24 août 2009 1 24 /08 /août /2009 15:25

Comme il m’a été reproché de ne pas avoir fait allusion aux manifestations qui ont eu lieu au Venezuela ce week-end, je vais remédier à cet impardonnable manquement.

Deux manifestations ont donc eu lieu à Caracas ce week-end, l’une pour soutenir la nouvelle loi sur l’éducation et rappeler que le peuple du Venezuela est opposé à la guerre que prépare l’empire contre ce pays riche de matières premières mais qui est aussi la tête d’un multi pôle d’opposition à toute les formes de néocolonisation dans la région, de toute tentative de rétablir les cruelles dominations oligarchiques que ces pays ont connu dans le passé. Dans le cas du Venezuela où le pétrole avait été nationalisé depuis belle lurette, 20% de la population trouvaient normal de s’en approprier 80 % des revenus laissant le peuple sans soins, sans programme éducatif végétant dans la plus cruelle des misères alors que l’oligarchie, elle se la coulait douce entre Caracas et Miami et autres lieux où se retrouvent les oligarques internationaux pour dilapider les richesses qu’ils confisquent aux peuples du monde.

La manifestation pro-loi éducation s’est passée dans le calme, ce qui n’est pas le cas de celle organisée par l’opposition dont on connait la vulgarité.  Il faut voir les dessins qui « ornent » les pancartes brandies lors des manifestations  ou lors du dernier référendum cette jeune fille, pantalon baissé qui exhibait ses fesses rebondies sur lesquelles étaient peints de « no »…tout à fait édifiant, les trites produits d’une bourgeoisie décadente. Mais non contents de dévoiler la vilénie de leur âmes à travers des caricatures répugnantes qui en disent plus long sur eux-mêmes que sur ceux qu’ils prétendent critiquer, l’opposition menée par les oligarques frustrés de leur ancien droit d’oppression sur le peuple, privés d’une partie des richesses qu’ils avaient confisquées à ce même peuple en s’appropriant tous les revenus des richesses naturelles du pays, incapable de se soumettre aux décision de la majorité démocratique du pays, en rajoutent à chaque occasion cherchant à faire monter la violence. Mais nous avons tous une petite idées de qui sont ces oligarques locaux, vassaux du grand capital et mis en place par lui : des nouveaux riches coupés de toute réelle culture, de toutes traditions et n’ayant reçu d’autre éducation qu’un formatage ; un conditionnement qui les prive de toute capacité de réflexion, de toute accès au sens de la réalité, un conditionnement qui en fait des amputés du ciboulot et des émotions n’ayant dans la tête qu’une grande tirelire sur laquelle figure en lettres fluorescentes et clignotantes (bling-bling et nouveaux riches vont de paire) le nom de leur faux Dieu Profit, ce produit inepte d’une pseudo-science économique qui massacre joyeusement l’héritage de Darwin pour faire croire  que « la loi du plus fort est toujours la meilleure », une ineptie sans nom et qui a de plus en plus recours à la violence et aux forces de répression pour assumer sa vocation de pensée unique.

Donc voilà, une fois de plus l’opposition vénézuéliennes a prouvé son incapacité de se soumettre aux règle d’une démocratie qui n’est pas une oligarchie déguisée et il a fallu qu’elle cherche à provoquer la répression pour pouvoir par ses jérémiades répétées (on connait la chanson) attirer l’attention de médias internationaux complaisants sur son triste sort dans cette « dictature » chaviste qui leur retire un peu de sous de leur poches trop pleines pour répartir la richesse d’une manière plus équitable et donner à chacun le droit à l’éducation.

Je ne suis ni démocrate, ni communiste, je suis utopiste. Dans la situation de lutte de classe mondiale qui se polarise chaque jour d’avantage sur la planète, je pense que la démocratie est une étape nécessaire. La démocratie est un concept qui n’a cessé d’évoluer. A Athènes seul un petit nombre d’hommes libres et riches oisifs pouvaient prétendre être participants et acteurs de la démocratie.

Le concept va ensuite évoluer de manière non linéaire selon deux actes distincts. Le premier est celui qui conduit de la démocratie directe à la démocratie représentative sous la pression de la croissance démographique qui ne permet plus la réunion sur des agoras devenues trop petites pour que l’ensemble des participants puissent s’y réunir et délibérer. En Europe, c’est un canton Suisse, celui d’Appenzell, je crois qui dut le dernier  renoncer à la démocratie directe pour la raison évoquée ci-dessus. L’autre axe est celui de l’intégration de couches plus ou moins larges de la population, les hommes, les femmes, les citoyens, les étrangers, les mineurs. Signalons qu’en Bolivie vient d’être crée un parlement des enfants, les mineurs étant jusque-là les éternels exclus de la participation active à la mise en  œuvre de la démocratie.

