Ce que je veux montrer ici, c’est l’ampleur du champ de connaissance nécessaire pour comprendre ce qui se passe en ce moment en Amérique Latine. Cela demande un énorme travail de documentation, un intense suivi quotidien auquel s’ajoute un travail de traduction de longue haleine. Au cours des derniers mois, j’ai privilégié la documentation et le suivi quotidien indispensable pour comprendre l’évolution de la situation avant d’en parler. Mais récemment les événements - les soulèvements populaires ;la répression démesurée avec retour de la torture, de la terreur d’état et autres disparitions forcées et exécutions extrajudiciaires ; les avancées de l’extrême-droite en particulier de sa branche fanatique religieuse ; les coups d’états et leurs préparations - ce sont précipités et la désinformation bat son plein en particulier dans les sources francophones, une véritable intoxication des consciences. J’ai donc décidé de reprendre le blog, en apportant mes gouttes d’informations, à la mesure de mes moyens. Ici, je vais essayer de donner de manière informelle un aperçu du contexte dans lequel se situe ce travail.
La répression se poursuit en Bolivie, et il est tout à fait raisonnable de penser qu’elle va se poursuivre et s’intensifier quand, le coup d’état sera relégué dans l’oubli par d’autres événements, et que les regards se tourneront dans d’autres directions : la grève générale jeudi 21 en Colombie par exemple, où le gouvernement à d’ores et déjà mis les casernes des militaires en état d’alerte et prononcé un couvre-feu. En Colombie la colère couve.
En ce qui concerne Evo, une chose est mon opinion personnelle, autre chose est le choix des Boliviens, je ne m’exprimerai donc pas à ce sujet. Par contre j’assume une condamnation totale du coup d’état. La situation est complexe envenimée par des années d’empoisonnement de conscience de la population. Il y a eu un profond travail de manipulation des populations indigènes, cela ne veut pas dire que cette manipulation n’utilisait pas des revendications légitimes, je peux donner un exemple très concret. En Juin 2012 une autre tentative de coup d’état avait eu lieu en Bolivie, dont on a très peu parlé. Elle commença par un soulèvement de la police, alors que l’arrivée d’une marche indigène sur la Paz en protestation d’un projet de route devait mettre le feu aux poudres. Cela c’était le projet Made in Washington, heureusement les marcheurs s’étaient rendu compte à temps du rôle que les putschistes leur avait attribué dans ce scénario. La Marche s’était arrêtée avant de parvenir à la capitale. « Nous marchons pour faire entendre nos revendications, pas pour renverser le gouvernement » dit alors son porte-parole.
Je suis une anti-extractiviste radicale convaincue, par amour de la Vie, Mais je suis aussi opposée à tout système politique de table rase où quelques-uns, même une faible majorité, estiment avoir le droit d’imposer leur système politique au détriment des choix d’autres qui ne seront plus consultés. Cela concerne autant le système néolibéral que les diverses manifestations du « socialisme réel ». Les détenteurs d’une Vérité unique, universelle qu’ils ont pour mission d’imposer au monde me mettent en colère. Dans les systèmes représentatifs, seule une croissance des votes populaires en faveur d’une transformation garantit que cette transformation est conforme aux aspirations populaires. Quand Evo chute de plus de 60 % des voix à moins de 50 % après avoir justifié sa nouvelle participation au scrutin d’une manière pour le moins douteuse, la preuve est faite que les politiques qu’il mène rencontre de moins en moins d’adhésion et qu’il était temps pour lui de consulter les habitants pour redéfinir le projet en fonction de leurs aspirations.
De nouvelles formes de mouvements populaires se développent dans le monde qui visent à créer les conditions d’une véritable souveraineté populaire, quand les voisins décident ensemble de l’avenir de leur territoire de l’échelle locale, régionale et mondiale. Une caractéristique de beaucoup de ces mouvements est l’exigence d’Assemblées Constituantes Populaires. Une assemblée constituante peut également être représentative quand ce sont les « mandataires » du peuples qui se réunissent pour décider de la nouvelle constitution, démocratie représentative. Or il est question ici de démocratie directe.
