4 mai 2020 1 04 /05 /mai /2020 16:10

Un reportage d'ARTE

Message officiel diffusé en Chine dans le train Shangaï-Pékin au moment du départ

« En accord avec les départements d’état en charge du Crédit Social, les passagers sont soumis au système de notation des citoyens. Les personnes les moins bien notées seront limitées dans leurs déplacements.

Nous vous rappelons qu’il faut respecter la loi ou le règlement ,pour que cela n’affecte pas votre score de Crédit Social. »


 

Le crédit social, voici comment le présente une vidéo pédagogique du PCC au pouvoir en Chine

« Depuis 2013, nous avons mis en place un système de crédit social dans la province du Shandong. Nous avons attribué à toute la société des notes allant de AAA à D.

-J’ai un niveau de crédit AA, y a-t-il des avantages ? Vous pouvez être considéré comme un modèle. Il vous sera possible d’adhérer au parti, de bénéficier prioritairement de soutiens politiques et d’avoir un prêt sans hypothèque.

-J’ai conduit sous alcool et mon niveau de crédit a été rétrogradé à B ? Désolé vous ne pouvez donc pas adhérer au parti et vous ne pouvez pas être maire de village.

-J’ai été en détention administrative et mon niveau de crédit a été rétrogradé à C. Désolé, une fois que vous êtes discrédité vous avez des limites partout. Vous ne pouvez pas avoir de prêt.

-Je suis souvent passé en justice et mon niveau de crédit a été rétrogradé à D. Vous serez puni et vous serez intégré sur la liste noire des discrédités. Vous ne pourrez postuler à des postes de fonctionnaire, ni entrer dans l’armée, ni prendre l’avion. Vous ne pourrez bénéficier du soutien de l’état.

Respirez librement

Sentez-vous libre à Rongcheng »

Si nous ne pensons pas à la Chine, la Chine elle pense à nous, du moins son suprême dirigeant Xi Jiping, qui depuis qu’il a été intégré au projet de Nouvel Ordre Mondial né aux USA, a décidé de réinventer cet ordre à la sauce chinoise : il invente une communauté de destin pour l’humanité qui est décrite dans ses grandes lignes par XinHuan, presse chinoise en français, Xi Jinping : le concept de communauté de destin pour l'humanité se concrétise, je vous invite chaudement à lire cet article dont extrait :

« Dans son discours, M. Xi a indiqué que construire une communauté de destin pour l'humanité consistait, en substance, à relier étroitement l'avenir et le destin de chaque nation et de chaque pays, à partager le bonheur et le malheur, et de faire de la planète Terre une famille harmonieuse.

Il a souligné que des efforts étaient nécessaires pour bâtir un monde sûr et sans peur. Selon lui, un pays ne peut pas connaître la sécurité si les autres n'en bénéficient pas. Les menaces auxquelles font face les autres pays pourraient également le menacer.

"Face à des menaces de plus en plus complexes et intégrées, nous ne devons pas lutter seul, ni vénérer la force militaire", a-t-il souligné, ajoutant que tous les pays devaient poursuivre un nouveau concept de sécurité caractérisé par le développement commun, complet, coopératif et durable.

Tous les pays doivent créer un environnement de sécurité juste, équitable et partagé afin d'éliminer conjointement la cause fondamentale des guerres et d'aider les personnes à sortir des douleurs de la guerre, a-t-il poursuivi. »

un environnement de sécurité juste, équitable et partagé les beaux discours du soft power chinois, c’est bien joli, j’espère que le reportage d’Arte vous aidera à comprendre ce qui se cache derrière ces mots, à la lumière de la manière dont le PCC applique ces concepts à ses propres citoyens, et pourquoi je dis que la Chine non seulement pense à nous, mais pire, prétend penser POUR nous.


 

Je crois que cette pandémie est aussi l’occasion d’une réorganisation des sphères de pouvoir mondial, à travers la guerre interne des tendances qui le compose.

En ce qui concerne les Globalistes et la Chine, je vous propose le changement radical d’attitude de George Soros en 1O ans – alors que d’autres parts j’ai entendu des allusions aux globalistes qui seraient toujours en alliance avec le PCC – pour montrer que rien n’est simple, que ce mouvement de strates de pouvoir ne se fait pas sans fissures et recomposition.

En 2009, George Soros un des chefs de file des Globalistes insiste pour que la Chine soit d’avantage intégrée à la construction du Nouvel Ordre Mondial, un Nouvel Ordre Financier, il préconise même qu’à terme elle en prenne la direction.

Dix ans plus tard, en 2019 à Davos, c’est un tout autre de cloche, le même Soros se lance dans une diatribe contre la Chine. Il lance l’alerte contre les développement chinois de ‘l’intelligence artificielle qui entre les mains d’un régime répressif constitue un danger mortel. Il présente alors Xi Jinping contre le plus grand danger auquel doivent faire face les sociétés ouvertes. Il stigmatise le système de crédit social qui doit permettre au PCC d’évaluer le comportement de chaque citoyen du pays, de sa vie sociale jusqu’au plus profond de sa sphère privée, afin de déterminer l’intensité de son allégeance au PCC, qui déterminera ses droits économiques. Rappelons qu’en Chine, les citoyens ont des droits économiques, pas de droits politiques.


 

Si mon projet de monde est en guerre avec celui d’un Trump ou d’un Soros, je ne peux qu’être d’accord avec eux quand ils signalent le danger qu’il y a à faire de la Chine notre principal pourvoyeur de technologies, en particulier celles qui prennent le comportement des habitants pour cible. A quand le Snowden chinois ? Parce que nous ne le voyons pas dans ce reportage, mais il existe une résistance en Chine, et parmi cette résistance beaucoup de hackers et autres spécialistes des technologies de pointe.

Nous ne devons jamais oublier non plus que la Chine contemporaine et son suprême dirigeant en particulier, sont les héritiers de la « Révolution Culturelle » un lavage de cerveau généralisé – un grand traumatisme collectif - à l’échelle d’une nation dont les concepts et pratiques sont toujours en vigueur dopés par les progrès de la technologie.

 

Mao : les humiliés de la révolution culturelle dont faisait partie le père de Xi ancien haut fonctionnaire du PCC

Mao : les humiliés de la révolution culturelle dont faisait partie le père de Xi ancien haut fonctionnaire du PCC

Du côté de la résistance :

Comme je suis une grande patriote, je suis heureuse de vous annoncer que plus de 900 professionnels de la santé de Belgique dont plus de 400 médecins ont signés une pétition qui exige un moratoire sur l’installation de la 5G dans notre pays. Nous n’aurons pas non plus de traçage des condamnés personnes contaminées par Sars-cov-2, mais un système comme celui qui avait été mis en place en Allemagne, un réseau de télécommunication chargé de prévenir les personnes qui auraient été en contact avec une personne porteuse du coronavirus…


 

Je crois qu’il est temps de se réveiller et de s’intéresser de plus près à ces gens qui veulent notre bien – y compris malgré et contre nous - et disposent d’un pouvoir d’influence mondiale, que soit Gates, Xi Jinping ou d’autres.

Anne W


 

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28 avril 2020 2 28 /04 /avril /2020 22:23

 

Appel au boycott de l’application Stop-COVID19

Écran Total, 27 avril 2020

Ne nous y trompons pas, la distance sociale a commencé il y a des années.

Ne nous y trompons pas, la distance sociale a commencé il y a des années.

La crise sanitaire a des chances importantes de précipiter l’avènement d’un nouveau régime social

Du point de vue sanitaire, l’épidémie de COVID-19 mettra du temps à livrer tous ses mystères. Le brouillard qui entoure l’origine de la maladie, sa diffusion et sa létalité ne pourra se dissiper que lorsqu’elle cessera de frapper dans autant de pays à la fois. A ce jour, personne n’a l’air de savoir quand une telle accalmie se produira. D’ici là, pour continuer de vivre, nous ne devons ni sous-estimer, ni surestimer cette épidémie en tant que telle.

Par contre, ce que nous sentons très clairement, c’est que la crise sanitaire a des chances importantes de précipiter l’avènement d’un nouveau régime social : un régime basé sur une peur et une séparation accrues, encore plus inégalitaire et étouffant pour la liberté. Si nous prenons la peine de lancer cet appel, c’est que nous pensons que cela n’est pas joué d’avance et que des possibilités vont se présenter, pour les populations, de l’empêcher. Mais alors que nous, simples citoyens, ressentons violemment la fragilité de nos existences face à la menace du virus et d’un confinement long, l’ordre politique et économique en vigueur semble, lui, à la fois ébranlé et renforcé par la secousse en cours. Il paraît en même temps fragile, et très solide sur ses bases les plus « modernes », c’est-à-dire les plus destructrices socialement.

Bien sûr, il n’a pas échappé à grand-monde que la situation présente a permis aux gouvernements de nombreux pays de tétaniser, pour un temps indéterminé, les contestations parfois extrêmement vives dont ils faisaient l’objet depuis plusieurs mois. Mais ce qui est tout aussi frappant, c’est que les mesures de distanciation interpersonnelle et la peur du contact avec l’autre générées par l’épidémie entrent puissamment en résonance avec des tendances lourdes de la société contemporaine. La possibilité que nous soyons en train de basculer vers un nouveau régime social, sans contact humain, ou avec le moins de contacts possibles et régulés par la bureaucratie, est notamment décelable dans deux évolutions précipitées par la crise sanitaire : l’aggravation effrayante de l’emprise des Technologies de l’information et de la communication (TIC) sur nos vies ; et son corollaire, les projets de traçage électronique des populations au nom de la nécessité de limiter la contagion du COVID-19.

« Restez chez vous »… sur Internet « du lit à l’ordi »

Dès les premiers jours du confinement, il était clair qu’une des conséquences sociales immédiates de la pandémie, en Espagne et en France, serait la radicalisation de notre dépendance à l’informatique. Au train où allaient les choses, il semblait pourtant difficile d’accélérer ! Mais avec l’enfermement au domicile, pour beaucoup, les écrans deviennent un mode quasi-exclusif d’accès au monde ; le commerce en ligne explose, et même l’organisation de réseaux d’approvisionnements locaux en légumes et produits frais passe souvent par des sites Internet ; la consommation de jeux vidéo s’envole ; le nombre de consultations de « télémédecine » montent en flèche (alors qu’elles n’apportent rien de plus en général qu’une conversation téléphonique) ; la « continuité pédagogique » se fait aussi par ordinateur, au mépris de toutes les recommandations médicales de limiter l’exposition des enfants aux écrans ; et des millions de personnes se retrouvent à travailler chez elles – non plus « métro-boulot-dodo », mais directement « du lit à l’ordi ».

Les grands médias ne voient en général rien d’inquiétant à cette réduction de toutes les activités humaines à une seule. Au contraire, ils applaudissent d’autant plus les initiatives de solidarité qu’elles passent par un site, une plateforme, un groupe sur messagerie… Ils encouragent tout un chacun à se résigner au fait de prendre l’apéritif seuls-ensemble [1], « par » Skype, et trouvent même des croyants ravis de communier pour Pâques par écrans interposés.

A cette campagne incessante de promotion de la vie numérique ne répond aucune alarme dans le débat d’idées : l’informatisation totale ne semble un problème pour personne. Des journalistes, des économistes, des hommes d’État, des deux côtés des Pyrénées, nous serinent qu’il faudra à l’avenir ne pas rester si dépendants de l’industrie chinoise pour les médicaments, le textile, etc. ; mais leur souci d’indépendance nationale les amène rarement à se préoccuper du fait que le secteur du numérique tout entier repose sur les mines et les usines asiatiques, souvent de véritables bagnes industriels qu’il est très difficile d’imaginer « relocaliser ». D’autres voix s’élèvent, qui ne s’en tiennent pas à la critique de la mondialisation des échanges, et réclament un changement profond de « notre modèle de développement ». Mais elles éludent la place centrale du numérique dans ce modèle, et ne signalent pas que rien ne pourra changer en matière de précarisation sociale et d’écologie si nous continuons de tout faire par Internet.

Les start-up nations : un monde profondément déshumanisé et kafkaïen.

Le président Macron, quant à lui, se permet de faire des allusions répétées au programme du Conseil national de la Résistance et à son esprit de compromis social ; mais dans les faits, le projet de conversion de la France en start-up nation n’est nullement en pause, au contraire il connaît un grand bond en avant. Cette nouvelle ère de travail sans contact permet de compléter l’offensive contre les salariés entamée bien avant le coronavirus : suppression massive de postes au profit d’applications, de plateformes et de robots ; réduction du travail relationnel au profit de réponses automatisées pilotées par algorithmes ; perte de sens du travail supplanté par d’absurdes routines bureautiques ; exploitation accrue, et affaiblissement des capacités de résistance des salariés, de plus en plus isolés les uns des autres.

Le confinement est ainsi une aubaine pour s’approcher de l’objectif de remplacement de tous les services publics par des portails en ligne, fixé par le plan Action publique 2022. Comme on le voit avec la suppression des guichets SNCF, cette numérisation accélère la privatisation des services publics, par le transfert de leur travail à des plateformes commerciales aux pratiques opaques, fondées sur le profilage massif des individus. Elle évince violemment l’ensemble des usagers peu ou pas connectés – un cinquième de la population, parmi lesquels les personnes âgées, les plus vulnérables économiquement et les récalcitrants. Elle oblige désormais des catégories en voie de paupérisation massive à s’acheter parfois autant d’équipements informatiques « de base » (PC, smartphone, imprimante, scanner…) que le foyer compte de membres Elle nous fait basculer dans un monde profondément déshumanisé et kafkaïen.

« La numérisation de tout ce qui peut l’être est le moyen pour le capitalisme du XXIe siècle d’obtenir de nouvelles baisses de coût […] Cette crise sanitaire apparaîtra peut-être rétrospectivement comme un moment d’accélération de cette virtualisation du monde. Comme le point d’inflexion du passage du capitalisme industriel au capitalisme numérique, et de son corollaire, l’effondrement des promesses humanistes de la société [de services]. » [2]

La stratégie du choc numérique

Cette analyse de bon sens n’est pas le fait d’un contempteur du néolibéralisme, en colère contre les choix politiques faits depuis quarante ans sous la pression des milieux d’affaires. Elle est d’un économiste de centre-gauche, participant au Conseil de surveillance du journal Le Monde. Elle suffit pour comprendre que si « stratégie du choc » [3] il y a, dans le contexte actuel, elle se trouve en bonne partie sous nos yeux, dans ce surcroît de numérisation de la vie domestique et économique.

Il nous semble juste de parler de stratégie du choc numérique, au sens où la crise sanitaire crée l’occasion de renforcer la dépendance aux outils informatiques, et de déployer des projets économiques et politiques pré-existants : enseignement à distance, recours massif au télétravail, « e-santé », Internet des objets et robotisation, élimination de l’argent liquide au profit de la monnaie électronique, promotion de la 5G, smart city… On peut aussi faire figurer dans ce tableau les projets de suivi des individus par leur smartphone, au-delà de ce qui se pratiquait déjà en matière de surveillance policière, de marketing, ou de rencontres amoureuses par applications dédiées. Ainsi le risque n’est-il pas seulement que les choses restent « comme avant », mais qu’elles empirent nettement.

Harmonie à la Chinoise (19ème congrès du PCC)

Harmonie à la Chinoise (19ème congrès du PCC)

Quand la Chine s’éveille en nous ?

Il est à peu près acquis que plusieurs gouvernements européens vont mettre en place de nouveaux dispositifs de surveillance par smartphone, en contrepartie de la sortie, ou du relâchement, du confinement. Alors qu’à la peur de tomber malade s’ajoute la lassitude et l’impossibilité économique de rester confinés pendant des mois, c’est un véritable chantage auquel les populations sont soumises.

Prenons la mesure de l’imposture : dans un contexte de pénurie grave des moyens ordinaires pour lutter contre la contagion (trop peu de masques et de blouses à l’hôpital, manque de soignants et de lits à l’hôpital et en dehors, peu de tests), on nous propose à la place un gadget de science-fiction, les applications de détection électronique de la transmission du coronavirus. Aucune annonce claire n’est faite dans le sens d’un soutien financier massif et structurel aux hôpitaux publics pour faire face à une crise qui va durer ; par contre, on s’apprête à franchir un nouveau cap dans la traçabilité systématique des déplacements et des relations sociales – au moins, dans un premier temps, pour ceux qui l’acceptent. Les résultats sanitaires sont plus qu’incertains ; les conséquences politiques, elles, ne font pas de doute.

Car le fait de se savoir tracé en permanence est source de conformisme et de soumission aux autorités, même quand on ne vit pas sous une dictature [4]. Les éléments de langage gouvernementaux assurent que les informations données par les applications de traçage des personnes porteuses du COVID-19 seront anonymisées puis détruites, mais il suffit de lire les mémoires d’Edward Snowden à propos de la surveillance électronique pour voir que ce genre de garantie ne tient pas [5]. Qui plus est, un coup d’œil à l’histoire récente des technologies montre qu’il n’y a pratiquement jamais de retour en arrière avec les dispositifs liberticides introduits en temps de crise : si elles sont mises en œuvre à grande échelle sous l’égide de l’État, les applications de traçage resteront, et il sera difficile d’en empêcher l’extension à toute la population. Pensons au fichage ADN, introduit à la fin des années 1990 suite à une série de meurtres à caractère sexuel et dont les ministres de l’époque juraient qu’il resterait toujours limité aux grands criminels – de nos jours, il est devenu quasi-automatique, quand on est arrêté pour être resté un peu tard en manifestation. Pensons aussi, tout simplement, que nous n’avons aucune idée de la durée de l’épisode épidémique où nous sommes entrés début mars – six mois ? trois ans ? bien plus ?

En tous cas, cet épisode est marqué par l’idée que l’efficacité, en matière de lutte contre les coronavirus, serait à chercher du côté de l’Asie en général et de la Chine en particulier. En France, médias et politiques portent plutôt leur regard vers la Corée du Sud, Taïwan ou Singapour, dont l’hyper-modernité technologique n’est pas associée (à tort ou à raison) au despotisme politique. En Espagne, par contre, le début de la crise sanitaire a vu la presse dominante se demander ouvertement si la « démocratie » n’est pas un fardeau qui condamne à l’inefficacité, tandis que de vieux politiciens « libéraux » faisaient part de leur admiration pour l’autoritarisme chinois high tech : géolocalisation des téléphones mobiles, systèmes de notation sociale [social ranking] alimentée par les données recueillies en permanence sur les citoyens avec Internet, reconnaissance faciale, usage de drones pour surveiller et sanctionner la population. C’est un des éléments du tournant que nous vivons peut-être : nous avons été habitués depuis des décennies à lire notre avenir dans les évolutions de la société nord-américaine, et tout à coup, c’est la Chine post-maoïste qui semble devenir notre horizon – elle qui fait un usage véritablement décomplexé des innovations de la Silicon Valley.

La surenchère technologique ne peut que nourrir les effondrements écologiques et sanitaires

Pour l’heure, le recours par les autorités politiques européennes aux applications de traçage des smartphones pour traquer le COVID-19 relève d’une forme de bluff [6]. C’est une mesure d’accompagnement psychologique, pour donner l’impression qu’elles agissent, qu’elles peuvent quelque chose, qu’elles ont des idées pour maîtriser la situation. Alors qu’il est manifeste qu’elles ne maîtrisent rien, en tous cas dans des pays comme les nôtres ou comme l’Italie. Par contre, dans toute l’Europe, elles emboîtent le pas aux milieux d’affaire qui réclament la reprise du travail et la relance de l’économie ; il est donc d’autant plus urgent de sortir des « applis » magiques de leurs chapeaux, puisqu’elles n’ont visiblement rien d’autre à leur disposition pour protéger les populations.

Des dispositifs comme la géolocalisation électronique servent en fait à assurer le maintien d’une organisation sociale pathologique, tout en prétendant limiter l’impact de l’épidémie que nous connaissons aujourd’hui. Le traçage du coronavirus vise à sauver (momentanément) un type de monde où l’on se déplace beaucoup trop, pour notre santé et celle de la Terre ; où l’on travaille de plus en plus loin de chez soi, en côtoyant au passage des milliers de gens qu’on ne connaît pas ; où l’on consomme les produits d’un commerce mondial dont l’échelle exclut toute régulation morale. Ce que les promoteurs de la géolocalisation cherchent à préserver, ce n’est donc pas d’abord notre santé, ni notre « système de santé » : c’est la société de masse. C’est même une société de masse renforcée, au sens où les individus qui la composent seront encore plus esseulés et renfermés sur eux-mêmes, par la peur et par la technologie.

