21 janvier 2013 1 21 /01 /janvier /2013 20:09

 

 

Deux textes qui montrent comment se créent les matrices d’opinion dans l’enseignement.

 

 

 

Un texte de Claude Guillon de 2010 tout à fait à l'heure de RIO :


Education nationale et propagande :

« DÉVELOPPEMENT DURABLE »

 

Je ne prétends pas révéler ici à mes lecteurs que l’Éducation nationale, en tant qu’institution, a pour rôle social d’inculquer des « valeurs » aux futurs citoyens. Cependant, même en toute connaissance de cause, il demeure fascinant d’observer en temps réel une campagne idéologique en train de s’élaborer dans les bureaux d’un ministère, avec ici l’ambition affichée de rayer certains mots du vocabulaire, ou au moins de les discréditer au profit d’autres jugés plus convenables. À qui ou à quoi doivent servir ces grandes manœuvres, voilà ce qui se lit fort clairement, entre les lignes de l’abondante production pédagogique des stratèges de l’Éducation. Nous y reviendrons en temps utile.

À l’intention des distrait(e)s auquel(le)s aurait échappé l’engouement pédago-ministériel pour le dit « développement durable », rappelons que le premier « plan triennal de généralisation de l’éducation à l’environnement pour un développement durable » a été lancé en 2004. Eh ! oui, six ans déjà, à l’heure où j’écris ces lignes, que les programmes scolaires, notamment ceux de sciences de la vie et de la Terre et d’histoire-géographie, puis de mathématiques, de sciences physique et de chimie l’intègrent explicitement. Un nouveau plan triennal, couvrant la période 2007-2010, a été lancé. Il concerne « l’éducation au développement durable ».


Saurez-vous, petits amis, repérer le mot qui a disparu du programme entre 2004 et 2007 ? Je vous laisse quelques secondes... Bravo ! C’est le mot « environnement ». Ne croyez pas qu’il s’agisse d’un hasard et encore moins d’un oubli. Il en sera question plus loin.

En 2007, le Bulletin officiel de l’Éducation nationale (n° 14, 5 avril) publie une circulaire du 29 mars de la même année. Le ministère estime que « Grâce au socle commun de connaissances et de compétences, le développement durable est désormais solidement ancré dans la base des savoirs fondamentaux ». Le socle en question inclut la connaissance de « l’impact sur l’environnement de nos activités techniques, [...] une attitude de responsabilité face à l’environnement, au monde vivant, à la santé » ; il présente le DD comme « un moyen de comprendre l’unité et la complexité du monde ». Comme dit Jean-Pierre Marielle dans Les Galettes de Pont-Aven, en présentant à la marchande de parapluies sa nouvelle collection : C’est appréciable.

L’EDD « doit former à une démarche scientifique et prospective, permettant à chaque citoyen d’opérer ses choix et ses engagements en les appuyant sur une réflexion lucide et éclairée. [...] Les sujets liés à l’environnement sont souvent surmédiatisés. L’Éducation nationale doit donc prendre toute sa place et apporter des explications s’appuyant sur des connaissances scientifiques avérées. »

On reconnaît ici, pour peu que l’on ait l’âge voulu, le discours type de réassurance scientiste pro-nucléaire. Ainsi le comité de scientifiques institué à la suite de l’accident survenu à la centrale nucléaire de Three Mile Island (États-unis) affirme-t-il en 1979 qu’une explosion de type nucléaire est hors de question dans une centrale et ajoute : « Il faut surtout éviter les informations contradictoires qui font douter globalement de leur validité » (Voir « Le réel et la fission », in De la Révolution). Comme la presse est par ailleurs bien utile pour distraire le gogo en lui assénant quotidiennement des informations infiniment diversifiées et contradictoires dans le détail, le plus sûr est d’instiller dans les jeunes cervelles des connaissances scientifiques avérées. Comme par exemple : les OGM ne présentent aucun danger, il ne s’est rien produit à Tchernobyl, etc.

L’inconvénient des plans triennaux est qu’ils ne durent que trois ans, ce qui en fait de « durabilitée » a un côté petit bras. Le ministère des Affaires étrangères et européennes lance donc, en 2008 et en partenariat avec celui de l’Éducnat, une « campagne sur les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) ». Ce qui vous a tout de suite une autre gueule !