Un pays aujourd’hui à l’avant-garde de ces processus d’Assemblée Populaire est le Honduras ou la Plate-Forme contre la privatisation de la Santé et de l’Éducation fonctionne comme une Constituante Populaire dans ces domaines. L’objectif : la création d’une multiplicité de plateformes locales qui « établissent un diagnostique cm² par cm² des problèmes spécifiques de santé et d’éducation en chaque lieu » et qui recense les aspirations des habitants pour trouver ensemble des solutions au service desquels se mettent des professionnels, chargés de contribuer à la solutions des problèmes techniques dans le respect de ces aspirations. Bien sûr, cela ne peut aboutir sous le régime de dictature actuel.
Pourtant la plateforme poursuit son travail qui a été soutenu par une mobilisation massive, à laquelle se sont joint des membres de partis de l’officialisme, jusqu’à des capitalistes locaux qui se voient évincés du marché par les transnationales à qui les gouvernements post-putsch ont livré le pays. Pour le dire en bref, les 9 % de plus riches qui comprennent à présent que le 1 % qui concentre les richesses, s’est servi d’eux mais n’hésite pas le moment venu à confisquer leur part du gâteau, adoptent des position nationalistes. Le président renversé Manuel Zelaya n’avait rien d’un socialiste radical, comme il le dit dans une récente interview, le problème c’est la concentration de richesses par laquelle une infîme minorité en dépouille tous las autres. S’il s’est tourné vers les gouvernements progressistes pour obtenir de l’aide, qu’il a obtenu auprès du Brésil et du Venezuela, c’est après que le FMI et autres instances d’origine US lui ait refusé toute aide pour des programme de redistribution de richesse, d’éducation, de santé, de ré-attribution des terres à leurs légitimes habitants, bref des programmes de développement qui devaient bénéficier à l’ensemble de la population du pays. Pas aux Transnationales et leurs complices locaux. « Ces gens-là (il parle des ultra-riches) leur demander un centime pour les plus pauvres, c’est encore trop leur demander », dira Zelaya après le coup d’état.
Et on le voit bien aujourd’hui en Bolivie puisqu’un des leaders du coup d’état Camacho, bien que toujours multimillionnaire, vient d’une famille qui avait la propriété d’une grande partie du gaz du pays. Ces gens en tiraient de fabuleux bénéfices dont la nationalisation pratiquée par le gouvernement du Mouvement pour le Socialisme (MAS) présidé par Evo Morales les a privé. Ces gens-là se gardaient bien de partager les fruits des richesses naturelles du pays avec la majorité d’habitants originaires qui utilisaient les bouses séchées pour cuisiner. Evo a amener le gaz dans des millions de foyers. Et cela les Camacho et leurs compères ne lui ont pas pardonné. Les priver de leurs profits pour les redistribuer à des populations qui à leur yeux sont infra-humaines jamais il ne l’accepteront.
Il n’est plus possible de comprendre les conflits actuels en Amérique Latine en se contentant de désigner deux camps radicalement opposés qui luttent pour s’attribuer le pouvoir et les richesses d’un pays. Que l’on écoute les voix de la rue ou des champs, une tendance toujours plus marquée nous dit en Equateur « Ni Moreno, ni Correa », au Venezuela : « Ni Maduro, ni Guaido », en Bolivie « Ni Evo, ni Camacho »… Au Chili les manifestants veulent d’une Constituante Populaire immédiate, pas d’une Constituante représentative dont la tenue risque de se voir indéfiniment post-posée : Le président parle de mars ou avril 2020, mais le peuple redoute qu’une fois démobilisé, cette promesse ne sera pas tenue.
J’ai écouté l’autre jour le sénateur et ex-candidat présidentiel de Colombie, Gustavo Petro, tenir ces propos intéressants « Il n’y a pas de centre, il y a des politiques de Vie et il y a des politiques de Mort ». Petro, je ne connais pas suffisamment sa trajectoire politique pour parler en connaissance de cause, simplement ce jour-là il tenait les propos que j’attends depuis longtemps de la part d’un dirigeant politique, plaçant au cœur de la problématique la question de l’eau et celle du réchauffement climatique, évoquant ses conséquences dramatiques qui commencent à se faire sentir. Parlant des pénuries à venir et des choix des priorités que cela implique : « Si le choix est entre une mine d’or et l’eau, c’est évident, le choix, c’est l’eau », dit-il.
