26 novembre 2019 2 26 /11 /novembre /2019 18:24

 

Au Mexique se manifestent tous les préparatifs d’une tentative de coup d’état conjuguant différentes tactiques sur de multiples fronts. Ici c’est l’aspect religieux de cette déstabilisation planifiée qui est mis en évidence. Comme vous le verrez dans la vidéo ci-dessous, un prêtre appelle les Mexicains a exorciser le démon, Satan, auquel le Président Andrès Manuel L.O. aurait selon lui livré le pays.

Un nouveau fanatisme religieux prend place sur la scène politique internationale. Courant majoritairement évangéliste (protestant), il touche également des catholiques. On a pu voir comment en Bolivie, les suppôts du gouvernement putschiste qui ont pris le pouvoir, pratiquent des exorcismes collectifs pour « chasser Satan du pays ». Satan ici est incarné par la Pachamama, par la spiritualité des populations originaires. Ce courant, partie inclusive de l’extrême-droite, est le même qui a porté au pouvoir Bolsonaro au Brésil, un pays où il compte 20 millions d’adeptes. Le même qui chapeaute le suprémacisme blanc au USA, où ce courant trouve à sa tête John Bolton mais aussi Mike Pence qui deviendrait président si Trump se voyait forcé de renoncer à sa charge…

Bien sûr, il y a derrière tout cela de puissants intérêts économiques, mais qui ne triompheront que si ils réussissent à gagner à leur cause également des masses, celles les petites gens qui jamais ne recevront plus que de maigres miettes du gâteau. Dans ce but sont utilisées des idéologies de fanatismes religieux qui prennent à présent la forme déclarée d’une Croisade, d’une Chasse au Sorcière avec ouvertement affirmée une volonté d’exterminer le démon. Un programme génocidaire, fanatique et fasciste.

Ici, je vous présente une vidéo dans laquelle on voit un prêtre catholique mexicain appeler « les croyants » (crédules?) à s’unir pour chasser Satan du Mexique, les hordes sataniques ayant selon lui à leur tête le président Andrès Manuel López Obrador. Une réplique de ce qui se produit actuellement en Bolivie.

Ce qui suit n’est pas anecdotique, puisque la Conférence Épiscopale du Mexique, par la voix de son président Pogelio Cabrera López, s’est prononcée contre le Président et multiplie les déclarations qui le discréditent. De même qu’en Bolivie (et dans certains secteurs européens de ces courants comme on peut le voir ici), le racisme ethnocidaire contre les populations originaires est présenté comme une lutte de la Vierge de Guadalupe contre la Pachamama qui selon eux serait « enceinte de l’antéchrist ». Cela fait froid dans le dos. Heureusement, si la Vierge Guadalupe est vénérée par beaucoup de Mexicains, tous ne sont pas dupes pour autant et s’élèvent de nombreuses voix chrétiennes qui sont prêtes à défendre AMLO, même si pour cela elles doivent condamner la hiérarchie cléricale du pays. Rappelons qu’un des plus grand soutien d’Andrés Manuel est le père Solalinde, un prêtre catholique qui a été nominé au Prix Nobel de la Paix en 2017, un vrai pratiquant de la philosophie chrétienne, qui déploie une inlassable activité pour venir en aide aux migrants et considère AMLO comme un frère.

Il faut chasser Satan du Mexique en détruisant Andrés Manuel López Obrador

Traduction  de cette vidéo de la 3éme à la 7éme minute (le reste est consacré à un autre front, une autre partie de l’histoire) :

« Je suis Mexicain, je viens de Mexico, essayant de promouvoir une croisade d’oraisons. Qu’ont-ils fait avec le Venezuela, nos voisins. Que font-ils depuis neuf mois avec le Mexique ? Le suivant est la Colombie. Quelqu’un dit Non, Merci. Parce que cela va dépendre de nous. Au Mexique actuellement nous menons une Croisade, recherchant 12 millions qui prient le rosaire tous les jours pour contenir le dragon qui vient d’arriver dans notre pays. Mais nous avons besoin de 30 millions. Je vais vous montrer grâce à seulement deux exemples ce qu’ils sont en train de faire dans tous les pays d’Amérique Latine pour les détruire.

Quels sont les trois piliers qui ont soumis Cuba pendant 60 ans. Tu vas être surpris de constater que ce sont les mêmes que ce qu’ils essayent de faire ici. Je ne vais pas les expliquer, je vais juste les mentionner. Premièrement la maçonnerie – ne me dit pas qu’en Colombie il n’y a pas de maçons, c’est infesté de maçons là-bas aussi et beaucoup sont au pouvoir.

Deuxièmement la SORCELLERIE comme ils l’appellent à Cuba Santeria. Tu ne te rends pas compte de comment a commencé le gouvernement du Mexique ? En faisant un rituel – bon je ne sais pas ce qu’il a fait, je ne suis pas exorciste (sic) – mais je suis convaincu que ce rituel consacrait lesMexique à Satan. Un pays dans lequel vit la Vierge à San Diego a été consacré à Satan ! [ San Diego,Tijuana, où selon eux, apparut la Vierge de Guadalupe, lieu de pèlerinage annuel pour environ 8 millions de croyants NdT].

Au Venezuela à partir de l’âge de 3 ans, ton enfant appartient à l’état. Cela tu le sais, tu l’entends, cela se passe ici à côté de toi. Quelle est la première chose qu’ils vont faire au Mexique : supprimer le droit parental

[commentaire de Nacho Rodriguez sur le site duquel est présenté cet extrait de discours insensé, Incrédule, il rappelle que c’est ce qui se passe en Bolivie, les populations originaires sont satanisées., diabolisées. (j’ajouterais, de même que le sont ici les populations africaine, à Cuba tous les indigènes ayant été massacrés par les conquistadores, les populations d’origines africaines mises en esclavage ont amené leur propres rituels origine de la Santeria. Suite du délire « religieux »…]

Tu ne gouverneras plus tes enfants, l’état les gouvernera.

Il faut les démoraliser pour les détruire. Deuxièmement : déstabiliser toutes les institutions. Tu le sais, qui est ne train de châtier le peuple du Venezuela : la Garde Nationale Bolivarienne ? Comment s’appelle la nouvelle armée qu’à formé le Mexique : Garde Nationale… [...] »

 

« Les détruire », « Déstabiliser toutes les institutions »… c’est clairement une composante des préparatifs de coup d’état qui s’intensifient au Mexique

La suite des insanités ne figurent pas dans l’extrait présenté ici, qui me semble amplement suffisant pour se faire une idée avant d’être submergés par la nausée.

Comment croire qu’un Dieu Créateur Parfait a pu créer des créatures qu’il aime pour qu’elles exterminent d’autres de ses créatures qu’il hait. Cela ne tient pas debout.

J’ai un grand respect pour ceux qui parmi les chrétiens pratiquent l’amour du prochain, le refus de s’enrichir au détriment d’autrui, la compassion… je me sens en affinité avec ceux-là, mais ceux dont il est question ci-dessus, encore plus après avoir vu les crimes qu’ils perpétuent en ce moment en Bolivie, me dégoûtent et me mettent en colère, car ils sont entièrement faits de haine et non d’amour. Parce que la malveillance les guide et que le Dieu qu’ils se sont inventé leur donne le droit – que dis-je – le devoir de tuer en son nom. Bienvenue au 21ème siècle…

 

Ben voilà, je voulais approfondir cette question de courants religieux d’extrême-droite génocidaire qui appellent à exterminer les « infidèles », des courants qui prennent place sur la scène politique et dont les adeptes se comptent par dizaines de millions en Amérique Latine et au Nord où ils occupent une place importante dans l’actuel gouvernement des USA alors qu’ils gouvernent le Brésil et essayent d’installer leur pouvoir en Bolivie.…

 

Anne W

 

 

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26 octobre 2019 6 26 /10 /octobre /2019 04:03

 

 

« Je crois qu’il est temps de changer le modèle économique qui s’est imposé pendant des décennies. Les gens ne veulent plus de sacrifices faits seulement au bénéfice de minorités. C’est très injuste ».

Andrès Manuel López Obrador

Andrès Manuel  López Obrador

Andrès Manuel López Obrador

Chaque matin à 7 heures le président du Mexique Andrès Manuel López Obrador, après sa réunion avec le Conseil de Sécurité tient une conférence de presse. Voici comment AMLO a ouvert cette conférence le 24 octobre 2019, par un message à l’ONU, à l’Amérique Latine et au monde.

 

Un des buts revendiqué par le gouvernement du Mexique est de mettre fin au néolibéralisme dans le pays. Mais mettre fin au néolibéralisme dans un seul pays n’est pas possible. L’Empire du Nord a attaqué le Mexique et son gouvernement, le Président réagit, il lance un appel à la solidarité des peuples pour en finir avec le Monstre. Un courant de refus du néolibéralisme soulève les populations dans toute l’Amérique Latine. Qu’est-ce que le néolibéralisme et pourquoi les populations veulent-elles y mettre un terme ?

L’exemple du Chili illustre fort bien les raisons qui font du refus du néolibéralisme une question de survie pour beaucoup d’habitants de la planète. Le Chili était pourtant présenté comme la Suisse d’Amérique Latine, un pays prospère où les habitants disposent du salaire de base le plus élevé d’Amérique Latine (300$ par mois, soit 3600$ par an dans un pays où en 2018 le revenu moyen par habitant en fonction du PIB est supérieur à 13 000$ ). Alors que les coût des loyers, des transports, de l’énergie, de l’éducation, de la santé y sont sont équivalents ou plus élevés que ceux d’Europe. Une petite partie de la population concentre la plus grande partie des richesses du pays. Cela fait de ce pays le 7ème sur la liste mondiale des pays les plus inégalitaires, le 7ème du monde !

Sans entrer dans les détails, le néolibéralisme est cette phase du capitalisme où la richesse financière, la propriété du territoire et des moyens de production se concentre entre un nombre toujours plus restreint de « privilégiés » au détriment de tous les autres dont la qualité de vie, la survie sont menacé par ce dépouillement, cette dépossession qui, quand elle ne tue pas immédiatement ses victimes, crée les conditions d’une infra-humanisation.

Une partie au moins des forces de gouvernement des USA ont lancé une attaque contre le gouvernement du Mexique. Je me demandais hier qu’elle serait la réponse d’AMLO à cette attaque contre la souveraineté du pays, la voici, un appel à la solidarité internationale pour mettre ensemble un terme aux exactions du néolibéralisme.

Même s’il n’est pas toujours évident de savoir qui est réellement aux commandes aux USA, nous pouvons observer à travers de plus de 70 ans de continuité des politiques de mise sous tutelle et pillage de l’Amérique Latine, que dans les termes de la doctrine de sécurité « défense des intérêts et de la sécurité des USA » le terme USA doit être remplacé par Corporations étasuniennes. Des Corporations que servent tant les gouvernements officiels US, que le Pentagone ou les services de renseignement et interventions « secrètes » de ce pays. C’est une constante. Des corporations qui remplacent les gouvernements du monde par des gouvernances qui sont les interfaces, les relais de transmission de leurs diktats aux peuples dépouillés de leur souveraineté. Dans ce contexte, le message d’AMLO est une déclaration de guerre de fait à ces Corporations :

« Le modèle néolibéral est épuisé, c’est un échec. Les gouvernements qui n’opèrent pas de changements et poursuivent les mêmes politiques affrontent des problèmes avec leurs peuples...parce que les gens ne veulent plus d’avantage de sacrifices seulement pour le bénéfice de minorités, c’est très injuste. Toutes les politiques de privatisation ont été un échec. Elles ont bénéficié seulement à des petites minorités, appauvrissant des millions d’êtres humains. C’est la cause des mouvements de rébellion, de non-conformité. Nous autres, notre peuple sage a compris que le moment est venu de changer ces politiques. Et cela, il l’a exprimé massivement l’année passée dans les urnes. Et nous sommes en train d’opérer une transformation de manière pacifique et de démontrer que c’est possible de mettre en pratique une politique différente, que oui, il est possible de mettre en pratique une politique qui prenne en compte tous les mexicains, que le gouvernement ne soit pas celui d’une faction, que le gouvernement ne soit pas se mettre au service de groupes d’intérêts fabriqués, que le gouvernement représente tous (les habitants) et que doit mis en avant le bien-être du peuple. C’est cela qui crée la gouvernabilité, c’est cela qui permet la paix sociale. C’est ma réflexion. Heureusement cela commence à être compris et accepté par tous les gouvernements. Dans le cas de l’Équateur ils ont pu faire marche arrière à la mesure d’augmentation des combustibles. Clairement pas seulement pour les manifestations, qui sont ce qui met en évidence cette non-conformité. Mais cela vient d’où ça, d’augmenter la décision d’augmenter le prix du combustible ? Cela vient de l’ancienne politique, du vieux régime, de l’orthodoxie du modèle néolibéral.

Je disais hier que j’allais faire un commentaire au sujet d’un personnage. Quel personnage ? J’ai des informations, cela fait partie du domaine public, il y a une enquête au sujet d’un personnage puissant, un potentat qui avait recommandé au gouvernement précédent de doubler le prix de l’essence au Mexique, cela au début du mandat du précédent gouvernement, et [ces gouvernants] de cela ils en ont tenu compte. Rappelez-vous combien coûtait l’essence lors des débuts de ce gouvernement et quel en était le prix à la fin. [entre 2012 et 2018, le prix moyen de l’essence est passé au Mexique de 9,8 pesos à 18,3 pesos NdT] cette mentalité était prévalente. Elle résout le problème des finances publiques : pour faire rentrer plus d’impôts, augmentez le prix de l’essence.

Dans le cas de l’Équateur, ils ont fait marche arrière avec cette mesure. Dans le cas du Chili, il est également question d’une augmentation, celle du prix des transports publics, du métro. Et ils ont reculé. Je célèbre ce recul opéré par les mandataires, parce que ce serait téméraire de soutenir par le feu et le sang ces mesures. Dans le cas du président du Chili, il a été jusqu’à présenter des excuses. Dans un acte que je considère comme d’honnêteté, une rectification. Mais, à la fin, c’est le même schéma, et cela n’est plus possible d’appliquer ces politiques. Ces politiques, il faut les mettre de côté, mais également les organismes financiers internationaux doivent aider, ils doivent coopérer. Et ne pas être là à contraindre, à obliger les gouvernements à imposer ce types de politiques anti-populaires. J’espère que ces changements vont se poursuivre et aboutir, parce que de cette manière ils obtiendront le développement, le bien-être, et le plus important : la paix.

Il y a déjà une attitude différente de la part des organismes financiers internationaux, mais il y a aussi des résistance, comme toujours. Il faut que soit produit, avec beaucoup d’objectivité, un rapport sur l’échec du modèle qu’ils ont imposé pendant une longue période, une autocritique sans tomber dans l’auto complaisance., et il doivent continuer à rectifier et changer et mettre en avant le bien-être des personnes, le bonheur du peuple. »

AMLO, 24 octobre 2019

 

Cet appel devrait être un tissu d’évidences. Non ? Et pourtant nous savons bien que ceux qui tiennent de tels propos aujourd’hui deviennent des cibles pour les assassins du système.

 

Au cours de décennies d’ingérence étasunienne en Amérique Latine d’autres présidents ont été renversés, d’autres leaders politiques ont été assassinés pour moins que cela. Un appel à mettre fin au néolibéralisme, c’est un appel à en finir avec les privilèges des quelques rares bénéficiaires de ce système mortifère, brutal, cruel, grossier, destructeur de la vie et de la beauté du monde. Je ne comprendrai jamais ce qui motive ces gens, leur manque d’empathie. Mais j’ai appris qu’il ne sont pas prêts à céder une parcelle de leur pouvoir, un centime de leur fortune, une parcelle de leurs propriétés pour le bien du plus grand nombre, en particulier des plus pauvres. Il se sont contentés pendant longtemps de distribuer les quelques miettes indispensables au maintien d’une fiction de paix sociale. A présent les processus de leur enrichissement par dépossession de tous les autres s’accélèrent. Je n’ai aucun doute quant au fait que Andrés Manuel est parfaitement conscient du caractère de provocation de ce message. Non qu’il ait envie de provoquer qui que ce soit, mais le simple fait de vouloir en finir avec l’accaparement par quelques-uns des ressources du monde, est aux yeux de ces (indicibles) une déclaration de guerre, un crime qui doit être puni.

Je ne suis pas encore prête à dire ce que je pense du projet d’AMLO dans son ensemble. J’ai appris au cours de ma déjà longue existence, que si chacun est porteur d’un projet de monde, le monde qu’elle ou il voudrait voir exister, tous sont soumis à des contraintes, celles qui résultent de la possibilité réaliser ce projet sans faire obstacle au projet d’autrui et celles qui résultent d’un moment donné de l’histoire. Et cette contingence redistribue les alliés et les ennemis.

Il y a un demi-siècle quand le système a inventé l’exclusion sociale en masse de ceux qui ne se répondaient pas aux impératifs de conformité du système qui se mettait en place, cela nous faisait rire : exclusion de quoi ? Du consumérisme et des sacrifices qu’il impose à ceux qui en veulent toujours plus. Nous ne voulons pas d’un monde où « la fonction fait l’homme », nous ne voulons pas être employés, nous voulons travailler, acquérir des savoir-faire et des connaissances qui nous déterminent toujours d’avantage en tant que personne singulière, dont l’apport au Vivre Ensemble contribue avec originalité au bien être de tous dans la diversité des possibles, une invention continue de la Vie. Nous nous disions alors : pas de problèmes, nous construirons nos mondes dans les failles du système, les failles ce n’est pas ce qui manque. Nous ne voulons pas grand-chose, un bout de territoire où nous donner les moyens de vivre bien, simplement, par notre travail, en harmonie avec nos voisins, avec ce milieu ambiant dont nous faisons partie.

