8 avril 2018 7 08 /04 /avril /2018 07:35

D’après

¿Efecto de los recortes?] Comienza a descender la esperanza de vida en varios países europeos. ¿Estamos ante un cambio de ciclo?

Por CAS Madrid  via Kaosenlared

 

Voir lien ci-dessous pour une image plus lisible

Voir lien ci-dessous pour une image plus lisible

Ce phénomène est mis en évidence dans les dernières données publiées par Eurostat.

Les pays qui échappent à cette tendance sont des pays du Nord comme la Finlande le Danemark ou la Norvège que l’on peut considérer comme des pays riches qui conservent des services sociaux et mesures de protection du milieu ambiant efficaces, opérant moins de coupes dans leur budget que celles opérées dans les pays d’Europe centrale ou méditerranéenne.

D ’autres pays, pauvres, continuent à bénéficier d’une augmentation d’espérance de vie, mais ceux-là avaient jusqu’ici une espérance de vie de quelques années – 5 à 6 - inférieure à la moyenne européenne ainsi en est-il de la Bulgarie, l’Estonie ou la Lettonie,

Ce constat simultané se produit dans des pays qui avaient jusque-là connu une permanente augmentation de cette espérance d’année en année. Les chiffres qui montrent ce point d’inflexion sont ceux de 2015, années où sera constaté une diminution d’espérance de vie, en Belgique, en France, en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Grande-Bretagne, en Autriche, en Suède et en Suisse ainsi que dans une dizaine d’autres pays.

 

La Grande-Bretagne, l’Administration Sanitaire alertée par ce phénomène constate déjà une aggravation de 12,4 % du nombres de décès pour les premiers mois de 2018, comparés aux chiffres moyens des 7 premières semaines de cinq années précédentes, ce qui représente une mort de plus toutes les 7 minutes.

L’Europe : tendance à la baisse de l’espérance de vie.

Or, en ce début d’années, le climat a été particulièrement doux, il n’y a pas eu d’épidémie de grippe ou autres maladies respiratoires, et le vieillissement n’est pas non plus cause de cette spectaculaire augmentation de mortalité.

Ce qui s’est produit, c’est un blocage du système sanitaire, des milliers d’opérations « non-urgentes » programmées dans des hôpitaux débordés ont été abandonnées, alors que des patients sans couverture sociale n’ont pas pu recevoir les soins dont ils avaient besoin. On a constaté également une augmentation significative de la mortalité de patients traités pour des maladies mentales. Alors que depuis 2011, on constate également une augmentation de la mortalité postnatale dans les familles pauvres. Depuis plusieurs années, le budget du secteur social augmente à un rythme toujours plus lent.

D’après les prévisions faites par l’Institut de Statistique Britannique pour 2018, le chiffre impressionnant de 1 millions de morts supplémentaires par rapport aux années précédentes est envisagé.

Je ne sais pas s’il existe des études similaires dans les autres pays concernés par cette baisse de d’espérance de vie. Ce qui m’interpelle, c’est pourquoi elle se produit simultanément dans tous ces pays. On peut constater dans le monde une baisse significative du taux de croissance’ démographique.

Ma pratique du terrain de la misère aggravée, à Bruxelles, fait que cette baisse d’espérance n’est pas une surprise. J’ai vu au cours des dernières années de plus en plus de personnes mourir de plus en plus jeunes ou se retrouver dans des conditions de santé déplorables. C’est ce que j’ai appelé les chroniques d’une autodestruction programmée (ou induite). Souvent aussi on me dit : « Ils nous tuent ». Ils ? Le système et ses agents. L’impuissance, l’incapacité souvent à cibler ce « Ils » autrement que comme une malveillance systémique et donc de pouvoir agir, contrer les coups parce qu’on sait d’où ils viennent conduit au désespoir.

Des personnes « se laissent aller » parce qu’elles n’ont plus l’espoir d’une bonne vie. Combien de témoignages aussi n’ai-je pas reçus concernant des dénis de soins, quand des gens de la rue se rendent dans un hôpital, parfois pour des problèmes aussi contagieux que la gale et qu’on leur oppose une fin de non-recevoir sur le mode : « Vous buvez Monsieur, vous n’avez à vous en prendre qu’à vous-même » et « Buiten ! » (dehors), les toxes non plus ne sont souvent pas bienvenus dans les hôpitaux, d’autres à qui la rue ou les conditions de vie déplorables ont donné mauvais caractère se voient prescrire des listes impressionnantes de médicaments destinés à museler leur conscience et régenter leur comportemant. Et d’une certaine manière, bien que « vivants », ils cessent d’exister à part entière.

