17 février 2013 7 17 /02 /février /2013 12:33

 

 

Certains jours je savoure mon bonheur. Avoir un toit, ne pas avoir froid, manger à ma faim, avoir juste ce qu’il faut de travail qui a du cœur pour permettre cela et me laisser du Temps Libre.

Certains jours je savoure mon bonheur et je me paye une grande pinte de rire. Le bonheur est dans le pré. Huit mètre carré de bonheur et miss Bichette qui rouspète et réclame à manger à grand « Mêêê, mêêê, mêêê ». L’autre jour alors que je la rembarre, v’là-t-y pas qu’elle se retourne et… me tire la langue !

C’est mignon chez moi, joli, accueillant, chaleureux, petit nid pour passer l’hiver, pas bien grand-chose, juste ce qu’il faut. Quelques petits objets charmants, rien de « valeur », que de la récup. Un petit monde reconstruit après un nième « tout perdu ». Et je savoure ce bonheur.

Et quelques fois je pleure. Tant de gens malheureux, perdus, sans espoir, sans avenir. Et tant de gens hargneux pour leur jeter la pierre. J’observe les changements qui se produisent en ville, sur la place. Il y a seulement quelques années nous étions un petit groupe de joyeux convives, un noyau d’amitié auquel venait se greffer les passants attirés par les rires et la bonne humeur qui régnaient entre nous.

Les beaux jours, les instruments de musiques sortaient et la place résonnait de rythmes et de chansons reprises en chœur. Des groupes se déplaçaient au bord des étangs où le monde venait à notre rencontre. Les échanges étaient riches.

Aujourd’hui c’est un vent de sinistrose qui souffle sur la place. En quelques années tout a changé. Un évènement marque un tournant. Nous sommes près du monument à deviser joyeusement quand un cri retentit à quelques mètres.

Un gamin vient de se faire poignarder, pour rien, pour avoir refusé une clope à un quémandeur. Le couteau c’est enfoncé profond, mais nous apprendrons après, que « Ouf, le gamin va s’en sortir ». Un de mes amis lui a tenu la main en attendant les secours, un autre est parti à la poursuite de l’agresseur. Plus tard, il me dira ; « Heureusement que je ne cours plus comme à 20 ans parce que en face d’un couteau, qu’est-ce que j’aurais pu faire ? »

Peu à peu les situations des uns et des autres se sont dégradées. Et aussi l’ambiance générale. Quelque chose se passe que je ne comprends pas très bien. Oui dans les grandes lignes et ces petits évènements qui en confirme le sens. Crise du logement… un perd son appartement et n’en retrouvera pas, puis un autre… et ainsi de suite. Les baroudeurs s’en sortent mieux, c’est un nouveau voyage qui commence, étrange nomadisme de ceux qui vivent « à gauche et à droite » terme consacré par les institutions !

Moi, je m’en fiche, je ne veux pas d’un appartement. Une cabane, une caravane, une yourte, un tipi,  une tente fabriquée selon mes moyens mes besoins, peu importe, petit, joli. Si quelque chose me manque aujourd’hui, c’est bien ce sentier qui commence au fond du jardin et s’enfonce dans les bois, dans la forêt. Je découvrirai peu à peu tous les interdits mis aujourd’hui à ces manières de vivre, marginale. TINA, cela veut dire aussi : « Nous effacerons les marges pour inventer l’exclusion ».

Au début du blog, je partais à la recherche de cet endroit, petit bout de planète à jardiner, convivialement, en bons amis, en bons voisins. J’ai petit à petit découvert un monde en perdition toujours plus jalonné de panneaux »Sens interdit » qu’il s’agisse des sentiers à présent clôturés des bois ou nous courrions gamins, que ce soit les chemins de la pensée, toujours plus balisés et les menaces de punitions qui grandissent : criminalisation.

