29 juin 2012 5 29 /06 /juin /2012 19:03

 

 

 

 

 

 

Mais cela ne suffit pas, aujourd'hui les méthodes de tortures, de violence, de menaces se sont développées et sont partagées par de nombreuse forces militaires ou polices de plus en plus militarisées dans le monde. Dans d'autres proportions, d'autres intensités mais la nature du mal est identiques seule ghandent la graduation.

La semaine passée de jeunes militants Belges qui avaient organisé une contremanifestations d'une manifestation appelée en grande partie par l'extrême-droite. Ils se rendaient au lieu du rendez-vous passant par une station de métro. Ce n'étaient pas des manifestant violents, mais de jeunes catholiques de gauches et des sociaux-démocrates... ils se déplaçaient, ne manifestaient pas, ils se sont fait tabasser par trente flic déchaînés qui les chargaient au cri de "Go ! Go! Go!" qui évoquent certains passages de ce texte à un degré d'intensité encore bien moindre... mais pour combien de temps ?

Ce qui l'évoque aussi c'est que dans la mêlée des gens qui n'avaient rien àvoir,qui attendaient le métro, ce sont aussi pris des coups... cela pose question... je pourrais donner d'autres exemples, pris ici, à Paris, au Québec, aux USA... dans nos prétendues démocraties, qui deviennent de plus en plus clairement, de plus en plus proches de dictatures, avec une tendance commune et marquée à la criminalisation des mouvements sociaux... Même combat encore une fois, contre les même d'un bout à l'autre de la planète... et là il semble que l'Amérique Latine à grand besoin  de notre soutien, de notre solidarité, les appels nous viennent d'un peu partout... Chiappas, Honduras, Colombie, Paraguay, Pérou, Guatemala, Panama, etc... partout c'est le même message: la répression s'intensifie, les morts et les disparus s'additionnent à d'autres morts et disparus, les escadrons de la mort sont de retour,ils assassinent, torturent, menacent, enlèvent, harcèlent, violent...

 

 

 

L'Ecole des Amériques, branche idéologique et militaire de la "Culture Stratégique"

Pablo Ruiz* 

Del Equipo Latinoamericano de SOAW  

Chers assistants à cette conférence,

Le sujet qui nous occupe revêt une importance cruciale pour nos peuples. Tout ce déploiement militaire des Etats-Unis dans la région doit être un réel sujet de préoccupation parce qu’il représente une menace pour notre avenir, pour notre paix mais également pour nos droits humains et pour ceux des enfants à naître.

Non contents d’avoir installé toujours plus de bases au cours de la décennie écoulée à présent ils utilisent les ports de pays d’Amérique Latine comme Panama et Costa Rica pour y accoster leurs navires de guerre.

Ils ont également réactivé la 4ème flotte pour patrouiller dans nos mers. Autant dire qu’ils nous surveillent depuis la mer, mais aussi depuis les airs, avec leurs avions espions et leurs satellites et comme d’habitude, depuis les ambassades des Etats-Unis, situées dans nos pays, comme le révèle les documents de WikiLeaks.

En plus, aujourd’hui les Etats-Unis disposent au Salvador et au Pérou des Académies Internationales d’Application de la Loi (ILEA) prodiguant aux policiers de tous nos pays la propagande de leur culture en matière de résolution de conflits.

Je pense que nous sommes tous d’accord quant au fait qu’après les dictatures, les militaires sont passés au second plan, et que ce sont les policiers qui sont passés en première ligne de feu de la répression des mouvements sociaux dans le développement de nos démocraties entravées, transitoires, faibles et limitées.

En ce sens la police, va, se militarisant, et on n’est pas surpris de voir, dans les images de la dernière décennie, nos policiers sur des tanks, avec des casques, des fusils et des bottes militaires, avec des cagoules, impliqués dans  des tortures, des meurtres et la répression sociale.

Les Etats-Unis n’investissent plus seulement sur le plan strictement militaire. Il y a un investissement gigantesque dans la capacitation et le contrôle des polices d’Amérique Latine.

Une donnée récente, le 10 mai, à Mexico, a été posée la première pierre de ce qui sera le siège national de Formation et de Développements Policier qui fait partie du Plan Mérida et coûtera 22 millions de dollars.

Evidemment, la première pierre a été posée par le Directeur Général de l’Initiative Merida, Keith W. Mines, rien moins que membre du Département d’Etat des USA.

Le Plan Merida, qui se nommait initialement plan Mexique, amène avec lui les mêmes conséquences que le plan Colombie. Au Mexique, il y a déjà eu quelques 34 000 personnes assassinées rien qu’au cours des dernières années. Pour sa part, en Colombie, un rapport de Médecine Légale dénonce l’enregistrement de 38.255 personnes disparues au cours des trois dernières années.

Quel paradoxe incroyable, chaque fois que les EU se mêlent d’apporter leur aide cela se convertit seulement en plus de morts et plus de violations de droits humains.

