7 juillet 2009 2 07 /07 /juillet /2009 22:51



Le peuple du Honduras est en colère, très en colère.

 

 


Une foule immense, une foule déterminée qui marche d’un pas décidé, rapide se dirige vers le siège du congrès où l’armée a déployé ses troupes en force. Le ton a monté incroyablement depuis hier. Je sens mon cœur trembler pour tous ces gens courageux qui partent défendre leur liberté, leur dignité. Il suffirait d’une étincelle pour qu’explose toute cette colère.

 


 

Parmila foule marche la Première Dame de la nation. Elle a prononcé un discours devant le peuple avant la manifestation,  faisant appel à la raison des usurpateurs, rappelant que son mari est le légitime président de ce pays. Elle vient de nous convier à partager la douleur de la maman qui a perdu son fils adolescent tué par la balle d’un sniper alors qu’il manifestait pacifiquement, nous répète les paroles de cette mère éplorée : « Il n’est pas mort voleur, il n’est pas mort lâche, il n’est pas mort toxicomane il est mort pour une bonne cause. J’espère que la démocratie reviendra qu’il ne soit pas mort pour rien » . Dans une interview le père nous disait que pour lui ce n’était pas tant Zelaya en lui-même qui motivait son combat, mais la démocratie confisquée qu’il incarnait . La femme du président nous parle aussi des persécutions dont-elle et ses enfants sont l’objet, ils se sentent menacés « Pero no tengo miedo ! No tengo miedo ! »  « Je n’ai pas peur ! » a-t-elle clamé a de multiples reprises.


Il faut que Mel Zelaya puisse regagner son pays d’urgence sans cela rien ne pourra plus contenir la digne colère de ce peuple. La femme du président noyée dans la foule répond aux  question d’une journaliste de télésur qui est parvenue jusqu’à elle. Elle reprend les propos tenu plus tôt.  Elle lance un appel à la paix, à la négociation. Elle rappelle que lorsque l’avion qui devait ramener le président et que l’armée a commencé à tirer elle a lancé un appel téléphonique au chef militaire qu’elle supplie de ne pas tirer sur le peuple dont il fait partie et qui mène une lutte pacifique et légitime.



Elle s’interroge « Où est donc le problème de faire participer le peuple à la démocratie, pourquoi cela devrait-il pauser problème que de donner des droits au peuple, à qui cela pose-t-il problème». Puis elle insiste mais la question c’est « El importante es lo que hay atras, lo que hay atras,  eso es lo que cuenta ». Ce qui compte c’est ce (ceux) qui se cache en-dessous de ce coup d’état.  Elle est impressionnante cette femme, impressionnante de calme dans cette foule où rien ne la distingue de dizaine d’autres femmes qui portent le même chapeau, où elle court les même risque de des dizaine de milliers de femmes de son pays.


Impressionnante aussi quand elle dit, qu’il se sera pas question de revanche, seulement de voir la paix revenir dans le pays, la constitutionnalité, la légitimité d’un président démocratiquement élu. Elle est sobre, émue et s’interroge et nous interpelle : qui sont ceux pour qui le mal est de donner des droits aux peuples et les faire participer aux décisions qui les concernent en favorisant les moyens qui leur permettent de le faire en connaissance de cause.

Je crois que sa présence donne au peuple confiance et détermination, savoir que la Première dame est parmi eux, courant les mêmes risques qu’eux les dopent. C’est fort ce qui se passe là-bas. Les gens scandent « El pueblo unido jamas sera vincido », Ce n’est vraiment pas un mouvement de masse mais la marche collective de personne déterminées et très, très, très en colère qui se dirigent vers le siège du congrès.

 



Quelques autres interview : la vie économique du pays est paralysée, un appel à ce que les tenants de la légitimité soient invité à s’exprimer dans les médias qui font un blocus, ne leur laissant aucune possibilité de s’exprimer, ni dans la presse, ni à la télévision rétablisse la liberté d’expression.

Une autre qui nous parle de la paralysie de la vie économique du pays depuis le coup d’état militaire…encore quelques images de la foule en marche, encore cette colère. Ils étaient si heureux dimanche, Mel revenaient, les choses allaient rentrer dans l’ordre. Il est urgent qu’il revienne, ces appels à manifester pacifiquement on été entendu, le peuple à fait preuve d’une grande maturité. Mais s’il ne revient pas rapidement, nous pourrions assister à un bain de sang.

La question que je pose :

Est-ce démocratique une constitution immuable ne peut être adapté aux changements de la société ?

Sa remise en question démocratique à travers un vote est-elle une raison suffisante pour faire un coup d’état ?

Fin de la première partie (et la suite des infos arrivent)

 

 

Les manifestants sont à présent devant le ministère public, deux mètres les séparent des militaires au service des traîtres qui forment un cordon devant ce ministère.

« Assassinos ! Assassinos ! Assassinos !... » scandent-ils quand l’émission reprend, toujours par téléphone-satellite et les images sont mauvaises.

« Golpistas ! Golpistas ! golpistas !... » (ceux qui ont fait un coup d’état.)

Ils chantent l’hymne national, les soldats restent impassibles, d’abord un peu discordant le chant fini dans l’harmonie. La rage bouillonne, pas facile de chanter en chœur face à l’ennemi quand tout peut basculer, que les fusils peuvent s’en mêler d’une seconde à l’autre.