Ainsi, les lois changent. Il y a longtemps que j’ai perçu ce phénomène, pendant les trois premiers quart du siècle passé, on assiste à une conquête de droits inouïes, dans l’histoire humaine, c’est ce que nous pensions, nous les Européens, culs-dans-le-beurre, qui nous laissions bercer de mythes, nous allions vers le meilleur des monde possible, pas celui de Huxley, non, ou alors celui qu’il décrit dans « Ile » ce livre méconnu. Le narrateur est envoyé par des sociétés pétrolières pour voir comment ils pourraient s’emparer des ressources pétrolières de cette ile sur laquelle les habitants d’une grande sagesse vivent dans le bonheur. Charger de les pervertir, peu à peu il se laisse séduire par leur sagesse et leur sérénité. La conclusion est triste – et fort prémonitoire. Le narrateur qui voudrait protéger ce petit monde sait qu’il ne peut rien et que ces maîtres eux feront fi de cette richesse humaine pour s’emparer du pétrole par n’importe quel moyen…

Un grand mythe que celui de la création de richesses. De quelles richesse est-il question et à quel prix ? J’étais riche de quelques amis de bonne compagnie, riches de nos partages dans cet espace public ouvert. Riche de ce que ce que nous dégagions comme bonne humeur favorisait des rencontres riches d’échanges. Riches de ces jours de pluie ou nous nous réfugions chez les uns ou les autres, pour un  repas commun. En fin de mois nous réunissions qui sa dernière courgette, qui ses trois carottes pour inventer des recettes de joie. Et il restait bien quelques sous au fond des poches pour une bouteille de vin.

Ce sont ces richesses-là, nos richesses, les seules qui comptent vraiment qu’ils détruisent à tour de bras. La dernière fois que je suis allée en ville, je suis revenue bouleversée. Que s’est-il donc passé ?

Un autre évènement, un soir d’été, un petit cercle de musiciens jouent sur la Place en sourdine. 22heures pile, les flics débarquent contrôle d’identité, faut arrêter, faut dégager, les voisins sont déranger… Un peu plus tard, c’est le foot, un bistrot à mis un grand écran en terrasse, des dizaines de personnes se pressent et souvent hurlent à qui mieux, mieux, cela se prolongera, tard dans la nuit, jusqu’à une heure, deux heures du matin ?  Toute la soirée, j’étais là, pas l’ombre d’un flic pour demander seulement de réduire d’un ton ce tapage nocturne. Il y a pourtant une brigade spécialisée en la matière dans la commune. Et en matière d’ivresse sur la voie publique, il y avait de quoi faire aussi… les flics ne se montrent pas toujours aussi tolérants, loin de là.

Alors c’est quoi ces deux poids et deux mesures. Comment le montrer mieux ce qui est permis, ce qui est interdit. Ce soir-là, un peu de marge a été effacée, la place appartient aux beuglants conformes, pas aux doux musiciens et ceux qui les apprécient. Le supporter du foot est socialement conforme, le musicien qui s’exprime gratuitement hors des espaces privés est un déviant… sens interdit.

J’ai raconté ce moment parce que la simultanéité des deux évènements mettait bien en relief la frontière, la limite du comportement socialement admis et de celui qui ne l’est plus.

Quand j’ai quitté ma vallée de montagne, la « fondation sans but lucratif «  (sic) d’une banque était en train de se l’approprier pour y développer du tourisme écologique. Depuis de fil en aiguille, j’ai petit à petit appris que ce genre de projet était un parmi des dizaines de milliers d’autres qui dans ce grand accaparement du monde, qui se produit à présent, se justifie de l’écologie pour confisquer l’espace public ou expulser les habitants légitimes pour faire place aux bobos touristes sans avoir à subir le désagrément d’avoir à rencontrer les locaux de cette écologie aseptisée.

Je suis revenue en ville. Bruxelles… c’était une autre ville que celle que j’avais quitté, Bruxelles ma Belle est morte, les Froidecoeur et Crèvecoeur (authentiques noms des sociétés de destruction qui ont mis à bas notre mémoire) l’ont enterrée dans les décombres. Ce que les bombes avaient épargné dans leur œuvre de destruction massive à la solde des promoteurs immobiliers, préparation du terrain à la colonisation culturelle, les bulldozers l’ont achevé.

Mais j’en étais en 1975, par-là, nous étions de cette gauche d’union des peuples de la Terre pour construire ensemble un monde d’équité. Un projet pour les peuples de la Terre, ensemble. Une hypothèse que je teste en ce moment, cette gauche-là en quelques années a été plus ou moins annihilée comme mouvement. Ceux qui sont restés fidèles à ces valeurs profondes, qui voudraient, par exemple qu’on ne lutte pas contre les délocalisations en concluant des accords avec les patrons, mais en allant à la rencontre des ouvriers et ouvrières exploités des autres continents pour les aider à conquérir leur droit. Refuser à la base le principe de mise en concurrence des travailleurs pas les patrons et lutter pour que cela ne puisse être en soutenant les luttes des plus exploités… voilà ce qu’est pour moi un combat de gauche. Comme celui que mène les ouvrières des maquilas d’Amérique Centrale.