Les militaires ne dorment pas

Dans ce scénario de plus grande présence militaire des USA dans la région, continue d’opérer l’Ecole des Amérique, ce qui a provoqué  d’intenses protestations aux EU et à induit la nécessité de transformer son image publique dommageable, le Pentagone a donc changé son nom et elle est connue à présent sous celui d’Institut de Coopération et de Sécurité de l’Hémisphère Occidental ou WHINSEC en Anglais.

L’école des Amérique, pour ceux qui ne la connaissent pas, est une académie militaire fondée en 1946 au Panama sous la direction de l’Armée des EU avec comme objectif innocent et public celui d’initier les soldats latino-américains aux matières militaires.

Elle a été expulsée du Panama en 1984 et depuis opère à Fort Benning en Géorgie (USA)

Dans cette académie militaire, on découvrit en 1996 des Manuels d’entraînements qui conseillent les exécutions et les tortures, ce qui vint corroborer les soupçons qui pesaient depuis toujours sur cette institution.

Ce fut ici que commença à être inculquée la Doctrine de Sécurité Nationale qui enseigne aux militaires le concept de « l’ennemi interne »

Un concept qui enseigne  aux militaires à combattre  « l’ennemi interne » à l’intérieur de leur propres nations, et ces ennemis ne sont plus seulement, comme au temps de  la guerre froide, les communistes ou les révolutionnaires, mais bien tout ceux qui se lèvent pour défendre leurs droits, qui questionnent « l’ordre établi », et violent le sacro-saint »état de droit » de l’injustice.

Du coup, les « ennemis internes » deviennent les travailleurs, les chômeurs, les professeurs, les étudiants, les paysans, les religieux, les professionnels conscients, etc…

Les fondements pour s’emparer d’une  habitation

1.    Dominer l’habitation

2.   Eliminer l’ennemi

3.   Contrôle des armes et personnel

4.   Réduire les morts

5.   Inspection de l’habitation

6.   Evacuer le personnel et l’équipement

 

Sans doute ce même “enseignement” a-t-il été appliqué par les commandos spéciaux qui ont exécuté Osama… je n’ai aucun doute à ce sujet.

A Fort Benning, il y a aussi un dessin qui représente un militaire frappant un civil, à côté, il est écrit en Anglais : »La caractéristique qui définit le guerrier est la volonté de vaincre l’ennemi »

Actuellement, depuis 2005, le Pentagone refuse de nous donner les noms des nouveaux gradués, ce qui nous empêche de vérifier si nos nouveaux guerriers manifestent cette volonté de vaincre l’ennemi, comme ils disent.

S’ils nous cachent les noms, nous supposons qu’ils ont beaucoup de choses à dissimuler.

 

Mais à Fort Benning, là où opère l’Ecole des Amérique, ne s’entraînent pas seulement des soldats latino-américains même si l’école est célèbre pour cela.

Dans la revue Rolling Stone de juin 2006, dans un reportage intitulé “Fabrique de Tuer” il est signalé que Fort Benning se consacre à présent également à la formation de milliers de soldats nord-américains aux méthodes d’entrainement appelées  « Control Total » par lequel les aspirants sont préparés à résister et assassiner l’ennemi sans trop de sentimentalisme.

Le Manuel d’embauche de l’Armée des Etats-Unis, signale le reportage, et il y a une citation qui dit : « Nous devons garder en tête qu’un homme est quasi égal à un autre homme, et que celui qui est entraîné dans l’école la plus sévère vaut mieux que les autres ».

Je voudrais rappeler à votre souvenir, Timothy McVeigh qui assassina 168 personnes le 19 avril 1995, déposant une bombe dans un édifice d’Oklahoma aux EU.

Timothy avait été entraîné, des années auparavant, à Fort Benning, làoù il devait crier pendant les entraînements « le sang fait lever la pâte ! Tuent ! Tuent ! Tuent ¡”

Dans ce même camp d’entraînement  dans lequel sont formés les militaires des EU  sont aussi préparé les soldats d’Amérique Latine..

Pour toutes ces raisons, je ne suis pas surpris qu’en 2009, deux gradués de l’Ecole des Amériques, l’ex Chef de l’Etat-major Conjoint, Romeo Vasquez et le Chef de la Force Aérienne, le Général Luis Prince Suazo se soient retrouvés à la tête du coup d’état au Honduras..

Ce n’est pas non plus par hasard que le pays qui envoie le plus de soldats à l’Ecole des Amériques, la Colombie est également celui où sont commis le plus d’abus.

Je voudrais rappeler qu’en 2006, notre leader Roy Bourgeois et Lisa Sullivan allèrent en Argentine pour demander au gouvernement qu’il cesse d’envoyer des soldats Argentins à l’Ecole des Amérique.

A notre grande surprise, le gouvernement acquiesça et depuis aucun militaire argentin n’est plus envoyé  dans cette académie militaire

Alors la Ministre Nilda Garré signale que

« L’Ecole des Amériques a fait beaucoup de mal et continue toujours à impulser dans les Forces Armées l’hypothèse de la lutte contre le narcotrafic, et de la lutte contre le terrorisme. Nous autres, de part notre législation interne, nous disons que le narcotrafic et le terrorisme son des hypothèses qui doivent être combattues pas des forces de sécurité et non par des forces armées, pour ne pas même pas évoquer cas de figure dans lequel ces Forces Armées se mêlent de question de politique intérieure et commencent à persécuter, des « terroristes et des narcotrafiquants », entre guillemets , en se déployant sur le territoire et s’en prenant à la population civile.(1)

Les gouvernements d’Uruguay, de Bolivie, et du Venezuela n’envoient plus non plus de troupes dans cette néfaste institution.