Un choix qui n’a pas été celui d’Evo Morales quand il a choisi d’exploiter le « pétrole non conventionnel » par la méthode du fracking, une catastrophe pour les réserves d’eau potable du pays et de la planète. Nous apprenons dès l’enfance que le cycle de l’eau est planétaire et que les réserves d’eau sont mondialement interdépendantes. Je vous renvoie à la lettre ouverte que lui ont envoyé des organisations de Bolivie et du monde à ce sujet et à la liste des signataires de cette lettre. Alors oui, il est bien possible que parmi ces signataires, il y ait des groupes qui ont été constitués spécifiquement pour déstabiliser des gouvernements progressistes, mais je suis certaine d’une chose la majorité des personnes que représentent ces signatures sont réellement soucieuses de défense de l’eau potable corollaire de la défense de la Vie. Et pour faire contrepoids à cette critique, je vous renvoie aussi à cet autre texte qui montre en 2012, les éléments en gestation du coup d’état actuel, où l’on voit déjà comment certains mouvements indigènes sont manipulés de l’extérieur pour, entre autre, semer la division entre eux. Pour l’anecdote, des représentants d’ONGs étasuniennes venaient trouver des populations indigènes de Bolivie pour leur expliquer que la nationalisation étaient une honte et qu’aux États-unis, les indigènes étaient propriétaires des ressources de leur territoire. Sans commentaires. Et pour ceux qui comprennent l’espagnol, je vous propose une intéressante radiographie de ce coup d’état, le complot contre Evo et ces 3 étapes , une excellente synthèse avec documents à l’appui. Rassemblant des documents publié par ailleurs de manière dispersée, elle montre sans aucune ambiguïté le rôle des USA dans la lente genèse et l’exécution de ce coup d’état. Et aussi comment tout déjà était prêt pour déchaîner le coup d’état au cas très probable de victoire de Morales aux élections. Qu’il y ait eu ou non fraude peu importe, proclamer la fraude était la consigne dans tous les cas, la déstabilisation était programmées dans tous ses détails… Et cela c’est inacceptable.
Depuis des mois, je suis intensément ce qui se passe au Mexique, intéressée par le gouvernement d’Andrès Manuel López Obrador (AMLO) résolument anti-néolibéralisme, mais aussi par la richesse de la culture et en particulier de la culture politique de ce pays et par la force du mouvement populaire qui soutient les processus de transformation et aspire au retour de la souveraineté nationale. Pour comprendre ce qu’amène (ou non) ce gouvernement de Transition, il faut comprendre l’histoire du Mexique, au moins son histoire récente, quelques décennies de néolibéralisme qui ont semé la misère dans le pays – quand les descendants des inventeurs du maïs chassés de leur terre ont du s’exiler aux USA où ils cultiveront dans les champs des gringos le maïs qui sera ultérieurement vendu à leur pays. Aujourd’hui le Mexique dépend des USA pour 90 % de sa consommation de maïs, aliment de base de la population ! Autre exemple les Corporations US achète le pétrole mexicain à bas prix pour lui revendre ensuite sous forme d’essence et autres produit grevés d’une importe plus-value, tout bénéfice pour ces corporations, des conséquences d’un antérieur Traité de Libre Échange
La question du narcotrafic - et de la violence qu’il génère - est centrale au Mexique ainsi que la manière 1)dont les groupes de narcos se sont militarisés et constitués en Cartel pour les besoins des USA qui ont permis à certains d’entre eux de bénéficier des meilleurs entraînements de forces spéciales de l’école des Amérique ou des sanguinaire Kabyles de Guatemala et 2)du rôle joué par ces groupes criminels pour favoriser l’avancée des transnationales et en défendre les intérêts. Notamment en forçant par la terreur les populations a abandonner leurs terres qui seront ultérieurement livrées à l’extractivisme et à l’agro-industrie. Je ne connais pas les chiffres pour le Mexique mais en Colombie des méthodes similaires font que l’ONU évalue le nombre des déplacés intérieurs à 7 millions de personnes lors du Plan Colombie, modèle pour l’Opération Merida de « guerre contre la drogue » au Mexique.
