9 juillet 2009 4 09 /07 /juillet /2009 08:34




Je me suis reprise, ma vie de bancs publics m’a remis les idées en place. Je continue. Je fais comme j’ai toujours fait… je vais de l’avant dans ce qui me semble juste, droit, en accord avec ma conscience. Je ne suis pas recevable disant la vérité alors que la loi est de mon côté. Mais le combat pour le faire valoir me prendrait trop d’énergie que j’ai envie de consacrer à autre chose. Frugalité maximale et pour la suite on verra.


 

Je vous raconterai plus tard ce que j’ai vécu en Espagne plus en détails. Une secte, manipulée par de pseudo-chamanes s’est peu à peu infiltrée dans le village, prenant toujours plus d’emprise, décidant qui avait le droit ou non de vivre là, quand ils ont réussi à faire partir à force de harcèlement mon voisin qui vivait là depuis 23 ans, j’ai compris que mon tour était venu. Heureusement j’ai pu compter sur quelques protections. Une drôle d’ambiance s’installait, deux suicides cette année-là, des gens du village voisin nouvellement repeuplé qui se demandaient ce qu’était cette tentative de contrôle qui s’exerçait sur leur vie, un copain que j’ai vu se transformer. Il allait partir en Amérique Latine faire un danse du soleil, il avait une mission.


Quand j’entends le mot mission…mes signaux d’alerte se manifestent. La politique, sujet tabou au bar, des pratiques de rituel pseudo-indiens et des pressions pour que j’y participe. Peu avant mon départ, un « Maître » amérindien est venu pratiquer une cérémonie de Peyotl, pour la modique somme de 80 euros des gens ont pris leur voiture depuis Barcelone, sont montés au village le vendredi soir, ont pris leur cactus hallucinogène le samedi, on reprit leur voiture le dimanche soir. Quoique gracieusement conviée à participer à la parodie de cérémonie, j’ai refusé, ce qui fut très mal pris.  Mais non, je ne joue pas à cela, désolée. J’avais cessé d’aller au bar du village, passant beaucoup de bon temps dans la solitude et allant de temps en temps me passer quelques jours à faire la fête au village voisin où l’ambiance était moins oppressante.

 


 

Après mon refus de me prêter au cirque chamanique les tensions sont montée, non je ne me soumettait pas à l’allégeance exigée par la guru locale et ses deux principaux disciples. Ma pauvreté les dérangeait, ils m’avaient prévenu que sans voiture, sans tronçonneuse, sans machine à laver, il n’était pas possible de vivre dans la vallée, que sans argent il valait mieux que je parte. Pourtant j’y arrivais pas trop mal et me sentait heureuse dans de genre de vie. Peu à peu j’ai appris la technique de construction des murs, j’ai adoré cela, les ruisseaux asséchés de la vallée étaient des trésors de pierres de couleurs, rose avec des pois turquoises, des verte, orange…peu à peu je devenais capable de construire ma maison presque seule…or ils attendaient de moi qui venait d’un pays riche que je fasse rentrer de l’argent dans l’économie du village.

 

Les tentatives de déstabilisation ont commencé, mais j’étais bien plantée dans la terre de la montagne. Des réunions se sont tenues au bar à mon insu pour discuter de mon cas. J’ai eu des échos, pas triste : je refusais de me nourrir, n’avait plus rien à me mettre sur le dos, jetait des pierres sur les gens, …ils se sont donc arrangés pour contacter mes parents qu’ils savaient que je ne voyais plus et pour quelles raisons, ils se sentaient obligés de le faire pour ne pas risquer d’être accusés de non-assistance à personne en danger. 



