4 décembre 2019 3 04 /12 /décembre /2019 19:57

 

 

Quelques nouvelles de Bolivie, en vrac, parce que les nouvelles sont rares et arrivent dispersées depuis que la dictature au pouvoir a expulsé la presse internationale et muselé ceux qui sont sur place. Terrorisme et sédition sont les accusations lancées contre tout qui proteste contre le coup d’état, ses auteurs et leurs pratiques. Ce groupe extrêmement minoritaire utilise également ces mêmes arguments « flous » pour démanteler les forces de résistance à ce projet de dictature fasciste, raciste.

Marches d'opposition qui seront récupérées par le coup d'état fasciste

Marches d'opposition qui seront récupérées par le coup d'état fasciste

Après que Evo Morales ait renoncé à son mandat présidentiel, qui ne devait prendre fin qu’un janvier 2020, le rapport de force a changé en Bolivie. Beaucoup de ceux qui ont manifesté pour le départ d’Evo, en pensant que cela permettrait d’opérer « un retour à la démocratie » ont compris qu’ils avaient été abusés, manipulés, utilisés pour favoriser un coup d’état de l’extrême-droite dont les premières expressions de victoires furent des explosions d’un racisme longtemps refréné : Whipalas brûlées et piétinées, femmes indigènes agressées et humiliées, satanisation des croyances des peuples originaires avec exorcismes à la clé…. Et la violence brutale de l’agression de ce pouvoir qui – à cause de son absolu manque de représentativité – ne peut se maintenir que par un usage démesuré de la force brutale de l’armée et la police d’une part, et d’autres part de groupes qualifiés de « société civile » qui sont composés en grande partie de délinquants payés pour semer la terreur.

Ce sont ces groupes violents qui ont agressé les législateurs ou leur famille quand il ne pouvait les atteindre directement, forçant ainsi à démissionner : Morales, le vice-président Linera, Salvatierra la présidente du Sénat, etc... afin de créer le vide politique qui permettrait à Añez de s’autoproclamer présidente avec une fiction de légalité. Ensuite on le sait, la plus brutale et cruelle répression s’est déchaînée contre la population indigène en générale, en résistance contre le coup d’état en particulier, facilité par le décret 4708 de la présidente : les forces de l’ordre seront exemptées de responsabilité pénale pour les exactions de la répression. Tirer dur le peuple était comme une sorte divertissement pour les militaires de Santa Cruz (fief des fascistes) venu réprimer la résistance de l’Alto. Beaucoup tirent aux jambes (témoignage du journaliste argentin Fernando OZ) + vidéo de témoignage d’un de ceux qui a eu la jambe brisée par les balles des militaires.

Des jeunes fascistes et des délinquants incarnent la "société civile"

Des jeunes fascistes et des délinquants incarnent la "société civile"

En même temps que les élections présidentielles d’octobre controversées, un sujet pour lequel aucun rapport concluant n’a été produit jusqu’ici, ont eu lieu des élections législatives, le MAS a reculé mais dispose toujours de la majorité des sièges des assemblées. Pour le mandat en cours lui aussi jusqu’au 20 janvier 2020 ; le MAS dispose au Congrès de presque 2/3 des représentants,

Et donc le MAS et autres organisations sociales, syndicales, paysannes ont adopté, à contrecœur, une position conciliatrice pour tenter de replacer la lutte sur le terrain politique qu’ils dominent et mettre un terme à la violence dévastatrice de l’affrontement entre force de l’ordre puissamment armées qui massacrent un peuple dont les luttes sont majoritairement pacifiques, alors que les mieux « armés » n’ont que des pierres à opposer aux fusils. Un rapport de force totalement défavorable.

La clé de voûte et la cheville ouvrière de cette réactivation politique, c’est la nouvelle présidente du Sénat, Eva Copa, une jeune femme de 32 ans qui a déjà derrière elle une longue carrière politique puis qu’elle a commencé à militer dès l’adolescence. Une jeune femme simple, sensible et forte, intelligente et courageuse, qui a assumé sans faiblir les responsabilités que lui a donné un improbable destin. La journaliste Maria Galinda  a réalisé une longue interview radiophonique   (esp), de la nouvelle présidente du sénat, elle dira « Depuis 13 ans que je fais ce métier, j’ai interviewé des tas de gens, personne jusqu’ici ne m’avait inspiré un aussi grand respect qu’Eva ». Je cite parce que je partage ce point de vue. Jusque-là Eva était une sénatrice de profil bas, plus intéressée par le travail à la base que par la fréquentation des sommets. Evo Morales, elle ne l’a rencontré que quelques fois lors de la campagne présidentielle, sans avoir avec lui aucun contact particulier. Il faut dire les hautes sphères du Mouvement vers le Socialisme étaient toujours plus coupés de la base, y compris ses législateurs qui sont en majorité des gens simples, des gens du peuple ayant une pratique de luttes sociales et populaires locales et régionales.

Présidente du Sénat, c’est le deuxième échelon au haut de la hiérarchie politique, juste après la présidente. On a pu lire et entendre un peu partout dans les médias que la présidente avait promulgué une Loi Électorale. Impasse sur le fait que cette loi est avant tout l’œuvre des législateurs du MAS et des mouvements sociaux, qui se sont assis à la table de négociation avec les tortionnaires du peuple, en présence des médiateurs de l’église catholique, de l’ONU et de l’UE, sous la direction d’Eva Copa, qui a rappelé ces jours-ci que les putschistes faisaient tout pour déstabiliser ce pouvoir législatif en reconstruction : menaces contre eux et leurs familles, arrestations arbitraires et disparitions forcées… + vidéo (esp) témoignage des tortures subies par le frère de l’ex-président de la Chambre des Députés, en guise de pression pour le forcer à renoncer à ses fonctions.

Eva et la présidente de fait signant la loi électorale

Eva et la présidente de fait signant la loi électorale

Je l’ai dit je ne prendrai pas position concernant ce qu’a fait ou non Evo Morales pendant ses mandats successifs. Il y a trop de désinformation en circulation, et en plus c’est aux boliviens de juger de cela. Ce que j’ai pu entendre en échos d’une manière générale, c’est que pendant ces deux premiers mandats, il avait fait un travail formidable et s’il avait quitté la présidence après ces mandats, il serait resté dans la mémoire collective, le meilleur président qu’ait jamais eu la Bolivie. Cela se traduit par les 64 % qu’il a obtenu au premier tour lors de sa troisième élection. Mais depuis, il a perdu une grande partie de la confiance dont il jouissait jusque-là, et pas seulement parce que Washington menait une rude guerre psychologique contre son gouvernement. Penser cela serait un grand mépris du peuple et de son intelligence. Ce qui me dérange profondément, c’est que depuis qu’il est au Mexique, Evo la ramène (entre autres) avec cette dernière « victoire » obtenue avec 47 % de voix (une chute de 17 % par rapport aux précédentes élections). Je n’entre pas non plus dans la question de savoir s’il y a eu ou non fraude, ce qui m’importe ici, c’est que je n’ai pas entendu de questionnement de sa part sur cette chute drastique de la confiance que lui accordait le peuple, pas l’ombre d’une autocritique ni d’une volonté de redéfinir son projet de pays en consultant les bases qui ne le soutiennent plus. Je l’ai dit, on ne peut opérer la transformation radicale d’un pays avec le soutien d’une minorité d’électeurs.

Et malheureusement, la campagne électorale a commencé en Bolivie, et à droite comme à gauche, règne la division. Les manifestations post coup d’état réunissaient dans un immense mouvement populaire des pour et contre Evo, ensemble, unis dans la même volonté de renverser le pouvoir usurpateur confisqué par la plus radicale extrême-droite. Une magnifique occasion de repartir sur de nouvelles bases, avec un MAS prêt à pratiquer une radicale autocritique afin de redéfinir un projet qui réponde majoritairement aux aspiration de la population. Mais ses différents candidats potentiels font campagne avec encore et toujours ce triomphalisme qui n’est pas de mise.

Eva Copa, elle à d’ores et déjà annoncé qu’à la fin de son mandat actuel, prévu pour janvier, (mais il est question de prolonger cette législature jusqu’à la tenue de nouvelles élections), elle ferait une pose dans sa carrière politique pour se consacrer à sa famille, à ses enfant une petite fille de quelques mois, un petit garçon de 4 ans confiés actuellement à sa maman, pour des raisons de sécurité, mais aussi parce que son travail actuel ne lui permet pas de s’éloigner de La Paz, les législateurs travaillent presque 24/24. Elle voudrait aussi pouvoir se consacrer au travail social pour lequel elle a été formée à l’Université Publique del Alto, la ville dont elle est originaire. Je sais qu’elle est sincère, et j’espère qu’elle pourra faire cette pose, à 32 ans elle a encore une longue carrière politique devant elle, et prendre de la distance est souvent salutaire.

Adriana et Andronico canditats potentiels du MAS aux élections 2020
Adriana et Andronico canditats potentiels du MAS aux élections 2020

Adriana et Andronico canditats potentiels du MAS aux élections 2020

Je l’ai dit je ne prendrai pas position concernant ce qu’a fait ou non Evo Morales pendant ses mandats successifs. Il y a trop de désinformation en circulation, et en plus c’est aux boliviens de juger de cela. Ce que j’ai pu entendre en échos d’une manière générale, c’est que pendant ces deux premiers mandats, il avait fait un travail formidable et s’il avait quitté la présidence après ces mandats, il serait resté dans la mémoire collective, le meilleur président qu’ait jamais eu la Bolivie. Cela se traduit par les 64 % qu’il a obtenu au premier tour lors de sa troisième élection. Mais depuis, il a perdu une grande partie de la confiance dont il jouissait jusque-là, et pas seulement parce que Washington menait une rude guerre psychologique contre son gouvernement. Penser cela serait un grand mépris du peuple et de son intelligence. Ce qui me dérange profondément, c’est que depuis qu’il est au Mexique, Evo la ramène (entre autres) avec cette dernière « victoire » obtenue avec 47 % de voix (une chute de 17 % par rapport aux précédentes élections). Je n’entre pas non plus dans la question de savoir s’il y a eu ou non fraude, ce qui m’importe ici, c’est que je n’ai pas entendu de questionnement de sa part sur cette chute drastique de la confiance que lui accordait le peuple, pas l’ombre d’une autocritique ni d’une volonté de redéfinir son projet de pays en consultant les bases qui ne le soutiennent plus. Je l’ai dit, on ne peut opérer la transformation radicale d’un pays avec le soutien d’une minorité d’électeurs.

Et malheureusement, la campagne électorale a commencé en Bolivie, et à droite comme à gauche, règne la division. Les manifestations post coup d’état réunissaient dans un immense mouvement populaire des pour et contre Evo, ensemble, unis dans la même volonté de renverser le pouvoir usurpateur confisqué par la plus radicale extrême-droite. Une magnifique occasion de repartir sur de nouvelles bases, avec un MAS prêt à pratiquer une radicale autocritique afin de redéfinir un projet qui réponde majoritairement aux aspiration de la population. Mais ses différents candidats potentiels font campagne avec encore et toujours ce triomphalisme qui n’est pas de mise.

Eva Copa, elle à d’ores et déjà annoncé qu’à la fin de son mandat actuel, prévu pour janvier, (mais il est question de prolonger cette législature jusqu’à la tenue de nouvelles élections), elle ferait une pose dans sa carrière politique pour se consacrer à sa famille, à ses enfant une petite fille de quelques mois, un petit garçon de 4 ans confiés actuellement à sa maman, pour des raisons de sécurité, mais aussi parce que son travail actuel ne lui permet pas de s’éloigner de La Paz, les législateurs travaillent presque 24/24. Elle voudrait aussi pouvoir se consacrer au travail social pour lequel elle a été formée à l’Université Publique del Alto, la ville dont elle est originaire. Je sais qu’elle est sincère, et j’espère qu’elle pourra faire cette pose, à 32 ans elle a encore une longue carrière politique devant elle, et prendre de la distance est souvent salutaire.

Les candidats potentiel du MAS qui se distinguent aujourd’hui sont l’ex-présidente du Sénat Adriana Salvatierra, et Andrónico Rodríguez Ledezma, vice président des fédérations de cocaleros de Cochabamba. Un fait remarquable : à deux ils totalisent tout juste 60 ans. Ils sont en quelque sorte des prolongations désignées par Evo pour lui succéder, il n’y a pas non plus – que je sache – de remise en question de leur part, d’interrogation sur la perte de confiance des anciens électeurs du MAS, ce qui a pour déplorable résultat que d’autres mouvements populaires ont décidé de présenter leur propre candidat, et que la division règne, là où l’unité permettrait un raz-de-marée populaire aux prochaines élections. Je les ai écouté tous les deux, avec le peu d’infos qui nous parviennent et donc je peux me tromper… je l’espère.

La droite aussi se chamaille. Le leader de l’extrême-droite et agent de Washington Camacho a décidé de se présenter, il se dispute déjà avec son complice et binôme Pumari chacun veut occuper la première place : Président de Bolivie. Mesa, le candidat de droite second derrière Evo aux élections d’octobre a annoncé qu’il serait candidat au prochain scrutin. Et donc la division règne à droite comme à gauche.

D’autre part le gouvernement de transition qui devrait se borner à la gestion courante et l’organisation des nouvelles élections s’est lancé à fond dans un programme néolibéral de privatisation, d’explosion des tarifs de l’énergie, le prix de l’électricité a augmenté de près de 500 %, la nourriture est exportée plutôt que de contribuer à la souveraineté alimentaire du pays.

Après que sous la pression des organisations internationales de Droits humains constatant les crimes de lèse-humanité et autres massacres commis par les forces de répression dans le pays après la publication du décret 4708, la présidente ait été contrainte à l’abroger jeudi dernier, de nouvelles inquiétudes se dessinent. Hier a été crée le GAT, un groupe de « répression antiterroriste » de choc intégré par 70 effectifs, il sera équipé d’armes semi-automatique et de longue portée et a officiellement pour mission de « démanteler les cellules terroristes » qui génèrent l’insécurité dans le pays. Tout un programme qui plane comme la menace de nouveaux massacres, tortures, exécutions extra-judiciaires, viols et autres disparitions forcées. Et qui éveille, une fois de plus le douloureux souvenir des escadrons de la mort de « l’époque des dictatures » réactivés déjà au Honduras depuis le coup d’état militaire de juin 2009.