Alors que la pandémie actuelle devrait nous inciter à transformer radicalement une société où l’urbanisation galopante, la pollution de l’air et la surmobilité peuvent avoir des conséquences aussi incontrôlables, le déconfinement géré par big data menace de nous y enfoncer un peu plus. L’émergence du COVID-19, comme celle des autres grands virus depuis l’an 2000, est reliée par de nombreux chercheurs à la déforestation qui oblige beaucoup d’espèces animales à se retrouver en contact imprévu avec les humains. D’autres mettent en cause les élevages intensifs concentrationnaires, arrosés d’antibiotiques mutagènes. Dire que la réponse au COVID-19 doit être technologique (comme Stéphane Richard, le PDG d’Orange dans Le Monde du 1er avril), c’est poursuivre la fuite en avant dans une logique de puissance et de maîtrise illusoire de la nature, dont la crise écologique nous montre chaque jour l’échec. L’impact de l’industrie numérique sur les écosystèmes est déjà intenable. Elle a créé une ruée sur les métaux qui dévaste les zones les plus préservées de la planète. Elle s’appuie sur une industrie chimique particulièrement polluante et engendre des montagnes de déchets. Du fait de la multiplication des data center et de l’augmentation permanente du trafic Internet, elle fait carburer les centrales électriques et émet autant de gaz à effet de serre que le trafic aérien [7].

Qui plus est, le mode de vie connecté est globalement nocif pour notre santé. Addictions, difficultés relationnelles et d’apprentissage chez les plus jeunes, mais aussi électro-hypersensibilité : l’Agence de sécurité sanitaire (Anses) estime ainsi à 3,3 millions le nombre de Français qui disent en souffrir (soit 5 % de la population), et affirme la nécessité d’importantes recherches pour comprendre comment ces souffrances se déclenchent et s’amplifient [8]. Ajoutons à cela les doutes qui entourent le caractère cancérogène des ondes électromagnétiques artificielles, considéré comme possible par l’OMS. Les liens établis entre tumeurs au cœur (chez des rats) et ondes 2G/3G par le National Toxicology Programm américain en 2018 [9] ne font pas l’objet d’un consensus scientifique, mais le doute est toujours à décharge pour les industriels de la téléphonie mobile : il sert de justification à la fuite en avant, jamais au principe de précaution.

D’ailleurs, au premier rang de la stratégie du choc menée par le gouvernement français figure l’installation simplifiée des antennes-relais, contestées par tant de riverains et d’associations, notamment pour motifs de santé. La loi d’urgence du 25 mars 2020 permet leur déploiement sans l’accord de l’Agence nationale des fréquences. Dans le même temps, l’explosion du trafic Internet lié au confinement justifie la poursuite du déploiement du réseau 5G – c’est en Italie que les choses s’accélèrent le plus [10]. Alors que des scientifiques et des citoyens du monde entier s’y opposent depuis plusieurs années, la presse rabat les inquiétudes qui s’expriment à ce sujet, en différents endroits du monde, sur des thèses improbables reliant la propagation du COVID-19 aux ondes 5G. Les Gafam vont jusqu’à envisager ces derniers jours de supprimer de nombreuses publications en ligne qui alarment sur les effets de cette nouvelle étape dans l’intensification des champs électromagnétiques artificiels. Or, ces alarmes sont souvent parfaitement légitimes : d’une part parce que déployer, sans en connaître les effets, une source de pollution électromagnétique au moins deux fois supérieure à celle de tous les réseaux déjà existants est une aberration du point de vue du principe de précaution ; d’autre part parce que le danger le plus avéré du réseau 5G est qu’il doit servir d’infrastructure à la prolifération des objets connectés, des voitures automatiques et, globalement, d’une société hyperconsumériste dont les effets sociaux et écologiques sont intenables.

Arrêter l’escalade

Bref, les technocrates du monde entier prétendent nous préserver du coronavirus aujourd’hui, en accélérant un système de production qui compromet déjà notre survie demain matin. C’est absurde, en plus d’être voué à l’échec.

Nous n’avons pas besoin de technologies qui nous déresponsabilisent, en disant et décidant à notre place où nous pouvons aller. Ce dont nous avons besoin, c’est d’exercer notre responsabilité personnelle, pour pallier les défaillances et le cynisme des dirigeants. Nous avons besoin de construire par le bas, avec l’aide des soignants, des règles de prudence collective raisonnables et tenables sur la longue durée. Et pour que les inévitables contraintes fassent sens, nous n’avons pas seulement besoin de savoir en temps réel quelle est la situation dans les services d’urgence. Nous avons besoin d’une réflexion collective et conséquente sur notre santé, sur les moyens de nous protéger des multiples pathologies que génère notre mode de vie : les futurs virus, autant que leurs divers facteurs de « co-morbidité », tels que l’asthme, l’obésité, les maladies cardiovasculaires, le diabète et bien sûr le cancer [11].

Cette crise met une fois de plus en évidence le problème de la dépendance des peuples envers un système d’approvisionnement industriel qui saccage le monde et affaiblit notre capacité à nous opposer concrètement aux injustices sociales. Nous percevons que seule une prise en charge collective de nos besoins matériels, à la base de la société, pourrait permettre, dans les troubles à venir, de trouver à manger, de se soigner, d’accéder aux services de base. Il faut comprendre que l’informatisation va à l’encontre de ces nécessaires prises d’autonomie : le système numérique est devenu la clé de voûte de la grande industrie, des bureaucraties étatiques, de tous les processus d’administration de nos vies qui obéissent aux lois du profit et du pouvoir.

Il se dit régulièrement qu’à un moment donné de cette crise, il faudra demander des comptes aux dirigeants. Et comme à l’accoutumée, les réclamations en matière de dotations budgétaires, d’abus patronaux et financiers, de redistribution économique, ne manqueront pas. Mais à côté de ces indispensables revendications, d’autres mesures sont à prendre nous-mêmes ou à arracher aux décideurs, si nous voulons préserver notre liberté – c’est-à-dire si nous voulons préserver la possibilité de combattre les logiques de concurrence et de rentabilité, de construire un monde où la peur de l’autre et l’atomisation de la population ne dominent pas pour longtemps.

  1. Ces jours-ci, il semble que de nombreuses personnes laissent leur smartphone chez elles, quand elles quittent leur domicile. Nous appelons à la généralisation de ce genre de geste et au boycott des applications privées ou publiques de traçage électronique. Au-delà, nous invitons chacun et chacune à réfléchir sérieusement à la possibilité d’abandonner son téléphone intelligent, et de réduire massivement son usage des technologies de pointe. Revenons enfin à la réalité.

  2. Nous appelons les populations à se renseigner sur les conséquences économiques, écologiques et sanitaires du déploiement planifié du réseau dit 5G, et à s’y opposer activement. Plus largement, nous invitons chacun et chacune à se renseigner sur les antennes de téléphonie mobile qui existent déjà près de chez soi, et à s’opposer aux installations de nouvelles antennes-relais.

  3. Nous appelons à une prise de conscience du problème de la numérisation en cours de tous les services publics. Un des enjeux de la période d’après-confinement (ou des périodes entre deux confinements ?) sera d’obtenir que des guichets physiques soient encore ou à nouveau disponibles pour les habitants des villes et des campagnes, dans les gares, à la Sécurité sociale, dans les préfectures et autres administrations. Des batailles mériteraient d’être engagées pour la défense du service postal (essentiel par exemple à la circulation d’idées sans numérique) et le maintien d’un service de téléphone fixe, bon marché et indépendant des abonnements à Internet.

  4. Une autre bataille essentielle pour l’avenir de la société est le rejet de l’école numérique. La période critique que nous vivons est mise à profit pour normaliser l’enseignement à distance par Internet, et seule une réaction d’envergure des enseignants et des parents pourra l’empêcher. Malgré toutes les critiques qu’on peut faire de divers points de vue à l’institution scolaire, la période actuelle devrait illustrer aux yeux d’un grand nombre qu’il y a du sens à apprendre à plusieurs et qu’il est précieux pour les enfants d’être au contact d’enseignants en chair et en os.

  5. L’économie n’est pas et n’a jamais été à l’arrêt ; les conflits sociaux ne doivent donc pas l’être non plus. Nous soutenons toutes celles et ceux qui se sentent mis en danger, du point de vue de la santé, à leur poste de travail habituel ou dans leurs déplacements. Mais nous attirons aussi l’attention sur les abus et les souffrances dans le cadre du télétravail, à domicile. Certains d’entre nous dénoncent l’informatisation du travail depuis des années ; il est clair que l’extension du télétravail contraint est un processus à endiguer par de nouvelles formes de luttes, de boycott, de retrait.

  6. Du point de vue économique, les mois à venir s’annoncent terribles. Un appauvrissement très important des populations est possible, au même titre que des effondrements bancaires et monétaires. Face à ces périls, il nous faut penser à comment manger et comment cultiver des terres ; comment s’inscrire dans des réseaux d’approvisionnement de proximité, et comment étendre ces possibilités au plus grand nombre ; comment soutenir les agriculteurs qui produisent de la nourriture saine près de chez nous et comment aider d’autres à s’installer. Ce que nous avons dit plus haut explique pourquoi nous pensons que le recours à la technologie de pointe pour faire tout cela n’est pas une solution humaine et pérenne.

  7. Enfin, il va nous falloir défendre les moyens de nous rencontrer physiquement, inventer ou retrouver des lieux de discussion publique dans ce contexte difficile où vont se jouer des batailles décisives. Bien sûr, il faudra prévoir des modalités qui prennent en compte les risques de contagion. Mais la vie connectée ne peut durablement se substituer à la vie vécue, et les succédanés de débats par Internet ne remplaceront jamais la présence en chair et en os, le dialogue de vive voix. Chacune et chacun doit réfléchir dès maintenant à la manière dont il est possible de défendre ce droit à la rencontre (réunions d’habitants, assemblées populaires, manifestations), sans lequel aucun droit politique n’est possible, et sans lequel aucun rapport de force, pour quelque lutte que ce soit, ne peut jamais se constituer.

Confinés à distance les uns des autres, nous avons élaboré cet appel par Internet et nous nous appuyons sur des revues et journaux en ligne, en France et en Espagne (traduction en cours), pour le faire connaître. Nous le faisons toutefois aussi imprimer, pour le faire circuler dès ces jours-ci, de toutes les façons qui nous sembleront adaptées à la situation. Vous pouvez demander le texte aux éditions La Lenteur, 13 rue du Repos, 75020 Paris (adresse de circonstance) : contribution libre, en chèque à l’ordre des éditions ou tout simplement en timbres postaux.

Texte initié parle collectif Ecran total (résister à la gestion et l’informatisation de nos vies) et le groupe de travail «digitalizacion, TIC y 5G » de l’organisation Ecologistas en accion. 

 

Contacts en France :
Écran total, Boîte postale 8 ;
3 et 5 rue Robert Judet,
23 260 Crocq ;
ou <ecrantotal[-at-]riseup.net>

 

Publié sur le site de Terrestres, revue des livres, des idées et des écologies le 27 avril 2020.

 


[1] Référence à l’ouvrage de Sherry Turkle, Seuls ensemble. De plus en plus technologie, de moins en moins de relations humaines, traduction française éd. L’Echappée, 2015.

[2] Extrait de l’interview de Daniel Cohen, “La crise du coronavirus signale l’accélération d’un nouveau capitalisme : le capitalisme numérique”, Le Monde, 3 avril 2020. Cette citation n’implique évidemment pas un accord profond avec les catégories employées par Cohen : en réalité, le numérique approfondit le caractère industriel du capitalisme, et la société post-industrielle dont il parle n’existe pas.

[3] Référence à la formule et à l’ouvrage de Naomi Klein, La Stratégie du choc : la montée d’un capitalisme du désastre, traduction française éd. Actes Sud, 2008. Ce livre partait de l’exemple des opportunités ouvertes aux milieux d’affaires américains par l’ouragan Katrina en Louisiane, en 2005.

[4] Voir à ce sujet le chapitre 2 de l’ouvrage du Groupe MARCUSE, La Liberté dans le coma. Essai sur l’identification électronique et les motifs de s’y opposer, Vaour, La Lenteur, 2019, notamment les pages 121 à 131.

[5] Edward Snowden, Mémoires vives, Paris, Seuil, 2019. Pour être précis, Snowden insiste sur l’impossibilité de faire disparaître définitivement des données enregistrées. Quant à l’impossibilité de les anonymiser, on peut se référer aux analyses de Luc Rocher, “Données anonymes, bien trop faciles à identifier”, 17 septembre 2019, sur le site The Conversation <www.theconversation.com>.

[6] Voir l’analyse à ce propos de l’association La Quadrature du Net, publiée sur leur site le 14 avril, qui souligne entre autres le manque de fiabilité de la technologie Bluetooth, son manque de précision pour indiquer des contacts avec des personnes testées « positives » notamment dans les zones densément peuplées, et la difficulté à l’utiliser/l’activer pour beaucoup de gens.

[7] Voir entre autres la synthèse de Cécile Diguet et Fanny Lopez dans le cadre de l’Ademe, L’impact spatial et énergétique des data centers sur les territoires, en ligne sur <www.ademe.fr>.

[8] Voir l’article de Pierre Le Hir, “Electrosensibles : des symptômes réels qui restent inexpliqués”, Le Monde, 27 mars 2018.

[9] Sur le site de l’association Priartem.

[10] En Espagne, au contraire, une pause a été décrétée.

[11] Rappelons simplement que selon une étude publiée dans le journal scientifique The Lancet en 2017, la pollution de l’eau, de l’air et des sols tue 9 millions de personnes chaque année ; voir Le Monde, 20 octobre 2017.

Source : Et vous n’avez encore rien vu

 

Digifascination

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22 avril 2020 3 22 /04 /avril /2020 10:17

Que le SARS-cov-2 ait été fabriqué en laboratoire, que cela se soit passé en Chine ou n’importe où ailleurs ou qu’il soit le résultat de nos manières d’habiter la planète est secondaire puisque ce qui est certain c’est que nous vivons les chroniques d’une pandémie annoncée.

 

Or les mêmes qui ont anticipé et modélisé cette pandémie comme Bill Gates ou la Fondation Rockefeller sont des promoteurs et praticiens de l’eugénisme, une tradition idéologique qui aux États-Unis émerge à la fin du 19ème siècle et dont les prémisses étasuniennes serviront de fondations au racialisme nazi. (et non l’inverse).

 

Pour répondre à la question posée par le titre il nous faut remonter aux racines de cette idéologie afin de comprendre si la pandémie prend place de même que d’autres pratiques dans les plans des eugénistes. C’est d’autant plus important que ces mêmes fondations et organisations ont depuis longtemps infiltrés tous les rouages de l’OMS, la Fondation de Bill Et Melinda Gates fait partie de ses principaux bailleur de fonds. J’y reviendrai.

 

«War Against the Weak: Eugenics and America's Campaign to Create a Master Race » , La guerre contre les faibles d’Edwin Black retrace l’histoire de l’eugénisme étasunien depuis ses racines. Dans un article The Horrifying American Roots of Nazi Eugenics, il raconte l’essentiel du contenu de son ouvrage. Le texte est anglais, ma compréhension de l’anglais est loin d’être excellente, je me suis fait aider par Google traduction et linguee, je conseille donc à ceux qui le comprennent bien de lire le texte original.

Un virus opportun ? Des racines étasuniennes de l’eugénisme

Les horribles racines étasuniennes de l’eugénisme nazi.

Par Edwin Black

 

 

Hitler et ses acolytes ont victimisé tout un continent et exterminé des millions de personnes dans leur quête d'une prétendue « race des maîtres ».

Mais le concept d'une race nordique de maître blanc, aux cheveux blonds et aux yeux bleus ne vient pas d'Hitler. L'idée a été créée aux États-Unis et cultivée en Californie, des décennies avant l'arrivée au pouvoir d'Hitler. Les eugénistes californiens ont joué un rôle important, bien que peu connu, dans la campagne du mouvement eugéniste américain pour le nettoyage ethnique.

L'eugénisme était la pseudoscience raciste destinée à exterminer tous les êtres humains jugés «inaptes», ne préservant que ceux qui se conformaient à un stéréotype nordique. Des éléments de la philosophie ont été consacrés en tant que politique nationale par des lois sur la stérilisation et la ségrégation forcées, ainsi que sur des restrictions au mariage, promulguées dans vingt-sept États. En 1909, la Californie est devenue le troisième État à adopter de telles lois. En fin de compte, les praticiens de l'eugénisme ont stérilisé de manière coercitive quelque 60 000 Américains, ont interdit le mariage de milliers de personnes, ont imposer la ségrégation de milliers de personnes en "colonies" et ont persécuté un nombre incalculable de multiples manières. Avant la Seconde Guerre mondiale, près de la moitié des stérilisations coercitives ont été effectuées en Californie, et même après la guerre, 1/3 des opérations pratiquées dans le pays l’étaient en Californie.

La Californie était considérée comme l'épicentre du mouvement eugéniste américain. Au cours des premières décennies du XXe siècle, les eugénistes de Californie comprenaient des scientifiques racialistes puissants mais peu connus, tels que le spécialiste des maladies vénériennes de l'armée, le Dr Paul Popenoe, le magnat des agrumes et le bienfaiteur polytechnique Paul Gosney, le banquier de Sacramento Charles M. Goethe, ainsi que des membres de la Californie. State Board of Charities and Corrections et le University of California Board of Regents.

L'eugénisme serait resté un discours de salon tellement saugrenu s'il n'y avait pas bénéficié d’un ample financement par des philanthropies d'entreprise, en particulier la Carnegie Institution, la Rockefeller Foundation et la Harriman Railroad Fortune. Ils étaient tous de mèche avec certains des scientifiques les plus respectés d'Amérique provenant de prestigieuses universités telles que Stamford, Yale, Harvard et Princeton. Ces académiciens ont adopté la théorie et la science de la race, puis ont truqué et déformé des données pour servir les objectifs racistes de l'eugénisme.

Le président de Stanford, David Starr Jordan, donne naissance à la notion la notion de «race et de sang» dans son épître raciale «Blood of a Nation» de 1902, dans laquelle le chercheur universitaire déclarait que les qualités et conditions humaines telles que le talent et la pauvreté passaient par le sang.

En 1904, la Carnegie Institution a établi un complexe de laboratoires à Cold Spring Harbor sur Long Island, on y stockait des millions de fiches sur des Américains ordinaires, alors que les chercheurs planifiaient soigneusement le déplacement des familles, des lignées et des peuples entiers. Depuis Cold Spring Harbor, les partisans de l'eugénisme ont pénétré les assemblées législatives étasuniennes, ainsi que les agences et associations de services sociaux du pays.

La fortune de la société de chemin de fer Harriman a payé des œuvres de bienfaisance locales, telles que le Bureau des industries et de l'immigration de New York, pour rechercher des immigrants juifs, italiens et autres à New York et dans d'autres villes surpeuplées et les soumettre à la déportation, à l'internement forcé ou à la stérilisation forcée.

La Fondation Rockefeller a aidé à fonder le programme d'eugénisme allemand et a même financé le programme dans lequel Josef Mengele travaillait avant son départ pour Auschwitz.

Une grande partie de la direction idéologique et de l'agitation politique du mouvement eugénique américain est venue des sociétés eugéniques quasi autonomes de Californie, comme la Human Betterment Foundation de Pasadena et la branche californienne de l'American Eugenics Society, qui a coordonné une grande partie de leur activité avec les eugénistes de la Société de recherche de Long Island. Ces organisations - qui fonctionnaient dans le cadre d'un réseau étroitement lié - ont publié des bulletins racistes eugéniques et des revues pseudoscientifiques, tels que Eugenical News et Eugenics , une propagande qui fut propagée par les nazis.

L'eugénisme est né comme une curiosité scientifique à l'époque victorienne. En 1863, Sir Francis Galton, un cousin de Charles Darwin, a émis l'hypothèse que si les personnes talentueuses épousaient uniquement d'autres personnes talentueuses, le résultat serait nettement meilleur. Au tournant du siècle dernier, les idées de Galton ont été importées aux États-Unis au moment où les principes d'hérédité de Gregor Mendel ont été redécouverts. Les défenseurs eugéniques américains croyaient avec une ferveur religieuse que les mêmes concepts mendéliens qui déterminaient la couleur et la taille des pois, du maïs et du bétail régissaient également le caractère social et intellectuel de l'homme.

Dans une Amérique démographiquement ébranlée par les bouleversements de l'immigration et déchirée par le chaos post-reconstruction, les conflits raciaux étaient omniprésents au début du XXe siècle. Les élitistes, les utopistes et les soi-disant «progressistes» ont fusionné leurs peurs raciales fumeuses et leurs préjugés de classe avec leur désir de créer un monde meilleur. Ils ont réinventé l'eugénisme de Galton dans une idéologie répressive et raciste. L'intention: peupler la terre avec beaucoup plus de leur propre nature socio-économique et biologique - et moins ou pas de tout le reste du monde.

