22 septembre 2013 7 22 /09 /septembre /2013 10:55

 

 

Ceci est vraiment un billet de colère. J’en suis gavée de cette discrimination entre bons pauvres, ceux qui malgré les apparences parfois aspirent vraiment à l’intégration sociale et à l’emploi et les autres les vrais mauvais, la lie, le rebut qui crachent tout autant sur l’emploi que sur l’intégration sociale.

Et cela m’énerve d’autant plus quand cela stigmatisent des jeunes qui n’avaient pas demandé à grandir dans un tel monde, à un tel moment de l’histoire que l’avenir prend d’emblée l’apparence d’une impasse. Pour tous ceux en tout cas qui ne prennent pas en toute conscience le risque d’ouvrir de nouveaux possibles, cette jeunesse consciente qui se bat parfois à raison, parfois avec les erreurs qui constituent l’expérience, mais qui sont debout et affrontent toutes les formes de répressions que le système à préparer pour eux encouragé parla léthargie et souvent la connerie de ceux qui les précèdent ramollis par les mythes de l’état-providence et l’illusion qu’ils entretiennent encore qu’il est des solutions d’avenir au sein du système actuel.

A tous ceux qui les critiquent ces jeunes qui constituent (souvent maladroitement) un front du refus, tant que vous ne serez pas actifs pour leur ouvrir d’autres possibles, tant que vous ne serez pas vous-même rebelles à la résignation, l’austérité, tant que vous n’aurez rien d’autre à leur faire miroiter que des emplois qui les conduisent vers la pire des misères, l’absence de rêve, la résignation à perdre sa vie à gagner les picaillons qui permettent d’acheter de fausses richesses qui contribuent à une vraie destruction de la planète et de tout avenir possible pour cette jeunesse inquiète, bouclez-là. Vous n’avez aucun droit de reproche. Faites votre examen de conscience, qu’avez-vous fait de positif dans votre vie pour leur léguer un monde tout simplement vivable ?

Ils n’ont que ce mot là à la bouche, EMPLOI, crié sur tous les tons, gémi au fond des foyers de misère. C’est lamentable, le peuple des esclaves en appellent aux maîtres pour améliorer leur pitance et pouvoir s’offrir les produits merdiques de la « création de richesse » qui met à mal la planète comme lieu où la vie est possible et ne rendent pas heureux. .

Nous ne voulons pas d’emploi, nous voulons des métiers, des activités qui contribuent à poser les bases d’un monde meilleur, quand bien même il n’adviendra jamais, au moins on aura essayé.

Franchement cela me fait gerber, toutes ces tentative de montrer qu’il existe de bons chômeurs » : la preuve c’est qu’ils cherchent activement des emplois qui leur fiche d’avance la nausée à force d’être dénués de sens ou lourd de conséquence néfastes pour le devenir du monde. Quand ils existent.

Il y a ces petits jeunes paresseux, qui traînent en bande, qui n’essayent même pas ma bonne dame…Non mais. Les générations précédentes ce sont battues pour que le travail soit digne et les travailleurs respectés, convenablement rémunérés, évoluant dans un milieu ambiant ouvert et agréable. Pour que diminuent les écarts de qualité de vie entre les riches et les pauvres, ce qui impliquait surtout la fin de l’écart culturel, l’accès pour tous à une éducation de qualité qui était la première barrière à franchir pour que tous enfin jouissent des conditions de possibilités de l’équité.

Et aujourd’hui on demande à des gamins, bercés de mythes, admirateurs du joueur de foot et autres vedettes qui gagnent des sommes astronomiques que rien ne justifie, bercés dès le plus jeune âge par les mythes d’Hollywood, leurrés dans leur conception de la richesse – qui n’appartient qu’aux autres – de se faire tout petits pour se fondre dans le moule d’emplois chiants, mal rémunérés, sous contrôle de petits chefs en crise d’autorité. Et on ne cesse de leur clamer qu’ils auront de la chance s’ils trouvent un emploi et que c’est cela la vraie vie. Faut arrêter les mecs. C’est du mauvais délire et ils ont bien raison de vous envoyer chier les gamins avec vos emplois à la cons, vos rêves pour minus, albatros avortés.

Ils le savent les gamins que vous avez profité sans  compter des illusoires richesses passées, ramollis devant vos télé pendant que d’autres leurs confisquaient les droits que leur grands-parents avaient conquis de haute lutte. Ils le sentent bien, ces gamins qui ne savent même pas ce que se rebeller veut dire, ils ne connaissent que la diversion entre copains, les passe-temps, ils le savent que ces emplois qu’on leur fait miroiter comme une aubaine contribuent à construire un monde dont ils ne veulent pas, continuent d’aggraver des problèmes qui leur pèse en forme de cette angoisse latente d’un avenir sans horizon.

Ils ont bien vu leurs parents moroses qui leur imposent moins la pression de leur frustration depuis qu’ils sont gavés d’antidépresseurs. Alors ils prennent de la coke, les gamins parce que cela leur donne pour quelques heures une illusion de grandeur, le sentiment enfin de transcender les limites de cet univers carcéral que vous avez encouragé par votre négligence.

