28 juin 2011 2 28 /06 /juin /2011 11:33

 

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Nous n’avons plus de lieux ! Plus de lieux où vivre, plus de lieu où nous réunir, plus de lieux où créer. Et je n’ai pas évoqué ici cette interdiction d’habiter de manière permanente dans les campings, de planter la tente plus de trois mois d’affilés en un lieu donné,  ni les luttes que mènent personnes et association pour défendre le droit au choix de nos habitats. Pourtant personnellement ces luttes-là m’importent plus que celles qui se mènent en ville. Mais si je partais maintenant sans avoir laissé  une trace constructive dans ma ville natale, je me sentirais comme quelqu’un qui part en voyage en laissant sa maison dans le bordel et la crasse.


Je me rends compte de la méconnaissance de ce qui se passe sur le terrain non seulement par ceux qui ne sont pas ou modérément touchés par la crise, mais aussi de tous ceux qui ne sont mis au courant de la situation des sans-toits que par un son de cloche officiel via des medias par très curieux de réalité concrète.



Une des causes de cette méconnaissance : les « Rapports officiels sur la Pauvreté en Belgique » ont choisi comme approche de se préoccuper de la question des « pauvres de génération en génération » et ils ont mis en évidence la pauvreté culturelle qui accompagne cette pauvreté qui a une époque (jusqu’au milieu des années 70, oint de bifurcation) semblait destiné à disparaître grâce à l’enseignement obligatoire généralisé. Or nous connaissons à présent une pauvreté structurelle, elle englobe des couches toujours plus vastes de la population. Elle a d’autres causes et d’autres solutions que la pauvreté résiduelle.

 

Petit rappel « historique », un peu schématique mais correspondant néanmoins à des processus et lignes de forces concrètes et récurrentes.

Deux courants de pensées ce sont affrontés au 2Oéme siècle en Occident, celui de la Vieille Europe, berceau de la République et des Droits Humains, dans ce large courant voisinaient tant les purs et durs militants des mouvements ouvriers, que des bourgeois au paternalisme libéral humanisme (version atténuées des despotes éclairés : d’abord éduquer le peuple avant de lui confier des responsabilité). Un autre courant allait peu à peu prendre le dessus, courant néo-libéral économiste, qui ne peut fonctionner qu’avec des peuples ignares et totalement désinformés. Un exemple : destruction des musées d’Irak patrimoine historique de l’humanité et projet d’installation de Disney Land à Bagdad, l’acculturation en action. Il s’agit de couper les peuples de leurs racines et traditions afin qu’ils soient totalement acquis au modèle consumériste. 

 

Les 2 grandes guerres du 20ème siècle ont laissé l’Europe divisée, affaiblie et exsangue.

C’est la porte ouverte à la colonisation économiste du continent qui se fera au moyen de prêts conditionnés : je te prête mais tu achètes ce que je te dis d’acheter. C’est le moment aussi de créer de toutes pièces une nouvelle bourgeoisie  dominante qui mangera dans la main de ceux à qui elle doit sa bonne fortune (cf dans la version contemporaine : Sarkosy).

Or le fer de lance d’une bourgeoisie compradore, c’est la promotion immobilière, la création de centres commerciaux et autres conquêtes du territoire. De tels procédés demandent des relais politiques. Pour la Belgique et surtout pour Bruxelles 2 petits livres, faciles à lire mais non moins édifiants,  nous décrivent les procédés utilisés par « Vanden Boeynants et ses amis » pour prendre la main mise sur la ville.

Bruxelles avant/après…ce n’est plus la même ville. Les démolisseurs Crèvecoeur  et Froidecoeur (c’est pas une blague, il s’appelaient  vraiment comme cela) ont saccagé le cœur de la ville, ont extirpé son âme au bulldozer. Parkings, kilomètres carrés de bureaux et espace commerciaux ont jaillit de toutes part. Des quartiers entiers ont été expulsés, détruits et les habitants relogés le plus souvent dans des cages à lapins ou autres produits des progrès en matière d’architecture ! Donc une première vague de destruction qui fait du cœur de Bruxelles une cité administrative et commerciale, qui sera suivie d’une autre vague alors que notre ville devient capitale de l’Europe. Nouvelles destruction, quartiers colonisés par le Eurocrates qui font monter les prix en général et en particulier ceux des loyers et monopolise le territoire.

Un nouveau sujet d’enquête : « Exactions immobilières dans les processus de colonisations économiste néo-libérale » Les méthodes ont d’abord été rodées aux USA, non seulement avec les indigènes, voir les récits sur « La piste des larmes ». Les Cherokee se sont parfaitement intégrés à la nouvelle culture, cultivateurs sédentaires de grandes fermes du Sud, soldats dans l’armée de Jackson, ayant leurs organes de presse, leur gouvernement…

Et pourtant ils se verront expulsés de leur terre et relogés en Oklahoma. Ceux qui ont accepté sans rechigner le transfert partent en premier à la bonne saison, mais les résistants, eux arraché de force à leur foyer, subiront les rigueurs de l’hiver pendant leur transfert et seront décimés tout au long de « la piste des larmes ».

 Ensuite, ce seront les citoyens américains d’importation mais pauvres qui seront victimes de méthodes qui se répandront partout dans le monde, fer de lances de la colonisation économiste, à la fois conquête du territoire mais aussi manière simple de créer une nouvelle bourgeoisie aux ordres, de nouveaux vassaux.