L'espèce supérieure recherchée par le mouvement eugénique n'était pas seulement peuplée de personnes grandes, fortes et talentueuses. Les eugénistes recherchaient des types nordiques blonds aux yeux bleus. Ce groupe seul, croyaient-ils, était apte à hériter de la terre. Comme processus, le mouvement visait à éliminer les Noirs émancipés, les travailleurs immigrés asiatiques, les Indiens, les Hispaniques, les Européens de l'Est, les Juifs, les montagnards aux cheveux noirs, les pauvres, les infirmes et absolument toute personne classée en dehors des lignées génétiques gentrifiées établies par les raciologistes étasunniens

Comment? En identifiant les arbres généalogiques dits «défectueux» et en les soumettant à des programmes de ségrégation et de stérilisation à vie pour anéantir leurs lignées. Le grand plan était purifier littéralement la capacité de reproduction de ceux jugés faibles et inférieurs - les soi-disant «inaptes». Les eugénistes espéraient neutraliser la viabilité de 10% de la population d'un coup, jusqu'à ce qu'il ne reste plus personnes en dehors d'eux-mêmes.

Dix-huit solutions ont été explorées dans un rapport préliminaire soutenu par Carnegie en 1911 "Rapport préliminaire du comité de la section eugénique de l'American Breeder's Association pour étudier et faire rapport sur les meilleurs moyens pratiques pour couper le plasma germinatif défectueux dans la population humaine." Le point huit était l'euthanasie.

. La méthode d'eugénicide la plus couramment suggérée en Amérique était une «chambre mortelle» ou des chambres à gaz publiques locales. En 1918, Popenoe, le spécialiste des maladies vénériennes de l'armée pendant la Première Guerre mondiale, a co-écrit le manuel largement utilisé, Applied Eugenics , qui soutenait: "D'un point de vue historique, la première méthode qui se présente est l'exécution ... Sa valeur pour améliorer les standards de la race ne doit pas être sous-estimée. " L'eugénisme appliqué a également consacré un chapitre à la «sélection létale», qui opérait «par la destruction de l'individu utilisant une caractéristique défavorable de l'environnement, comme un froid excessif ou des bactéries, ou en se servant d’une déficience corporelle».

Les éleveurs eugéniques pensaient que la société américaine n'était pas prête à mettre en œuvre une solution létale organisée. Mais de nombreux établissements psychiatriques et médecins pratiquaient seuls la létalité médicale improvisée et l'euthanasie passive. Une institution de Lincoln, dans l'Illinois, a nourri ses patients entrants de lait de vaches tuberculeuses croyant qu'un individu eugéniquement fort serait immunisé. Trente à quarante pour cent des taux de mortalité annuels se sont produits à Lincoln. Certains médecins pratiquaient l'eugénicide passif un nouveau-né à la fois. D'autres médecins dans des établissements psychiatriques commettaient des « négligences mortelles ».

Néanmoins, l'eugénicide étant marginalisé, la principale solution pour les eugénistes était l'expansion rapide de la ségrégation et de la stérilisation forcées, ainsi que davantage de restrictions au mariage. La Californie en tête des pratiques eugénistes, a effectué presque tous les processus de stérilisation avec peu ou pas de procédure régulière. Au cours de ses vingt-cinq premières années de législation eugénique, la Californie a stérilisé 9 782 personnes, principalement des femmes. Beaucoup ont été classées comme «mauvaises filles», diagnostiquées comme «passionnées», «hyper-sexuées» ou «sexuellement capricieuses». À Sonoma, certaines femmes ont été stérilisées en raison de ce qui était considéré comme un clitoris ou des lèvres anormalement gros.

Rien qu'en 1933, au moins 1 278 stérilisations forcées ont été effectuées, dont 700 sur des femmes. Les deux principales usines de stérilisation de l'État en 1933 étaient Sonoma State Home avec 388 opérations et Patton State Hospital avec 363 opérations. Les autres centres de stérilisation comprenaient les hôpitaux d'État Agnews, Mendocino, Napa, Norwalk, Stockton et Pacific Colony.

Même la Cour suprême des États-Unis a approuvé certains aspects de l'eugénisme. Dans sa tristement célèbre décision de 1927, le juge de la Cour suprême, Oliver Wendell Holmes, a écrit: «Il vaut mieux pour le monde entier que, au lieu d'attendre d'exécuter des descendants dégénérés pour crime, ou de les laisser mourir de faim pour leur imbécillité, la société puisse empêcher ceux qui en sont manifestement incapables de continuer leur espèce… Trois générations d'imbéciles suffisent. " Cette décision a ouvert les vannes pour que des milliers de personnes soient stérilisées de manière coercitive ou qu’elles soient persécutées d’autres manières car considérées comme sub-humaines. Des années plus tard, les nazis lors des procès de Nuremberg ont cité les paroles de Holmes pour leur propre défense.

Ce n'est qu'après que l'eugénisme se soit ancré aux États-Unis que la campagne a été transplantée en Allemagne, en grande partie grâce aux efforts des eugénistes de Californie, qui ont publié des brochures idéalisant la stérilisation et les ont distribuées aux responsables et scientifiques allemands.

Hitler a étudié les lois eugéniques américaines. Il a essayé de légitimer son antisémitisme en le médicalisant et en l'enveloppant dans la façade pseudoscientifique, plus agréable au goût, de l'eugénisme. Hitler a pu recruter plus d'adeptes parmi les Allemands raisonnables en affirmant que la science était de son côté. Alors que la haine raciale d'Hitler jaillissait de son esprit, les contours intellectuels de l'eugénisme qu'Hitler a adopté en 1924 avaient été fabriqués en Amérique.

Au cours des années 20, les scientifiques eugénistes de la Carnegie Institution ont entretenu de profondes relations personnelles et professionnelles avec les eugénistes fascistes allemands. Dans Mein Kampf , publié en 1924, Hitler cite l'idéologie eugénique américaine et affiche ouvertement une connaissance approfondie de l'eugénisme américain. "Il y a aujourd'hui un État", a écrit Hitler, "dans lequel au moins de faibles débuts vers une meilleure conception [de l'immigration] sont perceptibles. Bien sûr, ce n'est pas notre modèle de République allemande, mais les États-Unis."

Hitler a fièrement déclaré à ses camarades à quel point il suivait de près les progrès du mouvement eugéniste américain. "J'ai étudié avec grand intérêt", a-t-il déclaré à un confrère nazi, "les lois de plusieurs États américains concernant la prévention de la reproduction par des personnes dont la progéniture serait, selon toute probabilité, sans valeur ou nuisible à la race".

Hitler a même écrit une lettre de fan au leader eugénique américain Madison Grant appelant son livre sur l'eugénisme raciste, Le passage de la grande race, sa «bible».

La lutte d'Hitler pour une race supérieure serait une croisade folle pour une « Master Race ». Ici le terme américain «nordique» était librement échangé avec «germanique» ou «aryen». La science de la race, la pureté raciale et la domination raciale sont devenues la force motrice du nazisme d'Hitler. L'eugénisme nazi dicterait finalement qui serait persécuté dans une Europe dominée par le Reich, comment les gens vivraient et comment ils mourraient. Les médecins nazis deviendraient les généraux invisibles de la guerre d'Hitler contre les Juifs et les autres Européens jugés inférieurs. Les médecins créeraient la science, concevraient les formules eugéniques et sélectionneraient même personnellement les victimes désignées pour la stérilisation, l'euthanasie et l'extermination de masse.

Au cours des premières années du Reich, les eugénistes de toute l'Amérique ont accueilli les plans d'Hitler comme l'accomplissement logique de leurs propres décennies de recherche et d'efforts. Les eugénistes californiens ont republié la propagande nazie pour la consommation américaine. Ils ont également organisé des expositions scientifiques nazies, comme une exposition en août 1934 au LA County Museum, pour la réunion annuelle de l'American Public Health Association.(Association de santé publique)

En 1934, alors que les stérilisations de l'Allemagne s'accéléraient au-delà de 5 000 par mois, le chef de l'eugénisme californien CM Goethe, à son retour d'Allemagne, se vantait en effervescence auprès d'un collègue clé: "Vous serez intéressé de savoir que votre travail a joué un rôle puissant dans la formation des opinions du groupe d'intellectuels qui sont derrière Hitler dans l’élaboration de leur remarquable programme. J'ai senti que leurs opinions ont été énormément stimulées par la pensée américaine.… Je veux que vous, mon cher ami, emportiez cette pensée avec vous pour le reste de votre la vie : vous avez vraiment poussé à l'action un grand gouvernement de 60 millions de personnes ».

Cette même année, dix ans après que la Virginie eut adopté son acte de stérilisation, Joseph DeJarnette, surintendant du Western State Hospital de Virginie, observait dans le Richmond Times-Dispatch : "Les Allemands nous battent à notre propre jeu".

Plus que de fournir la feuille de route scientifique, l'Amérique a financé les institutions eugéniques de l'Allemagne. En 1926, Rockefeller avait fait don de 410 000 dollars - près de 4 millions de dollars au 21e siècle - à des centaines de chercheurs allemands. En mai 1926, Rockefeller accorda 250 000 $ à l'Institut psychiatrique allemand du Kaiser Wilhelm Institute, qui deviendra plus tard le Kaiser Wilhelm Institute for Psychiatry. Ernst Rüdin est devenu l'un des principaux psychiatres de l'Institut psychiatrique allemand, il est devenu directeur et finalement architecte de la répression médicale systématique d'Hitler.

L'Institut de recherche sur le cerveau était un autre membre du complexe d'institutions eugéniques du Kaiser Wilhelm Institute. Depuis 1915, il fonctionnait à partir d'une seule pièce. Tout a changé lorsque l'argent Rockefeller est arrivé en 1929. Une subvention de 317 000 $ a permis à l'Institut de construire un bâtiment majeur et de prendre le devant de la scène dans la biologie raciale allemande. L'Institut a reçu des subventions supplémentaires de la Fondation Rockefeller au cours des années suivante. À la tête de l'Institut, on retrouve une fois de plus, l'homme de main médical d'Hitler Ernst Rüdin. L'organisation de Rüdin est devenue le directeur principal et le destinataire des résultats de l'expérimentation meurtrière et des recherches menées sur les Juifs, les Tsiganes et d'autres.

À partir de 1940, des milliers d'Allemands sélectionnés dans des maisons de retraite, des établissements psychiatriques et d'autres établissements de détention ont été systématiquement gazés. Entre 50 000 et 100 000 ont finalement été tués.

Leon Whitney, secrétaire exécutif de l'American Eugenics Society, a déclaré du nazisme: "Alors que nous utilisions des euphémismes… les Allemands appelaient un chat un chat."

Un récipiendaire spécial du financement Rockefeller a été l'Institut Kaiser Wilhelm d'anthropologie, d'hérédité humaine et d'eugénisme de Berlin. Pendant des décennies, les eugénistes américains avaient imploré qu’on leur confie des jumeaux pour faire avancer leurs recherches sur l'hérédité. L'Institut est maintenant prêt à entreprendre de telles recherches à un niveau sans précédent. Le 13 mai 1932, la Fondation Rockefeller à New York a envoyé un radiogramme à son bureau de Paris: RÉUNION DE JUIN DU COMITÉ EXÉCUTIF NEUF MILLIERS DE DOLLARS SUR TROIS ANS À KWG INSTITUTE ANTHROPOLOGIE POUR LA RECHERCHE SUR LES JUMEAUX ET LES EFFETS SUR LES GÉNÉRATIONS ULTÉRIEURES DE SUBSTANCES TOXIQUES SUR LE PLASMA GERMINATIF .

Au moment de la dotation de Rockefeller, Otmar Freiherr von Verschuer, un héros des cercles eugéniques américains, exerçait les fonctions de directeur de l'Institut d'anthropologie, d'hérédité humaine et d'eugénisme. Le financement Rockefeller de cet institut s'est poursuivi à la fois directement et par le biais d'autres canaux de recherche au début du mandat de Verschuer. En 1935, Verschuer a quitté l'Institut pour former une installation eugéniste rivale à Francfort qui a été très annoncée dans la presse eugénique américaine. Les recherches sur les jumeaux dans le Troisième Reich ont explosé, étayées par des décrets gouvernementaux. Verschuer a écrit dans Der Erbarzt , un journal de médecine eugénique qu'il a publié, que la guerre d'Allemagne fournirait une "solution totale au problème juif".

Verschuer avait un assistant de longue date. Son nom était Josef Mengele. Le 30 mai 1943, Mengele est arrivé à Auschwitz. Verschuer a informé la Société allemande de recherche: "Mon assistant, le Dr Josef Mengele (MD, Ph.D.) m'a rejoint dans cette branche de la recherche. Il est actuellement employé comme Hauptsturmführer [capitaine] et médecin de camp au camp de concentration d'Auschwitz. Les tests anthropologiques sur des groupes raciaux les plus divers sont effectués dans ce camp de concentration avec l'autorisation du SS Reichsführer [Himmler]. "

Mengele a commencé à fouiller aux arrivées de wagons pour trouver des jumeaux. Quand il les a trouvés, il a effectué des expériences bestiales, rédigé scrupuleusement les rapports et renvoyé les documents à l'institut de Verschuer pour évaluation. Souvent, des cadavres, des yeux et d'autres parties du corps ont également été envoyés aux instituts eugéniques de Berlin.

Les dirigeants de Rockefeller n'ont jamais connu Mengele. À quelques exceptions près, la fondation avait cessé toutes les études eugéniques dans l'Europe occupée par les nazis avant que la guerre n'éclate en 1939. Mais à ce moment-là, le sort avait été jeté. Les hommes talentueux que Rockefeller et Carnegie ont financés, les institutions qu'ils ont aidées à fonder et la science qu'elle a contribué à créer ont pris leur propre essor scientifique.

Après la guerre, l'eugénisme a été déclaré crime contre l'humanité - un acte de génocide. Les Allemands ont été jugés et ils ont cité les lois de la Californie pour leur défense. En vain. Ils ont été reconnus coupables.

Cependant, le patron de Mengele, Verschuer, a échappé aux poursuites. Verschuer a rétabli ses liens avec les eugénistes californiens qui étaient entrés dans la clandestinité et ils ont renommé leur croisade «génétique humaine». Un échange typique a eu lieu le 25 juillet 1946 lorsque Popenoe a écrit à Verschuer: "Ce fut en effet un plaisir de vous entendre à nouveau. J'ai été très inquiet pour mes collègues en Allemagne…. Je suppose que la stérilisation a été interrompue en Allemagne?" Popenoe a offert des informations à diverses sommités de l’eugénisme étasunien et il leur a ensuite envoyé diverses publications eugéniques. Dans un autre colis , Popenoe a envoyé du cacao, du café et d'autres friandises.

Verschuer a répondu: "Votre très sympathique lettre du 7/25 m'a fait beaucoup de plaisir et vous en remercie sincèrement. La lettre établit un autre pont entre vous et mon travail scientifique; j'espère que ce pont ne s'effondrera plus jamais. mais permettra plutôt un enrichissement et une stimulation mutuelle précieux. "

Bientôt, Verschuer est redevenu un scientifique respecté en Allemagne et dans le monde. En 1949, il est devenu membre correspondant de l'American Society of Human Genetics, nouvellement formée, organisée par des eugénistes et généticiens étasuniens.

À l'automne 1950, l'Université de Münster propose à Verschuer un poste dans son nouvel Institut de génétique humaine, dont il deviendra plus tard doyen. Au début et au milieu des années 1950, Verschuer est devenu membre honoraire de nombreuses sociétés prestigieuses, dont la Société italienne de génétique, la Société anthropologique de Vienne et la Société japonaise de génétique humaine.

Les racines génocidaires de la génétique humaine dans l'eugénisme ont été ignorées par une génération victorieuse qui a refusé de se lier aux crimes du nazisme et par les générations suivantes qui n'ont jamais connu la vérité des années qui ont précédé la guerre. Aujourd'hui, les gouverneurs de cinq États, dont la Californie, ont présenté des excuses publiques à leurs citoyens, passés et présents, pour la stérilisation et d'autres abus engendrés par le mouvement eugéniste.

La génétique humaine est devenue une entreprise éclairée à la fin du XXe siècle. Des scientifiques dévoués et dévoués ont finalement déchiffré le code humain grâce au projet du génome humain. Désormais, chaque individu peut être identifié et classé biologiquement par trait et par ascendance. Pourtant, même maintenant, certaines voix de premier plan dans le monde génétique appellent à un nettoyage des indésirables parmi nous, et même une espèce humaine maîtresse.

Il existe une méfiance compréhensible face à des formes plus courantes d'abus, par exemple en refusant une assurance ou un emploi basé sur des tests génétiques. Le 14 octobre, la première législation anti-discrimination génétique des États-Unis a été adoptée à l'unanimité par le Sénat. Pourtant, parce que la recherche génétique est mondiale, aucune loi nationale ne peut arrêter les menaces.



 

Pour en savoir plus au sujet d’Edwin Black

Et pour en savoir un petit peu plus sur les extensions contemporaines de l’eugénisme étasunien : Bill Gates : les « vaccins pour réduire la population »

On peut également se référer à l’article publié cette semaine par Mondialisation.ca :Bill Gates et le programme de dépeuplement. Robert F. Kennedy Junior demande une enquête

Actuellement 2 565 059 personnes détectées positives au test de dépistage du covid-19 dans le monde. 177 496 décès sont attribués directement à cette maladie.

D’autres morts résulteront des conséquences de cette pandémie. Elle était annoncée de longue date et rien n’a été fait pour nous y préparer. Est-ce volontaire comme partie de plan eugénistes à échelle planétaire ? Si oui, comment cela fonctionne-t-il et qui en sont les cibles prioritaires ?

Anne W


 

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19 avril 2020 7 19 /04 /avril /2020 17:16

 

L'espoir, au contraire de ce que l'on croit, équivaut à la résignation. Et vivre, c'est ne pas se résigner.

Albert Camus, Noces

 

Les idées, disons-nous depuis des lustres, sont épidémiques. Elles circulent de tête en tête plus vite que l’électricité. Une idée qui s’empare des têtes devient une force matérielle, telle l’eau qui active la roue du moulin. Il est urgent pour nous, Chimpanzés du futur, écologistes, c’est-à-dire anti-industriels et ennemis de la machination, de renforcer la charge virale de quelques idées mises en circulation ces deux dernières décennies. Pour servir à ce que pourra.

 

Leurs virus, nos morts

1) Les «maladies émergentes» sont les maladies de la société industrielle et de sa guerre au vivant

La société industrielle, en détruisant nos conditions de vie naturelles, a produit ce que les médecins nomment à propos les «maladies de civilisation». Cancer, obésité, diabète, maladies cardio-vasculaires et neuro-dégénératives pour l’essentiel. Les humains de l’ère industrielle meurent de sédentarité, de malbouffe et de pollution, quand leurs ancêtres paysans et artisans succombaient aux maladies infectieuses. C’est pourtant un virus qui confine chez lui un terrien sur sept en ce printemps 2020, suivant un réflexe hérité des heures les plus sombres de la peste et du choléra. Outre les plus vieux d’entre nous, le virus tue surtout les victimes des «maladies de civilisation». Non seulement l’industrie produit de nouveaux fléaux, mais elle affaiblit notre résistance aux anciens. On parle de «comorbidité», comme de «coworking» et de «covoiturage», ces fertilisations croisées dont l’industrie a le secret1

.«"Les patients souffrant de maladies cardiaques et pulmonaires chroniques causées ou aggravées par une exposition sur le long terme de la pollution de l'air sont moins capables de lutter contre les infections pulmonaires, et plus susceptibles de mourir", alerte Sara De Matteis, professeur en médecine du travail et de l'environnement à l'Université de Cagliari en Italie. C'est principalement dans les grandes villes que les habitants seraient les plus exposés à ce risque2.» Encore plus efficace : la Société italienne de médecine environnementale a découvert un lien entre les taux de contamination au Covid19 et ceux des particules fines dans l’air des régions les plus touchées d’Italie. Fait déjà constaté pour la grippe aviaire. Selon Gianluigi de Gennaro, de l'Université de Bologne,« Les poussières transportent le virus. [Elles] agissent comme porteurs. Plus il y en a, plus on crée des autoroutes pour les contagions3

Quant au virus lui-même, il participe de ces «maladies émergentes» produites par les ravages de l’exploitation industrielle du monde et par la surpopulation. Les humains ayant défriché toute la terre, il est naturel que 75% de leurs nouvelles maladies soient zoonotiques, c’est-à-dire transmises par les animaux, et que le nombre de ces zoonoses ait quadruplé depuis 50ans4. Ebola, le SRAS, la grippe H5N1, le VIH, le Covid-19 et tant d’autres virus animaux devenus mortellement humains par le saccage des milieux naturels, la mondialisation des échanges, les concentrations urbaines, l’effondrement de la biodiversité..

La sédentarisation d’une partie de l’espèce humaine et la domestication des animaux avaient permis la transmission d’agents infectieux des animaux aux hommes. Cette transmission s’est amplifiée avec l’élevage industriel, le braconnage, le trafic d’animaux sauvages et la création des parcs animaliers. La déforestation, les grands travaux, l’irrigation, le tourisme de masse, l’urbanisation, détruisent l’habitat de la faune sauvage et rabattent mécaniquement celle-ci vers les zones d’habitat humain. Ce ne sont pas le loup et la chauve-souris qui envahissent les villes, mais les villes qui envahissent le loup et la chauve-souris.