C’est une histoire complexe que je découvre petit à petit, que je ne connais pas encore assez bien pour en parler autrement que dans les grandes lignes et qui demande un travail de documentation et de traduction de longue haleine. La manière dont un Cartel comme celui de Sinaloa, qui a pour origine des petits cultivateurs de drogues locaux, devient un Cartel au sens propre de ce termes, avec des secteurs d’activités diversifiés opérant dans près de 100 pays du monde (plus selon d’autres sources), ne peut se faire sans montrer ses implications dans l’histoire de la finance mondiale et les processus de blanchiment d’argent qui lui sont intrinsèques, sans montrer que cette croissance et militarisation a eu lieu sous l’impulsion de secteurs politico-économiques des USA. Il existe en espagnol une documentation claire, précise et bien étayée à ce sujet, malheureusement fort peu relayée en français. Anabel Hernandez, Jesus Esquivel, Dawn Paley font partie des meilleurs parmi les enquêteurs, mais ils sont loin d’être les seuls. Tout indique que la soi-disant « Guerre contre la drogue » est une guerre pour le contrôle de ce marché doublée d’une guerre contre les peuples au profit des grandes corporations.
C’est certainement le plus grave problème auquel doit faire face le gouvernement d’AMLO aujourd’hui : la sécurité alors qu’il existe dans le pays des groupes puissants de Narcos, qui disposent d’armées dotées d’éléments qui ont reçu les meilleurs formations militaires et disposent d’armes de guerre. La question des armes est importante, ces armes viennent en immense majorité des USA. Certaines leur ont été fournies officiellement dans le cadre d’une opération de la DEA appelée « Rapido y furioso » (2006-2011), le principe étant que fournissant des armes aux narcos il serait possible de les pister et de connaître les membres des Cartels et ainsi de les faire tomber. La réalité fut bien différente et ces armes ont provoqué des dizaines de milliers de morts parmi la population civile du Mexique alors que les Groupes de Narcos se sont renforcés… et qu’ils sont utilisés aujourd’hui pour tenter de déstabiliser le gouvernement nationaliste d’AMLO.
Cela aide à comprendre pourquoi AMLO ne veut surtout pas de l’aide des USA pour combattre les Cartels dans une réactivation de la sanglante « guerre contre la drogue ». Le président Calderon qui a initié cette guerre disait que « Bien sûr il y aura
it des pertes [de civils] mais que le résultats vaudrait la peine ». L’histoire lui a donné à moitié raison, les pertes de civils sont évaluées à 200 000
personnes (une sous évaluation pour certains)
, mais le résultat est catastrophique puisque les problème du crime organisé s’est intensifié
et n’a même pas connu
l’
ébauche d’
une
solution.
Alors le gouvernements du Mexique demande aux gouvernement des USA un contrôle de leur trafic d’armes vers le Mexique mais dit « Non merci » à son insistante proposition de revenir dans le pays mené une « guerre contre la drogue » une méthode qui à prouver sa sanglante inefficacité.
Q
uelques mois
de plongée dans l’univers mexicain
furent des mois de bonheur, il a au Mexique des journalistes tant du quotidien que d’investigation d’un niveau hors du commun. Ils permettent l’accès à une information de qualité pour lesquels certains d’entre eux ont été assassinés, d’autres ont du s’exiler parce qu’au Mexique leur vie étaient en danger ou qu’ils savaient qu’ils ne pourraient s’exprimer librement
sous les précédents gouvernements
.
Pour certains leur vie est toujours en danger parce que le gouvernement ne contrôle toujours pas les groupes violents mais beaucoup d’autres sont revenu
s
dans le pays qui est à présent un exemple de liberté d’expression. De cela je suis certaine, malgré des campagnes de déstabilisation de la droite-USA, s’il y a des critiques, ce sont surtout celles faites à AMLO de laisser s’exprimer trop librement des personnes qui appellent ouvertement au renversement du président, y compris des généraux et généraux retraités qui ont appelé directement l’armée à se soulever contre l’actuel gouvernement.
