15 avril 2013 1 15 /04 /avril /2013 11:45

 

 

 

Maduro 50,66%  Capriles 49,07%


Il serait dangereux de se voiler la face, la faible victoire de Maduro face à Capriles, à peine plus d'un point d’écart, quelques 200 OOO voix, crée les conditions propices à la déstabilisation du pays préméditée par la droite internationale qui se réunissait au cours des derniers jours dans l’état de Rosario en Argentine à l’appel de la fondation « Libertad ». Le Venezuela étant un des thèmes privilégié de cette réunion. On y retrouve les dirigeants du fascisme international de Aznar à Uribe. Uno America, organisation qui regroupe l’extrême droite latino-américaine, dont de nombreux militaires ayant soutenus ou participer aux dictatures dans la région et le PP espagnol, qui a à présent vocation de former un parti transnational en Amérique Latine sont des participants majeurs de cette réunion, des députés de l’opposition vénézuélienne y ont également participé..

Pour beaucoup d’entre nous, la déception est grande. Si peu de temps après la mort de Chavez qui fait encore couler bien des larmes, le scrutin est une défaite. Seul un raz-de-marée en faveur de Maduro aurait permis la poursuite de la révolution bolivarienne sans compromis. Actuellement les deux partis accusent d’ailleurs l’autre de refuser le pacte de compromis qu’il aurait proposé à l’autre partie.

Capriles ainsi qu’il l’avait annoncé refuse de reconnaître les résultats officiels des élections et demande un recompte des votes qui prolonge d’autant l’angoisse qui habitent ceux pour qui la poursuite de la révolution est la garantie de pouvoir conserver leur dignité.

Cette nuit, une série d’attaques cybernétiques - menée depuis l’extérieur - contre les comptes tweeters de Maduro, du parti socialiste et d’une ministre par un groupe de hackers - qui a été désavoué par Anonymous Venezuela – a entraîné une coupure temporaire d’internet. Des coups de feu ont été tirés contre des journalistes du média populaire Catia TV, « Ne regarde pas la télé, fais-là » un de ces nombreux médias populaires mis en place au cours des dernières années. D’autres ont blessé un journaliste de BarrioTV qui est à l’hôpital mais à présent hors de danger. El Pais et autres journaux espagnols à la solde du PP poursuivent leurs campagnes de désinformation avec le but très clair de contribuer à la déstabilisation du pays. Un des scénario envisagé étant celui de créer les conditions de chaos qui permettrait à l’opposition de faire appel à une intervention « humanitaire » extérieure. Le cauchemar de Chavez qui redoutait par-dessus tout de voir le peuple de son pays confronté à ces guerres nucléaires à l’uranium appauvri, qui ne disent pas leur nom mais produisent les effets terribles de destruction lentes que subissent déjà les pays victimes des précédentes opérations « humanitaires », Kosovo, Afghanistan, Irak, Lybie et qui menace à présent également le peuple syrien et affecte aussi de nombreux vétérans de l’armée US qui eux aussi mettent au monde ces petits êtres mutés en conséquence de l’exposition aux radiations. Horreur et inhumanité comme produit de cette haine de l’humain que professe les racistes de la White Supremacy.

Avant de repartir à Cuba pur une nouvelle opération, Chavez avait mené une autocritique incitant les membres du gouvernement à faire de même : il n’y avait pas de réelle avancée de l’état communal et cela traduisait le manque de volonté effective de la part des mandataires, il avait alors confié à Maduro la mission de mener à bien la réalisation de la commune bolivarienne « comme il lui aurait confié sa propre vie ». Or le seul échec électoral de Chavez fut celui du référendum pour une modification de la constitution qui aurait instauré cet état communal, suivit d’une victoire pour celui qui lui avait permis de briguer un nouveau mandat. La mise en place de l’état communal et l’avancée vers la Souveraineté Alimentaire étant les points clé de cette nouvelle phase de la révolution.