La société industrielle nous entasse. Dans les métropoles, où les flux et les stocks d’habitants sont régulés par la machinerie cybernétique. La métropole, organisation rationnelle de l’espace social, doit devenir, selon les plans des technocrates, l’habitat de 70 % des humains d’ici 2050.

Leur technotope. Ville-machine pour l’élevage industriel des hommes-machines5. Entassés sur la terre entière, nous piétinons les territoires des grands singes, des chauves-souris, des oies sauvages, des pangolins. Promiscuité idéale pour les contagions (du latin tangere: toucher). Sans oublier le chaos climatique. Si vous craignez les virus, attendez que fonde le permafrost. Faut-il le rappeler? L’humain, animal politique, dépend pour sa survie de son biotope naturel et culturel (sauf ceux qui croient que «la nature n’existe pas» et qui se pensent de pures (auto)constructions, sûrement immunisées contre les maladies zoonotiques). La société industrielle prospère sur une superstition: on pourrait détruire le biotope sans affecter l’animal.

Deux cents ans de guerre au vivant6 ont stérilisé les sols, vidé forêts, savanes et océans, infecté l’air et l’eau, artificialisé l’alimentation et l’environnement naturel, dévitalisé les hommes .Le progrès sans merci des nécrotechnologies nous laisse une Terre rongée à l’os pour une population de 7 milliards d’habitants. Le virus n’est pas la cause, mais la conséquence de la maladie industrielle. Mieux vaut prévenir que guérir. Si l’on veut éviter de pires pandémies, il faut sortir de la société industrielle. Rendre son espace à la vie sauvage- ce qu’il en reste -, arrêter l’empoisonnement du milieu et devenir des Chimpanzés du futur: des humains qui de peu font au mieux

1Rappel: la pollution de l’air tue chaque année 48000 Français et plus de 100 Grenoblois.

2www.actu-environnement.com, 20/03/20

3Idem

4Revues Nature et Science, citées par Wikipedia.

5 Cf.Retour à Grenopolis, Pièces et main d’œuvre, mars 2020, www.piecesetmaindoeuvre.com

6Cf. J.-P. Berlan, La guerre au vivant, Agone, 2001

 

 

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2) La technologie est la continuation de la guerre - de la politique -par d’autres moyens. La société de contrainte, nous y entrons.

Nul moins que nous ne peut se dire surpris de ce qui arrive. Nous l’avions prédit, nous et quelques autres, les catastrophistes, les oiseaux de mauvais augure, les Cassandre, les prophètes de malheur, en 2009, dans un livre intitulé À la recherche du nouvel ennemi. 2001-2025: rudiments d’histoire contemporaine:

«Du mot "crise" découlent étymologiquement le crible, le crime, l’excrément, la discrimination, la critique et, bien sûr, l’hypocrisie, cette faculté d’interprétation. La crise est ce moment où, sous le coup de la catastrophe – littéralement du retournement (épidémie, famine, séisme, intempérie, invasion, accident, discorde) –, la société mise sens dessus dessous retourne au chaos, à l’indifférenciation,à la décomposition, à la violence de tous contre tous (René Girard, La Violence et le Sacré, Le Bouc émissaire, et toute la théorie mimétique).

Le corps social malade, il faut purger et saigner, détruire les agents morbides qui l’infectent et le laissent sans défense face aux agressions et calamités. La crise est ce moment d’inquisition, de détection et de diagnostic, où chacun cherche sur autrui le mauvais signe qui dénonce le porteur du maléfice contagieux, tremblant qu’on ne le découvre sur lui et tâchant de se faire des alliés, d’être du plus grand nombre, d’être comme tout le monde. Tout le monde veut être comme tout le monde. Ce n’est vraiment pas le moment de se distinguer ou de se rendre intéressant. […]

Et parmi les plus annoncées dans les années à venir, la pandémie, qui mobilise aussi bien la bureaucratie mondiale de la santé, que l’armée et les autorités des mégalopoles. Nœuds de communication et foyers d’incubation, celles-ci favorisent la diffusion volontaire ou accidentelle de la dengue, du chikungunya, du SRAS, ou de la dernière version de la grippe, espagnole, aviaire,mexico-porcine, etc. [...]

Bien entendu, cette "crise sanitaire" procède d’une "crise de civilisation", comme on dit "maladie de civilisation", inconcevable sans une certaine monstruosité sociale et urbaine, sans industrie,notamment agro-alimentaire et des transports aériens. […] On voit l’avantage que le pouvoir et ses agents Verts tirent de leur gestion des crises, bien plus que de leur solution. Celles-ci, après avoir assuré pléthore de postes et de missions d’experts aux technarques et aux gestionnaires du désastre, justifient désormais, dans le chaos annoncé de l’effondrement écologique, leur emprise totale et durable sur nos vies. Comme l’État et sa police sont indispensables à la survie en monde nucléarisé, l’ordre vert et ses technologies de contrôle, de surveillance et de contrainte sont nécessaires à notre adaptation au monde sous cloche artificiel. Quant aux mauvais Terriens qui – défaillance ou malfaisance – compromettent ce nouveau bond en avant du Progrès, ils constituent la nouvelle menace pour la sécurité globale7

Au risque de se répéter: avant, on n’en est pas là; après, on n’en est plus là. Avant, on ne peut pas dire ça. Après, ça va sans dire. L’ordre sanitaire offre une répétition générale, un prototype à l’ordre Vert. La guerre est déclarée, annonce le président Macron. La guerre, et plus encore la guerre totale, théorisée en 1935 par Ludendorff, exige une mobilisation totale des ressources sous une direction centralisée. Elle est l’occasion d’accélérer les processus de rationalisation et de pilotage des sans-pouvoir, au nom du primat de l’efficacité. Rien n’est plus rationnel ni plus voué à l’efficacité que la technologie.

Le confinement doit être hermétique, et nous avons les moyens de le faire respecter. Drones de surveillance en Chine et dans la campagne picarde ; géolocalisation et contrôle vidéo des contaminés à Singapour; analyse des données numériques et des conversations par l’intelligence artificielle pour tracer les contacts, déplacements et activités des suspects en Israël8. Une équipe du Big Data Institute de l’université d’Oxford développe une application pour smartphone qui géolocalise en permanence son propriétaire et l’avertit en cas de contact avec un porteur du virus. Selon leur degré de proximité, l’application ordonne le confinement total ou la simple distance de sécurité, et donne des indications aux autorités pour désinfecter les lieux fréquentés par le contaminé9.

«Les données personnelles, notamment les données des opérateurs téléphoniques, sont aussi utilisées pour s’assurer du respect des mesures de quarantaine, comme en Corée du Sud ou à Taïwan. C’est aussi le cas en Italie, où les autorités reçoivent des données des opérateurs téléphoniques, ont expliqué ces derniers jours deux responsables sanitaires de la région de Lombardie. Le gouvernement britannique a également obtenu ce type d’information de la part d’un des principaux opérateurs téléphoniques du pays10.» En France, Jean-François Delfraissy, le président du Comité consultatif national d’éthique et du «conseil scientifique» chargé de la crise du coronavirus évoque l’éventualité du traçage électronique au détour d’un entretien radiophonique.

« La guerre est donc un acte de violence destiné à contraindre l'adversaire à exécuter notre volonté.» Ceux-là même qui n'ont pas lu Clausewitz, savent aujourd'hui que la technologie est la continuation de la guerre par d'autres moyens. La pandémie est le laboratoire du techno-totalitarisme, ce que les opportunistes technocrates ont bien compris. On ne rechigne pas en période d’accident nucléaire ou d’épidémie. La technocratie nous empoisonne puis elle nous contraint, au motif de nous protéger de ses propres méfaits. Nous le disons depuis quinze ans: «La société de contrôle, nous l’avons dépassée; la société de surveillance, nous y sommes; la société de contrainte, nous y entrons.» Ceux qui ne renoncent pas à l’effort d’être libres reconnaîtront avec nous que le progrès technologique est l’inverse et l’ennemi du progrès social et humain.

7Pièces et main d’œuvre, À la recherche du nouvel ennemi. 2001-2025: rudiments d’histoire contemporaine, Editions L’Echappée, 2009

8«Israel approves mass surveillance to fight coronavirus»,https://www.ynetnews.com,17/03/20

9https://www.bdi.ox.ac.uk/news/infectious-disease-experts-provide

10Le Monde, 20/03/20

 

 

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3) Les experts aux commandes de l’état d’urgence: le pouvoir aux pyromanes pompiers.

Nous ayant conduit à la catastrophe, les experts de la technocratie prétendent nous en sauver, au nom de leur expertise techno-scientifique. Il n’existe qu’une seule meilleure solution technique, ce qui épargne de vains débats politiques. «Ecoutez les scientifiques!» couine Greta Thunberg. C’est à quoi sert l’état d’urgence sanitaire et le gouvernement par ordonnances: à obéir aux«recommandations» du «conseil scientifique» et de son président Jean-François Delfraissy.

Ce conseil créé le 10 mars par Olivier Véran11, à la demande du président Macron, réunit des experts en épidémiologie, infectiologie, virologie, réanimation, modélisation mathématique, sociologie et anthropologie. Les prétendues «sciences humaines» étant comme d’habitude chargées d’évaluer l’acceptabilité des décisions techniques – en l’occurrence la contrainte au nom de l’intérêt supérieur de la santé publique. Excellent choix que celui de Delfraissy, un homme qui vit avec son temps, ainsi que nous l’avons découvert à l’occasion des débats sur la loi de bioéthique: «Il y a des innovations technologiques qui sont si importantes qu’elles s’imposent à nous.[...] Il y a une science qui bouge, que l’on n’arrêtera pas.12»

Ces cinquante dernières années en effet, les innovations techno-scientifiques se sont imposées à nous à une vitesse et avec une violence inégalées. Inventaire non exhaustif: nucléarisation de la planète; OGM et biologie synthétique; pesticides, plastiques et dérivés de l’industrie chimique; nanotechnologies; reproduction artificielle et manipulations génétiques ; numérisation de la vie; robotique; neuro-technologies; intelligence artificielle; géo-ingénierie… Ces innovations, cette «science qui bouge», ont bouleversé le monde et nos vies pour produire la catastrophe écologique, sociale et humaine en cours et dont les progrès s’annoncent fulgurants.

Elles vont continuer leurs méfaits grâce aux 5 milliards d’euros que l’État vient de leur allouer à la faveur de la pandémie, un effort sans précédent depuis 1945. Tout le monde ne mourra pas du virus. Certains en vivront bien. On ignore quelle part de ces 5 milliards ira par exemple aux laboratoires de biologie de synthèse, comme celui du Génopole d’Evry. La biologie de synthèse, voilà une «innovation si importante qu’elle s’impose à nous». Grâce à elle, et à sa capacité à fabriquer artificiellement des organismes vivants, les scientifiques ont recréé le virus de la grippe espagnole qui tua plus que la Grande Guerre en 191813. Destruction/réparation: à tous les coups les pyromanes pompiers gagnent. Leur volonté de puissance et leur pouvoir d’agir ont assez ravagé notre seule Terre. Si nous voulons arrêter l’incendie, retirons les allumettes de leurs mains, cessons de nous en remettre aux experts du système techno-industriel, reprenons la direction de notre vie.

11Le nouveau ministre de la Santé est un médecin grenoblois, député LREM aorès avoir été suppléant de la socialiste Geneviève Fioraso, ex-ministre de la Recherche. Selon Le Monde, «un ambitieux "inconnu"» qui «sait se placer» (lemonde.fr, 23/03/20).

12Jean-François Delfraissy, entretien avec Valeurs actuelles, 3/03/18.

13Virus recréé en 2005 par l’équipe du Professeur Jeffrey Taubenberger de l’Institut de pathologie de l’armée américaine, ainsi que par des chercheurs de l’université Stony Brook de New York

 

 

Leurs virus, nos morts

4) L’incarcération de l’homme-machine dans le monde-machine.

L’effet cliquet de la vie sans contact.Le contact, c’est la contagion. L’épidémie est l’occasion rêvée de nous faire basculer dans la vie sous commande numérique. Il ne manquait pas grand-chose, les terriens étant désormais tous greffés de prothèses électroniques. Quant aux attardés, ils réduisent à toute allure leur fracture numérique ces jours-ci, afin de survivre dans le monde-machine contaminé: «Les ventes d’ordinateurs s’envolent avec le confinement.[...] Tous les produits sont demandés, des équipements pour des vidéoconférences à l’ordinateur haut de gamme pour télétravailler en passant par la tablette ou le PC à petit prix pour équiper un enfant. Les ventes d’imprimantes progressent aussi. Les Français qui en ont les moyens financiers sont en train de reconstituer leur environnement de travail à la maison14.»Nous serions bien ingrats de critiquer la numérisation de nos vies, en ces heures où la vie tient au sans fil et au sans contact. Télétravail, téléconsultations médicales, commandes des produits de survie sur Internet, cyber-école, cyber-conseils pour la vie sous cloche - «Comment occuper vos enfants?», «Que manger?», «"Tuto confinement" avec l’astronaute Thomas Pesquet», «Organisez un Skypéro», «Dix séries pour se changer les idées», «Faut-il rester en jogging?». Grâce à WhatsApp, « "Je ne me suis jamais sentie aussi proche de mes amis", constate Valeria, 29 ans, chef de projet en intelligence artificielle à Paris15»

Dans la guerre contre le virus, c’est la Machine qui gagne. Mère Machine nous maintient en vie et s’occupe de nous. Quel coup d’accélérateur pour la «planète intelligente» et ses smart cities16. L’épidémie passée, quelles bonnes habitudes auront été prises, que les Smartiens ne perdront plus. Ainsi,passés les bugs et la période d’adaptation, l’école à distance aura fait ses preuves. Idem pour la télémédecine qui remplacera les médecins dans les déserts médicaux comme elle le fait en ces temps de saturation hospitalière. La «machinerie générale» (Marx) du monde-machine est en train de roder ses procédures dans une expérience à l’échelle du laboratoire planétaire.Rien pour inquiéter la gauche et ses hauts-parleurs. Les plus extrêmes, d’Attac à Lundi matin,en sont encore à conspuer le capitalisme, le néolibéralisme, la casse des services publics et le manque de moyens.

Une autre épidémie est possible, avec des masques et des soignants bien payés, et rien ne serait arrivé si l’industrie automobile, les usines chimiques, les multinationales informatiques avaient été gérées collectivement,suivant les principes de la planification démocratique assistée par ordinateur. Nous avons besoin de masques et de soignants bien payés. Nous avons surtout besoin de regarder en face l’emballement du système industriel, et de combattre l’aveuglement forcené des industrialistes. Nous, anti-industriels, c’est-à-dire écologistes conséquents, avons toujours été minoritaires. Salut à Giono, Mumford, Ellul & Charbonneau, Orwell et Arendt, Camus, Saint Exupéry, et à quelques autres qui avaient tout vu, tout dit. Et qui nous aident à penser ce qui nous arrive aujourd’hui. Puisque nous avons du temps et du silence, lisons et méditons. Au cas où il nous viendrait une issue de secours .

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14www.lefigaro.fr, 19/03/20.

15Le Monde, 19/03/20.

16 Cf. «Ville machine, société de contrainte», Pièces et main d’œuvre, in Kairos, mars 2020 et sur www.piecesetmaindoeuvre.com

 

Pièces et main d’œuvre

Grenoble, 22 mars 2020

 

Vous pourrez y lire également leurs Dernières livraisons

-Le Progrès arrive en gare de Lhassa le 19 avril 2020 par Renaud Garcia

- Appel à manifester dans la rue le 1er Mai 2020 le 14 avril 2020 par Philippe

-Le virus de la contrainte le 12 avril 2020 par Pièces et main d’œuvre

-Lille : la société vivante fête la friche le 4 avril 2020 par P.A.R.C Saint-Sauveur

-Retour à Grenopolis Tout ce que nous cachent les élections municipales
le 8 mars 2020 par Pièces et main d’œuvre

-Ville-machine, société de contrainte le 7 mars 2020 par Pièces et main d’œuvre

-Mila, ou le déshonneur d’un certain féminisme le 5 février 2020 par Pièces et main d’œuvre

-Conférences-débats : Contre l’eugénisme technologique le 30 janvier 2020 par Pièces et main d’œuvre

-Et moi, je hurle avec les loups le 29 janvier 2020 par Croc-Blanc

Leurs virus, nos morts
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6 décembre 2019 5 06 /12 /décembre /2019 13:21

Ce qui m’attire l’attention au cours de ces dernières semaines de soulèvements populaires, ce sont les formes de la répression. On tue un peu plus de manifestants au Chili qu’à Paris. L’Europe n’est pas – encore – mûre pour la répression qui tue ? Ce que nous voyons, c’est une répression qui estropie et mutile et utilise des armes « potentiellement létales ». Ce que nous voyons, ce sont des « forces de l’Ordre » qui visent les manifestants au visage et le nombre de ceux qui perdent totalement ou partiellement la vue au cours de manifestations se multiplie. Ce qu’on peut constater aussi, c’est que cette répression ne vise pas les groupes violents qui infiltrent les manifestations, mais qu’il y a autant de risque d’être la cible de la police en manifestant pacifiquement qu’en participant aux actes de violence, destruction, vandalisme. Ainsi donc, cette forme de répression « non létale » brise des vies en mutilant des corps. Peut-on parler de dissuasion ? Une manière d’effrayer les gens, en leur montrant qu’il est risqué, dangereux d’aller manifester, que le pouvoir peut briser votre vie, et que la répression s’abat de manière aléatoire ? Est-ce une manière discrète de réduire le droit de manifester ? Pourquoi ces mêmes méthodes non létales sont-elles utilisées de manière similaire en différents lieux du monde. Cela a-t-il un lien avec ce qu’a dénoncé Nick Turse, cette présence des forces spéciales US dans 120, et plus tard dans 134 pays du monde où elles dispensent des formations non seulement aux armées mais aussi aux forces de polices ? Et dont il nous dit : « Cette présence globale […] donne une nouvelle et surprenante preuve de l’existence et de la montée en pouvoir d’une élite clandestine à l’intérieur du Pentagone qui est en train d’entreprendre une guerre secrète dans tous les coins de la planète. ». Reporterre nous emmène à Milipol, salon mondial de la répression - pardon salon de la sûreté et de la sécurité intérieure des états.

Le salon « de la sécurité intérieure » Milipol a ouvert ses portes mardi au nord de Paris. Reconnaissance faciale, lanceurs de balle de défense, aspirateurs à données téléphoniques... Reporterre s’est renseigné sur les nouveautés du secteur, qui raffine sans cesse les outils de surveillance et de répression.

Le salon « de la sécurité intérieure » Milipol a ouvert ses portes mardi au nord de Paris. Reconnaissance faciale, lanceurs de balle de défense, aspirateurs à données téléphoniques... Reporterre s’est renseigné sur les nouveautés du secteur, qui raffine sans cesse les outils de surveillance et de répression.

Nous avons visité Milipol, le salon de la répression

 

21 novembre 2019 / Émilie Massemin et Isabelle Rimbert (Reporterre)

 

  • Paris, (reportage)

« Mettez votre œil là, pas trop près. Je peux enlever le canon si vous voulez. » Mathieu [1], dessinateur d’armes à PGM Précision, aide un visiteur en costume chic à soulever un lourd et rutilant fusil de précision. L’entreprise, basée à Poisy (Haute-Savoie), fournit depuis 1991 ses fusils Ultima Ratio au Raid — Recherche, assistance, intervention, dissuasion, une unité d’élite. « Nous disposons aussi d’une gamme pour les particuliers qui ont un permis de chasse ou une licence de tir, précise le salarié. Nos armes à longue distance coûtent entre 4.000 et 10.000 euros sans les accessoires. »

PGM Précision fait partie des 1.005 exposants présents à Milipol, le salon mondial dédié à la sûreté et à la sécurité intérieure des États, qui tient sa 21e édition du mardi 19 au vendredi 22 novembre au parc des expositions de Villepinte (Seine-Saint-Denis). Des entreprises venues d’une vingtaine de pays, parmi lesquels la Chine, Israël et la Turquie, y tiennent un stand. Cette année, quelque 30.000 visiteurs accrédités des secteurs public (ministère de l’Intérieur, douanes, fonctionnaires de la défense, de la justice...) et privé (fabricants, sociétés de services, distributeurs…), fouleront les moquettes synthétiques du salon et pourront y tester gilets pare-balles, lanceurs de balles de défense et dispositifs de reconnaissance faciale dans une ambiance high tech et feutrée.

