5 décembre 2019 4 05 /12 /décembre /2019 18:07
Humeur du jour : je suis en colère, et c’est très bien !

 

 

Toute la douleur du monde, et ce n’est pas ce qui manque, c’est accablant à la fin. Chance que je sois immunisée contre la dépression. Il n’y a pas à dire, le bilan de l’état de la planète est catastrophique, que ce soit la disparition de plus en plus rapide des conditions de possibilité de Vie sur Terre ou toute la douleur corrélative qui accompagne cette guerre à la vie que mène un système qui préfère les machines, jusqu’ici plus dociles que les vivants. Jusqu’ici parce que, avec les progrès de l’intelligence artificielle, le passage d’un seuil où le contrôle des robots échappe à leurs créateurs est une probabilité grandissante. Cela a été très vite, quelques décennies et ce qui semblait sortir de la folle imagination de petits génies de la science fiction c’est fait réalité…

Système ? Quel système ? Néolibéral ? Quand on a dit cela, on en dit trop ou trop peu. Il n’existe pas de claire définition de ce concept qui se traduit surtout par le malaise généralisé au sein des habitants de la planète, ceux « d’en bas » en particulier. En Bas de quoi ? De l’échelle sociale ? Ce machin sur lequel il faut écraser la tête d’autres pour gravir les échelons . Je préfère le plancher des vaches et le raz des Pâquerettes…

Et ceux d’en haut ? De qui parle-t-on quand on parle de décideurs planétaires ? Le terme s’utilise non ? Les décideurs. Et s’il y a des décideurs, cela veut dire que certains sont « décidés », par d’autres. Dans ce malaise généralisé, qui provoque de plus en plus de soulèvements populaires de par le monde, en Amérique Latine : au Chili, en Équateur, … mais aussi au « Moyen-Orient : Iran, Irak, Liban… et un peu partout dans le monde, derrière les revendications matérielles, qui sont devenues plus des questions de survie que d’amélioration de qualité de vie, s’élève une autre exigence, qui parcourt le monde : « Nous ne voulons plus que d’autres décident pour nous !». Il est question pour chacun de participer à la prise des décisions qui le concernent.

Nous savons finalement peu de choses concernant les réels décideurs, nous connaissons leurs façades, ceux qu’ils utilisent pour imposer leurs politiques, des noms circulent, et aussi des spéculations concernant les rivalités qui les opposent, mais pas besoin de noms pour constater dans la réalité les effets délétères des choix, des sacrifices qu’ils nous imposent. Des qualificatifs relevant du registre des pires maladies mentales circulent à leur sujet, et il y a tout lieu de penser qu’il ne s’agit pas d’exagération. Psychopathes, sociopathes désignent des gens qui ont un total manque d’empathie. Et ce sont des termes qui sont souvent utilisé à leur sujet. L’hyoer-capitalisme n’est pas sauvage, ne mélangeons pas tout, il est cruel, brutal et grossier.

Des sciences celle que je préfère, c’est bien sûr la biologie. Pas cette science usurpatrice du nom qui dans des laboratoires s’acharne à faire ressembler les vivants toujours d’avantage aux machines ou fabrique des êtres hybrides qui sont un peu des deux. Non, je parle de cette science qui approche le vivant, tel qu’il est dans son milieu naturel, et essaye de comprendre les mystère de la création, celle qui s’est déroulée avant que l’homme se prenant pour un dieu veuille recréér le monde à sa triste image. Parce que c’est bien cela qui se produit. Ceux qui se mêlent aujourd’hui de génétique, de robotique et compagnie, ne sont pas des biologistes, mais des physiciens mécanistes, ignorants de la vie, refusant son inventivité, sa créativité : ils ont peur de l’imprévu, il leur faut tout mettre sous contrôle, inventer un monde où tout est sous surveillance, et les in-conformités doivent être détectées et éliminées avant qu’elles puissent le temps d’éclore.