Les manifestants sont essentiellement des paysans, des indigènes et des étudiants.

La communauté indigène massivement présente pratique des rituels pour nettoyer les énergies. (Si que me gusteria aprender, a veces sale utilo, necessario !) 

 


Le peuple appelle les officiels à les rejoindre, los fiscales, les représentants du ministère public. Il demande une enquête sur les assassinats et blessures de manifestants pacifiques. Après 10 jours de résistance pacifique, il demande des comptes pour l’implacable répression dont-il est l’objet depuis dix jours alors qu’il ne demande rien d’autre que le retour à une légalité qui a été reconnue par l’ONU, l’OEA et l’ensemble des nations du monde.

 


« Si le président ne revient pas nous entrerons en résistance, qu’il revienne pour que revienne la paix. » nous dit un manifestant, faisant écho à ce que je disais dans mon précédent article.

Le peuple pour le moment respecte l’appel de son président légitime à manifester en paix, mais le peuple a encore une naïve confiance. Le peuple croit encore qu’il y a en Europe une démocratie des gouvernements susceptible de soutenir son combat et d’imposer le retour de Mel. Je l’ai compris en me promenant sur des blogs latinos ce matin : ils n’ont pas plu conscience de ce que l’Europe, et ses valets des impérialiste sombrent dans la dictature ;

 


Indigné – como todos – un manifestant nous rappelle l’article 3 de la constitution hondurienne qui dit en substance qu’aucun pouvoir ne sera légitime si il est conquis par les armes.

Fin de la deuxième partie

La suite images en mélange : la Clinton, la conférence de presse de Mel, le discours de la Xiomara Castro de Zelaya avant la manif : « N’ayons pas peur parce que la cause est juste, que nous sommes tous égaux et que nous avons le droit de nous exprimer ! »

La honte totale ! Encore naïf el Mel,  et beaucoup moins sa femme. Xiomara presidente ! Si, si je le pense vraiment. J’ai un mélange de sentiment honte, dégoût seul les vénézuéliens ont une position claire : hypocrisie et double morale. Ce qui se passe est absolument ignoble…non que je pèse mes mots mais que je n’en ai aucun assez fort pour exprimer ce mélange de colère et de dégoût que je ressens. Il n’y a pas que les blancs qui ont la langue fourchue, le « petit blanc » là, Obama,  en use sans vergogne. Et la Clinton surenchérit. La honte, la honte totale absolue.

La Clinton : « devant la résolution implacable du gouvernement de fait de ne pas laisser revenir Zélaya, il faut mieux négocier ». Je ne savais pas que les Etats-Unis étaient prêts à prendre des gants avec les bandes terroristes. C’est nouveau. Je le pense vraiment : « Xiomara presidente », cette femme a prouvé aujourd’hui  qu’elle avait la carrure, le charisme et le sang froid, l’amour du peuple qui font les vrais chefs d’états. J’aime pas les états, j’aime pas les chefs, mais tant qu’il y en aura que ce soit des comme elle.

 


Xiomara presidente ! ! !

 

 


Après cette journée spectaculaire et très dramatique où se jouait la possibilité d’un monde meilleur  pour les gens d’en bas, je vous quitte. J’illustrerai demain, j’analyserai demain, je suis saturée, je publie pour que les noctambules sachent ce qu’il en est de l’hypocrisie occidentale.

 

Une vidéo du coup d'état très parlante

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commentaires

S
Oui, Serge, tout se passe comme si rien de ce qui se passe véritablement ne comptait... Désolant !
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A
<br /> Je demande aux gens autours de moi...Honduras ? Quoi?? Il se passe quelque chose ,<br /> rien, c'est affolant. Et un choc car je prends conscience que les choses sont beaucoup plus loin que je ne le pensais. Je vais continuer à vivre à l'heure de l'amérique latine encore un peu.<br /> <br /> <br />
S
Magnifique travail... Bravo pour ce reportage « live » il ne manquait que des images pour se croire sur place. <br /> <br /> Curieux aujourd'hui les médias télévisés n’en avaient que pour les funérailles de Michael Jackson, alors on peut voir quelle importance ils accordent a des évènements beaucoup plus importants.. Ça me fait penser au temps des Romains, « du pain et des jeux » et maintenons le peuple dans l'ignorance. Les valeurs de nos sociétés occidentales.!!!!<br /> Les bulletins de nouvelles avaient comme grand titre MICHAEL JACKSON 17 minutes et 30 secondes pour le Honduras entre deux annonces... Magnifiques médias au service de la propagande impériale.... et rien sur le sommet G8 qui se tient en Italie qui va définir les prochaines politiques de crises... Où est-ce qu’on s'en va?...<br /> Au Canada la télé d'état a consacré un âpre midi aux funérailles... tu parles <br /> À la prochaine
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A
<br /> Je n'ai pas osé allez voir les médias officiels...peur que cela me rende malade, tu confirme que j'ai bien fait. J'éspère que d'autres font pour le G8 ce que j'essaye de faire pour le Honduras. Ce<br /> qui se passe est tellement fort qu'il faut mieux pas que je me retrouve coincée sur l'île dont je parlais, je reviendrais à la nage.<br /> Je publierai plus tard ce que je pense de la position de Clinton;;;la honte, pourvu que d'autres face comme moi !<br /> TeleSURtv.net - Señal en Vivo<br /> <br /> <br />

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Gilles Deleuze, février 1977.

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