Accepter le principe de compétitivité des entreprises, dans le but d’obtenir des emplois, c’est accepter le principe de la mise en concurrence des travailleurs par les capitalistes. Une concurrence dans le sens où ceux qui abdiqueront le plus de leurs droits auront peut-être quelque chance de survivre grâce à ce qui est une réelle mise en esclavage, alors que les autres crèveront sur l’autel de la dépopulation. Il n’y aura pas d’emplois, mais la course à la renonciation à des droits acquis dans le combat et dans le sang qui nous conduit tout droit à la criminalisation de tout mouvement de lutte pour la reconquête.

Voilà pourquoi je ne suis pas du parti des travailleurs qui se sont ralliés aux différents pactes sociaux qui n’ont jamais posé le problème dans sa dimension internationale. Mais nous savons qu’une grande partie de la gauche n’a jamais remis en question le principe de la colonisation, d’ailleurs institué dans la Charte des Droit de l’Homme par l’appellation « Peuples sous tutelle ».

L’hypothèse donc, c’est que au moment où la gauche jaune a fait le choix du social libéralisme, alors que la gauche plus radicale implosait et se perdaient en querelles stériles impulsées et entretenues par les semeurs de zizanies aux ordres, une partie d’entre nous ne s’est plus reconnue dans aucun de ces courants et c’est atomisée. Fidèle à ces valeurs, mais ne leur trouvons plus de champ d’application que dans des contextes locaux, dans les meilleurs des cas, vivant un douloureux isolement et l’impuissance pour d’autres. Beaucoup de ces expériences locales solidaires et innovatrices qui participent de cette refondation du monde sont issues de cette gauche atomisée qui resurgit dans l’expérience de la communalité en acte.

D’avoir un monde à construire, un monde à défendre, de ne  pas y renoncer est une force et une richesse.

Et comme je n’ai plus le temps de poursuivre ce billet, je conclurai provisoirement : aux yeux de certains de mes amis, je suis Dona Quichotta sin Mancha…. Je suis triste pour eux parce que je vois bien qu’ils subissent leur sort et ne pensent même plus qu’ils pourraient en surmonter les obstacles. Il a déjà longtemps, j’ai fait ce choix « Peut-être que je mène un combat qui sera perdu à l’échelle collective, mais quoiqu’il en soit le fait de l’avoir mené, aura rendu ma vie personnelle riche et intéressante, alors que de de pas le faire l’aurait privée de sens ». Dans tous les cas, je sors gagnante. Il ne reste plus maintenant qu’à remporter ce grand combat collectif. Mais comment en finir avec le désespoirs des uns, et les querelles des autres ?