Ils ne sont pas dupe les gamins de la grande arnaque à l’emploi. Ils n’ont pas les mots pour le dire, normal, l’enseignement qu’il n’ont pas reçu traduit déjà ce mépris de classe qui leur a été imposé dès l’enfance comme une donnée incontournable du monde où ils auraient à vivre..

La seule idée d’un emploi les emmerde, et ils ont bien raison. Ils n’ont pas envie d’endosser le manteau de la résignation. Alors ils recréent par leur bande les tribus primitives dans laquelle ils peuvent se faire une place, une dignité, un honneur que la société n’offre pas.

Je ne crois pas que ce soit la bonne réponse, mais l’apprentissage de la résignation ne l’est pas non plus. Ce qui se passe dans le monde est gravissime. On peut envisager en toute lucidité une prochaine disparition de l’humanité et on vient proposer à une génération qui héritera de problèmes quasi insurmontables de se couler dans le moule du conformisme d’un bétail élevé pour l’abattoir et qui broute paisible en attendant son heure, pendant que le maître se réjouit de le voir engraisser. Que du profit, pour lui.

Elle n’est pas coupable cette génération à peine sortie de l’enfance de se retrouver face à un héritage pourri qu’aucun inventaire ne leur permettra de refuser.

Je sais l’impasse où conduisent ces illusions de rébellion des bandes de désoccupés, j’ai mal pour ces enfants trahis par ceux-là même qui se devaient de leur ouvrir l’avenir comme une multiplicité de possibles qui donne envie de se bouger le cul pour construire le monde duquel on fait partie. Et ces mêmes qui ont manqué à tous leur devoirs de responsabilité vis-à-vis des générations à venir sont aussi souvent les premiers à leur jeter la pierre à ces sales gosses, quand ils n’essayent pas de les contraindre à endosser ce manteau de mesquinerie qui les a pousser à accepter toutes les compromissions, profils bas pour quelque miettes de pseudo-vie… sécurité, tu es trop petite, trop étroite, une petite cage de désespoir.

Ils le sentent bien ces jeunes qui refusent, parfois sans trop savoir pourquoi, le moule social et l’échelle des hiérarchies que ceux qui les critiquent sont les premiers coupables de cette situation de misère que constitue le manque d’alternative.

La rage que je ressens est à la mesure de cette douleur, d’avoir vu trop de ces beaux enfants pleins de promesses, finir la gueule écrasée contre le mur de l’impasse dont on ne ressort que mort. Ils rêvaient d’un autres monde, ils n’avaient ni les connaissances, ni la force pour construire « contre », ce qui aurait du être construit « pour ». Ils ne savaient pas faire la guerre, seulement inventer, imaginer, créer, faire exister au quotidien des mondes-solutions. Ils avaient cette sagesse intuitive, respect d’une nature dans laquelle ils apprenaient à se fondre, partie de… et petit à petit l’espace c’est réduit, ils n’y avait plus de lieux pour habiter le monde hors des « plans d’aménagement du territoire qui transforment le moindre pissenlit en marchandise, où moindre jardin est bardé de règlement d’Ordre Public.

Construire des alternatives à présent implique d’entrer en guerre avec un système qui les interdit. Construire des alternatives est une vocation de guerrier, armés de conscience, de détermination, discipliné dans la réalisation de son œuvre, prêt à se battre pour la défendre envers et contre tout et tous.

Je vois bien que parmi ces jeunes qui rejoignent les bandes qui enfreignent la loi, et tombent souvent dans une délinquance qui les mènent en prison, où commence la spirale vers le crime, il y a cette rage de ne pas avoir été pris en considération, de n’avoir pas trouver d’ouverture autre que le sacrifice d’eux-mêmes qui en feraient des petits moutons, déjà mort à la grandeur du rêve avant même d’avoir commencé à vivre.

Ne leur jeter pas la pierre avant d’avoir mesurer la part de votre responsabilité (qui peut être d’avoir laissé faire) dans les situations sans issues valables auxquels ils sont confrontés. Et comme il n’est jamais trop tard pour bien faire, peut-être serait-il temps de se bouger le cul pour remettre sur le chantier ce monde des grands-parents, ceux d’avant la télé, qui rêvaient pour leur petits enfants d’un monde apaisé, dans lequel on ne parlerait plus de paix, de liberté, d’équité, de bonheur. Parce qu’il n’est point besoin de parler des évidences acquises, on les vit simplement.

Les chemins existent, ils sortent des autoroutes du système, ils proposent des manières de convivialité, des manières de produire qui sont en rupture avec la logique du profit matériel, de la production de richesse qui détruisent la planète sans combler nos besoin essentiels. Ils ne portent certainement pas, jamais, le vilain nom d’EMPLOI.