Cela aussi relève de la maladie mentale, et il n’est pas étonnant que la Chine, un pays qui a vécu le grand traumatisme collectif de la « Révolution Culturelle » soit à la pointe de ce délire paranoïaque de contrôle absolu. Je suis désolée, je n’ai pas envie de faire de la psychologie à bon marché, mais quand même, imaginez les traces que cela laisse chez des enfants – les adultes d’aujourd’hui, de voir soudain leurs parents livrés à la vindicte populaire, humiliés, emprisonné, tués parce qu’ils refusent de se conformer aux diktats du Parti Communiste, de se prêter de bonne grâce au lavage de cerveau qui veut les formater au plus profond de leur conscience… Des enfants fanatisés ont du espionner leurs parents, leurs proches et les dénoncer s’ils préféraient nourrir les oiseaux, alors que Mao avait décrété que les oiseaux ils faut les tuer tous, et les manger avant qu’ils mangent les récoltes…. (Un grand bonheur pour toutes sortes d’insectes qui ont proliféré, à eux les récoltes, l’équilibre écologique était rompu). Et Xi Jinping, homme tout puissant à la tête du tout puissant Parti Communiste de la Chine, en chemin vers l’hégémonie mondiale a vécu cela. Prince Rouge, comme on appelait les enfants des dirigeants du parti, il a vu le monde de son enfance dorée s’écrouler quand Mao a décidé de mettre de l’ordre à sa manière, d’éliminer toute concurrence potentielle dans l’exercice du pouvoir et de remodeler à la dure la conscience du peuple chinois. Son père déchu, soumis à toutes les brimades que subissaient les intellectuels, publiquement humilié et sommé de faire son autocritique et le jeune XI renvoyé à la boue des campagnes. Qu’on ne vienne pas me dire que cela ne laisse pas de traces. Depuis il a avec patience, intelligence et persévérance remonté un par un tous les échelons de la hiérarchie du parti. Développant simultanément un système de contrôle des populations toujours plus performant.

Pourquoi je parle ici de la Chine, parce qu’il y a trop longtemps que les USA sont les principaux ennemis du monde et de ses habitants, alors ils focalisent beaucoup de haine, de ressentiments, de rejets… et nombreux sont ceux qui ne mesurent pas le danger que la Chine représente aujourd’hui pour l’humanité comme espèce et dans ses manières d'être au monde. Beaucoup oublient que le Soft Power qui caractérise les stratégies de politique extérieure de la Chine, est justement ce concept inventé aux USA, qui consiste à coloniser un peuple, une région, en « douceur », en se faisant apprécier, en pénétrant insidieusement les consciences et les cœur, et sur le mode US, en remplaçant les cultures locales par l’acculturation yankee, une privation de culture qui permet de conditionner les inconscients collectifs en fonction des intérêts des Corporations Commerciales. La télévision a été un véritable Cheval de Troie de cette manipulation collective, installée dans tous les foyers, avec ses particularités locales à ses premiers temps, petit à petit, guerre psychologique oblige, elle s’est mise a diffuser quasi exclusivement la propagande du système.

Aujourd’hui la télé est de moins en moins présente, elle est remplacée par les « nouvelles technologies », et la Chine est à la pointe de ces technologie en particulier en ce qui concerne le contrôle des masses. Pour tous ceux qui sont tentés de croire que la Chine est « l’amie du monde », je vous conseille d’enquêter de manière plus approfondie. A l’intérieur, un peuple qui dispose de droits économiques mais pas de droits politiques, et le système de Crédit Social, un contrôle des comportements toujours plus perfectionné et pénétrant, surveillance absolue et évaluation de conformité qui décide de quelle part de « droits économiques » disposera chacun, cela concerne aussi bien des aspects strictement matériels, mais aussi un plus vaste registre des droits humains, comme par exemple la liberté de voyager qui  dans ce pays est fonction de votre conformité sociale… plus vous êtes conforme et plus loin vous pouvez voyager… mais les insoumis eux, seront cantonnés dans leur localité. Et à l’extérieur, je ne vais pas m’étendre sur ce sujet maintenant, mais les exemples s’amoncellent prouvant que le « donnant-donnant » de la Chine est un leurre, et qu’elle n’hésite pas à sacrifier les habitants des pays qu’elle exploite pour satisfaire les « droits économiques » de ses propres habitants et ressortissants, condition nécessaire de maintient au pouvoir du Parti Communiste.