Il y a une floraison de débats de haut niveau dans lesquels s’allient cœur, intelligence et une grande connaissance historique.
A
lors que je pensais pouvoir prendre le temps de m’informer largement avant de parler de ce pays fascinant qu’est le Mexique, les événements ce sont précipités et parallèlement aux soulèvement en Équateur, au Chili, en Bolivie, on a vu au Mexique se manifester de manière accélérée les éléments de prélude à un « coup d’état » doux.
En cours en ce moment.
Parmi les
journalistes locaux
beaucoup
sont de vieux routiers qui connaissent à fond l’histoire des coups d’état en Amérique Latine, depuis celui du Guatelmala en 1954 et l’histoire politique de leur pays,
les coups d’état, ils les voient venir de loin à la lumière du passé. A
eux ce sont joint des milliers de jeunes (et de moins jeunes) enthousiastes qui ont ouvert leur propre canal d’information et apprennent à analyser l’information jour après jour… ils sont les « bénis réseaux sociaux » qui pistent également les fake news produites par
les intégrants d’opposition de ces
mêmes réseaux.
Beaucoup des plus jeunes sont des inconditionnels d’AMLO, ils font partie des AMLOVERS qui ne tolèrent
aucune
critique contre leur idole, ce qui peut s’avérer contre-productif. La position des vieux
routiers
de l’information et de la politique qui soutiennent la transformation du pays est différente.
La « tendance » : il reconnaissent Andrès Manuel comme une personne honnête, sincère et de bonne foi, mais suceptible de se tromper comme tout humain.
P
our eux une critique constructive permanente est le meilleur soutien qu’il peuvent apporter au gouvernement pour mener une transformation qui soit réellement conforme aux aspirations populaires. Ils se mobilisent également pour analyser la tentative de coup d’état qui se développe dans le pays, et dans ce cadre ils soutiennent totalement le gouvernement actuel.
Pour Andr
é
s Manuel, en tant que personne mon total respect.
Je n’ai aucun doute concernant sa sincérité, ni le fait qu’il soit incorruptible. Il n’a rien d’un dictateur, mais le voir incarner la figure du « despote éclairé » est un risque. Pour le dire en bref : ne fait aucun doute le fait qu’il veuille le Bien du pays. Le problème c’est sa trop forte conviction de savoir ce qu’est
le
Bien
en Soi, comme un Universel incontestable,
qui risque de le rendre sourd aux revendications qui parlent d’autres formes de Bien.
Politiquement, pour juger il faut comprendre comment peut s’effectuer une transition du néolibéralisme vers un nouveau système équitable (pour qualifier d’un dénominateur commun les différents
systèmes
candidats à la succession)… et comment cela peut se faire avec la plus grande douceur possible.
Et ce n’est pas simple surtout quand un ennemi puissant s’oppose de toute ses forces et par tous les moyens à la réalisation de ce projet.
Avant de pouvoir dire aux USA que leur maïs ils peuvent se le garder, il faut reconstruire la souveraineté alimentaire et cela prend du temps. Cela demande aussi une nouvelle conception économique qui utilise de nouveau concept. La Croissance néolibérale, est aussi une mesure de destruction et de mort.
Juan Manuel Santos, ex-président de Colombie, interview
é
par Rafael Correa dans une des émissions que l’ex-président
d’Équateur
présente dur la chaine RT
('Conversando con Correa': Juan Manuel Santos)
, faisait valoir que les indices de Croissance d’un pays n’étaient en rien
la
garantie d’une lutte contre la pauvreté
efficace
, et parfois que bien du contraire.
