10 juin 2013 1 10 /06 /juin /2013 08:51

 

 

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Éric Pineault – Professeur au Département de sociologie de l’UQAM 

Critiquer la croissance, c’est, dans un premier temps, souligner les limites des solutions économiques à la crise écologique actuellement mises en avant au Québec, pour ensuite envisager les […] possibilités d’une transition écologique radicale – et donc exigeante […]. Une véritable transition implique une série de ruptures, non seulement avec le dogme de la croissance matérielle comme vecteur de progrès, mais plus largement avec le régime de propriété et le mode de consommation et de production qui caractérisent le capitalisme en tant que tel. Finalement, décroître veut aussi dire reconnaître l’existence d’autres types d’économies que cette économie capitaliste et les valoriser.

 

Or, pour plusieurs, inutile d’aller si loin ! Tant à gauche qu’à droite, on pense que les approches qui vont du « capitalisme vert » au « keynésianisme écologique » permettraient d’amorcer une transition vers un autre modèle de croissance en évitant l’effondrement écologique que prédisent plusieurs scientifiques.

 

La plus sérieuse de ces propositions, le keynésianisme écologique, mise sur des politiques publiques structurantes, en particulier une taxe sur le carbone et des dépenses publiques élevées. Le keynésianisme écologique est certes anti-néolibéral, ce qui lui donne un air de radicalité […]. Mais il ne va pas jusqu’à rompre avec le capitalisme. […] Par l’investissement public massif dans les technologies vertes et la reconversion écologique des infrastructures (industries, routes, parcs immobiliers), une telle approchepourrait sortir l’économie du piège « stagnation/austérité » […]. Au Québec, les projets d’électrification des transports et de sortie de notre dépendance au pétrole sont des exemples types de cette approche.

 

Si elle n’est pas nécessairement contre certains projets de modernisation écologique, l’approche de la décroissance considère néanmoins que le keynésianisme écologique ne peut que différer pour quelque temps (des décennies, des années) l’inévitable effondrement d’un système économique basé sur la croissance illimitée dans un monde biophysique limité. […]

 

Trois économies

 

L’économie qui doit décroître est celle qui prend la forme d’une économie monétaire de production […]. C’est celle que mesure le PIB […]. Or, ceux qui réfléchissent à la transition écologique font valoir que celle-ci n’est qu’une de nos trois « économies », au sens étymologique du terme oikos-nomos, qui renvoie aux modalités par lesquelles nous assurons la reproduction matérielle de notre société et produisons nos biens et services. Il faut donc aussi tenir compte de l’existence d’une économie vernaculaire et ordinaire (non monétaire) de production, propre à un cadre de production domestique ou communautaire, et de ce que nous pouvons nommer une économie naturelle, que représentent les écosystèmes avec lesquels nous coproduisons la structure métabolique de notre société. […]

 

Or, depuis quelques siècles la croissance de l’économie monétaire de production capitaliste se fait aux dépens de ces deux autres types d’économie […]. Décroître signifie donc renverser l’emprise de cette économie monétaire sur les deux autres autant qu’effectuer de profonds changements dans la base technologique de notre mode de production et nous défaire d’une norme de consommation fondée sur le gaspillage. Décroître, c’est accepter de consacrer plus de temps et de ressources sociales au développement des activités et institutions de l’économie vernaculaire, ce qui implique de revaloriser les activités de production de biens et services qui s’effectuent dans le cadre domestique et communautaire […]. Cela peut se traduire, par exemple, par une plus grande production et transformation agro-alimentaires sur le plan local, et par une plus grande part d’activités consacrées à l’entretien, la réparation et la réutilisation de biens durables et semi- durables […].

 

La transition, une révolution culturelle

 

Au Québec, il existe un consensus voulant que la transition écologique nécessite d’importants changements dans la base énergétique de notre économie. Le débat public est déjà entamé sur comment nous pouvons « sortir du pétrole » grâce à notre vaste potentiel hydroélectrique ainsi que par la mobilisation de nouvelles (et vieilles) sources énergétiques renouvelables telles que l’éolien, le solaire, la géothermie et la biomasse ligneuse (bois et résidus de bois). Mais la perspective de la décroissance est beaucoup plus exigeante ; elle exige que nous réduisions notre usage de l’énergie afin de soutenir la sortie du pétrole et du charbon chez nos voisins immédiats.

 

[…]

 

La même chose doit être dite de la base matérielle de notre vie quotidienne : l’habitat, les véhicules et la multitude de choses qui nous entourent. La décroissance implique de développer un mode de production et de circulation des biens basé sur le développement de circuits économiques courts […]. On peut, par exemple, facilement envisager la chose dans le secteur de la construction/rénovation de bâtiments résidentiels et commerciaux, où les matériaux pourraient mieux refléter les économies naturelles […]. Pensons à un meilleur usage du bois comme matériau de structure – en particulier les bois francs dans le sud du Québec – ainsi que des matériaux isolants de sources végétales.

 

[…] Cette transition signifie aussi et surtout la décroissance générale de notre dépendance à la production industrielle, parce qu’il nous faut réduire dans l’absolu notre consommation matérielle et éliminer toutes les formes de gaspillage qui sont actuellement des moteurs d’une croissance économique liant surproduction et surconsommation. […]

 

Ainsi, une transition faite dans une optique de décroissance provoquera un bouleversement fondamental de notre mode de vie. Une telle révolution est culturelle dans le sens profond du terme : elle implique, d’une part, la naissance d’une nouvelle culture et, d’autre part, une critique radicale des structures de notre quotidien, de nos valeurs et de nos aspirations, critique qui est passablement rebutante et peut même paraître régressive. La décroissance a beau se vouloir conviviale, elle commande une simplicité qui est loin d’être évidente – ni même volontaire ! Le choc culturel à venir sera aussi important que celui qu’a connu le Québec lorsqu’il devint une société industrielle et urbaine au XXe siècle.

 

[…] La limite principale [...] est qu’actuellement, les forces sociales anti-néolibérales, telles que les organisations syndicales les plus militantes, sont plutôt engagées dans une lutte contre l’austérité, contre la stagnation et donc pour un retour de la croissance… Une contradiction de plus dans ce que décroître veut dire au Québec.

 

Éric Pineault – Professeur au Département de sociologie de l’UQAM

 

Source : 

LA VIDURE | Naître dans une explosion et finir en implosion!

Ce que décroître veut dire

 

 

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10 juin 2013 1 10 /06 /juin /2013 08:27

 

 

Résistons à notre échelle, c’est possible

Nous paraissons bien petits face à la puissance démesurée de l’économie et des puissants de ce monde !
Et pourtant… qui d’autres que nous, simples consommateurs, leur donnons ce pouvoir extraordinaire ?
Imaginez :
- 100 millions de personnes qui dépensent 1,2 € par mois pour acheter un produit vendu par une multinationale… et c’est 1 milliard 200 millions d’€/an de pouvoir donné et concentré en quelques mains !
- 10 € par mois, et c’est 12 milliards qui sont ainsi donnés !
- Avec 300 millions de personnes et 1 000 € dépensés par an, c’est 300 milliards qui sont ainsi concentrés en 1 seul pouvoir.
Alors qui sont les vrais puissants : les quelques centaines d’individus qui concentrent tous ce pouvoir ou les centaines de millions de simples gens qui le leur donnent ?
Si nous sommes si puissants tous ensemble, comment retrouver notre véritable pouvoir individuel ?