Les huits objectifs du millénaire sont la « sensibilisation des jeunes au développement et à la solidarité internationale ; réduire l’extrême pauvreté et la faim [on s’occupera de la pauvreté dès le millénaire suivant] ; assurer l’éducation primaire pour tous ; promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes ; réduire la mortalité des enfants ; améliorer la santé maternelle ; combattre le VIH/Sida, le paludisme et d’autres maladies ; assurer un nevironement durable ; mettre en place un partenariat mondial pour le développement. »

Ouf !

La « campagne de sensibilisation » menée par le ministère des Affaires étranges s’intitule, je cite scrupuleusement : « 8 fois oui ».

Bon. Que penser d’un concept qui inclut à la fois de partager son goûter, de ne pas tirer les nattes de sa sœur et de mettre une capote au bon moment ? Cest un concept... Creux, bravo !

Ajoutez-y le « commerce équitable » et le tri des déchets pour faire bon poids, vous avez dans les mains une arme fatale (comme disent les marabouts), au croisement de l’instruction civique et de l’économie politique. « L’éducation au développement durable est un des éléments essentiels de la formation des futurs citoyens » affirme une note de service publiée dans le Bulletin officiel de l’Éducation nationale du 5 mars 2009.

Mais au fait, de quand date et d’où nous vient cette petite merveille ?

Le mensonge des origines

Eh bien voilà... Le Développement durable a été apporté à papa et maman par une cigogne venue de Norvège... En tout cas, elle parlait anglais ! Lisons plutôt, sur le site Éduscol où le ministère publie des fiches pédagogiques, un petit texte sous le titre de paragraphe « Le développement durable comme nouveau paradigme ».

Un paradigme (le mot vient du grec, via le latin et signifie « exemple ») c’est en gros un modèle. Et c’est la noble tâche des idéologues du ministère de vous accueillir, chers petits amis, dans ce nouveau paradigme du développement durable où coulent des ruisseaux de miel, et où les arbres donnent des pains au chocolat. Pas un serpent à l’horizon. L’espèce a été éradiquée.

Revenons à l’histoire de la cigogne qui parle anglais :

« “Sustainable developement” [je sais, chers petits amis, je sais, et vous savez, que le mot développement s’écrit en anglais development, sans “e” entre le “p” et le “m”, mais il serait peu charitable de se moquer des rédacteurs du ministère qui ont déjà, 8 fois oui, plein de choses à penser ; on aimerait bien vous y voir !] [1] l’expression est apparue à la fin des années 1980, popularisée par le rapport de la commission mondiale pour l’environnement et le développement, en 1987 : Le développement durable doit répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs et correspond aux devoirs des générations actuelles de transmettre un monde vivable, viable et reproductible [2] Communément [sic] admise depuis lors, cette formule définit le développement durable comme une tentative pour concilier l’efficacité économique, la qualité de l’environnement et le développement humain et social, qui en constituent les trois piliers ou sphères [euh...]. Avec le troisième pilier, le développement durable intègre également la dimension culturelle et les questions de gouvernance [sic]. »

Vous retiendrez au passage que la « gouvernance » est l’art de faire croire à l’utilité des gouvernements, des gouvernants et des gouverneurs.

On conviendra que cette soudaine « apparition » du DD tient du miracle marial [3]. C’est que les idéologues du ministère oublient, ou feignent d’oublier, que l’expression « développement durable » ne s’entend que s’il existe d’abord un « paradigme » du... développement, oui ! très bien Dédé. Tu suis, toi, au moins !

Or le développement lui-même n’est pas apparu « à la fin des années 1980 », mais quelques trente annés plus tôt !

Et voici comment [4].

