14 juin 2012 4 14 /06 /juin /2012 16:25

 

Nous trouvons à la fin de l’article précédent, Coups d’état : annoncé en Syrie, tus en Italie, un agenda de Poutine, j'aimerais moi aimé connaître celui de l'empire et aussi savoir combien de fois il a dû réviser ses plans parce que des grains de sables bloquaient la machine, parce que la résistance des peuples que dans leur grand mépris, ils n’avaient pas prévu dans leur simulations, le mettait en échec, le conduisait à l’enlisement.

Il est clair que l'Empire s'énerve. Encore une fois, il s'apprête à passer outre les décisions du conseil de sécurité, mais cette fois ce faisant, il s'oppose à deux adversaires de taille. Deux adversaires qui ne sont ni naïfs, ni ingénus et qui depuis longtemps savent que le risque de l'affrontement est à terme un risque réel, et qui s'y sont préparés, la Russie et la Chine qui ne sont pas non plus des petits anges et dont on peut douter qu’elles réagiraient par pure générosité offensée. Il y a bien sûr dans leur opposition à l’empire un réflexe de sauvegarde tout à fait logique, mais je ne parierais pas qu’à cela se limitent leurs ambitions dans un grand jeu de redistribution du pouvoir. 

Donc le risque d'une guerre mondiale est bien concret et se profile dans un horizon temporel rapproché. De nombreux pays se sentent menacés par l'agenda de l'Empire, des mouvements de Résistance partout dans le monde lui résistent déjà où se préparent à le faire. Ils passent au-delà de leurs éventuelles divergences pour constituer des fronts unis. Si la guerre se déclenche il est clair que les USA et nous en tant qu'alliés de ce pays dans l'OTAN nous heurterions à une levée de bouclier (atomique ou non) partout sur la planète sauf en Europe, cette bonne petite vassale qui fait ce qu'on lui dit de faire. Nous n'avons pas que des amis dans ce monde, le contentieux des meurtres, de la colonisation, des pillages et du mépris est lourd.

La protection de nos frontières ressemble à celles dont s'entourent les riches qui habitent dans des quartiers protégés aux USA comme ailleurs, sauf qu'elle est beaucoup moins efficace. Kadhafi conseillait aux Européens de "bonne conscience" de fuir le piège de l'Europe, quelques petites voix aussi ce sont élevées en leur temps pour conseiller aux juifs d'Allemagne - que ne voulaient accueillir ni les USA, ni les pays d'Europe "bien-pensante" - de fuir l'Allemagne tant qu’il était encore temps… mais les juifs d’Allemagne ne pouvaient pas imaginer que ce qui se produirait était possible, pas même envisageable.

A voir la guerre se répandre au Moyen-Orient, en Afrique, les mouvements militaires en et aux alentours de l'Amérique Latine, il semble bien qu'il n'y ait plus beaucoup de lieux sur la planète où se réfugier le cas échéant, d'autant que pour se sentir vraiment sauf, il faudrait pouvoir se trouver un lieu à l'abri des vents véhiculant les remugles de guerre nucléaire. Il semble qu’il n’y ait plus beaucoup de choix, subir ou affronter… et affronter en ce qui nous concerne habitants de la petite Europe, vassalisée, colonisée, soumise aux diktats économique des maîtres de l’Empire, d’un manière plus « douce » que d’autres peuples, mais plus meurtrière  pour les consciences, en sommes-nous encore capables… dans d’autres pays ils sont venu avec le bâton, ici ils ont pris le temps qu’il fallait  pour nous ramollir, coloniser nos consciences, jouer de nos convoitises… nous affaiblir au point que nous ne soyons même plus capables de réagir quand l’horreur frappera à notre prote qu’elle s’appelle misère ou guerre.

Je ne sais plus quel guérilléro célèbre disait que pour affronter la peur de ce qui nous détruit, il fallait beaucoup d’amour pour ceux et ce que nous voulions sauver.

J'ai vu ces dernières années beaucoup plus de Haine pour Kadhafi ou el-Assad que d'amour pour les peuples de Libye ou de Syrie...j'ai vu bien plus de haine, de rancœurs et de hargne s'exprimer en général, d'attitudes belliqueuses, de manifestations de tous les sectarismes que d'amour, de sollicitude et le pacifisme dans nos régions est souvent celui de ceux qui pensent que "Tout le monde, il est beau" tout le monde il est gentil" et que tout finira par s'arranger de toute façon...  et que ce sera plus facile comme cela. Les chemins de la facilité ne mènent nulle part, ils se perdent dans le néant.

Bref un pacifisme mou comme l'attitude stupide de ceux qui ont (jusqu'ici) été épargnés par les accidents de la vie et qui n'ont pas pris la peine de tirer les leçons de l'histoire avec son lot d'horreur avérée. Ceux qui pensent que la démocratie (encore que je n'aime pas ce mot trop mis à toutes les sauces et leur contraire, il serait  plus que temps d'en trouver un autre pour qualifier l'organisation dont nous voulons) , ceux qui pensent donc que la démocratie en attendant mieux - est un droit naturel qui se redresse de lui-même comme le roseau après la tempête et n'ont pas idée que ce droit si imparfait qu'il ait été, si inabouti dans son désir d'une réelle équité, est le résultat de lutte, de conquête qui furent payées de leur prix de larmes et de sang, par nos prédécesseurs qui n’ont certainement pas imaginé que nous en ferions un droit à la mollesse indifférente.  

Il est vrai, je suis assez désabusée, parce que s’il y a bien quelque chose que je trouve terrible, c’est d’avoir à agiter la menace de guerre à nos portes pour se dire que quelques-uns de plus peut-être vont se réveiller. Quelques-uns qui ne se sont jamais soucié de se demander d’où venaient toutes ces ressources, les pillages qui n’ont ont permis des vies de gaspillages et de futilité. Qui n’ont jamais pensé à ceux qui payaient de leur vie ou d’un prix de misère et de douleur ce luxe dont nous jouissions ici. Tous ceux qui finalement ont cautionné la colonisation brutale des autres continents et son racisme implicite.

Les critiques que nous adresse Jorge Capelán (dont je vous recommande vivement la lecture) Le pacifisme de l’Empire  à la fin de son article sont fondées. Je les ai entendues plus d’une fois formulées de différentes manières, avec plus ou moins de compassion où de hargne selon mes interlocuteurs venus des quatre coins du monde… si nous ne le comprenons pas, si nous n’acceptons pas d’écouter maintenant ce qu’ont à nous dire ces peuples, debout, qui relèvent la tête pendant que nous nous trainons à genou… peut-être certains un jour dirons que ce qui nous est arrivé nous l’avions bien mérité, et je ne pourrais pas leur donner tout à fait tort.

Anne

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Gilles Deleuze, février 1977.

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