Donc main mise sur le territoire par l’intermédiaire d’une bourgeoisie aux ordres et affrontement de 2 courants de pensée qui peuvent être symbolisée par la Vieille Europe et le Nouveau Monde.  Pour comprendre la nature du problème, il ne faut pas oublier que la population  immigrante initiale des USA est composée essentiellement des exclus d’Europe (voir Tocqueville à ce sujet). Au Nord les puritains trop rigides pour s’intégrer aux nouvelles démocraties, au Sud ce sont plutôt les voyous (pour faire bref). Anaïs Nin décrit les Etasuniens comme un peuple en crise d’adolescence face à une Vieille Europe paternaliste. Il leur faut prouver qu’ils sont « meilleurs ». Ils inventent alors les règles d’un nouveau jeu entre Echecs et Monopoly et partent à la conquête de la planète.

Et pour conséquence, chacune de nos actions se trouve confrontée à un double discours. Alors que dans les faits nos vies sont de plus en plus contraintes par des diktats économistes, les professions de foi humanistes continuent à fleurir dans les lettres et discours mais ne trouvent plus terre où s’ancrer. Une autre conséquence de cette situation est que se retrouvent au sein des administrations des adeptes inconditionnels de l’impérialisme, des personnes leurrées par les mythes du « Monde Libre » et des personnes à la conscience malheureuse car se sentant au service d’une cause qu’elles n’approuvent pas. Ces dernières étant des alliés potentiels précieux.

Nous nous inscrivons en pleine légitimité dans les valeurs de ce vieux monde et de plein droit dans les principes et dans les lois qui en découlent. Et c’est en ce sens que je m’affirme légaliste : « Un droit s’use quand on ne s’en sert pas ». Nous avons laissé un certain esprit des lois tomber en désuétude par inertie. Pendant des années nous avons bénéficié d’un des systèmes de sécurité sociale les meilleures qui ait jamais existé dans des états similaires.

Le système a donc renforcé ses positions en laissant les chômeurs mener la « belle vie » au frais des travailleurs. A présent que son pouvoir est bien ancré, il n’a plus besoin de feindre. Il peut montrer son vrai visage, aidé en cela par les Internautes qui en dévoile plus qu’il ne voulait montrer. Voilà ce que c’est que de sous-estimer l’intelligence des Peuples. Car c’est là une des failles du système ; une tendance réitérée à sous-estimer l’intelligence, le courage et la ténacité de des Peuples en lutte pour leur autodétermination. Incapacité d’appréhender les valeurs de la Croissance Qualitative, seulement capables d’évaluer le monde en termes de Profit…le tout marchandisable. Don de soi pour protéger un collectif, générosité, gentillesse, plaisir de l’acte constructif gratuit et gratifiant, esprit de partage, tendresse…tout cela sont des motivations que la capacité  de penser machinique n’est pas capable d’introduire dans ses équations qui demandent un monde plat, lisse linéaire où les « nouveautés » prennent la forme du « lave plus blanc que blanc et encore plus mégasuperblanc, maousse les gars ».

D’autres failles résidant dans les hiatus entre les deux discours simultannés en présence, j’y reviendrai avec des exemples concrets..

Encore une enquête, (il y a des éléments de réponse dans les précédents articles de ce blog…) : Une humanité en processus d’autoorganisation faite de personnes contre des humanoïdes en ce sens que leur pensée est machinique : Ils pensent comme des machines, ce qui réduit d’autant les capacités de leur pensée et de leur cerveau. Le fonctionnement « normal » du cerveau humain correspond à un attracteur fractale de dimension indéfinie. Autrement dit, il nécessite un nombre de variables indépendantes tendant vers l’infini pour décrire son fonctionnement.

 Par une opération d’abstraction-réduction la pensée machinique ne retient qu’un nombre fini et limité de ces variables. Ce qui – pour faire bref – entraîne des catastrophes quand ses adeptes essayent de contrainte la réalité, vivante et en évolution – à se soumettre aux produit de son manque d’imagination. C’est aussi le mythe de l’objectivité qui est ici remis en cause : Nous ne sommes pas des objets, nous sommes des vivants. Et en tant que vivants dotés de la faculté de réflexion et d’un cerveau au fonctionnement de dimension fractale indéfinie, la subjectivité est une de nos caractéristiques essentielles. Seule une société tournée vers le pire, celle qui a inventé le diable et les humains dotés par nature de mauvaises intentions encore une des conséquences néfastes de l’Inquisition, la civilisation du soupçon et de la méfiance, maladie de l’esprit et de la conscience de type paranoïde). Voir Hannah Arend dans « Condition de l’Homme Moderne » pour cette perte de confiance en nos propre sens au profit d’une pseudo-objectivité.  Une perte de confiance en nos instincts, souvent atrophiés, qui nous conduit droit dans le mur.

Ne nous laissons pas objectiver. Devenons le meilleur de nous-mêmes.

Et donc le thème de cette enquête ; « La perte de confiance dans nos perceptions comme fondement de l’objectivité ».

La nouvelle étape de conquête du territoire par la société du Profit passe par une éco-logique soumise aux normes de l’économisme. Territoires soustraits au Bien Commun sous prétexte de préservation écologique et qui deviennent des hauts lieux d’un tourisme écolo-bobo.

Et une nouvelle question : Comment allons-nous reconquérir le territoire dont nous avons été dépouillé »

Deux étapes pour la réponse :

-      mise en évidence des processus d’accaparement du territoire.

-      Stratégie de reconquête (Au nom de qui et pour quoi faire)

 

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Anne W

 

 

 

 

 

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Gilles Deleuze, février 1977.

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