Fin 1948, l’équipe du président américain Harry Truman, qui vient d’être réélu, prépare le discours d’investiture qu’il doit prononcer le 20 janvier 1949. Il doit annoncer la contribution des États-unis à la reconstruction de l’Europe via le plan Marshall, la poursuite du soutien à l’ONU et la création d’une nouvelle organisation de défense commune : l’OTAN. L’un de ses conseillers suggére d’ajouter à cette liste un quatrième point concernant « une extension aux nations défavorisées de l’aide technique [...] jusqu’ici accordée à certains pays d’Amérique latine. [...] Au lendemain du discours présidentiel, la presse américaine fit ses gros titres sur le “Point IV”. »

Truman plaide la pureté de ses motivations : « L’ancien impérialisme [il a donc existé !] - l’exploitation au service du profit étranger - n’a rien à voir avec nos intentions. Ce que nous envisageons, c’est un programme de développement fondé sur les concepts d’une négociation équitable et démocratique. » Si le sens aujourd’hui courant de « développement » apparaît dès le début du XXe siècle, on le trouve ici dans le voisinage des mots « équitable », que nous verrons accolé au mot « commerce », et « démocratie », mis à toutes les sauces. De plus, le texte du point IV parle d’aider « la croissance des régions sous-développées », et c’est, semble-t-il, l’une des premières apparitions publiques du concept de « sous-développement ».

« C’est, écrit Gilbert Rist dans un livre dont je recommande vivement la lecture Le Développement. Histoire d’une croyance occidentale (Presses de Sciences Po, 2001), cette innovation terminologique, qui modifie le sens du mot "développement" en introduisant un rapport inédit entre "développement" et "sous-développement". » [p. 121]

Ensuite (1980) viendra le paradigme de Dédé, je veux dire du DD, répété jusqu’à écœurement, je veux dire jusqu’à ce qu’il soit « communément admis ».

Gilbert Rist relève que le concept de « soutenabilité » (sustainability) se trouvait chez Malthus, mais concernait le rythme de renouvellement des espèces vivantes. Le rapport Brundtland pose lui la nécessité d’une relance de l’économie. « L’enjeu [de ce rapport], écrit Rist, n’est donc pas de réconcilier deux phénomènes antagonistes dans une synthèèse hégélienne qui les dépasserait l’un et l’autre, mais de faire croire à la nécessité du "développement" en lui atttribuant la valeur suprême que l’on reconaît à l’environnement. De ce point de vue, le "développement durable" apparaît comme une opération de camouflage. [...] Même si le leurre est séduisant, il ne faut pas s’y tromper : ce que l’on veut faire durer, c’est bien le "développement", non pas la capacité de l’écosystème ou des sociétés à le tolérer. » [p. 317]

De la vraie nature humaine

Il est un mot, chers petits amis, que vous ne trouverez nulle part dans les abondantes productions ministérielles sur le DD, c’est le mot « capitalisme ». Car, voyez-vous, le capitalisme, cela va sans dire.

Le capitalisme est la vraie nature naturelle de l’espèce humaine, ou sa seconde nature, comme vous voudrez. Sans le capitalisme naturel, tout irait de travers sur Terre : les pauvres mourraient de faim, les espèces disparaitraient par milliers et personne ne saurait quoi faire de son argent.

Les idéologues de l’Éducnat ne cherchent pas à prémunir vos enfantines cervelles contre les anticapitalistes. Cette espèce-là est censée avoir disparu, un peu après les dodos, tout comme l’extraction de la plus-value est aussi obsolète que celle de la houille.

...À moins que nos idéologues aient une évolution de retard. Car en effet, chers petits amis, ce contre quoi ces serviteurs zélés du système d’exploitation dont on ne doit pas prononcer le nom veulent vous prémunir, c’est l’écologie. Oui, ça fait ringard, mais c’est comme ça : « le développement durable marque une rupture par rapport aux discours des écologistes ». Le DD permet d’éviter bien des « pièges », par exemple « survaloriser la dimension environnementale et faire écho au catastrophisme ». Car il faut que vous le sachiez : le catastrophisme est une catastrophe pour le bon sens bourgeois, sauf quand il l’emploie lui-même.