Pour que ce monde marche ainsi, les puissants de ce monde utilisent 2 leviers parfaitement connus, et développés consciemment : la peur et l’intérêt personnel !
1/ La peur rend les individus et les masses manipulables ;
2/ L’intérêt personnel rend les gens individualistes, égoïstes, séparés les uns des autres… et donc manipulables !
Concrètement, pour que cela fonctionne, il est important que les milliards de citoyens du monde soient :
- dans la peur de l’insécurité tout en croyant que tout est fait pour leur sécurité,
- dans la peur de la maladie tout en croyant que tout est fait pour une meilleure santé,
- dans la peur du manque tout en croyant qu’il faut toujours avoir plus pour être heureux,
- dans la peur de la mort tout en croyant à l’urgence de vivre et surtout qu’il faut en profiter le plus possible et le plus vite possible
- dans la peur de l’autre tout en croyant que tout est fait pour un monde meilleur, etc.
Ainsi, il devient facile de rendre les milliards d’habitants dépendants et manipulés, au service d’un système qui donne toujours plus de pouvoir à quelques familles et multinationales influentes auxquelles même les gouvernements sont soumis !
PLUS EN DÉTAIL
C’est ainsi que tout est fait pour accroître la mauvaise santé générale des individus et donc leur recours à des remèdes toujours plus nombreux, variés et de plus en plus onéreux.
Ce résultat est obtenu :
1. en favorisant une présence de plus en plus grande des polluants à long terme dans l’environnement quotidien des gens -alimentation, air, eau, médicaments :
- Présence de plus en plus développée et ‘raffinée’ de composants synthétiques, chimiques et industriels dans tous les secteurs de la vie.
- Développement des brevets et des titres de propriété sur des éléments naturels afin de les remplacer par des produits de synthèse
2. en minimisant, voire éliminant, les connaissances, les informations et les études concernant ces polluants… et les gêneurs : experts au service des multinationales, lois réduisant le plus possible l’accès aux médecines naturelles et aux semences naturelles, désinformation organisée, campagne de dénigrement des alternatifs et des alternatives, etc.
3. en dépensant des fortunes dans des recherches orientées qui nourrissent le système, au détriment de ceux qui cherchent vraiment et trouvent des procédés en contradiction avec la logique économique du plus grand profit à plus court terme.
4. en augmentant le nombre officiel de maladies et de risques.
C’est ainsi que tout est fait pour développer une alimentation pauvre et créatrice de déséquilibres :
1. en favorisant l’agriculture intensive qui appauvrit la terre et les aliments tout en développant la présence des produits chimiques (pour traiter contre les maladies ou les parasites, accroître les rendements, etc.)
2. en développant une distribution de masse et la circulation de plus en plus grande des marchandises afin de faire croire que l’on peut acheter plus avec moins… surtout si l’on est fidèle… et consommateur de crédit…
3. en minimisant les bienfaits d’une alimentation fraîche, saine et de proximité et son impact sur la santé,
4. en favorisant le moins possible l’agriculture biologique, en petite unité et de proximité,
5. en réduisant le plus possible l’accès aux semences naturelles et reproductibles pour les agriculteurs et les jardiniers….
C’est ainsi que tout est fait pour rendre le monde insécure tout en faisant croire que tout est fait pour la tranquillité des gens. Cela se réalise tout simplement :
1. en favorisant une information des catastrophes et des malheurs qui guettent,
2. en favorisant le commerce, la création et le développement des armes,
3. en favorisant dans l’ombre les dictatures et les dictateurs qui permettent d’un autre côté que soient pillées les ressources de leurs pays,
4. en favorisant dans le même temps, toujours dans l’ombre, les opposants et les rebelles qui luttent pour leurs libertés…
5. tout cela dans le but caché d’entretenir un climat de guerres et de conflits,
6. en favorisant les provocateurs, ceux qui mettent de l’huile sur le feu et attisent les conflits au nom de la sécurité des peuples et du monde,
7. en favorisant tout ce qui accroît les possibilités individuelles de protection,
8. en accentuant la dépendance économique des individus, des peuples et des pays grâce aux drogues légales (excitants, tabac, alcool) et illégales (en apparence), à l’endettement, aux besoins illusoires et créés, aux modes, à l’information orientée, aux faux rêves, etc.
Et c’est ainsi que tout est fait pour faire croire que le bonheur est dans ‘Avoir toujours plus’ :
1. en favorisant les jeux et le rêve d’une fortune possible, facile et rapide,
2. en favorisant le vedettariat accessible (artistique, sportif ou autre),
3. en favorisant la publicité et son message subliminal qui dit que pour être heureux il faut telle lessive parce qu’elle lave mieux, la dernière nouveauté de téléphone portable, la dernière marque en vogue, aller en vacances dans les îles, etc.
4. en favorisant l’accès aux crédits,
5. en éliminant, mettant de côté ou diabolisant ceux qui proposent un autre message : développement de la peur des sectes, de la peur des charlatans, de la peur d’être manipulé, de la peur de la différence, etc.
6. en développant des lois qui encadrent de plus en plus et réduisent de plus en plus la possibilité de vivre autrement que selon ce modèle-là.
Tout ce système est parfaitement pensé, anticipé, étudié et coordonné dans les sphères cachées de ceux qui tirent les ficelles !
LA SOLUTION EST ‘INDIVIDUEL’
Cette compréhension des leviers est nécessaire pour agir avec SAGESSE : elle permet de se rendre compte que la seule solution viable à long terme est individuelle… et surtout intérieure !
1/ Elle demande à chacun d’abandonner le fait de croire que la faute est chez l’autre, chez nos gouvernants ou dans le capitalisme : nous sommes TOUS responsables !
2/ Elle demande une présence et une attitude réfléchie et responsable de ses dépenses, de ses choix de vie, de son alimentation et de sa consommation.
3/ Elle demande d’être autonome et de ne pas suivre le troupeau, d’oser être différent, et de l’assumer.
4/ Elle demande de ne pas juger, ni condamner, ni renier, ni exclure, mais d’agir en connaissance de cause, dans la sagesse et le respect de tous et de tout, y compris de tout ce système tel qu’il est… afin de ne pas continuer à générer, par ses pensées et ses attitudes, les exclusions, les conflits et les guerres.
5/ Elle ne demande pas de combattre ce système, mais d’agir tout simplement, à son petit niveau, pour ne plus continuer à faire vivre ce système, ni par ses façons d’être et d’agir, ni par son argent !
Notre argent peut nourrir ou non ce système !
Nos attitudes peuvent alimenter ou non la peur et l’intérêt personnel !
Notre vie peut servir l’être… ou l’avoir !
Ensemble, chacun dans son coin, sans tambour ni trompette, sans fourche ni canon, faisons
LA RÉVOLUTION DES SILENCIEUX :
1. si nous voulons une terre saine et dépolluée, donnons notre argent-pouvoir à ceux qui respectent la planète et voient les choses à long terme, dans une dynamique de développement durable, à ceux dont on sait ce qu’ils font et comment ils le font…
et soyons le respect de la Terre que nous souhaitons voir dans le monde.
2. si nous ne voulons plus d’argent sale, donnons notre argent-pouvoir aux gens, aux entreprises, aux banques et aux institutions financières
qui fonctionnent avec des choix éthiques, dans la transparence et le respect reconnus…
et incarnons l’éthique que nous souhaitons voir dans le monde.
3. si nous ne voulons plus de guerres, cessons de juger, critiquer, dénigrer, ou exclure, etc. Donnons notre argent-pouvoir à ceux qui nourrissent la transparence, la solidarité, le respect, l’éthique…
et soyons la Paix que nous souhaitons voir dans le monde.
4. etc.
Chaque centime compte, chaque pensée compte, chaque attitude compte !
Choisissons d’encourager les paysans, les artisans ou les entreprises
qui respectent les Hommes et la Nature… à tous les niveaux.
La moindre lumière, le moindre don ou choix conscient est important
pour nourrir cette nouvelle conscience sur la Terre
Ensemble, comme les gouttes qui, se réunissant, finissent par faire les rivières et les fleuves, puis les océans, faisons la RÉVOLUTION DES SILENCIEUX !
Cette révolution appartient à chacun, dans son quotidien !
C’est pourquoi cet appel n’est pas signé !
Car si cette révolution appartient à tous, elle est avant tout affaire de RESPONSABILITÉ et D’ENGAGEMENT INDIVIDUELS : N’attendons personne pour agir ! Comme les mousquetaires, mobilisons-nous chaque Un pour Tous et Tous pour chaque Un !
Anonyme individuellement, connus tous ensemble !

Source 

 

Via : LA VIDURE | Naître dans une explosion et finir en implosion!

 

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8 juin 2013 6 08 /06 /juin /2013 20:08

 

 

A quel jeu jouent-ils (les gouvernements européens et leurs maîtres) ? C’était évident que d’encourager le terrorisme dans d’autres pays et de soutenir des groupes islamistes dans le but de se défaire des gouvernements qui dérangent l’oligarchie, il y aurait un prix à payer sous forme d’effet boomerang pour les populations européennes. Fallait être complètement débiles et inconscients pour ne pas s’en rendre compte ou complètement pervers et malfaisants pour ne pas en tenir compte. Dans les deux cas, indignes de gouverner.
Entre terreur fasciste et terreur islamiste, l’Europe se prépare des lendemains qui déchantent.

 


El fenómeno de los combatientes europeos en Siria conforma una grave amenaza terrorista

Le phénomène des combattants européen en Syrie constitue une grave menace terroristes

Credito: HispanTv

 

Valls : Plus de 6OO terroristes européens opèrent en Syrie

Par Hispan TV


Le 8 juin 2013. Le ministre de l’intérieur de France, Manuel Valls, affirme que plus de 600 combattants européens luttent dans les files des groupes terroristes armés opposants au Gouvernement syrien.

« Le phénomène des combattants européens en Syrie constitue une grave menace terroriste et un défi au point de vue de la sécurité” précise Valls vendredi durant une entrevue concédée à la chaîne de télévision émiratie AL Arabiya.

La déclaration du titulaire français ont été faites après une réunion ce même jour au Luxembourg entre les ministres de l’intérieur des pays de l’UE qui abordaient ce thème des combattants européens qui opérant en Syrie.

Les titulaires des 27 avertissent du danger que peuvent générer ces terroristes quand ils rentreront dans leur pays d’origine, ils ont parlé de la manière dont pourrait être freinée les départs de ces individus pour la Syrie.


Les ministres de l’intérieur de l’UE redoutent que les terroristes européens se radicalisent et reçoivent un entraînement militaire, et que rentrant en Europe ils ne réalisent des attentats terroristes sur le territoire européen.