Le plus horrible, c’est de savoir que seront qualifiés de terroriste et séditieux tout qui s’opposent à ses sadiques, alors que les « forces civiles » que ces fascistes utilisent pour imposer leur pouvoir, tuent, torturent, violent les résistants, détruisent et brûlent leurs biens personnels ou collectifs, impunément, avec la très chrétienne bénédiction du pouvoir aux yeux duquel ils sont « les bons » les défenseurs de « la démocratie et la liberté ».

Voilà, un peu en désordre, un peu comme cela me parvient un bilan partiel de la situation en Bolivie ce mercredi 4 décembre.

 

Anne W

Les GAT, nouveaux agents de la répression du peuple en résistance en Bolivie

Les GAT, nouveaux agents de la répression du peuple en résistance en Bolivie

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4 décembre 2019 3 04 /12 /décembre /2019 01:07
Echos de Bolivie : "Ils sous tirent dessus comme sur des animaux"

Echos de Bolivie : "Ils sous tirent dessus comme sur des animaux"

par Ollantay Itzamná , avocat et anthropologue quechua

Source en français alterinfo mis en ligne par Françoise Couëdel

 

Le déterminisme biologique néolibéral, après une décennie de pause protocolaire, renaît de façon triomphante en Bolivie (tel l’Oiseau Phénix), révélant les vilénies les plus misérables qui habitent la « bolivianité » de la classe moyenne et les « modèles » politiques et culturels auxquels elle obéit.

Le rejet des résultats électoraux récents orchestrés/ pollués par des « damoiseaux et damoiselles » de la classe urbaine, loin de manifester des velléités d’attitudes démocratiques, pour la « défense de la démocratie », révèle la manifestation publique du racisme suintant qu’ils diffusent dans leurs selfies. Assoiffés d’images de corps ensanglantés ou morts, pour « accuser l’indien qui gouverne », ils témoignent ainsi de l’hypocrisie raciste dont « par nature l’indien est coupable ».

Le rejet raciste de rue, dans le style mal imité des guarimbas vénézuéliennes, ne plaide pas en défense de la démocratie, ni de la seule défense de leurs privilèges culturels « supposés en déclin dans les 13 dernières années ». C’est avant tout la revendication publique de l’identité collective que partage une classe. Constater cette réalité est douloureux mais c’est ce que l’on voit et observe.

Elles/ils haïssent, rejettent le sang indien qui coule dans leurs veines et fantasment, s’imaginent en blanc « mythique » qu’ils ne parviendront jamais à être. Dans cette contradiction existentielle ils perdent leur humanité détériorée. C’est la schizophrénie congénitale culturelle/identitaire de la bolivianité républicaine.

Ces 13 années de démocratie libérale institutionnalisée n’ont pas été suffisantes pour soigner/guérir/ la schizophrénie culturelle/identitaire qui habite la bolivianité républicaine/ coloniale. Morales et son gouvernement, s’est égaré dans la « modernité matérialiste », et a négligé ou fait trop peu pour aider à guérir ce mal congénital qui habite la bolivianité « traditionnelle ».

Plus encore, cette bolivianité traditionnelle maladive, incarnée par Carlos Mesa et les « civiques », est l’archétype souhaité par la jeunesse et les nouveaux citoyens de la classe moyenne. Álvaro García Linera et les scribouillards du gouvernement, avec leurs académismes dépassés, éloignés de l’idée du Bien vivre, ont encouragé et encouragent cette fausse illusion. L’académie hégémonique occidentale est ontologiquement raciste et epistémicide.

Il est douloureux de l’affirmer, la Bolivie actuelle, malgré son « économie modèle », son réseau de routes, et de transport moderne, de sa « souveraineté satellitaire » …semble encore figée dans le dilemme du XVIe siècle : « Les aborigènes andins sont-ils ou ne sont-ils pas des humains ? ».

Mais cette interrogation est actuellement teintée de rancœur et de haine, car le sang aborigène circule même dans les veines de Carlos Mesa, de Albarracín, de Camacho…cela explique que la négation et la détestation de ce qui les trahit, qu’ils tentent de cacher (en portant barbe, et cravate et des noms métissés) deviennent viscérales.

C’est cette contradiction existentielle de classe qui anime et épuise les « racistocrates » boliviens, malgré la défense historique portée par Las Casas en faveur des aborigènes.

Même aux débuts de la République le débat ne portait plus sur la condition anthropologique de l’indien mais sur sa condition de citoyen. À cette époque les créoles libéraux soutenaient que les « aborigènes grâce à l’éducation, pourraient accéder à la citoyenneté bolivienne », tandis que les créoles conservateurs prétendaient que « les aborigènes, par nature, ne pourraient pas devenir des citoyens boliviens ». Finalement, depuis les premières décennies, en théorie, c’est l’argumentation des créoles libéraux qui s’est imposée.

Mais, en dépit de cette reconnaissance des libéraux (légalisée par le vote universel de 1952) [1] « les Boliviens traditionnalistes » refusent de reconnaître le vote des Indiens, et en conséquence de reconnaître l’Indien comme sujet politique. Et plus triste encore, ils avancent l’argument que c’est pour « la défense de la démocratie ».

Ces constatations, et bien d’autres encore, révèlent que pour cette triste classe moyenne bolivienne, il n’y a démocratie que quand les riches/blancs triomphent, y compris grâce aux votes des Indiens, mais que quand ce sont les Indiens qui gagnent (faisant de la majorité démographique une majorité politique) il y a eu fraude.

Face à cette conviction identitaire de classe il n’y a pas de principe, ni de règle, ni d’audit électoral qui vaillent. Et comme à l’atroce époque coloniale on agresse, on roue de coup (dans les rues, en place publique, face aux caméras) tout mortel qui s’oppose à leur « racistocratie ». Dans le seul but de faire prévaloir le supposé déterminisme biologique néolibéral.


Blog de l’auteur : https://ollantayitzamna.com/.

Traduction française : Françoise Couëdel.

Source (espagnol) : https://ollantayitzamna.com/2019/11/02/bolivia-no-es-la-democracia-es-la-racistocracia/.

 

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2 décembre 2019 1 02 /12 /décembre /2019 14:58

Message de Murillo, pseudo-ministre de l’intérieur de Bolivie à une délégation de Défenseurs de Droits Humains venue de la voisine argentine enquêter dans le pays: « Étrangers qui venez dans ce pays, a essayer d’incendier le pays, avancez avec précaution, nous vous observons, nous vous suivons,, nous voyons ce que vous faites. Au premier pas de travers que vous ferez pour faire du terrorisme ou de la sédition ; vous aurez affaire à la police. Les policiers sont attentifs et ont reçu des ordres pour ne pas permettre qu’on nuise à notre pays ».

Les Défenseurs de Droits Humains Argentins sont menacés par le gouvernement at agressés par la "Société Civile"

Il y a deux semaines, la ministre factice des communications, avait tenu un discours similaire aux journalistes étrangers qui se trouvaient encore dans le pays. Et les journalistes ont quitté le pays, non parce qu’ils redoutaient d’être accusés de sédition, mais parce qu’ils craignaient pour leur vie. Cette fois, le ministre s’adresse à une délégation argentine de droits humains qui après avoir été persécutée par les policiers à leur arrivée, avec des interrogatoires approfondis (on leur exige de donner les noms et autres données de ceux dont ils vont recueillir le témoignage) et des fouilles au corps, se sont vu insultés et menacés par un groupe de la « société civile ». La délégation argentine n’a pu faire qu’une partie de l’enquête qu’elle avait prévu de mener, ses membres aussi se sont sentis en danger. Ils ont néanmoins pu récolter de nombreux témoignages et preuves de crime de lèse humanité commis par l’extrême-droite qui s’est emparée du pouvoir.

Le régime fait tout pour pouvoir agir loin des regards. Il a essayer de faire gober au public international, sa version qui raconte que les morts, ce sont les indigènes qui se sont entre-tués et que les militaires, la police n’ont pas tirer un seul coup de feu sur les manifestants. Une bonne raison pour contribuer faire connaître les crimes qu’il pensait pouvoir commettre en toute impunité, et qui sont d’ores et déjà qualifiés par les organisations de défense des droits humains de crime de lèse humanité, des crimes pour lesquels il n’y a pas de prescription. Le plus horrible, c’est que certaines des victimes, le sont simplement, parce qu’elles sont indigènes et que le décret 4708 promulgué par la « présidente » qui exempte de responsabilité pénale, les forces de l’ordre pendant les actes de répression, sont pour certains policiers et militaires fascistes, racistes, que cela démangeaient depuis longtemps, un droit de tuer, de blesser, de torturer des « indios » à volonté. Ce décret a été abrogé jeudi dernier mais cela c’est le chapitre suivant.

Les témoignages des derniers journalistes restés sur le terrain, sont concordants, et font échos les uns aux autres. Chacun a vu des morts, des blessés à qui les soins étaient refusés par mauvaise volonté ou par manque de moyens, et d’autres qui n’osaient aller se faire soigner de peur de se faire arrêter. Un de ces journalistes qui a fait un travail d’une grande humanité, Esteban Trebucq a réuni les témoignages recueillis sur place dans une vidéo bouleversante que vous pouvez voir en espagnol. Parmi les récits a posteriori des journalistes que j’ai écouté, j’ai retenu celui-ci particulièrement illustratif des horreurs commises par ce régime putschiste. C’est celui du journaliste Fernando Ortega Zabala, plus connu comme OZ, que je vous résume ici. Il est interviewé un journalistes de America TV. Âmes sensibles s’abstenir.

Le témoignage de Fernando OZ

Fernando OZ raconte qu’il s’est retrouvé entouré de morts, qui étaient tombés juste à côté de lui. Qu’il a vu mourir des gens sous ses yeux. Quatre personnes sont mortes devant lui. Les forces de l’ordre tiraient sur tout ce qui bougeait. « A un moment, j’ai voulu traverser une rue, j’ai crié je vais traverser, j’ai montré ma carte de presse,, je montrais ma carte, et ils ont tiré vers moi 2 fois. S’ils avaient voulu me tuer, ils l’auraient fait, mais c’était leur manière de se divertir. C’étaient des militaires. Ils avaient le champ libre, parce qu’à ce moment-là la présidente avait promulgué un décret, une espèce de patente pour tuer. […] A un moment, je me suis rendu compte qu’il y avait une question… je ne sais pas si pour eux c’était du divertissement, mais ils tiraient dans les jambes, et cela produisait beaucoup de blessés. Il y a eu beaucoup de blessés. Ils ont clairement passé les limites » Les deux sont d’accord pour le dire : ce sont des criminels, totalement.

OZ a été témoin du massacre de Senkata, alors que la presse ne pouvait y pénétrer. Il pensait y passer quelques heures, mais il s’est fait piéger sur place, en même temps qu’un journaliste mexicain travaillant pour une chaîne française, ils étaient les deux seuls journalistes présents sur place et ils étaient là par hasard et ils ne pouvaient pas sortir de la zone où ils étaient. Ils avaient peur qu’on les recherchent, les habitants les ont cachés. […] OZ n’a pas été blessé, mais il s’est retrouvé avec le visage enflammé (par les gaz) dans la manifestation qui descendait del Alto, avec des gens venus de différents lieux de la province . Il a essayer d’aider des blessés, mais les médecins n’avaient aucun matériel pour les soigner, ils n’avaient rien. […] Mauro demande : « Ils veulent tuer les gens pourquoi ? Ils veulent tuer pour tuer ? » OZ :  « Cela a été un massacre. Réellement je n’arrive pas à comprendre ce qui s’est passé. » Il fait alors remarquer que l’ensemble des militaires présents venaient d’autres régions, principalement de Santa Cruz, le fief fasciste de Bolivie. Comme toujours quand il faut éviter que les militaires qui vont devoir tirer sur le peuple se retrouvent face à leur mère, leur sœur, leur cousin, leur proches… « Et les militaires qui sont venus ont ouvert le feu et il y a eu beaucoup de blessés ». Les militaires tiraient littéralement sur tout ce qui bougeait et des enfants ont également été blessés. OZ, comme l’ont fait d’autres journaliste reconnaît que c’était une expérience réellement traumatisante. « On a une dose d’adrénaline qui maintient extrêmement vigilant, on ne sait pas ce qui va se passer. Nous étions encerclés. On ne sait pas ce qui pourrait se passer. Les deux, nous étions recherchés. » OZ va raconter comment ils ont passé la nuit, ils ont dormi dans l’endroit même où étaient les cadavres. Ils ont dormi à côté des corps privés de vie. En réalité, ils ont à peine dormi et toute la nuit ils entendaient les détonations. « C’était impressionnant de voir ça. Je l’avais vu dans des films. Voir comment les hélicoptères lançaient les gaz." Pour lui, cela évoque le Vietnam. Et pourtant, il ne voulait pas partir, il a eu mal à monter dans l’avion, il ressentait la nécessité de continuer à couvrir ce qui se passait. Il se sentait mal aussi de ne pas connaître les noms des morts., Surtout ceux des 4 qui sont morts sous ces yeux. […] « Il y a un manque de respect de la vie. » et de la mort, comme il a le pu voir, quand un million de personnes descendaient en manifestation pacifique, portant les morts dans leur cercueils, et les gazéifications massives font fuir la foule en deuil et les porteurs et que les cercueils gisent abandonnés dans les rues.