« Ce serait, dit une fiche Éducsol sur le DD en classe de sixième, faire écho aux discours médiatiques, qui privilégient le catastrophisme au détriment d’une analyse globale. Si l’on n’y prend pas garde, cette approche peut se traduire dans l’enseignement par une démarche réductrice [on a eu assez de mal à se débarasser des Jivaros, c’est pas pour adopter leurs méthodes !] qui ne retiendrait que le côté dégradation et pollution effectuées à l’encontre d’une nature immuable. Le risque est grand de passer du développement durable à la défense de la nature, voire à l’écologie politique [je souligne]. Cela n’est pas l’objet de nos enseignements. »

Ainsi donc, même en pratiquant le DD depuis la maternelle, il n’est pas impossible de glisser, pour ainsi dire sans s’en apercevoir dans les ornières de l’écologie politique ! Cela ne fait-il pas froid dans le dos ?

Il faut dire aussi, sans vouloir les critiquer, on est humains après tout, et en rendant un hommage mérité à leurs efforts, que les enseignants sont un peu... Ah ! comment dire ça sans vexer personne ? Ils sont émotifs, voilà ! C’est un rapport de l’Inspection générale de l’Éducation nationale qui l’affirme [5].

« On peut espérer que l’effort de prise de distance vis à vis de l’affectif en SVT permettra de faire gagner à la biologie et aux géosciences en lisibilité et en crédit. » [p. 22]

« Il est certainement important de maîtriser la composante affective sans pour autant la nier. Sortir de l’affectif, des positions de type "défense de...", implique que l’on distancie, que l’on jugule les approches trop sensibles pour s’attacher au scientifique, au "comment", à la justification, à l’explication, susceptibles de fournir les supports rigoureux d’une argumentation. » [p. 13]

Ça n’est pas que tout se soit si mal passé...

« L’on voit dans les années 80-90 des projets remarquables par leur ouverture et leur richesse, souvent accompagnés par des professeurs de disciplines différentes. Mais le discours des professeurs présente souvent un caractère "militant", qui exprime des choix et culpabilise volontiers l’homme. Cette approche naturo-centrée se répand dans les médias ; elle tire une légitimité - du moins affective - dans une certaine représentation de "respect" de la nature. On dénonce par exemple les résultats négatifs scientifiquement établis de l’emploi excessif d’engrais, des pollutions. Ils sont attribués à des comportements irresponsables, souvent sans que la perspective historique ne permette de comprendre en quoi les choix de l’après-guerre n’étaient pas aussi ouverts qu’aujourd’hui. La révolution verte, pour répondre à l’exigence immédiate qui était de nourrir les populations, a fait avec ce qu’elle avait comme bagage scientifique et technique : la matière avec les engrais, et l’énergie avec la mécanisation ! En amalgamant sans prendre le recul nécessaire, science et jugement de valeur, on a souvent franchi la ligne de "l’enseignement des choix". » [p. 11]

Le rédacteur fait allusion à la formule dont se gargarisent les idéologues Éducnat : « "Éduquer au choix" et surtout pas "enseigner des choix" ». Ce qui signifie concrètement que la mission de l’enseignement est de faire adhérer les élèves à l’idée d’un progrès technique (soutenable), soit l’ancien mot pour « développement », modéré d’un peu d’écologie qui ne dit pas son nom. Le tout au nom du respect de la liberté de conscience individuelle.

« Se placer dans une perspective de développement durable induit un questionnement "anthropocentré" et non "naturo-centré". Ainsi, une question simple : "Comment protéger la forêt", centrée sur la forêt, devient-elle "Comment gérer la forêt aujourd’hui pour demain ?". Ainsi reformulée, la problématique intègre pleinement la responsabilité humaine et la dimension développement grâce à l’emploi du verbe gérer. La notion de durable (ou de "soutenable") est induite par la référence à "aujourd’hui" et "demain", regard porté vers les générations futures. Questionner ainsi, c’est aussi résolument lutter contre le catastrophisme. »

Or, le danger est partout. Par exemple dans des textes tirés de la presse étrangère et utilisés (mais est-ce bien innocemment ?) par des professeurs de langue.