Si mes parents ne prenaient pas leurs responsabilités, ils feraient « appel aux forces de l’ordre » si, si, noir sur blanc dans le mail. Il y avait eu un précédent, une pauvre femme qu’ils ont tenté de chasser, comme ils n’y parvenaient pas, elle s’est retrouvé un beau jour entre deux infirmiers qui l’ont emmenée dans un hôpital psy ou elle est restée trois mois, comme un légume, sous camisole chimique. Quand elle en est sortie elle était complètement larguée…


 

Finalement c’est moi qui ai appelé mon père, lui demandant moi de venir me chercher. J’ai passé quelques temps chez ma mère à Bruxelles où elle m’a loué une cave pour 200 euros par mois dans sa maison. Toujours aussi barges mes parents, je les ai revu juste assez pour savoir que je n’aurais pas de remords d’avoir décidé de couper toute relation avec eux. J’ai remercié dans mon cœur ma grand-mère maternelle de m’avoir élevée me donnant la possibilité de vivre une enfance et une adolescence saine.




Je ne sais ce que je serais devenue élevée par ma mère qui est vraiment loin dans son délire. C’est pour cela qu’il m’arrive de prendre soin de petits frères et sœurs de cœur qui n’ont pas eu cette chance, qui ont du se débrouiller des l’enfance avec des parents qui n’en sont pas et qui essayer de s’en tirer comme ils pouvaient sans avoir personne pour les guider sur les chemins de la vie. C’est une manière de partager ce que j’ai reçu dans mon enfance, de beaux cadeaux de la vie, l’occasion de fréquenter des femmes formidables aussi qui ont nourri ma conscience et mon intelligence de petite fille de valeurs sûres de justice, de morale, d’humanisme…c’est ce qui m’a permis aussi de grandir en plain air et de découvrir le bonheur de courir dans les bois. Je l’ai vu par la suite : les enfants qui ont vécu ce contact intense avec la nature sont bien mieux armés pour la vie que ceux qui ont été confiné dans les villes. Nous avons ce réflexe d’aller nous ressourcer dans la nature quand nous sentons que le déséquilibre nous guette.


La suite de mes aventures : je me suis trompée d’histoire d’amour et me suis transformée en enfer pavé de bonnes intentions, je n’ai pas réussi à décrypter le non-dit en deçà de l’exprimé, j’ai sous-estimé le pouvoir de la substance, cette merde : la méthadone, cela n’a l’air de rien, ici on vous la distribue gratuitement presque et de plus en plus elle est considérée comme un traitement et non un palliatif qui doit permettre un travail de reconstruction avant d’être abandonnée. Elle modifie les réactions en entrant dans le cycle biochimique des émotions.




C’est un sujet qui mériterait une étude plus poussée car il y a là quelque chose de pas juste, mais je ne vais pas entrer là-dedans maintenant. Bref 4 années de cauchemar avec l’espoir que de voir mon compagnon se rendre compte à un moment que la vie était plus belle sans cela, que toutes ces magnifiques qualités qu’il peut manifester à certains moments pouvaient lui offrir les portes d’une vie plus belle.


 

Humour, intelligence, beaucoup de tendresse, mais de sa part une mauvaise foi coriace et une sensibilité médiée par la substance qui n’a cessé de me déconcerter, et 25 ans de séropositivité qui sont une tension sous-jacente mais permanente. Faut préciser que sa séropositivité lui à été présentée à un moment où le SIDA n’était pas encore très connu de la manière suivante par un médecin qui est un de mes amis d’enfance. Il a annoncé à celui qui est devenu plus tard mon compagnon, et que j’ai rencontré une première fois alors que je faisais une petite enquête sur les méthodes plus que douteuses de ce médecin : »Vous n’avez plus qu’un an à vivre avant de mourir dans des souffrances terribles ».



J’ai souvent eu à lutter contre les méthodes de ce praticien qui a causé beaucoup de dégâts chez des amis, jusqu’à ce que j’aille creuser un peu. J’ai fini par douter de moi-même à force de me voir inventer différente, jusqu’à la rupture totale, il y a peu…j’ai commencé à me retrouver petit à petit, avec votre aide mes amis du net, en découvrant combien mine de rien j’avais conquis de tendresse, d’affection parmi les amis que je me suis fait tant bien que mal, pendant que je vivais cette relation et avec qui j’ai maintenant des relations qui ressemble à celle que j’avais avant cette non-histoire. Je suis une grande sœur universelle pour les plus fragiles et une amie appréciée par les autres. J’ai reçu beaucoup de reconnaissance dans ma vie de bancs publics, et je ne vais pas perdre cela pour me fondre dans les moules destructeurs du système.