Quand les envahisseurs du territoire qui deviendra États-Unis d’Amérique du Nord se sont appropriés de cette Terre, ils ont massacrés les habitants et les survivants ils les ont repoussés vers des espaces toujours plus réduits, les réserves comme des prisons à ciel ouvert où se consomme la lente agonie de peuples autrefois fiers et dignes. Après ils ont étendu au monde ce principe d’appropriation de territoires au détriment des habitants originaires. Nous avons vu se réduire les larges failles de la géographie du système, notre accès au territoire. Aujourd’hui il reste à peine des interstices dans lesquels se glisser pour échapper aux moules des réducteurs de conscience. Des interstices qui se réduisent et nous étouffent, discrètement.

Ce que propose AMLO, un être humain imparfait comme tel, c’est de renverser ensemble ce processus d’expropriation, de mettre un terme à cette agonie par étouffement. Ce n’est pas grand-chose et c’est beaucoup à la fois.

Anne W

 

Pour terminer en beauté, le cri de la fête de l’indépendance du Mexique le 16 septembre, un moment de bonheur partagé.

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3 octobre 2019 4 03 /10 /octobre /2019 14:04

 

 

Depuis plusieurs mois je découvre intensément le Mexique, mais le sujet est tellement riche, vaste, que jusqu’ici je n’avais pas trouvé le chemin pour aborder ce thème sur le blog. Face à la désinformation éhontée qui sévit dans la presse francophone concernant les événements de la semaine dernière à Culiacán et les révélations qui ont suivi, j’ai choisi cette entrée en matière pour aborder ce sujet passionnant : le Mexique en quête d’équité et de souveraineté nationale et populaire.

 

Les événements de Culiacán (capitale de l’état de Sinaloa, côte pacifique du Mexique) qui se sont déroulés depuis le jeudi après-midi au samedi de la semaine dernière ont fait couler beaucoup d’encre et de salive. Dans une première phase, il s’agissait de dégager la réalité derrière les informations contradictoires qui circulaient, y compris dans le discours officiel du propre Secrétariat à la Sécurité Civile du pays.

La première version de ce secrétariat décrit une opération de patrouille de routine d’un groupe d’une trentaine d’effectifs de la Garde Nationale qui auraient été attaqués par surprise depuis une villa. Les gardes auraient répondu à cette agression et se seraient alors emparés de la villa où se trouvait justement Ovidio Guzman, fils du narcotrafiquant Joaquin Gusman Loera, un des chefs du groupe criminel transnational connu comme Cartel de Sinaloa. Guzman mieux connu sous le nom de El Chapo a été récemment condamné par un tribunal de New York à l’emprisonnement à vie.

Quelques heures plus tard, cette version sera complètement démentie par le même Secrétariat de Sécurité dont la nouvelle narration décrit une tentative d’arrestation du même Ovidio G. sur base d’un mandat d’extradition (sollicitée par les USA) émis par un juge. L’opération aurait foiré parce que le groupe militaire en question, déjà engagé dans l’action, n’aurait pas reçu à temps le mandat qui lui permettait d’opérer légalement cette arrestation alors que pendant leur attente, le cartel avait mobilisé quelques centaines de membres de son armée dotée d’armes de guerre pour prendre en otage Culiacan, menaçant d’opérer un carnage si el Chapito Guzman n’était pas immédiatement libéré. Il apparaît alors que ni le secrétariat de sécurité, ni le chef d’état n’avaient été informé de cette opération et qu’ils se retrouvaient devant le fait accomplit : une opération bâclée qui enfreint toutes les règles. Selon divers experts une telle opération demande la mobilisation de plusieurs centaines d’effectifs, disposant d’une couverture par hélicoptères et d’un centre de coordination efficace. Cette opération a eu lieu dans l’après-midi alors que toutes les règles veulent qu’une telle intervention se déroule à l’aube, quand il y a peu de présence d’habitants dans les rues, après qu’un cordon sanitaire ait été établit pour assurer la protection des civils du voisinage.

Mis devant le fait accomplit, face à l’ampleur de la crise, et pour éviter le risque de massacre parmi la population civile, le secrétaire d’état décide de relâcher Ovidio, une décision qu’avalisera inconditionnellement le chef de l’état Andrés Manuel López Obrado (AMLO).

La décision d’Andrés Manuel recevra entre 80 % et 90 % d’approbation de la part des habitants de Culiacán, alors que le reste du pays est partagé. Ce qui est intéressant, c’est que nombre de ceux qui ne soutiennent pas AMLO approuvent néanmoins ce qu’ils et elles considèrent comme une sage décision.

Ces événements ont généré des flux de questions qui à leur tour ont donné lieu à une multiplications de débats pour tenter d’y répondre. Dans un premier temps, il apparaît que si la décision de libérer le jeune Guzman n’est pas questionnable, ce qui l’est et exige des réponses claire de la part du gouvernement, c’est le fait qu’un petit groupe de Gardes Nationaux ait pu entreprendre cette opération sans que soit consulté ni le chef d’état ou au moins le Secrétariat de Sécurité.

Une enquête est en cours pour mettre des noms sur ceux qui dans la chaîne de commandement sont responsables de ce cafouillage qui aurait pu tourner au massacre entraînant le pays dans une nouvelle guerre contre le narcotrafic sur le même mode que celle qui au cours des précédents mandats présidentiels avait fait des centaines de milliers de morts, principalement des civils, généré un climat de terreur dans le pays et entraîné des déplacements massifs de population entre autres conséquence néfastes pour la tranquillité du pays.

AMLO l’a clairement exprimé, bien avant même la campagne présidentielle qui l’a porté au pouvoir : il ne combattra pas les Cartels du Narcotrafic et autres formes du crime organisé par les armes. « On éteint pas le feu en y jetant de l’essence » a-t-il coutume de dire, et les résultats catastrophique d’escalade de la violence obtenus par les guerres contre les narcos menées par ces prédécesseurs semblent bien lui donner raison. Plus de deux décennies de « guerre contre le narco trafic » en Colombie, en Amérique Centrale et au Mexique l’ont clairement démontré, cette stratégie n’est pas seulement inefficace elle est très clairement aussi sanglante que contre-productive. Du moins si son véritable objet est d'éradiquer la production de narcotiques et la quantité de ces produits qui pénètrent aux USA pour alimenter une demande qui n’a cessé de croître.

Pour lutter contre le narcotrafic et la violence toujours plus terrifiante qui l’accompagne, AMLO développe différents axes de lutte comme la prévention. Par exemple en luttant contre l’abandon scolaire par l’octroi de bourses aux familles d’étudiants dans l’ensemble de leur parcours scolaire, en accordant des subsides aux entreprises et artisans qui forment de jeunes apprentis et en développant un programme de jeunes inventant le futur qui se déploie dans de vastes domaines artistiques, protection du milieu ambiant, travail communautaires…. Un autre axe de lutte est la lutte contre la corruption qui prétend éradiquer le narcotrafic en s’attaquant aux biens mal acquis et aux ressources financières des Cartels et de ceux qu’ils ont achetés. Le projet de souveraineté alimentaire a également des impacts dans la lutte contre le narcotrafic. En effet de nombreux paysans ont du abandonner leurs terres chassé par les narcos ou se mettre au service de ces derniers en cultivant l’opium, la coca ou la marijuana. Repeupler les campagne et permettre aux paysans de disposer d’un juste revenu pour la culture de produits alimentaires, permet d’éviter que ceux-ci s’adonnent à des cultures illicites, souvent les seules qui leur permettaient de nourrir leur famille.

 

Les USA qui ont dépensé des milliards de dollars pour « lutter », sans succès, contre le narcotrafic dans les pays du Sud n’ont jamais rien entrepris pour mener sur leur territoire une lutte de prévention, au contraire, nous verrons pourquoi par la suite. Le seul changement significatif dans le marché de la drogue aux USA est celui du rôle devenu prédominant de sociétés pharmaceutiques dans la croissance de l’addiction de la population au cours des dernières années. Une diversification qui étend le phénomène de la dépendance aux opiacé à des couches de populations qui jusque-là étaient relativement épargnées. La multiplication des overdoses provoquant une chute de l’espérance de vie dans le pays.

 

Pour évaluer la stratégie de López Obrador et ses chances de succès de nombreux facteurs sont à prendre en compte. La situation dont il a hérité est grave, complexe, pour la comprendre une connaissance de l’histoire du narco-terrorisme mexicain s’impose. J’emploie le terme narco-terrorisme au sens large qui recouvre autant les dit « Cartels » et leurs méthodes que la manière dont ils se sont militarisés avec l’aide en arme et formation des USA qui ont contribué à leur transformation en armées, utilisant des modèles éprouvés, les méthodes de formations de l’École des Amériques ou celles des Kabyles du Guatemala, des militaires conditionnés pour devenir les tortionnaires des gauches et autres souverainistes latinos, spécialistes des coups d’état militaires, disparitions forcées et exécutions extra-judiciaires, maîtres en matières de soumissions des populations par la création d’un climat d’insécurité et de terreur.

Une petite anecdote concernant les formations que reçoivent ces militaires : chaque nouvelle recrue doit se charger d’un animal de compagnie. Si les étudiants de l’École des Amérique se verront obligés quelques années plus tard de tuer leur compagnon animal et de le manger, les Kabyles eux doivent le manger vivant. Leur formation fait de ces militaires guatémaltèques une élite parmi les élites qui ne reculent pas quand le devoir leur impose de massacrer des communautés indigènes ou des paysans requalifiés pour l’occasion de terroristes, narcotrafiquants ou autres étiquettes utilisée pour qualifier des ennemis intérieurs fabriqués de toutes pièces.

 

Qui est qui dans ce jeu pervers est fort difficile à définir. Non seulement certains Cartels sont formés en partie d’anciens militaires de forces spéciales, de kabyles ou d’anciens membres de la DEA, alors que d’autres ont bénéficié d’une relative impunité pour les services qu’ils ont rendu aux USA qui les ont armés pour lutter contre les autres cartel (cas du cartel de Sinaloa). La DEA n’est pas une organisation homogène, et de nombres de ses membres ont crée leur propres réseaux et lignes de trafic, avec l’aval ou non de leur direction ? La réponse n’est pas claire. Certains louent parfois leur service de sicaires à des cartels de la drogues et autres transnationales. On a vu à diverses reprises la CIA (à l’insu des agents de terrain de la DEA) utiliser des organisation narcos dans sa lutte contre la « subversion » comme pendant la guerre des Contras. Les USA livrent des armes aux forces « contre-insurrectionnelles » d’Amérique Centrale contre de la drogue qui arrosera la jeunesse rebelle dans un but de démobilisation dans leur pays et en Europe, des narcos mexicains servant d’intermédiaires dans ce trafic seront formés militairement pour jouer ce rôle. Un premier, le franchissement d'un premier seuil dans l'escalade de la violence narco.

Si les forces de l’Ordre ont pratiqué des infiltration de ces groupes criminels, l’inverse est bien plus développé et généralisé : les groupes criminels ont infiltrés tous les secteurs de l’état, depuis la police municipale jusqu’aux différents gouvernements successifs, en passant par l’armée, la justice, etc. En plus ces mêmes gouvernements ont totalement abandonnés une majorités de communautés et états du pays permettant aux Cartels qui créent de l’emploi licite et illicite, des écoles, des hôpitaux, des musées d’apparaître comme des bienfaiteurs du peuple.

Alors que l’opposition reproche à AMLO de « n’avoir rien dans le pantalon » et d’avoir cédé au chantage des narcos, son prédécesseur Enrique Peña Nieto, qui voyage beaucoup en ce moment, a du renoncer à la visite qu’il voulait faire dans son pays. Un autre fils de Guzman, Archibaldo, le menace : il existait un accord entre Peña et le Chapo qui avait soutenu sa campagne électorale par un don de millions de dollars en échange de l’impunité. Un contrat que le président de l’époque n’a pas respecté puisqu’il a livré Guzman aux USA , pays où il a été condamné à perpétuité. Un exemple parmi d’autres, des gouverneurs d’état, des maires, des syndicalistes et autres politiciens, des juges, des policiers ont été achetés. Comment recréer des bases saines depuis cette gangrène de corruption qui corrompt la géographie et tous les niveaux de hiérarchies sociales du pays, c’est un des défis que doit relever l’actuel gouvernement et il est de taille.

Le sujet est bien trop vaste, complexe, et produit d’une trop longue histoire pour que je puisse ici en montrer d’avantage que quelques lignes de force. Si l’histoire de cette transformation de paysans cultivateurs de quelques acres de maria ou de pavot en Cartels agissant dans plus de 100 pays, interpénétrant les réseaux financiers et des gouvernements à échelle internationale, ayant diversifiés leurs activités et disposant de leurs propres armées est fort bien documentée en espagnol, en français, il existe peu de documents de référence. Beaucoup de matière à traduire.

Comment des drogues produites dans un premier temps à petite échelle et de manière artisanale vont être produites à échelles industrielles, dans un climat de violence et de terreur dont les populations civiles sont les premières victimes ne peut se comprendre sans mettre en relief le rôle joué par les USA et les gouvernements locaux complices dans cette transformations d’un « artisanat » local en une industrie transnationale du crime organisé. Pour le comprendre en profondeur, il faudra mettre en lumière le double rôle du narcotrafic a)comme outil de neutralisation de la jeunesse potentiellement rebelle et b)comme agent de pénétration des transnationales minières et de l’agro-industrie et organisation paramilitaire de défense des biens et intérêts de ces mêmes corporations sur les territoires ou sévit la "lutte contre la drogue" made in USA.

Il faut également souligner que la volonté de Trump de fermer la frontière Nord avec le Mexique pour éviter le trafic de drogue est tout simplement ridicule, parce que 1) les voies maritimes et aériennes prédominent dans ce juteux trafic et 2) les nouvelles drogues comme le Fentanyl et les méthamphétamines peuvent tout aussi bien être produites dans des laboratoires situés sur le territoire des USA. Et aussi, une partie du Fentanyl consommé aux USA provient de Chine, pays qui produit 85 % de la production mondiale du mortel opiacé. Les consommateurs étasuniens pouvaient jusqu’à ces derniers mois y commander sur Internet la drogue qui leur parvenait par courrier. Au début de cette année Trump a sommé le président Xi Jinping de mettre un terme à ce trafic.

Depuis les débuts de la guerre contre la drogue des USA, les foyers de production n’ont cessé de se déplacer sans que la production diminue, au contraire, quand aux routes de la drogues elles s’adaptent aux nouvelles contingences. Les résultats de la lutte contre la consommation de drogue aux USA aurait été bien plus efficace si les dizaines de milliards dépensés en actes de guerre avaient été utilisés pour favoriser l’éducation et les perspectives d’avenir d’une jeunesse sacrifiée. Mais tous le prouve, si le gouvernement réel ou officiel des USA s’inquiète des nouvelles addictions étasuniennes, c’est que cette fois ce ne sont plus les cibles désignées, minorités de couleurs et population pauvre, rebelle ou marginale qui sont affectées mais bien la classe moyenne en majorité blanche.

Le gouvernement du Mexique exige pour sa part un meilleur contrôle des USA sur les armes lourdes utilisées par les narcos qui proviennent de ce pays. Une demande qui est elle parfaitement fondée. Paradoxe : les USA qui prétendent vouloir collaborer avec le Mexique pour lutter contre ce trafic, envoie un ambassadeur dans ce pays, qui a été auparavant un des principaux avocats … du lobby des fabricants d’armes. Mais ce n’est qu’une des données qui met en doute la volonté de collaboration réciproque entre deux pays souverains.

Jusqu’ici chaque fois que j’ai été tentée de prendre AMLO pour un naïf, la suite m’a donné tort. J’espère que ce sera encore le cas cette fois-ci. Cela ne m’empêche pas d’être critique, au contraire, mais c’est un des éléments intéressants de ce processus politique :toute la mobilisation critique de ceux qui soutiennent ce changement de régime et apportent leur contribution en mettant en évidence les lacunes et contradictions du processus. La qualité du débat, du travail des journalistes et autres chercheurs, du travail de milliers de militants et autres travailleurs sociaux est tout simplement impressionnante.

Après que des éclaircissements aient été donné sur le déroulement sur le terrain des événements de Culiacán, un nouvel acteur a été mis en évidence : la DEA qui serait à l’origine de cette action « malheureuse » et qui aurait donné de fausses informations aux acteurs mexicains de terrain prétendant que le Cartel de Sinaloa serait complètement disloqué et que l’arrestation d’Ovidio aurait tout d’une opération de routine. C’est ce qui a été mis en lumière ces derniers jours alors même que les USA exigent à présent d’AMLO de reprendre une « guerre contre le narcotrafic » dont leurs services d’intelligence, le Commandement Militaire Nord et autres groupes militaires US anti-narcos seraient à nouveau les dirigeants depuis la conception de cette lutte jusqu’à un retour de la présence de forces armées et de renseignements des USA sur le territoire mexicain. .Telle qu’elle apparaît aujourd’hui l’opération de Culiacán se révèle clairement comme un acte d’ingérence des USA qui l’ont organisée avec des « complices » mexicains, politiques et membres des forces armées à l’insu du gouvernement du Pays, dans un but d’affaiblissement voir de renversement d’un gouvernement qui au début de ce mois jouissait de 69 % de soutien populaire. Les derniers développement montrent que cette opération est clairement le premier volet d’une stratégie de reprise en main de l’annexion du Mexique, de sa mise sous tutelle.

De nouvelles questions, de nouveaux débats, mais surtout après les révélations des dernières 24 heures, même les plus prudents parmi les analystes ont abandonné la position de « doute raisonnable » pour reconnaître que cette opération ratée de Culiacán fait partie d’un plus vaste plan de déstabilisation du Mexique et de son gouvernement, une réactivation de l’Opération Mérida par les voisins du Nord. 

 

 

Anne W

 

 

Pour en savoir plus sur le narco capitalisme et la guerre « contre les drogues », l’article de Dawn Paley traduit sur ce blog :

Dawn Paley est également auteure du livre

Capitalisme antidrogas. Una guerra contra el pueblo dont la version en Espagnol est en libre accès, la version originale est en anglais.

 

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14 juillet 2019 7 14 /07 /juillet /2019 20:36

 

 

De la guerre qui est à la guerre qui vient

par avispa.org

Rétrospective des dépossessions,  de la militarisation et de la contre-insurrection dans le sud-est du Mexique et en Amérique Centrale

I.