« "L’autorité" du professeur de langues, en tant que professeur, peut aisément, par une curieuse distorsion [très curieuse, dirais-je], aboutir à faire passer sans précaution un "message", ce qui dans l’esprit est contraire à ce que l’on recherche en EDD, mais aussi tout simplement dans une École laïque. On peut penser par exemple aux doctrines de la "deep ecology" anglosaxonne, tellement éloignées de l’approche "développement durable" mais aussi de notre corpus légal qui n’est pas construit sur un "droit de la nature" mais bien sur un droit centré sur l’Homme. [...] On pense aussi aux nombreux textes concernant l’effet de serre, les OGM, qui nécessitent que le professeur de langue se fasse livrer quelques clés par les scientifiques compétents. » [p. 17]

Vous avez là, chers petits amis, un bel exemple d’« éducation au choix ». Au choix du ministère, cela s’entend.

« La disparition du E d’environnement dans le sigle initialement choisi d’EEDD (Education à l’environnement pour un développement durable) a pu faire croire à une éventuelle priorité de principe des critères économiques et a donc suscité des réactions d’inquiétude. Mais l’affirmation d’un "pilier environnemental" à côté des piliers économique et social dans le développement durable devrait suffire à rassurer. » [Introduction]

« Il ne s’agit certainement pas d’abandonner la prise en compte des paramètres "environnementaux". Le fait de faire sortir du sigle le "E" de environnement a parfois été mal compris [tsss !], perçu comme un abandon [non ?], voire une forme de négationnisme [arrête !], comme si ce choix amenait à négliger le poids d’enjeux spécifiques comme ceux liés à la biodiversité au changement climatique pour privilégier systématiquement les facteurs économiques. Tel n’est certainement pas le but. »

Euh, en fait, chers petits amis, comment dire... le but n’est certainement pas de vous faire connaîre le but.

D’ailleurs, il serait injuste d’accuser le ministère de privilégier d’ennuyeuses questions économiques, à l’heure où il fait disparaître (rentrée 2010) du programme d’économie de seconde ce qui concerne le chômage, la précarité, les discriminations à l’embauche, etc.

Bref, la situation s’améliore :

« Après une période d’explication, parfois d’inquiétude ou de scepticisme vis-à-vis d’un concept souvent flou et médiatisé de façon abusive et souvent sans discernement, on peut penser que la démarche "EDD" est en cours d’appropriation. [...] Le renforcement très net du message politique à l’échelon national, réaffirmant l’importance d’une mise en œuvre générale de l’EDD dans toutes ses dimensions, vient à point nommé. »

Voilà, chers petits amis, non pas ce qui vous attend, mais ce dans quoi vous êtes désormais enfonçés jusqu’aux yeux. Oh ! bien sûr, il y a et il y aura des mécontents, voire même des réfractaires. Comment l’éviter ? Ils seront dûment triés et recycliqués. C’est ici que, s’agissant des enseignants, les inspecteurs d’académie et les commissions de discipline joueront tout leur rôle. Quant aux élèves, les plus jeunes feront l’objet d’un suivi psychologique adapté, les autres devront, hélas, être, euh !... orientés. Ils seront orientés, voilà ! de manière à ne pas ébranler chez leurs camarades, chez vous, chers petits amis, la fragile confiance que le ministère de l’Éducnat aura réussi à créer dans le caractère incontestablement et oserais-je dire jovialement soutenable du capitalisme.

Contrairement à d’autres du même auteur, le texte ci-dessus n’a pas été jugé digne d’un signalement sur le site rezo.net.

[1] L’expression a d’abord été traduite en français par développement soutenable avant d’opter dans les années 1990 pour la traduction “développement durable”.

[2] « Notre avenir à tous », Rapport présidé (sic) par G. H. Brundtland en 1987, ministre norvégienne en charge de préparer le sommet de Rio ou « sommet de la Terre » en 1992.

[3] Marial, de Marie, mère supposée, et de surcroît supposée vierge, de Jésus.

[4] J’avais (un peu trop) rapidement évoqué cette question dans un texte de 2003 : « Insoutenable capitalisme. Sur le "développement durable" ».

[5] Une discipline dans l’éducation au développement durable : les sciences de la vie et de la Terre ; n° 2008-004, janvier 2008

 

Source : ÉDUCATION NATIONALE ET PROPAGANDE : LE « DÉVELOPPEMENT DURABLE »

 

 

 

Dernières infos en matière d’OGM / Les OGM vantés à l’école /Monsanto autorisation pour le pollen de maïs OGM

 

 

 

 

«Je ne peux pas croire que c'est dans des livres scolaires. Les enfants les lisent et pensent que c'est vrai», s'indigne Coralie Desève.

