8 septembre 2010 3 08 /09 /septembre /2010 15:24

 

 

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Emma Goldman 
--> Emma Goldman, Anarchism and Other Essays (Anarchisme et autres essais) (3e édition revue et corrigée, New York : Mother Earth Publishing Association, 1917)

Évoquant la question de l’art en Amérique en relation au puritanisme, M. Gutzon Borglum a dit, « Depuis si longtemps, le puritanisme nous a rendus tellement égoïstes et hypocrites que nous avons carrément désappris la sincérité et la vénération pour le naturel de nos impulsion et qu’au final, notre art se trouve démuni de vérité et de personnalité ».

 

M. Borglum aurait pu ajouter que c’est la vie même que le puritanisme a rendue impossible. Plus que l’art, plus que l’esthétisme, la vie représente la beauté de mille façons; elle est l’immense panorama du changement éternel. Le puritanisme, en revanche, repose sur une vision fixe et immuable de la vie; il repose sur l’idée calviniste que l’existence est une malédiction imposée aux hommes par la colère de Dieu. Pour se racheter, les hommes doivent constamment faire pénitence, répudier tous leurs élans naturels et sains et rejeter la joie et la beauté.

 

 

C’est au cours des16e et 17e siècles que le règne de la terreur du puritanisme a connu son apogée, détruisant et écrasant tous les phénomènes artistiques et culturels. À cause de l’esprit puritain, Shelley s’est fait enlever ses enfants parce qu’il refusait de se plier aux principes religieux. Du fait de ce même esprit étroit, le grand génie Byron a dû quitter sa terre natale parce qu’il refusait d’accepter la monotonie, la lourdeur d’esprit et la médiocrité de son pays. Pour la même raison, certaines des femmes les plus libres de l’Angleterre telles que Mary Wollstonecraft et, plus tard, George Eliot, ont dû accepter de vivre dans le mensonge conventionnel du mariage. La toute dernière victime du puritanisme n’est autre qu’Oscar Wilde. Le puritanisme a en fait toujours été l’élément le plus pernicieux du monde de John Bull, agissant comme censeur de l’expression artistique de ses sujets et ne validant que la respectabilité ennuyeuse des classes moyennes.

 

 

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Boston, la ville de la culture, est entrée dans les annales du puritanisme sous l’appellation de « la ville sanglante ». Elle a même rivalisé avec Salem, de par les persécutions cruelles qu’on y infligeait à celles ou ceux dont les opinions religieuses étaient interdites. Sur le Common, un lieu désormais célèbre, une femme à moitié nue portant un bébé dans ses bras fut fouettée publiquement pour avoir commis le crime de s’exprimer librement; Mary Dyer, une autre femme quaker fut pendue au même endroit en 1659. Boston a en fait été le théâtre de plusieurs crimes puritains gratuits. Durant l’été 1692 à Salem, dix-huit personnes accusées de sorcellerie ont été assassinées. Et l’état du Massachusetts n’était pas le seul à se débarrasser du diable par les tourments de l’enfer. Canning l’avait très bien dit : « Les Pères pèlerins sont venus envahir le Nouveau Monde pour rétablir l’équilibre de l’Ancien. » Les horreurs de cette période n’ont jamais été aussi bien exprimées que dans l’œuvre classique américaine, La lettre écarlate.

"Boston Stump"

Le puritanisme n’emploie plus les poucettes et le fouet mais il garde pourtant une emprise des plus pernicieuses sur l’esprit et les sentiments du peuple américain. Le pouvoir de Comstock ne peut s’expliquer autrement. Tout comme les Torquemada d’avant la guerre de Sécession, Anthony Comstock est l’autocrate de la morale américaine et dicte les normes du bien et du mal et de la pureté et du vice. Tel un voleur dans la nuit, il s’immisce dans la vie privée des gens et dans leurs relations les plus intimes. Le système d’espionnage qu’il a mis en place fait honte à la tristement célèbre troisième section de la police secrète russe.

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Pourquoi les gens tolèrent-ils qu’un tel outrage soit commis à leurs libertés? Tout simplement parce que Comstock n’est autre que la manifestation la plus criarde du puritanisme qui a été cultivé dans le sang des Anglo-saxons et dont même les libéraux n’ont pas encore réussi à s’affranchir complètement. Le manque de clairvoyance et la lourdeur des vieilles sociétés de tempérance chrétienne des jeunes hommes et femmes, des ligues de la pureté, des syndicats du Sabbat américain et du parti de la prohibition avec, à leur tête, Saint Anthony Comstock, sont les creuseurs de tombe de l’art et de la culture américains.

L’Europe peut au moins se vanter de son art vigoureux et de sa littérature qui sondent en profondeur les problèmes sociaux et sexuels de notre époque et critiquent sévèrement nos moindres impostures.


