29 décembre 2012 6 29 /12 /décembre /2012 14:09

 

 

Qui sommes nous ?
Colombia Tierra Herida est un blog collectif, alimenté par les contributions écrites, photographiques, sonores ou vidéo de francophones vivant en Colombie ou ayant noué de fortes attaches avec ce pays et y séjournant fréquemment. Journalistes, chercheurs en sciences humaines, ou militants d'associations de défense des droits de l'homme, ils y développent leurs points de vue respectifs sur la Colombie, tachant de faire découvrir certaines facettes méconnues de ce pays qui suscite autant d'enchantements que d'horreur chez celui qui en parcourt les routes. 
Si les thèmes sociaux et politiques sont privilégiés, car primordiaux à la compréhension du conflit intérieur qui ensanglante la Colombie depuis plus de 60 ans, ce blog publiera également des articles plus culturels ou environnementaux, des sujets documentaires ou touristiques, voire des brèves anecdotiques issues de la vie quotidienne et des photos insolites.

Dommage, le site vient de fermer, mais reste à explorer par ceux qui voudraient connaître un peu mieux ces peuples de Colombie en lutte pour la refondation du monde. Du bon journalisme comme on voudrait plus.

Et quelques photos, suivie d'un beau cadeau, en tout cas moi je le reçois comme cela :

Cérémonie d'offrandes pour les Droits de la Mère Nature

Bogotá, le 25 mars 2011. Des milliers de personnes se sont rassemblées sur la Place Bolivar pour participer à une cérémonie d'offrande
aux éléments de la Mère Nature. Photo : D. Fellous/Libre arbitre.

 

 

 

Assassinat d'Edwin Legarda, le mari d'Aida Quilcue
Bogotá, le 20 novembre 2008. Aida Quilcue, Consejera Mayor (Conseillère Majeure) du CRIC, fait un discours à l'Université Nationale
pour l'arrivée dans la capitale de la Minga Indigena, la Marche Indigène. Photo : D. Fellous/Libre arbitre

 

 

Lézard de la table, gastronomie de campagne
Chicoral, 13 novembre 2008. Marchand de bunuelos. Photo : D. Fellous/Libre arbitre

 

 

Et un merci aux auteurs pour ceci :

La Minga Indigena Social y Comunautaria en route pour Bogotá
Chicoral, le 13 novembre 2008. La Minga Indigena, la marche indigène, plusieurs milliers de familles en route vers la capitale, Bogotá,
pour protester contre la multiplication des assassinats impunis de leaders indiens par les paramilitaires et réclamer les terres
ancestrales reconnues par des accords avec le gouvernement et jamais redistribuées. Photo : D. Fellous/Libre arbitre

Le 12 octobre dernier, pour le 516e anniversaire de la conquête espagnole (ou de l'invasion, comme l'appelle les peuples autochtones), des milliers d'indiens se sont réunis à La Maria Piendamo, dans le Cauca et ont bloqué le trafic routier sur la Panaméricaine, le principal axe routier du pays. 
Chicoral, le 13 novembre 2008. Lucho, le coordinateur nationale de la Garde Indigène, donnant des instructions pour la sécurité
du campement au soir d'une étape de la Minga Indigena. Photo : D. Fellous/Libre arbitre

Pendant près de deux semaines, protestant contre la multiplication des assassinats impunis de leaders indigènes (plus de 1200 morts en 6 ans !), armés de pierres et des bâtons de la garde indigène du CRIC (le Conseil Régional des Indigènes du Cauca), ils ont tenus les barrages contre les assauts de la police anti-émeute, appuyée par des unités de l'armée qui n'ont pas hésité à ouvrir le feu lors des affrontements, causant la mort de trois indiens. 
Chicoral, le 13 novembre 2008. La garde Indigène.
Photo : D. Fellous/Libre arbitre
Niant les faits jusqu'à ce qu'une vidéo diffusée sur CNN l'oblige à admettre l'usage d'armes de guerre contre les manifestants, le président Alvaro Uribe avait d'abord affirmé que les victimes avaient été tuées par la guérilla tirant depuis les montagnes, sans craindre d'ailleurs de se contredire puisqu'il n'a pas cessé de prétendre que des éléments des FARC infiltraient les indiens. Et qu'il a peut-être tenté de le démontrer par une petite manipulation déjouée au dernier moment par les gardes du CRIC, qui ont intercepté un jeune indien, membre de l'armée en civil, tentant de se glisser dans le campement avec un sac contenant des uniformes et des grenades, sans doute pour les y cacher et pouvoir les "découvrir" plus tard... 

Chicoral, le 13 novembre 2008. Réunion de la la Garde Indigène, composée d'hommes et de femmes de tous âges, des enfants
aux personnes âgées, équipées d'un simple bâton, au soir d'une étape de la Minga Indigena. Photo : D. Fellous/Libre arbitre

Finalement obligés de se replier face à la brutalité de la répression, environ 30.000 indiens descendent de toutes les communautés de la région et se rendent à pied à Cali, pour y rencontrer le Président Alvaro Uribe. Le 2 novembre, cette rencontre tourne à la farce et après avoir attendu plusieurs heures sous un pont un président qui se faisait délibérément attendre, les indiens ont levé le camp quand il est finalement apparu, répondant à son retard par la bravade. Suite à cet échec, les organisations indigènes avaient annoncé le lendemain que puisque leur parole n'avait pas été entendue, ils allaient la faire cheminer (caminar la palabra) à travers tout le pays, et que des milliers de familles allaient la porter jusqu'à Bogotá. (Lire le communiqué de l'ONIC, Organisation Nationale des Indigènes de Colombie, en espagnol).