Il termine en disant qu’il y a eu aussi de la répression en Équateur, qu’il y a de la répression au Chili, mais là-bas, la presse est présente, la particularité de la Bolivie, c’est que le gouvernement fait tout pour qu’aucun journaliste, aucun témoin ne puisse en rendre compte. Comme je disais plus haut, se faire accuser de sédition par ce gouvernement de pacotille ne faisaient pas peur aux journalistes. Par contre voir circuler dans les réseaux sociaux des proches du régime leur photo accompagnée de cette même accusation les exposait à la violence de « la société civile ». Ceux qui connaissent les stratégies de coups d’état dit doux et assimilés savent que ce terme de « société civile » est utilisé pour qualifier les groupes de déstabilisation formés depuis Washington à travers des organisations comme la NED et l’USAID, des groupes systématiquement chapeautés par l’extrême-droite locale, qui confisquera le mouvement son heure venue. Des journalistes, avec des dizaines d’années de métiers, de couvertures de situations de crise dans le monde entier, ont des témoignages concordant : jamais ils ne s’étaient sentis aussi personnellement menacés pour faire honnêtement leur travail.

Depuis une semaine, depuis la signature de la loi électorale, qui a ramené la lutte sur le terrain politique, et la pachamama dans le palais présidentiel, un calme relatif est revenu en Bolivie, en surface, parce que la répression, les menaces contre les membres du Mouvement pour le Socialisme, en particulier dirigées contre ses Parlementaires continuent, Démocratiquement parlant, sur le plan politique, le rapport de force est favorable au MAS et autres organisations sociales et populaires en lutte contre la dictature et le fascisme qui ont volé le pouvoir du peuple. Et cela les usurpateurs, avec leur 4% de représentativité, ne peuvent l’accepter.

Et cela, c’est le chapitre suivant

Anne W.

Andronico probable candidat présidentiel du MAS rencontre la jeunesse d'Eterazama

Pour fini sur une note d’espoir : Andronico probable candidat présidentiel du MAS aux prochaines élections prend un bain de jeunesse. Les plus jeunes, parfois révoltés contre le gouvernement autoritaire d’Evo Morales, ne savaient pas avant les dernières semaines ce qu’était une réelle dictature. Cette expérience a éveillé leur conscience, et réuni dans un même combat contre la dictature des jeunes pro et anti Evo, Les jeunes d’une municipalité de Cochabamba ont convoqué une réunion politique dont Andrinico est l’invité.

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30 novembre 2019 6 30 /11 /novembre /2019 14:15

 

 

En Bolivie, on a pu voir au cours des derniers jours les équipes d’enquêtes de différentes organisations de droits humains recueillant les témoignages bouleversants des victimes de massacre. Des proches de ceux qui sont morts, en larmes, amènent aux enquêteurs les balles des militaires qui ont tué ceux qui leur êtres chers et les vêtements des défunts transpercés par ces balles. Des gens ont été tués non parce qu’il étaient « séditieux » ou terroriste mais bien parce qu’ils étaient indigènes. Je vais vous traduire ce qu’en dit le Haut Commissaire du Comité International des Droits Humains :

LeHaut commissaire aux Droits Humains déclare :

"La situation en Bolivie est alarmante, très préoccupante. Au point que je commence par la fin et je vous dis : la commission va établir, je suis autorisé à le révéler, que doit être constitué un groupe interdisciplinaire et international d’experts qui puissent être constitué dans le pays et enquêter, approfondir les fait qui ont eu lieu après le renoncement du président Morales et l’annulation électorale qui ont causé au moins deux massacres clairement vérifiés dans l’Alto et l’autre à Cochabamba où il y a eu une vingtaine de personnes qui sont mortes par balles dans des opérations conjointes des forces armées et de la police malgré que l’information officielle parle de morts qui se seraient produites dans des affrontements entre civiles. Nous pensons que cela exige une enquête internationale parce que nous ne rencontrons pas de garanties internes d’enquête impartiale et ferme. Nous allons également poser que la Commission Inter-américaine doit réaliser rapidement une visite dans le pays intégrées par les commissionné(e)s afin de dialoguer, vérifier sur les lieux et amplement avec les autorités, avec les organisations de la société civile, avec la presse, avec les victimes, avec leurs proches sur les faits qui se sont déroulés. Il est également très alarmant de constater que un de ces massacres s’est produit le jour qui a suivit la promulgation de ce décret très questionnable par lequel le gouvernement intérimaire dispose des forces armées et décide que cette intervention sera exempte d’enquête et de tout type de responsabilité. Répression pour les anciennes autorités, répression et réduction au silence d’une partie de la presse et silence délibéré pour l’autre. [une enquête aussi] concernant les personnes qui considèrent avoir été victimes de leurs violation de droit humains pendant le gouvernement d’Evo Morales avant les élections et également victimes postérieures au thème électoral. Il y a une situation très alarmante, un polarisation, des discours de haine, de violence de la part de groupes armés et cela est quelque chose de très sérieux."

 

Il faut remarquer que si il y aura bien une enquête concernant d’éventuelles violations contre les droits humains de la part d’Evo Morales et de son gouvernement, les crimes contre l’humanité sont eux de la seule responsabilité de l’extrême-droite au pouvoir.

Ce qui frappe en premier lieu, c’est que le délégué du CIDH est dans ce même état de choc de témoins de l’horreur que l’étaient les journalistes internationaux qui filmaient la réalité de la répression et les témoignages des victimes et de leurs proches avant de devoir abandonner le pays à cause des menaces que proférait contre eux le pouvoir putschiste. Le même état de choc dans lequel je me suis retrouvée quand les premières vidéos nous parvenaient qui montraient des scènes de massacres, de rafles de la population civile, des hôpitaux de rue où des volontaires médecins, infirmiers, personnes de bonne volonté tentent de soigner au mieux les blessés alors que certains d’entre eux sont arrêtés pour sédition. Une manifestation pacifique de deuil bombardée de gaz lacrymogène forçant les participants à fuir abandonnant les cercueils qu’ils portaient au milieu des rues. Ils ne respectent vraiment rien.

Le décret promulgué par la présidente usurpatrice, qui a signifié le droit de tuer pour les militaires, le décret 4078 a été abrogé jeudi. Mais ce décret, semble-t-il, n’exemptera pas le pouvoir factice des crimes dont il est responsable face à la communauté internationale.

Les groupes de l’extrême-droite paramilitaires avaient déjà été mis en cause par les organisations de droits humains dès 2008 pour les crimes dont ils étaient responsables, assassinats et agressions de militants du MAS, paysans, ouvriers syndicalistes, et les crimes selon les termes du FIDH, commis contre des personnes « simplement parce qu’elles sont indigènes ou sympathisante du MAS ». C’est ce qui a eu lieu aucours des dernières semaines, des personnes ont été assassinées simplement parce qu’elles étaient indigènes ou opposées au coup d’état.

Samedi dernier lors des débats de la table de négociation entre les mouvements sociaux et le gouvernement de fait, une discussion avait opposé la présidente assassine et le « ministre » de la défense, un personnage répugnant, aux représentants des associations qui exigeaient l’abrogation de ce décret. Et cela donnait envie de vomir. Nous seulement le ton utilisé par le ministre qui semble prendre les militants indigènes qui lui font face pour des imbéciles, mais aussi les mensonges qu’il profère avec beaucoup de conviction comme l’affirmation ceux que l’armée combat  sont des étrangers qui se seraient introduits dans le pays pour y semer le chaos. Si,si, il le dit et le répète avec une grande conviction : nous devons combattre les forces étrangères qui ont envahi notre pays. « Tout cela, c’est de la démagogie » lui rétorque un représentant des mouvement sociaux. A d’autres moments l’argument du pouvoir étaient que les morts et les blessés par balles auraient été le résultat d’affrontements entre civiles. Ce que réfute le CIDH. L’attitude tant du « ministre » que de la « présidente » dévoile aussi qu’à leur yeux le vandalisme mérite la peine de mort… et que l’interdiction de tuer le peuple à vue est pour eux une grande frustration, en particulier pour le ministre.

Le CIDH, heureusement, n’est pas dupe et je sais que nous sommes beaucoup à espérer que les enquêtes conduiront le gouvernement putschiste et ses complices devant les Cours de Justice Internationale pour y être jugés pour crime contre l’humanité. Un avertissement pour l’extrême-droite bolivienne et latino qui rêve de pouvoir partir à la chasse aux indigènes sans rencontrer de résistance. Nous sommes tout aussi nombreux à souhaiter que la présence des organisations internationales qui vont enquêter sur le terrain dissuadera les tyrans sanguinaires qui ont confisqué le pouvoir exécutif en Bolivie de perpétuer de nouveaux massacres et tout autre forme d’atteinte aux droits humains et aux droits politiques des personnes.

 

Anne W

Une vidéo qui montre ce qui s’est déroulé après la confiscation du pouvoir par l’extrême-droite putschiste, comment se sont déroulées les rafles qui se sont produites à ce moment, comme un relent de nazisme :

 

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28 novembre 2019 4 28 /11 /novembre /2019 15:31
La Pachamama est de retour au palais présidentiel
La Pachamama est de retour au palais présidentielLa Pachamama est de retour au palais présidentielLa Pachamama est de retour au palais présidentiel

La Pachamama est de retour au palais présidentiel

Le Mouvement pour le Socialisme a montré ces derniers jours qu’il est une force politique bien implantée dans la population, capable de se recomposer même après une attaque féroce, comme le coup d’état qui a tenté de le détruire. Les putschistes ne se sont pas contentés de renverser Evo Morales, ils s’en sont pris aussi au dirigeants et cadres du mouvements, forçant les uns à fuir le pays, emprisonnant d’autres et tentant de semer la terreur dans l’ensemble du mouvement.

Il y a à peine quelques jours, la Bolivie était plongée dans la violence, et la situation semblait désespérée. Les usurpateurs du pouvoir avaient déchaîné une violence qui plus que les coups d’états qui ont mis au pouvoir des dictatures en Amérique Latine évoquait la montée au pouvoir des nazis en Allemagne. Non sans raison sans doute, puisque les principales forces des putschistes viennent de la Media Luna bolivienne, une région qui a eu le triste privilège d’être une foyer d’accueil de l’essaimage nazi, un des pires d’entre eux ,Klaus Barbie y trouva un refuge, protégé par les USA pour les services qu’il leur avait rendus dans la « lutte contre le communisme ».

Le fascisme en accédant au pouvoir pratique systématiquement un nettoyage ethnique, un nettoyage politique et un nettoyage social. La cible ethnique des néo-fascistes et autres nazis d’Amérique Latine, ce ne sont pas les juifs, mais bien les populations indigènes, leur mot d’ordre : achever la Conquista en apportant une solution finale à la « question indigène », l’ extermination définitive des peuples originaires. Un des vecteurs de ce courant est religieux, c’est un courant évangélique en pleine croissance. Il sévit en Amérique du Nord au Sud et compte des dizaines de millions d’adeptes, 20 millions au Brésil où ils ont porté Jair Bolsonaro au pouvoir.

Mais il existe également des courants catholiques qui servent la même cause, comme on a pu le voir récemment au Mexique quand un prêtre demande à ses disciples de prier pour délivrer ce pays de Satan auquel l’aurait livré le président Andrès Manuel López Obrador et de détruire toutes les institutions du pays, alors qu’en Bolivie, de bons chrétiens pratiquent des exorcismes collectifs pour chasser Satan, la Pachamama (enceinte de l’antéchrist) du pays. Le coup d’état a été dirigé par Luis Fernando Camacho, qui bien que catholique est un proche de Bolsonaro et des fondamentalistes évangéliques. Il dirige l’Union des Jeunes Cruzénistes, mouvement d’extrême-droite, paramilitaire dont la Fédération Internationale des Droits de l’Homme, déjà en 2008 dénonçaient les exactions commises par ce groupe paramilitaire « parmi lesquelles figurent les harcèlements, menaces, assassinats de défenseurs de droits humains et de paysans qui luttent pour une juste répartition des terres mais qui mènent aussi des attaques contre des personnes ou des groupes du seul fait qu’ils sont indigènes ou partisans du gouvernement »….. « 

Nettoyage ethnique, nettoyage politique, nous avons pu voir leurs troupes à l’œuvre au cours des dernières semaines, cette fois ils bénéficiaient de la protection de la police et de l’armée.

Le coup d’état consommé, Camacho qui ne s’est jamais présenté à aucune élection entre au palais présidentiel en vainqueur et prononce cette phrase qui fera le tour de la planète « Le Christ est de retour, plus jamais la Pachamama n’entrera dans ce palais ».

La répression se déchaîne alors, ciblée ou « aveugle », le paysage du pays se couvre de champs de bataille, des batailles ignobles tant les forces sont inégales. C’est clair toute la violence ne vient pas du côté des putschistes, il y a des groupes violents qui s’opposent au nouveau pouvoir et des actes de vandalisme, dont on ne sait qu’elle fut la part de provocation et le rôle qui aurait joué des membres du MAS. Mais l’immense partie du mouvement de résistance qui se lève est pacifique, et d’autres qui le sont moins opposent des pierres aux fusils des militaires qu’un décret promulgué d’urgence par la pseudo-présidente a exempté de toute responsabilité pénale pour les actes commis pendant cette sanglante répression.

Officiellement c’est une trentaine de personnes qui sont tombées, en majorité tuées par les balles des militaires, mais il y a de nombreux disparus et des témoignages affirment que les militaires ont fait disparaître des corps en différents lieux du pays. Les hôpitaux sont fermés ou débordés, pour soigner les centaines de blessés, des médecins, infirmiers et autres volontaires installent des hôpitaux de rue, plusieurs d’entre eux seront arrêtés pour cela sous prétexte de sédition. Un mot à la mode à ce moment en Bolivie, le même qui a obligé les journalistes internationaux a quitter le pays, une autre décret les menacent de se voir accusés de sédition si dans la pratique de leur métier, plutôt que de chanter les louanges du nouveau pouvoir, ils filment la terrible réalité du terrain et recueillent des témoignages qui permettent au monde d’en prendre connaissance. Les journalistes sont également menacés physiquement, ils ne s’approchent plus des fenêtres, de peur que quelque franc-tireur les prenne pour cibles, la situation devient intenable. J’ai pu voir une partie de l’évacuation épique de plusieurs journalistes argentins, en état de choc, choqués parce qu’ils avaient pu voir, choqués de s’être vu menacés de mort pour simplement faire leur boulot.