Le secteur est florissant. Fin 2018, le marché mondial de la sécurité affichait une croissance insolente de 7 %, bien supérieure aux 2 % de croissance mondiale, pour atteindre un chiffre d’affaires de 629 milliards d’euros. En France aussi, les entreprises dites « de la sécurité » se portent bien : leur chiffre d’affaires a progressé de 3,2 % en 2018 et atteint 29,1 milliards d’euros. À une nuance près : les dépenses consacrées à la sécurité intérieure de l’État (contrôle des identités, contrôle des frontières, équipements de maintien de l’ordre…) ont crû de 0,5 % seulement. « Un certain rebond pourrait intervenir en 2019 et en 2020 », indique toutefois Patrick Haas, directeur du journal spécialisé En toute sécurité, interviewé pour le dossier de presse du Milipol. « Certains créneaux sont plus porteurs, comme la détection de produits dangereux, en raison de la persistance des attaques ou des menaces terroristes, ou les équipements de maintien de l’ordre à cause du mouvement des Gilets jaunes. »

Fin 2018, le marché mondial de la sécurité affichait une croissance insolente de 7 %.

En visite pour inaugurer le salon mardi, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a présenté la « violence dans le maintien de l’ordre » comme une des « menaces fortes » auxquelles sont confrontés « la France et ses alliés », au même titre que le terrorisme, le trafic de drogues et les cyber-attaques. « Nous assistons à une radicalisation des mouvements contestataires nés en 1999 à l’occasion d’un sommet de l’OMC à Seattle et consacrés en 2001 lors du sommet du G8 à Gênes », a-t-il déclaré lors de son discours d’inauguration du salon, face à un public costumé à 95 % masculin, pendant que des serveurs distribuaient flûtes de champagne et petits fours. « Depuis, chaque rassemblement international est émaillé de violences. Il a fallu toute la mobilisation de nos forces et la coopération internationale pour que le sommet du G7 de Biarritz, en août dernier, se déroule bien et soit un succès diplomatique. »

« On ne répond pas aux interviews »

Quelques instants plus tôt, alors qu’il visitait les stands de son ministère entouré d’une foule d’officiels, de gardes du corps et de journalistes, M. Castaner avait ignoré la question que lui a adressée Reporterre : 

Pourquoi valider dans le nouveau schéma national du maintien de l’ordre les méthodes brutales déployées ces derniers mois, comme l’a révélé le quotidien Libération, malgré un bilan humain dramatique ? »

Depuis le début du mouvement des Gilets jaunes, une personne est décédée – l’octogénaire Zineb Redouane, frappée d’une grenade lacrymogène à Marseille – et 4.439 autres ont été blessées – 2.495 côté Gilets jaunes, 1.944 côté forces de l’ordre – selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. Parmi les nombreux blessés graves chez les Gilets jaunes, le journaliste David Dufresne a dénombré 24 éborgnés et 5 mains arrachées.

« M. le ministre inaugure des stands, il n’y a pas de questions-réponses prévu », a réagi avec irritation un des sbires du ministre à notre question. Dans ces allées où l’on cause business et innovation en plusieurs langues, on s’épargne souvent les digressions sur les droits humains. En 2017, il avait fallu qu’Amnesty International s’indigne pour que soit bannie du salon l’entreprise chinoise Origin Dynamic et ses instruments illégaux de torture, en l’occurrence des bracelets à décharges électriques.

Même silence agacé du côté des fabricants d’armes dédiées au maintien de l’ordre. « On ne répond à aucune interview, sur décision de la direction », nous a opposé d’un ton agressif un représentant d’Alsetex, l’entreprise sarthoise qui fournit grenades assourdissantes et grenades lacrymogènes aux forces de l’ordre. Pour confirmer ses dires, près des vitrines de cartouches de gaz savamment mises en valeur, plusieurs autocollants « No interview, no photo, no video ».

« On ne répond à aucune interview, sur décision de la direction », martèlent les fabricants.

Du côté de Nobel Sport, entreprise finistérienne produisant aussi des grenades lacrymogènes, « on ne communique pas car c’est souvent utilisé contre nous. Nos produits sont utilisés par le ministère de l’Intérieur, vous pouvez lui poser vos questions car ils ont des doctrines que nous ne décidons pas ». Le représentant barbu et tatoué de B & T AG (anciennement Brügger & Thomet), la firme suisse des lanceurs de balles de défense LBD 40, s’est montré tout aussi discret, quoique courtois : « Je ne connais pas très bien cette arme car je viens d’arriver et c’est un sujet sensible. La direction a préparé une réponse pour les journalistes. » Sur la feuille qu’il nous a tendue, en trois langues, un avis rejetant la responsabilité de l’entreprise quant aux blessures infligées par ces armes : la France n’utilise pas leurs cartouches SIR, mais des cartouches françaises qui ne sont pas conçues pour le LBD 40 et rendraient l’utilisation de l’arme dangereuse.

Le seul à s’exprimer longuement a été Florian Lécuyer, de l’entreprise lorientaise de matériel de sécurité Redcore, qui en avait gros sur le cœur. Depuis 2015, Redcore se bat pour que son lanceur de balles de défense Kann44 de calibre 44 mm soit classé en catégorie B3 (« armes à feu fabriquées pour tirer une balle ou plusieurs projectiles non métalliques ») et non A2 (« canons, obusiers, lance-roquettes et lance-grenades de tous calibres »), comme l’a décidé le ministère de l’Intérieur. « À cause de cette décision, nous perdons tout le marché des polices municipales, s’est lamenté M. Lécuyer. Pourtant, notre arme est bien plus précise que les Flash Ball qui équipent actuellement la police municipale car elle dispose d’un canon rayé et peut être équipée d’un boîtier system score d’aide à la visée : quand le tir est réglementaire – plus de cinq mètres de distance, impact sur le torse, les membres supérieurs et inférieurs –, le cadran devient vert ; sinon, il est rouge. » En outre, un enregistrement de l’image de visée se déclenche automatiquement en cas de tir et Redcore a proposé que le tir soit bloqué en cas de visée non règlementaire. « Avec le mouvement des Gilets jaunes, on était sûrs que cette innovation allait intéresser le ministère de l’Intérieur. C’est dans la logique des choses, surtout quand des vidéos montrent des tirs de LBD40 à trois ou cinq mètres. Mais on nous a fait comprendre qu’il était urgent de ne rien faire. On soupçonne aussi des copinages. » L’entreprise conteste la décision du ministère et a saisi le Conseil d’État à ce propos.

Un logiciel capable d’aspirer toutes les données d’un téléphone en moins de dix minutes

En revanche, dès qu’il ne s’agit plus d’armes risquant de blesser des manifestants, les langues se délient. La police nationale a énuméré à Reporterre toutes ses innovations présentées sur le salon : outil de détection des hackers, dispositifs de lutte anti-drones du Raid, drone filaire de la police aux frontières, laboratoire mobile d’analyse de la fraude documentaire… et certainement le plus attendu, le « kiosque » de l’entreprise Cellebrite, logiciel capable d’aspirer toutes les données d’un téléphone portable en moins de dix minutes. « Actuellement, les téléphones saisis doivent être envoyés dans un centre spécialisé de la police technique et scientifique, qui ne sont que 35 et sont souvent embouteillés. Avec ce kiosque qui sera installé dans les commissariats de premier niveau, il suffira de brancher le téléphone et toutes les données seront extraites pendant la garde à vue : SMS, photos géolocalisées… Autant d’informations qui peuvent être utiles pour conduire l’interrogatoire », vante Clémence Mermet-Grenot, du service de la criminalité numérique.

Un dispositif permettant de recueillir les « traces technologiques ».

Sur l’écran qu’elle montre du doigt apparaît un échange de messages Facebook : « Ouais c’est bon y’a pas de caméra ! », « C’est une vieille baraque on aura qu’à entrer et se servir !!!! ». « Ce kiosque est en cours de déploiement dans le nord de la France. L’an prochain, cent nouvelles machines seront installées en Île-de-France et dans le Sud. En tout, cinq cents machines doivent être installées d’ici 2024, pour un coût de quatre millions d’euros. Nous l’avons déjà testé lors du G7, pour traiter les téléphones des personnes gardées à vue, et les retours ont été très positifs », se réjouit la commissaire divisionnaire.

Autre technologie suscitant l’enthousiasme des participants à Milipol, la reconnaissance faciale. Les exposants vantent les mérites respectifs de leurs dispositifs. Le Chinois Advanced Plus Group propose des petites caméras avec traqueur GPS et capteur de gaz dangereux pour la modique somme de 240 dollars pièce. L’Allemand propose une énorme mallette à 80.000 euros pouvant être reliée à quatre caméras et à une base de données de trois millions de visages, « facile à installer et très performante pour reconnaître les Noirs, ce qui est ordinairement difficile à cause de l’éclairage et de la nature des contrastes », indique l’exposant avec spontanéité.

La France reste dans la course, mais ses entreprises plaident pour un assouplissement de la réglementation sur la reconnaissance faciale. « Au salon, on montre ce qu’on pourrait mettre en place pour sécuriser de grands événements comme les Jeux olympiques de 2024. Mais cette technologie est fortement réglementée et donc peu utilisée, constate-t-on à Idemia. Actuellement, on l’utilise surtout en post-incident, pour aider la police à repérer les moments importants dans les enregistrements des caméras de vidéosurveillance. Pourtant, c’est l’avenir. Certains pays l’utilisent dans les aéroports, aux frontières… C’est tellement rapide ! » Vincent Bouatou, directeur de l’« Innovation Lab » d’Idemia, espère au moins un desserrement de la réglementation pour la recherche, histoire de pouvoir récolter suffisamment de données pour entraîner les algorithmes de reconnaissance faciale dans le cadre d’un processus de « deep learning » [2]. Il espère également un débat de société sur les utilisations de cette technique. La ville de Nice a testé un dispositif de reconnaissance faciale lors de son carnaval, en février 2019, provoquant l’émoi de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil).

« Il y a en France 25.000 fichés S, il serait très facile de tous les écouter »

Les exposants sont moins prolixes lorsqu’il s’agit d’obtenir des informations sur un autre dispositif de surveillance de masse, les IMSI-catchers capables d’intercepter le trafic des communications mobiles, de récupérer des informations à distance ou de pister les mouvements des utilisateurs des terminaux. Un constructeur allemand, Rhode & Schwarz, a expliqué ne pas en présenter en salon « pour éviter qu’il soit pris en photo, on préfère qu’il reste secret » et a invité Reporterre à envoyer un courriel pour en savoir plus sur ses clients. « On ne l’utilise pas, c’est interdit par la réglementation », a assuré la gendarmerie. Pourtant, son utilisation est définie dans un cadre légal depuis 2015 et la réforme de la loi pénale de juin 2016 et un appel d’offres d’avril 2019 de la gendarmerie et de la police nationale inclut cet équipement controversé.

« Vous êtes dans le monde des bisounours, il faut y rester », réplique d’un air entendu un représentant de l’entreprise française GPX, spécialisée dans le matériel d’écoute, de localisation et de brouillage, lorsque Reporterre l’interroge sur les IMSI-catchers. Lui est intarissable sur les bonnes vieilles techniques d’écoutes stratégiques et tactiques, qui permettent d’écouter en permanence plusieurs milliers de lignes. « Notre plus petit dispositif permet d’écouter simultanément 2.000 lignes, pour la somme de 5 millions d’euros. Il y a en France 25.000 fichés S, il serait très facile de tous les écouter. D’ailleurs, dans un pays comme la France, il y a au minimum 100.000 lignes écoutées tout le temps. C’est ma boule de cristal qui le dit », poursuit-il mystérieusement.

Des garde-fous existent-ils pour éviter que de tels équipements servent à écouter des activistes, des opposants politiques ? Nouveau hochement de tête apitoyé : « On ne peut vendre nos produits qu’à des États, à condition d’obtenir une autorisation ministérielle. Si la demande émane d’un État étranger, on demande l’autorisation au ministère des Affaires étrangères. Mais ensuite, ce qu’en fait l’État, ce ne sont pas nos affaires ! »

VERS UN « CONTINUUM ENTRECURITÉ RÉGALIENNE ETCURITÉ PRIVÉE »

« Les menaces globales nous touchent tous, nous devons agir fortement ensemble. Le continuum de sécurité doit être fait d’actes et de projets concrets. L’État et le secteur de la sécurité intérieure doivent agir ensemble, car la sécurité privée agit également pour la protection des Français, a déclaré le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner lors de son discours d’inauguration. Pour les grands événements comme les Jeux olympiques de 2024, un partenariat est indispensable. »

Cette déclaration s’inscrit dans la continuité d’un rapport de septembre 2018 des députés En Marche ! Alice Thourot et Jean-Michel Fauvergue, qui préconisent un « continuum » entre les forces régaliennes, les polices municipales et la sécurité privée, une meilleure coordination et un élargissement des compétences des entreprises de sécurité privée. Avec, en son cœur, une question hautement sensible : faut-il donner la possibilité aux agents de police privée d’intervenir sur la voie publique, ce qui leur est interdit à ce jour ?

Cette évolution serait dans le prolongement de la loi du 28 février 2017 relative à la sécurité publique qui autorise pour la première fois l’armement des agents de sécurité privée, ce qui était interdit à de très rares exceptions (protection des installations nucléaires notamment) : armes de catégories D comme des bâtons de défense, des matraques télescopiques, des tonfas ou des aérosols pour les agents de surveillance « classiques », et fusils et aux armes de poing pour les agents de la « surveillance armée ».

Source l’excellent site indépendant Reporterre qui fait également un appel à soutien

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5 décembre 2019 4 05 /12 /décembre /2019 15:29

 

 

 

par Jorge Elbaum*

Toutes les versions de cet article : [Español]

 

Le modèle de contrôle hégémonique prévu [par les États-Unis d’Amérique] pour l’Amérique Latine est composé d’ancrages médias, de tribunaux, d’agences d’espionnage (locales et internationales) et de dispositifs de manipulation numériques basés sur l’intelligence artificielle et les technologies Big Data. Dans plusieurs pays d’Amérique Latine, s’ajoute à cette combinaison, l’action développée par les secteurs évangéliques fondamentalistes, ayant des racines et des ramifications dans les sphères les plus rétrogrades de Washington.

Au cours de la première quinzaine d’août, un consortium de 15 médias non hégémoniques, dirigé par Columbia Journalism Investigations (CJI) et appartenant à l’Université de Columbia, en partenariat avec le Centro Latinoamericano de Investigación Periodística , a publié un dossier sur le ce conglomérat extrémiste.

Le groupe qui mène l’offensive en Amérique Latine [et partout dans le monde] est la Capitol Ministries (CM) , dirigé par Ralph Kim Drollinger , un ancien basketteur de la NBA devenu un véritable croisé contre les idéologies de genre, les processus migratoires, la séparation de la religion et de l’État, et toutes les luttes sociales émancipatrices.

Les rapports présentés par le CJI montrent la présence de Capitol Ministries au Mexique, au Honduras, au Brésil, au Pérou, en Uruguay, en Equateur et au Costa Rica. Au Nicaragua, au Panama et en Argentine, ils opèrent par l’intermédiaire d’organisations satellites liées au même programme néolibéral, assaisonné d’un langage suprématiste.

Le lien de Drollinger avec l’administration républicaine actuelle se visualise à l’intérieur de la Maison-Blanche, il office le Faith and Opportunity Initiative (WHFOI), un espace au sein duquel le vice-président Mike Pence, le secrétaire d’État au département, Mike Pompeo, et le ministre de l’éducation Betsy De Vos, partagent des réunions théologiques « de guérison » organisées par Capitol Ministries.

Ces réunions ont un rang institutionnel depuis que l’ actuel homme d’affaires devenu président, a signé le décret # 13831 du 3 mai 2018, par lequel le WHFOI est défini comme un espace spirituel de réflexion pour le gouvernement.

Drollinger fut à Buenos Aires en novembre 2009 dans l’intention de renforcer l’opposition au Kirchnerisme qui, à cette époque, cherchait à affaiblir le gouvernement de Cristina Fernández. Depuis cette époque, sa représentation à Buenos Aires est gérée par l’organisation Parliament and Faith, dirigée par Luciano Bongarra, un participant régulier à la Delegación de Asociaciones Israelitas Argentinas (DAIA), avec laquelle il partage sa sympathie pour la politique de Bibi Netanyahu.

Bongarra figure sur le réseau professionnel Linkedin en tant que directeur pour l’Amérique Latine chez Capitol Ministries, alors que le même titre est attribué au pasteur péruvien Oscar Zamora, qui a été le bâtisseur le plus efficace du réseau évangélique avec les différentes délégations diplomatiques de Washington au sud du Rio Grande.

Criminalisation

Dans une de ses interprétations bibliques, selon les exigences du trumpisme, Drollinger a souligné que les processus migratoires devraient être basés uniquement sur des textes sacrés et que la ségrégation ne devrait jamais être mise en question : « Exclure les individus qui peuvent être des criminels, des traîtres, des terroristes ou qui puissent avoir des maladies transmissibles n’est en rien du racisme.

Capitol a justifié la séparation des familles à la frontière mexicaine sur la base de la criminalisation des migrants et a promu la peine de mort sur la base d’un prétendu soutien biblique. L’ancien joueur de basket a également estimé que les femmes ne sont pas aptes à enseigner la Bible et que la présence de femmes dans les domaines législatifs est sans aucun doute un péché, car les femmes doivent prendre soin de leurs enfants et ne pas être loin de chez elles, car elles finissent par fraterniser avec des inconnus.

La relation affective entre les personnes du même sexe, ajoute Drollinger, devrait être considérée comme « une affaire qui suscite la colère de Dieu ». Pour Katherine Franke, professeur de droit et d’études sur le genre et la sexualité à la Columbia University, la présence de Capitol à la Maison Blanche viole la Constitution des États-Unis en promouvant une conviction religieuse particulière : « Le gouvernement [des États-Unis] encourage la religion en tant que projet gouvernemental officiel et cela viole clairement l’une des clauses de la Constitution », a-t-elle déclaré.

Le pasteur Mario Bramnick, descendant de Cubains basé à Miami, a également organisé un mouvement appelé «  Latinos for Trump  », qui a des ramifications au Mexique et en Amérique Centrale et aux Caraïbes. Bramnick est également le fondateur de la « Coalition latino-américaine pour Israël (LCI) », un groupe de pression évangélique au soutien non critique du gouvernement Bibi Netanyahu. Les pasteurs Bramnick et Drollinger ont institué le ministère pastoral de Capitol Ministries aux Honduras, aux côtés de leur président, Juan Orlando Hernández, afin que ce dernier soit libéré des accusations de trafic de drogue qui pesaient sur lui.

Le 2 août, grâce aux interventions des pasteurs, un tribunal fédéral de New York a accusé le frère du président hondurien, Tony Hernández, de trafic de drogue et d’avoir recueilli 1,5 million de dollars pour financer la campagne électorale de son frère. Selon les enquêtes de CJI et du CLIP, le président ne figure pas parmi les accusés, en raison des bons offices probables de ses amis fondamentalistes de l’OFCB. En échange des dites interventions de Drollinger et Bramnick, Juan Orlando Hernández s’est engagé à déplacer l’ambassade de Honduras à Jérusalem, à la demande du gouvernement de Donald Trump.

Au Mexique, les hôtes de Drollinger se sont organisés autour de l’ Alliance Defending Freedom (ADL) [Alliance pour la Défense de la Liberté], qui anime les mouvements pro-vie et cherche à justifier le mur le long de la frontière mexicaine comme une forme de lutte contre le trafic de drogue : les entrées de la drogue aux etats unis limitées , affirment les pasteurs , réduira la violence des gangs criminels immédiatement, au fur à mesure que leur financement diminue.

L’une des organisations membres de l’ADL est l’association Incluyendo México AC , qui a réussi à recueillir environ 62 millions de dollars pour les dépenser dans la diffusion d’activités anti-avortement et promouvoir les cliniques proposant des programmes de conversion des homosexuels.

Les prises de position publiques des pasteurs fondamentalistes, promoteurs des thérapies de guérison forcée pour les personnes appartenant aux groupes LGBTI, ont conduit l’American Psychiatric Association (AAP) à publier pour la énième fois que l’homosexualité ne peut être considérée une maladie ou une déviation et qu’il y a près de 5 décennies, en 1972, elle avait été rayée de la liste des troubles mentaux. Pour sa part, l’Organisation mondiale de la santé a accompagné les déclarations du AAP avertissant que, pour la Cour interaméricaine des droits de l’homme, les soi-disant thérapies de conversion pour les personnes LGBTI sont assimilables aux pratiques de torture et doivent être punissables en tant que telles.

Au Paraguay, l’offensive fondamentaliste est dirigée par le représentant de Capitole Ministries à Asunción, Miguel Ortigoza, qui promeut la lutte contre l’immigration des Afro-descendants et des musulmans et s’oppose à la parité des sexes dans les zones représentatives du Congrès guarani. Pour le pasteur Ortigoza, il existe des raisons bibliques d’empêcher l’arrivée d’hérétiques potentiels qui se cachent aux frontières : « Les musulmans ont commencé à venir, et ils sont venus de toutes les couleurs. Ils ont déjà commencé à investir, ce qui entraîne la migration ».