Si je parle de la Chine, c’est parce que justement son modèle interne est celui qui est le plus contraire à cette aspiration qui se répand comme une traînée de poudre de soulèvements populaires : aspiration de décider personnellement et collectivement de nos destins. Le Chili montre cela très clairement. Le soulèvement qui a commencé pour une question matérielle, l’augmentation du prix du métro a changé de nature. Aujourd’hui le président Piñera pourrait annoncer que le métro est gratuit pour tous, il ne détiendra pas la colère du peuple qui demande une assemblée constituante populaire MAINTENANT !

Et c’est une des choses qui m’énerve depuis longtemps dans les conflits que j’ai suivi au cours des dernières années. D’une part, il y a ceux qui se focalisent sur la « guerre des 3 empires », qui est surtout un partage du monde entre corporations, une lutte pour 3 différentes versions d’un nouvel ordre mondial, économiste et non politique, un monde dans lequel les habitants sont un marché de l’emploi, mais un marché de l’emploi qui n’obéit plus aux règles officielles de l’économisme pour lesquelles sur le marché du travail, le travailleur offre sa force de travail en fixant ses conditions. A présent, le travail a été remplacé par  ‘emploi et ses demandeurs qui doivent accepter les conditions toujours plus proches de l’esclavagisme que lui impose ce nouvel ordre mondial. Comme je le disais plus haut, il est de moins en moins question d’améliorer ses conditions de vie, et de plus en plus d’accéder à des conditions de simple survie, alors que s’étend ce qui ressemble de plus en plus un génocide planétaire, polymorphe, sans restriction géographique, où seuls les conformes auront le droit de boire, pour prendre le point le plus dramatique de la raréfaction des conditions de possibilité de vie. Trois milliards de personnes n’ont pas accès à une eau saine et potable, et cette situation s’aggrave chaque jours à un rythme accéléré. L’extractivisme et ses hyper-pollutions des eaux, le gaspillage et la pollution consumériste irréversibles sont au cœur du problème. Et contre cela des peuples se soulèvent. Ils ne veulent plus que quelques-uns décident pour tous les autres qui a ou non le droit de vivre, ni qu’ils décident des étroites limites de conformité auxquelles chacun doit se soumettre pour avoir ce droit, dans un monde toujours plus carcéral. Il faut arrêter les dégâts, maintenant, tout de suite, se mettre à réparer la biosphère, les écosystèmes naturels pour diminuer la croissance inéluctable du nombre des victimes, et les souffrances du monde. Pour inverser les processus de destruction de la Vie sur Terre.

Cela fait partie de la grande croisade de la désinformation, la guerre psychologique dont les grands médias sont un des principaux outils que de nier l’existence de ce courant croissant, en mentant de manière éhontée, en proposant de constantes diversions… Vendredi Noir ! por favor ! voir des gens se battre entre eux pour se faire arnaquer est une triste allégorie de notre déchéance.

Ce courant refuse la politique comme polarisation gauche-droite, qui dresse les proches, voisins, amis, les uns contre les autres en vertu du vieil adage de Machiavel : « Diviser pour régner ». « Les partis politiques sont une invention de l’Occident pour diviser les voisins entre eux » disent les habitants de Cherán, Michoacán, Mexique, qui ont chassé de leur territoire ses importuns partis politiques - de même  que les cartels qui pillaient le bois de leurs collines et imposaient leur loi - et se sont réorganisé selon le mode communal de la tradition indigène. « La gauche ? La droite ? je ne vois pas pourquoi nous devrions nous définir en fonction de la position de français dans un hémicycle, au 19ème siècle. Nous avons nos propres traditions d’organisation politique » dit la porte-parole de la Minga de Colombie… Et pour en remettre une couche au sujet de la Bolivie, un reproche formulé par des Aymaras, nation dont il est originaire à Evo Morales : « Sa permanence au pouvoir va à l’encontre de nos traditions. Nous avons des mécanismes pour éviter justement toute concentration de pouvoir, des processus qui opèrent une constante redistribution du pouvoir entre tous dans le cercle des voisins. Et il les a abandonnés ».

