24 février 2019 7 24 /02 /février /2019 14:38
Une foule en liesse s'accroche aux 14 camions qui atteignent le Venezuela dans le calme (voir le lien video)

Une foule en liesse s'accroche aux 14 camions qui atteignent le Venezuela dans le calme (voir le lien video)

Pauvre Venezuela

 

Je me réveille avec un sentiment de désolation. Pauvre Venezuela.

 

Avant de reprendre le suivi des événements, quelques réflexions, sur le vif qui font le point, et situent aussi le point de vue dont je me place, qui sont mes amis au Venezuela.

Et un lien, parce que je ne voudrais pas vous laisser sur la vilaine impression que tous les volontaires sont les vilains casseurs de Leopoldo Lopez. Il y avait présent hier à Cucuta, à le frontière, l’immense bonne volonté de tous ceux qui étaient là pour contribuer concrètement à la distribution d’une urgente, je vous renvoie à la première demi-heure de la vidéo suivante. Pas besoin de traduction, des milliers de visages parlent de bonne volonté sans qu’il soit besoin de mots. Et de bonheur… ils sont aussi le peuple du Venezuela…

 

A divers moments de l'histoire en différents lieux, pour éviter de répandre le sang du peuple, les chefs de guerre ou leur champions s'affrontaient en face à face, et le vainqueur de ce combat avait gagné la guerre. Cela ne se passera pas comme cela au Venezuela.

Je vois mal Maduro et Guaido monter ensemble sur le ring pour régler la question « Venezuela » sans que le peuple ait à traverser la guerre. Le premier danse, le second se goberge – entre Présidents et autres « grands » de ce monde, alors que le sang du peuple a commencé de s'épandre sur les sols du Venezuela.

Après ce que j'ai vu hier, je peux le dire, ils sont aussi abjects l'un que l'autre. Et le peuple divisé est l'instrument de leurs combats. Le pays est le premier champ de bataille d'une guerre entre la Chine et la Russie d'une part, surtout la Chine qui est propriétaire par hypothèque d'une grande partie des ressources du Venezuela, mais qui est aussi maître à penser de Nicolas Maduro Moros, président du pays, en qui il est impossible de voir un chef de guerre ou un champion ; et les États-Unis (corporations) qui ont envoyé dans l'arène Juan Guaido, non pour qu'il se batte en personne mais pour qu'il recrute les troupes qui défendront leurs intérêts, et payeront leur tribu de mort et de blessés, les premiers sont tombés hier.

 

Moi, ce qui m'intéresse en réalité, ce ne sont pas les grandes théories, ni les dirigeants qui les incarnent plus ou moins bien, mais des peuples fait de personnes dont certaines sont autant d'amis potentiels.

 

Avant même de savoir qui était Chavez, j'ai vu le peuple du Venezuela debout, Constitution à la main, mettre fin au coup d'état de 2002. J'ai toujours considéré que si Chavez était grand, c'est parce qu'il était debout sur les épaules d'un peuple qui se tenait bien droit et tête haute.

C'est un des plus beaux aspects de l’œuvre de Chavez, catalyseur, qui a contribué à ce que, dans toute l'Amérique Latine, des peuples à genou se relèvent et dressent fièrement la tête. Mais n'oublions pas le mouvement zapatiste, pour ne parler que du plus connu en Europe francophone, ils étaient là avant Chavez et ils sont toujours là aujourd'hui. Menacés.

Ce que Chavez et les gouvernements progressistes ont fait, aux meilleurs moments de leur histoire, c'est d'ouvrir des espaces de liberté, permettant l'épanouissement de ces mouvements.

Un des meilleurs exemple est l’épanouissement du Mouvement des Sans Terre du Brésil, pendant les mandats de Lula et Dilma. Le projet des Sans Terre et le projet Progressiste de Lula, à terme, seraient entrés en confrontation. L'affrontement inéluctable entre Progressisme et Anti-Extractivisme. Deux courants qui ont pu cheminer ensemble à un moment de leur histoire, coexister harmonieusement. Les deux sont les cibles de la guerre totale annoncée par Trump. Le Mouvement des Sans Terre est un des premiers à avoir été agressé militairement par Bolsonaro (allié de Trump) qui veut y mettre fin terme. On comprend pourquoi, le Mouvement des Sans Terre soutenait inconditionnellement Lula.

