15 mai 2018 2 15 /05 /mai /2018 16:34

 

« La tentative nord-américaine de coup d’état, prolongée dans le Venezuela actuel, cœur de la dignité et la souveraineté Latino-américaine du 21ème siècle, ce n’est pas un attentat seulement contre le Venezuela. C’est une atteinte au grand projet d’intégration d’une Amérique Latine digne et souveraine. La tentative de coup d’état prolongée ne se perpétue pas contre Maduro, elle ne se menait pas contre Chávez, elle était et est dirigée contre les idées et projets émancipateurs de l’Amérique Latine. Elle est dirigée contre 500 millions de fils et filles de la Terre qui cohabitons dans cette région avec nos rêves de dignité […] Si nous abandonnons le Venezuela, demain ils viendront contre nous » 

Ollantay Itzamna[i] 2013

 

 

 

Aperçu des acteurs et forces politiques en présence

Si ce que je vous raconte par la suite vous semble désordonné, c’est qu’en réalité, un grand désordre règne au Venezuela, et c’est de ce désordre justement que j’essaye de décrire.

 Cette semaine, de nombreux regards se tournent vers le Venezuela, dimanche prochain auront lieu les élections présidentielles anticipées. Des élections pour lesquelles Maduro part gagnant. Pourtant à suivre au jour le jour les opinions de divers acteurs de la révolution bolivarienne, chavistes ou pas, le constat est clair, une grande partie de la gauche pose une seule question « Comment sortir de « maduro », sans tomber dans la droite, sans provoquer une intervention militaire des EU, qu’elle soit directe ou sous forme d’une guerre par procuration menée par les pays de la région vassaux des EU, comme la Colombie, l’Argentine, le Brésil dont on sait qu’ils pratiquent depuis plusieurs mois des entraînements conjoints aux frontières du Venezuela, alors que Panama, qui a vu débarquer des centaines de militaires étasuniens servirait de base arrière à cette intervention ».

Stella Calloni, Evo Morales, lancent l’alerte, une offensive de la droite, est programmée pour les jours qui viennent, avant et après les élections, elle serait suivie d’une intervention militaire, 11 pages de documents filtrés du Pentagone en témoignent le Commandement Sud est prêt pour une intervention militaire imminente au Venezuela.

Une autre partie de cette même gauche qui n’est pas pro-gouvernement, continue à penser que Maduro reste un moins pire, et que la meilleure manière d’éviter l’intervention est de le plébisciter de telle manière que son élection soit incontestable. Il y a bien sûr, indéniablement une grande partie de la population qui reste acquise inconditionnellement à Maduro et son gouvernement, il y a ceux qui pensent que cela leur permettrait d’avoir un peu de temps et d’espace de liberté pour renforcer les grands mouvements de reprise de pouvoir par le peuple qui se sont intensifiés ces derniers temps, parmi eux des officialistes et d’autres, critiques du gouvernement.. Quant à l’opposition elle est actuellement surtout caractérisée par son morcellement et son inconsistance.

La situation est vraiment confuse, et je dois me limiter à en décrire les tendances, alors que seuls les évènements des prochains jours pourront nous éclairer sur la réorganisation des forces en présence que ce soit face au coup d’état annoncé dans son double caractère de guerre civile et d’intervention militaire US et /ou face aux résultats des élections.

Des sondages réalisés par différents instituts donnent des résultats similaires, environ 80% de la population est opposée à cette intervention militaire programmée et la redoute.  Mais il semble que chacun espère encore un miracle - sans trop savoir de quelle nature il pourrait être - qui détournerait les bombes « humanitaires » d’un peuple déjà malmené par les carences alimentaires, médicales, la multiplication dans tout le pays des coupures d’eaux, d’électricité qui se prolongent toujours d’avantage, la réduction des moyens de transports, l’absentéisme scolaire des élèves comme des professeurs, mais aussi par cette guerre du tous contre tous, corruption, contrebande, par laquelle une partie de la population révèle une absence d’éthique et de sens moral, depuis les plus hautes sphères du pouvoir jusqu’au fin fond des campagnes.

 Au-delà donc de cette unité dans le refus d’intervention, il y a là une fracture réelle, entre la partie de la population qui reste envers et contre tout, ventre vide ou un peu mieux rempli, honnête et prête à construire un pays meilleur, et celle qui se livre à toutes les exactions possibles, y compris en volant ses voisins qui sont déjà dans une situation dramatique. . . Ce genre de division, elle remonte jusqu’au début de l’histoire de l’humanité, et les peuples vertueux dans leur ensemble sont rares.