Et partout ceux qui dressent l’oreille pour écouter la voix des peuples en rébellion, entendent en écho « Ni Maduro, ni Guaido », « Ni Moreno, ni Correa », « Ni Evo, ni Camacho ». Un autre exemple qui m’avait fait mousser à l’époque, il s’agit de l’Ukraine, en particulier du Donbass. Alors que le coup d’état installe un gouvernement néo-nazi à Kiev (une autre récupération d’un soulèvement populaire par l’extrême-droite…) et que la Russie annexe la Crimée, les autonomistes du Donbass affrontent les uns et les autres, ce qu’il veulent installer la souveraineté populaire dans leur région. Mais de la même manière que les médias nous parlent aujourd’hui en ce qui concerne la Bolivie des pro-Evo contre les « partisans de la démocratie » en ignorant toute autre proposition de pays, à l’époque en Ukraine les autonomistes étaient discrètement éliminés, dans le silence atterrant des médias… etc, je donne des exemples que j’ai suivi de plus près et qui ont des visages, Ce courant qui veut inventer d’autres modes politiques, inclusifs plutôt que discriminatoires, coopératifs et non plus concurrentiels, on va le retrouver un peu partout dans le monde. Et je suis convaincue que ceux qui se distinguent comme meneurs de ces mouvements de souveraineté populaire sont des cibles privilégiées des nouveaux pouvoirs lorsque l’extrême-droite ou d’autres agents de Washington, confisquent les mouvements populaires pour installer leurs dictatures au du moins des régimes autoritaires qui livreront le pays aux Corporations.

Je sais à quel point il peut être difficile pour ceux qui ont été toute leur vie sincèrement de gauche, de renoncer à cette étiquette sans se sentir traîtres, lâches...etc. Je suis une orpheline de la gauche, celle qui a implosé il y a longtemps et ne s’est pas recomposée depuis du moins en Europe. Et si la gauche est morte, c’est bien sûr en partie parce que nos colonisateurs US ont tout fait pour la faire imploser de l’intérieur en l’infiltrant, mais pas seulement, elle est morte aussi de tout les dirigeants qui ont sacrifié l’intérêt collectif à leurs ambitions personnelles, politiques, de notoriétés et/ou strictement matérielles et financières.

Un jour, il faut oublier les vieilles étiquettes écornées et se recentrer sur les valeurs qui nous ont fait adopter l’une plutôt qu’une autre. Je vois bien aussi ceux qui se laissent leurrer et voient la Russie et la Chine actuelles comme les héritières d’un mythe communiste qui a fait long feu de l’URSS à la Chine Populaire. Ce n’est pas vrai, ni la Chine, ni la Russie ne sont les grandes sœurs prêtent à tendre la main par pure générosité aux damnés de la terre.

L’exemple du Venezuela pour qui creuse un peu, un tout petit peu, est flagrant. Maduro peut vitupérer autant qu’il veut au sujet de l’impérialisme yankee, il ne se maintient au pouvoir qu’en livrant les ressources du pays à ses « alliés » de Chine (voir par exemple Le voyage en Chine de Maduro traduction de sa conférence de presse à l'issue de ce voyage) et de Russie qui se font payer très cher leur soutien aux ambitions personnelles de Maduro et de sa clique.

Voilà, c’est une des raisons de ma colère, ce déni, cette ignorance volontaire d’un courant mondial, tous ceux, de plus en plus nombreux, qui veulent réinventer ensemble nos manières d’habiter le monde, dans le respect de la Vie, du Bien Commun, de la dignité de chacun. Cette ignorance est une complicité tacite de l’élimination sélective de belles personnes qui luttent avec abnégation pour que demain soit meilleur qu’aujourd’hui. Ce n’est pas la seule raison , mais je vais en rester là pour aujourd’hui, cette négation systématique des aspirations des peuples toujours plus éloignées de ceux et celles qui prétendent les diriger, à gauche comme à droite

 

Anne W

 

 

 

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Gilles Deleuze, février 1977.

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