Selon un rapport publié au mois d’avril dernier le Centre International pour l’étude de la Radicalisation (ICRS, sigle anglais), depuis le début de la crise en Syrie à la mi-mars 2011, ce sont 5500 étrangers qui sont entrés sur let territoire syrien pour lutter  contre le gouvernement de Damas.

Selon  les estimations 11% d’entre eux viennent d’Europe, en majorité titulaire d’un passeport du Royaume Unis.


Les données mettent en relief que, entre 140 et 600 européens se sont transférés en Syrie depuis le commencement du conflit syrien.


Quelques pays occidentaux et divers pays régionaux fomentent la violence en Syrie à travers l’appui qu’ils amènent aux groupes armés syriens, lesquels à travers leur activité terroriste cherchent à dérouter le Gouvernement du président Syrien Bashar-Al-Assad.

Source : Francia: Más de 600 terroristas europeos operan en Siria

Traduction française Anne Wolff

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8 juin 2013 6 08 /06 /juin /2013 18:40

 

Aguila rapaz devora américa del sur

Ce qui suit est à replacer dans ce climat de montée de tension entre les Pays Rebelles (au néolibéralisme) d’Amérique Latine et les USA et leurs alliés dans la région, principalement la Colombie, pays qui connait un état de guerre civile permanent depuis plus de 5O ans.

Quand bien même, un rapprochement diplomatique a eu lieu au cours de cette semaine entre le Venezuela et les USA, ouvrant à une « normalisation » des relations, la plupart des observateurs la considèrent comme une temporalisation dans un processus qui suivra néanmoins son cours vers un affrontement final, la victoire de l’autodétermination latino ne pouvant que conduire les - USA - corporations transnationales vers leur chute, ce qui représenterait sans doute une libération pour le peuple étasunien, condamné à la misère par les banquiers et autres marchands d’armes, sommé de tirer du fin fond de ses poches les derniers sous pour alimenter les spéculations des uns et payer les guerres fabriquées de toutes pièces des autres.

 

Si les tentatives de déstabilisations par les USA des gouvernements rebelles sont permanentes, les exactions  dont souffrent les mouvements sociaux des pays soumis sont tout aussi constantes. Mais cette guerre connait un nouveau développement avec la déclaration de guerre « officielle » qui a été formulée par Kerry, lorsqu’il a annoncé que son pays allait s’occuper vigoureusement de son arrière-cour, un terme qui évoque très clairement  un passé de colonisation et annonce pour l’avenir la tentative de remettre la mainmise sur une région très riche en précieuses ressources, et qui lutte de plus en plus souvent avec succès pour sa Souveraineté. Le principe commun entre ses peuples en lutte et leur gouvernement étant que les richesses doivent assurer le bien-être des peuples et non satisfaire la convoitise d’une oligarchie locale ou extérieure démente d’avidité (et fasciste).

L’enjeu est donc double, non seulement une appropriation des richesses naturelles de la région mais aussi la répression d’un modèle de gouvernement populaire qui pourrait faire des émules. D’autant plus que les peuples de la région n’ont pas vocation à coloniser qui que ce soit, mais bien de créer des associations d’affinité et de complémentarité avec tous ceux qui sur la planète partagent cet idéal d’horizontalité à et en juger par l’intensité et la grossièreté de la désinformation concernant ces pays rebelles dans les médias occidentaux, on mesure la peur que ceux-ci suscitent dans les rangs de ceux dont le but est d’imposer leur nouvel ordre global à l’ensemble de la planète sans plus aucune alternative !

Il existe donc dans chacun des pays d’Amérique Latine de forts mouvements populaires, organisés, qui défendent souvent âprement les droits à la souveraineté des peuples et à leur autodétermination. Et qui souvent aussi, - le mouvement paysan  y jouant un rôle prépondérant d’avant-garde dont la Souveraineté Alimentaire est le principe premier -, même dans les pays rebelles, sont opposés au modèle trop industrialiste-éxtractiviste que développent leurs gouvernements, tout en participant avec eux de manière critique mais inconditionnelle à lutte anti-impérialiste.

Ces mouvements sont fort interconnectés et solidaires régionalement et viennent de créer une ALBA des Peuples. Ceci répond a plusieurs objectifs l’un étant de permettre aux mouvements de pays non rebelles de participer pleinement au mouvement bolivarien d‘émancipation régionale, l’autre étant de créer dans la Grande Patrie ce tissu d’interconnexions par lequel les peuples deviennent les gouvernements souverains, un continent de communalité dynamique et intégrée, sans concentration ni stratification de pouvoir.

Ceci est évidement incompatible avec les intérêts des – USA - transnationales défendu par le gouvernement et l’armée du pays E.U., et qui instrumentalisent également à cette fin les armées et polices locales des pays soumis et disposent en plus de mercenaires qui sont directement au service de leurs intérêts.

Il n’est évidemment pas ici question de sécurité des USA, les pays rebelles ont assez à faire chez eux et entre eux et n’ont aucune envie, ni intention d’envahir le territoire étasuniens. Seuls des intérêts privés motivent cette politique d’agression permanente et quand il est question de sécurité dans cette histoire, c’est très clairement de celle des – investissements - accaparements transnationaux dans la région dont il s’agit.

La réactivation par Kerry de la doctrine de Monroe - « l’Amérique aux étasuniens » - et les manœuvres de déstabilisations accrues menées par les USA dans les pays rebelles depuis la Mort d’Hugo Chavez, l’annonce récente faite par le président de Colombie (après qu’il ait reçu le Putschiste vénézuélien Capriles) de son désir de faire partie de l’OTAN et toute une série d’éléments et événements de plus ou moins d’importance, mais convergents, ont provoqué des réactions en chaîne dans les pays rebelles qui se sont exprimée à travers les organisations régionales qui les regroupent, ou localement, comme le montre par exemple la récente expulsion de l’USAID de son territoire par le gouvernement de Bolivie.

On se retrouve dans une sorte d’hybridation entre le jeu d’échec et le jeu de go. Pour simplifier, alors que les diplomates jouent aux échecs, les populations en lutte, sont prises dans un jeu de conquête, expulsion, reconquête du territoire qui se joue  sur une multiplicité de terrains… quelques hectares ici, quelques centaines par là… et ainsi de suite et qui tient davantage d’un jeu de go.

C’est dans ce contexte que les pays de l’Unasur et de l’ALBA ont quant à eux décidé d’accélérer les  processus d’intégration régionale. D’une part par des mises en commun de ressources et compétences, destinées à renforcer l’autonomie économique régionale, la définition de politiques communes face à des médias aux ordres de l’oligarchie (qui dans certaines circonstances ne se gênent pas pour appeler ouvertement au renversement de gouvernement de manières qui ne seraient tolérées dans aucun pays occidental) ou  la mise en place d’un observatoire régional des pratiques des transnationales.

 D’autre part se mettent en place les procédures d’une défense commune – sur le principe de la protection de la région zone de paix, libre d’armement nucléaire et d’armes de destruction massive - ce qui commence par la création d’une armée qui soit réellement au service des populations et de la souveraineté régionale et s’accompagne donc de la création en Equateur d’une école militaire régionale. Ajoutons que le président d’Equateur se détache clairement comme le nouveau meneur et inspirateur de l’avancée de ses processus d’intégration d’un Grande Patrie Souveraine et Autodéterminée.

Anne W

 

L’ALBA annonce sa sortie du Conseil Interaméricain de Défense de l’OEA  

par Los Necios

08  Juin   2013

Les pays membres de l’Alliance Bolivarienne pour les Peuples de Notre Amérique (ALBA) ont annoncé jeudi leur retrait du Conseil Interaméricain de Défense (JID en espagnol) de l’OEA, considérant que continuer à en faire partie n’avait aucun sens..

 

Cette annonce a été faite par les représentants du Nicaragua, du Venezuela, de la Bolivie et de l’Equateur lors d’une conférence de presse dans le cadre de la 43ème assemblée générale de l’Organisation des Etats Américains (OEA) qui s’est tenue dans la ville guatémaltèque d’Antigua.

Le Ministre des Affaires Etrangères de Bolivie, David Choquehuanca a annoncé que le retrait des pays de l’ALBA de la JID était examiné depuis plusieurs mois et qu’il sera officialisé après l’Assemblée Extraordinaire des chefs d’états de cette alliance qui se tiendra le 13 juilet prochain à Guayaquil (Equateur.)

Pour sa part, le Ministre des Affaires étrangères d’Equateur, Ricardo Patiño, dit qu’il n’y a aucun sens à ce que les pays de l’ALBA continuent à appartenir à la JID, parce que celle-ci ne réponds pas aux besoins des pays Latino-Américains.

« La JID a fait de nos Armées et polices des appendices des intérêts nord-américains » et n’a servi qu’à « former des gens pour nous surveiller et nous contrôler »,précise Patiño.

En échange, indiqua-t-il, l’Union des Nations Sud-Américaines (Unasur) constituera une véritable école de défense régionale qui défendra les intérêts latino-américains.

La JID est l’organe de l’OEA, chargé de conseiller les pays membres dans les politiques de défenses et de sécurité, et de concevoir des stratégies pour affronter des menaces continentales.