Le 16 août 2014, le Congrès National Indigène publia la seconde déclaration sur l’expropriation de nos peuples, dans laquelle était exposée de en guise de métaphore, 24 rétrospectives de l’expropriation territoriale et de la guerre contre les peuples à l’échelle nationale ; structurées par une relation intrinsèque entre les violences politiques de l’état - autrement dit, la militarisation, les réformes, la création de lois etc. -, les violences destructrices, anonymes du capitalisme ; depuis les agissements des grandes corporations – minières, pétrolières, etc. - jusqu’au crime organisé dans sa grande diversité de cartels. A 5 ans de cette déclaration, la guerre non seulement s’est intensifiée, la continuité de la militarisation et des expropriations se sont poursuivies, sous prétexte de lutte contre le crime organisé. [et plus récemment de « protection de l’environnement ». NdT]

Le déploiement de la garde nationale, qui était prévu pour le 30 juin de cette année, a été avancé au mardi 18 juin (1) en raison des accords conclus entre le secrétaire des Relations Extérieures des États-Unis du Mexique, Marcelo Ebrard, et Mike Pence, vice-président du gouvernement des USA. La menace d’une guerre douanière contre le Mexique impulsée par le président Trump a fait trembler l’état, ses institutions et un secteur libéral de la région. Contenir le flux migratoire en 45 jours fut la condition posée par le gouvernement US pour freiner ce qui aurait pu générer une « crise économique à cause de l’augmentation des barrières douanières prévues »

Quelques semaines auparavant, la Commission Économique pour l’Amérique Latine et Caraïbe (CEPAL) avait présenté, lors d’une conférence de presse matinale du président Andrés Manuel López Obrador, une proposition appelée « Plan de développement intégral : Salvador, Guatemala, Honduras et Mexique » comme une réponse pour combattre le phénomène migratoire en Amérique Centrale. Dans ce plan sont proposés l’établissement d’une interconnexion électrique entre les pays de la région qui impliquerait la construction d’un gazoduc de 600 km pour « l’intégration entre le Sud du Mexique et l’Amérique Centrale par le transport des excès de gaz naturel et permettant de faire baisser les coûts», en plus d’un terminal et d’une centrale énergétique dans le port de Cortés au Honduras, de l’amélioration des infrastructures des 950 km de la frontière entre le Guatemala et le Mexique, de la construction d’une voie ferroviaire de 710 km depuis la ville de Hidalgo dans les Chiapas, jusqu’à port de Libertad au Salvador (2) qui pourrait connecter en même temps le Guatemala, le Honduras, le Salvador et le Mexique. S’ajoutent à cela, des projets d’investissement dans des presses hydroélectriques, des projets de parcs éoliens et de panneaux solaires, des projets miniers en continuation du projet Mesoarica financé par différentes Corporations -comme les pétrolières EXXON, SHELL, etc - et également par la Banque Mondiale (3). Le tout impulsé et justifié de cette manière [lutte contre les migrations forcées par le développement économique] par la CEPAL

Le 14 juin a été publié dans le journal officiel de la fédération le décret qui créé un organisme « public, décentralisé, doté de personnalité juridique et d’un patrimoine propre, non sectorisé et dénommé Corridor Interocéanique de l’Isthme de Tehuantepec » (4), organe qui assumera la direction de la construction des divers projets du plan de Développement Intégral pour sa partie concernant l’isthme. Une semaine auparavant, les habitants de différentes communautés de l’état d’Oaxaca et de différentes organisations sociales s’étaient réunis dans le cadre d’une rencontre sur le thème « l’Isthme est à nous », pour refuser la proposition de canal interocéanique du gouvernement fédéral.

A partir des négociations du 5 juin à la Maison Blanche, ces initiatives, tant celle de la CEPAL que le Couloir Interocéanique, se sont accélérés pour protéger aussi bien les intérêts du voisin du Nord, que ceux des Corporations elles-même. Ce complexe de méga-projets implique la matérialisation d’une trame économique impliquant des variables politiques clairement néo-libérales, inscrivant comme unique solution celle de « résoudre » la crise dans le cadre même qui l’a causée. Crise qui se présente actuellement comme migratoire, énergétique, politique et économique.

En réponse à l’exode migratoire, se poursuit en ce moment le déploiement de la Garde Nationale - commencé le 18 juin - qui implique la mobilisation de 6000 effectifs, ainsi que de 825 agents de l’Institut National de Migration (5) en différents points stratégiques de passage des migrants dans la zone sud-est.

Face à cette situation, le vendredi 14 juin, le commissaire de l’Institut National de la Migration et spécialiste des questions migratoires, Tonatiuh Guillén a démissionné en formulant de fortes critiques contre les politiques anti-migrants du gouvernement étasunien. Après cette désertion, Francisco Garduño a assumé cette responsabilité, il avait été auparavent Commissaire de l’Organe Administratif Décentralisé de Prévention et Réadaptation Sociale au Niveau Fédéral, autrement dit, il s’agit d’un spécialiste des prisons. (6) Simultanément Kevin McAleenan, ancien commissaire des douanes, a été nommé chef du département de Sécurité des USA, et la possibilité que Thomas Homan, ex directeur de l’agence migratoire connue comme ICE, le remplace dans les prochains jours a été évoquée ; un homme connu comme le nouveau « Tsar des Frontières », et qui, en plus de soutenir la séparation des familles des migrants dans le processus de détention, promet de multiplier par 4 ou 5 les contrôles et déportations de migrants, et de renforcer (7) les nouveaux camps de concentration déjà installés à la frontière de ce pays. Cela fut la réponse de Trump au flux migratoire, la militarisation non seulement de la frontière Nord [du Mexique], mais également le repositionnement du Commandement Sud au Guatemala et la capacitation par ce commandement de militaires honduriens pour différentes tâches qui comprennent « les salles de nettoyage, la qualification en maniement des armes, contrôle de véhicules et points de contrôles tactiques  (8)» avec pour objectif de combattre l’exode et les autres menaces internes. Les pratiques de militarisation et de détention de migrants sont arrivées à un point qui ressemble fort aux camps de concentration Allemands du siècle dernier, comme l’affirme David Brooks, « nous sommes entrés dans un système de camps de concentration,dont la définition est : la détention massive de civils sans jugement ». C’est clair, « la semaine passée a été révélé que le gouvernement de Trump utilisera une base militaire en Oklahoma qui était un camp de concentration des japonais-étasuniens internés pendant la Seconde Guerre Mondiale, y seront détenus quelques 1400 enfants migrants non accompagnés » (9)

L’exode migratoire ne peut se comprendre sans la formule expropriation-militarisation, qui en termes géopolitiques se traduit en zones de sacrifice (territoires stratégiques riches en ressources naturelles, culturelles) et zones d’accumulation, points géographiques qui se « développent » au détriment d’autres lieux géographiques et qui reposent sur une logique commune : la violence du capital, soutenue par les différentes formes d’états (depuis les progressistes comme le Nicaragua jusqu’au néo-libéraux) et l’introduction, principalement par les USA, de différentes stratégies contre-insurrectionnelles.

C’est précisément dans ce contexte que se produit la militarisation du Mexique par la Garde Nationale. Le contrôle territorial du Sud n’est qu’un des efforts pour mener un processus de réorganisation territoriale en faveur du capital et de ses grandes corporations, le Train Maya et le Plan de Développement Intégral de l’Isthme de Tehuantepec et de l’Amérique Centrale, qui s’insèrent dans la dite « économie verte ou capitalisme soutenable » (10) comme « nouveaux espaces globaux, dans lesquels l’ordre et la gestion du territoire cessent d’être propriété de l’état pour passer à disposition du capital étranger » (11), un processus d’industrialisation qui implique la construction de grandes zones de maquileras – stratégiques à échelle globale - et de projets de « développement ». On retrouve le rôle qu’ont joué les Zones Économiques Spéciales, mais doté d’un nom plus attractif.

JOH, président du Honduras en  compagnie de ses souteneurs gringoss

JOH, président du Honduras en compagnie de ses souteneurs gringoss

II.

La décennie 80-90 à été marquée par une grande violence entre groupes guérilleros et les armées des états placées sous égide et conseillées par les différentes institutions et départements de sécurité du gouvernement gringo. Tant le Pentagone, que le département de la Défense et la CIA ont joué un rôle spécifique pour contrecarrer les groupes insurgés, en installant des bases militaires sur tout le territoire de l’Amérique Centrale. Cette stratégie en langage militaire s'appelle « domination du spectre complet » et implique le contrôle et la vigilance de l’ensemble de la planète par 5 commandements spéciaux ; comme nous le savons déjà du Guatemala à la Patagonie officie le Commandement Sud [le Mexique est sous contrôle du commandement Nord et du Homeland Security]. L ‘Amérique Centrale a été un laboratoire de contre-insurrection impulsé depuis les différents départements de sécurité étasuniens, qui ont réussi à imposer, dans cette petite région, l’implémentation de pas moins de 28 bases et centres d’opération militaires. La stratégie de « Domination du Spectre Complet » n’a pas seulement servi pour combattre les subversions, elle a servi aussi pour surveiller et contrôler les ressources naturelles. Renan Vega Canto et Felipe Vega ont réussi à retracer les lieux d’établissement de ces bases militaires et centres d’opérations gringos en Amérique Latine dans leur enquêtes “Geopolítica del despojo; Biopiratería, genocidio y militarización” y “Los economistas neoliberales, nuevos criminales de Guerra” (12) La distribution des centres d’opérations et bases militaires est la suivante :

Rétrospective des dépossessions,  de la militarisation et de la contre-insurrection dans le sud-est du Mexique et en Amérique Centrale

Mexique :

1) Bases de Chicomuselo et Juquilipas, Chiapas, 600 effectifs. Elle a été fondée en tant que partie de l’Initiative Mérida, et la militarisation du Sud du Mexique, comprend les 14 000 militaires déployés dans les Chiapas.

2) Académie de l’État de formation et développement policiers des Encinas, San Salvador de Chachapa à l’est de Puebla. Le FBI et autres agences gringas y ont une participation directe.

Guatemala :

3) Fond de maintenance contre le narco-terrorisme, à San José de Guatemala créé par le commandement Sud.

4) Centre d’opération contre le narco-terrorisme de Champerico, créé par le commandement Sud. Caserne-centre d’opérations et embarcadère qui ont demandé un investissement de 1,75 millions de dollars.

5) Centre d’opération contre le narco-terrorisme de Tecun Uman, créé par le Commandement Sud avec un investissement de 1 million de dollars.

6) Centre d’entraînement de Forces Spéciales Kaibiles à Potpun. Commandement Sud et Opérations Spéciales Sud avec un investissement de 1,15 million de dollars, fonctionne comme centre d’opérations et base aérienne.


 

Honduras :

7) Centre anti-narco. Commandement Sud. Contrat attribué en juin 2010 pour 1,2 million de dollars.

8) Puerto Castrilla. Commandement Sud. Investissement 350 000 dollars.

9) Base aérienne et militaire Sotocano et Palmerola. Elle fut construire à l’origine pour contrecarrer la révolution sandiniste du Nicaragua et de mouvement guérillero du Salvador.

10) Forces d’action conjointe BRAVO-Sotocano.

Salvador :

11) Forces d’Action Conjointe el Aguila, base aérienne de Comalapa.

12) Position d’opérations avancées Miraflores, Commandement Sud d’Opération Spéciales


 

Belize :

13) Centre anti-narco-terrorisme. Callao Hunting et Callaos Sapodilla. Casernement, centre d’opérations et embarcadère créés par le Commandement Sud avec un investissement de 1,750 million de dollars.

14) Centre d’opérations contre le narco-terrorisme. San Pedro. Casernement, centre d’opérations, embarcadère, entrepôt de combustible et dispensaire, financé par le Commandement Sud, un investissement de 1,5 millions de dollars

Nicaragua :

15) Le Bluff Bluefields. Construction d’un casernement contre le narco-terrorisme par le Commandement Sud, qui apporta 1 million de dollars.

16) Centre contre le narco-terrorisme. Île de Cuerno. Commandement Sud avec un investissement de 500 000 dollars.

17) Corinto. Caserne et embarcadère. Commandement Sud. Investissement 3,9 millions de dollars.

Costa Rica.

18) Base Anti-narcos. Liberia. Construction par le Commandement Sud en 2009. Construction d’un radar et un hangar par les USA.

19)Base navale Punteras. Calderas, Costa Rica. Création d’une école de gardes côtes. Le Commandement Sud a apporté en 2009 1,5 million de dollars pour la construction de l’embarcadère et des installations.

Panama :

20) Centre contre le terrorisme. Isla Grande, Panama. Casernement, centre d’opération, embarcadère et système de réapprovisionnement créé par le commandement Sud pour 3,5 millions de dollars.

21) Centre contre le narco-terrorisme. El Porvenir, Panama. Centre d’opérations, embarcadère et système de réapprovisionnement créée par le Commandement Sud. Millions de dollars.

22) Centre contre le narco-terrorisme. Puerto Pina. Casernement, centre d’opérations et embarcadère créés par le Commandement Sud avec un investissement de 4 millions de dollars.

23) Centre contre le narco terrorisme. Puerto Obaldia. Investissement du Commandement Sud de 3,5 millions de dollars. (13)


 

La militarisation et le contrôle de l’Amérique Centrale ont permis que dans cette région soient mis en pratique un large éventail de tactiques et stratégies de contre-insurrection qui furent, dans tous leurs aspects, des générateurs de violence ont eut des répercutions et montrent à présent leurs effets dans le phénomène migratoire.

D’autre part, sur le territoire dominé par l’état Mexicain, la distribution des forces armées se fait à travers 46 zones militaires distribuées sur toute la surface du pays. (14) Dans l’état de Puebla aux Chiapas, nous rencontrons 10 zones à charge de l’institution militaire. Auquel s’ajoute les 266 centres d’opérations de la Garde Nationale, seulement pour Oaxaca, Veracruz, Chiapas, Tabasco ont été établi plus de 50 de ces centres opératifs, lesquels furent les premiers à fonctionner - dès le 18 juin 2019 – pour cause de crise migratoire.

La crise qui se produit à présent est venue accompagnée de stratégies de développement intégral comme réponse à ces dites problématiques, non sans, comme dans le cas mexicain, auparavant militariser la zone du problème en installant un mur de contention contre les exproprié(e)s. En fait, ces propositions de « développement intégral » ont pour unique effet d’intensifier la violence propre au capitalisme, montrant un visage plus aimable. N’oublions pas que ce fut la CEPAL – qui par ses analyses opérées depuis le point de vue de l’économie politique ou « capitalisme à visage humain » - qui a proposé et apporté le label « scientifiques » pour le développement de l’Amérique Centrale via le projet Mésoamérica. Nous ne pouvons oublier que « développer intégralement une zone » est une figure de l’économie politique, qui signifie simplement la reproduction de l’actuel mode de production qui a pour fondement le pillage permanent grâce à l’utilisation de la violence.

Chiapas

Chiapas

III.

Et, comme il fallait s’y attendre, après un peu plus d’une semaine de déploiement de la Garde Nationale, les effets de la répression ont commencé à se faire sentir. Le Réseau de la Zone Nord de Casas [auberges pour migrants] et le Centre des Droits Humain des Migrants dénoncent le harcèlement et la violence avec lesquels ont agit les éléments de la Garde Nationale envers les migrants et les défenseurs des droits humains, au cours des derniers jours (15), non seulement dans la zone nord du pays, mais par dessus tout dans la partie sud, où l’Institut National des Migrations en collaboration avec la Garde Nationale ont agit en réseau contre les migrants (16). Et, comme prévu, la zone Sud-Est du pays est devenue un mur de contention militaire contre les personnes sur le chemin de la migration.

Au cours des derniers mois, plusieurs organisations sociales et communautaires ont dénoncé le Gouvernement Fédéral et l’Institut National des Peuples Indigènes qui ont mené des « Consultations  truquées»(17) avec la claire intention de poursuivre les projets de dépouillement.

D’autre part, le Congrès National Indigène a enregistré 117 assassinats depuis sa création en 1996, et 11 disparitions. En seulement 5 mois de l’actuel gouvernement ont été enregistrés 10 assassinats de membres du CNI (18). Il y a une guerre déclarée contre le zapatisme, qui implique non seulement le renforcement de la militarisation en territoire de l’EZLN,mais également l’agression permanente jusqu’à l’assassinat de qui s’opposent à la prise en main par l’état de leur manière d’organiser leur vie.

Cela illustre la réalité de la guerre dans laquelle nous sommes déjà plongés et la réalité de la guerre qui vient. Le 26 juin ont été découverts morts, alors qu’ils tentaient de franchir la frontière Oscar Martinez de 25 ans et sa fille Valeria de 23 mois sur les berges du Rio Bravo, dans le Nord du Pays. L’Organisation Internationale des Migrations a publié une étude nommée «Fatal Journeys Missing Migrant Children » (19)  dans laquelle elle signale que les morts de migrants sont dues à 3 causes principales 1) accidents sur le train appelé la Bestia, 2)-les causes inconnues comme les disparitions , 3)- la violence ; et elle affirme qu’en 5 ans, depuis 2014 à nos jours ont été enregistrées 1907 morts de migrants [chiffre largement sous-estimé, il y a des dizaines de corps sans organes trouvés dans des charniers anonymes, des centaines de corps non-identifiés dans les morgues, et tout ceux qu’on ne trouvera jamais. Il y a des milliers de familles qui cherchent leurs disparus et attendent parfois indéfiniment des résultats d’analyse ADN dont les résultats viennent au compte-goutte.NdT], mais ils oublient d’expliquer les causes ponctuelles qui ont été à l’origine de la violence ainsi que la dépossession de ceux qui migrent, et le rôle joué par les Forces Armées dans ces processus.

L’image des assassinats de Berta Cáceres au Honduras, des peuples Xincas et Mayas au Guatemala, des étudiants et habitants réprimés et assassinés au Nicaragua, de la crise politique au Panama, des expropriations territoriales au Costa Rica, nous montre que c’est précisément cette violence de la classe criminelle transnationale, des corporations et leurs acteurs légaux et illégaux, leurs liens avec les institutions de l’état ainsi que la militarisation et la para-militarisation, c’est cela les facteurs qui ont obligé les personnes a abandonner leur territoire et/ou résister jusqu’à être assassinés.