Ce fut pourtant le miracle accomplit par Chavez, malgré la corruption active ou latente qui existait déjà en son temps, de stimuler la « Bonne Volonté Active, la Conscience d’un peuple, éveillé, dignifié, prêt à prendre en main son destin et surtout conscient de son droit inaliénable de le faire ». Une dignification du peuple qui a eu un rayonnement régional et même mondial. Même les mouvements populaires les plus critiques du chavisme, sur tout le continent, étaient en 2013, comme Ollantay Itzamna, convaincus que soutenir le Venezuela et son nouveau président, c’était soutenir le projet de souveraineté régionale et populaire de toute l’Amérique Latine. Et je rappelle aussi, que malgré le refus des EU, tous, tous sans exception, les gouvernements d’Amérique Latine avaient immédiatement reconnu Nicolas Maduro comme Président légitimement élu du Venezuela.

Or depuis la date clé du coup d’état au Honduras, le 28 juin 2009 (préparé déjà avec l’aide Negroponté depuis 2008), les EU ont poursuivi activement des processus de déstabilisation et de déstructuration de l’Amérique Latine Souverainiste. Aujourd’hui quand on lit les lignes du Commando Sur :

« […] la démocratie se propage en Amérique, continent dont le populisme radical était destiné à prendre le contrôle ». L’Argentine, l’Équateur et le Brésil seraient des exemples à ce titre. « Cette renaissance de la démocratie se base sur des choix courageux, et les conditions régionales sont favorables C’est le moment pour les États-Unis de montrer qu’ils sont impliqués dans ce processus, dont la chute de la dictature vénézuélienne marquera un virage à l’échelle continentale ».

Amiral Kurt Walter Tidd, 2018 (Voir l’article de Stella Calloni qui rend compte de ce document)

Nous voyons tout au long de ce document, que ce que l’amiral  qualifie de retour des démocraties correspond à la mise en place de dictatures qui collaborent au pillage effréné de leur pays par les transnationales et qui ne se privent pour ce faire,  ni de plonger le peuple dans la misère la plus absolue, ni de le réprimer, de plus en plus souvent en utilisant des forces de répressions militaires où militarisées, ni d’emprisonner la dissidence, la résistance, l’opposition, voir de simples habitants qui refusent le contrôle, et chaque jour s’allonge la liste des morts au combat et de ceux qui succombent sous les assauts de la misère la plus absolue. Et nous devons entendre ici que « populisme radical », décrit en fait ce grand mouvement populaire, souverainiste, communaliste, autogestionnaire,

 Chaque fois que je rencontre le terme populiste, tel qu’utilisé par l’ennemi mais pas seulement, je constate que si parfois il est utilisé dans son sens originel, la plupart du temps, il traduit le mépris du peuple. Comme s’il n’existait pas de mouvements authentiquement populaires, comme si le peuple n’était capable d’agir que sous l’influence de quelque gourou, politique, religieux, démagogue. Cela a toujours été le point faible de la gigantesque Machine de Guerre des USA, son incapacité à concevoir la faculté des peuples qu’ils agressent et envahissent à s’autoorganiser pour entrer en résistance.

Face à cette agression programmée du Venezuela, si le premier souhait le plus intense est qu’elle n’ait pas lieu, le plan B des souhaits, c’est que le Peuple du Venezuela retrouve cette capacité d’auto-organisation d’une résistance commune qui mettent l’ennemi à terre, avant même qu’il ait compris ce qui lui arrive. L’armée est déjà et sera divisée, ses choix et son rôle seront déterminants, et je n’exclus pas la possibilité d’un coup d’état interne, une prise de pouvoir par des militaires au sein du chavisme pour faire face à l’état de guerre, qui établirait un Gouvernement Militaire Transitoire de Crise.

Une des grandes différences, parmi tant d’autres, entre Chavez et Maduro, c’est que Chavez, el Comandante, était un chef militaire respecté des troupes dont la loyauté lui était acquise. Alors qu’on voit bien, lors des rencontres de Maduro en tant que Commandant en Chef des Armées, avec les gradés et les troupes des Forces Armées Nationales Bolivariennes, que cela ne passe pas, comme Commandant les militaires ne le prennent pas au sérieux. Le vrai commandant, c’est le troisième larron de la coupole maduriste -  Diosdado Cabello étant le second larron - le Général et Ministre de la Défense Vladimir Padrino qui est le véritable chef militaire du Venezuela. La question est donc : « jusqu’où va sa loyauté à Maduro ? »

 