On y dissèque toutes les carcasses puritaines avec une lame de chirurgien, libérant ainsi les hommes des poids morts du passé. Mais parce que le puritanisme contrôle sans arrêt toutes les facettes du mode de vie des américains, ceux-ci sont incapables de vérité et de sincérité. L’obscurité et la médiocrité seules dictent leur conduite, restreignent donc l’expression naturelle et étouffent les meilleures de leurs impulsions. Le puritanisme du 20e siècle est tout autant l’ennemi de la liberté et de la beauté qu’il l’était en arrivant sur le rocher de Plymouth. Il récuse, mais comme il ignore tout des véritables fonctions des émotions humaines, il engendre les vices les plus innommables.

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L’histoire entière de l’ascétisme le prouve. L’Église, tout comme le puritanisme, a combattu la chair comme un ennemi diabolique devant être contenu et caché à tout prix. Les conséquences de cette attitude vicieuse commencent à peine à être perçues par les penseurs modernes et les éducateurs. Ils se rendent compte que « [TRADUCTION] La nudité a une valeur hygiénique et une signification spirituelle, bien plus qu’elle n’apaise la curiosité naturelle des jeunes ou n’aide à la prévention de sensations morbides. Elle inspire les adultes qui se sont depuis longtemps débarrassés de leur curiosité de jeunesse. Le fait de voir les formes essentielles et éternelles, desquelles nous sommes les plus proches en ce monde, avec leur vigueur, leur beauté et leur grâce, est un des fortifiants les plus importants dans la vie. »i

 

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Mais l’esprit du purisme a tellement perverti l’âme humaine que celle-ci a perdu le pouvoir d’apprécier la beauté de la nudité en nous forçant à dissimuler les formes naturelles au nom de la chasteté. La chasteté n’est pourtant qu’une condition artificielle imposée sur la nature et exprimant une fausse honte des formes humaines. La conception moderne de la chasteté, notamment par rapport à la femme, sa victime préférée, n’est qu’une exagération sensuelle de nos pulsions naturelles. Puisque « la chasteté varie en fonction du nombre de vêtements portés », les chrétiens et les puristes se hâtent de couvrir pour toujours les « païens » de haillons pour les convertir à la bonté et à la chasteté.

 
   
 
Le puritanisme, avec sa vision perverse du sens du corps humain et de ses fonctions, notamment de celui de la femme, a condamné cette dernière au célibat, à l’élevage systématique de dégénérés ou à la prostitution. Il s’agit d’un crime contre l’humanité très grave quand on voit le résultat. Les femmes non mariées sont forcées de s’abstenir de tout rapport sexuel sous peine d’être considérées comme amorales ou déchues. Elles en deviennent neurasthéniques, impuissantes, déprimées et se plaignent de troubles nerveux dont une faiblesse au travail, une faible joie de vivre, des insomnies et des préoccupations ayant trait à des désirs et à des fantasmes sexuels.
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Le principe arbitraire et pernicieux de la continence absolue explique aussi sûrement l’inégalité psychologique des sexes. Ainsi, Freud pense que beaucoup de femmes sont intellectuellement inférieures parce qu’une politique de répression sexuelle les force à contenir leurs pensées. Supprimant ainsi les désirs sexuels naturels des femmes célibataires, le puritanisme, d’un autre côté, ne bénit pas seulement leurs sœurs mariées pour leur fécondité incontinente mais les force effectivement, après les avoir échaudées par la répression, à porter des enfants, sans se soucier de la faiblesse de leur condition physique ou de leur inaptitude économique à subvenir aux besoins d’une famille nombreuse. La prévention, même par des méthodes que la science a qualifiées de sûres, est complètement interdite; le fait d’aborder la question constitue un crime en soi.

 

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Dans cette tyrannie puritaine, la plupart des femmes se retrouvent vite à cours de ressources physiques. Malades et épuisées, elles sont bien incapables de fournir à leurs enfants les soins de base et sous la pression économique, nombreuses sont celles qui se voient contraintes de prendre des risques importants plutôt que de continuer à procréer. La pratique de l’avortement a pris de si vastes proportions en Amérique que c’en est à peine croyable. Des enquêtes récentes sur la question montrent que dix-sept avortements sont pratiqués pour cent grossesses. Ce chiffre alarmant ne fait état que des cas officiellement recensés par les médecins. Quand on sait l’ombre nécessaire qui plane sur cette pratique qui se caractérise, par conséquent, par l’incompétence et la négligence professionnelles, il est clair que le puritanisme fait des milliers de victimes au compte de sa stupidité et de son hypocrisie.

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Les prostituées ont beau être harcelées, emprisonnées et enchaînées, l’institution à laquelle elles appartiennent est la plus belle réussite du puritanisme, son enfant le plus choyé, même s’il fait l’objet de toute cette morale hypocrite. Les prostituées sont les Furies2de notre siècle qui balayent nos pays « civilisés » tels des ouragans, semant les maladies et le malheur. Pour seul remède contre les tourments occasionnés par son enfant mal conçu, le puritanisme renforce la répression et aggrave les persécutions de manière impitoyable. La plus récente de toutes les atrocités, c’est la loi Page qui met sur le dos de l’état de New York l’échec et le crime terribles de l’Europe en exigeant qu’il procède à l’enregistrement et à l’identification des pauvres victimes du puritanisme.