Partager cet article
Repost0

commentaires

A
<br /> Tu as raison, mais la société de la très sainte consommation a pourri beaucoup d'entre nous et, à des degrés divers, contaminé peu ou prou les autres.<br /> <br /> <br /> J'essaye de faire pour un mieux chaque jour, même si j'ai un peu l'impression d'écluser un bateau avec un dé à coudre :-)<br />
Répondre
A
<br /> <br /> Les chinois ne sont-ils pas ces gens qui déplacent des montagnes avec des cuillers à thé.<br /> <br /> <br /> Je me garderais bien de faire l'apologie de la Chine, âr les temps qui courent. Elle me semble trop bien poser ses pions en vue d'une hégémonie mondiale. Les derniers accords Chine-Venezuela,<br /> lors de la visite de Maduro dans ce pays, inquètent, à  raison, il me semble beaucoup de vénézuéliens et autres.<br /> <br /> <br /> Mais j'aime la méthode, peut-être est-ce maforme de folie personnelle de penser que si quelques-uns s'y mettent d'autres les rejoindront et peut-être un parmieux proposera une méthodes plus<br /> efficaces.<br /> <br /> <br /> En tout cas, nul doute que j'apprécie ton blog, que j'y trouve de bonnes choses qui élargissent le champ de ma conscience,et parfois aussi le petit coup de pouce pour ne pas me décourager.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Tu sais, je crois que depuis toujours les "adultes" récriminent contre la jeunesse. Ils semblent oublier que ce sont eux qui leur ont "légué" la situation actuelle. Comment ne pas comprendre que<br /> nos enfants ne veulent pas suivre la même voie ou se la jouent "No Futur" ?<br /> <br /> <br /> Il y a bien longtemps que je répète régulièrement "je ne voudrais pas avoir 20 ans aujourd'hui". D'autant plus que je suis persuadée que tout cela va mal finir lorsque je vois les fascistes<br /> entrer dans les gouvernements un peu partout sans susciter beaucoup de problèmes. Et pourtant, si la jeunesse ne se lève pas, qui alors ?<br />
Répondre
A
<br /> <br /> Ben nous ! Il y a longtemps que je suis persuadée que le meilleur enseignement se donne par l'exemple. "Nous sommes des nains dressés sur les épaules de géants" St Thomas d'Aquin ?<br /> <br /> <br /> Le moins que nous puissions faire, c'est d'essayer avec nos faibles moyens de baliser un peu de chemin pour rendre la route moins sombre. De toute manière en ce qui me concerne, je ne vois<br /> vraiment pas quel intérêt aurait encore ma vie si je renonçais à cela, avec l'idée que peu c'est mieux que rien, que chacun de nous est peu de chose, mais que chaque petite flamme, même<br /> vacillante,  qui brille dans les pénombres de la nuit de l'Ordre Noir qui assombrit l'horizon du futur est une petite étoile d'une constellation d'espoir.<br /> <br /> <br /> Sinon à quoi bon ?<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Reblogué :-)<br />
Répondre
A
<br /> <br /> Je suis "comme un peu fâchée" ces temps-ci ! Je dis et pense que je n'aimerais pas avoir 20 ans aujourd'hui, avec ce joug de problèes insolubles que nous avons coller sur les épaules des jeunes<br /> générations, en guise d'héritage, sans leur donner les moyenspar une formation appropriée d'y faire face. . Alors quand j'entends ceux qui s'en prennent à "l'inertie" et la "mauvaise éducation"<br /> des jeunes d'aujourd'hui...Ma bonne dame, qu'ils disent... toujours derrière leur ordinateur ou à traîner dans les rues... et l'alcool, et la drogue - ben la moutarde elle me monte au nez.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />

Présentation

  • : Le blog de Anne Wolff
  • : Comprendre la globalisation, apprendre à y résister
  • Contact

Profil

  • Anne Wolff
  • Amoureuse de la vie, d'une fleur, d'un papillon, d'un arbre, du sourire d'un enfant, je m'oppose à tout ce qui conduit à la destruction systématique de ce que la nature a créé, de la vie, de la beauté du monde, de la tendresse et de la dignité
  • Amoureuse de la vie, d'une fleur, d'un papillon, d'un arbre, du sourire d'un enfant, je m'oppose à tout ce qui conduit à la destruction systématique de ce que la nature a créé, de la vie, de la beauté du monde, de la tendresse et de la dignité

No Pub

Malgré les publicités imposées dans sa nouvelles versions qui apparaissent sur ce blog,celui-ci reste un acte gratuit.

Recherche

Nouvelles formes du fascisme

"Le vieux fascisme si actuel et puissant qu’il soit dans beaucoup de pays, n’est pas le nouveau problème actuel. On nous prépare d’autres fascismes. Tout un néo-fascisme s’installe par rapport auquel l’ancien fascisme fait figure de folklore […].

Au lieu d’être une politique et une économie de guerre, le néo-fascisme est une entente mondiale pour la sécurité, pour la gestion d’une « paix » non moins terrible, avec organisation concertée de toutes les petites peurs, de toutes les petites angoisses qui font de nous autant de microfascistes, chargés d’étouffer chaque chose, chaque visage, chaque parole un peu forte, dans sa rue, son quartier, sa salle de cinéma."

 

Gilles Deleuze, février 1977.

Toutes Dernières Archives