15 juin 2019 6 15 /06 /juin /2019 12:08
Flux migratoire

Flux migratoire

Bien… Une négociation a eu lieu à la fin de la semaine dernière à Washington entre les représentants du gouvernement des États-Unis d’Amérique du Nord et la représentation des États-Unis du Mexique placée sous la direction de son Ministre des Affaires étrangères, Marcelo Ebrard.

Le contexte: Sur fond de crise migratoire, les USA décident – unilatéralement - d’imposer des taxes douanières (progressives de 5 à 25%) sur les produits importés du Mexique en sanction contre l’incapacité dont, selon eux, ce pays fait preuve dans la gestion de flux migratoires qui ont amené à travers la frontière commune plus de 600 000 migrants sur le territoire étasuniens depuis le début de cette année.

Trump se refuse alors au dialogue avec le Mexique, il a eu affaire aux gouvernement précédent, il estime que cela ne vaut pas la peine de perdre son temps avec ces incapables. A de multiples reprises, il a exprimé son mépris pour les Mexicains en général, selon lui des voleurs, des trafiquants de drogue et bien pire encore. "Ils ont besoin de nous, nous n'avons pas besoin d'eux" dit-il alors.

Depuis 1994 avait été mis en place un Traité de Libre Commerce entre Mexique, Canada et USA. Un des nombreux « paradoxes » de ce Traité est que la production de maïs s’est déplacée, depuis son pays inventeur le Mexique, vers les USA qui lui fournissent aujourd’hui 99 % de sa consommation de maïs. Épiphénomène : cela a entraîné une migration de paysans ruinés vers les USA, fournissant une bonne partie de la main d’oeuvre des champs de maïs étasuniens.

En perspective : ce Traité de libre échange TLCAN, devrait être remplacé bientôt par un nouveau Traité T-Mex, mais jusque-là il est toujours en vigueur. Cette instauration de barrière douanière, mettant un terme au libre échange, menaçait de mener à la perte de plus d’un million d’emplois au Mexique. Quelques centaines de mille dès son entrée en vigueur, lundi de cette semaine.

Première réaction du gouvernement du Mexique, il prend contact avec les producteurs de maïs du Brésil, d’Argentine et autres, s’engageant à ne pas acheter un seul épi aux USA si les barrières douanières sont mises en place. Pendant ce temps, l’équipe des Affaires Étrangères entre en contact avec les entrepreneurs des USA qui verraient leurs propres intérêts menacés et des équipes juridiques étudient, elles, cette mesure unilatérale du point de vue du Droit International.

Trump : « Les faibles on les écrase, avec les forts on négocie »

Il s’apprêtait à écraser le Mexique, il doit reculer et accepte une négociation.

Avertissement : ce serait une erreur de chercher à interpréter le résultat de ces négociations en termes gagnant/perdant. Évaluer les reculs et avancées au point par point est un point de vue plus intéressant.

Les conditions dans lesquelles se sont déroulé les négociations pour les délégués du Mexique sont remarquables, ils se sont vu dépouiller de leurs ordinateurs, leurs téléphones, jusqu’à leur stylo devenaient objets de suspicion. Pendant des journées de 12 heures de travail intense, ils seront nourris principalement de café et de biscuits et n’ont pas le droit de commander eux-même à manger, à peine celui de se rendre aux toilettes. Ils tiennent bon, et continuent à négocier avec dignité et de manière professionnelle.

Jusque-là, c’est simple.

Quel a été le résultat des négociations : l’implantation des barrières douanières est temporairement suspendue. Le Mexique devra passer une période de 45 jours de mise à l’épreuve de nouvelles politiques migratoires. Période à l’issue de laquelle aura lieu une évaluation.

En quoi consiste, dans les grandes lignes, cette politique migratoire que s’engage à mettre en place le Mexique ?

Dès l’entrée en négociation, une condition est posé par les USA, le pays devra devenir « troisième pays sûr », ce qui revient à dire qu’il s’engage à donner asile aux migrants qui traverseraient son territoire dans le but de se rendre aux USA. Cela ne sera pas. Par contre le Mexique s’est engagé à accueillir sur son territoire, les personnes qui auraient déjà formulé leur demande d’asile aux USA pour la période de traitement de leur dossier.

Il s'est engagé aussi à assurer le contrôle de sa frontière sud; en y déployant 6000 unités de sa nouvelle Garde Nationale en renfort des services douaniers.

Ce que se propose le Mexique, sous l'impulsion de son président Andres Manuel Lopez Obrador, c’est de contribuer à mettre en place des politiques migratoires qui soient un exemple éthique et pratique, non seulement pour la région, mais pour le monde entier, rien de moins. C'est bien sûr un thème à approfondir.

Premier principe : les migrations forcées doivent être attaquées aux racines du mal, les conditions de vie qui obligent des personnes à fuir leur pays qui ne leur garantit plus les conditions de survie pour cause de misère aggravée et/ou d’une implosion de violence inouïe, c'est cela qui doit être modifié en priorité. Sans rétablissement des conditions de bien être et de dignité dans les pays d'origine, le phénomène migratoire continuera son expansion.

Deuxième principe : le migrant avant d’être migrant est une personne et en tant que telle, il bénéficie de droits au bien être et à la dignité où qu’il se trouve dans le monde.

Troisième principe : un contrôle doit être exercé aux frontières, parce que le droit du Mexique est de savoir qui entre dans le pays et dans quel but. Un droit dont l'application est d'autant plus nécessaire en ce moment où chaque mois ce sont plus de cent mille migrants qui traversent le pays.

Quatrième principe : le Mexique s’engage à fournir un traitement digne aux migrants qui séjourne sur son territoire : logement, nourriture suffisante, soins de santé, éducation pour les enfants, possibilités de travail pour les adultes. Pour y parvenir il entend aussi faire appel à toutes les organisations internationales qui peuvent l’assister dans cette démarche, à tous les partenaires concernés.

Parallèlement doit se mettre dérouler une Conférence pour la mise en place d’une sorte de Plan Marshall d’aide aux principaux pays origine de la migration : Honduras, Salvador, Guatemala… conférence à laquelle participeraient tous les pays (origine et receveurs) concernés.

 

A partir d’ici, il faudra suivre au jour le jour la mise en place de cet ambitieux programme pour voir quelles seront les promesses tenues et celles qui ne le seront pas. Ceci sont les grandes lignes de la négociation sur le thème de la migration entre EU du Mexique et EU d’Amérique du Nord. Après viendra la critique constructive...

Jusqu'ici je souscris aux déclarations éthiques et d'intention d'AMLO et de son gouvernement. A voir si sa pratique sera en accord avec les ambitions de son point de vue éthique.

Anne W

 

 

 

 

 

 

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