Chaque jour je fais beaucoup de recherches, de vérifications d'info. Et bien sûr il m'est impossible de transcrire sur le blog toutes les informations qui pourraient s'avérer significatives que je collecte. Beaucoup restent des pistes à suivre, mais tous le savent, en particulier ces derniers jours, l'actualité, l'événementiel est un fleuve en crue qui nous entraîne à toute vitesse vers « ? ».
« ? » ? Qui peut se vanter de le savoir sinon quelques imbéciles présomptueux vers quoi la navette emballée du destin nous entraîne ?
Nous vivons ce que la théorie du chaos appelle un point de bifurcation. Un de ces moments où l'horizon temporel de Lyapounov est au raz des pâquerettes.
Cet horizon temporel est la durée pendant laquelle l'évolution d'un système reste prévisible. Au delà, l’improbable même est possible.
Le croquemitaine mondial Trump en a pris un sacré coup, hier. Et certainement, cela aura des conséquence géopolitiques. Son ex-avocat s'est lâché devant le Congrès. A la fin de chacune de ses dénonciations, qui l'impliquaient également, les remarques racistes de Trump en privé, les évasions d'impôts, les mensonges faits devant le pays, les méthodes maffieuses pour faire taire ceux qui le dérangent... tous procédés dans lesquels Cohen s'implique, il termine par « ... et j'ai continué à travailler pour lui ! ». Contre ses propres valeurs, contre sa conscience.
Il a dit tout haut ce que tous savaient (où presque), ce que beaucoup continuent à faire « continuer à travailler pour Trump à l’encontre de leur propre conscience ». Combien aujourd'hui vont se demander, si eux aussi devrons un jour déclarer, en acte de contrition « … et j'ai continué à travailler pour lui ! » ?
Je ne parle pas de son équipe de guerre pour le Venezuela et l'Amérique Latine, à côté d'eux, de leur passé d'assassins qui donnent les ordres, Trump est vraiment un petit joueur. Ceux-là sont les inamovibles d’un système qu’il s’agit justement de renverser.
Le plus étonnant dans les déclarations de Cohen, c'est que pour Trump, la campagne présidentielle était en fait une campagne publicitaire pour sa propre marque, et qu'il ne pensait même pas gagner les primaires du parti républicain !
Je me dois tout de même de préciser que Clinton, cela n'aurait pas été mieux. J'ai suivi son actuation, de jour en jour, d'heure en heure, de minute en minute, lors du coup d'état de 2009 au Honduras, la chute du premier domino du progressisme en Amérique Latine, pendant qu'Obama se planquait lâchement en coulisse pour préserver sa belle image. Elle est devenue pour moi Clinton 4H, Hillary, Harpie, Haineuse et Hystérique. C’est elle qui a permis que se perpétue ce que l’ONU avait condamné, presque unanimement comme un coup d’état militaire. Les souffrances du peuple du Honduras, et de l’Amérique Latine, aujourd’hui, elle en est une des principales responsables, complice d’une application dure de la doctrine de Monroe.
Ce qui c'est passé hier provoquera peut-être un réveil des consciences chez ceux qui se demanderont « ... et je vais continuer à travailler pour lui ? » Et d’autres « … et on va continuer à voter pour eux ? ». On verra.
Et pas seulement pour Trump... Pour Maduro aussi, pourquoi pas ?
Je peux écrire des pages et des pages pour expliquer pourquoi je considère Maduro comme un dictateur. Je peux aussi en quelques lignes donner une raison qui est une condition suffisante, d'où découlent toutes les autres.
Le Projet de Chavez, celui que Maduro a juré sur l'épée de Bolivar, en décembre 2012 qu'il le conduirait jusqu'au bout « comuna o nada !». « La commune ou rien », implique une redistribution, une circulation permanente du pouvoir politique entre tous les habitants, la fin de quelque concentration de pouvoir que ce soit. C'est un projet dans lequel la Souveraineté Populaire dans sa diversité devient le premier et le seul pouvoir, un pouvoir qui ne cesse d’être redistribué entre tous.