Pour prendre la température de la partie chaviste, autres gauches ou communaliste de la population, il existe un site de référence, Aporrea (Assemblée Populaire Révolutionnaire), qui publie des articles d’actualité mais aussi chaque jour des billets d’opinion, comme le dit une de ses gestionnaires :

« Cela a été un excercice profondément enrichissant, revoir et publier les dizaines d’articles, de personnes fort diverses, une variation de nuances de l’expression de notre peuple, ceux qui pour diverses raisons continuent à croire dans le gouvernement de Maduro, d’autres qui ne supportent simplement plus cette situation ou simplement partagent leur indignation » écrit Andrea Pacheco au sujet de son travail au sein de l’équipe d’Aporrea

On y retrouve les billets  du Ministre de l’Education Elias Jaua, voisinnant avec les plus sévères critiques du Chavisme ’depuis ses fondations, on y retrouve des membres du PSUV qui sont entièrement acquis au régime et d’autres qui ne le sont pas ; différent courant de gauche tel Marea Socialista (à l’initiative d’Aporrea),, la Izquierda en Lucha, le Parti Communiste du Venezuela… et le Front Amplio de Nicmer Evans dont on ne sait plus trop s’il est « centre-gauche » ou « centre-droit » ainsi que l’autre Front Amplio du Général Visconti (qui a été un des dirigeants de la révolte des Officiers menée par Chavez en 1992) qui est résolument anticolonial et communaliste, anticolonialiste veut dire que Socialiste, ,  de Gauche sont  vu comme des concepts d’importation qui ne conviennent pas à la population majoritairement métisse du Venezuela. Beaucoup aussi de personnes de bonne foi (ou non) désemparées devant l’évolution du régime. Et beaucoup, beaucoup d’etcétéra, et je souscris, lire Aporrea est intéressant et instructif, et donne un pannel complet des courants révolutionnaires depuis les plus organisés jusqu’aux points de vue personnes singulières..

Il y a quelques années, pendant la tentative de coup d’état qui a suivi les précédentes élections présidentielles, Aporrea était le haut lieu d’une production d’intelligence collective de résistance, des groupes comme des personnes se mettaient à étudier les manuels de coup d’état doux de Gene Sharp, à montrer comment il s’appliquait au Venezuela, et cherchait les moyens de couper l’herbe sous les pieds à la tentative de coup d’état en cours, en agissant directement contre ses manifestations souvent meurtrières, ou en cherchant les moyens pour promouvoir une culture de la paix, bref des intelligences en effervescence rivalisaient et se complémentarisaient pour faire barrage à l’extrême-droite et à ses maîtres étasuniens qui lui assurait subsides et formations pratiques, y compris paramilitaire pour renverser le gouvernement légitimement élu du Venezuela.

Grâce à ce travail collectif, j’ai appris ce qu’étaient réellement les révolutions de couleurs, Et bien d’autres choses. C’est bien une ambiance d’Assemblée Populaire que l’on trouve sur ce site en débat permanent.

Depuis  de l’eau et du sang ont coulé sous les ponts du Venezuela, quelques années plus tard, nombre de ces auteurs chavistes, révolutionnaires, bolivariens qui m’ont servi de référence pour suivre les évènements de 2013 se retrouvent aujourd’hui soit terriblement désemparés, soit mènent des tentatives plus ou moins couronnées de succès pour refonder un mouvement populaire de lutte, avant tout contre l’extrême-droite et l’ingérence US, mais aussi pour revenir au projet chaviste de base : la commune.

Certains d’entre eux appellent à voter Maduro, parce qu’il pense que son nouveau mandat, leur conserverait les espaces de liberté nécessaires pour la refondation de ce large mouvement populaire qu’avait catalysé Hugo Chavez. Pour d’autres la priorité est de « sortir de Maduro » sans tomber dans l’opposition radicale, mais en trouvant les moyens d’une intégration à la base, dans les communes de l’ensemble des habitants sans distinction politique, comme ce fut le cas lors de l’élection municipale confisquée de Simon Planas,. Mais jusqu’ici, ils n’ont pas trouver de solution probante, et des divergences de moyens affaiblissent leur tentative.