L’Amérique Centrale et le Sud-Est mexicain se présentent à nous comme une mosaïque d’images, chaque mosaïque affrontant sa version singulière de la crise et cherchant à en sortir. La guerre qui est en cours, et celle qui vient sont celles des « anonymes », des propriétaires de rien, des délogé(e)s et des exclu(e)s, des déplacé(e)s par la violence d’états, des assassiné(e)s par les balles du capital, des emprisonné(e)s par les grandes corporations, des disparu(e)s par le crime organisé international ; la guerre qui vient sera celle des « anonymes», de ceux qui, comme le dit Galeano, valent moins que la balle qui les abat.

 

Source Criterio

 

Traduction Anne Wolff

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1 juillet 2019 1 01 /07 /juillet /2019 08:47

 

 

Aujourd’hui le Mexique joue un rôle important dans l’évolution de l’Amérique Centrale, alors que le président Andres Manuel Lopez Obrador, AMLO et le mouvement MORENA, Mouvement de Régénération Nationale se sont attelés simultanément redressement du pays et à celui de la région.

Le président des États Unis du Mexique Andres Manuel Lopez Obrador

Le président des États Unis du Mexique Andres Manuel Lopez Obrador

 

 

 

 

Mais qu’est-ce que MORENA ?

 

Morena est un parti qui a moins de 10 ans d’existence et se définit comme « parti et mouvement social de gauche nationaliste ». Le mouvement, lancé en 2010 a été reconnu comme parti officiellement le 28 juillet 2014. Il réunit tous groupes ou personnes qui désirent s’impliquer dans la vie sociale et politique du pays, couvrant un large spectre politique, la condition d’adhésion est le respect des principes énoncés dans sa déclaration.

Très vite le mouvement/parti a pris une grande ampleur et il domine actuellement la vie politique du pays. Pour la première fois depuis 24 un président dispose d’une majorité à la Chambre des Députés comme au Sénat et le président qui a été élu avec 53 % des voix, jouissait après 6 mois d’exercice du gouvernement d’un taux d’approbation supérieur à 60 %.

Pourtant la situation dont a hérité AMLO est catastrophique, vous trouverez ici un bref bilan de l’état dans lequel 30 ans de néolibéralisme brutal et corrompu ont laissé le pays.

 

 

Déclaration de Principes de MORENA

 

 

Il n’y a rien de plus noble et de plus beau que de se préoccuper des autres et de faire quelque chose pour eux, aussi peu que ce soit. Le bonheur peut aussi s’atteindre en agissant pour le bénéfice d’autrui, voisins, compagnons d’étude ou de travail, quand une action est menée pour le quartier, la collectivité, le peuple où le pays. Ces actions nous définissent comme genre humain, formant une communauté, construisant une citoyenneté et faisant de ce monde un endroit un peu meilleur.

 

Dans le Mexique actuel, la vie politique et institutionnelle est marquée par la corruption, les faux-semblants et l’autoritarisme. Malgré cela, des millions de mexicains travaillent chaque jour honnêtement et durement, pratiquant la solidarité et s’organisant pour en finir avec ce régime caduque.

C’est sous ces prémisses qu’est né en 2010 le Mouvement de Régénération National (MORENA) qui vise la transformation démocratique du pays. Un changement politique, économique, social, culturel. Ceci pourra se réaliser en en imprimant des principes éthiques dans notre mouvement et en défendant les droits humains, la liberté, la justice et la dignité de tous.

Le modèle néo-libéral appliqué au cours des 30 dernières années, n’a bénéficié qu’à une minorité au prix de la pauvreté de la majorité des mexicains. L’économie est aux mains de monopoles, la structure productive a été détruite, il y a des millions de jeunes qui n’ont aucune opportunité d’étude ou de travail, la campagne est à l’abandon et chaque jour des milliers de migrants traversent la frontière nord, malgré les risques et la persécution.

 

Ce régime de corruption, d’oppression et de privilège est un véritable état maffieux construit par la minorité qui concentre les pouvoirs économiques et politique du Mexique. Ce groupe dispose des budgets publiques et des institutions et utilise la télévision et les moyens de communication comme son principal outil de contrôle et de manipulation des citoyens.

 

Le Mouvement de Régénération National a surgit avec l’objectif d’en finir avec ce système ignominieux, et la conviction que seul le peuple peut sauver le peuple et que seul le peuple organisé peut sauver la nation. Cela sera possible avec la participation politique déterminée des citoyens, en la dotant d’une éthique démocratique et de la vocation de servir autrui. Démontrant ainsi qu’il y a plus de joie à donner qu’a recevoir.

 

Nous Membres de MORENA, nous régirons notre conduite personnelle et collective appliquant les principes éthiques suivants et les valeurs humaines défendues par notre organisation :

 

1.Le véritable changement du pays commence par changer la manière traditionnelle d’intervenir dans les affaires publiques. La politique n’est pas seulement une affaire de politiciens. Le Mouvement conçoit la politique comme une vocation de service, comme un travail en faveur de la collectivité, comme une manière de servir le Mexique. C’est une responsabilité et un engagement avec les aspirations démocratiques et les causes du peuple mexicain. Nous cherchons à récupérer la politique, aujourd’hui avilie, comme un instrument de transformation des citoyens, participant aux affaires publiques.

 

2.Le changement que propose MORENA est pacifique et démocratique. Il cherche la transformation par la voie électorale et sociale, ce qui suppose le respect de la liberté d’élection, d’expression, d’association et de manifestation des mexicains, de la Constitution Politique et des lois qui en émanent ; et un élément déterminant est la participation démocratique du peuple lui-même aux affaires publiques.

 

Nous ne sommes pas mus par la haine, mais bien par l’amour du prochain et de la patrie.

 

3.Dans MORENA, il n’y a pas de pensée unique mais bien des principes démocratiques orienté vers un objectif commun. Nous aspirons et nous travaillons pour que le Mexique se consolide comme une nation de diversité et pluriculturelle fondée dans la liberté de croyances et de cultes, dans l’équité des opportunités pour tous les mexicains, réduisant les inégalités entre ceux qui détiennent le plus et ceux qui possèdent le moins ; et pour en finir avec toute forme d’exploitation et d’oppression.

 

Nous promouvrons une authentique démocratie participative utilisant des figures comme la consultation citoyenne, l’initiative populaire, le référendum, le plébiscite et la révocation de mandats. Seule l’organisation des citoyens peut construire une société démocratique, déterminer les (affaires) publiques et faire contrepoids aux abus de pouvoir.

 

4.Les membres de MORENA s’inspirent de l’histoire de la lutte du peuple mexicain. Notre pays a vécu trois transformations principales : l’Indépendance, la Réforme et la Révolution. MORENA propose d’impulser la quatrième transformation sociale de l’histoire du Mexique.

 

5.Notre Mouvement est un espace ouvert, plural et incluant auquel participent des mexicains de toutes les classes sociales et de divers courants de pensées, religions et cultures. Dans MORENA participent des femmes et des hommes : des entrepreneurs, des producteurs et des consommateurs ; des étudiants et des professeurs ; des ouvriers, des paysans et des indigènes. Nous sommes convaincus que seul l’unité de tous les mexicains rendra possible la transformation du pays. Nous savons que pour conduire le Mexique de l’avant tous les secteurs de l’économie sont nécessaires : le secteur public, le secteur social et privé. Nous ne sommes pas contre les entrepreneurs, mais bien contre la richesse mal acquise, la corruption, les monopoles et l’exploitation inhumaine.

 

Étant un mouvement démocratique, MORENA promeut le débat ouvert et le respect entre (personnes) différentes. Dans nos relations internes nous nous comportons avec respect et fraternité, dans la joie de l’effort partagé en faveur du bien être collectif et la certitude que l’unité de nos différences la rend possible.

 

Les intégrants du Mouvement ont le droit d’exercer la plénitude de leur liberté et leur droit de dissidence, nous nous efforçons de nous exprimer en public avec respect pour les autres compagnons. Nous pouvons avoir des divergences, mais nous unit l’objectif supérieur de transformer le Mexique en une nation démocratique, juste et libre.

 

6.Notre Mouvement trouve son essence dans la pluralité. MORENA est respectueux de la diversité culturelle, religieuse et politique en son sein.

 

Notre action individuelle et collective est soutenue par des principes d’honnêteté, de patriotisme et de reconnaissance des différences pour forger une nouvelle forme de pratiques publiques, éloignées des vices et de la corruption des pratiques de l’actuel système culturel et économique.

 

Les intégrants du mouvement doivent garder présent à l’esprit dans leur pratique quotidienne, le fait qu’ils sont porteurs d’une nouvelle manière d’agir fondée dans des valeurs démocratiques et humanistes et non en recherche de la satisfaction d’intérêts égoïstes, de faction ou de groupes.

 

7.Les membres du Mouvement se nourrissent des luttes et des mouvements sociaux du Mexique ; des causes autour desquelles s’organisent les citoyens et promeuvent leurs droits d’exercer (de la démocratie).

 

C’est un engagement éthique : les intégrants de MORENA connaissent leurs propres droits et améliorent leur formation culturelle. Les débats publics servent d’instrument pour l’apprentissage collectif concernant les problèmes du pays et leurs possibles alternatives. La bataille des idées, la discussion ouverte et plurielle sont des outils qui aident à créer une conscience citoyenne et à construire entre tous le pays que nous désirons.

 

De même, nous considérons comme indispensable la formation des jeunes comme dirigeants sociaux et politiques dans toutes les régions du pays, pour mener à bien les tâches de transformation du pays.

 

Il faut contrecarrer de manière active toute la propagande manipulatrice et lutter pour faire valoir le droit à l’information véridique. Il est idéal que chaque femme et chaque homme de MORENA se convertissent en moyen de communication pour informer le peuple et obtenir la participation des citoyens. Dans cette tâche la démocratisation des moyen de communication et le développement de nos propres médias est fondamentale.

 

8.MORENA forme partie des luttes du peuple du Mexique, en défense de la souveraineté, du patrimoine collectif, de la dignité, de la justice, de la démocratie et du bien-être du peuple. Nous luttons pour notre indépendance et défendons la souveraineté nationale.

 

Nous sommes solidaires des luttes du peuple mexicain, en particulier avec celles des plus exclus, exploités, humiliés comme les migrants, les discriminés, les indigènes et les victimes de violence et d’injustice.

 

Nous rejetons toute forme d’oppression : la faim, la pauvreté, l’inégalité, l’exclusion sociale et l’exploitation. Nous nous opposons aux violations de droits humains et à la corruption gouvernementale. Nous luttons contre la violence faite aux femmes et contre toute forme de discrimination pour raison de sexe, de race ou d’origine ethnique, religieuse, de condition sociale, économique, politique ou culturelle.

 

MORENA promouvra et luttera pour l’égalité réelle entre hommes et femmes.

 

Nous sommes contre toute forme de domination et autoritarisme et n’importe quel acte qui prétend usurper la libre volonté du peuple mexicain.

 

9 .A MORENA nous travaillons pour générer une nouvelle culture et protéger la nature, préserver les eaux et les forêts, ainsi que toutes les formes de vies et de cultures qui ont rendu possible que le Mexique soit un grand pays doté d’une grande diversité. Nous nous organisons pour défendre le territoire et parvenir à la souveraineté alimentaire ; ainsi que pour protéger le patrimoine historique et culturel.

 

10.MORENA valorisent la connaissance et l’apprentissage par l’expérience, les traditions scientifiques et culturelles propres et d’autres peuples, en particulier ceux d’Amérique Latine et des Caraïbes. Notre mouvement est engagé dans la création et les libertés avec une éducation de qualité dans la liberté et pour la liberté.

L’art et la culture sont des territoires privilégiés pour rénover les espérances en un future meilleur, plus humain, plus égalitaire.

 

Sur le plan international, nous sommes régit par la maxime qui veut que « le respect de droit étranger est la paix » et nous sommes solidaires avec les peuples du monde dans leurs luttes pour la démocratie et l’égalité.

 

MORENO n’acceptera aucun pacte qui le subordonne à des organisations internationales, gouvernements ou des associations religieuses.

 

Le véritable changement consiste en ce que la société devienne capable de se gouverner démocratiquement, ce qui implique une révolution culturelle et morale.

 

Notre principal objectif est de construire une société libre, juste, solidaire, démocratique et fraternelle.

 

 

Traduction des Principes de MORENA : Anne Wolff

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15 juin 2019 6 15 /06 /juin /2019 12:08
Flux migratoire

Flux migratoire

Bien… Une négociation a eu lieu à la fin de la semaine dernière à Washington entre les représentants du gouvernement des États-Unis d’Amérique du Nord et la représentation des États-Unis du Mexique placée sous la direction de son Ministre des Affaires étrangères, Marcelo Ebrard.

Le contexte: Sur fond de crise migratoire, les USA décident – unilatéralement - d’imposer des taxes douanières (progressives de 5 à 25%) sur les produits importés du Mexique en sanction contre l’incapacité dont, selon eux, ce pays fait preuve dans la gestion de flux migratoires qui ont amené à travers la frontière commune plus de 600 000 migrants sur le territoire étasuniens depuis le début de cette année.

Trump se refuse alors au dialogue avec le Mexique, il a eu affaire aux gouvernement précédent, il estime que cela ne vaut pas la peine de perdre son temps avec ces incapables. A de multiples reprises, il a exprimé son mépris pour les Mexicains en général, selon lui des voleurs, des trafiquants de drogue et bien pire encore. "Ils ont besoin de nous, nous n'avons pas besoin d'eux" dit-il alors.

Depuis 1994 avait été mis en place un Traité de Libre Commerce entre Mexique, Canada et USA. Un des nombreux « paradoxes » de ce Traité est que la production de maïs s’est déplacée, depuis son pays inventeur le Mexique, vers les USA qui lui fournissent aujourd’hui 99 % de sa consommation de maïs. Épiphénomène : cela a entraîné une migration de paysans ruinés vers les USA, fournissant une bonne partie de la main d’oeuvre des champs de maïs étasuniens.

En perspective : ce Traité de libre échange TLCAN, devrait être remplacé bientôt par un nouveau Traité T-Mex, mais jusque-là il est toujours en vigueur. Cette instauration de barrière douanière, mettant un terme au libre échange, menaçait de mener à la perte de plus d’un million d’emplois au Mexique. Quelques centaines de mille dès son entrée en vigueur, lundi de cette semaine.

Première réaction du gouvernement du Mexique, il prend contact avec les producteurs de maïs du Brésil, d’Argentine et autres, s’engageant à ne pas acheter un seul épi aux USA si les barrières douanières sont mises en place. Pendant ce temps, l’équipe des Affaires Étrangères entre en contact avec les entrepreneurs des USA qui verraient leurs propres intérêts menacés et des équipes juridiques étudient, elles, cette mesure unilatérale du point de vue du Droit International.

Trump : « Les faibles on les écrase, avec les forts on négocie »

Il s’apprêtait à écraser le Mexique, il doit reculer et accepte une négociation.

Avertissement : ce serait une erreur de chercher à interpréter le résultat de ces négociations en termes gagnant/perdant. Évaluer les reculs et avancées au point par point est un point de vue plus intéressant.

Les conditions dans lesquelles se sont déroulé les négociations pour les délégués du Mexique sont remarquables, ils se sont vu dépouiller de leurs ordinateurs, leurs téléphones, jusqu’à leur stylo devenaient objets de suspicion. Pendant des journées de 12 heures de travail intense, ils seront nourris principalement de café et de biscuits et n’ont pas le droit de commander eux-même à manger, à peine celui de se rendre aux toilettes. Ils tiennent bon, et continuent à négocier avec dignité et de manière professionnelle.

Jusque-là, c’est simple.

Quel a été le résultat des négociations : l’implantation des barrières douanières est temporairement suspendue. Le Mexique devra passer une période de 45 jours de mise à l’épreuve de nouvelles politiques migratoires. Période à l’issue de laquelle aura lieu une évaluation.

En quoi consiste, dans les grandes lignes, cette politique migratoire que s’engage à mettre en place le Mexique ?

Dès l’entrée en négociation, une condition est posé par les USA, le pays devra devenir « troisième pays sûr », ce qui revient à dire qu’il s’engage à donner asile aux migrants qui traverseraient son territoire dans le but de se rendre aux USA. Cela ne sera pas. Par contre le Mexique s’est engagé à accueillir sur son territoire, les personnes qui auraient déjà formulé leur demande d’asile aux USA pour la période de traitement de leur dossier.

Il s'est engagé aussi à assurer le contrôle de sa frontière sud; en y déployant 6000 unités de sa nouvelle Garde Nationale en renfort des services douaniers.

Ce que se propose le Mexique, sous l'impulsion de son président Andres Manuel Lopez Obrador, c’est de contribuer à mettre en place des politiques migratoires qui soient un exemple éthique et pratique, non seulement pour la région, mais pour le monde entier, rien de moins. C'est bien sûr un thème à approfondir.

Premier principe : les migrations forcées doivent être attaquées aux racines du mal, les conditions de vie qui obligent des personnes à fuir leur pays qui ne leur garantit plus les conditions de survie pour cause de misère aggravée et/ou d’une implosion de violence inouïe, c'est cela qui doit être modifié en priorité. Sans rétablissement des conditions de bien être et de dignité dans les pays d'origine, le phénomène migratoire continuera son expansion.

Deuxième principe : le migrant avant d’être migrant est une personne et en tant que telle, il bénéficie de droits au bien être et à la dignité où qu’il se trouve dans le monde.

Troisième principe : un contrôle doit être exercé aux frontières, parce que le droit du Mexique est de savoir qui entre dans le pays et dans quel but. Un droit dont l'application est d'autant plus nécessaire en ce moment où chaque mois ce sont plus de cent mille migrants qui traversent le pays.

Quatrième principe : le Mexique s’engage à fournir un traitement digne aux migrants qui séjourne sur son territoire : logement, nourriture suffisante, soins de santé, éducation pour les enfants, possibilités de travail pour les adultes. Pour y parvenir il entend aussi faire appel à toutes les organisations internationales qui peuvent l’assister dans cette démarche, à tous les partenaires concernés.