La sortie de l’ALBA de la JID, fait partie des politiques de réformes que cette association de pays promeut dans le système des associations interaméricaines, et principalement ce qui concerne les relations avec la Commission Interaméricaine de Droits Humains (CIDH).

Patiño dit que l’ALBA, promeut le changement de siège de la CIDH vers d’autres pays, parce qu’elle est grandement influencée par les USA dans la capitale desquels se trouvent ses bureaux centraux.

Le Pérou, Panama et Costa Rica,  indique le Ministre, ont manifesté de l’intérêt pour héberger le siège de la CIDH., un changement dont devra décider en son temps l’Assemble Générale de l’OEA.

Le changement de siège de la CIDH est nécessaire, indique Patiño, parce que dans la réalité elle “se plie aux intérêts du pays » dans lequel elle réside.

La CIDH, ajoute le Ministre des Affaires étrangères du Venezuela, Elias Jaua, émet des résolutions « partiales » contre des « Gouvernements légitimes et populairement élus », en défense de groupes d’intérêts, d’entreprises transnationales et de médias.

Publicado en Amèrica latina

Source espagnole  El ALBA anuncia salida de la Junta Interamericana de Defensa de la OEA | Amèrica latina | America Latina | Inicio 

Traduction Anne Wolff

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8 juin 2013 6 08 /06 /juin /2013 10:07

 

Je reprends ce texte publié sur CAP 2012   parce qu’il met en garde, les mots que nous emploierons ne sont pas dénués d’implications y compris celles opératives des actes qu’ils pourraient provoquer.

Que l’agresseur ait frappé sans intention de tuer est ici secondaire. La violence potentiellement prédispose à de tels accidents et elle est en soi inacceptable. Point. Et cette violence entre dans les mœurs.

Cela fait un moment que je mets en garde contre le risque de voir de telles agressions se multiplier, et je continuerai à le faire. Mais pour aborder la mort de Clément Méric, j’attendrai que les émotions se soient calmées.

Trop nombreux déjà sont ceux qui instrumentalisent cette mort. On ne lutte pas contre le fascisme avec de la haine. La haine est un synonyme du fascisme et la composante de micro-fascisme qui réside en chacun de nous.

 


Tras el asesinato de un joven militante de izquierda por matones de la extrema derecha

 

Clément Méric : choisir ses mots, choisir son camp

 

Sur @si

09h15 le neuf-quinze  

 

Clément Méric : choisir ses mots, choisir son camp

Evidemment l'indignation. Un jeune homme de 18 ans, frappé à mort en pleine rue par un groupe d'agresseurs, s'écroule, sa tête heurte un plot, il est en état de mort cérébrale. Tout nous indigne : l'âge de la victime, l'agression, la mort. Mais juste après l'indignation, l'embarras des mots, et les questions sur les circonstances. La victime, Clément Méric, était étudiant à Sciences Po Paris, dit-on, et militant proche du mouvement "Action antisfasciste Paris banlieue". Quant aux agresseurs, ils seraient, eux, des militants des "Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires" de Serge Ayoub, dit Batskin (pour en savoir plus sur ces charmants jeunes gens, voir quelques extraits du documentaire de Canal+ que nous diffusions dans une de nos dernières émissions (1), et entendre notamment Ayoub y déclarer que "la violence est un moyen d'expression").

Comment, pour les journalistes qui relatent les premiers l'événement, survenu mercredi en fin d'après-midi, désigner d'abord la victime ? Etudiant ? C'est évidemment incomplet, et ce n'est pas en qualité d'étudiant, que Clément Méric a été frappé. Militant d'extrême-gauche ? Attention à ne pas créer une fausse symétrie avec l'extrême-droite, renvoyant ainsi dos à dos agresseurs et agressés. Militant antifasciste ? Mais les agresseurs peuvent-ils vraiment être appelés des "fascistes" ? Quant à ces agresseurs, mêmes questions. Faut-il les appeler des "skinheads", ce qui atténue la responsabilité éventuelle de leur organisation politique ? Faut-il les désigner par le nom de cette organisation, les "Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires" ? Mais le seul témoignage sur leur appartenance à ce mouvement provient manifestement des accompagnateurs de la victime, et il est donc à confirmer.

Pour la presse comme demain pour la police, impossible de répondre à ces questions sans reconstituer le plus précisément possible les faits, pour l'instant peu clairs. Quel enchainement d'événements, apparemment en dehors de tout contexte de manifestation, a conduit à la bagarre mortelle ? Agresseurs et victimes se sont-ils retrouvés par hasard ? Et sinon, comment le groupe d'agresseurs savait-il qu'un petit groupe de militants ennemis se trouvait dans cette "vente privée" d'un magasin de vêtements de sport, dans le quartier de la gare Saint-Lazare, à Paris ? Les deux groupes se connaissaient-ils ? Il faudra, pour savoir, attendre l'enquête de police, et surtout le procès, qui seul permet d'approcher la réalité du déroulement des événements. Et en attendant, savoir que choisir ses mots, c'est choisir son camp.

Spécial Investigation, Canal+, capture écran

 

Daniel Schneidermann

Via :
CAP 2012

 

Je vous invite à lire d'autres articles sur le même sujet, et j'invite chacun à réfléchir sur le sens des mots utilisés par chacun pour s'exprimer à ce sujet, c'est le premier pas vers la création d'une intelligence collective face à la montée du fascisme, et sans l'organisation concertée née de cette intelligence collective, jamais nous ne pourrons combattre efficacement la peste brune renée de ses cendres.

 

 

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8 juin 2013 6 08 /06 /juin /2013 08:48

 

 

 

James Petras ; En Colombie la lutte pour la terre, pour la justice sociale, constituent l’axe du conflit et de son éventuelle solution.

Agencia de Noticias Nueva Colombia | Jueves, 06/06/2013

 


el analista norteamericano James Petras

 

 James Petras

 

Depuis un entretien téléphonique avec José Antonio Gutiérrez et Eliecer Jiménez 

du 4 de Juin 2013 

 

*******

1. Vous êtes une personne qui a suivi les évènements politiques latino-américains durant plusieurs décennies. En tant que tel, vous avez vu resurgir les mouvements populaires dans la région et les projets de transformation sociale. Dans ce contexte, comment évoluent les dialogues de la Havane qu’entretiennent l’insurrection et le gouvernement colombien ?

Dans une première approche, nous devons reconnaître que le fait que le gouvernement ait accepté de négocier avec l’insurrection est un pas positif. Deuxièmement, le fait qu’entre les deux a été formulé un agenda pour discuter de mesure concrètes, positives, est un autre élément encourageant. Troisièmement, que les mouvements sociaux soient intégrés et consultés pour exposer leurs opinions sur les points de l’agenda, sur les réformes est un autre point positif, davantage encore si nous comparons ce processus en relation avec ceux d’Amérique Centrale où les guérilléros ont négociés avec les portes fermées, excluant les mouvements de masses. Quatrièmement que le gouvernement se soit dit prêt à résoudre les problèmes de la campagne est également un élément positif.

Mais il y a différents problèmes dont nous devons tenir compte, comme celui que constitue la poursuite de la militarisation de la campagne par le gouvernement, qui continue à réprimer les paysans, à assassiner, à faire des prisonniers, qui disparaissent, comme toujours. Tout cela démontre une continuité avec le passé d’Uribe, il n’y a toujours pas de rupture. Un autre fait préoccupant, c’est le fait que le gouvernement de Colombie maintient les bases militaires, avec l’aide militaire nord-américaine, ceci est très contradictoire avec les efforts fournis pour résoudre le conflit.  Finalement nous devons dire que la militarisation de la campagne est incompatible avec la réforme agraire, parce que les militaires et paramilitaires continuent à réprimer et assassiner des afrocolombiens, des indigènes, des paysans et font presque quotidiennement disparaître des personnes.

Et le fait que Santos se soit réuni avec Capriles, un putschiste qui ne reconnait pas le gouvernement du Venezuela mérite une mention particulière. Ceci démontre qu’il y a un grand manque de rigueur, et c’est mauvais signe. Il y a eu un accord avec le Venezuela dans lequel son gouvernement est reconnu comme légitime, et ceci est une condition pour que le processus puisse avancer.

L’autre point est qu’il y a des aspects que nous dévons prendre en compte : dans les négociations, il n’y a aucun signe que l’oligarchie va reconsidérer la grande concentration des terres. Ils offrent la repossession pour les paysans déplacés, mais ils offrent des terres non cultivées à la frontières pour installer les sans terre, en d’autres termes, la clé des campagnes sont les grandes terres fertiles et irriguées qui sont aux mains des agro négociants et ce n’’est pas clair, on ne sait si ces terres de l’oligarchie entrent dans les négociations ou si elles ne sont pas concernées.