Photo Robert Skinner, La Presse

Marie Allard

La Presse

 

Coralie Desève, 12 ans, a été choquée de lire des textes en faveur des aliments contenant des organismes génétiquement modifiés (OGM) dans ses manuels scolaires. Grâce aux OGM, on n'aura à l'avenir «plus besoin de se servir de pesticides polluants», lit-on dans le manuel Cyclades, approuvé par le ministère de l'Éducation (MELS).

 

«Nutritifs et résistants, les fruits et légumes seront, dit-on, encore plus savoureux», précise le texte destiné aux élèves de 6e année. «Les pommes n'auront plus de pépins, les fraises seront plus sucrées et plus juteuses et les poires se conserveront plus longtemps. On prévoit aussi intégrer des médicaments et des vaccins dans les aliments.»

 

Coralie a aussi sursauté en lisant son cahier d'exercices de français. Un passage du cahier Vingt mille mots sous les mers précise que les risques liés à la consommation de petites quantités de pesticides ne sont pas importants et qu'aucune étude ne démontre que les OGM sont nocifs.

 

«Je suis en désaccord avec ça, a dit la jeune fille, qui consomme des aliments biologiques. Je ne peux pas croire que c'est dans des livres scolaires. Les enfants les lisent et pensent que c'est vrai.»

 

«C'est surréaliste, a ajouté Jérôme Plante, beau-père de Coralie et directeur général du distributeur d'aliments biologiques Le Jardin des Anges. C'est de la publicité pour les OGM, qui sont des possessions d'entreprises privées.»

 

 

«Prospective scientifique»

 

Il s'agit plutôt de «prospective scientifique formulée pour des enfants d'âge scolaire», selon Jean Bouchard, directeur général du Groupe Modulo, éditeur de Cyclades. Dans le passage dénoncé par la jeune élève, M. Bouchard ne voit pas «quelque chose qui fasse la promotion des OGM, de l'utilisation des pesticides ou un texte à l'encontre de l'agriculture biologique».

 

C'est «parce que ça s'inscrit dans une thématique à propos du futur» que le ministère de l'Éducation a approuvé le passage du manuel Cyclades, a expliqué Esther Chouinard, porte-parole du MELS. «C'est pour que l'élève puisse réagir au progrès», a-t-elle ajouté.

 

 

De faux bienfaits

 

Stéphanie Côté, nutritionniste d'Extenso, centre de référence en nutrition de l'Université de Montréal, a lu les deux extraits. Le texte du manuel Cyclades «a une forte tendance pro-OGM», a-t-elle analysé. «Je ne sais pas à quel point c'est futuriste ou une lubie, mais à l'heure actuelle, c'est faux d'attribuer autant de bienfaits aux OGM.»

 

Quant au cahier d'exercices, qui n'est pas approuvé par le MELS, «il banalise peut-être en effet l'utilisation des pesticides, a observé Mme Côté. À long terme, on ne connaît pas toutes les conséquences que peut avoir l'ingestion de résidus de pesticides. Il ne faut pas prendre cette question à la légère. Avec ce sujet, il y a place à la nuance, ce qui n'est pas le cas du texte en question». Les éditions CEC n'ont pas rappelé La Presse.

 

 

Extrait du cahier controversé

 

Extrait du cahier Vingt mille mots sous les mers, publié par les éditions CEC pour élèves de 6e année du primaire:

 

De fausses idées à propos des fruits et légumes

 

«Les fruits et les légumes contiennent-ils des pesticides nocifs pour la santé? Des études sérieuses démontrent que les bienfaits associés à la consommation de fruits et légumes sont réels. Il est également prouvé que les risques liés à la consommation de petites quantités de pesticides sont de loin inférieurs aux nombreux bienfaits que procure une alimentation riche en fruits et légumes. Tout un soulagement! Il existe sur le marché des espèces alimentaires génétiquement modifiées, mais aucune étude ne démontre qu'elles sont nocives.»

 

La Presse.ca

 

Trouvé sur l'Eveil 2012

 

Source : sante : On devrait en parler

 

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