Bolsonaro est allié de Trump, mais pas le Vice-Président Hamilton Mourao, ni le commandement militaire, qui défendent l'autodétermination du Brésil. Les seconds ont remporté ces derniers jours une immense victoire. Bolsonaro voulait, dès le 23, hier, envoyer les militaires brésiliens sur le territoire du Venezuela our « accompagner l'aide humanitaire », il leur avait donné des ordres en ce sens, et les avaient contraints contre leur gré à se placer sous les ordres du Commandement Sud Des USA, dans le cadre de cette opération. Il a du faire marche arrière. Le Brésil participerait à l'aide humanitaire, mais ceux qui la ferait parvenir au Venezuela devraient être des vénézuéliens au volant de véhicules vénézuéliens. C'est important, il existe des fissures dans le bloc de ceux qui veulent que Maduro dégage. Il y a aussi d'importantes fissures dans le gouvernement de Bolsonaro. Et cela me fait plaisir de voir qu'il a perdu cette bataille.

 

 

Quand on parle de guerre, et je le déplore profondément, il faut identifier, connaître et comprendre (pouvoir anticiper) son ennemi. Que ce soit bien clair, ni Maduro, ni Guaido, mais bien toutes ces belles personnes qui veulent vivre en bons voisins, celles qui sont impliquées dans combats politiques comme celles qui ont simplement le désir de vivre en paix en construisant un monde agréable pour tous, ne se retroussant les manches, et en tissant des réseaux de solidarité. Le peuple Vénézuélien a déjà démontré qu'il avait un gros potentiel d'auto-organisation, dans le combat comme dans la vie quotidienne. En ce qui me concerne, dans ce combat, ce sont les personnes qui ont ce potentiel qui m'intéressent. Mon cœur est avec eux.

 

Je pense que c'était important de préciser cela, que chacun puisse comprendre « d'où je parle », de qui je me fais écho.

 

Eliott Abrams s'était rendu en personne à Cucuta, hier. « Un spécialiste des renversement de gouvernement », une spécialité qui lui avait valu d'être condamné comme criminel de guerre, ses outils : les escadrons de la mort ; ses méthodes : torture, exécution extrajudiciaire et disparitions forcées... il a été amnistié par Bush fils, mais c'est assez logique puisque Eliott avait commis ses crimes, le martyr de l'Amérique Centrale, pendant la guerre des Contras sous les ordres directs de George H. Bush.

Pour régler la question du Venezuela, Trump s'est entouré d'une équipe de criminels de guerres. Guaido est un pion dans leur jeu.

Les autres présidents d'AL présents hier à Cucuta : Duque (le président de la Colombie qui a offert son pays pour servir de camp de base), Pinera le président du Chili, et le président du Paraguay dont j'ai publié le nom, depuis la destitution de Lugo dans ce pays par un douteux coup d'état parlementaire, en 2012, les présidents du Paraguay sont également des pions, leur nom n'a pas vraiment d'importance.

 

La doctrine dite de sécurité des USA leur permet d'intervenir partout dans le monde quand ils considèrent que « leurs intérêts ou leur sécurité sont menacés ». Interprétation : le pouvoir qu'ils s'attribuent comme gendarmes autoproclamés du monde de défendre par la guerre, et toutes les formes de guerres sales, les intérêts des corporations qui sont le réel gouvernement de ce pays.

C'est en ce sens qu'Obama, déjà, avait déclaré qu'en vertu de la doctrine de sécurité, le Venezuela représentait un danger pour les États-Unis. Alors que son secrétaire d'état Kerry avait fait cete scandaleuse déclaration par laquelle il affirmait que les USA allait recommencer à s'occuper vigoureusement de leur arrière-cours. Ce sont les termes qu'il a utilisé. Autrement dit, Trump incarne le passage d'un seuil dans une continuité de sens. Une escalade dans l'intensité d'une guerre qui n'a jamais cessé, le passage de la guerre dite de basse intensité à la déclaration de Guerre Totale (contenu de sa déclaration du 18 février à Miami). Un jour dont on espère qu'il constituera dans le futur une anecdote, pas un tournant de l'histoire.