Pourtant quand la « maladie mentale » prend la forme d’une épidémie, à Bruxelles, un misérable sur trois en serait affligé, c’est peut-être la société qu’il faut interroger, ainsi que la notion même de maladie mentale. Est—ce qu’avoir la rage parce qui vous arrive est injuste est une maladie mentale ou une déviation de comportement inacceptable dans la société de contrôle ? Est -ce que cesser de lutter parce qu’on a perdu sa famille, son logement, son boulot – ce qui est de plus en plus courant, l’un entraîne l’autre – est de la maladie mentale, alors qu’on se retrouve pris dans une sorte de spirale descendante et vicieuse, pas de chemin pour remonter la pente…

Je me suis souvent opposée à cette affirmation qui circule dans le monde associatif qui a la misère pour champ d’action : »Le, la, SDF serait par définition quelqu’un qui a perdu confiance en soi ». Cela arrive aussi, mais ce que je constate moi, c’est que beaucoup de ceux qui deviennent habitants de la rue, on surtout perdu confiance dans la société, dans les pouvoirs publics, la justice, les associations qui prétendent les aider, le système de santé qui les musèlent ou les rejettent… Bien sûr, il y a aussi des profiteurs du système, souvent pathétiques, victimes de leurs propres choix, j’en connais qui sont là , à faire la manche, leur bière à la main, en dégradation accélérée qui te disent « Il faut profiter du système »…  le droit à une « non vie » subsidiée par l’état, qui se transforme plus ou moins vite en une lente agonie. Je leur en veux mais souvent je connais leur histoire et je sais que même à 50 ans souvent celui qui s’exprime comme cela est encore cet enfant qui n’a pas eu sa chance. J’en connais des histoires. Et chacune d’elles m’amène à penser que un jour toutes ces destructions amèneront une baisse de l’espérance de vie dans mon pays.

Ou alors la cause serait l’arrivée de tous ces migrants, qui amènent de leur pays une espérance de vie de 60 ans, voir 50 ans, qui viennent bousiller nos belles statistiques de prospérité ?

Ajoutons que les gens intégrés non plus ne sont pas en trop bonne santé, la dégradation du milieu ambiant, des conditions de travail, de logement, le fait de ne plus pouvoir partir se ressourcer pendant les vacances, et une médecine inadaptée, une médecine qui soigne les symptômes singuliers d’un mal social… une médecine qui a plein de remèdes contre les comportements « déviants », peu importe si elle se transforme en fabrique de zombies, elle aide à supporter, elle ne soigne rien. Une médecine iatrogène, qui fabrique des maladies plus qu’elle n’en soigne ?

Et les coupes budgétaires aussi, mais pas que, je crois que la perte d’espérance de vie est liée à la perte d’espérance tout court, ne plus avoir l’espoir de pouvoir décider de son destin, l’impuissance face aux conséquences de la globalisation pour les plus fragiles, affectivement fragiles souvent, le « Pourquoi vivre quand l’avenir ne semble réserver que du pire » cela, en tout cas dans ce que j’ai pu observer, est une cause majeure de mort prématurée dans la population en général, chez les non-intégrables en particulier. Et de plus en plus, de plus en plus jeunes, vivent cela. On peut se dire cyniquement qu’ils n’auront pas à le vivre très longtemps. Et que l’espérance de vie continuera de baisser dans nos pays, comme ailleurs.

Mais je ne suis pas cynique, seulement impuissante à changer le cours des choses. Alors oui, c’est vrai il existe de bons réseaux de solidarités en Belgique comme dans d’autres pays, mais ils sont incapables actuellement de changer une donnée fondamentale du problème, un désespoir ambiant, un désespoir global, un désespoir qui tue.

Anne

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de Anne Wolff
  • : Comprendre la globalisation, apprendre à y résister
  • Contact

Profil

  • Anne Wolff
  • Amoureuse de la vie, d'une fleur, d'un papillon, d'un arbre, du sourire d'un enfant, je m'oppose à tout ce qui conduit à la destruction systématique de ce que la nature a créé, de la vie, de la beauté du monde, de la tendresse et de la dignité
  • Amoureuse de la vie, d'une fleur, d'un papillon, d'un arbre, du sourire d'un enfant, je m'oppose à tout ce qui conduit à la destruction systématique de ce que la nature a créé, de la vie, de la beauté du monde, de la tendresse et de la dignité

No Pub

Malgré les publicités imposées dans sa nouvelles versions qui apparaissent sur ce blog,celui-ci reste un acte gratuit.

Recherche

Nouvelles formes du fascisme

"Le vieux fascisme si actuel et puissant qu’il soit dans beaucoup de pays, n’est pas le nouveau problème actuel. On nous prépare d’autres fascismes. Tout un néo-fascisme s’installe par rapport auquel l’ancien fascisme fait figure de folklore […].

Au lieu d’être une politique et une économie de guerre, le néo-fascisme est une entente mondiale pour la sécurité, pour la gestion d’une « paix » non moins terrible, avec organisation concertée de toutes les petites peurs, de toutes les petites angoisses qui font de nous autant de microfascistes, chargés d’étouffer chaque chose, chaque visage, chaque parole un peu forte, dans sa rue, son quartier, sa salle de cinéma."

 

Gilles Deleuze, février 1977.

Toutes Dernières Archives