 

La même stupidité caractérise le purisme qui prétend mettre à mal le fléau horrible qu’il a lui-même engendré, à savoir, les maladies vénériennes. Il est encore plus démoralisant de constater que cet esprit d’une obtuse étroitesse a été jusqu’à empoisonner nos soi-disant libéraux et les a menés aveuglément à rejoindre la croisade contre la prostitution et ses effets – les produits même de l’hypocrisie puritaine. De manière volontairement aveugle, le puritanisme refuse de voir que le véritable moyen de prévention est celui qui consiste à dire clairement que « les maladies vénériennes ne sont ni une réalité mystérieuse ou atroce, ni la punition d’un péché de chair, ni une sorte de mal honteux portant la malédiction du purisme, mais une maladie ordinaire que l’on peut soigner et guérir. » Les manières obscures, déguisées et cachées du puritanisme ont favorisé la croissance et le développement de ces maladies. Sa bigoterie se démarque d’une façon encore plus forte à travers l’attitude insensible envers la grande découverte du professeur Ehrlich, puisque l’hypocrisie qui nous empêche de découvrir un remède contre la syphilis fait vaguement allusion à un remède contre « un certain poison ».

Beth Ditto

Si le puritanisme a une propension presque illimitée à faire le mal, c’est parce qu’il se retranche derrière l’État et la loi. En prétendant protéger le peuple contre « l’immoralité », il a contaminé le gouvernement, ralliant à son usurpation de la protection morale le censeur légal de nos opinions, de nos sentiments, et même de notre conduite.

L’art, la littérature, la comédie, la correspondance privée, nos goûts les plus intimes en fait, sont à la merci de ce tyran inépuisable. On a donné à Anthony Comstock ou à n’importe quel autre policier tout aussi ignorant, le pouvoir de profaner le génie, de souiller et de mutiler la plus sublime des œuvres de la nature – le corps humain. On dénonce les livres qui traitent des questions qui nous sont les plus essentielles et cherchent à faire la lumière sur des problèmes sur lesquels on a jeté une ombre dangereuse comme des offenses criminelles et leurs auteurs sans défenses sont jetés en prison ou poussés à la destruction ou à la mort.

 

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Même un tsar ne viole pas les libertés individuelles autant qu’en Amérique, le bastion des eunuques puritains. Ici, le seul jour de liberté qu’il reste au peuple, le dimanche, est devenu horrible et invivable. Tout auteur ayant écrit sur les coutumes primitives et les anciennes civilisations s’accorde à dire que le Sabbat était un jour de fête, sans soucis ni obligations, un jour de liesse et de réjouissances. Dans tous les pays d’Europe, cette tradition nous arrache à la monotonie et à la stupidité de l’ère chrétienne. Les salles de concert, les théâtres, les musées et les jardins sont fréquentés par des hommes, des femmes, des enfants, souvent des travailleurs et leurs familles pleines de vie et de joie qui oublient les règles ordinaires et les conventions de leur quotidien. C’est en ce jour-là que les gens expriment le sens véritable de la vie dans une société saine, où le but du travail n’est pas de faire de l’argent ou de détruire l’âme.

 

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Le puritanisme nous a aussi volé ce jour. Évidemment, cela retombe sur les travailleurs : les millionnaires ont leurs maisons luxueuses et leurs clubs sophistiqués. Les pauvres, eux, sont condamnés à la monotonie et à l’ennui du dimanche américain. Les activités sociales et le plaisir de la vie européenne à l’extérieur sont troqués ici pour la morbidité de l’église, les étouffantes arrière-salles infectées ou la rude atmosphère de celles des bars.

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Dans les états prohibitionnistes, les gens n’ont même pas de bars, à moins qu’ils ne dépensent le peu d’argent qu’ils gagnent pour acheter quelques litres d’alcool frelaté. Quant à la Prohibition, c’est une blague, comme chacun sait. Comme avec ses autres réussites, le puritanisme a également aggravé le « mal » chez l’homme. On n’a jamais rencontré autant d’ivrognes que dans les villes où sévit la Prohibition. Mais tant qu’on atténue la mauvaise haleine de l’hypocrisie avec des bonbons parfumés, le puritanisme triomphe. La Prohibition s’oppose soi-disant à l’alcool pour des raisons de santé et d’économie, mais par l’anormalité de son esprit, elle ne fait que créer des modes de vie anormaux.

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Ces stimulants sont nécessaires à notre imagination et à l’élévation de notre esprit tout autant que de l’air qu’on respire. Ils rendent notre corps plus vigoureux et élargissent notre vue de la camaraderie humaine. Sans ces moyens, sous quelque forme qu’ils soient, l’esprit de la gentillesse et de la générosité est avorté. Le fait que certains des plus grands génies ont trop souvent vu leur reflet au fond d’un verre n’excuse en rien que le puritanisme essaie d’entraver la gamme entière des émotions humaines.