Au Brésil, les partisans de Drollinger et de Bramnick sont des adeptes fervents de Jair Bolsonaro qui, en juin, ont mis en cause un jugement de la Cour Suprême de leur pays qui assimilait l’homophobie à un crime similaire au racisme. A cette occasion, le président a déclaré que la Cour avait « complètement tort ».

Quelque temps auparavant, le ministre de l’Éducation brésilien, le pasteur évangéliste Damares Alves, avait estimé que les filles devaient porter des vêtements roses alors que les garçons devaient faire attention à s’habiller avec la couleur bleue. Il a également expliqué que les viols des filles dans les secteurs populaires étaient causés par le manque de sous-vêtements. Le problème, a suggéré Alves, pourrait être résolu efficacement avec la mise en place d’entreprises fabriquant des culottes.

Diviser

Les membres de Capitol ont pour tâche fondamentale de promouvoir une législation anti-droits et d’affronter ceux qui défendent les idéologies de genre. Cependant, l’objectif principal est de diviser les majorités populaires, sous le prétexte de la protection de la famille noyau, territoire du soutien de base de l’affectivité sociale des groupes les plus vulnérables.

Basée sur la promotion de cette segmentation caryocinétique, on vise à empêcher la formation et/ou la sollicitation d’identités politiques cohérentes, capables de remettre en cause la logique néo-libérale. En outre, pour contribuer à cet objectif, les membres de l’OFCB proclament la théologie de la prospérité, une doctrine qui bénit ceux qui s’enrichissent et méprisent les humbles.

Pour ces conceptions, les pauvres arrivent à la misère à la suite d’une punition divine : les riches - affirment les membres de Capitole - seront récompensés tandis que les nécessiteux seront les destinataires de la leçon théologique méritée. Par nature transitive, les États-Unis sont prospères par décision céleste, tandis que les habitants de l’Amérique Latine sont les nécessiteux du fait de leur responsabilité propre et absolue.

Ils marchent. Mais ce ne sont pas des saints.

Jorge Elbaum* pour Nodal

Nodal. Buenos Aires, le 2 septembre 2019

*Jorge Elbaum est sociologue, Docteur en Sciences. Économiques. Président du « Llamamiento Argentino Judío ».

Traduit de l’espagnol pour El Correo de la Diaspora par: Estelle et Carlos Debiasi

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4 décembre 2019 3 04 /12 /décembre /2019 01:07
Echos de Bolivie : "Ils sous tirent dessus comme sur des animaux"

Echos de Bolivie : "Ils sous tirent dessus comme sur des animaux"

par Ollantay Itzamná , avocat et anthropologue quechua

Source en français alterinfo mis en ligne par Françoise Couëdel

 

Le déterminisme biologique néolibéral, après une décennie de pause protocolaire, renaît de façon triomphante en Bolivie (tel l’Oiseau Phénix), révélant les vilénies les plus misérables qui habitent la « bolivianité » de la classe moyenne et les « modèles » politiques et culturels auxquels elle obéit.

Le rejet des résultats électoraux récents orchestrés/ pollués par des « damoiseaux et damoiselles » de la classe urbaine, loin de manifester des velléités d’attitudes démocratiques, pour la « défense de la démocratie », révèle la manifestation publique du racisme suintant qu’ils diffusent dans leurs selfies. Assoiffés d’images de corps ensanglantés ou morts, pour « accuser l’indien qui gouverne », ils témoignent ainsi de l’hypocrisie raciste dont « par nature l’indien est coupable ».

Le rejet raciste de rue, dans le style mal imité des guarimbas vénézuéliennes, ne plaide pas en défense de la démocratie, ni de la seule défense de leurs privilèges culturels « supposés en déclin dans les 13 dernières années ». C’est avant tout la revendication publique de l’identité collective que partage une classe. Constater cette réalité est douloureux mais c’est ce que l’on voit et observe.

Elles/ils haïssent, rejettent le sang indien qui coule dans leurs veines et fantasment, s’imaginent en blanc « mythique » qu’ils ne parviendront jamais à être. Dans cette contradiction existentielle ils perdent leur humanité détériorée. C’est la schizophrénie congénitale culturelle/identitaire de la bolivianité républicaine.

Ces 13 années de démocratie libérale institutionnalisée n’ont pas été suffisantes pour soigner/guérir/ la schizophrénie culturelle/identitaire qui habite la bolivianité républicaine/ coloniale. Morales et son gouvernement, s’est égaré dans la « modernité matérialiste », et a négligé ou fait trop peu pour aider à guérir ce mal congénital qui habite la bolivianité « traditionnelle ».

Plus encore, cette bolivianité traditionnelle maladive, incarnée par Carlos Mesa et les « civiques », est l’archétype souhaité par la jeunesse et les nouveaux citoyens de la classe moyenne. Álvaro García Linera et les scribouillards du gouvernement, avec leurs académismes dépassés, éloignés de l’idée du Bien vivre, ont encouragé et encouragent cette fausse illusion. L’académie hégémonique occidentale est ontologiquement raciste et epistémicide.

Il est douloureux de l’affirmer, la Bolivie actuelle, malgré son « économie modèle », son réseau de routes, et de transport moderne, de sa « souveraineté satellitaire » …semble encore figée dans le dilemme du XVIe siècle : « Les aborigènes andins sont-ils ou ne sont-ils pas des humains ? ».

Mais cette interrogation est actuellement teintée de rancœur et de haine, car le sang aborigène circule même dans les veines de Carlos Mesa, de Albarracín, de Camacho…cela explique que la négation et la détestation de ce qui les trahit, qu’ils tentent de cacher (en portant barbe, et cravate et des noms métissés) deviennent viscérales.

C’est cette contradiction existentielle de classe qui anime et épuise les « racistocrates » boliviens, malgré la défense historique portée par Las Casas en faveur des aborigènes.

Même aux débuts de la République le débat ne portait plus sur la condition anthropologique de l’indien mais sur sa condition de citoyen. À cette époque les créoles libéraux soutenaient que les « aborigènes grâce à l’éducation, pourraient accéder à la citoyenneté bolivienne », tandis que les créoles conservateurs prétendaient que « les aborigènes, par nature, ne pourraient pas devenir des citoyens boliviens ». Finalement, depuis les premières décennies, en théorie, c’est l’argumentation des créoles libéraux qui s’est imposée.

Mais, en dépit de cette reconnaissance des libéraux (légalisée par le vote universel de 1952) [1] « les Boliviens traditionnalistes » refusent de reconnaître le vote des Indiens, et en conséquence de reconnaître l’Indien comme sujet politique. Et plus triste encore, ils avancent l’argument que c’est pour « la défense de la démocratie ».

Ces constatations, et bien d’autres encore, révèlent que pour cette triste classe moyenne bolivienne, il n’y a démocratie que quand les riches/blancs triomphent, y compris grâce aux votes des Indiens, mais que quand ce sont les Indiens qui gagnent (faisant de la majorité démographique une majorité politique) il y a eu fraude.

Face à cette conviction identitaire de classe il n’y a pas de principe, ni de règle, ni d’audit électoral qui vaillent. Et comme à l’atroce époque coloniale on agresse, on roue de coup (dans les rues, en place publique, face aux caméras) tout mortel qui s’oppose à leur « racistocratie ». Dans le seul but de faire prévaloir le supposé déterminisme biologique néolibéral.


Blog de l’auteur : https://ollantayitzamna.com/.

Traduction française : Françoise Couëdel.

Source (espagnol) : https://ollantayitzamna.com/2019/11/02/bolivia-no-es-la-democracia-es-la-racistocracia/.

 

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26 novembre 2019 2 26 /11 /novembre /2019 18:24

 

Au Mexique se manifestent tous les préparatifs d’une tentative de coup d’état conjuguant différentes tactiques sur de multiples fronts. Ici c’est l’aspect religieux de cette déstabilisation planifiée qui est mis en évidence. Comme vous le verrez dans la vidéo ci-dessous, un prêtre appelle les Mexicains a exorciser le démon, Satan, auquel le Président Andrès Manuel L.O. aurait selon lui livré le pays.

Un nouveau fanatisme religieux prend place sur la scène politique internationale. Courant majoritairement évangéliste (protestant), il touche également des catholiques. On a pu voir comment en Bolivie, les suppôts du gouvernement putschiste qui ont pris le pouvoir, pratiquent des exorcismes collectifs pour « chasser Satan du pays ». Satan ici est incarné par la Pachamama, par la spiritualité des populations originaires. Ce courant, partie inclusive de l’extrême-droite, est le même qui a porté au pouvoir Bolsonaro au Brésil, un pays où il compte 20 millions d’adeptes. Le même qui chapeaute le suprémacisme blanc au USA, où ce courant trouve à sa tête John Bolton mais aussi Mike Pence qui deviendrait président si Trump se voyait forcé de renoncer à sa charge…

Bien sûr, il y a derrière tout cela de puissants intérêts économiques, mais qui ne triompheront que si ils réussissent à gagner à leur cause également des masses, celles les petites gens qui jamais ne recevront plus que de maigres miettes du gâteau. Dans ce but sont utilisées des idéologies de fanatismes religieux qui prennent à présent la forme déclarée d’une Croisade, d’une Chasse au Sorcière avec ouvertement affirmée une volonté d’exterminer le démon. Un programme génocidaire, fanatique et fasciste.

Ici, je vous présente une vidéo dans laquelle on voit un prêtre catholique mexicain appeler « les croyants » (crédules?) à s’unir pour chasser Satan du Mexique, les hordes sataniques ayant selon lui à leur tête le président Andrès Manuel López Obrador. Une réplique de ce qui se produit actuellement en Bolivie.

Ce qui suit n’est pas anecdotique, puisque la Conférence Épiscopale du Mexique, par la voix de son président Pogelio Cabrera López, s’est prononcée contre le Président et multiplie les déclarations qui le discréditent. De même qu’en Bolivie (et dans certains secteurs européens de ces courants comme on peut le voir ici), le racisme ethnocidaire contre les populations originaires est présenté comme une lutte de la Vierge de Guadalupe contre la Pachamama qui selon eux serait « enceinte de l’antéchrist ». Cela fait froid dans le dos. Heureusement, si la Vierge Guadalupe est vénérée par beaucoup de Mexicains, tous ne sont pas dupes pour autant et s’élèvent de nombreuses voix chrétiennes qui sont prêtes à défendre AMLO, même si pour cela elles doivent condamner la hiérarchie cléricale du pays. Rappelons qu’un des plus grand soutien d’Andrés Manuel est le père Solalinde, un prêtre catholique qui a été nominé au Prix Nobel de la Paix en 2017, un vrai pratiquant de la philosophie chrétienne, qui déploie une inlassable activité pour venir en aide aux migrants et considère AMLO comme un frère.

Il faut chasser Satan du Mexique en détruisant Andrés Manuel López Obrador

Traduction  de cette vidéo de la 3éme à la 7éme minute (le reste est consacré à un autre front, une autre partie de l’histoire) :

« Je suis Mexicain, je viens de Mexico, essayant de promouvoir une croisade d’oraisons. Qu’ont-ils fait avec le Venezuela, nos voisins. Que font-ils depuis neuf mois avec le Mexique ? Le suivant est la Colombie. Quelqu’un dit Non, Merci. Parce que cela va dépendre de nous. Au Mexique actuellement nous menons une Croisade, recherchant 12 millions qui prient le rosaire tous les jours pour contenir le dragon qui vient d’arriver dans notre pays. Mais nous avons besoin de 30 millions. Je vais vous montrer grâce à seulement deux exemples ce qu’ils sont en train de faire dans tous les pays d’Amérique Latine pour les détruire.

Quels sont les trois piliers qui ont soumis Cuba pendant 60 ans. Tu vas être surpris de constater que ce sont les mêmes que ce qu’ils essayent de faire ici. Je ne vais pas les expliquer, je vais juste les mentionner. Premièrement la maçonnerie – ne me dit pas qu’en Colombie il n’y a pas de maçons, c’est infesté de maçons là-bas aussi et beaucoup sont au pouvoir.

Deuxièmement la SORCELLERIE comme ils l’appellent à Cuba Santeria. Tu ne te rends pas compte de comment a commencé le gouvernement du Mexique ? En faisant un rituel – bon je ne sais pas ce qu’il a fait, je ne suis pas exorciste (sic) – mais je suis convaincu que ce rituel consacrait lesMexique à Satan. Un pays dans lequel vit la Vierge à San Diego a été consacré à Satan ! [ San Diego,Tijuana, où selon eux, apparut la Vierge de Guadalupe, lieu de pèlerinage annuel pour environ 8 millions de croyants NdT].

Au Venezuela à partir de l’âge de 3 ans, ton enfant appartient à l’état. Cela tu le sais, tu l’entends, cela se passe ici à côté de toi. Quelle est la première chose qu’ils vont faire au Mexique : supprimer le droit parental

[commentaire de Nacho Rodriguez sur le site duquel est présenté cet extrait de discours insensé, Incrédule, il rappelle que c’est ce qui se passe en Bolivie, les populations originaires sont satanisées., diabolisées. (j’ajouterais, de même que le sont ici les populations africaine, à Cuba tous les indigènes ayant été massacrés par les conquistadores, les populations d’origines africaines mises en esclavage ont amené leur propres rituels origine de la Santeria. Suite du délire « religieux »…]

Tu ne gouverneras plus tes enfants, l’état les gouvernera.

Il faut les démoraliser pour les détruire. Deuxièmement : déstabiliser toutes les institutions. Tu le sais, qui est ne train de châtier le peuple du Venezuela : la Garde Nationale Bolivarienne ? Comment s’appelle la nouvelle armée qu’à formé le Mexique : Garde Nationale… [...] »

 

« Les détruire », « Déstabiliser toutes les institutions »… c’est clairement une composante des préparatifs de coup d’état qui s’intensifient au Mexique

La suite des insanités ne figurent pas dans l’extrait présenté ici, qui me semble amplement suffisant pour se faire une idée avant d’être submergés par la nausée.

Comment croire qu’un Dieu Créateur Parfait a pu créer des créatures qu’il aime pour qu’elles exterminent d’autres de ses créatures qu’il hait. Cela ne tient pas debout.

J’ai un grand respect pour ceux qui parmi les chrétiens pratiquent l’amour du prochain, le refus de s’enrichir au détriment d’autrui, la compassion… je me sens en affinité avec ceux-là, mais ceux dont il est question ci-dessus, encore plus après avoir vu les crimes qu’ils perpétuent en ce moment en Bolivie, me dégoûtent et me mettent en colère, car ils sont entièrement faits de haine et non d’amour. Parce que la malveillance les guide et que le Dieu qu’ils se sont inventé leur donne le droit – que dis-je – le devoir de tuer en son nom. Bienvenue au 21ème siècle…

 

Ben voilà, je voulais approfondir cette question de courants religieux d’extrême-droite génocidaire qui appellent à exterminer les « infidèles », des courants qui prennent place sur la scène politique et dont les adeptes se comptent par dizaines de millions en Amérique Latine et au Nord où ils occupent une place importante dans l’actuel gouvernement des USA alors qu’ils gouvernent le Brésil et essayent d’installer leur pouvoir en Bolivie.…

 

Anne W

 

 

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21 novembre 2019 4 21 /11 /novembre /2019 20:53

Introduction de la traductrice

En traduisant la vidéo qui suit, je suis arrivée à une conclusion : pour le fond rien n’a changé, ils ont simplement perfectionné leurs techniques. Au Guatemala en 1954, le président Arbenz a démissionné sous les pressions fabriquées depuis les USA…. Pourtant 69 ans plus tard tout le monde reconnaît qu’il y a eu coup d’état au Guatemala en ce temps là. Faudra-t-il autant de temps aux aveugles de l’intelligence et du cœur pour comprendre qu’en Bolivie à présent se déroule également un coup d’état ?

1954 Guatemala : Modèle pour les guerres psychologiques de la CIA

En 1950 Arbenz est élu président du Guatemala avec 65 % des voix. Il entame une réforme agraire qui nuit aux intérêts de la United Fruit qui était propriétaire de la moitié des terres fertiles du pays et de presque toutes les voies ferrées. Les travailleurs étaient payés 50 centimes par jour alors que la compagnie enregistrait des bénéfices annuels de 65 millions de dollars. Le programme agraire impulsé par le Président Guatémaltèque obligea la United Fruit à vendre des terres qui seraient attribuées aux paysans pour qu’ils y réalisent des projets productifs. Cette réforme fit que la compagnie se sentit menacée.

Au Guatemala les intérêts et la sécurité d’United Fruit – pardon des USA – sont menacés, il faut agir.

La CIA a découvert : le coup d’état fantôme.

En 1954 au Guatemala la CIA lance l’opération sous couverture PBSUCCESS.

500 rebelles vont affronter l’armée du président. La CIA a déjà choisi le prochain président du Guatemala qui sera à la tête de l’armée « rebelle. » Les soldats seront entraînés par Rip Robertson, un légendaire agent paramilitaire.

Il a été décidé de recourir à la guerre psychologique utilisée pour la première fois par la CIA.

Une opération de guerre psychologique sous couverture se base dans la tromperie, dans les mensonges : explication d’un coup d’état modèle du genre en se basant sur des archives déclassifiées récemment qui révèlent la première tentative de la CIA de renverser un gouvernement de gauche en Amérique Latine… et son premier usage déterminant de la guerre psychologique.

Interviennent dans la vidéo

-Stefan Schlesinger (StS), auteur de « Fruits Amers »

-Peter Kornbluh (PK) des Archives de sécurité nationale.

-Prof Kenneth Osgood (KO) (expert en Guerre Psychologique)

-Don Mann (DM) ex-membre des Forces spéciales US

- un expert d’aviation militaire (EaM)

- Mario Avila (Mario) témoin présentiel du coup d’état à Guatemala city

 

12 août 1953, à Washington se tient dans le plus grand secret une réunion à la Maison Blanche. Trois hommes se réunissent le président Dwight Eisenhower, son secrétaire d’état et Allen Dulles directeur de l’Agence Centrale d’Intelligence [et frère de Forster Dulles avocat de la United Fruit Company]. Objectif : faire face à une nouvelle menace à la sécurité du pays. Un petit pays d’Amérique Central, le Guatemala a défié les hommes les plus puissants des USA.

StS :« Eisenhower dirigeait le pays de manière très clandestine et entre les 3 ils élaborèrent de nombreuses stratégies qu’ils appliquèrent dans le monde entier. »

Ils ont un nouveau problème, : un petit pays à 1300 kilomètres de la frontière Sud, Guatemala a élu récemment un leader avec des liens communistes notoires, Jacobo Arbenz Guzman. Arbenz, déjà, a commencé à menacer les intérêts étasuniens, son gouvernement confisque des milliers d’hectares de l’entreprise multinationale United Fruit.

PK : « A quoi s’ajoutait le fait d’être une menace pour la sécurité des USA ? Avec la guerre froide qui bat son plein, la grande préoccupation à Washington est d’empêcher que le communisme se propage dans le monde entier, en particulier dans l’hémisphère occidental. La CIA commençait à voir des communistes de toutes parts et elle était disposée à utiliser tous les moyens pour réduire leur pouvoir. »

 

1954 Guatemala : Modèle pour les guerres psychologiques de la CIA

La décision est prise, ils doivent renverser Arbenz.

 La CIA décide de mener une opération pour renverser le président du Guatemala. Elle présente au président un document top secret qui contient un plan extraordinaire : la dite Opération PBSUCCES.

STS : « Il résumait la manière dont peut se renverser un régime établit sans utiliser de troupes étasuniennes. » Le plan est d’appuyer secrètement un soulèvement armé contre Arbenz leader du Guatemala élu démocratiquement et de le renverser par un coup d’état.  Mais Eisenhower a des doutes. Il faut empêcher que le complot de la CIA puissent être relié au président des USA.

STS : « Pourquoi les USA avaient-ils aussi peur de se voir impliqués ? L’opération pouvait être perçue comme le renversement d’un gouvernement élu démocratiquement, une violation des principes des Traités qu’ils avaient signés devant les Nations Unies. Cela aurait endommagé la réputation des idéaux étasuniens. »

PK :« Personne ne devait pouvoir attribuer l’opération au président US »

L’opération combine 3 stratégies clés. Premièrement une invasion avec une petite armée spécialement entraînée. Ensuite l’application d’une pression politique extérieure et pour finir, la CIA utiliserait toute une panoplie de tromperies.

L’opération PBSUCESS inaugurait une nouvelle stratégie, des choses qu’on avait jamais vu auparavant, des actions qui n’avaient jamais été mises en pratique. Ces méthodes sont tellement novatrices que la CIA ne sait même pas si cela va fonctionner. C’était risqué parce que personne ne savait exactement ce qui allait se passer. On considère que l’opération à seulement 40 % de chance de réussir.

La CIA doit planifier rapidement une opération sous couverture et réalisable. 

Eisenhower dit : « En avant, nous devons le faire. Je crois que cela va fonctionner et qu’il est important de le faire. »

Le premier mouvement de la CIA est d’installer un Centre Secret de Commandement à la base de Opa Locka à Miami, en Floride. Ce centre est tellement secret que seulement quelques hommes qui travaillent directement sous les ordres du président connaissent sa localisation.