Rien à voir avec la Dictature du Prolétariat... ce mythe qui a produit tellement d'aberrations sur notre belle planète. Bien sûr, il y a toujours une inadéquation entre idéalité et réalité dans l'application d'un projet politique qui est ce vers quoi on tend... un sens, une direction, un guide pour l'action. Le choix de valeurs a respecter.
Va-t-on dans la bonne direction ? Et en l'occurrence Maduro va-t-il dans la bonne direction. Je vous répond tout de suite NON, mille fois non, cent mille fois NON, 30 millions de fois non, le nombre des vénézuélien a qui il a confisqué le pouvoir.
Je pourrais donner mille exemples concrets pour illustrer cela. Je vais rester dans le domaines des idées.
En octobre dernier après son voyage en Chine, Maduro fait cette étonnante profession de foi. « J'adhère au projet de Xi Jinping... j'y adhère dans tous ces concepts »
Or une caractéristique du rêve de XI, c'est que dans son monde si le peuple jouit de droits économiques, il n'a par contre aucun droit politique. Le pouvoir se concentre entre les mains du dirigeant suprême président du pays et président du parti qui place ce pays sous contrôle.
Expliquez-moi comment on peut défendre à la fois la commune de Chavez et le rêve de XI.
Une application majeure de cette dérive : Maduro président de la République, s'est autoproclamé (et oui, c'est une mode au Venezuela, l'auto-proclamation) Président du PSUV, Parti Socialiste Unifié du Venezuela, qui fonctionne toujours d'avantage comme un parti unique détenteur d'une vérité unique, La Vérité. Tous ceux qui ne l'adoptent pas, chavistes ou opposants, sont des hérétiques. Ajoutons pour que le tableau soit complet, que Maduro s'investit dans ses discours d'une autorité de droit divin... Il a supprimé les élections des cadres du parti par la base, c'est lui-même qui en a choisi l'équipe dirigeante, qui est aussi a peu de chose près, l'équipe qui dirige l'exécutif (et ses débordements sur les autres pouvoirs) du pays.
Maduro a été un leader maoïste. Centralisme démocratique : les informations vont de la base vers le sommet et les ordres viennent d'en haut ; pas de droit de tendance au sein du parti. Ce sont aussi des caractéristiques du stalinisme. Tous les habitants obéissant aux contraintes d’une idéologie unique : LA VÉRITÉ. Ce n’est pas seulement des choses que j’ai déduites par une longue observation. Ce sont des choses des choses qui se disent dans les discours des cadres du PSUV, nous détenons la vérité et notre Mission est que tous s’y rallient.
Et pour illustrer cela, j'avais montré comment les brigades du parti, qui se confondent avec les services sociaux du pays, avaient été chargées d'identifier « l'ennemi idéologique », dans chaque quartier, dans chaque rue, dans chaque foyer du pays. A voir ici : Identifier l’ennemi historique. Une vieille recette de la gauche autoritaire.
Après, s'il en faut plus, j'en ai un plein sac à malice... la malice de Maduro, le pervers. Je peux donner des preuves de tout ce que j’avance ici, toutes sont des déclarations de Maduro ou des dirigeants du parti-pays, du matériel idéologique destiné aux militants. Pas même besoin du matériel, dense, fourni, fondé, qui vient de la dissidence ou de l’opposition pour montrer que Maduro est l’antithèse des idées de Chavez.