 

Des gens comme Byron ou Poe ont remué l’humanité à un degré plus profond que ce que le puritanisme ne pourra jamais espérer atteindre. Tandis que ces poètes ont donné un sens et des couleurs à la vie, le puritanisme ne fait que changer le sang en eau, la beauté en laideur et la variété en uniformité et en déclin. Le puritanisme, peu importe comment il se manifeste, est un microbe empoisonné. Sa surface a beau paraître forte et vigoureuse, le poison s’infiltre sans arrêt jusqu’à ce que la matière soit perdue. Selon Hyppolyte Taine, tous les esprits véritablement libres se sont rendus compte que « le puritanisme tue la culture, la philosophie, l’humour et la camaraderie. Il se caractérise par l’ennui, la monotonie et la tristesse. »

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Emma Goldman

Note:
The Psychology of Sex, Havelock Ellis.

Bibliographie de la traductrice: GD Encyclopédie Larousse 1983

1 Chaise à laquelle on attachait les accusés avant de les plonger dans l’eau, NDT.

2 Furies. La traduction anglaise ne le rend pas, mais je pense qu’il s’agit d’une référence à la mythologie, NDT.

Texte traduit par klaptomèdre  de Winnipeg à partir d'un texte publié en anglais sur http://sunsite.berkeley.edu/Goldman/Writings/Anarchism/hypocrisy.html

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3 septembre 2010 5 03 /09 /septembre /2010 15:20

 

 transmis par Patrice E. Lumumba Olenga

Que vous inspire le texte ci-dessous ?

Afriqu'Info asbl / Mardi 20 janvier

 

 


Révérends Pères et chers Compatriotes,

La tâche qui nous est confiée à remplir est très bien délicate et demande beaucoup de tact. Vous allez certes pour évangéliser, mais votre évangélisation doit s'inspirer avant tous des intérêts de la Belgique.

Le but principal de notre mission au Congo n'est point d'apprendre aux nègres à connaître Dieu, car ils connaissent déjà ; Ils parlent et se soumettent à MUNGU, un NZAMBI, un NZAKOMBA et que sais-je encore. Ils savent que tuer, coucher avec la femme d'autrui, calomnier et injurier est mauvais.

Ayons le courage de l'avouer, vous n'irez donc pas leur apprendre à connaître ce qu'ils savent déjà. Votre rôle essentiel est de faciliter la tâche aux administrateurs et aux industriels. C'est donc dire que vous interpréterez l'évangile de façon qu'il sera à mieux protéger vos intérêts dans cette partie du monde.

Pour ce faire, vous veillerez entre autre à désintéresser nos sauvages des richesses dont regorgent leurs sous-sols pour éviter qu'ils s'y intéressent, qu'ils ne vous fassent pas une concurrence meurtrière et rêvent un jour à vous déloger.

Votre connaissance de l'évangile vous permettra facilement de trouver des textes recommandant aux fidèles d'aimer la pauvreté. Tel par exemple "Heureux les pauvres ,car le royaume des cieux est à eux et, c'est difficile aux riches d'entrer au ciel".

Vous devez les détacher et faire mépriser tout ce qui leur prouve le courage de nous affronter. Je fais ici allusion à leurs fétiches de guerre qu'ils prétendent point ne pas les abandonner et vous devez mettre tout en œuvre pour les faire disparaître.

Votre action doit se porter essentiellement sur les jeunes afin qu'ils ne se révoltent pas si le commandement du prêtre est contradictoire à celui des parents. Les enfants doivent apprendre à obéir ce que leur recommande le missionnaire qui est le père de leur âme. Insistez particulièrement sur la soumission et l'obéissance ; éviter de développer l'esprit dans les écoles : Apprendre aux élèves à écrire et non à raisonner.

Ce sont là, chers compatriotes, quelques uns des principes que vous appliquerez. Vous trouverez beaucoup d'autres dans les livres qui vous seront remis à la fin de cette conférence. Evangélisez les nègres pour qu'ils restent toujours soumis aux colonialistes blancs, qu'ils ne se révoltent jamais contre les contraintes à que ceux-ci leurs feront subir. Faites leur réciter chaque fois "heureux ceux qui pleurent car le royaume des cieux est à eux". Convertissez toujours les noirs au moyen de la chicote. Gardez leurs femmes pendant neuf mois à la soumission afin qu'elles travaillent gratuitement pour nous. Exigez ensuite qu'ils vous offrent en signe de reconnaissance des chèvres, poules, oeufs, chaque fois que vous visitez leurs villages. Et faites tout pour que le nègre ne devienne jamais riche. Chantez chaque jour qu'il est impossible aux riches d'entrer au ciel.

Faites leur payer une taxe chaque semaine à la messe de dimanche, utiliser cet argent prétendument destiné aux pauvres à transformer vos missions en des centres commerciaux florissants.

Instituez pour eux un système de confession qui fera de vous de bons détectives pour dénoncer tout noir qui a une prise de conscience contraire aux autorités investies de pouvoir de décision. Enseignez aux Nègres d'oublier leur héros afin qu'ils n'adorent que les nôtres. Ne présentez jamais une chaise à un Noir qui vient vous voir. Donnez-lui au plus une tige de cigarette. Ne l'invitez jamais au dîner même s'il vous donne une poule chaque fois que vous arrivez chez lui.