StS : « Pourquoi à Miami ? En premier lieu parce que c’était loin de Washington. S’ils le faisaient depuis Washington, toute l’opération aurait pu se révéler au grand jour. »

Une fois le Centre de Commandement préparé, la CIA a besoin d’un homme de paille qui puisse diriger une armée rebelle contre le Président du Guatemala. Le leader devait être quelqu’un de malléable qui obéisse aux ordres de la CIA et soit loyal au gouvernement des USA. La CIA incline pour un homme nommé Castillo Armas. Armas est un colonel guatémaltèque charismatique et ambitieux. Trois ans plus tôt, il avait participé à un coup d’état militaire raté. Il avait été emprisonné, et selon les rumeurs, il avait réussi à s’échapper grâce à un plan très audacieux. La CIA va le trouver exilé au Honduras.

PK: « La CIA avait décidé qu’il était le candidat parfait pour diriger l’attaque et par son intermédiaire rétablir le contrôle étasunien sur le Guatemala.. » Armas vole jusqu’au Centre de Commandement de Opa Locka. Les deux parties parviennent à un accord.

Le défi suivant est de créer une force guérilla « rebelle » qui mènera le soulèvement. La CIA établit une base secrète dans la forêt d’Amérique Centrale.

 

Honduras, Amérique Centrale. Camps d’entraînement des Forces Rebelles L’homme élu pour entraîner l’armée secrète est Rip Robertson, un vieux spécialiste des opérations militaires sous couverture.

DM : « Il adorait se retrouver dans la forêt. Un véritable guérillero ne cesse jamais d’être en guerre, et Robertson était comme cela. » STS : «  Rip Robertson, ce genre de choses l’enchantait, il était né pour faire cela. Et qu’on le paye pour le faire sous la protection du gouvernement des USA devait lui sembler être le paradis. ».

En janvier 1954 commence la période d’entraînement. L’ordre est donné à Robertson de convertir ces hommes en une force de combat bien entraînée en 6 mois. Il s’agit de réfugiés guatémaltèques recrutés dans d’autres pays d’Amérique Centrale. Parmi eux, il y avait des mercenaires professionnels. Maintenir le nombre des effectifs en dessous de 400 permet de les entraîner en secret.

DM :« Rick Robertson dû entraîner son équipe aux tactiques de guérilla. Comme on dit dans le monde des Opérations Spéciales : pouvoir entrer, causer le dommage désiré et partir sans être repéré. » Robertson les entraîne pour qu’ils dominent le sabotage, les explosifs et différents armements. Il les soumet a un épuisant programme d’exercices physiques qui devra leur permettre de progresser sur les terrains difficiles du Guatemala. Mais cela, c’est la partie facile. Armas et son armée de mercenaires  vont devoir affronter un adversaire formidable : l’armée du Guatemala.

STS : « Le Guatemala disposait de la meilleure armée et des forces de polices les plus nombreuses d’Amérique Centrale. » L’armée comptait 16 000 hommes, il y en avait 13 000 dans les forces de police. Un nombre de loin supérieur à de n’importe quel autre pays d’Amérique Centrale.

A ce moment l’armée est loyale à Arbenz, son leader récemment élu qui compte avec l’appui du peuple Guatémaltèque. Arbenz est également un général expert.

PK:« Arbenz lui-même était un militaire respecté, considéré comme brillant et cultivé par la propre CIA. »

Contre un politique aussi populaire et brillant les chances de la CIA paraissent très faibles.

KO ;« La grande question était : comment vaincre avec une armée rebelle de 300 ou 400 hommes une armée de 5 000 ou 6 000. » La CIA pense avoir la réponse, : une arme secrète élaborée de manière occulte au sein de l’agence et qui n’avait jamais été utilisée aussi près du territoire étasunien… jusqu’à ce moment, la guerre psychologique. KO : « Les opérations psychologiques se fondent dans la tromperie, dans le mensonge. Il s’agit d’employer des sales moyens, de manière occulte, cela ne fonctionne pas si on révèle son identité. »

Les opérations psychologiques sont utilisée depuis la Seconde Guerre Mondiale, mais jusque-là, elles n’avaient jamais été utilisée à une telle échelle.

STS : « C’est la première fois que la CIA utilise une manœuvre de ce genre pour renverser un gouvernement »

La CIA recrute un présentateur de radio expert en relations Publiques David Atlee Phillips pour exécuter la phase psychologique de l’Opération. C’est la dite « Opération Sherwood ». Son objectif était de saper la popularité du Président pour qu’il perde tous ses soutiens.

Ko : « Ce qu’il firent, c’est de créer une émission de radio clandestine qu’ils appelèrent « radio libération ». L’idée était de présenter cette émission comme la voix secrète de l’armée de libération qui était sur le point de libérer le peuple du Guatemala. »

1954 Guatemala : Modèle pour les guerres psychologiques de la CIA

Studio d’enregistrement. Opa Locka, Miami

L’opération se déroulera depuis Opa Locka. Phillip reçoit le soutien de 2 présentateurs guatémaltèques qui figurent dans les archives déclassifiées comme Mario et Pepe. Comme partie de l’offensive psychologique, ils doivent enregistrer des centaines d’heures de programmes radiophoniques qui seront ultérieurement émis au Guatemala.

KO : « Une des premières questions qui s’est posée aux agents de la CIA est : A qui allons-nous nous adresser ? » Phillips doit choisir entre s’adresser au peuple guatémaltèque, à l’élite intellectuelle ou aux leaders religieux. KO : « A tous, mais le premier objectif est l’armée.  L’armée et les généraux sont les cibles fondamentales. » Phillips savait que les généraux et le commandement supérieur étaient le plus grand obstacle.

KO :« Tout correspondait à l’objectif fondamental des opérations sous couverture qui était de creuser un fossé entre Arbenz et l’armée. «  Phillips élabora une série de programmes de radio conçus pour éloigner l’armée de son leader. Un d’eux s’appelait « On l’accuse de haute trahison » Dedans on accusait Arbenz d’avoir abandonné son armée, de l’avoir trahie, d’être un traître contre lequel il fallait agir immédiatement. L’objectif des programmes qui concernent cette trahison est de semer l’idée que les officiers qui resteront loyaux recevront un traitement sévère après le coup d’état. 

Radio Libération : « A la suite figurent plus de noms à ajouter à la liste noire des traîtres à la patrie, » ensuite Phillips s’adressa au point faible des officiers, leur porte-monnaie. KO : « Dans une de ses compagnes, il suggéra que la monnaie était sur le point de s’effondrer et qu’Arbenz n’aurait pas d’argent pour payer les officiers. Rien ne faisait plus peur dans les rangs des soldats qui le sont pour l’argent que l’idée qu’ils ne seront pas payés. »

Jour après jour, nuit après nuit, pendant 6 semaines entières, Phillips et son équipe réalisent des centaines d’enregistrement. Quand les enregistrements sont prêts, la CIA les transporte depuis d’Opa Locka, Floride jusqu’à un émetteur secret près de la frontière du Guatemala. KO : « Jusquà aujourd’hui nous ne savons toujours pas d’où fut émise l’Opération Sherwood. ; Certains rapports la situe dans la forêt du Honduras et d’autre dans une grange de l’Hacienda du dictateur du Nicaragua »

1er mai 1954, moins de 3 mois après le recrutement de Phillips, Radio Libération commence à émettre : « Radio Libération émettant depuis un lieu secret à l’intérieur de la République transmettra 2 fois par jour » La propagande des programmes radiophoniques enregistrés à Opa Locka est écoutée par des dizaines de milliers d’auditeurs de tout le Guatemala, ils ignorent qu’il s’agit d’un complot de la CIA. Alors que l’armée rebelle entraînée par Robintson est prête à attaquer.

1954 Guatemala : Modèle pour les guerres psychologiques de la CIA

La CIA exécute la phase finale de son plan : isoler politiquement le président Arbenz.

A la fin octobre 1953 a commencé le complot pour l’isoler, la CIA a envoyé au Guatemala le diplomate étasunien John Peurifoy. PK : « L’ambassadeur Peurifoy fut choisi avec soin pour sa personnalité arrogante et son opposition frontale au communisme. » Son travail consiste à augmenter la pression contre le Président Arbenz. STS : « Peurifoy était très ostentatoire, il portait des chapeaux Borsalino ornés de plumes. Il portait toujours un pistolet dans ses fontes. » Sa première attaque contre Arbenz eut lieu seulement une semaine plus tard quand il est invité à se réunir avec le Président du pays. PK : «Cela devait être une scène extraordinaire. La seule chose que fit Peurifoy, c’est de critiquer la présence de communistes dans son gouvernement. » STS : « On peut dire que cela servirait comme indicateur de comportement de Peurifoy pour l’avenir. »

Un des premiers travaux de Peurifoy fut de créer une délégation secrète de la CIA dans la ville de Guatemala. Mais où un ambassadeur pouvait-il établir un centre d’Opérations sans être découvert par le gouvernement ? Dans l’ambassade des USA, bien sûr, où lui-même travaillait. STS : « Elle occupa un étage entier de l’ambassade pour se charger de toute la planification interne nécessaire pour parvenir à leur objectif final qui était de se défaire de Jacobo Arbenz.  C’était une zone de l’ambassade dont l’unique fonction était de travailler pour renverser le Président Arbenz. On peut imaginer, les cartes, les chaînes de commandement, les personnes à contacter, la planification de différentes tactiques qui vont être utilisées, un ensemble de choses destinées à chercher comment parvenir à mettre en déroute ce gouvernement. »

Une fois établie la base de la CIA dans l’ambassade, Peurefoy commence a repérer quels membres de l’élite guatémaltèque sont susceptibles de se retourner contre leur propre gouvernement. Une des choses qui se fit depuis l’ambassade des USA fut de payer des officiers de l’armée pour qu’ils désertent. Ce fut une opération cruciale, vu que les planificateurs de la CIA pensaient que s’il parvenaient à influencer l’armée, ce serait la fin d’Arbenz. Arbenz la considérait comme une défense inexpugnable et ce fut compliqué de découvrir par quel moyen l’annihiler.. Beaucoup de temps fut nécessaire pour convaincre des officiers de déserter contre des payements en effectif. De fait, à un moment une personne offrit de l’argent à Arbenz lui-même pour qu’il abandonne le pouvoir. Naturellement il jeta cette personne hors de son bureau pour le lui avoir simplement suggéré. Ils essayèrent d’éliminer tous ses soutiens dans l’armée pour l’affaiblir, pratiquement jusqu’au point où elle ne serve plus à défendre Arbenz. »

Pendant que Peurifoy essaye de gagner l’ennemi depuis l’intérieur du Guatemala, la CIA cherche aussi dans le reste du monde des manières de saper le pouvoir d’Arbenz. La CIA a besoin d’un grand événement, un accident politique tellement grave qu’il permette aux USA de déchaîner une grande campagne politique contre Arbenz. STS : « Ils cherchaient quelque chose qui justifie ce qu’ils étaient sur le point de faire et ils le rencontreront par surprise. » Le coup de chance de la CIA ne s’est pas produit au Guatemala, sinon à 10 000 kilomètres de là dans un pays communiste de l’Europe de l’Est. 

1954 Guatemala : Modèle pour les guerres psychologiques de la CIA

Le 17 avril 1954, Szczecin, Pologne

Un espion de la CIA en Pologne découvrit un chargement suspect sur un bateau, le Afhelm. STS : « Ils se rendirent compte que ce bateau avait certaines caractéristiques inhabituelles, qu’il pouvait transporter des armes. » L’espion informa la CIA au sujet du Afhelm, averti qu’il était possible qu’il se rende en Amérique. La CIA surveilla le trajet du Afhelm. alors qu’il se dirigeait vers les Caraïbes. Elle contrôle le voyage du Afhelm qui passa par l’Afrique avant de se diriger vers Antilles Hollandaises. Au bout de trois semaines, soudain il vira vers le sud. Pour leur surprise, et satisfaction, sa destination était Porto Barrios au Guatemala.

Porto Barrios, Guatemala 17 mai

Quatre semaines plus tard quand le Afhelm aborde, la CIA obtient de son chargement toutes les preuves dont elle a besoin : au total ce sont deux tonnes d’armes légères comme des fusils, des mitrailleuses et des mortiers. STS : « Obtenir une preuve que les communistes étaient infiltrés au Guatemala fut une justification pour l’envahir. » Eisenhower dispose de toutes les munitions diplomatiques dont il a besoin pour déchaîner une campagne politique contre Arbenz. En réponse au chargement d’armes, il envoie des navires, des avions et des sous-marins de l’armée pour patrouiller près des côtes du Guatemala. STS : « Il utilisa tout son arsenal pour mettre en déroute le gouvernement du Guatemala. Eisenhower était décidé à y parvenir. » Arbenz peut seulement être témoin avec horreur de la manière dont son pays est étranglé par un blocus naval. Lui et ses généraux se demandent si les USA pourraient envahir leur pays .

PK : « A ce moment, Arbenz compris qu’une grande campagne avait été organisée à son encontre. Alarmé par la démonstration de force de Washington, » Arbenz tente une conciliation politique avec les Washington. Il envoie son Ministre des relations extérieures à se réunir avec Peurifoy pour voir s’il pourrait obtenir une trêve. Mais la dernière chose que voulait la CIA à ce moment, c’est d’une trêve. L’opération PBSUCCESS a un unique objectif, un changement de régime.

 

15 juin 1954. L’armée rebelle formée de 500 hommes est transportée vers des bases offensives plus avancées, près de la frontière du Guatemala. Les troupes sont déployées en cinq points offensifs au large de la frontière orientale du Guatemala. En la divisant en 5, la CIA espère créer l’illusion d’une armée beaucoup plus grande qu’elle ne l’est réellement. ‘STS : « Ils voulaient faire croire qu’il s’agissait d’une attaque à grande échelle depuis la côte du Pacifique, de l’Atlantique et des pays voisins qui détruirait toute les défenses du Guatemala et qui permettrait à Castillo Maras de s’emparer du pouvoir. « Pour appuyer l’invasion terrestre, la CIA fait voler une douzaine d’avions jusqu’aux premières lignes. Ils furent piloté par des pilotes des forces aériennes des USA qui n’ont pas été identifiés jusqu’ici.

KO : « Depuis la perspective de la psychologie militaire, l’usage d’avions sera terriblement important. » Les avions n’appuieront pas seulement les troupes, ils joueront aussi un rôle psychologique clé, déjà parce qu’ils intensifieront l’illusion d’une grande invasion. Avec le soutien aérien préparé et l’armée en place, prête à agir, la CIA prend contact avec le leader des rebelles Guatémaltèques, Castillo Armas et donne le feu vert pour l’invasion. DM : « Beaucoup de choses étaient en jeu et on ne pouvait pas se permettre que cela se passe mal. »

1954 Guatemala : Modèle pour les guerres psychologiques de la CIA

18 juin 1954, le coup d’état commence

Aux dernières heures du jour, le leader du putsch Castillo Armas se trouve sur une route écartée tout près de la frontière du Guatemala, il dirige un groupe formé par 120 des 500 soldats qui forment le contingent oriental de l’invasion. Si tout se déroule comme prévu, d’ici quelques jours il sera le prochain président du Guatemala.  En s’approchant de la frontière, ils virent qu’il y avait 2 gardes. L’un deux est un fonctionnaire des douanes. Il est rapidement abattu. DM : «  C’est le premier coup de feu du coup d’état. » A partir de là, c’est le chaos. Le second tombe mort pendant que le convoi traverse la frontière du Guatemala. DM : « Le plan est de continuer en avançant à pieds. La CIA a opté pour une attaque de guérilla pour occulter le véritable nombre des soldats. Plus de temps il serait possible de faire croire à l’armée qu’elle était confrontée à des milliers de personnes, plus grand serait l’avantage. Les hommes de Armas avancent sur des terrains abrupts pendant 3 jours entiers. Il est difficile de s’orienter dans l’es épaisseurs de la forêt, surtout qu’il y avait des pluies torrentielles. »

Le troisième jour de l’invasion, ils parviennent à la petite ville de Kipulas. Après une brève bataille avec des policiers locaux, Castilla Armas obtient sa première victoire. STS :« Les habitants de Kipulas devaient être commotionnés de voir apparaître ces guérilleros sur la Grand Place. Quelques soldats fournirent des armes aux habitants du village, déconcertés, pour donner l’impression qu’ils s’étaient joints à Castillo Armas pour renverser Arbenz. »

Pendant ce temps, 100 kilomètres au Nord de la position de Armas, le second contingent de l’invasion croisait la frontière.A Gualán, ils se heurtèrent à une garnison de l’armée. Gualán, ouest du Guatemala. C’est la bataille la plus sanglante de l’invasion jusque-là, elle va durer 36 heures. C’est la première grande épreuve pour les mercenaires de la CIA entraînés par Rip Robertson. DM :« Ou tu les tues, ou ils essayeront de te tuer, c’était une question de vie ou de mort. » Mais la situation va empirer. L’un après l’autre, les « rebelles » commencent à fuir. Quand les soldats restants se rendent compte de ce qui se passe, aucun d’entre eux ne veut être capturé et accusé de trahison. DM : « A voir fuir 2, 3, 5, 6 personnes ils commencent à penser que c’est peut-être la meilleure option. C’est le genre de problème qui surgit avec une armée irrégulière. » Finalement quasi toute la deuxième colonne fuit et retourne vers la frontière. C’est le premier grand revers pour l’armée « rebelle ». Beaucoup de ses soldats ont été blessés ou sont morts.

A Washington. La situation est sur le point d’empirer. Le plan était d’augmenter la pression sur le Président du Guatemala dans le champ diplomatique. Mais les leaders mondiaux ont des soupçons sur l’attitude des USA. StS : « Le gouvernement dArbenz décide de recourir à diverses organismes internationaux en quête de protection. Le premier fut l’ONU, le second fut l’Organisation des États Américains (OEA). »

Extrait d’infos :« A Caracas, la dixième Interaméricaine écoute Toriello, ministre des relations extérieures du Guatemala, cible d’une résolution des USA... »

Les Nations Unies vont jusqu’à mettre en place une équipe d’investigation pour analyser l’invasion. Le complot de la CIA court le risque d’être découvert, et les responsables de l’Opération PBSUCCESS disposent de peu de temps pour éviter que cela se transforme en un coup d’état manqué qui aura coûté des millions de dollars et une humiliation internationale.

Au Guatemala, la phase suivante de l’opération va de mal en pis. Le troisième détachement de l’invasion qui est parti du Salvador ne parvient même pas à pénétrer au Guatemala. 60 »rebelles » sont détenus alors qu’ils tentent de croiser la frontière. Le quatrième détachement, chargé d’attaquer Puerto Barrios au Nord du pays est mis en déroute par des travailleurs portuaires armés.

KO : « La situation paraissait chaque fois pire ». Et ce ne sont pas les seules mauvaises nouvelles que reçoit la CIA : les attaques aériennes ne parviennent pas non plus à atteindre leurs objectifs. Quasi tous les avions de combat sont immobilisés par des avaries mécaniques, StS : « L’attaque aérienne est réduite de 50 ou 60 % avec pour conséquence que l’armée d’invasion a perdu presque tout son appui aérien. Et la CIA est préoccupée à l’idée qu’elle ne soit pas capable de gagner sans cette démonstration de force. Le vital appui aérien reste au sol et le « soulèvement armé » a seulement réussi à pénétrer de 10km dans le pays. Toute l’opération est suspendue à un fil. PK : « Seuls les hauts dirigeants de la CIA savaient à quel point l’opération était sur le point de se solder par un échec. »

23 juin 1954. KO : « Peu après avoir lancé l’attaque, la CIA reçoit des services d’intelligence un rapport secret. (à présent déclassifié) qui disait : nous ne savons pas comment tout cela va se terminer. Si l’armée reste fidèle à Arbenz, tout est perdu. Mais si elle se retourne contre lui nous aurons des chances de gagner. »

L’opération approche d’un point critique et Allen Dulles, directeur de la CIA tient avec le président une réunion secrète d’urgence. Le président est surpris par l’échec des opérations militaires. StS :  « Eisenhower est déconcerté vu qu’il pensait que tout s’était déroulé selon les plans de la CIA ». Dulles lui dit d’emblée que l’unique option pour renverser la catastrophique invasion, c’est que le président autorise l’envoi d’un petit contingent des meilleurs avions des USA. Le président lui demande : « Nous pouvons vraiment gagner si je te donne deux avions supplémentaires ? » Dulles répond : « Je crois que nous aurions 20 % de probabilité de gagner. » Après quelques secondes, Eisenhower, lui dit : C’est bon, je te les donnerai. »

Les archives déclassifiées révèlent que le président accorda à Dulles deux nouveaux chasseurs bombardiers F47 d’une valeur de 250 000 $. Le F47 Thunderbold sera sans doute le meilleur avion de combat en Amérique Centrale à ce moment. La CIA est préoccupée par l’idée que quelqu’un puisse découvrir l’implication des USA et fait retirer les insignes étasuniens des avions qui volent illégalement jusqu’en Amérique Centrale. KO : « Ils avaient la sensation que tout cela pouvait mal finir, mais il fallait le tenter de toute façon » Même s’il parait peu probable que les F47 puissent changer le déroulement de l’invasion.