Anne

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commentaires

S
<br /> Merci, Anne, de ta réponse.  C'est étrange car ce matin je me suis surprise à penser que la prise de conscience collective actuelle prenait l'allure d'une épidémie justement. <br /> Tu me confirmes ma pensée, là.  Et l'épidémie se propage rapidement.  Cela me fait penser à la théorie du 100e singe.  Lorsque la masse critique sera atteinte, il y aura tout un<br /> basculement.  Quand je dis "heureusement" c'est dans le sens que plus nombreux on sera et plus la masse critique a des chances d'être atteinte rapidement.  Il y a tellement de gens<br /> écoeurés de voir les aberrations concernant la corruption, les inégalités et injustices de toute sorte qu'inévitablement un jour, peut-être pas si loin, les choses devront changer.  Que<br /> fait-on après s'être réveillés ?  On se lève debout.  On n'est toutefois pas obligés de tout casser.  S'il suffisait juste de dire: "on arrête tout".  On reste sagement et<br /> pacifiquement chez soi sans faire de mal à personne.  Malheureusement, l'esclave apeuré que nous sommes va continuer à se lever et à se mettre à genoux et ce, jour après jour, après<br /> jour.  De plus, il y a l'argent.  On en est devenu tellement dépendant qu'on en est l'esclave justement.  C'est sûr qu'il se passera quelque chose un jour.  La<br /> question est de savoir quand et quoi.  <br />
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A
<br /> <br /> J'aimerais bien<br /> partager ce bel optimisme. Mais ce sont des forces antagonistes qui se lèvent à présent. C'est une longue histoire que celle de la servitude, et qui entraîne toujours beaucoup de frustration, de<br /> haine, de ressentiment, de désir de revanche, voire de sadisme et de cruauté.<br /> <br /> <br /> J'apprends beaucoup de<br /> ce qui s'est passé en Allemagne dans les années 30 quand Hitler devient l'incarnation des aspirations d'un peuple qui accepte les boucs émissaires que lui désigne les nazis alors que la misère de<br /> l'Allemagne est le résultat d'une dette e guerre odieuse imposée par les "Alliés" à l'issue de la première guerre mondiale.<br /> <br /> <br /> J'apprends beaucoup de<br /> ce qui se passe en Grèce où le peuple est de plus en plus divisés entre ceux qui cherchent à pratiquer une solidarité qui s'adressent à tous et ceux qui les agressent de même qu'ils lynchent les<br /> victimes du même système venue d'ailleurs.<br /> <br /> <br /> J'apprends beaucoup de<br /> ce que j'observe autour de moi, en Belgique, cette montée d'agressivité là ou existait il y a pas si longtemps une bonne convivialité.<br /> <br /> <br /> Je me suis pris<br /> quelques solides claques au cours des dernières années. Et là j'ai du chemin à faire pour traduire ce qui sont à présent des émotions, des images de la situation... Surtout quand je me trouve<br /> devant ces gens de plus en plus nombreux qui mettent la responsabilité de nos difficultés sur le dos "des chômeurs et des étrangers". Je constate à quel point c'est d'une guerre qu'il s'agit et<br /> de points de départ éthiques résolument inconciliables.<br /> <br /> <br /> Et donc si nous allons<br /> clairement vers un point de bifurcation, le passage irréversible d'un seuil qui détermine un avant et un après qualitativement différents, nous avons plusieurs candidats rivaux à devenir cette<br /> masse critique qui fera sens. L'internationale fasciste est un des candidats et représente une puissance internationale qu'il est dangereux minimiser.<br /> <br /> <br /> Plus qu'à l'optimisme,<br /> l'heure est au doute, à la vigilance, à la lucidité et il nous faudra réapprendre cette abnégation dont d’autres peuples nous montrent des exemples, celle par laquelle des groupes mènent des<br /> combats collectifs, sachant que chacun peut tomber sous les coups de la répression. Le don de soi pour la survie du collectif, une des plus belles qualités humaine, cette faculté de se sacrifier<br /> pour sauver ceux que l’on aime.<br /> <br /> <br /> Et cela me fait<br /> toujours aussi mal chaque fois que j’apprends que d’autres paysans en lutte ont été tués dans le Bas Aguan, d’autres journalistes dans l’état de Juarez, d’autres syndicalistes en Colombie, parce<br /> que chaque fois tombe une de ces personnes capables de ce sommet d’humanité, donner sa vie pour ceux qu’on aime. Nous sommes bien ramollis…<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> Malheureusement (ou heureusement, je ne sais pas) tu n'es pas la seule à avoir la larme à l'âme après cette prise de conscience.  Peut-être qu'un jour y aura-t-il suffisamment de "surfeurs"<br /> à prendre conscience et qu'il suffira d'une goutte pour faire déborder le vase.  Ce jour-là, le basculement sera grandiose et j'ai très hâte<br />
