Pour mon retour, un clin d’œil à ceux qui se reconnaîtront. Deux mois sans électricité, avec quelques incursions sporadiques sur Internet. Deux mois de rencontres, discussions et échanges. Deux mois pour prendre de la distance et reposer mes racines dans un nouveau territoire.
Premier constat sous forme d’écho de paroles partagées, de toute part j’entends « Ce monde n’est pas celui que nous souhaitions, mais on ne nous a pas demandé notre avis ». Un constat terrible qui nous démontre une fois de plus que ce que nous appelons ici et maintenant « démocratie » est un leurre, une fiction, un écran derrière lequel les réelles forces d’influence agissent et modèlent le monde sans souci des habitants qui le peuplent. Habitants qui vivent douloureusement la dépossession grandissante d’un territoire qui autrefois était le leur. De la privatisation croissante des espaces publics aux règlements intrusifs qui organisent nos espaces privés de manière toujours plus normatives, le monde se transforme petit à petit en une étouffante prison de conformisme global. Et beaucoup de gens en ont marre, alors qu’une grande partie d’entre eux ne voient pas d’issue. Leur destin appartient à d’autres qui leur dictent leurs conduites de manières toujours plus contraignantes.
La tarte à la crème de l’écologie capitaliste est de plus en plus rance. L’écologie est à présent utilisée comme une des meilleures alliées de l’instauration d’une dictature qui ne dit pas son nom. Nombreux sont ceux qui le perçoivent, et parmi eux beaucoup ne font pas la part des choses, rejetant en bloc tout souci de préservation de la planète malgré l’état d’urgence.
Ce n’est qu’un des symptômes de la dépossession politique qui se fonde dans une désinformation dont l’enseignement est le vecteur structurel, alors que le cheval de Troie télévisuel (et autres outils de la guerre psychologique) poursuit son travail de sape des consciences au cœur de nos foyers – qui n’en sont plus vraiment. L’ignorance est un fléau, voulu par certains qui la crée à dessein, pour servir leur desseins personnels, dictés par une idéologie perverse qui est leur conditionnement dur : mécanisme. Si leur sort n’est pas enviable, les produits de leurs actions sont néanmoins néfastes pour tous, nous les subissons au quotidien. Les sphères centrales du pouvoir globalisant sont peuplées de fanatiques qui tentent par les moyens les plus pervers, les plus cruels, les plus destructeurs de remodeler la planète à l’image de leur vision homogénéisante.
La planète n’est ni une image, ni un laboratoire. La vie, l’évolution ne peuvent se soumettre, qu’importe, éradiquons le vivant, les machines sont plus dociles. Forcément, une idéologie de machination du monde, inadaptée au vivant, a pour logique son remplacement par des produits de la mécanique dont la « biologie » de synthèse, aboutissement du délire triomphaliste des croyants du rationalisme, négation de toute rationalité, est l’ultime délire.
Il s’agit bien sûr ici de l’expression d’une opinion, amplement partagée. L’enjeu est l’avenir de la planète. Ce dont il est question ici c’est de notre manière d’habiter cette planète et d’y « vivre ensemble », c’est-à-dire du politique. Et l’idée exprimée est celle d’un peuple souverain se réappropriant le pouvoir dévolu à la fiction « nation ». « Peuple souverain » est la fondation d’une démocratie participative, lorsque « nation » est l’entité fictive qui est constitutive de la démocratie représentative.
Nous constatons à présent que dans l’immense majorité des cas de démocratie représentative, les élus n’agissent pas comme des mandataires, mais bien comme des dirigeants aux pleins pouvoirs. Donner sa voix à, devient synonyme de se déposséder du droit à la décision, de la dépossession du choix de son destin personnel et collectif. Pas besoin d’être expert en géopolitique pour comprendre que les élus agissent au sein des sphères de pouvoir en coalition avec des dirigeants représentants d’intérêts « supérieurs » (et particuliers) qui ne sont pas ceux du peuple.
Je n’entrerai pas ici dans le débat au sujet de la démocratie comme meilleure forme ou non de politique collective. Parce que ce débat n’est pas à l’ordre du jour. Je suis persuadée qu’il existe de meilleures formes possibles d’organisation politique, mais elles sont encore à inventer, dans la théorie comme dans la pratique, et dans le monde du peuple souverain de telles inventions sont forcément collectives et aboutissement de longs processus de vivre ensemble, dont les fondations mêmes sont absentes actuellement.