L
a sortie de la pauvreté d’une population demande d’autres indicateurs, d’autres modes d’évaluation. Cela semble évident, je vous donnais l’exemple du Chili où le PIB moyen par tête est de plus de 13 000 dollar par an alors que le salaire minimum, celui d’une majorité est de 3600 dollars
annuels
qui ne suffisent pas à assurer les besoin fondamentaux des habitants dans un pays où le « coût de la vie » est extrêmement élevé. Des régions sont asséchées par les choix de développement libéral du gouvernement. Par exemple une entreprise chinoise qui cultive des cerises pour les chinois a accaparé l’eau de la région où elle est implantée. Alors oui, on peut augmenter les revenus de bases monétaires pour ces habitants, cela ne solutionnera pas le problème fondamental et vital de l’approvisionnement en eau potable et
pour l’
arrosage de leurs propres cultures…
En plus un salaire de base de 300$ dollars ne représente pas le même accès aux nécessités basiques dans un pays où les produits alimentaires sains sont accessibles et bon marché et les coût de l’énergie peu élevé
s
et dans un autre où tout coûte les yeux de la tête. Il faut donc d’autres indicateurs.
Le néolibéralisme se montre de plus en plus comme un système qui assassine les populations massiv
ement.
Cela consiste tout autant à envenimer des populations avec des nourritures qui sont de véritables poison
s
provoquant des problèmes de santé publique qu’à fomenter de toutes pièces des guerres civiles dans lesquels des voisins s’entre-tuent,
autant
qu’à pratiquer l’élimination sélective des opposants, journalistes gênants, leaders sociaux ou populaires et bien d’autres méthodes conjuguées dans une opération qui correspond à un génocide
(au
u sens où il existe une seule race humaine, qui se divise en ethnie
s
)
.
Dans ce cas,
les morts appartiennent indifféremment à différentes ethnies,
en différents lieux de la planète,
ils ont
comme point commun leur non-intégrabilité à ce
projet de
système discriminatoire
.
Mais revenons à la « drogue », un
autre aspect de la culture de la drogue est son rôle démobilisateurs des luttes politiques, sociales et populaires
. Je vous parlais des cartels mexicains qui ont été utilisés par les USA comme intermédiaires dans l’opération connue sous le nom de Contras qui consistait à fournir aux contre-révolutionnaires d’Amérique Centrale des armes qu’ils payaient avec de la drogue. Un des aspect moins connu de cette opération, c’est la manière dont cette drogue a été revendue dans les quartiers pauvres en lutte pour leurs droits civique
aux USA
dans le but avoué de provoquer une démobilisation. La méthode n’est pas nouvelle. Je l’ai vu à l’œuvre en Europe, quand l’héroïne a été déversée massivement à la fin des années 70 du siècle dernier. Quelques années auparavant les mouvements de mobilisations populaires étaient larges et constant surtout parmi la jeunesse… quelques années plus tard, propagande à l’appui, la rébellion
s
’était
re
territorialisée du champ politique
volontairement
disqualifié par les matrices de propagande diffusée
s
dans ce but
sur celui de la drogue présentée aux adolescents comme
la
forme de légitime
de révolte
. A présent nous voyons au Mexique l’apologie, Hollywoodienne et apparentée, de la culture narcos, qui présente les narcotrafiquants comme de nouveaux héros populaires et le narcotrafic comme le moyen rapide (ou le seul dans un pays de grande pauvreté sans mobilité sociale) d’accéder à la richesse.
Une mythification qui a fort peu à voir avec la tragique réalité de la plupart des narcos, en particuliers des jeunes
recrutés par ses groupes
qui ont une espérance de vie d’une vingtaine années au plus.
Tout cela est complexe, les Cartels ont les moyens de la corruptions, ils infiltrent jusqu’aux plus hautes sphères de la finance, de la politique, de l’armée et des forces de polices, la justice, les administrations publiques… Ils contrôlent les ports par lesquels leurs marchandises sont
transitent
… Ce n’est pas un problème spécifique au Mexique, mais c’est le pays le plus atteint alors que son Président est le seul à vouloir réellement démanteler l’ensemble de ce système et assainir le pays, une bonne fois pour toute. Quand la tentation me prend de le juger pour les erreurs qu’il commet éventuellement, je me pose la question de savoir ce que je ferais à sa place.
Et c’
est là
que je dis respect, parce qu’au moins il essaye alors qu’il n’existe pas de recettes éprouvées et que, en vieux routier de la politique, il savait que cette volonté transformation
le
conduirait forcément à une confrontation avec des ennemis féroces et puissants. Respect parce qu’il a accepté de mettre sa vie en jeu pour amener du bonheur au Mexique.