Mais déjà le rapport de force se déplace. Le projet de pays d’Evo Morales avait perdu une grande partie de son soutien. De plus de 60 % des voix, il tombe à 47 % (toute question de fraude présumée mise à part), clairement il est en désaffection. Un projet de transformation radicale comme le menait Evo Morales n’est viable que si l’adhésion qu’il rencontre est en permanente augmentation. Un projet de changement radical pour s’imposer quand moins de la moitié du pays le soutient, demande sinon une dictature, du moins un régime autoritaire afin de contraindre les opposants à se soumettre au nouveau modèle.

Pourquoi ce projet est tombé en désaffection, j’ai des pistes et mon opinion, mais pas encore assez documentée pour mener une plus ample analyse. Je suis cependant toujours surprise de voir que la gauche crie au miracle parce qu’un président socialiste à un taux de croissance élevée, alors que même des économistes de droites commencent à reconnaître que les taux de croissance positifs sont synonymes d’écocide et que l’importance du PIB comme ont la vu pour le Chili, n’est en rien une garantie de réduction des inégalités et de la pauvreté d’un pays. Que pendant ses deux premiers mandats Evo ait accomplit un travail formidable pour améliorer les conditions de vie, l’accès à l’éducation et à la santé d’une grande partie de la population la plus pauvre, la plus abandonnée, la plus démunie et exclue, c’est certain. Qu’il ait contribué à la possibilité pour la population originaire, jusque-là marginalisée, de prendre place à part comme sujet à part entière dans l’activité politique du pays, cela aussi il faut le mettre à son actif. Mais petit à petit, le pouvoir s’est stratifié, et les hautes sphères du MAS ce sont coupées des militants de base du parti et de leur implantation populaire. Les témoignages se recoupent, si de nouvelles têtes apparaissent dans le cénacle dirigeant ce n’est plus parce qu’elles ont été élues par la base, mais bien parce qu’elles ont été cooptées par Evo.

Le mécontentement grandit, et quand Evo annonce qu’il est réélu président, il se déchaîne sous forme de massives protestations. Des protestations qui ont certes deux composantes, une qui est le résultat du travail de sape qui fait partie du coup d’état préparé depuis Washington avec des complicités locales depuis l’accession au pouvoir d’un président socialiste, exactement comme ce fut le cas au Venezuela, où renverser Hugo Chavez était devenu une priorité pour Washington et l’oligarchie locale dés sa première élection en 1998. Il y a beaucoup de points communs dans les mouvements subversifs et putschistes qui sévissent dans ces deux pays et de liens entre les membres de ces 2 factions qui font partie d’un même courant et reçoivent les mêmes formations de la NED, l’USAID et autres ONGs de la subversion US. Mais où je voulais en venir, c’est que si comme au Chili ou en Colombie, se retrouvent dans les soulèvements des gens qui ont été mobilisés par des « agitateurs professionnels », ils sont une petite partie d’immenses mouvements de légitime mécontentement populaire, c’est important, j’y reviendrai plus tard, quand Piñera, Duque ou le « ministre de la défense » du gouvernement de fait de Bolivie Luis Fernando López Julio justifient la répression militaire par la présence d’une « attaque d’origine étrangère », ils insultent un peuple capable de décider seul que la manière dont il est gouverné ne lui convient pas.

Et donc dans la première phase de soulèvement populaire en Bolivie, il y a beaucoup de gens qui sont là parce qu’ils aspirent réellement à un changement à la tête du pays, des gens qui se sentiront trahis et utilisés quand l’extrême-droite confisquera le mouvement puis le pouvoir. La grande erreur de cette clique usurpatrice a été de déchaîner leur racisme triomphant dès les premières heures de leur victoire. Des sinistres relents d’un passé pas si lointain, d’une cruelle domination et exploitation de la majorité indigène du pays par cette même minorité blancoïde a ouvert les yeux de ceux qui manifestaient contre Evo, mais certainement pas pour l’accession au pouvoir d’une extrême droite raciste, cruelle, et fanatique religieuse.

La composition des manifestations avant et après la victoire du coup d’état n’est pas la même, le rapport de force change et le peuple uni commence a se réorganiser. Le nouveau pouvoir débordé par la force de la réaction déchaîne une répression démesurée. Il espère semer la terreur parmi la population, la forcer à dégager les routes et les rues, c’est le contraire qui se produit, au-delà de la douleur, la colère et la détermination populaire s’intensifient.

Pendant ce temps, le nouvel exécutif formé totalement des fidèles de ce courant qui a emporté 4 % des votes aux dernières élections, tente de détruire les assemblées législatives où le MAS occupe presque deux tiers des sièges. Les représentants du peuples sont sauvagement agressés, leurs familles sont séquestrées, leurs maisons brûlées, d’autres sont emprisonnés, d’autres encore entrent dans la clandestinité où prennent le chemin de l’exil. Des députés, des sénateurs ne peuvent tout simplement plus quitter leur région pour se rendre au siège du gouvernement faute de moyens de transport.Tout semble perdu…

Eva Copa Présidente du Sénat de Bolivie

Eva Copa Présidente du Sénat de Bolivie

Soudain pourtant le processus s’inverse. Des députés et sénateurs du MAS se sont accrochés, pour pouvoir continuer à travailler certains campent sur place dans les locaux du Congrès , ils ont peur s’ils sortent soit de se faire arrêter, soit d’être empêchés de rentrer par des forces de l’ordre qui ont battus l’ancienne présidente du sénat, toujours sénatrice, pour l’empêcher de pénétrer dans les locaux.

Une jeune femme va prendre la direction de la réorganisation des forces. Elle s’appelle Eva Copa Murga, elle a 32 ans, militante dès l’adolescence, elle a déjà derrière elle un long parcours politique. Je n’ai pas tous les détails de toutes les étapes des événements qui vont suivre, mais une bonne idée générale. Le 14 novembre Eva est élue, dans le respect des règles constitutionnelles, présidente du Sénat. Le but : remettre le législatif au travail pour pouvoir opposer aux putschistes à la légitimité nulle, une force politique légitime, cohérente et représentant la majorité du pays. Parce que dehors le massacre se déchaîne, que l’armée tire sur des gens désarmés, parce que les représentants du peuples sont menacés de mort. Il faut avant tout arrêter le massacre et ensuite, couper court à la volonté clairement et activement manifestée des usurpateurs de se maintenir au pouvoir. Il ne faut pas laisser se prolonger le vide législatif qui leur permet de gouverner par « décret suprême ». Il ne faut pas leur permettre d’organiser seuls de nouvelles élections dont ils décideraient des règles. Je ne sais pas exactement comment les Assemblées ont pu se remettre au travail, mais elles l’ont fait. Et sous supervision de représentants de l’église, de l’Union Européenne et de l’ONU, des tables de négociations ont eu lieu réunissant le pouvoir de fait, le pouvoir législatif et les représentants des organisations sociales. Le samedi 23 novembre sont proposées face à cette assemblées les versions finales de deux projets de loi, la première concerne la pacification du pays, la seconde l’organisation des élections, elles seront signées le le lendemain. Quatre vidéos d’un peu plus d’une heure chacune rendent compte de ces débats, j’ai regardé la dernière, je vous en rendrai compte par la suite, parce qu’il y apparaît beaucoup de choses importantes pour comprendre les forces en confrontation et que ce moment est une incontestable victoire du peuple obtenue par des négociations qui ont ramené la Pachamama de pied ferme, la voix haute, claire portant un discours intelligent et déterminé, au cœur du palais présidentiel.

 

Anne W

 

 

Le pouvoir factice n'en mène pas large, la "présidente" et le "ministre de la Défense ont perdu leur suberpe
Le pouvoir factice n'en mène pas large, la "présidente" et le "ministre de la Défense ont perdu leur suberpeLe pouvoir factice n'en mène pas large, la "présidente" et le "ministre de la Défense ont perdu leur suberpe

Le pouvoir factice n'en mène pas large, la "présidente" et le "ministre de la Défense ont perdu leur suberpe

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27 novembre 2019 3 27 /11 /novembre /2019 03:34

 

 

 

La situation en Amérique Latine ne cesse de se complexifier, comme le jeu qui consiste à pêcher des gouttes de vérité dans des océans de fausses nouvelles et de propagande plus ou moins élaborée, selon les publics cibles. Des sites auxquels j’ai pu faire confiance pendant des années, soudain semblent changer de bord, un site indigène (Pérou) publie une ode à Camacho, un site de gauche (Espagne) traite AMLO de fasciste…

Camacho "Jamais la Pachamama ne reviendra dans ce palais" dit-il en pénétrant dans le palais présidentiel

Camacho "Jamais la Pachamama ne reviendra dans ce palais" dit-il en pénétrant dans le palais présidentiel

 

 

La situation en Amérique Latine ne cesse de se complexifier, comme le jeu qui consiste à pêcher des gouttes de vérité dans des océans de fausses nouvelles et propagande plus ou moins élaborée, selon les publics cibles. Des sites auxquels j’ai pu faire confiance pendant des années, soudain semblent changer de bord, un site indigène (Pérou) publie une ode à Camacho, un site de gauche (Espagne) traite AMLO de fasciste…

Les fachos de la Media Luna Bolivienne, cela fait des années que je les suis, irrégulièrement, mais j’ai visité plusieurs de leurs sites, lu des centaines des commentaires qu’ils échangent entre eux avec leurs amis d’extrême-droite d’autres pays, d’autres contrées, les appels à exterminer les populations indigènes qu’ils se répètent ad nauseam, et récemment j’ai trouvé un article-enquête qui faisait une synthèse élargie de ce que j’avais pu apprendre jusque-là et qui ne laisse aucun doute Fundamentalista, paramilitar, fascista y millonario: Luis Fernando Camacho, líder del golpe en Bolivia il mériterait une traduction complète… comme tant d’autres sujets… je vais vous en donner quelques éléments qui concordent avec ce que j’ai pu vérifier par ailleurs. Vous trouverez quelques vidéos illustratives sur le lien donné ci-dessus.

C’est un texte de Max Blumenthal, le fait qu’il soutienne clairement Evo Morales n’enlève rien à la valeur informative de l’enquête. Qui est Camacho, qu’est l’Union des Jeunes Cruzenistes qu’il dirige, comment il va émerger du néant politique pour devenir le leader du coup d’état contre Morales alors que quelques jours avant presque personne ni en Bolivie, ni ailleurs n’avait entendu parler de lui, sinon dans les laboratoires de déstabilisations des USA, qui utiliseront les médias aux ordres pour le transformer en un instant en leader de la « révolution démocratique » en Bolivie.

Aujourd’hui quand j’entends les termes Démocratie, Liberté, Société Civile, je cherche la tentacule de la pieuvre fasciste qui se cache derrière les écrans de la désinformation, de la manipulation des consciences, de même que je prend des pincettes quand je vois les mêmes propagandistes matraquer du dictateur, narco-régime, terroriste, non pas pour JOH au Honduras, un des chouchous de Trump, mais bien pour Evo Morales ou autres des hommes à abattre.

Je suis critique de Morales, en fonction de ma propre vision d’avenir, cela n’efface pas tout ce qu’il a fait de bien pour son pays et pour ses habitants. Le taxer de dictateur narco-terroriste, se servir de cette requalification abusive pour le transformer en Cheval de Troie involontaire de l’invasion armée dont les USA menace le Mexique qui l’a accueillit, cela se sont des mensonges, des manipulations de l’histoire inacceptables. L’ex-indigène, oxygénée, remodelée et mal blanchie, qui joue en ce moment le rôle de Présidente très chrétienne (et raciste) de Bolivie, Jeanine Añez, dépose plainte contre AMLO à la Cours Internationale de Justice de la Haye parce qu’il « protège un terroriste ». Tout cela semblerait ridicule, si cela ne s’articulait pas avec d’autres mouvements et tactiques de l’extrême droite américaine (du nord, du centre, du sud) pour déstabiliser le Mexique et l’ensemble de la région. Ce sont des infos qui arrivent dispersées, un puzzle dont les pièces rassemblées montrent le sinistre dessein de la préparation d’un coup d’état au Mexique. Requalifier Evo de terroriste et faire de même avec les organisations du crime organisé, une autre grande manipulation en chantier (voir l’affaire LeBaron) permettraient aux USA de mener une invasion armée au Mexique sans autre forme de procès… mais les préparatifs de putsch au Mexique, bien que fortement lié est un autre sujet.

Revenons à nos Cruzénistes, mouvement notoirement connu en Bolivie, de longue date, pour son idéologie raciste et les violences qu’il commet contre la population indigène et les installations du gouvernement (ce que confirme un rapport de l’ambassade US, qui ajoute que leurs actions sont plus racistes que politiques). Ses membres reçoivent une formation paramilitaire, et pratiquent le salut nazi. Il faut rappeler que la Media Luna bolivienne dont ils sont originaires fut un des nombreux berceaux latinos de l’essaimage nazi, un des lieux où les héritiers d’Hitler se sont enracinés et reproduits, transmettant leur funeste idéologie à leurs descendant et gagnants de nouveaux adeptes à leur cause.

Dès que Evo Morales arrive à la présidence en 2006, ils sont outragés, humiliés d’être subordonnés à un sous-homme, un cafard indigène… je n’exagère même pas un tout petit peu, loin de là. Ils commencent à préparer leur revanche. En 2002, à l’âge de 23 ans, Camacho a été élu vice-président de l’Union des Jeunes Cruzénistes (UJCà.

Ils sont séparatistes et prêchent pour l’autonomie de leur région, et pour réaliser leurs projets ils ont formé une « garde civile », qui selon eux compterait 7000, un chiffre sur-évalué, toujours selon l’ambassade (US en Bolivie).