Aujourd’hui, c’est de ce travail de fourmis dont il est question, un travail trop longtemps négligé. Un travail collectif, modeste, à la base, aux ambitions locales. Il ne s’agit pas de mettre des masses en mouvements entant que suppôts d’une tentative d’appropriation de pouvoir, mais de permettre l’expression collective de personnes aux consciences fortement déterminées, expression qui est le préalable à la prise de décisions collectives et effectives..
D’une part un sentiment d’urgence pressante et sans cesse accrue face que destructions irréversibles qui rendent chaque jour plus difficile l’invention d’un monde de bonne convivialité planétaire, d’autre part, brûler les étapes serait encore bien pire et conduit toujours à faire pression sur les consciences, prosélytisme et contrainte, alors que le travail actuel est celui d’ouvrir des espaces de parole libérée et d’actions collectives locales dont les échanges et liens sont les fondations (rhizomes) des collectifs à plus grande échelle : communalisme.
La vérité ne se tient pas là comme une référence ultime et immuable inscrite inchangée depuis la nuit des temps. Autrement dit, il n’est pas question ici de jugement moral et encore moins de condamnation mais bien de choix éthiques et politiques, toujours relatifs et subjectifs quand bien même cette subjectivité serait collective. Le choix de manière de vivre au présent, de manières d’habiter la planète et d’entrer en relation avec ses voisins qui est aussi le choix d’avenir qui en découle. Nul n’est si petit et si insignifiant qu’il ne participe de fait – par son action ou sa passivité - à la création d’un monde en devenir. Autrement dit encore, on ne change pas le monde, l’évolution est changement permanent, le monde change, c’est sa nature et chacun à notre échelle nous participons de ce changement.
Il ne s’agit donc pas de chercher des coupables, mais bien de prendre conscience de l’affrontement de conceptions du monde antithétiques, et porteuses de projets de monde inconciliables, il s’agit de choisir et de mettre en pratique, il s’agit d’inventer, de créer et de réaliser un projet de monde, de le concrétiser, au quotidien.
Cette question du choix d’un avenir est donc centrale. J’ai fait une série de choix qui m’ont conduite à poser un principe fondateur « Chacun a droit au respect et aux moyens de la dignité du seul fait qu’il existe ».
Or ce qui pour beaucoup d’entre nous ressemble à une évidence, n’est pas unanimement partagé. Que bien du contraire dans un monde où se multiplient les foyers de guerre qui n’existent que parce que certains affirment, en se fondant sur des critères (souvent ad-hoc) qui leur sont propres, avoir d’avantages de droits que d’autres, entre autres, le droit de main mise par une minorité sur l’ensemble des ressources (celles dites « humaines » comprises) de la planète étant le problème majeur auquel nous sommes confrontés (nous qui partageons ce principe et également le refus de toute forme d’ingénierie sociale ou de dérives sécuritaires…) actuellement. Une nouvelle phase d’accumulation du capital - une phase monopolistique qui constitue pour différentes raisons un changement de nature du capitalisme, sa phase ultime, qui conduira soit à sa disparition, soit à celle du vivant – met d’emblée ceux qui s’opposent à cela dans un état de guerre. Non pas que tel soit leur choix, mais que celui du camp adverse, est l’état de guerre contre tous ceux qui s’opposent à leur dessein de domination du spectre total, comme l’exprime entre autre le programme du Pentagone (J.V. 2020), leur programme.
Un sacré boulot d’éducation permanente, culture politique et historique mais également l’apprentissage et le développement de savoir-faire artisanaux concrètement productifs tant en terme de convivialité heureuse (croissance qualitative) que dans ceux de la production d’objets matériels destinés à la consommation ou trouvant place dans la durée. Et pour cela, il nous faut des lieux pour habiter le monde, ce qui nous place d’emblée dans une guerre qui ne dit pas son nom, celle de l’appropriation du territoire par ceux qui l’accapare et/ou en réglemente l’usage de manière toujours plus contraignante.
J’aurai certainement bien des informations à diffuser au cours des mois à venir concernant les choix imposé par les pouvoirs pas très publics (et ceux à qui ils obéissent) en matière d’aménagement du territoire, et j’espère aussi avoir quelques éléments concrets à faire circuler concernant ceux qui leur résistent.
Ma petite victoire présente est de me retrouver à nouveau habitant légalement ma petite caravane malgré tous les obstacles mis à l’habitat permanent dans ce type de logement et tous les autres obstacles rencontrés au cours des dernières années, pure malveillance ou venant de ceux –les crétins systémiques - qui sont atteint de cette étrange perversion de vouloir protéger les autres de leurs propres choix a-normaux.
A suivre…
Anne