Je ne suis pas et de très loin une spécialiste du Venezuela, les questions que je pose sont celle d’une observatrice « avertie ? ». Des questions, pas des théories. Je me demande aujourd’hui dans quelle mesure, la partie de l’électorat espéré, qui n’a pas soutenu Maduro, serait celle qui a bénéficié passivement de la révolution et qui faisait confiance à Chavez pour continuer à prendre « les choses en main », mais qui ne se sent pas trop prête à devenir co-auteure d’une révolution communale qui impliquera une participation accrue ? Ce qui impliquerait que les électeurs de Maduro sont en grande partie cette composante active du peuple qui participe à la réalisation effective de la révolution ? Si cela était vrai, et je l’espère, l’espoir résiderait alors dans la large victoire chaviste (malgré une faible participation) aux élections régionales qui a permis que sur 23 gouverneurs, 2O soient des membres du parti de la révolution. L’alliance des mandataires régionaux et d’un peuple déterminé permettrait alors de créer la base communale nécessaire pour renforcer les acquis de la révolution. Et, résister à une autre menace dramatique, l’introduction des OGM et la reconnaissance des droits intellectuels sur le vivant qui ne sévissaient pas au Venezuela, qui en étroite collaboration avec la via Campesina et le Mouvement des Sans Terre un programme de développent et de perfectionnement de l’agriculture traditionnelle qui implique la préservation des semences locales et la mise en place d’une agriculture urbaine. Ceux qui sont convaincu des dangers que représentent les OGM pour la santé et la diversité des espèces, mais aussi du rôle que joue les droits intellectuels dans l’expulsion de la petite paysannerie en faveur de grands groupes transnationaux comme Monsanto (dont certains actionnaires comme Bill Gates sont des eugénistes actifs) qui s’approprie ainsi la mainmise sur la chaîne alimentaire menaçant les peuples de famines et à terme de disparition.

Si j’ai quelque chose à déplorer dans cette inconscience actuelle d’une partie de la population planétaire, c’est son inconscience du caractère nucléaire des guerres de l’OTAN et le caractère primordial du retour à la Souveraineté Alimentaire, deux points clés pour Chavez qui démontraient sa faculté de vision à long terme et que Maduro n’a pas réussi à mettre en avant pendant sa campagne. Mais Maduro n’est ni un paysan, ni un militaire ce qu’était Chavez.

 

S’il ne fait aucun doute que les tentatives de déstabilisation vont s’intensifier et se multiplier à travers tout le pays et que la faible victoire électorale de Maduro ne lui laisse qu’une très faible marge de manœuvre, la question est de savoir sous quelle forme afin de pouvoir anticiper. Il est clair que parmi les agents actifs de cette déstabilisation se retrouvent des groupes d’extrême-droite intérieurs et extérieurs au pays et qui bénéficient des formations et d’un large soutien, y compris financier, de Washington via Miami. Le journal d’extrême-droite ABC qui avait fortement contribué à créer la matrice d’opinion qui a débouché sur la destitution du président Lugo au Paraguay, annonce que Capriles s’est réuni, cette nuit en réunion privée,  avec les chefs de la hiérarchie – cupula –militaire du Venezuela. On ignore ce qui s’est dit au cours de cette réunion.  

C’est donc un sentiment d’incertitude quant à la suite des évènements qui prédomine actuellement.