1954 Guatemala : Modèle pour les guerres psychologiques de la CIA

La CIA garde un as dans sa manche : LA GUERRE PSYCHOLOGIQUE.

STS : « Dans l’opération PBSUCCESS, tout se fonde sur des illusions. « Il s’agit de faire croire au peuple guatémaltèque qu’une énorme armée « rebelle » est sur le point de s’emparer du pays. La CIA augmente la fréquence des émissions de « Radio Libération » qui commence à émettre en permanence des bulletins qui annoncent une invasion dévastatrice. KO : « C’est une succession d’histoires des victoires des « rebelles », il est question de voies ferrées bombardées, de dépôts d’aliments sabotés… mais la réalité est complètement différente. L’armée de Armas est à des centaines de kilomètres de distance. »

L’objectif suivant de la CIA, c’est l’armée guatémaltèque. KO : « La CIA et l’Opération Sherwood obtinrent une grande victoire quand un colonel qui avait commandé les forces aériennes guatémaltèques déserta, croisa la frontière pilotant son avion privé et se rendit à la CIA. » David Atlee Phillips qui avait été responsable de la campagne de radio voulait que le Colonel annonce sa désertion en direct, mais celui-ci s’y refuse. KO : « Phillips feignit d’accepter son refus et lui servit un whisky et puis un autre, jusqu’à laisser le bonhomme à moitié saoul. Le colonel était toujours d’avantage en état d’ébriété. Phillips usa un magnétophone pour enregistrer le récit de sa désertion sans qu’il s’en rende compte et dès qu’il put, Phillips édita l’enregistrement et le diffusa. »

Non seulement les autres officiers de la force aérienne écoutèrent l’enregistrement ; le Président Arbenz l’entendit aussi. Il ordonna immédiatement que les forces aériennes guatémaltèques restent au sol de peur que d’autres officiers décident de déserter. KO : « Ce fut un grand triomphe de l’Opération Sherwood. Et ils continueront à utiliser des trucs de ce style. Chaque fois plus et encore plus trompeurs. Il utilisa un truc ingénieux pour gagner de la crédibilité auprès des auditeurs. Il feignit une attaque de l’émetteur. Ceux qui étaient en syntonie avec la radio, écoutaient une émission normale et d’un moment à l’autre, ils entendirent des cris, des gémissements, des enfants qui pleuraient et d’un coup, l’émission fut coupée. Le silence se fit. » Mais tout était une tromperie pour faire croire par la suite aux auditeurs que la radio a réussi à recommencer à émettre  KO [en pleine jubilation ! NdT] : « Le jour suivant la radio recommença à émettre avec un ton triomphal, comme pour dire, nous sommes de retour. »

23 juin 1954, Guatemala City... « une des expériences les plus terrifiantes que puisse souffrir une personne sur cette terre »

La nouvelle tromperie se produisit quand les deux nouveaux F47 arrivèrent au Guatemala. Six jours après le début de l’invasion l’attaque aérienne commence. EaM :« Jamais encore on avait vu des F47 attaquer une ville en volant à basse altitude et de manière aussi agressive ». Mario : « Quand nous avons entendu les avions, ma mère s’effraya très fort. Ce fut très compliqué, ce moment. Nous n’avions encore jamais vécu de guerre nous autres ». L’attaque aérienne est tellement impactante que les guatémaltèques inventent un surnom tout à fait approprié pour les bombes : « Sulfatos ». EaM : « Sulfato était le terme utilisé pour faire référence à un laxatif, un truc qui t’envoie aux toilettes. C’était cela l’effet que les bombes produisaient sur la population du Guatemala . Et après les bombes, les mitrailleuses. C’est sans doute une des expériences les plus terrifiantes que puisse souffrir une personne sur cette terre. Imagine un avion qui fait un bruit effrayant duquel il semble impossible de s’éloigner, qui vient directement sur toi, avec ses armes étincelant sur ses ailes » Mario : « Cela sème la panique, c’est quelque chose de très épouvantable. Ce n’est pas la peur… normale, c’est de l’épouvante».

KO : « Imagine une scène comme celle-là au Guatemala, un pays qui n’avait jamais expérimenté des bombardements terrifiants. Soudain surgit un avion qui vole très bas, avec les moteurs qui rugissent, laissant tomber des explosifs et tu entends près de toi un bruit horrible. »

Malgré la terreur produite, les archives déclassifiées de la CIA révèlent quelque chose de surprenant : (Eam) : « Je ne crois pas qu’ils prétendaient causer un grand dommage. S’il avaient voulu utiliser les F47 pour lancer une attaque aérienne dévastatrice, ils auraient utiliser les bombes de 227kg pour lesquelles ils ont été conçus, mais ils ne le firent pas. Ce type de F47 peut transporter 3 bombes de 227 kilos, ils auraient pu causer beaucoup plus de dommages avec celles-là. » De fait les dommages furent plus apparents que réels [sic Et les chocs post-traumatiques comme on les appelle à présent ? NdT], selon les rapports il n’y a pas eu une seule mort, et il n’y a pas une seule bombe vraiment puissante qui a été lancé pendant l’attaque. KO : « La vérité que que pendant certaines attaques ils larguèrent aussi des bouteilles de coca cola depuis les avions parce que l’explosion du verre produit une forte explosion. »

Tout cela fait partie de l’Opération Psychologique. L’objectif de l’attaque aérienne n’est pas de tuer, mais de semer le chaos et la terreur parmi la population guatémaltèque. KO : « Ils laissèrent tomber une bombe, une bombe énorme, qui en réalité n’était pas un artefact explosif mais qui projeta un immense nuage noir sur la ville donnant l’impression que quelque chose d’horrible s’était produit. » La bombe de fumée donna l’impression aux guatémaltèques qu’ils avaient subit une attaque directe. Mario: « C’est quand nous avons vu qu’il y avait de la fumée noire… en... en un lieu de la capitale... ». Les tactiques psychologiques de la CIA vont toutefois encore plus loin. KO : « Ils utilisèrent un autre truc propre aux opérations sous couverture : répliquer le son d’un bombardier. » Ils installèrent dans l’ambassade de la ville de Guatemala des énormes hauts parleurs qui reproduisirent le bruit d’un bombardement et du vol d’avions à réaction pour causer de la terreur chez la population. Mario : « Ce que raconte les personne âgées, c’est qu’ils allaient tuer beaucoup de gens et qu’il valait mieux ne pas participer d’avantage à la défense du gouvernement. »

Une invasion qui en réalité n’existe pas !

Alors que l’offensive psychologique avait commencé à produire des résultats, l’armée « rebelle » avait été réduite à une poignée de désespérés qui n’avaient pas pénétrés de plus de 10km dans le pays. Et Arbenz était toujours au pouvoir. La CIA était sur le point de faire une découverte inespérée, une lumière qui transformerait sa défaite en immense victoire.

KO : « Juste à ce moment critique, Phillips recourut à ce qu’il a appelé son meilleur et plus important mensonge ». Son plus grand et plus important mensonge, c’est la dernière phase des fausses émissions de radio pour donner une version totalement inventée de l’invasion. KO : « D’une certaine manière, il y avait deux invasions. D’un côté la vraie qui consistait en une force d’invasion infime avec ses effectifs réduits de moitié. Et d’un autre côté, la situation inventée par « radio libération «  qui suggérait que les troupes avançaient sans rencontrer d’obstacles. »

Les émissions de radio de la CIA parlent d’une victoire après l’autre ; une invasion qui en réalité n’existe pas. KO : « Ils disaient que les forces rebelles avançaient sur la capitale, que l’invasion était un succès, que le soulèvement était en marche. C’était une histoire après l’autre sur l’inévitable victoire des forces « rebelles ». Le plus grand mensonge de tous arriva quand la radio annonça que des milliers et des milliers de soldats s’approchaient de la ville de Guatemala. Sts : « Le mensonge, c’était ces deux colonnes de l’armée qui marchaient sur la capitale prêtes à s’en emparer ». La mise sur le grand mensonge porta ses fruits. Des milliers de Guatémaltèques fuirent la ville, la circulation était bloquée, la ville se paralysa petit à petit. Tmario : « Et les gens s’enfuirent à la périphérie de la ville. Les familles furent évacuées ».

Le moment critique du grand mensonge, fut quand les hauts commandements tournèrent le dos au Président du Guatemala. KO : « Le grand moment de l’opération psychologique sous couverture arriva quand plusieurs colonels de l’armée firent clairement savoir à Arbenz qu’ils ne resteraient pas à ses côtés. Basiquement, ils lui dirent : « Toi et tes amis communistes, tu nous a crée des problèmes avec les étasuniens, maintenant tu dois démissionner. ». L’un après les autres les officier qui entourent Arbenz s’éloignent d’un président toujours plus isolé. KO : « Imaginez un colonel de l’armée du Guatemala écoutant les nouvelles sur ces opérations militaires, et se demandant : Où est-ce que je vais finir quand la situation se calmera ? » La pression sur Arbenz, politiquement isolé, atteint de grandes dimensions. Non seulement se redoute la déroute par les armes, existe également l’effrayante possibilité que ce soit les USA qui soient derrière tout ça. PK [en pleine jubilation à son tour NdT]: « La question n’était pas de savoir s’il luttait contre Castillo Armas et ses hommes, mais si c’était les États-Unis qui s’apprêtaient à envahir le pays et qu’il faudrait affronter. »

STS : « Arbenz était assis dans le bureau présidentiel, déconcerté et sans savoir ce qu’il devait faire. Il s’était écroulé intérieurement. La CIA avait réussi à le miner, et cela fut réellement la fin de son mandat. ». Avec le commandement de l’armée contre lui, Arbenz démissionne le 27 juin.

StS : « Il n’a pas pu le supporter, les pressions  psychologiques étaient trop grandes»

 

Épilogue

Dix jours plus tard, Castillo Armas prête serment comme nouveau président du Guatemala. Le colonel exilé,, qui il y a un peu plus d’une semaine était une figure presque inconnue au Guatemala, s’est transformée en la personne la plus puissante du pays. A Washington, l’Opération PBSUCCESS est considérée comme une énorme victoire. KO : « Selon tous les paramètres s’est une opération qui n’aurait pas du bien se terminer. Ce fut possible grâce à l’audace, la volonté et d’une certaine manière à un absurde manque de prudence. »

STS : « L’opération PBSUCCESS fut une tromperie brillante. Une des grande conquêtes parmi les tromperies logistiques réalisées par la CIA. »

L’opération PBSUCCESS démontra que la guerre psychologique pouvait être utilisée comme une arme létale et efficace. Elle trompa un pays entier et réussi à renverser un président. Au sein de la CIA, PBSUCCESS se convertit en un modèle pour les changements de régimes dans le monde entier

 

Moralité (de la traductrice)

Il est dangereux pour un gouvernement de défier les transnationales.

Dans la doctrine de sécurité des USA, qui leur permet à leurs yeux d’intervenir comme bon leur semble contre tout qui à leurs yeux présente une menace pour les intérêts de la sécurité des USA, il faut entendre USA non un territoire habité par des personnes, mais comme une entité qui réunit les Corporations qui se sont emparées du pouvoir et ceux qui les servent. L’avenir l’a confirmé, les fabuleux bénéfices de la United Fruit, obtenus grâce au travail esclavagiste, n’étaient pas destiné à faire le bien de la population des États-Unis, un pays où actuellement des dizaines de millions de personnes crèvent dans la misère et un adulte sur cent croupit en prison. 69 ans nous séparent de ce premier coup d’état d’une longue série ininterrompue de coup d’états en Amérique Latine, toujours pour les mêmes raisons. Il y a 69 ans au Guatemala ressemble beaucoup trop à hier en Bolivie

 

Anne Wolff, traduction du documentaire La CIA al Descubierto: GUATEMALA

 

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17 novembre 2019 7 17 /11 /novembre /2019 05:24

Je suis en état de choc, j’ai passé la journée d’hier à chercher quelques documents fiables qui racontent ce qui de passe réellement en Bolivie. C’est de plus en plus difficile parce que les journalistes qui témoignaient de la répression se sont vu menacés et ont du fuir le pays. Comme lors du coup d’état au Honduras en 2009, la censure, les menaces de morts, les agressions, le menaces du nouvel officialisme, contre tout journaliste qui témoignait de la répression ont fait qu’il n’y a plus personne ou presque pour témoigner de ce qui est en réalité : un coup d’étatd’utra-droite et de fanatiques religieux, soutenu par les militaires. La vidéo que je vous présente ici a été diffusée par un journaliste mexicain Ruben Luengas de « Entre noticias » que je suis depuis plusieurs mois pour la qualité de son travail. Youtube lui a envoyé un message d’avertissement et de restriction pour le dissuader de la diffuser, Ruben Luengas s’indigne « Offensif, dit-il c’est ce que font les militaires aux indigènes, pas d’en informer. Voici ce que dit youtube à ce sujet : « Si une vidéo contient des sujets violents ou graphiques qui semblent avoir été diffusés avec des fins offensives, sensationnalistes ou irrespectueuses il est probable que youtube la retire pour ne pas publier des contenus qui incitent à des actes violents ou promeuvent des activités dangereuses . Nous révisons au cas par cas et admettons des exceptions à fins éducatives, artistique ou scientifiques... » C’est un reflet de la censure organisée pour occulter le coup d’état d’extrême-droite et de fanatisme religieux qui se déroule en Bolivie actuellement. A fin informatives et éducatives, je relaye ce contenu.

J’ai vu également beaucoup de gens qui ont manifesté contre la réélection d’Evo Morales qui sont atterrés parce qu’ils ont compris qu’ils ont été manipulés et que leur combat pour un changement de gouvernement a été confisqué par des fous dangereux. Plus de 10 000 personnes ont d’ores et déjà été arrêtées. Des lynchages de gens humbles, indigènes se multiplient pour créer dans le pays un climat de terreur et dissuader la population majoritairement indigène de résister. Alors que le MAS, le Mouvement pour le socialisme d’Evo Morales dispose de près des deux tiers des sièges du parlement, la présidente autoproclamée avec le soutien des militaires vient d’un parti d’extrême-droite qui dispose de 4 % des voix. C’est une constante, la même qu’on a pu voir en Ukraine avec Maiden, et dans les autres révolutions de couleurs : un réel mécontentement populaire se voit confisqué par des mouvements d’extrême-droite, alors que les leaders d’une réelle souveraineté populaire sont emprisonnés, quand ils ne sont pas assassinés par des francs tireurs et autres agents du système néolibéral qui dévoile ici sa nature fasciste.

Contenu de la vidéo :

Première partie une femme appelle à l’aide parce que le nouveau pouvoir tue et que la presse est absente. « Nous avons besoin d’aide, ils nous tuent de sang froid, ils tirent directement depuis les hélicoptères, ils veulent nous intimider. Nous avons besoin d’aide, s’il vous plaît » dit cette femme, alors que les avions militaires survolent les manifestations. Ensuite le journaliste qui a tourné la vidéo, avant de fuir le pays face aux menaces très concrètes de mort auxquelles sont équipe a été confrontée (récit sur Telefe), nous dit que sa peau est rouge à cause du soleil mais aussi des gaz lacrymogènes. Il explique avec beaucoup d’’émotion ici qu’il vont se réfugier dans un lieu sûr, mais ils seront dénoncés par des infiltrés et seront évacués dans une opération de sauvetage dont il dira que : « Cela ressemblait à un film d’action ». « C’est lamentable que pour dire la vérité tu doives t’enfuir comme un délinquant, ils nous qualifient de séditieux, accroche-toi Amérique Latine ». Après on voit la nouvelle ministre de communication qui dit que les journalistes coupables de sédition seront punis en fonction de la loi. En réalité, tout qui filme la réalité de la répression est considéré comme séditieux et voit son intégrité, voir sa vie mises en danger. Les uns après les autres, les journalistes quittent le pays et il est de plus en plus difficile d’obtenir des infos de terrain. Après à 2mn20 on voit comment sont arrêtés les opposants, Telefe donne le chiffre de 16 000 arrestation que je n’ai pu vérifier mais qui est plus que plausible.parce qu’il y a une arrestation systématique des opposants et qu’ils sont des millions. Dans la dernière partie, une femme dit que voilà ce que les médias ne montrent pas, comment ils sont massacrés. Les militaires ont voulu pénétrer dans sa maison où elle était là, simplement, en famille […] et ils disent : tuez-les, tuez-les… comme si nous autres ne valions rien. « C’est cela la démocratie pour Camacho, pour Mesa ? »

Les journalistes de Efe qui ont réalisé cette vidéo ont été menacés de mort avec la complicité de l’actuelle Ministre des Communication. Actuellement la censure est maximale en Bolivie et les quelques journalistes qui restaient sur le terrain ont du fuir ou se réfugier dans des ambassades.

Si un calme relatif est revenu à La Paz, dans d’autres régions du pays se déroulent des rafles d’opposants ou des meurtres de civils : la chasse aux indigènes est ouverte.

Chronique d’un ethnocide annoncé. Pendant la campagne de Bolsonaro au Brésil suivant un fil de discussion de l’extrême-droite sur le thème « Hitler était-il ou non socialiste », j’avais découvert le pire. Un autre fil de discussion dans lequel se distinguait l’extrême-droite de la Media Luna bolivienne, qui fut autrefois un des sites d’accueil de l’essaimage nazi de l’après-guerre.Dans ce fil il était question d’appliquer la solution finale à la question indigène en terminant l’extermination inachevée par la Conquista espagnole. Ce n’était pas deux trois commentaires anecdotiques, mais bien des dizaines par lesquels se renforçait la spirale de la haine.

Ainsi en écoutant les discours racisto-religieux du leader de la « société civile » en réalité de l’extrême-droite bolivienne, Camacho ou ceux de la pseudo-présidente, j’ai perçu les sinistres résonances qu’avait ce discours avec les fils de commentaires que j’avais pu lire quelques mois plus tôt.

Dans la vidéo qui suit, ce que je veux montrer, ce sont les premières secondes, le rituels pratiqué par les putschistes pour exorciser le Satan autrement dit la spiritualité indigène. « Le Christ est de retour au palais présidentiel et plus jamais la Pachamama n’y pénétrera », disent les putschistes.

Où on voit le rituel d'exorcisme religieux contre la spiritualité indigéne qualifiée de satanique pratiquée par ceux qui ont pris le pouvoir

Bolivie : la chasse aux indigènes est ouverte !

 

« […] nous allons finir de piquer ce maudit serpent […] La Conquista, la joie et la victoire aucun démon en va nous la prendre […] le seigneur nous a créé comme des guerriers […] et ce genre maudit va finir de tomber […] Shalom ”

Camacho, leader de la « Société civile » bolivienne

 

« Je rêve d’une Bolivie libre de rites sataniques indigènes, la ville n’est pas pour les indigènes, qu ‘ils aillent à l’Altiplano ou al Chaco. »

Jeanina Añez Chavez, présidente autoproclamée de Bolivie 2013

« La Bible est de retour au palais présidentiel »

Jeanina Añez Chavez, novembre 2019

 

Et tout est mis en œuvre pour que le massacre se passe loin des yeux de la « communauté internationale » et du grand public.

Alors oui, je relaie l’appel à l’aide des populations indigènes menacées d’ethnocide en Bolivie, alors que tous les journalistes qui voulaient témoigner ont du fuir le pays. Il n’est plus question de savoir si Evo a tort ou raison, il est question d’arrêter le retour des dictatures en Amérique Latine, et la montée mondiale de l’extrême-droite. 21 novembre grève générale en Colombie contre les méfaits du néolibéralisme, au Chili des forces de l’ordre Pinochétistes remettent en actions les vieilles pratiques de tortures et disparitions forcées, au Mexique une tentative de coup d’état se manifeste avec chaque jour plus de force, en Équateur la mobilisation est devenue permanente…

Et moi je ne peux pas dormir parce que je sais que ce qui se passe est gravissime et nous concerne tous

Anne Wolff

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"Le vieux fascisme si actuel et puissant qu’il soit dans beaucoup de pays, n’est pas le nouveau problème actuel. On nous prépare d’autres fascismes. Tout un néo-fascisme s’installe par rapport auquel l’ancien fascisme fait figure de folklore […].

Au lieu d’être une politique et une économie de guerre, le néo-fascisme est une entente mondiale pour la sécurité, pour la gestion d’une « paix » non moins terrible, avec organisation concertée de toutes les petites peurs, de toutes les petites angoisses qui font de nous autant de microfascistes, chargés d’étouffer chaque chose, chaque visage, chaque parole un peu forte, dans sa rue, son quartier, sa salle de cinéma."

 

Gilles Deleuze, février 1977.

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