 


N.B Ce texte nous a été transmis par Mr. Moukouani-Bukoko, né en 1915. Il a obtenu ce texte par un heureux hasard en 1935. Mukwani-Bukoko infirmier à Kwamuth (Congo) Bolobo, achète une bible. Ce texte se trouvait dans cette bible. Le missionnaire l'avait oublié par mégarde.

Pièce à conviction : Archives du CRL/PL
transmis par Patrice E. Lumumba Olenga

Que vous inspire le texte ci-dessus ?

Copyright Afriqu'Info asbl

 

Source : Cameroun Online : Discours du Roi des Belges Léopold II aux missionnaires du Congo en 1883 transmis par Patrice E. Lumumba Olenga

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3 septembre 2010 5 03 /09 /septembre /2010 13:38

 

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Greenpeace condamne sans réserve l’assassinat d’un militant des droits de l’Homme en République démocratique du Congo

le 9 juin 2010

Le mercredi 2 juin 2010, le corps sans vie de Floribert Chebeya Bahizire, Président de l’ONG congolaise La Voix des Sans Voix (VSV), a été retrouvé. Greenpeace présente ses plus sincères condoléances à sa famille, ses amis et ses collègues.
Nous exprimons également notre profonde inquiétude quant à la disparition de Fidèle Bazana Edadi, le chauffeur qui accompagnait M. Chebeya.

 


Le porte parole des « sans voix »

Floribert Chebeya Bahizire était un porte-parole éminent de la société civile : il savait s’exprimer sans détour pour faire entendre « la voix des sans voix ». Son combat pacifique pour le respect des droits humains et sociaux du peuple Congolais était caractérisé par un courage exemplaire, tout comme les efforts qu’il a accomplis pour renforcer et protéger le cadre législatif congolais, notamment en dénonçant les injustices ayant cours dans ce pays.

 

Lire la suite : Greenpeace condamne sans réserve l’assassinat d’un militant des droits de l’Homme en République démocratique du Congo | Déforestation - L'actualité de Greenpeace France

Lire aussi : Indignation après l’assassinat de la « Voix des sans-voix » en RDC | Infosud - Tribune des Droits Humains | www.infosud.org

 

 

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Pour mémoire :

Qui a tué Lubumba ?

d'après le livre de Ludo de Witte
L'Assassinat de Lumumbau, Paris, Karthala, 1999

 

http://2.bp.blogspot.com/_aWoT96zLlQs/SPfVWM2wFeI/AAAAAAAAAMw/h4SGxejHrWU/s400/lumumba-idem.gif

 

" La nuit est froide, ce 17 janvier 1961, au Katanga... Dans la savane boisée, un endroit ouvert est illuminé par les phares des voitures de police. Un commissaire de police belge prend Lumumba par le bras et le mène jusque devant le grand arbre. L'ex-Premier ministre congolais marche avec difficulté : pendant des heures, il a été gravement maltraité. Un peloton d'exécution, fort de quatre hommes armés de stenguns-Vigneron et de fusils-FAL, se tient en attente, alors qu'une vingtaine de soldats, de policiers, d'officiers belges et de ministres katangais regardent en silence. Un capitaine belge donne l'ordre de tirer et une salve énorme fauche Lumumba. "

 

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Le gouvernement belge de Gaston Eyskens a-t-il été, début 1961, le commanditaire et le bourreau du Premier ministre d'un pays africain indépendant ? C'est ce qu'affirme sans détour le sociologue belge Ludo De Witte dans un livre très fouillé et bien documenté, L'Assassinat de Lumumba, publié en néerlandais en septembre 1999 et traduit en français en janvier 2000 aux Editions Karthala. Depuis sa parution, ce livre a suscité une importante controverse en Belgique où plusieurs personnalités directement impliquées dans ce crime vivent encore et demeurent influentes. La Belgique s'interroge désormais sur son passé trouble au Congo.

 

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L'histoire des quarante dernières années du Congo s'est jouée entre le 30 juin 1960 et le 17 janvier 1961. Les événements dramatiques qui ont marqué les sept premiers mois de l'indépendance du Congo belge ont déterminé toute son histoire de 1960 à nos jours. Comme l'indique l'historien Elikia M'Bokolo, " la mort de Lumumba a apporté trente-deux ans de mobutisme à l'ex-Zaïre ". Un système démocratique bien installé a été renversé, auquel on a substitué un pouvoir dictatorial et néocolonial, soutenu par l'ancienne puissance colonisatrice, la Belgique, et les pays occidentaux. Un mouvement sécessionniste (Katanga, Sud-Kasaï) appuyé par ces derniers avec la complicité des Nations unies a gravement affaibli le premier gouvernement du leader nationaliste Patrice Lumumba.