Anne Wolff

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commentaires

J
<br /> Eh bien... ça n'est pas gagné. Espérons que le peuple vénézuelien se rappellera de ce qu'était l'avant chavez...<br />
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A
<br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> Je me suis fait exactement la même réflexion.  Beaucoup de jeunes ont voté pour Capriles. Et en lisant la brève d’ABC, je me suis rappelé comment les<br /> USA s’étaient appuyés sur l’ancienne bourgeoisie nostalgique d’un avant Allende comme l’est aujourd’hui celle du Venezuela d’un avant Chavez, pour fomenter le coup d’état du 11 septembre au Chili<br /> évinçant cette bourgeoisie nationale, une fois le putsch abouti, au profit d’une dictature militaire. Un passage intéressant aussi d’un article concernant le Mexique et qui montre comment la<br /> recolonisation actuelle évince la bourgeoisie nationale traditionnelle au profit des transnationales et de ceux qui localement les servent.<br /> <br /> <br /> <br /> Et autre chose aussi qui me semble important, c’est la prépondérance du « mythe de l’Occident » et qui est amplement véhiculé par les médias dominants. A lire de nombreux commentaires<br /> émanant de de jeunes opposants à la gauche à travers le continent, je me rends compte qu’ils n’ont absolument aucune conscience des réalités de la crise que nous affrontons ici. L’histoire de<br /> l’Amérique Latine est aussi fortement marquée par la vague de nazis qui y ont afflué à l’issue de la guerre et qui ont été des acteurs majeurs des opérations de terrorisme sous égide des USA<br /> comme le plan Condor. Leurs enfants ont été élevés dans le mépris du peuple en général, des indigènes, afro-descendants et métis en particulier. Pour certains de voir leur pays dirigé par ceux<br /> qu’ils considèrent comme leurs inférieurs débouchent sur une réelle crise d’identité, et souvent aussi sur la haine et le désir de vengeance. Des émotions facilement manipulables pour qui veut<br /> semer le chaos.<br /> <br /> <br /> <br /> Ce phénomène, je ne cesse de le constater ici sur le terrain et ailleurs à travers des récits ou des lectures : faites croire aux plus démunis de confiance en soi que vous les considérez<br /> comme une élite, donnez-leur des boucs émissaires que vous qualifiez de rebuts et vous aurez des SA, des délateurs et éventuellement les bourreaux qui vont permettront d’installer votre pouvoir.<br /> Avec la disparition de ceux qui ont éprouvé l’horreur, les « Plus jamais cela » de cris se font murmures étouffés par les chœurs des nouvelles armées de la Peste Brune.<br /> <br /> <br /> <br /> Je pense que c’est parce que j’ai été affectée émotionnellement dans l’enfance par les récits de certains qui avaient traversé l’enfer des camps nazis que j’entre en empathie avec ceux qui<br /> affrontent et subissent les bourreaux de l’Amérique Latine, ceux d’hier comme ceux d’aujourd’hui, alors que pour d’autres cette souffrance ne fait pas sens. Tous les jours la liste des victimes<br /> s’allonge. Et je n’ai connaissance chaque jour que de quelques-uns de ces crimes. Qui me hantent d’autant plus qu’ils se déroulent dans l’indifférence complice des populations européennes. Le<br /> contraste est flagrant entre les situations des pays aux gouvernements rebelles, quelles que soient les critiques que l’on puisse formuler par ailleurs, et ceux sous domination transnationale<br /> comme le Mexique, la Colombie, le Honduras… où les dissidents, dont des dizaines de milliers de paysans expulsés de leur terre vivent dans le danger permanent de se faire assassiner alors que<br /> leurs enfants meurent de faim comme dans le Bas Aguan au Honduras. Au Brésil ce sont 3 militants du Mouvements des Sans Terre qui ont été assassinés la semaine dernière par les sicaires des<br /> latifundistes, 5 militants paysans au Guatemala,… une liste interminable qui ne cesse jour après jour de s’allonger. La domination transnationale fait régner la terreur.<br /> <br /> <br /> <br /> Maintenant, malgré sa faible victoire, Maduro élu avec plus de 50% des voix alors que le taux de participation est élevé, est néanmoins représentatif d’une grande partie de la population et de la<br /> partie la plus dynamique et politiquement consciente et active. Celle qui est prête à donner d’elle-même pour poursuivre la révolution. Il reste à espérer que les fabricants de haine et marchands<br /> de mort qui veulent mettre la main  sur le pays ne lui fasse pas payer cher cette détermination à défendre sa liberté et sa dignité. Le peuple du<br /> Venezuela n’est qu’une petite partie de ce grand mouvement de libération qui traverse le continent. Mais chacune de ces parties si petite soit-elle mérite notre respect car chacune d’elle<br /> contribue à la grande lutte planétaire contre la globalisation méga-capitaliste et la dictature mondiale qu’elle voudrait imposer aux Peuples de la Terre.<br /> <br /> <br /> <br /> Quand le danger est grand, il est raisonnable d’avoir Peur. Après il faut canaliser cette peur pour en faire une source d’énergie accrue, sans se laisser dominer par elle. Le peuple bolivarien a<br /> prouvé qu’il en était capable. Voici que l’histoire le met face à un nouveau défi.<br /> <br /> <br /> <br />

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