Je veux dire pour finir, que le gouvernement colombien joue un double jeu dans tout le processus, d’une part, il parle de solution négociée, pendant que d’autre part, il continue à militariser ; il parle de coopérer avec le Venezuela pendant qu’il appuie les putschistes ; il parle de réforme agraire et des activistes paysans disparaissent ; tous ces éléments appellent un questionnement de tout le processus et de la manière dont il peut avancer. Pourquoi le gouvernement a-t-il une politique double sens, il mène en réalité deux politiques ;  il parle de paix et poursuit la politique de répression, et cela ne satisfait ni les FARC, ni le Venezuela., ni aucun observateur objectif. La Colombie dit abandonner la direction putschiste-militariste et œuvrer  pour la paix, ou nous allons vers la rupture malgré tout l’optimisme ingénu, il n’y a pas de rupture de Santos avec Uribe, il y a seulement un changement de style, il y a plus de diplomatie, il est moins frontal qu’Uribe. Mais aucun des deux ne veux des réformes, il ne désirent donner un peu d’ouverture politique aux guérilleros et oublient les millions de paysans déplacés et dépossédés de leurs terres.

2. Comment analysez-vous la visite de Capriles en Colombie ? Croyez-vous que la réunion avec Santos est une maladresse diplomatique de ce dernier ou que cela reflète d’autres intentions politiques ?

Capriles est l’expression de la politique des USA, qui ont une politique d’intervention dans la région. Eux, les USA veulent la négociation avec les FARC, mais seulement pour désarmer les guérilleros et le mouvement populaire et obtenir la sécurité pour les grands investissements dans les ressources primaires, particulièrement dans les mines et le pétrole. D’un autre côté, Biden, le vice-président des USA, dit que les négociations sont positives, mais la question est de savoir sur quelles bases Santos suit la ligne du président nord-américain, qui est de chercher des concessions politiques sans justice sociale.

Capriles fait partie du plan de déstabilisation du Venezuela, il a voyagé dans toute l’Amérique Latine (abandonnant sa fonction de gouverneur de l’état de Miranda NdT), regroupant la droite de tout le continent,  cherchant des points de rencontres, ce qui indique que les USA préparent une controffensive. Le fait que Santos ait une réunion avec le chef de la politique interventionniste nord-américaine est le signal qu’il n’a aucun intérêt à la coexistence pacifique avec le Venezuela comme le dit Diosdado Cabello (Président de l’assemblée nationale du Venezuela. NdT), il cherche à faire dérailler le processus de paix.

Capriles cherche également à se servir de la Colombie comme un tremplin pour appuyer les putschistes de l’intérieur, parce qu’il n pas d’appui à interne au Venezuela, et Washington est fort occupé au Moyen-Orient, du coup la Colombie est amenée à jouer un rôle clef. C’est comme un triangle, Washington-Bogota et la contre-révolution au Venezuela. Ceci est un triangle néfaste, et c’est le point de rupture possible pour le tout, non seulement pour l’amélioration et la normalisation des relations mais cela peut aussi entraîner une rupture des négociations de la Havane qui conduirait à une remilitarisation. Washington cherche une faille pour créer la rupture et apparaître comme ceux qui sont en faveur de la démocratie, de la paix, et que les médias fassent choir la culpabilité sur le Venezuela et les révolutionnaires du possible achèvement du processus.

3. Nous sommes selon vous dans une période critique pour les dialogues ? Pensez-vous que la position de Maduro de revoir sa participation à La Havane pourra donner des arguments à Washington pour pratiquer une politique plus agressive envers la solution négociée ?

Il y a une intention de produire une relance de la Guerre Froide entre la Colombie et le Venezuela, ce qu’il y a eu n’est pas une réception d’un candidat de droite dérouté. Le Capriles qui a été reçu par Santos est un putschiste qui a lancé une campagne de violence après les élections, qui remet en question les résultats démocratiques de ce processus, qui est constamment en consultation avec Washington pour déstabiliser le Venezuela. Capriles n’est pas n’importe quel candidat. Celui avec qui s’est réuni Santos est quelqu’un qui, dans un autre pays, moins démocratique que le Venezuela, serait emprisonné pour délinquance politique. Il s’est engagé dans différents processus de déstabilisation.

A cause de cette attitude extrémiste de s’être réuni avec Capriles, le gouvernement colombien va devoir faire de petites concessions pour améliorer son image, il a déjà offert de vendre plus d’aliments au Venezuela face  la pénurie qui se produit dans ce pays, mais il ne parle pas du sabotage des partisans de Capriles. La Colombie offre de la nourriture, mais il vaudrait mieux quelle cesse de soutenir ceux qui sont derrière les ruptures d’approvisionnement. La Colombie dira que la réunion avec Capriles est peu significative, informelle, mais le fait est que tous les médias l’ont retransmise. Washington lui a donné une grande publicité, dire que ceci n’était pas protocolaire n’est pas convainquant.

4. Votre vision des choses est fort préoccupante, vous pensez que l’incident avec Capriles peut faire dérailler les négociations de paix ?

Le Venezuela a rappelé son représentant à La Havane dans les négociations, pour consultation, ce qui est une position négative face à ce duo Capriles-Santos qui a émergé cette semaine. Le pas suivant sera la discussion sur comment réagir, au Venezuela, on ne peut passer par-dessus le fait que cela ne fut pas une simple réunion ordinaire, il y a des accords qui n’ont pas été publiés, des accords commerciaux, politiques le seul fait de la reconnaissance de ce délinquant de la part de Capriles est très grave.

Mais les Cubains vont faire pression sur le Venezuela afin qu’il ne se retire pas, parce que Cuba est fort impliquée dans le processus de paix. Je crois que le Venezuela reviendra aux sessions pour voir comment cela vont évoluer les relations de la Colombie avec l’opposition interne si ce problème persiste, cela peut mener à une rupture, donc dans la conjoncture actuelle tout cela est dans l’air et il peut se passer un tas de choses. Maintenant il y a une pause de réflexion, et je crois que le Venezuela est déjà en train de lancer la balle dans le camp de la Colombie, l’interpellant sur la manière dont elle va rectifier, et corriger. Si elle continue à défendre ce qu’ils ont fait ceci peut porter préjudice à l’ensemble.

Maintenant comment vont réagir les FARC si le Venezuela retire sa représentation, c’est une autre question. Il est difficile que les FARC continuent à négocier avec des garants comme le Chili de Piñera et le Norvège de l’OTAN, cela créerait un fort déséquilibre, au-delà du fait que Cuba soit présente, il serait fort difficile que le processus se poursuive, cela remettrait en question les négociations, je crois qu’ils n’approuvent pas ce rapprochement avec Capriles et que maintenant ils discutent des prochaines étapes. Ils doivent aussi tenir compte des signes de mauvaise foi de Santos dans leur analyse. Dans ce scénario, les pressions depuis la Colombie sont de beaucoup de poids, les marches populaires, les manifestations démocratiques qui exigent un accord politique, avec une justice sociale sont cruciales. Que le Pole Démocratique Alternatif ait critiqué Santos, disant qu’il sabote le processus de paix avec cette réunion, est un élément qui introduit une pression interne, et les FARC, sont en train de prendre tous ces éléments en compte et de prendre des mesures face à cette situation délicate.

5. Revenons sur le processus de paix, certains ont fait le parallèle entre les processus de paix en Irlande et en Colombie, et il y a des éléments qui ont été repris du premier pour être amené dans l’autre. Pourtant il y a des différences qualitatives. Qu’en pensez-vous ?

En Irlande, ils ont obtenu une paix qui diminue les discriminations ethnico-religieuses, il y a eu une avancée dans des éléments d’égalité politique sans unification des deux Irlande, la colonisation de la couronne britannique se poursuit, entre autre choses.  Cet arrangement a été fort médiatisé. En Colombie la lutte pour la terre, pour la justice sociale, constituent l’axe du conflit et de son éventuelle solution, pas la discrimination en soi, qui existe aussi, contre les afrocolombiens, les paysans, les indigènes. En Colombie la transformation de la structure économique sociale est l’axe, cela n’était pas le cas en Irlande.

Les USA peuvent soutenir Santos pour que les FARC présentent des candidats et forment un parti mais rien de plus. Il n’y a pas de garantie non plus que les accords se concrétisent, comme antérieurement, alors que les FARC avaient accepté une trêve, ils descendirent de la montagne et   des milliers de personnes furent assassinées dans le génocide de l’Union Patriotique. Il faut tirer les leçons des expériences historiques, parce que le gouvernement et l’oligarchie avaient signé des accords de paix et que la majorité des dirigeants et activistes sociaux furent alors éliminés. Les FARC ont besoin de quelque chose de plus qu’un accord écrit, il doit y avoir des signaux concrets, par exemple la démilitarisation, le fait que 1500 conseillers et assassins nord-américains qui sont Colombie quittent le pays devrait faire partie du processus de paix. L’Angleterre maintient ses troupes en Irlande du Nord. Il  y a des différences entre les deux situations, et c’est plus compliqué en Colombie, parce que la lutte de classe, la lutte pour la terre, pour la démilitarisation est un problème beaucoup plus aigu en Colombie.