Chavez, quelles que soient les critiques qu’on peut lui faire par ailleurs, qu’il faut faire si on veut corriger ses erreurs, a beaucoup de positif dans son bilan. Comme d’avoir initié un mouvement de
dignité et de
souveraineté régionale. Par contre dans l’imaginaire collectif
latino
Maduro est devenu
un
e incarnation des pires dérives du socialisme, servant de repoussoir
des
gauches de la région et permettant à l’extrême-droite de gagner du terrain.
Mais pas seulement, heureusement. Comme je l’ai dit plus haut, grandit régionalement le mouvement de ceux qui veulent pouvoir participer à la vie politique de leur pays en inventant de nouveaux modèles qui ne soient ni néolibéral, ni socialiste. Et sous l’impulsion des populations indigènes sont remis en question les notions de gauche et droite venues depuis u
n
amphithéâtre de la révolution française
de 1889,
un modèle qui
ne trouve pas de répondant dans leur culture politique. Les partis politiques
sont
une invention de l’Occident pour diviser les voisins disent certains, comme les habitants de la commune de Cher
á
n, Michoacan, Mexique qui ont mis hors de leur ville les narcos et les partis politiques,
on
t
repris une gestion communale,
et ce sont réorganisés en Ronde Indigène dont sont issus les volontaires qui assurent la protection de leur territoire.
De quel droit imposerions-nous nos modèle à des populations qui ont un riche passé culturel et des structures politiques éprouvées.
Une transformation est une période de transition avec comme on le dit au Mexique « Un vieux système qui n’en
finit
pas de mourir, alors que le nouveau n’a pas achever de naître ». L’expérience mexicaine est devenu une référence pour ceux qui aspire
nt
à une transformation qui ramène une souveraineté régionale. Si certains sont des capitalistes nationalistes et d’autres des anti-extractivistes autogestionnaires radicaux,
et une vaste gamme d’autres nuances,
la question de la manière dont doivent se résoudre
c
es divergences est devenues secondaire face à l’urgence de l’unité face à l’ennemi commun : le colonialisme néolibéral
et les factions de l’extrême-droite locale qui en sont les vecteurs.
Mais aucun pays ne peut seul échapper aux griffes néolibérales.
Une chose est de savoir qui tire les ficelles, autre chose est d’identifier et de combattre sur le terrain les idéologies dont
ceux-là
se servent pour y parvenir.
En Bolivie, face au soulèvement indigène et à la réprobation internationale, les putschistes ont du rapidement occulter le caractère de
«
croisade
l’antéchrist »
affiché ouvertement au
x
première
s
heure
s
du Golpe. Ils
n’ont pas pour autant renoncé à leur terrible croyance religieuse qui fait des populations indigènes et de la spiritualité de la Pachamama des incarnations de Satan, qu’il faut exorciser et combattre les armes à la main. Beaucoup d’analystes parlent du gouvernement Bolsonariste de Bolivie, effectivement Bolsonaro et la clique bolivienne appartiennent à la même église évangélique raciste, un mouvement qui gagne du terrain en Amérique Latine et dans le monde. Un mouvement qui se confond avec celui d’une radicale ultra-droite. Une idéologie que ceux qui veulent la combattre doivent identifier,
cell
es chasseurs de sorciers et de sorcières fanatiques
qui semblent sortis des oubliettes de l’histoire
.
C’est devenu le principal véhicule de l’extrême-droite latino parmi les couches populaires, une idéologie à combattre.
Attention, tous les évangélistes ne sont pas des fascistes, il est question ici d’un groupe spécifique, le nombre de ses membres n’est pas clairement recensé, ils sont évalués à 200 millions dont 30 sont au Brésil.
Pour tous ceux qui pensent que les peuples ont le droit de décider de leur propre destin, et qui voudrait soutenir la population de Bolivie dans son combat pour y parveni
r, la question de
savoir si vous êtes pour ou contre Evo est devenu secondaire.
M
anifeste
nt
aujourd’hui
ensemble
à la fois des partisans d’Evo et des opposants unis par leur volonté de défendre la dignité indigène les droits de sujets politiques et territoriaux des habitants natifs du pays.