Après avoir visiter les membres de la UJC en 2007, le journaliste Benjamin Danglo les décrit comme « le poing de fer » du mouvement séparatiste de Santa Cruz et écrit à leur sujet :

« L’Union Juvenile est connue pour frapper et fouetter les paysans qui marchent en faveur de la nationalisation du gaz, lancer des pierres sur les étudiants qui se sont organisés contre l’autonomie, lancer des cocktails Molotov sur la télévision de l’état et attaquer brutalement le mouvement des Sans Terre qui luttent contre les monopoles agricoles ».

En 2008, Camacho a trouvé un ami et complice en la personne de Branko Marinkovic, président du Comité Civique pro-Santa Cruz, organisation marraine de UJC, dénoncé par la Fédération Internationale des Droits de l’Homme en tant qu’acteur et promoteur du racisme en Bolivie. Quand Marinkovic dénonce Evo Morales devant cette organisation pour les soi-disant persécutions politiques dont il serait l’objet, la FIDH lui répond par une lettre dans laquelle elle dénombre les actes de violence dont lui-même et son organisation se sont rendus coupables !

En Bref :  La FIDH exprime sa profonde préoccupation pour la recrudescence des actes violents fondés dans l’intolérance, la discrimination et le racisme pratiqués par le Comité pro-Santa Cruz et l’Union Juvénile Cruzéniste  – qualifiée par le FIDH « d’espèce de groupe paramilitaire » - parmi lesquelles figurent les harcèlements, menaces, assassinats de défenseurs de droits humains et de paysans qui luttent pour une juste répartition des terres mais qui mènent aussi des attaques contre des personnes ou des groupes du seul fait qu’ils sont indigènes ou partisans du gouvernement…..

En 2013, alors que les USA soutiennent ces organisations dans leur préparation d’un coup d’état contre EVO, le New York Times évoque une autre organisation membre du complot, la Phalange Socialiste (en souvenir du National Socialisme d’Hitler) Bolivienne, fondée sur le mode des Phalanges espagnoles de Franco, elle accueillera le bourreau nazi Klaus Barbie, avant que la CIA ne le recycle dans l’Opération Condor qui installe les dictatures militaires d’Amérique Latine à la fin du siècle dernier. Dans ce cadre la Phalange avait mené en Bolivie en 1971 le coup d’état qui avait renversé le gouvernement de gauche, son chef le général Hugo Banzer Suares s’attribua la présidence. Le précédent président avait commis le crime de nationaliser les industries du pays et d’en expulser les agences vecteurs d’ingérences de Washington…. Déjà vu ?

 

En 2019, ce sont ces mêmes organisations qui après des années de préparation et plusieurs échecs ont dirigé le mouvement qui a mis Evo Morales en déroute et à présent ce sont les mêmes Organisations Cruzénistes et leurs émules qui accompagnent police et militaires, au service du pseudo-gouvernement, dans des opérations destinées à remettre, par l’épouvante, à leur place d’esclaves et de bétail, les populations indigènes et les partisans d’Evo, et à les dissuader par la menace de tenter de participer à l’avenir à la vie politique du pays.

Et si demain l’occasion leur était donné de tuer massivement tout habitant originaire non exploitable sans merci pour leur propre profit, je n’ai aucun doute il le feraient, sans hésitation, ni état d’âme, ni remords…. Qui parlait d’éternel retour du même ? J’espère que non et que la réorganisation qui se produit au sein des mouvements ouvriers, paysans, indigènes arrivera à empêcher ce coup d’état de se perpétuer lors de prochaines élections. Mais cela c’est la suite de l’histoire.

L’article est encore long, il donne des éléments de la préparation de ce coup d’état militaire et paramilitaire, montre ses liens avec Washington et avec une nébuleuse fasciste internationale, etc.

Ce que je voulais mettre en évidence ici c’est la continuité et la répétition de politiques d’ingérence US en Amérique Latine et leur utilisation systématique d’organisations d’extrême-droite pour parvenir à leur fin. Ainsi que la menace que ces gens et les groupes auxquels ils appartiennent font peser « contre des personnes ou des groupes du seul fait qu’ils sont indigènes ou partisans du gouvernement….. » Afin de mettre en lumière les raisons d’une modification du rapport de force, nous ne sommes plus dans la lutte entre pro et contre Evo, mais dans un combat différent qui oppose les putschistes qui voudraient s’installer au pouvoir de manière durable à tous ceux qui par le passé ou récemment ont souffert des actes violents fondés dans l’intolérance, la discrimination et le racisme pratiques récurrentes des groupes suppôts de ce pouvoir fasciste.

La résistance s’organise et une jeune femme de 32 ans, Eva Copa Murga, membre du MAS a été élue constitutionnellement Présidente du Sénat. De nouveaux leaders apparaissent, qui réorganisent les forces politiques de manière critique et autocritique… Lien vers l’entrevue (en Esp) réalisée par radiodeseo, Eva y explique que sa première motivation pour accepter d’assumer cette lourde charge, c’est pouvoir contribuer à mettre un terme à la répression et restaurer un ordre constitutionnel dans le pays. Elle a pris en main les négociations avec la pseudo-présidente pour l’organisation d’élections et un accord a été signé dimanche. Mais cela je vous en parlerai par la suite

Anne W

 

Pour finir sur une note d’espoir, Eva Copa Murga, nouvelle présidente du Sénat que je soutiens de tout cœur, vous pouvez la voir ici une vidéo de quelques secondes qui ne peut être reproduite sans droits d'auteur...

Eva la courageuse

Eva la courageuse

Autres vidéos qui dressent un panorama de la situation Noticias Bolivia., la plupart sont courtes et illustratives.

 

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22 novembre 2019 5 22 /11 /novembre /2019 01:38
Manifestations en Amérique Latine, c’est le tour de la Colombie

Une vidéo avec des images et des explications concises de la grève d’aujourd’hui-hier en Colombie. Chaque image parle…

Que se passe-t-il en Colombie ?

Traduction libre du contenu :

Au cours des derniers mois la situation en Amérique du Sud a été brutale grèves, manifestations, blocages, pillages ;;; jusqu’à des blessés et des morts. Pour différents types de demandes et problématiques sociales dans chaque nation. Depuis l’augmentation du prix du métro au Chili à la réélection du président en Bolivie. Mais en dernières instances toutes ont un point commun, des gouvernements qui sont sourds aux aspirations des habitants, ce qui provoque le soulèvement d’une grande partie de la population.

Cette fois c’est le tour de la Colombie qui s’est réveillé ce matin avec les frontières fermées (Brésil, Venezuela, Équateur et Pérou) et les forces militaires en état d’alerte maximale pour ce qui s’annonçait comme une journée de protestations massives.

Au départ la mobilisation est appelée par les organisations syndicales et les centrales ouvrières qui appellent à une grève générale et le mouvement s’est étendu.

Des manifestations ont eu lieu aujourd’hui non seulement à la capitale bogota, mais aussi dans de nombreuses villes à travers le pays, alors que le gouvernement a préparé un dispositif policier et militaire dans tout le pays pour éviter que les manifestations se terminent en troubles et il a fermé les frontières.

Aujourd’hui des millions de personnes ont manifesté en Colombie pour des raisons qui peuvent se diviser en 4 :

1)Un paquet de mesures ( de type néolibéral), des mesures qui auront de forts impacts économiques et sociaux pour les travailleurs. Une des ces mesures : l’élimination du fond de pension de l’état qui se double d’une augmentation de l’âge de la pension. Une forte diminution du salaire des jeunes de moins de 25 sous le salaire minimal. Le gouvernement affirme qu’il n’appliquera pas ces mesures mais beaucoup pense que c’est un mensonge. (ce ne serait pas le premier, Duque est notoirement un menteur pathologique)

2)L’éducation Des milliers de manifestants sont des étudiants des universités publiques et privées qui se sont déjà mobilisés à plusieurs reprises cette année. Il réclament aussi l’application d’un accord qu’ils avaient signé avec le gouvernement et protestent contre les brutalités policières dont ils ont soufferts lors de précédentes mobilisations, en particuleir de la part des escadrons anti-émeutes. En Colombie aussi, la police rend aveugles les étudiants en tirant dans leurs yeux. Et enfin ils manifestent également contre la corruption qui règne dans plusieurs universités.

Assassinats d’indigènes, de leaders sociaux et d’ex guérilleros (qui après la signature du Plan de Paix s’étaient intégrés dans la société, parfois leurs familles aussi sont des cibles) (et n’oublions pas les journalistes qui dans certaines région portent en permanence des gilets pare-balles). Plusieurs centaines de morts cette année. (je n’ai pas la dernière tragique actualisation). Une situation particulièrement critique dans la région du Cauca. Les défenseurs du milieu ambiant sont des cibles privilégiées des assassinats sélectifs.

Non-accomplissement du processus de paix. Un accord qui avait été signé avec les guerillas politiques par le président précédent Manuel Santos. Au lieu d’appliquer cet accord devait mettre un terme à plus d’un demi-siècle de guerre civile de basse intensité, le gouvernement est accusé de raviver la violence… Des violences qui avaient atteint des sommets sous la présidence d’Alvaro Uribe, un des dirigeant de l’extrême-droite latino et membre important de UnoAmerica), dont l’actuel président est la marionnette.

Ce sont les principales raisons pour lesquelles la Colombie s’est mobilisée hier-aujourd’hui. Et aujourd'hui-demain ?

Anne Wolff traductrice libre

Manifestations en Amérique Latine, c’est le tour de la Colombie
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Ils nous a coûté si cher d'ouvrir les yeux, ils veulent nous rendre aveugles

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21 novembre 2019 4 21 /11 /novembre /2019 23:19

 

Il devient de plus en plus difficile de savoir ce qui se passe vraiment en Bolivie Profonde. Au cours des derniers jours, à travers toutes les sources, dans toutes le régions, revenait ce même appel chargé de douleur et de colère des populations originaires : « Ils nous tuent comme des chiens et la presse est absente. S’il vous plaît, aidez-nous, montrez ce qui se passe ici, nous avons besoin de tous les soutiens »

Je viens de publier une traduction, d’une vidéo qui décrit le coup d’état made in USA en 1954 au Guatemala. Pendant toute la traduction, je sens la résonance avec ce qui se produit en Bolivie, même si Evo Morales n’a plus la popularité incontestable dont il jouissait lors des précédentes élections, il effectuait toujours le mandat en cours jusqu’au 22 janvier 2020 pour lequel il a été élu avec plus de 60 % des voix, il a été forcé à démissionner sous la pression dans une mauvaise farce de soulèvement populaire préparé depuis Washington. Ma traduction suivante sera celle d’une vidéo qui analyse, documents à l’appui ce coup d’état « made in USA ». Et montre que le soulèvement au cri de « fraude » était déjà programmé de toute façon au cas plus que probable ou Evo gagnerait les élections et que le rapport de l’OEA au sujet de cette fraude a été critiqué de manière convaincante, plus que les arguments que ce rapport bâclé et inexacte présente

 

Pour comprendre ce que rétablir la démocratie veut dire pour les USA, il suffit d’aller voir ce qui se passe au Honduras depuis plus de 10, une triste histoire… une histoire de terreur et de misère qui pousse une grande partie de la population à fuir le pays, coûte que coûte. Alors que l’immense majorité des habitants demandent le départ d’un président élu de manière inconstitutionnelle doublée d’une fraude, la preuve est faite depuis New-York où son frère vient d’être condamné pour trafic international de drogue à haut niveau et autres bagatelles (j’ai oublié les termes techniques), la preuve est faite que le président Juan Orlando Hernandez (JOH) a été bénéficiaire de l’argent de la drogue de son frère, qui a – entre autre – financé ses campagnes électorales, et que la femme de ce JOH a contribué au blanchiment de cet argent sale. JOH fait l’objet d’une enquête de la DEA depuis 2012, le fils du précédent président a également été condamné aux USA pour trafic de drogue. La violence a explosé dans le pays depuis le coup d’état, alors que la misère touche une majorité de la population. Les opposants, les journalistes sont harcelés, menacés, assassinés ou disparaissent, comme la militante lenca du COPINH, Berta Caceres, assassinée de deux balles dans la tête, le 3 mars 2016, alors que les organisations internationales de Droits Humains avaient exigé du gouvernement qu’elle bénéficie de mesures de protection. Etc…

Mais Trump a félicité en personne JOH pour l’excellent travail qu’il fait… On croît se retrouver en plein cauchemar, quand tout perd son sens parce que les mots disent le contraire de ce qu’ils signifient réellement.

C’est ce que vivent les habitants originaires et légitimes de Bolivie en ce moment. Une presse prostituée qui présente une réalité inventée du pays, pendant qu’ils se font humilier, battre, assassiner, emprisonner… Le cri d’alerte aujourd’hui qui fait écho en différents lieux du pays : le gouvernement fait disparaître les corps des morts.

Une image parle plus que des mots...les petits points verts…

Brèves du jour 21 11 2019

Le coup de force de ce coup d’état, c’est que par un des tours de passe passe auquel la CIA voudrait nous habituer, un parti tout aussi extrêmement minoritaire qu’il est sans contestation possible raciste et d’extrême-droite, par une manipulations des faits et des circonstance, organisée, préparée de toutes pièces a pris le pouvoir. Dans la distribution des sièges parlementaires en Bolivie, le parti du nouveau pouvoir est représenté par les petits points verts.

 

Aujourd’hui se déroule en Colombie une grève générale, un arrêt du pays, en protestation contre des mesures néolibérales, l’absolue incapacité du président Duque a gouverner le pays, les assassinats constants de militants et autres dirigeants populaires, le retour de la terreur dans la « guerre contre la drogue » qui a causé dernièrement la mort de 8 enfants, la persistance de la violence paramilitaire d’extrême-gauche, comme d’extrême-droite, etc.

En vue de la manifestation, Duque a mis les casernes en état d’alerte et déclaré à partir d’aujourd’hui un couvre feu… je n’ai pas encore eu le temps d’aller voir en détail comment se passe les manifestations…. Un autre bon élève de Washington

Une bonne nouvelle : au Chili les forces de l’ordre n’ont dorénavant plus le droit d’utiliser les cartouches qui ont rendu plus de 200 chiliens partiellement ou totalement aveugles. Mais. Trop de témoignages confirment que certains carabiniers tiraient volontairement de près et au visage, pour douter que ces sadiques trouveront d’autres manières de faire souffrir le peuple rebelle…. Et autres mauvais traitements.