Parallèlement doit se mettre dérouler une Conférence pour la mise en place d’une sorte de Plan Marshall d’aide aux principaux pays origine de la migration : Honduras, Salvador, Guatemala… conférence à laquelle participeraient tous les pays (origine et receveurs) concernés.

 

A partir d’ici, il faudra suivre au jour le jour la mise en place de cet ambitieux programme pour voir quelles seront les promesses tenues et celles qui ne le seront pas. Ceci sont les grandes lignes de la négociation sur le thème de la migration entre EU du Mexique et EU d’Amérique du Nord. Après viendra la critique constructive...

Jusqu'ici je souscris aux déclarations éthiques et d'intention d'AMLO et de son gouvernement. A voir si sa pratique sera en accord avec les ambitions de son point de vue éthique.

Anne W

 

 

 

 

 

 

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8 juin 2019 6 08 /06 /juin /2019 15:36

Je commence ce texte samedi matin, 6 juin 2019, 75 ans après le Jour J, le débarquement de Normandie qui à tort ou a raison est un jour symbole de libération pour l’Europe. Et sera peut-être demain, je l’espère de tout cœur, une date symbole de libération pour le Mexique.

Le Président Lopez Obrador appelle à une grande manifestation d'union et de dignité nationale

Le Président Lopez Obrador appelle à une grande manifestation d'union et de dignité nationale

 

Cette semaine a été une semaine déterminante pour l’avenir de l’humanité. Depuis les déclarations de plus en plus « défensivement agressives » du leader de la révolution d’Iran l’ayatollah Khameini ou celle de Sayyed Nasralá le chef du Hezbollah. Depuis la reconnaissance par Mike Pence et Pompeo de l’impossibilité de travailler avec l’opposition vénézuélienne trop divisée alors que chacun – une quarantaine de candidat pour l’opposition, et combien de l’autre ? - veut s’emparer du pouvoir, ils admettent l’échec sur toute la ligne du soulèvement et renversement de Maduro qui devait être menée par Guaido, tambour battant, dès janvier. Depuis la position de force « douce mais ferme » de Lopez Obrador dans le bras de fer qu’il mène avec les USA pour la reconquête de la souveraineté mexicaine. Jusqu’aux positions prise par Poutine et Xi lors de leur rencontre qui commémorait 70 ans d’amitié et dans le cadre de la Conférence de Saint Petersbourg dont je vous ai transcrit certains passages clés de cette lutte pour la redistribution du pouvoir. En passant par une multitude d’événements liés, dont il est difficile de prévoir a priori lesquels pourraient faire sens...

Le monde cette semaine a passé un seuil vers une nouvelle organisation mondiale dont nous verrons bientôt comment s’opérera sa mise en pratique. Par la violence, l’affrontement militaire, l’affrontement économique et ses pénuries programmées, les USA ne se laisseront pas détrôner sans réagir, jusqu’où sont-ils capables d’aller pour faire exister encore un peu leur illusion de pouvoirJe ne renonce pas à l’espoir de voir les populations retrouver un peu de ce bon sens qui selon Descartes, était la chose la mieux partagée au monde, pour mettre un terme à la centralisation du pouvoir et celle de la propriété de la planète (finances, territoires jusqu’au dernier brin d’herbe et moyens de production… jusqu’à nos désirs, nos consciences, nos comportements sont aujourd’hui des enjeux de pouvoir.) Je sais qu’il y a du bon potentiel, partout dans le monde, mais qu’il est jusqu’ici parcellisé. Mais un point de bifurcation est par excellence le moment où l’improbable peut très vite se transformer en nouvelle réalité.

Cet après-midi (cette nuit pour nous) aura lieu un événement dont nous ne devons pas sous-estimer l’importance : Andres Manuel Lopez Obrador a convoqué une grande manifestation d’union nationale en défense de la dignité du Mexique et de l’amitié avec le peuple des USA, à Tijuana, à 5 h de l’après-midi (minuit heure de Bxls je ne vais pas dormir beaucoup cette nuit). Cette manifestation patriote a pour enjeu la libération du Mexique, la reprise en main de son destin, AMLO a appelé autant les entrepreneurs, que les leaders ouvriers ou religieux, que tous les secteurs de la population, tout ce que le Mexique compte de patriote prêts à défendre l’autodétermination du pays est convoqué cet après-midi. J’attends avec impatience de voir dans quelle mesure son appel sera suivit.

 

Les enjeux officiels : des négociations ont lieu actuellement à Washington entre la délégation mexicaine dirigée par le Ministre des Affaires étrangères Marcelo Ebrard, alors que la délégation US est dirigée par le vice-président Mike Pence. Ce dernier a transmis une déclaration de Trump au sujet du président du Mexique : Il a un grand respect pour AMLO et une sincère admiration et se déclare prêt à collaborer avec lui avec plaisir… On a appris que les déclaration de Trump n’ont pas une grande portée, pas plus que ces velléités de bonne volonté : quand elles ne font pas le jeu de son « entourage politique », elles sont systématiquement court-circuitées. N’empêche que cette déclaration a réchauffé le cœur des Mexicains Patriotes. Après des décennies de présidents qui ont systématiquement livré le pays, ses finances, ses ressources naturelles, le contrôle de son territoire aux USA, un président veut renverser cela et il a conquis le respect du président des USA… Ils sont fiers. Je les comprends. Après les difficultés sont immenses…

Trump : « Les faibles, on les écrase, les forts on négocie ». En ce qui me concerne, personne qui partage cette idéologie ne devrait accéder à des postes de responsabilité, mais c’est une autre question.

Ce que veulent les USA, c’est que le Mexique – entre autres ambitions territoriales et autres plus occultes - mette un terme au flux de migrants, plus de 100 000 chaque mois à présents, venus d’Amérique Centrale qui traversent ce pays pour se rendre aux USA, sans quoi, lundi entrerons en vigueur des barrières douanières qui plongeraient le Mexique dans une profonde crise de misère économique, mais dont les USA non plus ne sortiraient pas indemnes.

 

Pour illustrer cela on peut prendre l’exemple de l’industrie automobile US qui a délocalisé une grande partie de sa production au Mexique. Trump affirme qu’un de ses objectifs en instaurant ces barrières est de forcer ces industries à se rapatrier aux USA. Oui mais… soit les dites entreprises restent au Mexique et le prix des automobiles va monter drastiquement aux USA à cause des taxes barrières, soit elles rentrent au pays, où elles ne bénéficieront plus de la main d’œuvre sous-payée et sur-exploitée qui est un des attraits du Mexique pour les investisseurs étrangers, et le prix de revient augmentant à cause du payement de salaires décents que réclament les ouvriers étasuniens et des frais liés au déménagement, le prix des automobiles va augmenter drastiquement aux USA.

 

D’autre part, la guerre commerciale dont les USA menace le Mexique entraînerait un déferlement de misère dans un pays dont les états du Sud sont déjà en situation de crise aggravée, ce qui provoquerait un nouveau flux migratoire principalement sous forme de boot-people pour contourner la barrière (mur) et autres mesures de frontière « intelligente » de la frontière terrestre entre les deux pays. Mais cela c’est une évidence dès le départ, un mur entre les deux pays augmentera d’autant le nombre des migrants qui essayeront d’entrer aux USA par voie maritime, augmentant d’autant la longueur des frontières à garder en permanence sous contrôle. Et la tragédie des « perdus en mer » verrait augmenter le nombre de ses victimes.

 

Bref un deal perdant-perdant pour les populations des deux pays, et aussi pour beaucoup d’entrepreneurs. Mais tous le disent, désormais toutes les déclarations de Trump sont des déclarations de campagne qui ont pour but sa réélection le premier mardi de novembre de 2020. A voir les événements de la semaine, il semble bien que Trump ne domine pas, loin de là, la science des effets émergents, forcément le pouvoir triomphant en nie l’existence, pensant pouvoir se confier à une stricte linéarité des causes et des effets pour laquelle la volonté des peuples est un facteur négligeable ou neutralisable.. Deux grands effets émergents de ce siècle, totalement imprévus par les analystes et théoriciens du « Nouveau Siècle Américain » s’appellent respectivement Chine et Russie, ils sont de taille, et cette semaine ils ont renversé par leur alliance l’hégémonie au sein d’un Nouvel Ordre Mondial dont ils nous ont livré leurs règles.

Poutine et Xi, les 2 compères qui redessinent l'Ordre du Monde

Poutine et Xi, les 2 compères qui redessinent l'Ordre du Monde

Les USA n’ont pas que des amis dans le monde, et quand ils placent à la tête d’un pays des gouvernements qui leurs sont favorables, c’est en général au prix d’un mécontentement croissant des populations. Personnellement, je n’aime pas du tout ce qu’ils ont fait à mon pays. Alors oui, on peut se dire que la domination étasunienne et son soft power, c’était sans doute moins pire que de se retrouver sous le joug d’Hitler ou de Staline, mais pas de domination du tout, ni de colonisation économique et culturelle, je suis certaine qu’on s’en serait tout à fait bien accommodés. Et je ne voudrais pas que mon pays, demain, se retrouve sous la coupe de la Russie ou de la Chine.

Un monde en mutation

Un monde en mutation

Les USA jouent double jeu dans les négociations avec le Mexique, qui s’est vu rétrocédé de le liste des 10 pays les plus appréciables pour les investisseurs étrangers à la 25ème place suite à une baisse de sa cote opérée par les agences de notification. Ce qui constitue aussi une attaque contre Pemex, l’industrie pétrolière mexicaine, alors qu’il y a longtemps qu’elle n’avait pas aussi bien fonctionné. Je ne suis pas spécialiste de ces mécanismes économiques et financiers qui en fabriquant des fictions capturent des pans d’économies réelles, mais de ce que j’ai compris cela constitue une sorte d’OPA hostile qui permettrait aux Corporations US de racheter les obligations de Pemex à bas prix. Une expression vient dans la bouche ou sous la plume de nombreux commentateurs : les USA jouent avec le Mexique un incessant jeu de la carotte et du bâton, sans qu’on ne sache finalement si eux même savent clairement où ils veulent en venir.

Trump a déclaré la guerre au monde entier, sur tous les fronts, à de très rares exceptions comme Israël ou l’Arabie Saoudite, et sans doute le Brésil, puisque les étasuniens ne se sont pas privés de critiquer leurs plus fidèles alliés d’Amérique Latine la Colombie stigmatisant la mollesse de leur président en matière de défense de la sécurité et des intérêts des USA. Tandis que deux autres importants alliés politique de la région , le Chili et l’Argentine ont vu croître leurs relations économiques avec la Chine qui est le deuxième associé économique de l’Argentine alors que le Chili et la Chine ont signé au début de cette année un Traité de Libre Échange afin d’intensifier les relations commerciales entre les deux pays. Conflits entre alliance politique et intérêts économiques.

Pendant que ce déroulait une rencontre historique entre les présidents de Chine et de Russie et le Forum de Saint Petersbourg (que certains qualifient déjà de nouveau Davos) Poutine et Xi se rapprochaient et concluaient des alliances et les deux pays aussi se rapprochaient du Mexique dans le but de développer des relations commerciales réciproques et de le soutenir dans sa résistance aux pressions des USA.

Jusqu’ici (voir graphique) ces deux pays ont très peu d’échanges commerciaux avec le Mexique. De grandes avancées ont eu lieu cette semaine pour remédier à cette situation. Je n’ai pas tous les détails, mais le Mexique aura désormais pignon commerciale sur la place Rouge, alors que la 5G chinoise prépare son installation dans le pays, un rapprochement soutenu et favorisé par Angela Merkel en personne. Un témoignage de plus de ce déplacements des équilibres géostratégiques qui se produisent en ce moment. Alors que cette même semaine, se déroulait en Suisse, la dorénavant célèbre réunion des influenceurs du Bilderberg, réunion qui n’avait pas été annoncée pour éviter les à présents traditionnelles manifestations de protestations qui les accompagnent. La première question qui se pose : quel pouvoir d’influence aura ce Club de Dirigeants dans le Nouvel Ordre qui se dessine ?

 

Jusqu'ici les relations commerciales de Mexique avec la Chine et la Russie éait presque nul. A présent le Mexique envisage son intégration à la nouvelle route de la soie
Jusqu'ici les relations commerciales de Mexique avec la Chine et la Russie éait presque nul. A présent le Mexique envisage son intégration à la nouvelle route de la soie

Jusqu'ici les relations commerciales de Mexique avec la Chine et la Russie éait presque nul. A présent le Mexique envisage son intégration à la nouvelle route de la soie

 

Pendant ce temps, lors de la Conférence de Presse qui a suivi leur rencontre d’ores et déjà historique, Poutine et Xi ont énoncé les règles d’un Nouvel Ordre Mondial qui priveraient définitivement les USA de leur hégémonie, de leur rôle de gendarmes du monde.

Xi, joue la carte du soft power et de la séduction, il appelle le monde entier a collaborer, à partager les technologies et la croissance (de la Chine). Un foyer, un destin commun pour l’humanité, et la route de la soie qui fait de la Chine, comme d’une araignée au centre de sa toile, le centre de commande et de contrôle de ce Nouvel Ordre du Monde. Puisque ce que Xi nous propose de partager, en priorité et en particulier la 5G qui nous commençons à le comprendre, sera un outil de contrôle total pour celui qui en dominera la technologie et la commercialisation. Le même outil qu’utilise le Parti Communiste Chinois pour soumettre sa population à un système de contrôle social personnel qui analysant votre comportement dans les moindres détails, décidera des droits dont vous disposerez – ou non - à jouir d’avantages économiques, de liberté de mouvement, etc … et contrôle social de masses puisque ce systèmes prévoit aussi quelques outils de contrôle des « mouvements de masse » en tous genres. Quand où que vous soyez, il y a une camera pour vous reconnaître sous n’importe quel déguisement, évaluer votre état de santé et d’humeur du jour et vous suivre dans vos déplacements… Au-delà de toute autre considération, j’apprécie l’intimité, elle fait partie intégrante de la préservation de mon intégrité.

 

J’insiste sur ce point parce que je vois beaucoup trop de naïveté dans l’air. Une espèce de confusion romantique entre les grands mythes de la gauche du 21ème siècle, l’URSS, la Chine de Mao, qui n’ont jamais ressemblé en réalité aux belles promesses non tenues de pouvoir populaire. Et qui aujourd’hui incarnent les pires tendances confondues de la droite et de la gauche ancienne : un Corporatisme Absolu, un Progressisme forcené doublé d’un contrôle social des masses sans équivalent dans le passé. Si on suit leur programme on va droit dans le mur, la Vie va droit dans le mur. Comme les petits chinois qui jouissent d’avantages économiques comme celui de pouvoir se procurer un masque pour se protéger des émanations toxiques qui flottent dans de nombreuses villes. Cette semaine c’était aussi la commémoration du massacre de Tiananmen, une tuerie que le Pouvoir assume aujourd’hui comme ayant été nécessaire à l’établissement de l’ordre et de la stabilité sociale qui ont permis la merveilleuse croissance économique actuelle du pays.

Ainsi vivent les enfants dans plusieurs grandes villes chinoises. On arrête pas le Progrès ?

Ainsi vivent les enfants dans plusieurs grandes villes chinoises. On arrête pas le Progrès ?

Un journaliste désigne à une jeune étudiante universitaire sibérienne qui va se livrer au sport local du ski en bikini, une statue de Lénine et lui demande de qui il s’agit, elle répond qu’elle n’en sait pas trop rien, qu’il s’agit d’un dirigeant qui a sévit dans le pays dans un lointain passé, elle n’en sait pas plus. Alors que les jeunes chinois qui se marient en adoptant la mode du nazi-chic, n’ont jamais entendu parler à l’école de la dimension idéologique de la seconde guerre mondiale, pas plus que des méfaits du nazisme. Ils sont l’avenir de ces pays. J’avais trouvé il y a quelques années une déclaration du Ministre de l’Éducation de Russie, par laquelle il affirmait que Staline avait tout compris, que rien n’est plus efficace comme méthode d’éducation [de masse] que le lavage de cerveaux. Et nous avons tous entendu parler du grand lavage de cerveau chinois appelé révolution culturelle, si l’idéologie a pris de nouvelles orientation, les vieilles méthodes de conditionnement et de répression dans l’œuf de la dissidence sont toujours en vigueur en Chine, perfectionnées. Mais cela, déjà Platon le préconisait dans la République. Pour qu’un système fonctionne il faut que les masses soient fortement conditionnées, tenues dans l'ignorance, alors que leur comportement est sous contrôle. Et pour autant que cela nous déplaiset, nous ne pouvons pas nier que certains s’accommodent très bien de cette sécurité sous haute surveillance. Ils existent, certains sont nos voisins et nous devons en tenir compte.

 

Je suis de ceux qui pensent qu’il n’y a pas de bons empires, et ceux qui plus par une sorte d’esprit de revanche jubilatoire que par naïveté, ou pour des raisons fondées sont prêts à se jeter pieds et poings liés, tête la première dans les bras de la Russie et de la Chine, sous prétexte que ces deux-là sont en train de mettre un terme à l’hégémonie US, n’ont pas compris que les ennemis de nos ennemis ne sont pas forcément nos amis.

 

Mais revenons aux déclarations de Xi et Poutine. Celles de Poutine furent bien plus longues que l’invitation de XI à se placer sous son aile.

Poutine parlera du séparatisme catalan, du Venezuela, de Huawei, du dollar, bref il va donner les lignes directrices de l’alliance globale de la Russie et de la Chine pour un Nouvel Ordre du Monde. pour le prochain siècle. Beaucoup d’analystes que j’ai écouté au cours des dernières semaines prédisaient que Xi et Poutine n’oseraient pas s’en prendre au dollar, ils ont eu tort, c’est fait et tout à fait officiellement en présence des principaux journalistes des plus importants médias mondiaux.

Pour Poutine le dollar comme principale monnaie mondiale, s’est transformé en instrument de pression des USA envers le reste du monde. Il faut donc mettre un terme au règne du dollar qui plus que monnaie de réserve est un devenu une arme de la guerre économique.

