Peuple 1871 : http://www.mleray.info/article-l-europe-austeritaire-no-pasaran--98859473.html