 

 

C'est le 30 juin 1960 que le Congo-Léopoldville devient indépendant. Des élections ont eu lieu pendant le mois de mai, et ont été remportées par le Mouvement nationaliste congolais (MNC) de Patrice Lumumba. Il forme son gouvernement, qui obtient le soutien de la Chambre et du Sénat congolais. Le poste, honorifique, de président du pays revient au chef du parti Abako, Joseph Kasa Vubu. Le moment fort de ces journées demeure le discours prononcé par Lumumba. " Ce fut un discours incendiaire, se souvient, quarante ans après, le sociologue camerounais Romuald Fonkoué. J'étais collégien à l'époque. Nous avions tous les oreilles collées aux récepteurs radios." Dans son allocution qui n'était pourtant pas prévue, le nouveau Premier ministre dénonce la période coloniale et son corollaire de brimades, d'injustices, de racisme, puis il rejette l'idée selon laquelle l'indépendance a été octroyée à son peuple. Il annonce aussi haut et fort son projet politique : " Nous allons veiller à ce que les terres de notre patrie profitent véritablement à ses enfants. Nous allons revoir les lois d'autrefois et en faire de nouvelles qui seront justes et nobles "

 

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Le gouvernement de Lumumba, qui commence aussitôt à appliquer à la lettre son programme nationaliste - notamment en africanisant son armée -, inquiète l'ancien colonisateur. Le 5 septembre 1960, le président Kasa Vubu, discrètement soutenu par la Belgique, démet le Premier ministre. Mais le Parlement soutient Lumumba. C'est le début d'un bras de fer. Le 14 septembre, profitant de ce conflit d'autorité, le colonel Mobutu, alors chef d'état-major, fait son premier coup d'Etat. Le Congo entre dans la période la plus trouble de son histoire.

 

 

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Camp de déplacés de Nyanzale, Nord-Kivu, RDC


Déjà, le 11 juillet, Moïse Tshombe a proclamé la sécession de la province la plus riche du pays, le Katanga, avec le soutien et la bénédiction de la Belgique, qui a envoyé des troupes au Congo. Lumumba fait appel aux Nations unies : le Conseil de sécurité décide d'envoyer des Casques bleus à la place des soldats belges. Mais l'Onu, dirigée par le Suédois Dag Hammarskjöld (" H ") se comporte comme un allié de l'ancien pays colonisateur. Commentant ces événements, De Witte écrit : " Bruxelles et les autres puissances occidentales opérant sous la couverture des Nations Unies voulaient à tout prix renverser le gouvernement nationaliste de Lumumba et installer un régime néocolonial, plaçant ainsi le pays à la merci des trusts et des holdings, qui, depuis des décennies déjà, le dominaient. " Lumumba, qui n'est pas dupe, décide de rompre avec Hammarskjöld à qui il écrit le 15 août : " Vous avez entièrement acquiescé aux exigences des Belges, formulées par la voix de M.Tshombe. Vu tout ce qui précède, le gouvernement et le peuple du Congo ont perdu leur confiance au secrétaire général des Nations unies. "

 

 

 


Le leader nationaliste devient l'homme à abattre. Le 26 août 1960, avant même que la Belgique ne songe à l'éliminer physiquement, la CIA met sur pied un plan visant à le tuer. Motif : il serait communiste et risquerait de devenir un second Fidel Castro. Puis, le 10 septembre, c'est au tour de Bruxelles de décider de " mettre Lumumba hors d'état de nuire ". Les mots sont de Pierre Wigny, ministre des Affaires étrangères du royaume. L'opération " Barracuda " est lancée. Et le 6 octobre, Harold d'Aspremont Lynden, ministre belge des Affaires africaines, exige " l'élimination définitive de Lumumba ".
Quatre jours plus tard, Lumumba est placé en résidence surveillée à Léopoldville. Le plan de la CIA et l'opération "Barracuda" des Belges sont alors annulés. Mais le 27 novembre et contrairement à toute attente, le dirigeant congolais parvient à s'enfuir et cherche à rejoindre ses fidèles à Stanleyville. Les soldats de Mobutu se lancent à sa poursuite. Dès lors, les jours du leader nationaliste sont comptés. Il lui reste à peine plus de cinquante jours à vivre. Sa fuite prend fin le 2 décembre. Et le 17 janvier 1961, il est assassiné au Katanga.

 

 


Quel rôle a joué la Belgique dans ces événements? De Witte accuse d'abord l'ONU de n'avoir pas empêché l'arrestation du dirigeant congolais, qui bénéficiait pourtant de l'immunité parlementaire. Ensuite, il accuse la Belgique d'avoir ordonné le transfert de Lumumba et de ses deux proches collaborateurs, Mpolo et Okito, vers le Katanga, ce qui signifiait leur arrêt de mort. Enfin, il dénonce la responsabilité de l'ancienne puissance coloniale, à travers les officiers belges, dans l'exécution du crime.