Poutine a déclaré : 

« Nous devons repenser le rôle du dollar, les institutions générales du système financier mondial ont été établie il y a 75 ans, dans le cadre des accords de Bretton Woods. Les accords de Jamaïque qui les ont remplacé dans les années 70 réaffirment la priorité du dollar sans résoudre les problèmes principaux, par dessus tout, l’équilibre entre la coopération monétaires et les échanges commerciaux. Depuis lors, de nouveaux centres économiques ont émergés, le rôle de monnaies régionales s’est accru changeant les équilibres de pouvoir et les intérêts. Clairement, ces profonds changements requièrent une adaptation des organisations financières internationales et de reconsidérer le rôle du dollar, qui par son statut de monnaie de réserve mondiale, s’est converti en instrument de pression du pays émetteur à l’égard du reste du monde . Cette utilisation, de mon point de vue, est une grande erreur des autorités financières des USA ainsi que de leurs centres politiques : ils sont eux-même en train de saper leurs avantages, créés par les Accords de Bretton Woods. La confiance dans le dollar est en chute. »

La fin des lois à domaine d’application extraterritoriale est un autre réquisit de Poutine, les USA ne devraient plus pouvoir imposer aux autres pays leurs décisions politico-économiques comme les sanctions contre l’Iran, le Venezuela et Huawei, par exemple.

Poutine a déclaré également que la guerre 5G cela correspondait à l’entrée dans le monde dans la première guerre technologique de l’ère digitale.

Guerre digitale, guerre au dollar. Une autre déclaration de Poutine, celle-là pendant le forum, concerne la course à l’armement et la nécessité urgente d’inverser la tendance que jusque-là les USA soutenaient et dominaient amplement pour le plus grand bénéfice de leurs marchands d’armes.

Poutine a affirmé :

« Changement climatique, émission anthropogéniques, etc. Tout cela va bien. Même les enfants sont engagés sur ce sujet. Mais ils ne se rendent pas compte d’une menace globale, d’un défi à prendre au sérieux qui est en relation avec les possibles conflits globaux. C’est une chose à laquelle devraient penser les hommes et les femmes adultes. Nos associés étasuniens se sont retiré du Traité sur les Missiles Anti-balistiques. Et alors, quoi ? Estimés Messieurs et Dames j’aimerais vous demander :  L’un de vous a protesté activement ? Vous êtes sortis dans la rue avec des banderoles ? NON. Silence. Comme si c’était quelque chose de normal. La prorogation du Traité d’Armes Stratégique faisait partie de notre agenda. Bon il est possible de ne pas le reconduire. Personne jusqu’à présent ne négocie avec nous, malgré que nous avons dit des centaines de fois que nous étions prêts à le faire. Et pour l’année 2021 tout serait terminé. Je voudrais que vous prêtiez attention. Il n’existe encore aucun instrument pour limiter la course aux armements, ou pour limiter les emplacements d’armes dans l’espace, par exemple. Vous vous rendez compte du sérieux et du dangereux que cela représente ? Qu’est-ce qui se passe si la partie adverse répond immédiatement ? Où cela nous mènerait-il ? Tout cela doit faire l’objet d’un débat ouvert, transparent et professionnel. La communauté mondiale devrait faire partie de ce processus. Les gens ont le droit de savoir ce qui est en train de se passer. »

Fin de la citation et je vais en rester là pour le moment parce que je veux suivre tout à l’heure le déroulement de la manifestation de Tijuan

 

A suivre donc …

 

Anne W

 

 

 

Samedi 6 juin 2019
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2 avril 2019 2 02 /04 /avril /2019 21:49
Mexique, une intégration énergétique totale… sans mexicains !

 

 

 

Entretien du 30 mai 2016, remis en avant récemment pour son grand intérêt informatif quand il est question de comprendre les défis que doit relever Andres Manuel Lopez Obrador (AMLO), actuel président du Mexique qui a d’immenses défis à relever pour rendre au pays son indépendance, sa dignité et aux habitants le bien être et la paix.

 

 

Ce débat fait partie d’une série intitulé : L’intégration de l’Amérique du Nord dans un monde complexe et ce chapitre nous parle d’Energie, Sécurité et Souveraineté. Nous y voyons comment les précédent chefs d’états ont livré le Mexique aux USA à travers l’Initiative Merida (pseudo outil de lutte contre la drogue et le crime organisé, équivalent du Plan Colombia qui a fait exploser criminalité et le narcotrafic en Colombie) et du TLC, Traité de Libre Échange d’Amérique du Nord entre USA, Canada et Mexique et de son Programme d’Intégration Energétique.

Les invités sont reçu par Rosío Vargas Suárez, Chercheuse de l’Université Autonome du Mexique (UNAM), qui est docteur en Ingénierie de l’Énergie, Maître en Économie et Politique Internationale entre autres qualifications. Les invités sont 3 encyclopédies vivantes de l’histoire contemporaine du Mexique. Le docteur John Saxe-Fernandez (1944), diplômé des Universités Washington du Missouri, Brandeis du Massachusetts et de l’Unam est un vieux routier d’ études latino-américaine ;le ex-sénateur Manuel Bartlett diplômé en Droit de l’UNAM et de l’Université de Strasbourg, auteur d’une thèse intitulée « De l’obligation de l’état de réparer les dommages qu’il cause », après une longue carrière politique est aujourd’hui Directeur Général de la Commission Fédérale d’Electricité ; Quand au docteur Alfredo Jalife-Rahme (1948) lui aussi a un parcours remarquable après des études de médecine et une spécialisation en endocrinologie, il étudiera la psychologie avant de se réorienter vers la géopolitique. Si je devais vous cité tous les grades, titres, récompenses obtenus, toutes les recherches d’importances et travaux menés par ces 4 là, je n’en finira pas. Les écouter est vraiment passionnant. Je vous propose un compte rendu presque exhaustif, de cette discussion entre Sages Anciens.


 

 

 

Question de RVS : Comment définir l’intégration de l’industrie pétrolière mexicaine dans le cadre du projet géostratégique des USA : « intégration énergétique » de l’Amérique du Nord.

Docteur Saxe :Il s’agit premièrement d’une relation asymétrique : Le Mexique est un pays sous-développé, qui dispose de pétrole dont les USA sont les plus grands consommateurs.

Il faut tout d’abord considérer les antécédents historiques du Traité de Libre Commerce au moment de sa dicussion. Le moment où le Traité est discuté, puis envoyé et finalement adopté par le Congrès des USA. Ce qui ne va pas se faire sans rencontrer une opposition au Congrès. Le Vice-Président y répond

« Comment pouvez-vous vous opposer à ce traité qui est aussi important pour les USA que le furent l’achat de la Louisiane et l’achat de l’Alaska ».

Pour vaincre les réticences, il présente ce Traité comme ce qu’il est réellement:une opération de l’expansionnisme territoriale étasunien similaire à l’annexion de la Louisiane et de l’Alaska.1903, Jefferson pour la Louisiane et 1877 ? pour l’Alaska. Et donc il s’agit de mettre la main sur le territoire mexicain et ses ressources. Une intégration très asymétrique.

Comme le montre aussi la production de gaz à effet de serre pas personne dans chacun de ces trois pays. Pour les USA elle s’élève à 19 tonnes annuelles. Pour le Canada : 17. Alors que le Mexique à une émission de 3,4 tonnes par personne et par an.

Ce sont les même vers qui vont les consommations de cuivre, les consommations de ressources naturelles en général. Il s’agit d’une asymétrie abyssale en matière énergétique entre ces pays.

Mais avant tout, il faut replacer cela dans le cadre de la réunion de Chapultépec de 1945 quand les USA viennent annoncer au monde que le Mexique et l’Amérique Latine devront se spécialiser dans l’exportation de matières premières vers les pays capitalistes centraux qui vont les transformer.

Et le Mexique, à l’époque a joué le rôle du « mauvais du film ». La gauche mexicaine, voulait opérer la transformation de nos ressources Toute une structure pour la transformation du pétrole a été mise en place. Et ce que fait le TLC justement, c’est désactiver ou récupérer les processus d’industrialisation dans le pays, et cela débouche sur la mort de Pemex (Petroleos Mexicanos) ; et donc sur le suicide du Mexique. Nous allons voir le démantèlement de la capacité de transformation d’une ressource naturelle. Ce point de vue historique est un élément important de la problématique.

 

RVS adresse une question au docteur Jalife .: A cette question historique et structurelle,il faut ajouter l’introduction d’un élément conjoncturel, les replacer dans le contexte financier. C’est un facteur qui a eu des répercussion dans l’actuelle situation de Pemex surtout par le biais des rentrées financières pétrolières ? Comment se meut le Marché international sous influence de ces groupes financiers qui utilisent la géopolitique, ou qui produisent des événements qui ont des répercutions géopolitiques dans le prix international du pétrole. La répercussion de la chute des prix pétrolier a profondément affecté l’industrie pétrolière mexicaine.

Jalife : Le Centre Financier, le lieu où sont fixés les prix du pétrole, c’est la City de Londres. Il existe un rapport émis par un économiste, Phil Velegger qui montre que Wall Street est la place où ces prix sont vérifiés. C’est une domaine où il y a beaucoup de désinformation, et certaines données sont impossibles à vérifier. Mais admettons l’explication qui veut qu’il y ait eu à un moment donné une production de deux millions de baril en excès, cela n’explique ni ne justifie la chute des prix depuis un pic 150$, suivit d’une descente à une moyenne de 110$ le baril avant une chute jusqu’à 20$, cela n’a pas de sens. Et si nous allons voir du côté de la géométrie financiériste, qui va m’expliquer que dans les deux mois qui précèdent, le prix est remonté de 20 à 50$. Il n’y a plus les 2 millions de barils excédentaires ? Il est vrai que la production de certains pays a diminué alors que la Chine achète beaucoup parce que le pétrole est bon marché. Mais ce n’est pas une explication suffisante.

Où je veux en venir, et là je rejoins le propos du Docteur SAX. Après Chapultépec, Brezinski, dans les années 70 a réitéré cette division du travail imposée. Il a affirmé : « Nous ne voulons pas d’un Japon à notre Frontière » Un sujet qui touche aussi le Sénateur Bartlett, qui a vécu cet événement et qui devrait déclasser ses archives sur Brezinski. .

Il y a eu une division du travail, et nous n’avons même plus de Banque Nationale  et encore moins transnationales Le problème, c’est que nous sommes un pays intégré dans le projet Amérique du Nord des USA en fonction de leurs besoins à eux.. et c’est pareil pour le Canada.

Nous continuons notre intégration à ce projet dont la matrice opérative est à Washington. Nous ne manions même plus de pétrole. Le prix du pétrole augmente alors que le peso se dévalue, c’est parce que nous n’avons déjà plus de pétrole pour le soutenir. C’est fini, et là nous allons aller chercher les ressources en eau profondes, et nous savons par avance que les 4 grandes pétrolières US vont débarquer, parce que nous n’avons pas les moyens de cette exploitation.

Cela dit quels sont les données du problèmes ? Nous assistons à une balkanisation du pays, une double balkanisation économique et éducative.Nous avons le Nord, les régions de la Maquila (des fabriques) ont une croissance de l’ordre de 10 % par an alors que Campeche qui avait les meilleures ressources pétrolière subit une « croissance négative » de – 7 %, Ciudad del Carmel y est devenue une ville fantôme. Les Chiapas sont à – 6,5 %,Tabasco – 6 %;...

C’est totalement limpide, les pays de Maquila, une distribution du travail imposée par les USA, sont en pleine croissance. On peut voir cela par exemple dans l’incroyable augmentation des prix du terrain, 1m carré en dans les meilleures zones vaut 3000$.Alors que les zones de richesse pétrolière, ils sont en train de la annihiler littéralement. Balkanisation. Ce n’est pas pour rien que les 6 états du Sud du pays sont en ce moment dans une situation de balkanisation éducative.

 

RVS ?. : Cette question de la spécialisation, à présent nous sommes en train de la redéfinir dans le cadre de la réforme énergétique, et ce n’est clair en rien. Sinon en ce que nous sommes devenus économiquement dépendants de produits pétrolier de meilleur valeur ajoutée que nous devons importer, et c’est que nous sommes en train de remettre en question. Je voudrais poser une question au sénateur  Bartlett , elle concerne toute une série de lois qui avaient été approuvées par le Sénat et qui sont en lien avec tout ce processus de trans-nationalisation, en particulier en matière d’énergie. Et il y a là des questions délicates, comme celle des militaires, mis à disposition du Ministère Public et qui participent à des tâches de renseignement avec avec la possibilité d’opérer des fouilles de domiciles privés. Ou les lois qui concernent la privatisation des ports. Il y a toute une série de lois, comme ça, certaines fort récentes, il y a 3 jours, vient dêtre finalisée la loi du commandement unique comme commandement mixte. Comment peut-on contextualiser tous ces processus de trans-nationalisation dans ce cadre juridique ?

 

Manuel Bartlett : Je vais compléter les analyses qui précèdent en m’attaquant à la politique interne : il s’agit de livrer la présidence du Mexique à Washington. Et ce n’est pas une pression énorme qui a conduit à cette situation, mais bien une connivence de nos présidents de la République avec ce projet étranger. Depuis Salinas, ils ont tous facilité cette détermination des USA d’utiliser le Mexique à leur convenance. Et donc il y a un grave problème, les présidents PAN et PRI ont livré le pays. Ils ont accepté toute une série d’instruments et de mesures qui nous ont mené à nous retrouver en situation de colonie sous hégémonie totale des USA . La question est celle du pétrole, de l’électricité, de l’énergie. Les réformes ont été faites de manière opportune pour favoriser les intérêts des USA, pour que leurs transnationales puissent investir quand elles le veulent, où elles le veulent. Parmi les mesures véritablement inconcevables de la part de ces présidents qui n’ont aucunes capacité réelle, qui sont titeres (présidents mis en place par les USA), nous devons considérer celles qui concernent l’exploitation du pétrole par ces entreprises étrangères ou celles qui favorisent l’énorme main mise sur la distribution de l’électricité pour que ces entreprises qui débarquent puissent gagner de l’argent. Il est réellement question d’une occupation du territoire national.

Le système électrique mexicain, toutes les installations, les réseaux de distribution qui couvrent tout le territoire national ont coûté des milliards. Parmi toutes les informations qui nous parviennent de là-bas, il y a ce personnage, Carlos Pascual, qui avait été ambassadeur des USA pour les questions d’énergie en Irak, et qui a été envoyé au Mexique pour s’occuper de tout ce qui relève du domaine énergétique. Lui a expliqué devant le Congrès US ce qu’est la Réforme Énergétique à leurs yeux, il n’est pas seulement question de venir et de repartir avec le pétrole, non ils restent ici, et le Congrès n’en savait rien, parce que les principaux traîtres sont les Présidents et ceux qui manipulent l’information. Et cela personne ne s’en rend compte. « La Manœuvre » a dit Pascual devant le Congrès, « c’est de réorganiser les réseaux électriques de manière à ce que, dans les ports mexicains, puissent s’installer les transnationales US et que ces ports deviennent les plateformes d’exportation de leurs produits. Et donc toute ces structures extraordinaires sont conçue dans l’intérêt des transnationales, pour qu’elles utilisent les ports mexicains pour leurs exportations.

En plus, il y avait une série d’exigences qui sont de terreur :l’état devait leur offrir des garanties sous forme d’un Régime Pénal Spécial en matière d’énergie. Avec toute l’hypocrisie utilisée par le Président et ses sénateurs, ils ont sorti des transformations aux lois régissant l’industrie pétrolière, pour augmenter les peines. Cette loi punitive en est venue à établir que toute atteinte aux installations pétrolières relève du terrorisme de manière à paralyser toute tentative d’action à leur encontre de la part de la population. Et cela concerne tout le dispositif, les oléoducs, les plateformes, les bureaux, pour lesquels ont été établies des pénalités fort supérieures à celles qui existaient.

 

RVS ?« Comment opère en réalité ce régime de sécurité en Amérique du Nord ? Comment le vivons-nous ?

Sax: Il s’agit d’un concept d’intervention et de regroupements de pays, elle à un nom, et elle a aussi un budget : »Elle s’appelle « Initiative Merida». Elle avait un budget total prévu entre 2,5 et 3 milliards, et j’ai revu les chiffres hier, jusqu’ici elle a dépensé à peu près 1 565 millions de dollars. Un grande quantité en équipements militaires et le reste pour une quantité de choses dont il n’y avait de comptes à rendre à personne de l’usage qui était fait de cet argent. Aux USA, il y a eu une série de Commissions du Congrès, mais ici l’ex-secrétaire des relations extérieures de Calderon, Espinoza Villarreal, quand on lui a demandé de montrer les documents relatifs à l’Initiative Merida a répondu « Mais il n’y a aucun documents signés . Ce n’est régi ni par le droit international, ce n’est pas régi non plus par la loi  interinstitutionnelle des Traités », c’est la réponse qu’elle a donné à des députés qui l’ont enregistrée. Carlos Facio, un journaliste qui publie comme moi dans la Jornada a sorti cette info. Il faut rappeler au public qu’il existe des règles de fait. Pourquoi de fait ? Mais parce qu’elle sont en rupture avec les lois constitutionnelles aux USA et elles sont en rupture avec l’appareil constitutionnel au Mexique. Par exemple, il est interdit d’utiliser des militaires pour des actions relevant du Ministère Public, mais aux USA aussi il existe une telle loi de 1878, le Posse Comitatus Act qui est une loi du Congrès des États-Unis signée le 18 juin 1878 par le président Rutherford B.. Cependant Bush a approuvé une telle violation de la légalité par le biais d’un décret du Commandement Nord, et Obama a poursuivit avec d’autres décrets pour soutenir cette force militaire qui agit à l’intérieur des USA, au Canada et au Mexique.