 

Je voulais surtout vous inviter à ne pas détourner le regard de ce qui se passe en Bolivie, même s’il est de plus en plus difficile de trouver des sources qui rendent compte de la situation de terrain en différents lieux du pays.

A suivre

Anne

La presse d’ici ne dit rien, elle parle seulement de pacification. Le jeune montre sur l’écran de son téléphone, le corps de son beau-frère traversé de part en part par une balle des militaires. Il montre ensuite le corps d’une femme de pollera (jupe traditionnelle) morte [...] et cette fois encore « Il n’y a pas de justice, ils nous dirent, comme des chiens, comme des animaux. Je l’ai vu avec nons propres yeux, ils nous tirent dessus »

Démenti du Ministre de la Justice qui affirme que l'armée n'a pas tiré

La presse d’ici ne dit rien, elle parle seulement de pacification. Le jeune montre sur l’écran de son téléphone, le corps de son beau-frère traversé de part en part par une balle des militaires. Il montre ensuite le corps d’une femme de pollera (jupe traditionnelle) morte [...] et cette fois encore « Il n’y a pas de justice, ils nous dirent, comme des chiens, comme des animaux. Je l’ai vu avec mes propres yeux, ils nous tirent dessus »

 

Mais encore

Arrestation d’un médecin qui soignait les blessés (23s)

 

Vous trouverez d’autres courtes vidéos qui montrent ce qui se passe en Bolivie profonde sur Noticias Bolivia. qui est régulièrement actualisé.

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20 novembre 2019 3 20 /11 /novembre /2019 02:19
Mouvement zapatiste

Mouvement zapatiste

 

Ce que je veux montrer ici, c’est l’ampleur du champ de connaissance nécessaire pour comprendre ce qui se passe en ce moment en Amérique Latine. Cela demande un énorme travail de documentation, un intense suivi quotidien auquel s’ajoute un travail de traduction de longue haleine. Au cours des derniers mois, j’ai privilégié la documentation et le suivi quotidien indispensable pour comprendre l’évolution de la situation avant d’en parler. Mais récemment les événements - les soulèvements populaires ;la répression démesurée avec retour de la torture, de la terreur d’état et autres disparitions forcées et exécutions extrajudiciaires ; les avancées de l’extrême-droite en particulier de sa branche fanatique religieuse ; les coups d’états et leurs préparations  - ce sont précipités et la désinformation bat son plein en particulier dans les sources francophones, une véritable intoxication des consciences. J’ai donc décidé de reprendre le blog, en apportant mes gouttes d’informations, à la mesure de mes moyens. Ici, je vais essayer de donner de manière informelle un aperçu du contexte dans lequel se situe ce travail.

 

La répression se poursuit en Bolivie, et il est tout à fait raisonnable de penser qu’elle va se poursuivre et s’intensifier quand, le coup d’état sera relégué dans l’oubli par d’autres événements, et que les regards se tourneront dans d’autres directions : la grève générale jeudi 21 en Colombie par exemple, où le gouvernement à d’ores et déjà mis les casernes des militaires en état d’alerte et prononcé un couvre-feu. En Colombie la colère couve.

En ce qui concerne Evo, une chose est mon opinion personnelle, autre chose est le choix des Boliviens, je ne m’exprimerai donc pas à ce sujet. Par contre j’assume une condamnation totale du coup d’état. La situation est complexe envenimée par des années d’empoisonnement de conscience de la population. Il y a eu un profond travail de manipulation des populations indigènes, cela ne veut pas dire que cette manipulation n’utilisait pas des revendications légitimes, je peux donner un exemple très concret. En Juin 2012 une autre tentative de coup d’état avait eu lieu en Bolivie, dont on a très peu parlé. Elle commença par un soulèvement de la police, alors que l’arrivée d’une marche indigène sur la Paz en protestation d’un projet de route devait mettre le feu aux poudres. Cela c’était le projet Made in Washington, heureusement les marcheurs s’étaient rendu compte à temps du rôle que les putschistes leur avait attribué dans ce scénario. La Marche s’était arrêtée avant de parvenir à la capitale. « Nous marchons pour faire entendre nos revendications, pas pour renverser le gouvernement » dit alors son porte-parole.

Je suis une anti-extractiviste radicale convaincue, par amour de la Vie, Mais je suis aussi opposée à tout système politique de table rase où quelques-uns, même une faible majorité, estiment avoir le droit d’imposer leur système politique au détriment des choix d’autres qui ne seront plus consultés. Cela concerne autant le système néolibéral que les diverses manifestations du « socialisme réel ». Les détenteurs d’une Vérité unique, universelle qu’ils ont pour mission d’imposer au monde me mettent en colère. Dans les systèmes représentatifs, seule une croissance des votes populaires en faveur d’une transformation garantit que cette transformation est conforme aux aspirations populaires. Quand Evo chute de plus de 60 % des voix à moins de 50 % après avoir justifié sa nouvelle participation au scrutin d’une manière pour le moins douteuse, la preuve est faite que les politiques qu’il mène rencontre de moins en moins d’adhésion et qu’il était temps pour lui de consulter les habitants pour redéfinir le projet en fonction de leurs aspirations.

De nouvelles formes de mouvements populaires se développent dans le monde qui visent à créer les conditions d’une véritable souveraineté populaire, quand les voisins décident ensemble de l’avenir de leur territoire de l’échelle locale, régionale et mondiale. Une caractéristique de beaucoup de ces mouvements est l’exigence d’Assemblées Constituantes Populaires. Une assemblée constituante peut également être représentative quand ce sont les « mandataires » du peuples qui se réunissent pour décider de la nouvelle constitution, démocratie représentative. Or il est question ici de démocratie directe.

Un pays aujourd’hui à l’avant-garde de ces processus d’Assemblée Populaire est le Honduras ou la Plate-Forme contre la privatisation de la Santé et de l’Éducation fonctionne comme une Constituante Populaire dans ces domaines. L’objectif : la création d’une multiplicité de plateformes locales qui « établissent un diagnostique cm² par cm² des problèmes spécifiques de santé et d’éducation en chaque lieu » et qui recense les aspirations des habitants pour trouver ensemble des solutions au service desquels se mettent des professionnels, chargés de contribuer à la solutions des problèmes techniques dans le respect de ces aspirations. Bien sûr, cela ne peut aboutir sous le régime de dictature actuel.

Pourtant la plateforme poursuit son travail qui a été soutenu par une mobilisation massive, à laquelle se sont joint des membres de partis de l’officialisme, jusqu’à des capitalistes locaux qui se voient évincés du marché par les transnationales à qui les gouvernements post-putsch ont livré le pays. Pour le dire en bref, les 9 % de plus riches qui comprennent à présent que le 1 % qui concentre les richesses, s’est servi d’eux mais n’hésite pas le moment venu à confisquer leur part du gâteau, adoptent des position nationalistes. Le président renversé Manuel Zelaya n’avait rien d’un socialiste radical, comme il le dit dans une récente interview, le problème c’est la concentration de richesses par laquelle une infîme minorité en dépouille tous las autres. S’il s’est tourné vers les gouvernements progressistes pour obtenir de l’aide, qu’il a obtenu auprès du Brésil et du Venezuela, c’est après que le FMI et autres instances d’origine US lui ait refusé toute aide pour des programme de redistribution de richesse, d’éducation, de santé, de ré-attribution des terres à leurs légitimes habitants, bref des programmes de développement qui devaient bénéficier à l’ensemble de la population du pays. Pas aux Transnationales et leurs complices locaux. « Ces gens-là (il parle des ultra-riches) leur demander un centime pour les plus pauvres, c’est encore trop leur demander », dira Zelaya après le coup d’état.

 

Bien Vivre  OU Extractivisme  ?  "Satanisme Indigène"

Bien Vivre OU Extractivisme ? "Satanisme Indigène"

OU Nouvelle Inquisition ?

OU Nouvelle Inquisition ?

Et on le voit bien aujourd’hui en Bolivie puisqu’un des leaders du coup d’état Camacho, bien que toujours multimillionnaire, vient d’une famille qui avait la propriété d’une grande partie du gaz du pays. Ces gens en tiraient de fabuleux bénéfices dont la nationalisation pratiquée par le gouvernement du Mouvement pour le Socialisme (MAS) présidé par Evo Morales les a privé. Ces gens-là se gardaient bien de partager les fruits des richesses naturelles du pays avec la majorité d’habitants originaires qui utilisaient les bouses séchées pour cuisiner. Evo a amener le gaz dans des millions de foyers. Et cela les Camacho et leurs compères ne lui ont pas pardonné. Les priver de leurs profits pour les redistribuer à des populations qui à leur yeux sont infra-humaines jamais il ne l’accepteront.

Il n’est plus possible de comprendre les conflits actuels en Amérique Latine en se contentant de désigner deux camps radicalement opposés qui luttent pour s’attribuer le pouvoir et les richesses d’un pays. Que l’on écoute les voix de la rue ou des champs, une tendance toujours plus marquée nous dit en Equateur « Ni Moreno, ni Correa », au Venezuela : « Ni Maduro, ni Guaido », en Bolivie « Ni Evo, ni Camacho »… Au Chili les manifestants veulent d’une Constituante Populaire immédiate, pas d’une Constituante représentative dont la tenue risque de se voir indéfiniment post-posée : Le président parle de mars ou avril 2020, mais le peuple redoute qu’une fois démobilisé, cette promesse ne sera pas tenue.

J’ai écouté l’autre jour le sénateur et ex-candidat présidentiel de Colombie, Gustavo Petro, tenir ces propos intéressants « Il n’y a pas de centre, il y a des politiques de Vie et il y a des politiques de Mort ». Petro, je ne connais pas suffisamment sa trajectoire politique pour parler en connaissance de cause, simplement ce jour-là il tenait les propos que j’attends depuis longtemps de la part d’un dirigeant politique, plaçant au cœur de la problématique la question de l’eau et celle du réchauffement climatique, évoquant ses conséquences dramatiques qui commencent à se faire sentir. Parlant des pénuries à venir et des choix des priorités que cela implique : « Si le choix est entre une mine d’or et l’eau, c’est évident, le choix, c’est l’eau », dit-il.

Un choix qui n’a pas été celui d’Evo Morales quand il a choisi d’exploiter le « pétrole non conventionnel » par la méthode du fracking, une catastrophe pour les réserves d’eau potable du pays et de la planète. Nous apprenons dès l’enfance que le cycle de l’eau est planétaire et que les réserves d’eau sont mondialement interdépendantes. Je vous renvoie à la lettre ouverte que lui ont envoyé des organisations de Bolivie et du monde à ce sujet et à la liste des signataires de cette lettre. Alors oui, il est bien possible que parmi ces signataires, il y ait des groupes qui ont été constitués spécifiquement pour déstabiliser des gouvernements progressistes, mais je suis certaine d’une chose la majorité des personnes que représentent ces signatures sont réellement soucieuses de défense de l’eau potable corollaire de la défense de la Vie. Et pour faire contrepoids à cette critique, je vous renvoie aussi à cet autre texte qui montre en 2012, les éléments en gestation du coup d’état actuel, où l’on voit déjà comment certains mouvements indigènes sont manipulés de l’extérieur pour, entre autre, semer la division entre eux. Pour l’anecdote, des représentants d’ONGs étasuniennes venaient trouver des populations indigènes de Bolivie pour leur expliquer que la nationalisation étaient une honte et qu’aux États-unis, les indigènes étaient propriétaires des ressources de leur territoire. Sans commentaires. Et pour ceux qui comprennent l’espagnol, je vous propose une intéressante radiographie de ce coup d’état, le complot contre Evo et ces 3 étapes , une excellente synthèse avec documents à l’appui. Rassemblant des documents publié par ailleurs de manière dispersée, elle montre sans aucune ambiguïté le rôle des USA dans la lente genèse et l’exécution de ce coup d’état. Et aussi comment tout déjà était prêt pour déchaîner le coup d’état au cas très probable de victoire de Morales aux élections. Qu’il y ait eu ou non fraude peu importe, proclamer la fraude était la consigne dans tous les cas, la déstabilisation était programmées dans tous ses détails… Et cela c’est inacceptable.

 

Depuis des mois, je suis intensément ce qui se passe au Mexique, intéressée par le gouvernement d’Andrès Manuel López Obrador (AMLO) résolument anti-néolibéralisme, mais aussi par la richesse de la culture et en particulier de la culture politique de ce pays et par la force du mouvement populaire qui soutient les processus de transformation et aspire au retour de la souveraineté nationale. Pour comprendre ce qu’amène (ou non) ce gouvernement de Transition, il faut comprendre l’histoire du Mexique, au moins son histoire récente, quelques décennies de néolibéralisme qui ont semé la misère dans le pays – quand les descendants des inventeurs du maïs chassés de leur terre ont du s’exiler aux USA où ils cultiveront dans les champs des gringos le maïs qui sera ultérieurement vendu à leur pays. Aujourd’hui le Mexique dépend des USA pour 90 % de sa consommation de maïs, aliment de base de la population ! Autre exemple les Corporations US achète le pétrole mexicain à bas prix pour lui revendre ensuite sous forme d’essence et autres produit grevés d’une importe plus-value, tout bénéfice pour ces corporations, des conséquences d’un antérieur Traité de Libre Échange

La question du narcotrafic - et de la violence qu’il génère - est centrale au Mexique ainsi que la manière 1)dont les groupes de narcos se sont militarisés et constitués en Cartel pour les besoins des USA qui ont permis à certains d’entre eux de bénéficier des meilleurs entraînements de forces spéciales de l’école des Amérique ou des sanguinaire Kabyles de Guatemala et 2)du rôle joué par ces groupes criminels pour favoriser l’avancée des transnationales et en défendre les intérêts. Notamment en forçant par la terreur les populations a abandonner leurs terres qui seront ultérieurement livrées à l’extractivisme et à l’agro-industrie. Je ne connais pas les chiffres pour le Mexique mais en Colombie des méthodes similaires font que l’ONU évalue le nombre des déplacés intérieurs à 7 millions de personnes lors du Plan Colombie, modèle pour l’Opération Merida de « guerre contre la drogue » au Mexique.