 

Des centaines de m


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quelques semaines après le meurtre de Lumumba, le ministre belge des Affaires étrangères nie toute implication de son pays. Si des Belges y ont pris part, - laisse-t-il entendre à la Chambre belge en février 1961, ils étaient sous les ordres des autorités congolaises et non de Bruxelles : " Ce n'est plus notre Congo, mais le Congo indépendant qui décide de son destin. Ces officiers [belges, ndlr] dépendaient, au point de vue du pouvoir hiérarchique, de l'autorité locale. " C'est ce que soutient Jacques Brassinne dans sa thèse de doctorat confidentielle présentée en 1991. D'après lui, " à aucun moment un officier ou sous-officier belge n'était intervenu dans la liquidation physique ".
De Witte s'oppose catégoriquement à cette version des faits. Selon lui, " la réalité est bien différente ". Il cite à cet effet une note confidentielle du major Weber, un des acteurs belges du drame, dans laquelle ce dernier dira quelques mois plus tard : " 1. Je suis officier. Il est évident que si le gouvernement me donne un ordre, je n'ai qu'à m'incliner. 2. J'ai toujours fait savoir que je me considérais ici comme défendant une " présence belge " en Afrique. "

 

http://yannrobichon.ifrance.com/yannrobichon/congo.belge.groupe.ecoliers.missionnaire



Le sociologue belge accuse : " Ce sont bien des conseils belges, des directives belges et finalement des mains belges qui ont tué Lumumba…Le gouvernement belge de Gaston Eyskens est directement responsable de l'assassinat du Premier ministre congolais. " Il ajoute que la Belgique a bénéficié du soutien ou de la complicité de l'ONU et des Etats-Unis. De Witte accuse par ailleurs les autorités de son pays d'avoir " étouffé " pendant près de quarante ans la vérité : " Une fois le gouvernement Lumumba éliminé, on a essayé d'arracher aux Africains l'histoire même de ce renversement…on a voulu empêcher que sa vie et son travail deviennent une source d'inspiration pour les peuples africains. "

 

"L'Histoire sanglante du Congo". Tableau réalisé par le peintre autrichien Werner Horvath. On reconnaît Laurent Kabila (gauche), Patrice Lumumba (centre) et Mobutu Sese Seko (droite). Document Virtual Museum of Political Art.


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Source : L'assassinat de Lumumba

 

A lire aussi : "J'ai découpé et dissous dans l'acide le corps de Lumumba"

 

 

Lumumba discours de l'indépendance

 

 

lumumba-parlant

 

Congolais et Congolaises,

Combattants de l’indépendance aujourd’hui victorieux,

Je vous salue au nom du gouvernement congolais.


A vous tous, mes amis, qui avez lutté sans relâche à nos côtés, je vous demande de faire de ce 30juin 1960 une date illustre que vous garderez ineffaçablement gravée dans vos cœurs, une date dont vous enseignerez avec fierté la signification à vos enfants, pour que ceux-ci à leur tour fassent connaître à leurs fils et leurs petits-fils l’histoire glorieuse de notre lutte pour la liberté.

 

Car cette indépendance du Congo, si elle est proclamée aujourd’hui dans l’entente avec la Belgique, pays ami avec qui nous traitons d’égal à égal, nul congolais digne de ce nom ne pourra jamais oublier cependant que c’est par la lutte  qu’elle a été conquise, une lutte de tous les jours, une lutte ardente et idéaliste, une lutte dans laquelle nous n’avons ménagé ni nos forces, ni nos privations, ni nos souffrances, ni notre sang.

 

A gauche, caricature du roi Léopold II de Belgique à qui on prête d'avoir appelé l'Afrique "le magnifique gâteau Africain". Au centre, enfant congolais à la main coupée, sentence sévère d'un menu larcin. A droite, des missionnaires britanniques en compagnie d'hommes tenant les mains coupées de Bolenge et Lingomo, victimes des milices de la "Belgian Indiarubber and Exploration Company" (ABIR) en 1904. Devant ces faits, entre 1895 et 1906 des Anglais jaloux de la colonie belge diffusèrent ces images et les récits de missionnaires protestans dans le Times (dont les journaux européens se feront l'écho tel que le journal allemand Kolnische Zeitung) afin de dénoncer le sadisme du régime du roi Léopold II au Congo. Documents HistoryWiz, Anti-Slavery International et ASI.



Cette lutte, qui fut de larmes, de feu et de sang, nous en sommes fiers jusqu’au plus profond de nous-mêmes, car ce fut une lutte noble et juste, une lutte indispensable pour mettre fin à l’humiliant esclavage qui nous était imposé par la force. Ce que fut notre sort en 80 ans de régime colonialiste, nos blessures sont trop fraîches et trop douloureuses encore pour que nous puissions les chasser de notre mémoire. Nous avons connu le travail harassant, exigé en échange de salaires qui ne nous permettaient ni de manger, ni de nous vêtir ou de nous loger décemment, ni d’élever nos enfants comme des êtres chers.


Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions nègres. Qui oubliera qu’à un noir on disait « tu », non certes comme à un ami, mais parce que le « vous » honorable était réservé aux seuls Blancs ?

 

Une soldate de l'armée régulière congolaise à Mushake, dans l'est du Congo (Alissa Everett/Reuters)


Nous avons connu que nos terres furent spoliées au nom de textes prétendument légaux qui ne faisaient que reconnaître le droit du plus fort. Nous avons connu que la loi n’était jamais la même selon qu’il s’agissait d’un Blanc ou d’un Noir : accommodante pour les uns, cruelle et inhumaine pour les autres. Nous avons connu les souffrances atroces des relégués pour opinions politiques ou croyances religieuses ; exilés dans leur propre patrie, leur sort était vraiment pire que la mort elle-même.