Ce qui est important, c’est l’aspect territorial, c’est aspect d’occupation territoriale qui présidait au Traité de Libre Commerce, et qui se poursuit jusqu’à aujourd’hui. L’United States Department of Homeland Security, DHS, est un département du gouvernement fédéral des États-Unis officiellement créé le 27 novembre 2002 par le Homeland Security Act (en français, « Loi sur la sécurité intérieure ») Cette création devrait concerner la sécurité intérieure des USA, homeland : c’est un concept territorialisé, cela veut dire sécurité du territoire de la patrie, cela évoque les années 30 en Allemagne, mais c’est comme cela que cela s’appelle et on le traduit mal. Pourtant le DHS va étendre son aire d’action, son périmètre de sécurité au Canada et au Mexique. Et en plus, et cela est importantissime, quant le sénateur  (Bartlett) dit que c’est un concept d’ordre colonial, c’est effectivement un concept d’ordre colonial par lequel, une nation comme le Mexique subit une intervention autant en ce qui concerne sa frontière Nord avec les USA, que sa frontière Sud avec le Guatemala. Il met en œuvre des programmes appelés « programmes de frontières intelligentes », des programmes spécifiques. LEmpire Britannique avait fait pareil avec les principautés de l’Inde : « Vous pouvez faire tout ce que vous voulez chez vous, sauf mener une politique internationale, sauf mener une politique de défense et sauf mener une politique économique, de cela nous nous en chargeons ». Et ce que nous vivons ici, cela ressemble beaucoup à cela !

Le sénateur : Le HDS, il est ici, il opère ici. Le HDS est un département fasciste que Bush a imposé après l’incident (traduction personnelle et relativiste. NdT) des Tours Jumelles, et le personnage mis à sa direction, Jeh Johnson est un personnage sinistre. C’est un avocat qui a justifié les assassinats sélectifs qui sont une violation de tous droits. C’est ce qui permet au président des USA de décider que l’on va tuer untel avec un drone et qu’on va pouvoir tuer n’importe qui. Et le HDS à les mains libres pour agir au Mexique en tant que partie de l’Amérique du Nord et ils disent :  « La sécurité de l’Amérique du Nord doit être garantie par l’Amérique du Nord ». Johnson est venu ici et Peña Nieto (ex-président) l’a reçu avec les drapeaux, alors qu’à l’époque il n’était encore que secrétaire et violait tous les respects de hiérarchie. Et nous voyons ainsi comment s’est imposé ce régime pénal spécial qui s’applique à ceux qui vont toucher une installation pétrolière ou électrique, alors que ces transnationales vont s’installer sur toutes les propriétés des paysans, sur les territoires indigènes. Et s’ils protestent, s’il osent toucher la moindre de ces installation étasunienne, ils seront accusés de terrorisme. Parce que, en plus, ces lois prévoient un Droit d’Occupation Temporaire des Terres par ces Corporations, en fonction des besoins pour leur installations, et donc ce sont elles qui décident.

Or jusque-là ceux qui défendaient ce territoire national, c’étaient les polices municipales, ce sont elles qui protégeaient de la destruction, par les minières et les pétrolières qui viennent s’installer, ce qui est aussi leur propres lieux de viet. La structure politique du Mexique fondée dans la notion de « municipalités libres », ce qui fait des polices municipales une institution fondamentale structurelle. Mais ils vont prétendre qu’elles sont « contaminées » et qu’il faut les faire disparaître et les remplacer par un commandement unique. Ce commandement unique va regrouper la Police Fédérale, l’armée et la marine du Mexique. Ainsi va être instauré le commandement unique faisant disparaître toute possibilité de reprise du territoire national. Et in fine l’armée devient la force dominante des forces de contrôle social.

Et cela ne s’arrête pas là : l’armée, elle, est placé sous la domination du Commandement Nord des USA. Tout cela est anticonstitutionnel, et ils prennent alors une autre décision inconstitutionnelle qui est de faire participer l’armée mexicaine à des Opérations Internationales de « Paix » des Casques Bleus. Ce qui est interdit par la constitution s’il n’y a pas d’autorisation du Sénat, pourtant ils envoient des militaires, participer à différentes missions. Peña Nieto, dans ces « farces » qu’il fait à la télévision, a félicité la secrétaire des relations extérieures pour la participation antérieures (à sa présidence) des militaires à des missions au Liban, etc.. Ils s’en fichent de l’autorisation constitutionnellement nécessaire du Sénat pour décider de telles missions.

 

Jalife : John Kerry déclare alors : « Nous avons 72 pays qui sont en guerre contre les Jihadistes ». Beaucoup disent que ce n’est pas possible que le Mexique se voit impliqué dans la « guerre contre le terrorisme », mais nous le sommes déjà, par Ordre de Kerry, sans que ni le Président, ni le Sénat n’en soient informés, n’en aient conscience.

 

SénateurJe vais terminer. Lors du changement de direction du Commandement Nord, e secrétaire de la défense, Ashton Carter a pris la parole et il dit « Je veux remercier le Secrétaire Mexicain de la Défense et le Commandant de la Marine, je veux dire qu’ils sont d’ores et déjà en train d’aider à la sécurité du monde entier, participant à toutes classes d’activités ». C’est ce que dit le Secrétaire de la Défense US, cela ne pourrait pas être plus publiquement, plus clairement : nous sommes au service du Commandement Nord des USA, sur tous les théâtres de guerres du monde, sans qu’ici en été dit une seule parole.

 

Sax ajoute : Nous vivons aussi une tragédie humanitaire, si nous faisons le compte des morts de la période Fox, (Vicente Fox Quesada, né le 2 juillet 1942 à Mexico, est un homme d'État mexicain, président de la République du 1ᵉʳ décembre 2000 au 30 novembre 2006) ce sont 300 000 morts et entre 27 et 36 000 disparitions forcées.

Ce massacre va continuer ? Roberta Jacobson, la nouvelle ambassadrice (juin 2016 – mai 2018) des USA au Mexique l’a dit : « Je viens ici pour relancer l’initiative Merida », autrement dit le programme d’intervention et d’occupation. Le point central auquel je veux en venir, la transformation, le tournant, ce n’est pas seulement une guerre irrégulière du Pentagone, qui aurait pour cible le crime organisé et le narcotrafic – alors qu’on sait très bien que personne ici ne combat ni le narcotrafic, ni le crime organisé et que l’armée est utilisée dans des tâches de répressions - mais en plus le changement légal qui a été mentionné, ils étendent cela à la guerre contre le terrorisme qui suppose une hyper défense des installations des Corporations Transnationales. Avec tous les dangers que cela présente. Comme l’anticipation d’un scénario électoral tragique pour 2018, parce que le terrorisme et l’antiterrorisme se prêtent à toutes formes de persécutions politiques. Et donc le pays est en période de risque majeur pour la Nation à présent que le lien est fait entre guerre contre le narcotrafic et guerre antiterroriste. Et le Mexique propose sa jeunesse comme chair à canon. Et la Secrétaire aux Relations Extérieures a annoncé que le principe de non intervention a été aboli comme élément de la politique extérieure, précisément pour adapter le Mexique à ce contexte.

Les 3 : On assiste donc à la pure et simple négation de principes constitutionnels historique. L’armée, sous direction du Commandement Nord, a été transformée en outils de l’occupation du territoire.

 

RVS ? J’ai une dernière question pour le Docteur Jalife qui concerne justement cette intégration Nord Américaine avec hégémonie des USA en tant que puissance énergétique. Nous voyons qu’il y a réellement tout un projet géopolitique dans lequel il y a des choses innovatrices. Est-ce que nous en sommes réellement arrivé à un renversement des structures de pouvoir international en faveur des pays consommateurs, en faveur du Marché, et sous le contrôle des USA, à partir justement de l’énergie, du pouvoir que leur donne le fracking et la révolution énergétique.

 

Jalife à le dernier mot : C’est assez clair la direction que prend le monde, le monde prend un chemin de dé-globalisation - Le FMI, déjà, vitupérait contre l’Ordre Néo-libéral Global – le monde se dirige vers une régionalisation qui inclut le régionalisme énergétique. Lle Mexique dispose de la troisième réserve de gaz de schiste, de shale gaz et shale oil, mais ces réserves se trouvent dans des lieux qui ne disposent pas de l’immense quantité d’eau nécessaire pour leur extraction. Pas grave, qu’est-ce qu’ils font faire ? Il vont détourner des rivières, comme ils l’ont fait pour le Rio Panuco… et que meurent les vilains paysans qui sont la troisième partie de la population du pays.Quelle importance ! Moins il y a de Mexicains, mieux c’est ! Et c’est là que vient la partie intéressante. Cette intégration est pire que l’intégration coloniale à l’époque de la Nouvelle Espagne qui tolérait – encore - la présence des habitants. Ici, il s’agit d’un intégration de franchise, une intégration du Mexique, dans le cadre d’une intégration totale, mais… sans mexicains !

 

Traduction, mise en forme Anne Wolff

 

Lecture complémentaire sur les mêmes sujets, Opération Merida et application du TLC :

Par Dawn Paley Première partie Narco Capitalisme.

Narco Capitalisme. Partie 4 : La face cachée du modèle colombien et son application au Mexique

 

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28 janvier 2014 2 28 /01 /janvier /2014 19:17

 

 

Une série de textes anciens ou récents pour tenter de jeter de la lumière sur les conflits actuels au Michoacán, ainsi que dans d’autres régions du Mexique et d’Amérique Latine. Je suis bien sûr de total et assumé parti pris, puisque mes sympathies vont aux communeros, paysans, indigènes, qui sur tous le Continent Sud, quand il ne sont pas la cible immédiates de gouvernements terroristes à la solde des corporations, sont les proies d’une guerre sans pitié, afin que les « intérêt privés étrangers » deviennent maîtres sans partage des territoires, des ressources naturelles et mettent leur mainmise sur les juteux trafics, de drogues, d’armes, d’organes et d’humains qui sévissent allongeant chaque jour la liste  des morts, des mutilés, des dépossédés et des esclaves dont les exigences de rentabilité maximale qui sont la seule raison d’être des Transnationales, le Profit, réduisent l’existence à celle d’outils de productions, jetables après usage.

Je ne cesse de constater à quel point le mouvement zapatiste - et ce n'est pas une critique à ce mouvement - mobilise les projecteurs, faisant finalement de l’ombre à l’ensemble de ce mouvement communaliste, bien trop occupé à défendre sa survie au quotidien pour se créer un look et une iconographie recevables par les medias occidentaux, fussent-ils alternatifs. Ou peut-être que cela ne les intéressent pas tout simplement. Peut-être que ce n’est pas cette approche là qui est la bonne. Sans doute aussi qu’à force de se faire massacrer dans le silence et l’indifférence des peuples d’Occident, il n’ont pas le souhait de susciter le genre d’intérêt que l’on impose aux « curiosités ethnologiques », ils ont déjà assez à faire pour mettre un terme à un tourisme « écologique » qui vient visiter les terres dont ils ont été expulsés afin de leur conférer un « caractère authentiquement naturel » et sur lesquels ils ne sont plus tolérés que pour donner le spectacle de parodie de tradition ou servir de domesticité couleur locale à ces privilégiés urbano-industrialisés venus d’ailleurs se ressourcer loin du stress quotidien que leur impose le rythme infernal de la croissante destruction de notre planète.

 

 

Ostulapanoramico

Image : Nueva alerta en Ostula. Asesinan a otro comunero « Desinformémonos

 

 

Mexique : Ostula, le droit de vivre

Jean-Pierre Petit-Gras

mardi 24 août 2010

« Ils sont entrés chez moi, mais j’ai eu le temps de détaler, par derrière. » Valentín esquisse un sourire. Il y a trois mois environ, 150 individus, armés jusqu’aux dents et se présentant comme membres de la Familia, le cartel le plus important du Michoacán, ont envahi le village de Coire. Ils n’ont pas caché leurs intentions : ils venaient pour tuer Valentín. Car le jeune homme, après s’être activement opposé il y a quelques années au programme gouvernemental PROCEDE [1], destiné à privatiser les terres collectives des populations indigènes, avait été l’un des plus fervents partisans du soutien aux habitants de la communauté voisine d’Ostula, lorsque ceux-ci ont décidé, en juin 2009, de récupérer le millier d’hectares de terres volées dans les années 1960 par les « petits propriétaires » du bourg de La Placita. Les pistoleros n’ont donc pas pu mettre la main sur Valentín. Ils se sont contentés de menacer ses trois enfants (trois, six et huit ans) avec leurs fusils d’assaut, « on va flinguer ton père », et ont emmené son jeune frère. Ils l’ont torturé pour essayer de lui soutirer des informations, puis l’ont relâché au bout de deux jours.

Nous avons finalement pu rencontrer les comuneros d’Ostula. Quatorze mois après la récupération, et l’installation de plusieurs dizaines de jeunes couples sur les terrenos comunales, le bilan est lourd. Treize hommes tués, et quatre levantados, enlevés sans espoir de les retrouver vivants.

Peu à peu, nous saisissons mieux d’autres données du conflit. La plage d’Ostula (rebaptisée Xayakalan) servait depuis des années au débarquement de mystérieux chargements, en provenance de Colombie ou d’Amérique centrale. « Tout le monde dans la communauté savait que le trafic était protégé par les militaires. » Pas seulement parce que le casernement de la Marine se trouve là, trop près pour que les allées et venues puissent lui échapper. « Souvent, les soldats descendaient sur la plage, pour surveiller les opérations, afin que les colis ne se perdent pas. »

À côté de Valentín, le regard franc et décidé, deux commandants de la garde communale d’Ostula. Celle-ci a été créée par les habitants des villages, lassés de subir agressions et assassinats sans que les coupables ne soient inquiétés. Ils savaient que la récupération de Xayakalan ne se ferait pas sans heurts. Ils ont donc renoué avec les anciennes coutumes de l’autodéfense indigène. Et cette police-là n’est pas une force étrangère à la population, brutale et corrompue, au service des leaders politiques, des trafiquants et gros propriétaires. Elle est formée et contrôlée par les habitants de la communauté indigène.

C’est d’ailleurs ce qui inquiète les autorités. Voilà pourquoi, quelques jours avant l’opération des pistoleros contre Coire, un millier de soldats et de policiers sont entrés dans les maisons, à la recherche d’armes, sans même un mandat de perquisition. Ils ont emmené deux des membres de la police communautaire, prétendant les avoir arrêtés lors d’un contrôle routier.

 


La complicité entre militaires et pistoleros est on ne peut plus claire. Les uns désarment la population, les autres enlèvent et assassinent. Mais les médias aux ordres retiendront une tout autre version : les indigènes se livrent au trafic, et tous ces morts sont victimes de règlements de comptes. Il faut donc militariser la zone, la pacifier [2] et la livrer au développement. Comme par hasard, la région est riche en ressources minières, la construction d’un port est en projet. De plus, les paysages sont splendides. L’immense plage vierge, bordée de hauts cocotiers, attend déjà les grues et les bétonnières.

Mais, nous l’avons déjà écrit, ces hommes et ces femmes rudes et solidaires, indigènes nahuas du Pacifique, ne sont pas à vendre. Pour eux, se séparer de la terre qui nourrit les corps, conserve la mémoire des villages, abrite les âmes des ancêtres et garantit l’avenir des enfants, c’est accepter une vie au rabais.

Quand ils ont décidé de reprendre leurs terres, les comuneros d’Ostula, Coire et Pomaro savaient qu’ils commettaient une folie. Francisco de Asís Manuel, le président des biens communaux, le leur avait répété. C’était juste avant son enlèvement.

Aujourd’hui, essayant de briser l’épais silence médiatique, la communauté indigène de Santa María Ostula réclame le retour de ses membres séquestrés, la vérité et la justice sur les assassinats, le démantèlement des groupes paramilitaires du narco, le châtiment des fonctionnaires gouvernementaux qui les protègent, le respect de l’intégrité de ses terres communales, le respect de sa police communautaire et sa garde communale.

Avec ceux du Chiapas, de l’Oaxaca, du Guerrero, du Chihuahua et d’ailleurs, avec les ejidatarios de San Salvador Atenco, les Nahuas de la côte Pacifique du Michoacán nous disent que l’humanité peut rester digne et libre.

Jean-Pierre Petit-Gras

Notes

[1] Ce programme consiste à proposer aux indigènes titulaires d’une parcelle, dans le cadre de la propriété communale (collective), d’en devenir propriétaires. Avec un titre de propriété, leur dit-on, vous pourrez emprunter aux banques... L’objectif est double : détruire l’organisation communautaire des indigènes, en niant leur conception de la terre-mère, inaliénable et sacrée, pour ensuite s’emparer des parcelles hypothéquées.

[2] Cette « pacification » a fait 29 000 victimes depuis la prise de fonction du président Calderon. Pour celui-ci, tous ces morts sont « la poussière que l’on fait en passant le balai ». Pour les observateurs attentifs, un grand nombre d’entre eux sont tombés pour avoir voulu défendre leur terre et leur dignité.

Source :
Mexique : Ostula, le droit de vivre - Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte

 

Ostula cielo

 

 

 

Quand une communauté indigène reprend ses terres les armes à la main

Depuis le 29 juin 2009, la communauté indigène nahua de Santa María Ostula occupe 1 400 hectares de terres sur la côte Pacifique de l’État du Michoacán : « Campainento en resistencia de Xayakalán, Santa Maria Ostuki, territorio del pueblo nahua, Michoacán », annonce à l’entrée une banderole.

Xayakalán – littéralement, la terre des masques – est le nom que les indigènes donnaient jadis à ce lieu, qui fait partie des terres appartenant à la communauté indigène d’Ostula. On appelle terres communales des terres qui relèvent non pas d’une municipalité mais d’une communauté indigène, laquelle en assure la répartition à travers une assemblée. Celle d’Ostula était spoliée, depuis plusieurs décennies, par un groupe d’exploitants métis d’Aquila – commune située à quelques kilomètres au nord – qui s’étaient emparés de force des terres côtières de la communauté.