 

C’est une histoire complexe que je découvre petit à petit, que je ne connais pas encore assez bien pour en parler autrement que dans les grandes lignes et qui demande un travail de documentation et de traduction de longue haleine. La manière dont un Cartel comme celui de Sinaloa, qui a pour origine des petits cultivateurs de drogues locaux, devient un Cartel au sens propre de ce termes, avec des secteurs d’activités diversifiés opérant dans près de 100 pays du monde (plus selon d’autres sources), ne peut se faire sans montrer ses implications dans l’histoire de la finance mondiale et les processus de blanchiment d’argent qui lui sont intrinsèques, sans montrer que cette croissance et militarisation a eu lieu sous l’impulsion de secteurs politico-économiques des USA. Il existe en espagnol une documentation claire, précise et bien étayée à ce sujet, malheureusement fort peu relayée en français. Anabel Hernandez, Jesus Esquivel, Dawn Paley font partie des meilleurs parmi les enquêteurs, mais ils sont loin d’être les seuls. Tout indique que la soi-disant « Guerre contre la drogue » est une guerre pour le contrôle de ce marché doublée d’une guerre contre les peuples au profit des grandes corporations.

C’est certainement le plus grave problème auquel doit faire face le gouvernement d’AMLO aujourd’hui : la sécurité alors qu’il existe dans le pays des groupes puissants de Narcos, qui disposent d’armées dotées d’éléments qui ont reçu les meilleurs formations militaires et disposent d’armes de guerre. La question des armes est importante, ces armes viennent en immense majorité des USA. Certaines leur ont été fournies officiellement dans le cadre d’une opération de la DEA appelée « Rapido y furioso » (2006-2011), le principe étant que fournissant des armes aux narcos il serait possible de les pister et de connaître les membres des Cartels et ainsi de les faire tomber. La réalité fut bien différente et ces armes ont provoqué des dizaines de milliers de morts parmi la population civile du Mexique alors que les Groupes de Narcos se sont renforcéset qu’ils sont utilisés aujourd’hui pour tenter de déstabiliser le gouvernement nationaliste d’AMLO.

Cela aide à comprendre pourquoi AMLO ne veut surtout pas de l’aide des USA pour combattre les Cartels dans une réactivation de la sanglante « guerre contre la drogue ». Le président Calderon qui a initié cette guerre disait que « Bien sûr il y aurait des pertes [de civils] mais que le résultats vaudrait la peine ». L’histoire lui a donné à moitié raison, les pertes de civils sont évaluées à 200 000 personnes (une sous évaluation pour certains), mais le résultat est catastrophique puisque les problème du crime organisé s’est intensifié et n’a même pas connu l’ébauche d’une solution. Alors le gouvernements du Mexique demande aux gouvernement des USA un contrôle de leur trafic d’armes vers le Mexique mais dit « Non merci » à son insistante proposition de revenir dans le pays mené une « guerre contre la drogue » une méthode qui à prouver sa sanglante inefficacité.

Exode indigène en Colombie

Exode indigène en Colombie

Quelques mois de plongée dans l’univers mexicain furent des mois de bonheur, il a au Mexique des journalistes tant du quotidien que d’investigation d’un niveau hors du commun. Ils permettent l’accès à une information de qualité pour lesquels certains d’entre eux ont été assassinés, d’autres ont du s’exiler parce qu’au Mexique leur vie étaient en danger ou qu’ils savaient qu’ils ne pourraient s’exprimer librement sous les précédents gouvernements. Pour certains leur vie est toujours en danger parce que le gouvernement ne contrôle toujours pas les groupes violents mais beaucoup d’autres sont revenus dans le pays qui est à présent un exemple de liberté d’expression. De cela je suis certaine, malgré des campagnes de déstabilisation de la droite-USA, s’il y a des critiques, ce sont surtout celles faites à AMLO de laisser s’exprimer trop librement des personnes qui appellent ouvertement au renversement du président, y compris des généraux et généraux retraités qui ont appelé directement l’armée à se soulever contre l’actuel gouvernement. Il y a une floraison de débats de haut niveau dans lesquels s’allient cœur, intelligence et une grande connaissance historique.

Alors que je pensais pouvoir prendre le temps de m’informer largement avant de parler de ce pays fascinant qu’est le Mexique, les événements ce sont précipités et parallèlement aux soulèvement en Équateur, au Chili, en Bolivie, on a vu au Mexique se manifester de manière accélérée les éléments de prélude à un « coup d’état » doux. En cours en ce moment.

Parmi les journalistes locaux beaucoup sont de vieux routiers qui connaissent à fond l’histoire des coups d’état en Amérique Latine, depuis celui du Guatelmala en 1954 et l’histoire politique de leur pays, les coups d’état, ils les voient venir de loin à la lumière du passé. A eux ce sont joint des milliers de jeunes (et de moins jeunes) enthousiastes qui ont ouvert leur propre canal d’information et apprennent à analyser l’information jour après jour… ils sont les « bénis réseaux sociaux » qui pistent également les fake news produites par les intégrants d’opposition de ces mêmes réseaux.

Beaucoup des plus jeunes sont des inconditionnels d’AMLO, ils font partie des AMLOVERS qui ne tolèrent aucune critique contre leur idole, ce qui peut s’avérer contre-productif. La position des vieux routiers de l’information et de la politique qui soutiennent la transformation du pays est différente. La « tendance » : il reconnaissent Andrès Manuel comme une personne honnête, sincère et de bonne foi, mais suceptible de se tromper comme tout humain. Pour eux une critique constructive permanente est le meilleur soutien qu’il peuvent apporter au gouvernement pour mener une transformation qui soit réellement conforme aux aspirations populaires. Ils se mobilisent également pour analyser la tentative de coup d’état qui se développe dans le pays, et dans ce cadre ils soutiennent totalement le gouvernement actuel.

Pour Andrés Manuel, en tant que personne mon total respect. Je n’ai aucun doute concernant sa sincérité, ni le fait qu’il soit incorruptible. Il n’a rien d’un dictateur, mais le voir incarner la figure du « despote éclairé » est un risque. Pour le dire en bref  : ne fait aucun doute le fait qu’il veuille le Bien du pays. Le problème c’est sa trop forte conviction de savoir ce qu’est le Bien en Soi, comme un Universel incontestable, qui risque de le rendre sourd aux revendications qui parlent d’autres formes de Bien. Politiquement, pour juger il faut comprendre comment peut s’effectuer une transition du néolibéralisme vers un nouveau système équitable (pour qualifier d’un dénominateur commun les différents systèmes candidats à la succession)… et comment cela peut se faire avec la plus grande douceur possible. Et ce n’est pas simple surtout quand un ennemi puissant s’oppose de toute ses forces et par tous les moyens à la réalisation de ce projet. Avant de pouvoir dire aux USA que leur maïs ils peuvent se le garder, il faut reconstruire la souveraineté alimentaire et cela prend du temps. Cela demande aussi une nouvelle conception économique qui utilise de nouveau concept. La Croissance néolibérale, est aussi une mesure de destruction et de mort.

Juan Manuel Santos, ex-président de Colombie, interviewé par Rafael Correa dans une des émissions que l’ex-président d’Équateur présente dur la chaine RT ('Conversando con Correa': Juan Manuel Santos), faisait valoir que les indices de Croissance d’un pays n’étaient en rien la garantie d’une lutte contre la pauvreté efficace, et parfois que bien du contraire. La sortie de la pauvreté d’une population demande d’autres indicateurs, d’autres modes d’évaluation. Cela semble évident, je vous donnais l’exemple du Chili où le PIB moyen par tête est de plus de 13 000 dollar par an alors que le salaire minimum, celui d’une majorité est de 3600 dollars annuels qui ne suffisent pas à assurer les besoin fondamentaux des habitants dans un pays où le « coût de la vie » est extrêmement élevé. Des régions sont asséchées par les choix de développement libéral du gouvernement. Par exemple une entreprise chinoise qui cultive des cerises pour les chinois a accaparé l’eau de la région où elle est implantée. Alors oui, on peut augmenter les revenus de bases monétaires pour ces habitants, cela ne solutionnera pas le problème fondamental et vital de l’approvisionnement en eau potable et pour l’arrosage de leurs propres cultures… En plus un salaire de base de 300$ dollars ne représente pas le même accès aux nécessités basiques dans un pays où les produits alimentaires sains sont accessibles et bon marché et les coût de l’énergie peu élevés et dans un autre où tout coûte les yeux de la tête. Il faut donc d’autres indicateurs.

Le néolibéralisme se montre de plus en plus comme un système qui assassine les populations massivement. Cela consiste tout autant à envenimer des populations avec des nourritures qui sont de véritables poisons provoquant des problèmes de santé publique qu’à fomenter de toutes pièces des guerres civiles dans lesquels des voisins s’entre-tuent, autant qu’à pratiquer l’élimination sélective des opposants, journalistes gênants, leaders sociaux ou populaires et bien d’autres méthodes conjuguées dans une opération qui correspond à un génocide (auu sens où il existe une seule race humaine, qui se divise en ethnies). Dans ce cas, les morts appartiennent indifféremment à différentes ethnies, en différents lieux de la planète, ils ont comme point commun leur non-intégrabilité à ce projet de système discriminatoire.

Mais revenons à la « drogue », un autre aspect de la culture de la drogue est son rôle démobilisateurs des luttes politiques, sociales et populaires. Je vous parlais des cartels mexicains qui ont été utilisés par les USA comme intermédiaires dans l’opération connue sous le nom de Contras qui consistait à fournir aux contre-révolutionnaires d’Amérique Centrale des armes qu’ils payaient avec de la drogue. Un des aspect moins connu de cette opération, c’est la manière dont cette drogue a été revendue dans les quartiers pauvres en lutte pour leurs droits civique aux USA dans le but avoué de provoquer une démobilisation. La méthode n’est pas nouvelle. Je l’ai vu à l’œuvre en Europe, quand l’héroïne a été déversée massivement à la fin des années 70 du siècle dernier. Quelques années auparavant les mouvements de mobilisations populaires étaient larges et constant surtout parmi la jeunesse… quelques années plus tard, propagande à l’appui, la rébellion s’était reterritorialisée du champ politique volontairement disqualifié par les matrices de propagande diffusées dans ce but sur celui de la drogue présentée aux adolescents comme la forme de légitime de révolte. A présent nous voyons au Mexique l’apologie, Hollywoodienne et apparentée, de la culture narcos, qui présente les narcotrafiquants comme de nouveaux héros populaires et le narcotrafic comme le moyen rapide (ou le seul dans un pays de grande pauvreté sans mobilité sociale) d’accéder à la richesse. Une mythification qui a fort peu à voir avec la tragique réalité de la plupart des narcos, en particuliers des jeunes recrutés par ses groupes qui ont une espérance de vie d’une vingtaine années au plus.

Tout cela est complexe, les Cartels ont les moyens de la corruptions, ils infiltrent jusqu’aux plus hautes sphères de la finance, de la politique, de l’armée et des forces de polices, la justice, les administrations publiques… Ils contrôlent les ports par lesquels leurs marchandises sont transitent… Ce n’est pas un problème spécifique au Mexique, mais c’est le pays le plus atteint alors que son Président est le seul à vouloir réellement démanteler l’ensemble de ce système et assainir le pays, une bonne fois pour toute. Quand la tentation me prend de le juger pour les erreurs qu’il commet éventuellement, je me pose la question de savoir ce que je ferais à sa place. Et c’est là que je dis respect, parce qu’au moins il essaye alors qu’il n’existe pas de recettes éprouvées et que, en vieux routier de la politique, il savait que cette volonté transformation le conduirait forcément à une confrontation avec des ennemis féroces et puissants. Respect parce qu’il a accepté de mettre sa vie en jeu pour amener du bonheur au Mexique.

Chavez, quelles que soient les critiques qu’on peut lui faire par ailleurs, qu’il faut faire si on veut corriger ses erreurs, a beaucoup de positif dans son bilan. Comme d’avoir initié un mouvement de dignité et de souveraineté régionale. Par contre dans l’imaginaire collectif latino Maduro est devenu une incarnation des pires dérives du socialisme, servant de repoussoir des gauches de la région et permettant à l’extrême-droite de gagner du terrain. Mais pas seulement, heureusement. Comme je l’ai dit plus haut, grandit régionalement le mouvement de ceux qui veulent pouvoir participer à la vie politique de leur pays en inventant de nouveaux modèles qui ne soient ni néolibéral, ni socialiste. Et sous l’impulsion des populations indigènes sont remis en question les notions de gauche et droite venues depuis un amphithéâtre de la révolution française de 1889, un modèle qui ne trouve pas de répondant dans leur culture politique. Les partis politiques sont une invention de l’Occident pour diviser les voisins disent certains, comme les habitants de la commune de Cherán, Michoacan, Mexique qui ont mis hors de leur ville les narcos et les partis politiques, ont repris une gestion communale, et ce sont réorganisés en Ronde Indigène dont sont issus les volontaires qui assurent la protection de leur territoire. De quel droit imposerions-nous nos modèle à des populations qui ont un riche passé culturel et des structures politiques éprouvées.

Une transformation est une période de transition avec comme on le dit au Mexique « Un vieux système qui n’en finit pas de mourir, alors que le nouveau n’a pas achever de naître ». L’expérience mexicaine est devenu une référence pour ceux qui aspirent à une transformation qui ramène une souveraineté régionale. Si certains sont des capitalistes nationalistes et d’autres des anti-extractivistes autogestionnaires radicaux, et une vaste gamme d’autres nuances, la question de la manière dont doivent se résoudre ces divergences est devenues secondaire face à l’urgence de l’unité face à l’ennemi commun : le colonialisme néolibéral et les factions de l’extrême-droite locale qui en sont les vecteurs. Mais aucun pays ne peut seul échapper aux griffes néolibérales.