Nous avons connu qu’il y avait dans les villes des maisons magnifiques pour les blancs et des paillottes croulantes pour les Noirs, qu’n Noir n’était admis ni dans les cinémas, ni dans les restaurants, ni dans les magasins dits européens ; qu’un Noir voyageait à même la coque des péniches, aux pieds du blanc dans sa cabine de luxe.

Qui oubliera enfin les fusillades où périrent tant de nos frères, les cachots où furent brutalement jetés ceux qui ne voulaient plus se soumettre au régime d’une justice d’oppression et d’exploitation ?

 

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Tout cela, mes frères, nous en avons profondément souffert. Mais tout cela aussi, nous que le vote de vos représentants élus a agréé pour diriger notre cher pays, nous qui avons souffert dans notre corps et dans notre cœur de l’oppression colonialiste, nous vous le disons tout haut, tout cela est désormais fini. La République du Congo a té proclamée et notre pays est maintenant entre les mains de ses propres enfants. Ensemble, mes frères, mes sœurs, nous allons commencer une nouvelle lutte, une lutte sublime qui va mener notre pays à la paix, à la prospérité et à la grandeur. Nous allons établir ensemble la justice sociale et assurer que chacun reçoive la juste rémunération de son travail. Nous allons montrer au monde ce que peut faire l’homme noir quand il travaille dans la liberté et nous allons faire du Congo le centre de rayonnement de l’Afrique toute entière. Nous allons veiller à ce que les terres de notre patrie profitent véritablement à ses enfants. Nous allons revoir toutes les lois d’autrefois et en faire de nouvelles qui seront justes et nobles.

 

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Nous allons mettre fin à l’oppression de la pensée libre et faire en sorte que tous les citoyens jouissent pleinement des libertés fondamentales prévues dans la Déclaration des droits de l’Homme.

Nous allons supprimer efficacement toute discrimination quelle qu’elle soit et donner à chacun la juste place que lui vaudront sa dignité humaine, son travail et son dévouement au pays. Nous allons faire régner nos pas la paix des fusils et des baïonnettes, mais la paix des cœurs et des bonnes volontés.

 

http://www.lavdc.net/portail/wp-content/uploads/2010/03/Enfant-soldat.jpg

 

 

Et pour cela, chers compatriotes, soyez sûrs que nous pourrons compter non seulement sur nos forces énormes et nos richesses immenses,  mais sur l’assistance de nombreux pays étrangers dont nous accepterons la collaboration chaque fois qu’elle sera loyale et ne cherchera pas à nous imposer une politique quelle qu’elle soit. Dans ce domaine, la Belgique qui, comprenant enfin le sens de l’histoire, n’a pas essayé de s’opposer à notre indépendance, est prête à nous accorder son aide et son amitié, et un traité vient d’être signé dans ce sens entre nos deux pays égaux et indépendants. Cette coopération, j’en suis sûr, sera profitable aux deux pays. De notre côté, tout en restant vigilants, nous saurons respecter les engagements librement consentis .

 

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Ainsi, tant à  l’intérieur qu’à l’extérieur, le Congo nouveau, notre chère République, que mon gouvernement va créer, sera un pays riche, libre et prospère. Mais pour que nous arrivions sans retard à ce but, vous tous, législateurs et citoyens congolais, je vous demande de m’aider de toutes vos forces. Je vous demande à tous d’oublier les querelles tribales qui nous épuisent et risquent de nous faire mépriser à l’étranger.

 

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Je demande à la minorité parlementaire d’aider mo n gouvernement par une opposition constructive et de rester strictement dans les voies légales et démocratiques. Je vous demande à tous de ne reculer devant aucun sacrifice pour assurer la réussite de notre grandiose entreprise. Je vous demande enfin de respecter inconditionnellement la vie et les biens de vos concitoyens et des étrangers établis dans notre pays. Si la conduite de ces étrangers laisse à désirer, notre justice sera prompte à les expulser du territoire de la République ; si par contre leur conduite est bonne, il faut les laisser en paix, car eux aussi travaillent à la prospérité de notre pays. L’indépendance du Congo marque un pas décisif vers la libération de tout le continent africain.

 




Voilà, Sire, Excellences, Mesdames, Messieurs, mes chers compatriotes, mes frères de race, mes frères de lutte, ce que j’ai voulu vous dire au nom du gouvernement en ce jour magnifique de notre indépendance complète et souveraine. Notre gouvernement fort, national, populaire, sera le salut de ce pays.

J’invite tous les citoyens congolais, hommes, femmes et enfants, à se mettre résolument au travail en vue de créer une économie nationale prospère qui consacrera notre indépendance économique.


Hommage aux combattants de la liberté nationale !

Vive l’indépendance et l’Unité africaine !

Vive le Congo indépendant et souverain !

 

 

A lire sur : Afrocentricité » Discours de Lumumba, le 30 juin 1960

 

 

 

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