La répression se déchaîne avec la même violence contre les manifestations agressives que contre la majorité de manifestants pacifiques. Certains appellent au retour d’Evo alors que d’autres cherchent de nouveaux leaders pour incarner leurs aspirations. Tous demandent la destitution de la minorité qui a fomenté un coup d’état pour s’emparer du pouvoir et se maintien par une répression toujours plus brutale. Les représentants du MAS, presque 2/3 du Parlement sont écarté du pouvoir par la menace directe contre leur vie ou celle de leurs proches et le gouvernement de fait annonce qu’il s’apprête à arrêter bon nombre de législateurs du MAS sous inculpation de sédition… ils le disent ouvertement, et les instances internationales, se taisent ou ratifient le coup détat.
Comme le disait le journaliste argentin, Esteban Trebucq, un des rares à être resté sur le terrain, (les autres devenus cibles de violence ou accusés de sédition ont fuit le pays) : il est hors de question de parler de guerre civile quand une population désarmée affronte des militaires qui tirent à balles réelles et ont reçu du gouvernement l’implicite droit de tuer que leur confère l’exemption de sanctions pénales…
Aujourd’hui 19 novembre il insiste, le soulèvement indigène avant d’être pour ou contre Evo est une lutte des peuples originaires pour « leur identité, pour leur raison d’être, pour leur descendance, pour leur sang, leur terre et leur avenir. » La violence de la répression est en pleine recrudescence, la police lance les gaz alors que l’armée tire à balles de plomb. Et s’il y a des manifestations « violentes », c’est la violence des pierres contre les tanks, les hélicoptères, les armes à feu. Parce que perdre ce combat serait pire que perdre la vie, le retour à la misère et l’infra-humanisation des populations natives, beaucoup se disent près à perdre la vie dans la bataille. Des hôpitaux de fortune s’organisent dans la rue pour venir en aide aux nombreux blessés et victimes des gaz. Le jeune médecin et autres membres du personnel sanitaire bénévoles interrogés parlent de leur connaissance de neuf morts tous par armes à feu dans 2 hôpitaux de Cochabamba. Et de centaines de blessés plus ou moins gravement ainsi que des victimes de gaz dont la CIDH a condamné l’usage démesuré, ainsi que celui des armes à feu, la force démesurée de la répression du gouvernement de fait. Plusieurs journalistes étrangers ont fait remarquer que les gaz étaient d’autant plus durs à supporter à une altitude de plus de 3000 mètres (La Paz 3640m) où l’oxygène est raréfié.
L’ appel que lance en écho la population : «S’il vous plaît racontez, montrez ce qui nous arrive, faite savoir au monde ce qui se passe ici, ils nous abattent comme des animaux, pourtant les animaux aussi ont des droits, nous avons besoin de soutien dans le monde entier. ». Je relaie …
Au Chili aussi les mobilisations continuent. Ici la répression se caractérise par les dizaines (200) de personnes rendues aveugles où ayant perdu un oeil par les tirs des forces de l’Ordre. « Cela nous a coûté tellement d’ouvrir les yeux, et à présent ils veulent nous rendre aveugle ». « La mutilation physique comme discours du pouvoir » Les tirs se font à proximité des manifestants, visent spécifiquement le visage et les yeux. Illustration aux premières minutes de la dernière émission d’entre noticias, alors que youtube a obligé l’équipe à retirer les images les plus révélatrice, de la répression au Chili comme en Bolivie, sous prétexte de sensationnalisme.
C’est très loin d’être un tour complet de la vaste question de l’Amérique en lutte contre le néolibéralisme de dont il sera question à l’avenir sur ce blog, au compte-goutte et dans le désordre en fonction des priorités du moment, avec des traductions inédites selon de leur qualité informative et le temps que je peux y consacrer. Et sûrement beaucoup de fautes ou de redites, que je vous prie de pardonner… Là par exemple, je viens de passer 12 heures d’affilée à rédiger ce texte et recueillir des nouvelles informations, il en reste beaucoup d’autres dont je voudrais prendre connaissance… et aussi une traduction en chantier et une liste d’attente d’autres...
Anne W.
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