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A
<br /> <br /> <br /> Heureusement (dans notre malheur) sans aucun doute. Je crois au pouvoir de la sensibilité, je crois à la douleur comme le signe que quelque chose ne va pas et qu’il nous faut donc le<br /> changer.<br /> <br /> <br /> <br /> Et je pense et je vois, que ce monde d’antidouleurs systématiques absorbés au moindre signe de souffrance morale ou physique est une catastrophe. Démotivation généralisée… même plus le temps de<br /> se poser la question… « Ouille, ouille, ouille… je en me sens pas trop bien là… où est le problème et qu’est-ce que je peux faire pour le résoudre »<br /> <br /> <br /> <br /> Quand la réponse est « j’ai mal au monde », et qu’il s’agit d’une épidémie, la recherche de solution ne peut être que collective.<br /> <br /> <br /> <br /> La propagation de la conscience est un phénomène étrange. Les idées innovantes pour se répandre ont leur propre chemin de résonnance. Ainsi des chercheurs ont maintes fois mis en évidence<br /> l’apparition synchrone d’innovations dans certaines espèces (humaine comprise) au sein de groupe qui n’ont aucun contact les uns avec les autres. Nous sommes aussi chacun un phénomène<br /> ondulatoire. Ce n’est pas du mysticisme, ce sont les fondements de la physique de la matière, la dualité onde particule.<br /> <br /> <br /> <br /> Et aujourd’hui oui, ce courant de refondation est puissant et prend enfin conscience de soi comme phénomène collectif transplanétaire. Mais le grand problème : nous sommes des pacifistes<br /> face à des belliqueux d’une cruauté qui dépasse tout ce qui a pu exister par le passé… l’usage de l’uranium appauvri est un des signes de l’horreur en acte. Que faire face à des gens qui n’ont<br /> aucun scrupule à massacrer ceux qu’ils considèrent comme des obstacles quand soi on aspire a vivre simplement en bonne convivialité, en bon voisin de chacun et de tous.<br /> <br /> <br /> <br /> En tout cas merci pour ce message… un petit peu de courage pour la route et j’en ai bien besoin.<br /> <br /> <br /> <br /> Anne<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> Bonjour Anne,<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Très beau texte si touchant!<br /> <br /> <br /> Et dans lequel je me reconnais et que j'aimerais teinter d'une couleur d'espoir, celui en lequel tu as très bien perçu l'écho : la lutte des peuples indigènes, ceux de l'Amérique centrale que tu<br /> aimes tant (Honduras entre autre) et pour qui la lutte n'est pas un vain mot.<br /> <br /> <br /> Eux savent pourquoi ils se battent, ils ont encore les connaissances de la terre mère nourricière pour avoir envie de s'y accrocher coûte que coûte.<br /> <br /> <br /> Les occidentaux, tes concitoyens pour la plupart non !<br /> <br /> <br /> Seuls quelques êtres à la conscience vagabonde, errante et généreuse comme nous comprennent leur message et il faut alors comprendre que nous, peu importe où l'on se trouve sur cette terre, nid<br /> douillet comme ta caravane qui par ailleurs me semble bien accueillante ou pavillon de location comme le mien, qui résonne des bruits d'une famille qui vit et de ses animaux, peu importe, nos<br /> messages et ceux que l'on fait passer des luttes sont hors du temps, hors du lieu, ils volent comme l'aigle de l'un à l'autre éparpillant des étincelles que seuls les initiés récupèrent. Et ainsi<br /> va le monde avec nos luttes qui se disséminent mais si fortement et avec tant d'espoir en l'être humain qu'un jour ou l'autre elles vaincront ( et nous ne serons pas là pour le voir hélas)<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Bises et merci pour ton travail, ne perds pas courage surtout<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> caro<br />
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A