Pour rappel, Angel Prado, membre du PSUV, comunero actif de la Commune El Maïzal, la commune agraire la plus productive du Venezuela, fondée en 2009 en présence d’Hugo Chavez, une commune modèle, qui fait partie de la municipalité de Simon Planas, avait été choisi par l’assemblée des habitant, su bases de ses qualités et compétences éprouvées, bien connues de tous, pour être leur candidat à la mairie. Angel n’était pas  candidat en tant que membre du PSUV, il était le candidat de l’assemblée des habitants, le Conseil National Electoral et l’Assemblé Constituante lui ont refusé le droit de se présenter….Finalement par une voie détournée, Angel Prado a incontestablement remporté cette élection mais s’en est suivit une trahison qui a mis à la mairie le candidat parachuté par le PSUV.

Je reprends cet exemple, parce que je pense qu’il illustre bien le chemin d’une culture de paix, quii passe par l’organisation de voisins de bonne volonté et désireux de participer à la vie de leur quartier, de leur commune, de leur municipalité. Il montre aussi comment le Pouvoir actuel s’oppose à de telles initiatives. Alors que les habitants de Simon Planas continuent leur lutte pour la reconnaissance du résultat des élections ; Maduro est venu en personne attribuer un fond à el Maïzal pour que cette commune puisse produire des produits traités de manière industrielle (tss, tss…) et bien sûr il en a profité pour faire une photo avantageuse, lui protecteur, aux côtés d’Angel Prado, un peu dubitatif tout de même, qui porte le bon validant le subside,  Une belle carotte pré-electorale….

 Dans cette recherche de revalorisation du pouvoir populaire, je serai plus proche du courant du Général Retraité Visconti qui lui aussi s’est vu refuser le droit de proposer sa candidature aux élections présidentielles cette fois, j’avoue que je ne sais plus sous quel prétexte, parce que les abus de pouvoir du Conseil National Electoral sont récurrents et utilise toute une panoplie de motif pour barrer la routes des urnes à différents candidats. Ni Visconti, ni Angel Prado ne sont des cas isolés.  Visconti, général à l’érudition historique impressionnante, est communaliste et radicalement anticolonialiste, il reconnait qu’un état qui favorise réellement la commune est un état qui prépare consciemment et volontairement sa propre disparition. Il n’est pas socialiste, le socialisme, reste un héritage colonial, c’est une position qui est défendue aussi par de  nombreux mouvements populaires de toute la région. Et me vient naturellement un parallèle avec les zadistes de Notre Dame des Landes, certains ayant une appartenance à un parti ou une organisation politique, d’autres non et pourtant ils ont réussi pendant des années à gagner le pari d’une occupation conviviale et collective d’un territoire commun en faisant de leurs différences une source de complémentarité plus que d’antagonisme… pas sans difficultés, échecs, erreurs, il inventent et expérimentent d’autres modes de vivre ensemble… Chapeau Bas.

Dans le dernier texte que j’ai traduit « Le chavisme à la croisée des chemins », deux versions du chavisme officialiste sont envisagées… Pour faire court : l’une privilégie les structures du sommets du pouvoir, centre directeur autour duquel une « base » politisée (endoctrinée souvent comme en témoignent les discours appris par cœur que servent de nombreux militants de base, un vrai lavage de cerveau à la stalinienne), alors que l’autre tendance se fonde dans un pouvoir populaire, en auto-organisation spontanée, qui tissant des liens à différentes échelles et s’articule avec le pouvoir de l’état, qui redistribue le pouvoir autant que les « richesses » et assure un rôle protecteur de la souveraineté du pays. Le présupposé de ce modèle qui me dérange, c’est qu’il y a une eschatologie un devenir socialiste du peuple inéluctable, comme s’il était inscrit dans un « gène populaire » qui serait par nature socialiste, même si le peuple ne le sait pas, pas encore.

Ce qui est démenti par les mouvements populaires spontanés qui se multiplient dans le monde entier, non sur base d’appartenance politique mais sur celle de territoires et/ou de droits à défendre contre le capitalisme brutal, ou sur celles de créations d’alternatives à ce même capitalisme… et ces mouvements se rencontrent, échangent, créent des plateformes de luttes communes, font la fête ensemble, les formes d’une nouvelle organisation politique (au sens du vivre ensemble) organique, se dessinent. Aucun de ces mouvements n’est un mouvement de masse, aucun ne reçoit les directives d’un partis dont il serait une sous-composante aux ordres, non, ils sont composés de personne qui chacune ont pris conscience pour soi et rejoint d’autres par affinité, communauté de point de vue, pour réaliser des objectifs collectifs.

Il n’est plus question ici d’éduquer des masses, ainsi que le préconisent les gauches, ce qui représente toujours à divers degrés une forme d’endoctrinement la création d’un inconscient collectif soumis à une même propagande, cela même adolescente je l’avais compris.