6. Pour finir, pensez-vous que Simon Trinidad pourrait venir à La Havane afin de jouer un rôle dans les négociations ?

Que Simon Trinidad vienne à La Havane pourrait être un pas positif, il pourrait ainsi se libérer d’une accusation fabriquée et je pense que sa présence comme délégué serait légitime. C’est une personne qui a été fort impliquée dans les négociations de paix précédentes, avant de tomber dans le piège qu’on lui a tendu en Equateur, avec son intelligence, sa connaissance juridique du sujet, cela pourrait être un facteur positif, mais Washington n’est disposé à libérer personne ni à faire aucune concession, parce qu’ils vivent de la vengeance, de politiques extrêmement répressives.

En ce moment, il y a un processus devant les tribunaux, parce que le Procureur d’Obama espionne tous les médias de masse, la presse commerciale et bourgeoise, pas seulement les médias alternatifs, mais  nous parlons bien des principaux quotidiens et émissions du pays, de journalistes contrôlés par la police secrète ; s’ils font cela à leur propres gens, comment permettraient-ils qu’un représentant des FARC joue un rôle de paix dans les actuelles négociations de paix ; les gens n’entendent que ceci (les USA) est un régime policier répressif. Il y en a encore qui pensent qu’Obama est modéré et différent des autres présidents, ce qui est faux et contredit par tous les évènements quotidiens, ce scandale est la preuve qu’il n’y aura aucune concessions parce qu’ils ne sont pas de bonne foi.

 

----------------------------------Agencia de Noticias Nueva Colombia, ANNCOLWeb: www.anncol.eu, Redacción: editar@anncol.eu,YouTube: http://www.youtube.com/user/anncol4?feature=mhee

 Source en espagnol :

James Petras: En Colombia la lucha por la tierra, por la justicia social, constituyen el eje del conflicto y de su eventual solución

Traduction Anne Wolff

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8 juin 2013 6 08 /06 /juin /2013 04:40

 

Réponse intégrale au commentaire de JC Allard (Stériliser les pauvres… | Les 7 du Québec   ) que je remercie d’avoir si bien compris mon propos et petite mise au point, en général.

C’est l’eugenisme des années trente au sens strict dont Marginean a parlé plusieurs fois dans ses articles.

http://www.les7duquebec.com/non-classe/leugenisme-et-le-darwinisme-social/ 

Je suis persuadé qu’en 2013 c’est un canular, pour en faire le rappel et qu’il faut prendre ça au deuxième degré. Le fait que l’article soit traduit par Ann Wolf, une blogueuse respectée, me conforte dans cette opinion. Si d’ici quelques jours on s’apercevait que c’est UNE PROPOSITION SÉRIEUSE, il faudrait y réagir, mais ce serait la preuve que le monde va encore plus mal qu’on ne le croit, ce qui est peut-être justement ce que veut montrer Ann Wolf.

Pierre JC Allard

Répondre

 

Merci JC.  Après lecture d’une partie des commentaires qu’ont suscité ces quelques lignes, j’’étais déconcertée et vaguement dégoûtée. Beaucoup d’émotion, de ressentiment, de hargne : « Quand j’entends le mot héritière, je sors mon révolver ». Moi la Gina, en tant que personne, elle me ferait plutôt pitié.

Après, les dégâts que des personnes avec de tels moyens peuvent occasionner à notre planète est une autre question, un vrai nid de serpents de questions. Des questions qui si elles  suscitent la colère, appellent cette colère, blanche de l’intégrité menacée qui stimule la lucidité parce qu’il est question de survie et que ce n’est pas le moment de se laisser dominer par ses émotions.

Oui c’était au second degré (une spécialité belge souvent mal comprise des autres peuples), et oui je découvre que le monde va beaucoup plus mal qu’on ne le pense. Et oui, à travers les commentaires même, je retrouve ce vieil eugénisme qui reprend vigueur depuis que certains ont déclaré que nous étions trop sur terre, Bill Gates le premier et lui aussi a les moyens de nuire énormément et ne s’en prive pas. Et oui, il existe un grand mouvement fasciste international pseudo-darwinien, eugéniste et malthusien qui prône la « suprématie blanche » et une réduction drastique des populations colorées de notre planète. Les opérations de « nettoyage » des vagabonds à Athènes ou à Bogota sont menées par une même fratrie exhibant les mêmes symboles.

Et oui, des opérations de stérilisations consenties ou forcées ont lieu sur la planète, et elles se fondent sur des critères de race et de classe. La fondation Bill et Melinda Gates en est un des principaux acteurs.

Quant à la Gina, dans certains de nos tribunaux des gens sont condamnés parce que « capables du fait » et si dans certains milieux ce genre de déclarations, au nom d’un « politiquement correct » à respecter ne se font pas (encore) en public, en privé, on ne se prive pas. Et ce qui est inquiétant, c’est que des propos de cette nature qui étaient jusqu’ici le triste apanage d’une grosse bourgeoisie occidentale de (très) droite devient courant au point que même parmi la partie de la population blanche la plus méprisée par la hiérarchie sociale, ils circulent, élitisme de bas-étages, pour certains le seul critère de valorisation à leur portée, appartenir à une catégorie de « bien nés » du seul fait d’être blanc de souche. Et les matrices d’opinions sont là pour les encourager.

Et oui, ce n’était pas très gentil de ma part de publier une photo de cette dame au physique ingrat. Et mon but n’était pas de me moquer du douloureux fardeau de laideur de cette pauvre femme. Mais bien de poser la question de qui sont ces élites autoproclamées qui prétendent faire vivre le monde dans leurs fantasmes passéistes. De rappeler que la seule supériorité de ces gens, en tant que personnes, consiste en un (grand) nombre de zéros mal acquis sur leur compte en banque, ce qui est somme toute, dérisoire.

Je crois que dorénavant je me contenterai de traduire Allard, Calloni, Petras, Bertaccini … qui font appel à l’intelligence plutôt qu’à l’émotion. Il y a déjà bien trop de haine que pour réveiller celle qui dort.

Personne ne s’est inquiété des chevaux sauvages… une information trouvée sur apporea et que je n’ai pu vérifier mais qui si elle est vraie, mériterait pourtant qu’on s’interroge à ce sujet.

Anne Wolff

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7 juin 2013 5 07 /06 /juin /2013 08:20

 

Un article plus ancien et essentiel pour comprendre le cadre et les enjeux et les processus régionaux de la militarisation US de la Colombie et dceux des Traités de Libre Echange qui tentent de revenir sur léchec de l'Alca.

 

L’avancée irrésistible de la militarisation

par Raúl Zibechi *

 

Toutes les versions de cet article : [Español] [français]

La récente approbation du Traité de libre échange (TLC) entre la Colombie et les États-Unis réaffirme la politique militariste du gouvernement de Barack Obama vers l’Amérique Latine, comme la principale voie pour résoudre la crise économique et le déclin de l’hégémonie globale et régionale. Ironies de la vie, le TLC poussé par le conservateur George W. Bush a été dénoué après cinq ans par le Congrès, sous le « progressiste » Obama, montrant que quand il s’agit des intérêts impériaux et multinationaux il n’y a pas de différences substantielles entre les deux partis politiques des Etats-Unis.

Le président Juan Manuel Santos a déclaré : « c’est le traité le plus important que nous avons signé dans notre histoire », bien qu’il va couler la production agricole, comme ce fut déjà le cas dans tous les pays qui ont signé ces accords. Cependant, comme le journaliste colombien Antonio Caballero signale dans sa colonne intitulée « El empalamiento » (Semana, 15/10/2011), le traité est en réalité « un acte de soumission » qui approfondit le rôle de gendarme régional de la Colombie.

Nous sommes devant u choix clair des élites pour le « néolibéralisme armé » qui leur permet d’augmenter les profits et en même temps de bloquer la protestation sociale. Ce modèle, qui s’applique déjà avec succès au Guatemala et au Mexique, et qui tend à s’étendre à toute la région, est le régime politique adapté pour provoquer « l’ accumulation par dépossession » que David Harvey analyse dans Le nouvel impérialisme (Akal, 2003), bien que le géographe britannique ne précise pas dans ses travaux le type d’État qui correspond à ce mode d’accumulation.

La Colombie affiche la plus grande dépense militaire reconnue de forme officielle de la région, qui atteint presque 4 % du PIB, le double en pourcentage de celle du Brésil et presque trois fois plus que celle du Venezuela, alors que d’autres sources l’estiment jusqu’à 6 %. Actuellement, l’armée de la Colombie dispose de 230 000 hommes, le même nombre que celle du Brésil, qui a une surface sept fois plus grande et une population quatre fois supérieur. La disproportion par rapport à ses voisins l’Équateur et le Venezuela est énorme, bien que les médias s’obstinent à montrer que la vraie menace à la paix vient Caracas.

Sous les deux gouvernements d’Álvaro Uribe (2002-2010) les paysans ont été dépossédés de 6 millions d’hectares et il y a eu 3 millions de déplacés. À la politique de privatisations de son prédécesseur (télécommunications, banque, pétrole), Santos ajoute maintenant le reprimarisation [retour vers le secteur primaire] de l’économie orientée vers l’exploitation de minerais, de gaz, de charbon, d’or et de pétrole, et l’expansion de l’agro-exportation de soya, de canne à sucre et de palmier africain. Une partie des capitaux qu’ils « investissent » dans ces affaires provient des paramilitaires et du trafic de stupéfiants que les armes et les biens volés ont uni.