Une chose est de savoir qui tire les ficelles, autre chose est d’identifier et de combattre sur le terrain les idéologies dont ceux-là se servent pour y parvenir. En Bolivie, face au soulèvement indigène et à la réprobation internationale, les putschistes ont du rapidement occulter le caractère de « croisade l’antéchrist » affiché ouvertement aux premières heures du Golpe. Ils n’ont pas pour autant renoncé à leur terrible croyance religieuse qui fait des populations indigènes et de la spiritualité de la Pachamama des incarnations de Satan, qu’il faut exorciser et combattre les armes à la main. Beaucoup d’analystes parlent du gouvernement Bolsonariste de Bolivie, effectivement Bolsonaro et la clique bolivienne appartiennent à la même église évangélique raciste, un mouvement qui gagne du terrain en Amérique Latine et dans le monde. Un mouvement qui se confond avec celui d’une radicale ultra-droite. Une idéologie que ceux qui veulent la combattre doivent identifier, celles chasseurs de sorciers et de sorcières fanatiques qui semblent sortis des oubliettes de l’histoire. C’est devenu le principal véhicule de l’extrême-droite latino parmi les couches populaires, une idéologie à combattre. Attention, tous les évangélistes ne sont pas des fascistes, il est question ici d’un groupe spécifique, le nombre de ses membres n’est pas clairement recensé, ils sont évalués à 200 millions dont 30 sont au Brésil.

Pour tous ceux qui pensent que les peuples ont le droit de décider de leur propre destin, et qui voudrait soutenir la population de Bolivie dans son combat pour y parvenir, la question de savoir si vous êtes pour ou contre Evo est devenu secondaire. Manifestent aujourd’hui ensemble à la fois des partisans d’Evo et des opposants unis par leur volonté de défendre la dignité indigène les droits de sujets politiques et territoriaux des habitants natifs du pays. La répression se déchaîne avec la même violence contre les manifestations agressives que contre la majorité de manifestants pacifiques. Certains appellent au retour d’Evo alors que d’autres cherchent de nouveaux leaders pour incarner leurs aspirations. Tous demandent la destitution de la minorité qui a fomenté un coup d’état pour s’emparer du pouvoir et se maintien par une répression toujours plus brutale. Les représentants du MAS, presque 2/3 du Parlement sont écarté du pouvoir par la menace directe contre leur vie ou celle de leurs proches et le gouvernement de fait annonce qu’il s’apprête à arrêter bon nombre de législateurs du MAS sous inculpation de sédition… ils le disent ouvertement, et les instances internationales, se taisent ou ratifient le coup détat.

Comme le disait le journaliste argentin, Esteban Trebucq, un des rares à être resté sur le terrain, (les autres devenus cibles de violence ou accusés de sédition ont fuit le pays) : il est hors de question de parler de guerre civile quand une population désarmée affronte des militaires qui tirent à balles réelles et ont reçu du gouvernement l’implicite droit de tuer que leur confère l’exemption de sanctions pénales…

Aujourd’hui 19 novembre il insiste, le soulèvement indigène avant d’être pour ou contre Evo est une lutte des peuples originaires pour « leur identité, pour leur raison d’être, pour leur descendance, pour leur sang, leur terre et leur avenir. » La violence de la répression est en pleine recrudescence, la police lance les gaz alors que l’armée tire à balles de plomb. Et s’il y a des manifestations « violentes », c’est la violence des pierres contre les tanks, les hélicoptères, les armes à feu. Parce que perdre ce combat serait pire que perdre la vie, le retour à la misère et l’infra-humanisation des populations natives, beaucoup se disent près à perdre la vie dans la bataille. Des hôpitaux de fortune s’organisent dans la rue pour venir en aide aux nombreux blessés et victimes des gaz. Le jeune médecin et autres membres du personnel sanitaire bénévoles interrogés parlent de leur connaissance de neuf morts tous par armes à feu dans 2 hôpitaux de Cochabamba. Et de centaines de blessés plus ou moins gravement ainsi que des victimes de gaz dont la CIDH a condamné l’usage démesuré, ainsi que celui des armes à feu, la force démesurée de la répression du gouvernement de fait. Plusieurs journalistes étrangers ont fait remarquer que les gaz étaient d’autant plus durs à supporter à une altitude de plus de 3000 mètres (La Paz 3640m) où l’oxygène est raréfié.

L’ appel que lance en écho la population : «S’il vous plaît racontez, montrez ce qui nous arrive, faite savoir au monde ce qui se passe ici, ils nous abattent comme des animaux, pourtant les animaux aussi ont des droits, nous avons besoin de soutien dans le monde entier. ». Je relaie …

Au Chili aussi les mobilisations continuent. Ici la répression se caractérise par les dizaines (200) de personnes rendues aveugles où ayant perdu un oeil par les tirs des forces de l’Ordre. « Cela nous a coûté tellement d’ouvrir les yeux, et à présent ils veulent nous rendre aveugle ». « La mutilation physique comme discours du pouvoir » Les tirs se font à proximité des manifestants, visent spécifiquement le visage et les yeux. Illustration aux premières minutes de la dernière émission d’entre noticias, alors que youtube a obligé l’équipe à retirer les images les plus révélatrice, de la répression au Chili comme en Bolivie, sous prétexte de sensationnalisme.

 

C’est très loin d’être un tour complet de la vaste question de l’Amérique en lutte contre le néolibéralisme de dont il sera question à l’avenir sur ce blog, au compte-goutte et dans le désordre en fonction des priorités du moment, avec des traductions inédites selon de leur qualité informative et le temps que je peux y consacrer. Et sûrement beaucoup de fautes ou de redites, que je vous prie de pardonner… Là par exemple, je viens de passer 12 heures d’affilée à rédiger ce texte et recueillir des nouvelles informations, il en reste beaucoup d’autres dont je voudrais prendre connaissance… et aussi une traduction en chantier et une liste d’attente d’autres...

 

Anne W.

 

Protéger les semences de vie (Equateur)

Protéger les semences de vie (Equateur)

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18 novembre 2019 1 18 /11 /novembre /2019 22:22

Publiée il y a quelques heures, une vidéo d’un des derniers journalistes de la presse internationale encore sur le terrain en Bolivie. Le gouvernement de fait a expulsé par la force et la menace tous les correspondants qui filmaient la réalité de terrain avant de publier un décret qui exempte les forces de l’ordre de toute responsabilité pénale dans leur tâche de répression. Un droit de tuer. Loin des yeux du public. A présent l’armée utilise des balles réelles et les morts se multiplient.

Des heures dramatiques

Comme je le disais hier, Esteban Trebucq journaliste de la chaîne argentine Crónica TV, qui a parcouru le pays et se trouve actuellement à Cochabamba, affirme que la question principale aujourd’hui en Bolivie est une question raciale, la chronique d’un massacre en cours à côté de quoi la question d’Evo devient secondaire. La chronique d’un ethnocide annoncé.

Il va nous montrer les balles qu’utilise l’armée contre le peuple. Dans les images qui accompagnent son témoignage on voit comment les militaires gazent les indigènes lors de l’enterrement collectif de victimes de la répression. Sur d’autres vidéos, nous voyons comment les soldats après avoir regroupé des indigènes les forcent à se mettre à genou.

D’après Esteban, forcer les indigènes à se mettre à genou, en particulier les femmes, est une des méthodes utilisées par l’armée pour intimider et humilier les indigènes, les soumettre par la terreur, les renvoyer au néant de misère dont selon, les racistes minoritaires – et fanatiques religieux diaboliques - qui ont pris le pouvoir, ils n’auraient jamais du sortir. Un des buts de cette terreur est de forcer à l’exil les sympathisants d’Evo Morales et autres militants de la souveraineté populaire, comme le déclare un des membre du gouvernement de fait.

Une discussion avec un intervenant séditieux en studio qui veut absolument attribuer à Evo la culpabilité du massacre actuel perturbe le fil d’info de la vidéo.

Esteban fait remarquer à son interlocuteur qui voudrait faire d’Evo la cause première du massacre, que quand bien même Evo aurait envoyé les troupes réprimer l’opposition, cela ne justifie en rien les massacres actuels. Dans l’aveuglement de la communauté internationale. Et ce qu’oublie de dire cet intervenant, c’est qu’alors que la majorité des marches indigènes sont pacifiques, les groupes dirigés par Camacho auquel devait s’affronter le gouvernement d’Evo, sont des groupes paramilitaires d’extrême-droite qui ont été entraîné pour semer la sédition violente dans le pays. Mais cela j’en parlerai par la suite. Sans écouter ce que dit le journaliste, l’intervenant refuse de comprendre que les manifestations actuelles dépassent de loin la question d’Evo Morales, que parmi ceux qui se lèvent aujourd’hui se retrouvent des opposants de Morales, qui sont les premiers surpris d’avoir été manipulés et utilisés par les groupements d’extrême-droite raciste minoritaires qui ont pris le pouvoir. Qui comprennent qu’ils ont ouvert les portes du palais présidentiel à ceux qui pendant des siècles les avaient maintenus sous le joug de la domination coloniale. Et voudraient les soumettre à nouveau à leur suprémaciste domination.

Il explique aussi, que seule équipe internationale sur le terrain ils ont droit à une ovation populaire. Je vous disais hier que de tout le pays montent les appels désespérés de ceux qui voient leur proches assassinés loin des yeux du « grand public ». Le métier de journaliste est devenu un métier dangereux, j’ai vu comment les équipes de journalistes arrivaient à l’Ambassade d’Argentine dans un état de stress profond après avoir été agressées dans leur travail par des suppôt des nouvelles « autorités » du pays, alors que des militaires gazent volontairement des journalistes sur le terrain. Lors du coup d’état au Honduras, les troupes avaient encerclé l’hôtel qui hébergeaient les journalistes avant de les escorter pour une évacuation hors du pays. Comme c’est le cas aujourd’hui en Bolivie, certains étaient revenus clandestinement dans le pays à leur risque et péril pour continuer leur travail, sans caméras, avec des téléphones cellulaires afin de filmer discrètement. Mais de très loin, le niveau de violence contre les journalistes au Honduras n’atteignaient pas ce qu’on a pu voir ces jours-ci en Bolivie, une violence organisée et encouragée par le gouvernement de fait. Il n’y avait pas non plus l’utilisation des réseaux sociaux faite en Bolivie pour les désigner comme cibles de la violence des partisans du gouvernement putschiste.

Dans tout le pays, les arrestations se sont multipliées. Comme pour les chiffres des morts : 23, des blessés :700 et quelques,  donnés par l’officialisme usurpateur semblent de loin inférieurs à ceux que laissent présager les témoignages sur le terrain. On ignore également le nombre réel d'arrestations. Aucune raison n’a été donnée par les putschistes pour justifier les détentions et les détenus sont maintenus au secret… je n’ai aucun doute quand à l’existence des mauvais traitements et tortures auxquels doivent être soumis les prisonniers, ni quand au fait que les disparitions forcées figureront au triste bilan de ce coup d’état. J’aimerais me tromper, mais toute l’expérience historique nous indique que c’est sans doute ce qui se passe aujourd’hui en Bolivie, et dans une moindre mesure au Chili où la haine des communistes et des populations natives mapuches est une caractéristique de force de répression marquées par le Pinochétisme. Depuis trop d’années, je vois se rassembler tous les indices d’un racisme blancoïde en Amérique Latine, depuis les commentaires des Sifrinos du Venezuela, qui veulent renvoyer les « crapauds », les indigènes et métisses à la soumission dont ils n’auraient jamais du sortir, aux partisans de Bolsonaro au Brésil et à ceux de Camacho, en Bolivie et quelques émules de Miami qui appellent ouvertement à la « Solution finale de la question indigène », leur élimination physique ou leur intégration forcée.

L’intervenant dans le studio en Argentine essaye de justifier la tuerie en argumentant que si l’armée et la police ne tuent pas, elles se feront agresser… On voit le journaliste atterré, il répond qu’il est témoin de ce qui se passe, que les manifestants arrivent désarmés à l’entrée des villes, qu’ils portent des bannières indigènes et des drapeaux blancs… « Ils n’ont pas d’armes, la majorité sont des femmes. Les femmes, ils les forcent à se mettre à genou. Il les frappent ». On voit des militaires donner des coups de pieds aux manifestants au sol.

C’est une image récurrente que l’ont retrouve dans plusieurs vidéos qui ont filtré : c’est au sens propre du terme que le gouvernement de fait oblige la population indigène à se mettre à genou. Depuis les hélicoptères les militaires tirent sur la foule. Le nouveau ministre Arturo Murillo annonce qu’une chasse aux principaux partisans d’Evo est ouverte dont beaucoup sont déjà emprisonnés ou en arrêt domiciliaire.

La désinformation contre laquelle je veux lutter ici : ce ne sont pas seulement les partisans d’Evo qui manifestent en réclamant la démission du gouvernement de fait, mais l’ensemble des populations indigènes en lutte pour leur droit à une vie digne que leur refuse les nouvelles autorités du pays. Et si je parle d’un fanatisme religieux diabolique, ce n’est pas que je crois au diable de la mythologie chrétienne, mais bien à celui que des hommes font exister quand il massacrent leur prochain au nom du Christ et d’une idéologie obscurantiste de chasse aux sorcières. Qualifier la spiritualité indigène de satanisme comme il le font et pratiquer des rites d’exorcisme pour purifier le pays de la sorcellerie de la Pachamama, encourager le meurtre et la répression féroce des populations natives, cela oui, c’est diabolique et me fait froid dans le dos.

Anne W

Quelques courtes vidéos illustratives depuis Noticias Bolivia.

A Cochabamba l'armée met les indigènes à genou. 17 11 2019

Veillée des morts de la répression à Cochabamba 17 11 2017

Dénonciation du gazage par les forces de l 'Ordre de la marche de deuil à El Chapare

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Gilles Deleuze, février 1977.

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