Alors que certains me catapultaient « leader de gauche » et quoi encore, juste une gamine convaincante parce qu’elle croyait en les causes qu’elle défendait. Jamais je ne serai de ceux qui disent « Qui m’aime me suive » mais bien de ceux qui propose « Puisqu’on s’aime marchons ensemble », et cela je l’ai réalisé dans une étape suivante de ma vie, mais cela est une autre histoire. Sauf que j’ai vu de l’intérieur les fonctionnements d’organisations staliniennes et vu de très près les autres formes d’organisations de la gauches des 70,  comme j’ai participé au mouvement spontané d’une jeunesse dégagée de l’emprise des partis et qui voulait construire concrètement sur le terrain des alternatives au capitalisme « respectueuses de l’environnement », mais la Terre alors était plus facilement accessible, que ce soit par un accès à la propriété ou l’occupations d’espaces libres.

Nous vivions alors « en marge », pensant qu’il était possible de construire un autre monde sans se préoccuper de la politique et encore moins de géopolitique internationale, nous n’avions aucune conscience de ce qui se mettait en place sous nos yeux, un monde qui réduirait comme peau de chagrin les territoires libres, quand des failles plus ou moins larges du système ne subsisterait que des interstices. Cela est un problème mondial. Le fait est que très vite, j’ai refusé l’idée du prosélytisme  qui implique toujours des pressions sur la conscience d’autrui pour préférer « la contagion par l’exemple » réaliser avec bonheur des projets qui donnent envie à d’autres d’en faire autant, leur montrent que c’est possible.

Le projet de Chavez, souveraineté populaire, souveraineté alimentaire dans un pays libre de droits intellectuels, organisation politique fondées dans les communes était parmi les projets progressistes qui coexistaient au début de ce siècle en Amérique Latine, celui qui allait le plus loin dans la remise en question des structures de l’état. Et lui aussi était habité par ce principe de contagion par l’exemple. J’ai beaucoup appris au cours des dernières années, je sais aujourd’hui que par nature état et commune sont des antagonistes inconciliables, mais quand j’ai découvert le projet chaviste, j’ai été très enthousiasmée, surtout quand, par exemple, la mobilisation spontanée du peuple contre le coup d’état de 2002, montrait un peuple, debout Constitution à la main, qui s’autoorganisait, à travers les radios alternatives qui florissaient, par des échanges d’informations transmis par des messagers motorisés, alors que l’armée s’organisait en solidarité avec Chavez, L’’apathie politique régnait alors en Europe, la conscience éveillée du peuple du Venezuela forçait l’admiration et était revigorante.

J’ai retrouvé cette énergie en 2013 quoique moins intense et aussi moins unanimement organisée. Pour beaucoup Maduro était le choix de Chavez, un choix qu’ils respectaient, malgré que ce ne soit pas leur élection personnelle. Je retrouve les mêmes aujourd’hui, désolés de constater à quel point ils avaient raison. Du propre aveu de membres des hautes sphères du parti et du gouvernement, comme l’inénarrable Iris Varela, ministre du Système Carcéral, et « chaviste » virulente, le régime actuel au Venezuela est un régime présidentiel, le président jouissant d’un régime d’exception qui lui permet de gouverner par décret dans de nombreux domaines un régime dans lequel l’exécutif est le premier (et seul) pouvoir auquel tous les autres sont subordonnés. Et comme le dit la présidente de l’Assemblée Nationale Constituante, Delcy Rodrigez : »Jamais nous n’abandonnerons le pouvoir », tout cela au nom de La Vérité, comme ils disent, celle qu’ils sont les seuls à détenir alors que tous ceux qui ne s’y rallient pas sont potentiellement des « Traître à la Patrie » et que nombre d’entre eux, parmi lesquels des chavistes de la première heure, croupissent en prison, au secret, dans des régimes d’isolement sans qu’aucune motivation claire de leur arrestation ne soit présentée au peuple.  

 

Voilà c’est une première partie de cette description de la situation pré-électorale au Venezuela que je poursuivrai tout au cours de la semaine.  

Anne Wolff

 

 

 

[i] Ollantay Itzamna, est indigène quechua. Il fait partie des organisation indigènes et sociales de la zone maya. Il a appris le Castillan à l'âge de 10 ans, quand il a découvert l'école, la route, etc... Depuis 10 ans il écrit, non pour gagner de l'argent, mais pour contribuer au changement par l'apport de ses réflexions et faire partager l'apport de celles et ceux qui n'ont pas la possibilité d'écrire.  Ollantay Itzamna est également avocat et anthropologue.

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