Cependant la Colombie, l’Equateur, le Chili, le Paraguay, le Brésil, le Guatemala, le Mexique, le Nicaragua, le Salvador, le Honduras, Panama et Costa-Rica continuent d’y expédier des militaires et des policiers.

Nous avons demandé à Rafael Correa et à Daniel Ortega et au président Lugo qu’ils étudient sérieusement la question de retirer leurs troupes de cette académie militaire qui n’a amené dans son sillage que des coups d’état en Amérique Latine

Je voudrais rappeler un fait, en août 2006 a été réalisé à Santiago du Chili, un cortège funèbre  – escrache » ( ?) comme ils disent là-bas – aux assassins de Eduardo et Rafael Vergara Toledo, qui furent assassiné à l’âge de 18 et 20 ans dans un faux  affrontement  le 29 mars 1985.

Dans ce cortège funèbre, la mère de ces jeunes, Luisa Toledo, interpella rudement la police, avec beaucoup de rage et d’émotion parce qu’elle ne laissait pas passer la marche je me rappelle qu’au moins un de ces policier, très jeune, baissa les yeux de honte face au discours de cette mère indignée. « Vous êtes des pantins parce que s’ils vous disent de ne pas faire de prisonniers, vous ne faites pas de prisonniers. S’ils vous disent de nous frapper, vous frappez.. S’ils vous disent de tuer, vous tuez. Vous n’avez pas de pas de valeurs propres, vous n’avez pas de jugement, vous n’avez pas d’opinion personnelle. Ils vous commandent, ils vous commandent, ils vous commandent »

Qui vous commandent-ils de réprimer ¿ Les travailleurs qui sont sans travail, les dockers, les étudiants, à ceux qui n’ont pas de maisons, à ceux qui n’ont rien à manger, aux vendeurs ambulants. Vous êtes là pour cela vous autres, pour réprimer votre peuple et moi je vous maudis tous, et en particulier je maudis celui qui a tué mes fils, (). Maudit Alex Ambler Hinojosa »

Je me rappelle de Luisa Toledo parce que ce qu’elle disait est la vérité, c’est la situation actuelle d’une bonne partie de nos peuples. Si aujourd’hui ils demandent à la police ou à l’armée de nous emprisonner, de nous torturer ou de nous assassiner, il y a de grandes probabilités pour qu’ils obéissent.

Mais le droit à la sécurité est aussi un droit humain important pour chacun d’entre nous.

L’avocat Roberto Garreton disait que :

« Le droit humain à la sécurité est consacré par l’article 3 de la Déclaration Universelle, et 1 de la Déclaration Américaine en même temps que la vie et la liberté ; et dans l’article 9 du Pacte des Droits Civils et Politiques et dans le 7 de la Convention Américaine, 6 de la Charte Africaine des droits humains et des peuples, 5 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme et des Libertés Fondamentales, et tous les cas, le droit à la sécurité est lié au droit à la liberté »

“Le droit à la sécurité consiste en la certitude de pouvoir jouir de l’ensemble de tous les droits humains, et en ce sens c’est un droit qui intègre tous les autres. Tant que le citoyen ne se sent pas assuré de ses droits à ne pas être discriminé, à ne pas être torturé, à ne pas être emprisonné arbitrairement, à ne pas être victime de délits, de savoir qu’il aura à manger ce soir, que ses enfant seront éduqués gratuitement, et auront des soins de santé, il va rechercher cette sécurité en recourant au délit et de cette manière il va compromettre la sécurité de tous les autres. Ou il va chercher le soulagement dans la drogue. Ou il aura une tendance à la  rébellion »

Il est possible que plus jamais nous ne revoyions nos détenus disparus, et nous ne rendrons pas la vie à tant de précieuses compagnes et de précieux compagnons assassinés, mais aujourd’hui nous avons encore le temps de freiner toute cette machinerie de guerre contre nos peuples et de défendre notre présent et notre futur.

Nous sommes une seule Amérique qui doit continuer à lutter pour la paix et pour que, à tous nos habitants, soient assurée une vie digne et juste.

Merci beaucoup au nom de la SOAW pour cette invitation

Buenos Aires, 1er juin 2011

Conférence Continentale sur la Militarisation Impériale ; Commando Sud, USAID er « Culture stratégique »

Pablo Ruiz est également membre de la Commission Ethique Contre la Torture de son Pays et de l’Observatoire pour la Fermeture de l’école des Amérique.

 


[1] http://www.voltairenet.org/article137526.html 

 

 

Texte original en Espagnol :

Conferencia Continental: La Escuela de las Américas brazo Ideológico – Militar de la “Cultura Estratégica”

Traduction Anne Wolff

 

 

 

 

 

 

 

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