<br /> <br /> <br /> Merci pour ces belles paroles Caro.<br /> <br /> <br /> <br /> « La conscience vagabonde, errante et généreuse » est bien intemporelle. J’ai déjà dit que si je pouvais remonter le temps, j’écrirais l’histoire de la tendresse à travers les temps.<br /> « Il faut beaucoup d’amour pour faire une révolution » on dit les zapatistes, et l’amour est une clé pour comprendre cette révolution que vit le continent sud, Abya Yala. C’était<br /> puissant, au moment où Chavez ne pouvait être là pour entrer en fonction, un immense courant d’amour à traverser la planète. Je peux comme beaucoup <br /> de Vénézuéliens être critique pour le « trop de personnalisation » dans la théorisation – sa publicité - de la révolution bolivarienne sur la scène internationale, cela n’empêche que<br /> quand on regarde dans les faits, c’est l’ouverture d’espace de liberté conquis sur l’oligarchie, qui permet au peuple d’expérimenter et de faire exister la révolution.<br /> <br /> <br /> <br /> Je revois ces gamins des « Maras » (bandes de voyous) qui ont traversé le Honduras à pied, pieds nus quand leur chaussures sont mortes, marchant de nuit pour échapper aux militaires, se<br /> cachant dans la montagne pour aller rejoindre Zelaya a la frontière avec le Nicaragua… parce qu’il est le premier à nous avoir donner un peu d’espoir d’avoir un autre destin, disaient-ils.<br /> <br /> <br /> <br /> Qu’est-ce donc être initié ? Moi qui n’ai suivi ni maître, ni gourou mais qui parfois entends la voix des arbres qui me parlent et me conseillent, ermite et vagabonde, anachronique en<br /> quelque sorte… je ne sais. La conscience éveillée, cela oui, alors que je vois autour de moi tant de consciences endormies ou anesthésiées. Je suis toujours perturbée quand je suis face à des<br /> personnes dont je sens qu’elles ne sont plus pleinement – ou plus du tout,  présentes.<br /> <br /> <br /> <br /> Ma caravane est en stand by, j’en occupe une autre qu’une amie me prête, mais tant qu’à faire, autant se faire un petit nid confortable. Dans notre société de gaspillage, c’est réalisable à peu<br /> de frais. Je ne crois pas au mérite, trop de gens m’ont raconté leur histoire, j’ai lu tant de récits venu des quatre coins de la planète, je sais que l’injustice et les inégalités de chances<br /> sont la loi du monde actuel et que, pour pouvoir un jour, parler d’égalité il faudra mettre en pratique beaucoup d’équité.  Je trouve donc que j’ai de<br /> la chance, d’avoir reçu ce don de transformer mes campements de fortune pour les rendre chaleureux.<br /> <br /> <br /> <br /> L’individualisme a tuer notre civilisation, je reviendrai sur cette différence que fait Hannah Arendt entre l’individu et la personne. Individu, ce en quoi nous sommes tous semblable, plus petit<br /> dénominateur commun, l’individu est lié a qu’elle est ta fonction. La personne se détermine à travers une histoire singulière qui la rend toujours plus unique, irréductible à aucune autre, à<br /> aucune fonction préétablie. Le capitalisme a besoin d’individus qu’il met en rivalité les uns avec les autres. Un monde d’espoir a besoin de personnes qui partagent et qui ensemble par leur<br /> complémentarité créent des tout qui sont plus que la somme des parties.<br /> <br /> <br /> <br /> Et dans un monde en guerre, tel que le nôtre l’abnégation est importante. Ce risque qu’acceptent de courir dans de nombreux pays d’Amérique Latine (et du monde), ceux qui s’engagent dans la<br /> refondation, sachant que certains vont mourir assassinés, torturés, vont être emprisonnés et que cela peut arriver à chacun de ceux qui s’est engagé, et donc à soi, et certainement aux amis,<br /> aux  amies… C’est ce don de soi au risque de sa vie pour le bien de la communauté dont nous avons perdu le sens (et le courage).<br /> <br /> <br /> <br /> Et c’est pour cela que nous sommes-là, non ? Pour maintenir vivant le fil d’espoir qui guide l’humanité depuis toujours, flambeau qui se transmet et qui quand on le croit éteint renaît de<br /> ses cendres, toujours, jusqu’ici…<br /> <br /> <br /> <br /> Bisous Caro et tout de bon.<br /> <br /> <br /> <br />

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  • Anne Wolff
  • Amoureuse de la vie, d'une fleur, d'un papillon, d'un arbre, du sourire d'un enfant, je m'oppose à tout ce qui conduit à la destruction systématique de ce que la nature a créé, de la vie, de la beauté du monde, de la tendresse et de la dignité
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Nouvelles formes du fascisme

"Le vieux fascisme si actuel et puissant qu’il soit dans beaucoup de pays, n’est pas le nouveau problème actuel. On nous prépare d’autres fascismes. Tout un néo-fascisme s’installe par rapport auquel l’ancien fascisme fait figure de folklore […].

Au lieu d’être une politique et une économie de guerre, le néo-fascisme est une entente mondiale pour la sécurité, pour la gestion d’une « paix » non moins terrible, avec organisation concertée de toutes les petites peurs, de toutes les petites angoisses qui font de nous autant de microfascistes, chargés d’étouffer chaque chose, chaque visage, chaque parole un peu forte, dans sa rue, son quartier, sa salle de cinéma."

 

Gilles Deleuze, février 1977.

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