La Colombie figure parmi les 10 pays les plus inégaux du monde. Avec les réformes du travail, les entrepreneurs ne paient déjà même plus les heures supplémentaires. La santé et l’éducation subissent des coupes pour grossir le budget de guerre et la privatisation veut avancer sur les universités, malgré la vaste mobilisation estudiantine. C’est ainsi que le « néolibéralisme armé » fonctionne, fils prodigue du Plan la Colombie, couronné maintenant du TLC.

À l’intérieur, le Plan Colombie est spoliation et militarisation pour freiner la résistance. A l’extérieur, il transforme le pays en la principale plate-forme de la politique militaire du Pentagone. Une étude du Centre de recherche et de l’Éducation Populaire (Cinep) remarque que sous les deux gouvernements d’Uribe la mobilisation sociale fut la plus forte au cours du demi-siècle passé : presque quatre fois plus de conflits par an que dans les décennies de 1960 et de 1970, et 50 % de plus que dans celle de 90.

La guerre et la militarisation se sont précisément envolées dans les départements qui présentent la plus grande résistance sociale , qui sont aussi ceux où l’avancée des megaprojets d’extraction est plus intense. La guerre que provoque Plan la Colombie, dont les bénéfices seront transvasés par le TLC, sert à libérer des territoires pour l’accumulation de capital. Il faut s’arrêter sur l’enchaînement entre guerre et néolibéralisme, violence et accumulation, pour comprendre de quoi retourne le modèle, bien que ceci soit mariné par une bataille électorale médiatique tous les quatre ans et des déclarations contre le trafic de stupéfiants et la guérilla.

Mais le modèle tend à déborder sur toute la région. Le 27 septembre, la Chambre des députés du Paraguay a voté l’état d’urgence pendant 60 jours dans deux départements : Concepción et San Pedro, les plus pauvres, et dans lesquels le mouvement paysan a joué le rôle principal dans plusieurs mobilisations les plus importantes. L’excuse est de combattre l’Armée du Peuple Paraguay (EPP), un groupe qui selon le ministère public dispose de 10 membres. La mesure qui habilite déjà l’action des forces armées comme police interieure avait été adoptée en 2010 pour 30 jours dans cinq départements, sans arrêter aucun membre de l’EPP.

Abel Irala, du Serpaj, attribue la militarisation au modèle productif : « L’agro-business a besoin d’avancer sur les terres du trafic de stupéfiants, et dans ce conflit la militarisation joue en faveur du soja. Le paysan qui plante de la marijuana est le dernier en bas de l’échelle, et sa femme, quand ils le mettent en prison, vend ce terrain pour le sortir de la prison, et il est vendu aux exploitations de soja ». La Coordinatrice des Droits de l’homme a dénoncé que 500 militants sociaux sont poursuivis, que les tortures sont plus fréquentes et que la justice utilise les qualificatifs de « perturbation de la paix publique », pour faire des marches qui ne coupent pas de routes, et « de sabotage », au blocage de routes,ce qui est passible de 10 ans de prison.

Ce n’est pas un hasard si les conseillers militaires des forces répressives paraguayennes sont colombiens. Le « néolibéralisme armé », avec ou sans TLC, ne reconnaît pas de frontières idéologiques et se propose d’anéantir ou de domestiquer les mouvements anti-système. Au milieu de la profonde crise que nous vivons, il y a des échantillons de ce que ceux de là-haut ont misé sur un militarisme dur et pur.

La Jornada. Mexique, le 21 octobre 2011.

Traduit de l’espagnol pour El Correo par  : Estelle et Carlos Debiasi.

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6 juin 2013 4 06 /06 /juin /2013 21:27

 

 

Cuba hors des idées reçues
La Havane. 22 Mai 2013

Un regard sur le modèle cubain de bien-être
Dr. Patricia Arés Muzio

À plusieurs occasions, j’ai demandé à mes étudiants quelles seraient les principales raisons de dire qu’il fait bon vivre à Cuba. La majorité des réponses étaient liées à l’accès à la santé, à l’éducation et à la sécurité sociale, qui effectivement sont les piliers de notre modèle socialiste. Cependant, pour les personnes les plus jeunes, ces réalités sont tellement intégrées à leur vie quotidienne qu’elles en deviennent trop banales ou restent figées dans un discours qui, à force d’être répété, perd de son intérêt.

J’irais jusqu’à dire qu’il existe un modèle cubain de bien-être qui a été assimilé avec une telle familiarité acritique qu’il en est devenu invisible à nos yeux mais, paradoxalement, il est présent dans le discours de nombreux Cubains qui ne vivent plus dans notre pays – précisément qui ont perdu ce mode de vie – ou dans celle de visiteurs qui vivent d’autres réalités dans leur pays d’origine. À propos de la vie quotidienne à Cuba, ce sont des difficultés dont on parle le plus souvent, notamment celles à caractère économique, alors que l’on n’entend peu parler de nos avantages et de nos forces.

Les récits entendus en consultation m’ont amenée à réfléchir longuement sur notre socialisme, vu comme une culture et une civilisation alternative. Lorsque les psychologues et autres spécialistes, nous avions participé à la bataille pour le retour d’Elian Gonzalez, l’enfant cubain retenu aux États-Unis, cette question était revenue avec force. Récemment, j’ai eu l’occasion de m’entretenir avec plusieurs personnes âgées rapatriées, avec des enfants qui, sur décision de leurs parents, devaient aller vivre dans d’autres pays, ou avec des jeunes gens qui sont revenus d’Espagne après avoir été jetés à la rue parce qu’ils ne pouvaient pas payer leur loyer, si bien que je me suis de nouveau posée la question du modèle cubain de bien-être, à partir de leurs expériences vécues.

Je me souviens que lorsqu’Elian était aux États-Unis, lorsque son grand-père Juanito lui disait au téléphone qu’il était en train de lui fabriquer une carriole, le lendemain l’enfant apparaissait à la télévision avec une voiture électrique qui ressemblait à une vraie voiture, lorsque les grands-parents ou son père lui disaient qu’il manquait à son petit chien, le lendemain Elian apparaissait avec un chiot labrador qu’on lui avait offert, et lorsqu’on lui disait qu’on lui avait acheté un livre d’Elpidio Valdés, il apparaissait avec un costume de Batman. Pourtant, l’affection de sa famille, l’amour de tous ceux qui l’attendaient, la solidarité de ses camarades de classe, de ses instituteurs, ont été plus forts que toutes les choses matérielles du monde.

Je discutais récemment avec un homme âgé qui a pris la décision de ne pas retourner aux États-Unis après y avoir vécu 19 ans. Il me disait : « C’est vrai, docteure, là-bas ont vit très confortablement, mais ce n’est pas tout dans la vie. Là-bas, « tu n’es personne, tu n’existes pour personne ». Il me racontait qu’il restait de longues heures tout seul chez lui, en attendant le retour de ses enfants et de ses petits enfants, qu’il restait enfermé parce qu’il ne pouvait pas sortir, sous prétexte qu’il était vieux et qu’on ne lui permettait pas de conduire, et dans la journée le quartier où il vivait « ressemblait à une maquette » : on n’y voyait personne et personne n’avait de temps à perdre pour discuter un moment.

Lors d’une visite qu’il fit à son autre fille qui vit à Cuba, il décida de ne pas repartir. Il me racontait qu’il fait de la gymnastique au parc, qu’il joue aux dominos l’après-midi, qu’il surveille les devoirs de son petit-fils et de deux de ses copains, qu’il a retrouvé quelques amis de la « vieille garde » et qu’avec les quelques sous qu’on lui envoie et l’aide de sa famille ici, il a largement pour couvrir ses frais.


Il me dit textuellement ceci : « Certains me disaient que j’allais revenir vers l’enfer, mais en réalité, docteure, je me sens au paradis. » Évidemment, son mode de vie aujourd’hui, ce n’est pas le paradis, mais il lui procure un bien-être supérieur.