 


J’arrête là parce que je veux continuer à suivre les derniers développements de la situation au Honduras. Les déclarations de la Clinton marquent la rupture entre le Sud et les Etats-Unis. Et je veux suivre et vous traduire ce qui se passe au Sud. Ce qui se joue là-bas en ce moment nous concerne tous et puisque les médias officiels font l’impasse ou empoisonne les consciences, je ferai entendre un autre son de cloche. Le point de vue du Sud. En tout cas la déclaration de guerre diplomatique est faite…à voir pour la suite : ingérence inacceptable des Etats-Unis dans les affaires du Sud, tel est la position adoptée. Je vais m’enquérir de la suite.


 


Anne


 

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commentaires

C
Bonjour Anne, Sixtine a en peu de mots dit l'essentiel. Il parait que "tout ce qui ne tue pas, rend fort", tu en es un bel exemple !<br /> Je relaie tes textes sur le Honduras, il faut que nous informions un maximum de personnes de ce qui se passe REELLEMENT dans ce pays meurtri.<br /> Je t'embrasse très fort.
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A
<br /> Je viens de répondre sur ton blog. Je continue un texte plus personnel et je me remets à mon analyse de ce qui ce passe en Amérique Latine, si j'y parviens sans que me rende malade l'hypocrisie<br /> diplomatique qui cache une déclaration de guerre faite aux pays de Sud Amérique.<br /> Tu nous fait du bien à beaucoup Charlotte, je vois plein de petits clins d'oeil vers toi et ton blog sur ceux que je visite, on est beaucoup à t'aimer bien et aussi la manière dont tu présente les<br /> choses.<br /> Bisous<br /> <br /> <br />
E
Voilà à présent quelques temps que je viens vous lire.<br /> Je voulais simplement vous remercier pour toutes vos informations sur la situation actuelle en Honduras.
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A
<br /> Je viens de répondre à Sixtine, je suis lancée et j'ai bien l'intention d'approfondir ce sujet. Je suis écoeurée par la manière dont les médias officiels traitent l'information. Je ne vais plus les<br /> lire, cela me donne la nausée, mais je fais ma petite enquête autour de moi et je peux mesurer les effets de ce qui est une campagne d'intoxication.<br /> La suite ce soir...<br /> <br /> <br />
S
Eh bien, Anne, je comprends mieux ta méfiance envers le mot " mission " ! Quel parcours de vie et quelles embûches, tout au long de ce parcours ! Tu es forte de ce vécu, et fragile de par tes " ressentis "... Comme tous les êtres qui osent revendiquer leur droiture et leur sensibilité !<br /> Informe nous, comme tu sais si bien le faire ! Et dis toi qu'il y a dans le Jura une petite âme qui, de loin, veille sur toi... Amitiés
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A
<br /> J'ai vécu 2 ans (en plusieurs fois) dans l'Ain à 15 km de Bellegarde. J'aime ce pays.<br /> J'ai été témoin du massacre des personnes sensibles parmi mes amis, et je lutte depuis toujours contre l'instauration de la loi du plus fort comme règle sociale, Un gâchis de talent et de belles<br /> qualités qui aurait enrichi le monde.<br /> J'ai choisi, je continue à lutter. Ma vie est pleine de miracles aussi, d'amitié, de solidarité, de portes qui s'ouvrent au bon moment. Et ce n'est pas le moment de baisser les bras avec ce qui<br /> nous tombe dessus.<br /> Je sais que je ne suis pas seule, la planète quand je l'imagine est devenue une constellation de toute ces belles volontés qui agissent pour changer le monde.<br /> Je suis occupée à une compilation de textes en espagnol pour écrire un article qui est le premier d'une série sur le Hondura ceux qui s'appelle le Sud. Il se passe là-bas de belles choses qui<br /> peuvent nous servir d'exemples pour une résistance à venir.<br /> <br /> <br />

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Gilles Deleuze, février 1977.

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