Les occupants, affiliés au Congrès national indigène (CNI), invitaient à une Asamblea nacional indigena extraordinaria les 7, 8 et 9 août 2009 (la deuxième, après celle de Vícam). « Attendu la récupération d’une importante frange de terres appartenant au peuple nahua de la côte du Michoacán sur l’océan Pacifique, la proclamation et l’exercice du droit à l’autodéfense indigène qui lui sont liés, et ce depuis le 29 juin de l’année en cours, par la communauté nahua de Santa María Ostula en alliance avec les communautés nahuas d’El Coire et de Pómaro, invitation est faite à tous nos peuples de fortifier les luttes qu’ils mènent dans le but de mettre fin à la guerre de destruction déchaînée à notre encontre et à l’encontre de la Terre-Mère… », déclare la convocation du Congrès national indigène. Xayakalán accueillit des délégations des États du Michoacán, du Guerrero, de l’Oaxaca, du Sonora, de la Basse-Californie, du Jalisco, du Durango, de Mexico et du District fédéral (DF, la capitale) ; environ deux cent cinquante délégués répondirent à l’invitation, ainsi que cent trente observateurs, principalement mexicains, mais aussi quelques Européens et Américains du Nord. De leur côté, les occupants de Xayakalán témoignèrent, tout au long de ces trois jours, d’un sens de l’hospitalité et d’une générosité qui firent honneur à tout le peuple nahua.

 


ostula-2

La communauté d’Ostula participe au CNI depuis ses débuts, et elle a envoyé des délégués aux congrès de 1996, 1998, 2001 et 2006. Elle a également reçu la Commission Sexta de l’EZLN (Armée zapatiste de libération nationale) dans le cadre de La Otra Campaña au printemps 2006.

*

Les terres communales sont l’enjeu de conflits récurrents dans le centre et le sud du Mexique (1). L’expropriation des communs, qui a constitué dans les nations occidentales le préalable au développement capitaliste n’a pu s’achever au Mexique. Héritage du système colonial, qui a régi l’occupation des terres d’une autre façon que le système féodal européen, les communs lui ont survécu. Dans l’État-nation issu de l’indépendance se sont retrouvés à coexister deux modes de relation à la terre radicalement opposés. Le premier ne reconnaît qu’un droit d’usage sur une partie d’une possession commune, le second ne connaît que la propriété privée.

Lire la suite : Articles | Violence ? Parfois oui...

 

Un exemple parmis les dizaines d'activistes assassinés, enlevés emprisonnés...
Juan Faustino Nemesio, indigèned'Ostula retrouvé mort criblé de balles sur le terrain de football

 

En campo de fútbol de Ostula asesinan a vecino de Xayakalán 29/mayo/2011 0:00 En-campo-de-futbol-de-Ostula-asesinan-a-vecino-de-Xayakalan Historico Quadratin 0 Compartir 0 Tweet 0 print this page -A A + AQUILA, Mich., 29 de mayo de 2011.- Un nuevo hecho de sangre fue el que ocurrió en el pueblo de Ostula al medio día de este domingo, donde sujetos desconocidos ejecutaron con armas de fuego a un indígena ostulense vecino del pueblo de Xayakalán, dejándolo muerto en el campo de fútbol de la cabecera comunal. El reporte de lo sucedido se recibió en el Centro de Protección Ciudadana de Coahuayana aproximadamente a las dos de la tarde con cuarenta minutos, implementándose después un operativo para ir al lugar de los hechos con más de diez patrullas de la policía ministerial de la PGJE, del Grupo de Operaciones Especiales, de la policía estatal preventiva y de Dirección Municipal de Seguridad Pública de Aquila, encabezados por el agente del ministerio público de guardia en este fin de semana, encontrando en el lugar el cuerpo balaceado sin vida, de quien al ser llamado respondía al nombre de Juan Faustino Nemesio, de 44 años de edad, quien era originario de Ostula y vecino del pueblo de Xayakalán ubicado en los terrenos en conflicto entre la Comunidad Indígena de Aquila y pequeños propietarios de La Placita. Junto al cuerpo del occiso fueron encontrados 4 cascajos percutidos calibre .223 y uno de rifle AK 47, “cuerno de chivo”, presumiéndose que todos hicieron impacto en la humanidad de Juan Faustino Nemesio, siendo esta la causa de su muerte. Con respecto a lo sucedido se dijo que no hubo testigos del hecho, que solo se escucharon disparos de arma de fuego, y al ir a ver qué había pasado encontraron ya muerto a Juan Faustino Nemesio.

El texto original de Éste artículo fue publicado por Agencia Quadratín en la siguiente dirección: http://www.quadratin.com.mx/justicia/En-campo-de-futbol-de-Ostula-asesinan-a-vecino-de-Xayakalan/

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ILA, Mich., 29 de mayo de 2011.- Un nuevo hecho de sangre fue el que ocurrió en el pueblo de Ostula al medio día de este domingo, donde sujetos desconocidos ejecutaron con armas de fuego a un indígena ostulense vecino del pueblo de Xayakalán, dejándolo muerto en el campo de fútbol de la cabecera comunal. El reporte de lo sucedido se recibió en el Centro de Protección Ciudadana de Coahuayana aproximadamente a las dos de la tarde con cuarenta minutos, implementándose después un operativo para ir al lugar de los hechos con más de diez patrullas de la policía ministerial de la PGJE, del Grupo de Operaciones Especiales, de la policía estatal preventiva y de Dirección Municipal de Seguridad Pública de Aquila, encabezados por el agente del ministerio público de guardia en este fin de semana, encontrando en el lugar el cuerpo balaceado sin vida, de quien al ser llamado respondía al nombre de Juan Faustino Nemesio, de 44 años de edad, quien era originario de Ostula y vecino del pueblo de Xayakalán ubicado en los terrenos en conflicto entre la Comunidad Indígena de Aquila y pequeños propietarios de La Placita. Junto al cuerpo del occiso fueron encontrados 4 cascajos percutidos calibre .223 y uno de rifle AK 47, “cuerno de chivo”, presumiéndose que todos hicieron impacto en la humanidad de Juan Faustino Nemesio, siendo esta la causa de su muerte. Con respecto a lo sucedido se dijo que no hubo testigos del hecho, que solo se escucharon disparos de arma de fuego, y al ir a ver qué había pasado encontraron ya muerto a Juan Faustino

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26 janvier 2014 7 26 /01 /janvier /2014 00:26

 

 

 

Narcos Militaros

 

 

lundi 7 mars 2011, par Primitivi

Comment le gouvernement mexicain(et l'empire) installent la guerre et un climat ou protestations, indignations et dénonciations seront désormais dérisoires. par Alessi dell'umbria depuis Oaxaca

L'année 2010 s'annonçait exceptionnelle, à en croire les panneaux installés par le gouvernement le long des routes : un Mexique moderne allait fêter tout à la fois le bicentenaire de la Guerre d'Indépendance et le centenaire de la Révolution. Exceptionnelle, elle le fut vraiment. Chaque année, le 6 janvier, les enfants qui viennent au pied de l'Angel de la Independencia, à Mexico, déposent des messages aux Rois Mages. "Queridos Reyes Magos, No queremos la guerra de Calderón", voilà le message, pour 2011, sur une pancarte brandie par un niño de dix ans. Si le Mexique existe encore en 2110, il se souviendra que 2010 aura été l'une des années les plus sanglantes de toute son histoire. La "guerre au narcotrafic" aura fait à ce jour 34 000 morts et près de la moitié ont été tués en 2010. Une grande partie de ces morts sont considérés comme dommages collatéraux.

Faut-il dresser l'épouvantable comptabilité ? Le 22 octobre 2010, le journal Reforma recensait 9 598 exécutions dans le pays depuis le 1er janvier. Mais l'addition augmente d'heure en heure ; ce même jour, 14 jeunes étaient tués dans une fête d'anniversaire à Ciudad Juarez, Chihuahua. Le 24, 13 jeunes en désintoxication étaient tués dans un centre de cure à Tijuana, Basse Californie. Le 28, des pistoleros attaquaient trois bus transportant le personnel d'une maquiladora de Ciudad Juarez, tuant cinq ouvriers et en blessant quatorze. Le 30, 15 jeunes dont onze en cure de désintoxication étaient tués dans un carwash a Tepic, Nayarit. En janvier 2011 le porte-parole du cabinet de sécurité nationale a admis 13 593 exécutions pour toute cette année 2010. Ce qui ferait donc, en rapprochant ce chiffre de celui de la Reforma, 3995 pour les seules dix dernières semaines de l'année...

Ceux qui ne font que passer en direction des USA n'échappent pas davantage au danger. Ce sont les Zetas qui, avec la complicité notoire de la police, contrôlent le rackett des immigrants et exécutent les récalcitrants. Durant le même mois d'octobre 2010, une fosse était découverte à San Fernando, Tamaulipas, à une centaine de kms de la frontière. Les cadavres de 72 immigrants d'Amérique centrale y avaient été entassés. On peut seulement supputer que cette fosse constituait un message...

C'est que plus la frontière se rapproche, plus le danger se précise. La frontière n'est plus seulement une ligne de démarcation entre le primer mundo et les autres, faite de murs et de barbelés. La frontière est devenue un rapport social, qui implique la violence -quiconque exploite la frontière en trafiquant doit contrôler les voies de passage, éliminer les concurrents et intimider les mauvais payeurs. La drogue, comme l'immigrant clandestin, sont deux marchandises qui démultiplient leur valeur du simple fait de passer la frontière. A un certain point cependant la balance commerciale entre les deux côtés tend à se stabiliser : si la drogue latino traverse la frontière dans un sens, les armes de fabrication yankee la traversent en sens inverse.

La paranoïa, inhérente à la nation américaine, contamine le Mexique non pas malgré la frontière mais grâce à elle. Ces dernières années, plusieurs films ont bien illustré cette essence paranoïde de la frontière, comme "No country for old men" des frères Cohen ou "Los tres entierros de Melquiades Estrada" de Tommy Lee Jones. La nouveauté, avec la guerre de Calderón qui a débuté il y a quatre ans, tient à ce que la logique de la frontière s'étende bien au-delà de la ligne fortifiée, dans le but de convertir les Etats du Nord du Mexique en sas de sécurité des USA. Telles furent les consignes que Felipe Calderón reçut de Georges Bush en 2006. Mais, au plus le glacis de sécurité s'étend au-delà de la frontière, au plus les marchandises qui le traversent vont prendre de la valeur (ainsi un pollero qui prenait 600 $ pour conduire un clandestin de Tijuana à Los Angeles voici une quinzaine d'années prendra, aujourd'hui que les contrôles se sont multipliés, pas moins de 2000 $). Il n'y a donc aucune raison que ce circuit infernal s'épuise. Tout ceci a un prix social : aujourd'hui, selon même les très prudents observateurs de l'ONU, le Mexique se trouve au niveau de l'Irak et de l'Afghanistan en matière de violence.

*

La "guerre au narcotrafic" aura été le grand oeuvre du président Felipe Calderón. Le candidat du PAN (Partido de Acción Nacional), élu au moyen d'une gigantesque fraude électorale en 2006, dirige depuis le pays à l'avenant. La corruption des corps de police fut l'argument qui permit de déployer l'armée dans tout le pays sous prétexte de démanteler les cartels de la drogue. Certes, que la police en croque, nul n'en doute ; en 2009, plus de 2000 policiers ont été radiés des effectifs voire poursuivis pour collusion avec l'un ou l'autre des groupes criminels... Mais ce n'étaient là que les petites mains : des "repentis" ont fini par confirmer ce qui se chuchotait, à savoir que depuis des années des haut-gradés de la police escortent les convois de drogue vers les USA et assurent la protection des big boss.

L'armée serait-elle exempte ? Le fait que les narcos disposent d'armements et de munitions provenant directement des arsenaux militaires tend à prouver le contraire, et plus encore, le fait que ce sont quelques dizaines de transfuges du corps d'élite de l'armée, les "Grupos Aeromoviles de Fuerzas Especiales" (GAFES) qui ont créé en 1999 l'une de plus redoutables organisations criminelles du pays, les Zetas, groupe de tueurs initialement au service du cartel du Golfe. Rappellons aussi que les GAFES dont sont issus les Zetas avaient été créés en 1995 spécialement pour lutter contre l'insurrection au Chiapas. Ils ont suivi des entraînements aux USA et en Israel. L'armée américaine apporte aussi sa contribution, puisque nombre de chicanos ex-marines revenus d'Irak ou d'Afghanistan ont vendu leurs services à l'un ou l'autre des cartels mexicains...

Actuellement, un détenu sur trois parmi ceux arrêtés pour participation au narcotrafic fait partie ou a fait partie d'un service de police ou d'un corps de l'armée -il est tellement plus avantageux pour les cartels d'employer un flic ou un soldat déjà formé que d'entraîner un tueur... Il est en outre notoire que la quasi-totalité des services de renseignements de l'Etat, policiers ou militaires, vend à l'un ou l'autre des cartels les informations indispensables pour pouvoir localiser et éliminer les concurrents.

L'appareil de la Justice est tout aussi corrompu, avec ses magistrats parfaitement capables de fabriquer des chefs d'inculpations fantaisistes pour faire emprisonner des rebelles mais curieusement incapables de faire emprisonner certains tueurs ayant des dizaines d'homicides sur les bras. Les services fiscaux, bons à emmerder les petites gens pour des sommes dérisoires, sont tout aussi incapables de détecter les millions de $ du narcotrafic investis au vu et au su de tous en villas de luxe, en écuries automobile, en hotels et restaurants etc.

Du reste, le mot de corruption est faible quand il s'agit bien plutôt de complicité active dans les services de l'Etat et dans chacun des trois grands partis politiques. Au niveau fédéral, il n'y a pas eu, depuis longtemps, un président qui n'ait eu des liens privilégiés avec tel ou tel des cartels. Il se dit ainsi que si nul ne réussit à arrêter "El Chapo" Guzmán, en fuite depuis 2001, c'est qu'il aurait les faveurs du gouvernement -ce que confirme le faible nombre de membres du cartel de Sinaloa arrêtés, en comparaison avec les autres. Du plus petit échelon du pouvoir politique jusqu'au plus haut, c'est par la corruption et l'intimidation que l'on se fait élire, et cela coûte de l'argent. Un argent qui, par nature, ne peut être déclaré.

Tout aurait été pour le mieux dans le pire des mondes où toute la classe politique recevait des subventions des narcotrafiquants. Mais le grand frère yankee, plutôt que d'assumer la "guerre au narcotrafic" à l'intérieur de ses propres frontières, préfère l'exporter au-delà. Histoire de neutraliser un pays qui constitue depuis 1994 une poudrière. Cela fait donc quatre ans que le Mexique tout entier, et plus spécialement le Nord, vit dans un état d'exception non déclaré. L'article 29 de la Constitution permettrait au pouvoir législatif de déclarer un tel état ; les généraux mexicains, gênés de n'avoir aucun cadre légal précis pour soutenir leur action, y seraient favorables. En réalité, la déclaration ne serait plus qu'une formalité juridique, dont le gouvernement peut aussi bien se dispenser. Le général Guillermo Galván, Secrétaire à la Défense Nationale, a déclaré en janvier 2011 que la présence militaire dans les rues du pays va devoir durer encore dix ans. Le général regrette qu'il en soit ainsi, et suggère qu'une coopération plus étroite avec les USA pourrait raccourcir ce temps... Il se dit prêt à accepter toute proposition en ce sens. Ce petit chantage semble préparer le terrain à une présence militaire US sur le territoire mexicain, selon les dispositions appliquées en Colombie où depuis 2009 une dizaine de bases américaines ont été installées en accord avec le gouvernement, au nom de la lutte "contre le narcotrafic et le terrorisme", ce dernier étant assimilé aux mouvements de guérilla. Amalgame sur lequel Hillary Clinton insiste lourdement en évoquant le spectre d'une "narcoinsurgencia" lors de ses déplacements dans la capitale mexicaine. Ajoutons que des milliers de soldats et d'officiers mexicains reçoivent périodiquement un entraînement militaire en Colombie.

Le 14 avril 2010 s'est déroulée une réunion inédite à Washington : l'amiral Michael Mullen, chef d'état-major des USA -il a dirigé l'invasion de l'Afghanistan- réunissait dans son bureau ledit général Guillermo Galván et l'amiral Mariano Francisco Saynez, responsable de la Marine nationale mexicaine, avec le général Freddy Padilla, chef des forces armées colombiennes. Il s'agissait de "fortifier la coopération dans la lutte contre le narcotrafic et le terrorisme". C'est la première réunion trilatérale du genre. Le même général Mullen a déclaré le 12 janvier 2011 : "Sous certains aspects, cette guerre contre la drogue et notre façon de la mener sont très similaires à ce que nous avons vu dans d'autres guerres que nous avons menées". Le "nous" qu'il emploie est à lui seul parfaitement explicite, et de fait diverses voix évoquent ces derniers temps l'hypothèse d'une prochaine "invasion américaine du Mexique".

Celle-ci a cependant peu de chances de se produire. D'abord parce que la présence de soldats US sur le territoire mexicain serait de nature à provoquer des réactions que le gouvernement mexicain aurait beaucoup de mal à contrôler. Mais surtout, une telle présence serait parfaitement superflue. Parce que les USA ont d'ores et déjà envahi le Mexique.

L'invasion a commencé voici seize ans avec l'accord de libre-échange de l'ALENA. Elle se fit à l'initiative du PRI (Partido Revolucionario Institucional), au pouvoir depuis des décennies. Mais en ouvrant le pays aux capitaux et aux marchandises nord-américaines, le PRI sciait la branche sur laquelle il était assis. Avec l'entrée en vigueur de l'ALENA, il devait fatalement laisser place à un autre type de gouvernance, plus conforme à l'idéologie néo-libérale. La victoire du PAN aux élections présidentielles en 2000 marqua ce changement d'époque. Vicente Fox, avant de devenir président de la République cette année-là, était le PDG de Coca-Cola pour l'Amérique latine... Le PAN n'est que le parti des USA au Mexique. Il a son électorat de prédilection au sein de ces classes moyennes aisées qui voient dans son orthodoxie ultralibérale et son idéologie conservatrice la garantie de leur standard de vie à l'américaine. Le PRI continue cependant de sévir, dans nombre de municipalités et de gouvernements régionaux où sa maîtrise consommée des vieux mécanismes clientélistes lui assure une certaine fidélité électorale. 


 

 

Alèssi DELL'UMBRIA, Oaxaca janvier 2011.

primitivi.org

 

 

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