Si le Venezuela est un « danger pour la sécurité des USA » ce n'est pas seulement parce qu'il avait choisi pour créanciers la Chine et le Russie plutôt que les USA. Mais aussi parce que ce pays a été pour un temps le leader d'un formidable mouvement d'autodétermination de l'Amérique Latine. Un double intérêt donc, politique et économique.

Du rapprochement entre nations sur base d'un principe de collaboration régionale qui favorise l'autodétermination de chacun, il ne reste rien... ou si peu. La vraie menace (pour les Corporations) aujourd'hui, c'est la partie des peuples, réveillés qui ne veulent pas d'un retours en arrière. En particulier, les peuples indigènes qui soudain se mettent à réoccuper leurs terres en habitants légitimes. Des terres que les colonisateurs et leurs héritiers s'attribuaient depuis des siècles, les considérant comme res nulius, terrre de personne, appropriables à merci. Mais les indigènes ne se sont pas contentés de ré-habiter1 leurs terre en habitants légitimes, ils ont inspiré une grande partie de la renaissance politique de l'Amérique Latine, ils en ont décolonisé une partie de la pensée, donnant naissance ou catalysant un grand mouvement mondial que j’appellerai faute de mieux communalisme. En Europe aussi il a toujours existé des mouvements communalistes, enracinés dans un lointain passé où la notion de propriété privée n'était pas encore d'application. Ils se sont enrichis de l'apport des mouvements indigènes. Quand les habitants de la ZAD de notre Dame des Landes accueille les résistants dAtenco (Atenco (Mexique) en lutte contre un projet d'aéroport renforce ses liens avec la ZAD de NDDL) c'est de cela dont il est question.

 

La contradiction de Chavez, c'est d'avoir fait voulu faire coexister communalisme et socialisme, des conception antithétiques.

La contradiction de Maduro c'est de vouloir faire coexister le socialisme de Chavez et celui de Xi Jiinping, des conceptions tout aussi antithétiques.

 

Les peuples originaires du Venezuela font aujourd'hui partie des plus pauvres parmi les plus pauvres du pays. Ils comptent parmi les principaux foyers d'une épidémie de rougeole et d'une épidémie de malaria qui mettent l'ensemble de la région en état de pandémie, les populations indigènes ont aussi un taux particulièrement élevé de VIH, est apparu parmi elles une mutation de virus qui tue rapidement et sélectivement, les hommes. Ce n'est pas anodin.

Elles sont également les victimes de ceux qui veulent s'attribuer l'or et autres ressources qui se trouvent sur leur territoire.

Et l'assassinat d'un de leurs principaux meneurs, Sabino, le jour de la mort d'Hugo Chavez est « passée inaperçue du grand public ». Depuis la famille de Sabino a été décimée par des assassinats sélectifs.

La mort de deux natifs Pémons, tués par les FAES, est le premier acte vendredi, prélude à ce qui se passe depuis. Cela fait partie des choses importantes qui devrait déjà être publiées. Les Faes font partie des troupes de choc du régime, certains les considèrent surtout comme des assassins aux ordres. Comme toujours la littérature en français à ce sujet est pratiquement nulle et non avenue, un article cependant :

Je m'arrête ici provisoirement... pour reprendre le fil des dernières minutes.


Anne

 

1.Habitants parce que dans la plupart des civilisations de natifs, du Nord au Sud du continent n'existe pas la notion de propriété de la terre au sens ou nous l'entendons.... C'était certainement une de leur plus grande faiblesse, ne connaissant pas la propriété au sens où nous l'netendons, ils n'ont pas vu le but de leurs envahisseurs. Ils ont appris depuis, à la dure, ils réagissent... il faut les faire taire, avec la vieille recette « un bon indien est un indien mort ». J'insiste, c'est ce qui se dit ouvertement, à longueur de page sur les forums de l'ultradroite latino... les éliminer jusqu'au dernier. La mort ou l'intégration forcée, a-culturation. La définition de génocide s'applique à la destruction de la culture d'un peuple.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Gilles Deleuze, février 1977.

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