Et donc oui, j'aimerais vraiment aujourd'hui que des militants sincères du PSUV, se posent la question : « ... et je vais continuer à travailler pour lui ? »
Aux yeux des Maduristes fanatiques, Maduro est Le Conducteur de Victoires. Or certaines victoires sont aussi des échecs. Pour prendre les exemples chiffrés que vous trouverez plus en détail ici
En dehors de toute autre considération, un des points important du Projet de Chavez était d’augmenter progressivement la proportion de chavistes parmi la population, en les gagnant par la conviction. Maduro gagne les élections de mai 2018. Il est vrai que plus de 6 millions de voix, compte-tenu des circonstances c’est une victoire, incontestablement. Mais c’est aussi un échec. Ces 6 millions de voix représentent 30 % des électeurs inscrits et marquent un net recul par rapport aux élections de 2012.
Maduro s’autoproclame leader maxima du chavisme actuel. Si on se place de son point de vue, cette perte de confiance des électeurs est un recul du chavisme. Un échec qui mérite d’être interrogé comme tel.
Plutôt que de s'interroger sur cette perte de confiance, il stigmatise l'hérésie de ces chavistes déçus, et les qualifie de « traîtres à la patrie ». Un de ces ennemis historique qui doivent être identifiés par les brigades du parti et combattus. et combattu
Je n'ai pas étudié ce dossier dans son exhaustivité, mais je peux dire que oui, il existe des prisonniers politiques au Venezuela, il s'agit de dirigeants chavistes, de leaders ouvriers, paysans, indigènes victimes des purges politiques qu'organise Maduro. Quand on suit la trajectoire de Xi Jinping de la base au sommet en Chine, on retrouve les même méthodes pour le même but : devenir le leader Maxima Unique Incontesté par élimination de la concurrence.
Et encore une fois, du matériel pour fonder ce que je dis, j’en ai à revendre…
Par contre, pour ceux qui s'imaginent encore qu'il y aurait des centaines de manifestants pacifiques de l'opposition qui croupissent injustement en prison, j'ai un gros dossier, bien fournit qui démontre que les guarimbas sont des opérations de déstabilisation violentes, concertées, dirigées par l'extrême-droite. Tirer sur les force de l’ordre des bombes incendiaires avec des mortiers fait maison, et se réjouir en voyant tomber les policiers blessés, on accepte dela dans aucunes de nos démocraties occidentales qui se prétendent pourtant modèle du genre. Des actions violentes, concertées en vue de renverser un gouvernement... je ne sais pas quel pays tolère cela.
Et là ce ne sont pas les documents qui manquent, venu de l’opposition cette fois, qui montrent du coup d’état de 2002 au 23 février 2019, c’est la même dynamique, qui utilise des techniques de guérilla urbaine et des méthodes paramilitaires avec la volonté affirmée de 1) déstabiliser le pays. 2) renverser le gouvernement.
Il y a également une vidéo que j'aimerais commenter. Elle a été réalisé par un « youtuber » qui voyage dans le monde et en ramène des vidéos qu'il publie. Celles qui m'intéressent concernent son voyage au Venezuela, elles fourmillent de détails intéressants. Le moment le plus lumineux, va me servir de conclusion : les propos de cette habitante - une petite dame, toute simple, sans prétention - d'un quartier de Caracas, Petare, qui a la réputation d'être un des plus dangereux au monde. Cette dame qui s'implique dans la vie de sa commune, affirme que : « Non elle n'est pas partisane de Maduro, mais que oui, le Projet de Chavez était plein de belles idées et qu'il faut continuer à les mettre en pratique. »
Et si Chavez était encore vivant, cela impliquerait que parfois mettre en œuvre les Belles Idées de Chavez conduirait à se battre contre les pratiques de Chavez lui-même.
Cette dame qui le vit au quotidien, et moi qui regarde cela de loin, nous partageons, un même point de vue. C'est ce Venezuela qui parle à mon cœur, celui dont les medias de gauche comme de droite étouffe la voix, celui que Maduro emprisonne :
Les Idées de Chavez sont de belles idées qu'il faut continuer à concrétiser.
C'est du politique, pas de la politique. Ce sont des milliers de petits gestes quotidiens qui se complètent pas de grands discours. C'est une question de bonheur pas de pouvoir. C’est la Commune du Venezuela.
Anne W.