La notion de démocratie participative qui fait son chemin en  Amérique Latine vise à intégrer l’ensemble de la population à la gestion démocratique du pays en intégrant dans les mécanismes politiques les associations citoyennes, moyenne échelle entre personne individuée et nation, une manière de transcender le problème du grand nombre, en permettant à des représentants porte-parole et non dirigeants (dans le meilleur des cas, mais c’est le but) de répercuter la voix du peuple dans les organes décisionnels d’une nation par l’intermédiaire de leurs membres délégués connus de chacun.

Il suffit d’observer en Europe, la corrélation évidente de la décroissance de la qualité de l’enseignement au cours des trente dernières années avec celle de la qualité de la démocratie, les dernières élections européennes en étant une bonne mesure : le peuple ne vote plus parce qu’il n’a plus de représentants plausibles à élire, c’est une autre histoire…mais c’est bien sûr une question d’éducation avant tout. Etant une rebelle allergique à l’autorité, toutes les formes d’autorité j’ai bien sûr des critiques à formuler à la nouvelle loi d’éducation du Venezuela, mais elles sont secondaires et si je dois les formuler cela ne sera pas sur ce blog. En plus, et je le déplore, il me suffit de regarder autours de moi pour voir que nous sommes peu nombreux à être capables de construire notre histoire sans pressions ou menaces d’une quelconque autorité et à pouvoir nous intégrer sans heurts dans des collectifs autoorganisés et autogérés.  C’est aussi une question d’éducation et j’ai eu la chance de bénéficier d’une excellente éducation socialement multipolaire, ouverte sur les différentes composantes de la société de mon pays, et d’une enfance créative, dans la nature et sans télévision, ensemble de facteur qui m’ont appris à considérer la vie comme un cadeau et l’activité créative comme la principale source du bonheur…s’il y a du « profit » à rechercher en ce monde c’est en ce sens car ce sont aussi les richesses des rencontres et des relations humaines qui sont déterminées par une attitude constructive. (Philosophiquement parlant je suis constructiviste). Et pour ceux qui en doutent, ben non je ne suis pas communiste, même anarchiste c’est une conception encore trop identitaire pour que je supporte l’étiquette sans irritation. Rebelle n’est pas un concept identitaire et il me convient tout à fait dans les conditions actuelles.

Une petite remarque cependant j’ai du mal à comprendre les masochistes qui viennent s’irriter sur mon site alors que le net est grand et que je suis certaine qu’ils trouveraient assez à se divertir dans le sens du poil plutôt que de venir s’énerver en lisant des propos qui leur déplaisent. Je trouve cela un peu pas-trop-logique leur truc…

En tant qu’utopiste, c’est-à-dire de quelqu’un qui pense le moyen et le long terme, plutôt que cette immédiateté qui nous maintient prisonniers dans les structures du présent incapables d’encore imaginer autre chose pour l’avenir que celui abominable que nous « propose » l’oligarchie, tirant des lignes vers l’idéalité d’un futur qui n’adviendra jamais tel quel, mais ce n’est pas le but, je vois la démocratie inclusive de l’ensemble des peuples, agissant à différentes échelles selon différentes modalités dans un monde multipolaire en échanges multiples et permanents selon des principes d’affinité, de complémentarité et d’horizontalité (autodétermination personnelle, locale, régionale et nationale) comme le chemin tracé vers ce monde plus doux dont nous sommes nombreux à rêver. Un monde qui permet à chacun d’exprimer au maximum cette polyvalence créative qui est le propre de l’humain à travers une grande révolution de la joie. Le but des utopistes est de contribuer à l’éveil de l’imagination des peuples en rappelant la multiplicité des possibles pour l’avenir et en faisant les propositions qui lui semblent les mieux à même de nous conduire vers un monde de bien-être, avec ce minimum d’humilité qui consiste à ne jamais perdre de vue qu’en tant que partie d’un Tout qui est plus que la somme des parties, seules les suggestions sont de mises, les décisions étant du ressort des collectifs qui se créent à différentes échelles


Anne.

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Gilles Deleuze, février 1977.

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