
‘Essayez d’imaginer un mode de vie où la terre, le logement et l’alimentation sont gratuits, et où il n’y a ni dirigeants, ni patrons, ni politique, ni crime organisé, ni impôts, ni lois. Ajoutez à cela l’avantage de faire partie d’une société où tout est partagé, où il n’y ni riches ni pauvres et où le bonheur ne signifie pas l’accumulation de biens matériels’ Kevin Duffy (Children of the forest)
A l’opposé de Descartes qui réservait l’âme aux humains en déclenchant ‘la querelle sur l’âme des bêtes’ (cf. premier encart), « les Achuar de l’Amazonie équatorienne, par exemple, disent que la plupart des plantes et des animaux possèdent une âme similaire à celle des humains, un faculté qui les range parmi les ‘personnes’ en ce qu’elle assure la conscience réflexive et l’intentionnalité, qu’elle les rend capable d’éprouver des émotions et leur permet d’échanger des messages avec leurs pairs comme avec les membres d’autres espèces dont les hommes » (Descola 1996). Georges Lapierre écrit dans ‘Le mythe de la raison’ : « L’idée d’une réciprocité possible ne nous vient pas à l’esprit, nous n’envisageons qu’un rapport d’appropriation. Chez les Indiens d’Amazonie ou du Grand Nord, tout rapport est un rapport d’échanges ; tous ces rapports d’échanges actualisent une vie sociale élargie entre les hommes, les plantes et les animaux. A tous ceux qui participent ainsi aux échanges est reconnue la qualité de sujet dans une relation réglée par une convention partagée, un contrat social, en quelque sorte. »
(...) Tout cela se traduit, sur le plan de la vie économique, par le refus des sociétés primitives de laisser le travail et la production les engloutir, par la décision de limiter les stocks aux besoins sociopolitiques, par l’impossibilité intrinsèque de la concurrence –à quoi servirait, dans une société primitive, d’être riche parmi les pauvres ?- en un mot, par l’interdiction, non formulée mais dite cependant, de l’inégalité.…(...)
Pierre Clastres
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