Chicoral, le 13 novembre 2008. La Minga Indigena arrive en ville, en provenance d'Ibague. Photo : D. Fellous/Libre arbitre

Chicoral, le 13 novembre 2008. La Minga Indigena.
Photo : D. Fellous/Libre arbitre
 Dix jours plus tard, c'est en voie d'être fait, et plus de 20.000 indiens ont formé depuis quelques jours une immense caravane qui est partie de Cali en direction de la capitale. C'est la Minga Indigena Social y Comunautaria, la Minga Indigène Sociale et Communautaire. Traditionnellement, une minga, en quechua, est un travail collectif effectué bénévolement, pour la communauté, ou simplement pour un voisin, qui fournira simplement gîte et couvert à ses compagnon en échange de leur aide, et qui participera à son tour aux travaux de ceux-ci quand il en auront besoin.Ici, on a mobilisé des milliers de familles pour participer à ce "travail communautaire", porter la parole et les revendications des peuples autochtones jusqu'aux centres de décisions du pays pour obliger le gouvernement à l'entendre et améliorer ainsi la condition de tous. Du moins c'est l'objectif.

Convoi hétéroclite de camions, voitures et chivas (des bus/camions multicolores, larges et bas, contenant plus d'une centaine de passagers, sur une dizaine de rangées d'étroits bancs et sur le toit, caractéristiques de la zone andine, et particulièrement du Cauca), la Minga vient d'arriver à Chicoral, dans le Tolima, après un face à face tendu devant Ibagué, la capitale régionale, avec la police qui lui refusait la traversée de la ville. Ici-même, hier, des voitures de la mairie ont sillonné les rues de la ville avec des haut-parleurs pour avertir la population de l'arrivée de la Minga et l'inciter à rester cloitrée chez elle, en raisons de supposés risques de saccage et de pillage.


Chicoral, le 13 novembre 2008. La police guide les mingeros jusqu'à un terrain bordant une décharge. Photo : D. Fellous/Libre arbitre

D'abord dirigés par les autorités locales et les policiers qui encadrent la caravane vers un terrain insalubre pour y installer le campement, les participants à la Minga protestaient et la situation était assez tendue, lorsqu'un des dirigeants indigènes et un commandant de la police de la route, visiblement décidés à apaiser les esprits qui s'échauffaient, se sont lancés le défi mutuel de sauter dans la rivière qui passait en contrebas. Et tous de parier sur qui toucherait l'eau le premier...

Chicoral, le 13 novembre 2008. Les participants de la Minga se plaignent auprès d'un officier de police contre le lieu
qui leur est proposé pour camper. Photo : D. Fellous/Libre arbitre

Après cette diversion, des militants locaux arrivaient à point nommé avec une solution de rechange et la Minga s'ébranlait de nouveau jusqu'à un vaste pré en jachère aux abords de la ville, plus apte à héberger les milliers de mingueros fatigués par une longue journée de route.

Chicoral, le 13 novembre 2008. Photo : D. Fellous/Libre arbitre

Là, enfin, autour des chivas, les campements peuvent s'étaler. La garde indigène prend place tout autour du périmètre et contrôle l'accès des habitants de Chicoral, venus en sympathisants ou en curieux, pour éviter toute provocation. Des bâches accolées aux véhicules forment de vastes tentes, mais certains ont apporté des abris individuels.

Chicoral, le 13 novembre 2008. La Minga Indigena fait étape. Photo : D. Fellous/Libre arbitre

Partout de petites cuisines s'installent, on décharge du bois des camions, des foyers s'allument, une sono sur le toit d'un camion crache du Vallenato à plein régime et déjà un bal s'improvise, pendant que des nuées d'enfants se détendent les jambes en courant découvrir les limites de leur terrain de jeux d'un jour. Et en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire, c'est toute une ville qui s'est dressée dans ce champ.

Chicoral, le 13 novembre 2008. La Minga Indigena fait étape. Photo : D. Fellous/Libre arbitre

Prévoir en quelques jours la logistique nécessaire à transporter, nourrir et abriter 20.000 personnes sur plusieurs semaines de voyage, qui osera dire que les indigènes ne sont pas organisés ?

Chicoral, le 13 novembre 2008. La Minga Indigena fait étape. Photo : D. Fellous/Libre arbitre

 

 

 

 

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commentaires

D
Merci. Damien Fellous/Colombia Tierra Herida.
Répondre
A
Les Européens en particuliers les francophones ont énormément à apprendre de l'Amérique Latine. J'ai mesuré la méconnaissance qu'ils en avaient en 2009 lors du coup d'état au Honduras (pays en voie de Colombisation) qui s'est déroulé dans la quasi parfaite indifférence de l'opinion publique européenne. En ce qui me concerne je remercie chacune de ces personnes qui luttent sur d'autres continents aussi pour mon bien-être et ma liberté. Le cas de la Colombie est exemplaire, il faut un sacré courage pour prendre le risque même de prendre position dans ce pays. J'ai vu des copains colombiens des années après leur arrivée en Belgique continuer à surveiller leurs arrières quasi en permanence". Tout ce qui permettra aux francophones de comprendre un peu mieux cette réalité et de sortir du cocon toujours plus étroit d'une indifférence coupable (envers eux-mêmes tout d'abord) est une contribution à surmonter l'impossibilité d'édifier un monde plus équitable et heureux. Je pense que ce que nous faisons, vous avec votre site, moi avec mes traductions est complémentaire. Je suis donc un relais dans un partage de connaissances utiles.

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