Un jour, j’ai reçu en consultation l’enfant de deux diplomates, qui était venu en vacances et qui ne voulait pas repartir avec ses parents à l’ambassade où ils travaillaient. Il était « révolté », en pleine « grève » : il demandait à rester avec sa grand-mère, il ne voulait pas repartir, il n’aimait pas vivre là-bas. Quand j’ai demandé à ses parents de m’expliquer ce qu’il se passait, ils m’ont raconté que là-bas il devait vivre enfermé pour des raisons de sécurité ; il avait très peu de camarades de classe avec lesquels jouer après l’école, et ses cousins qu’il adorait, lui manquaient. « Dès qu’il revient ici, c’est comme si on lui rendait la liberté, me disaient les parents : il va au parc au coin de la rue avec les copains du quartier, il va se promener avec ses cousins, il joue au baseball et au foot en pleine rue, il passe ses journées entouré de ses grands-parents, de ses oncles et des voisins. » Au cours de l’entretien, l’enfant, m’a raconté que ses cousins lui disaient qu’il était stupide de vouloir rester à Cuba alors qu’il avait l’occasion de vivre dans un autre pays, et le garçon me disait : « Quand je suis ici, la pizza aux poivrons me manque beaucoup, mais je t’échange un million de pizzas pour rester vivre à Cuba tout de suite. »

Un jeune revenu d’Espagne me racontait qu’il avait perdu son travail et qu’évidemment il n’avait pas d’argent pour payer son loyer ; la propriétaire lui avait donné un délai de trois mois, mais comme il ne pouvait pas payer, elle l’avait jeté à la rue. Le plus triste dans ce cas, c’est que personne, pas même ses amis ne lui avaient tendu la main, car, disaient-ils, à cause de la crise chacun « devait se débrouiller comme il pouvait ». Il a dû revenir à Cuba car il n’avait qu’un seul choix : dormir dans le métro ou revenir chez ses parents. « Finalement, me disait-il, ceux qui sont prêts à t’accueillir, ce sont toujours les tiens ».

J’ai réfléchi à ces témoignages qui pourraient être bien utiles à tant des jeunes qui ne trouvent aucun avantage à vivre à Cuba, qui ne pensent qu’à une vie « de progrès » à l’étranger ou qui surestiment la vie ailleurs comme une vie de réussites et d’opportunités. Et je me demande : qu’avons-nous ici qui manque à d’autres lieux ? Qu’ont découvert l’enfant, la personne âgée et le jeune revenu d’Espagne, à partir de leurs expériences ailleurs, qu’est-ce que nous ne voyons pas ici ? Le modèle de vie que proposent les sociétés capitalistes contemporaines constitue-t-il réellement un modèle de bien-être aujourd’hui, même s’il est vendu par les médias comme « le rêve de la terre promise » ?

Parlons-nous aujourd’hui de bonne vie ou de bien vivre, de vie remplie ou de vie pleine ? Le développement économique et technologique est-il le seul moyen d’assurer le bien-être personnel et social ?

Je vais tenter de faire une synthèse, en partant de ces expériences professionnelles, dans lesquelles pourraient bien se trouver certaines des bases de notre modèle cubain de bien-être.


PAS DE SENTIMENT D’EXCLUSION, PAS D’« ANOMIE SOCIALE »

Il s’agit d’une question aux connotations spirituelles et éthiques profondes.

Quand on arrive dans un quartier à Cuba et qu’on cherche l’adresse de quelqu’un, on nous dit généralement : « Il habite dans cette maison ». Les Cubains, nous avons tous un nom et une biographie parce que nous avons tous des espaces d’appartenance (famille, école, communauté, lieu de travail) et de participation sociale. Nous avons tous assumé des responsabilités, assisté aux réunions dans le quartier, nous sommes allés à notre cabinet médical, nous votons dans le même bureau, nous achetons les produits « normés » au marché ou nous avons le même « mensajero » (coursier). Bien sûr, il nous arrive de dire : « Les mêmes têtes tous les jours ! », mais c’est justement là que réside un espace vital aux dimensions humanistes et solidaires immenses.

L’anomie sociale qui s’exprime, dans les paroles du grand-père par « tu n’existes pas », est tout le contraire de ce que nous vivons à Cuba. L’anomie sociale est le fait de vivre sans avoir de lieu, sans être reconnu ou remarqué, et il ne s’agit pas d’un lieu physique, mais d’un lieu symbolique, un lieu d’appartenance et de participation, un lieu qui donne sens à la vie. Vivre dans le « non-lieu », c’est se sentir isolé, dans une solitude existentielle, c’est se sentir étranger, et c’est un des problèmes du monde actuel. Même les lieux où cohabite aujourd’hui beaucoup de monde sont des « non-lieux » plutôt que des lieux de rencontre.

Il paraît incroyable que dans un métro bourré quotidiennement par des centaines de voyageurs, personne ne se parle et que les gens sont plus intéressés par leur téléphone portable, dans une sorte d’autisme technique, que par le contact de personne à personne. Les aéroports ou les supermarchés (cathédrales de la consommation) sont autant de « non-lieux » : beaucoup de monde autour de vous et absolument aucun contact. Si vous tombez, personne pour vous aider à vous relever, parce qu’en plus, il existe tellement de lois concernant les « droits citoyens » qui sont censées protéger les personnes d’un point de vue individualiste que personne n’osera vous toucher car il existe le risque d’être accusé de « harcèlement sexuel ». Le « non-contact » et l’indifférence sont réglementés.

Aujourd’hui, la réalité sociale dans d’autres pays fait que la société facilite plus l’exclusion que l’inclusion. À Cuba, même s’il existe des inégalités sociales comme conséquence des réalités économiques actuelles, notre projet politique vise à promouvoir l’inclusion sociale afin de supprimer la distance entre les genres, les couleurs de peau, les capacités physiques et l’orientation sexuelle. Le système social cubain, malgré les difficultés et les contradictions, tente de construire un monde dans lequel chacun a une place, et où la réciprocité humaine spontanée se construit à partir de ces conditions. Dans l’« autre géographie », sur la carte de la globalisation néolibérale, divisée en classe, les relations interpersonnelles sont détériorées par de multiples discriminations, si bien que les uns sont séparés des autres par des frontières invisibles, qui empêchent l’intégration et la participation.


LES DIFFÉRENTS ESPACES DE SOCIALISATION

Les espaces de socialisation tiennent une place importante dans la vie, à travers le réseau social qui est un soutien pour tout sujet car il est évident que c’est dans cet espace qu’une personne peut s’épanouir. Actuellement, les familles vivent isolées partout dans le monde, et plus le niveau de vie est élevé, plus le mode de vie cloîtré dans sa maison se développe.

Personne ne connaît son voisin, personne ne sait qui il est. Chez eux, les membres de la famille ont peu de moments en tête-à-tête, parce que l’invasion de la technologie est telle qu’un père peut être en train de « chatter » avec un collègue au Japon et ne pas avoir la moindre idée de ce que fait son fils dans la chambre d’à côté. Des études réalisées dans plusieurs pays ont révélé que le temps de conversation en tête-à-tête qu’un père consacre à ses enfants ne dépasse pas 15 minutes quotidiennes.

Le peu de temps consacré à la famille ou à d’autres espaces communautaires est une des grandes conséquences du modèle capitaliste hégémonique actuel. Pendant la semaine, la famille « n’existe plus » en tant que groupe : les horaires de travail extensifs, le pluri-emploi des parents qui doivent résoudre les exigences de plus en plus nombreuses de consommation font que les anciennes habitudes et les traditions familiales ont disparu de la vie quotidienne.

Selon des psychologues et des sociologues, la solitude de l’enfant et l’absence de relations pour la personne âgée sont la plus grande conséquence de cette réalité. De nombreux enfants de la classe moyenne ou de la classe moyenne supérieure reviennent de l’école sans qu’un adulte ne soit présent à la maison avant des heures avancées de la soirée ; certains sont gardés par une nourrice qui leur prépare les repas, mais qui ne saurait remplacer l’affection et l’attention des parents.

Les moyens technologiques apparaissent comme l’antidote de la solitude, mais sans aucune restriction de la part des adultes, au risque de produire une addiction aux jeux vidéo, d’augmenter la violence et de stimuler l’érotisation précoce. Aujourd’hui, il est rare que les enfants et les adolescents disposent de places publiques, de rues ou de parcs en plein air comme lieux de rencontre, car il n’y a pas de sécurité citoyenne. Les univers spatiaux-temporels du réseau urbain destinés à la jeunesse sont considérés comme des lieux menaçants et dangereux plutôt que comme des espaces de loisirs et de construction de liens sociaux. À Cuba, les parcs et les places restent des lieux de socialisation pour les différentes générations. La famille cubaine est liée par des réseaux sociaux d’échange, avec les voisins, avec les organisations, avec l’école, avec les parents, y compris pour les émigrés. Ce qui identifie le mode de vie des Cubains, ce sont les espaces de socialisation, un tissu social qui n’exclut personne et où tout le monde a un nom.

Je dirais que la cellule de base de la société cubaine, en dehors de la famille en tant que foyer, est constituée par un réseau social d’échange, familial ou de voisinage. Ce tissu social en réseau représente une des plus grandes forces invisibles du modèle cubain de bien-être. C’est là que réside la plus importante réussite de notre processus social : la solidarité sociale, la contention sociale et l’échange social permanent. Ce capital n’est perceptible que pour celui qui le perd et qui commence à vivre une réalité différente à l’étranger.

Malgré les difficultés économiques et les problèmes non résolus, la famille continue d’occuper une place privilégiée : une famille qui commence à vivre intensément à la sortie de l’école quand les enfants et les adolescents reprennent leur vie familiale et communautaire. La famille cubaine ne vit pas portes closes. On peut frapper à la porte d’un foyer cubain plusieurs fois dans la journée, que ce soit les agents de la fumigation contre les moustiques, les voisins, l’infirmière, les dirigeants du quartier, les vendeurs au porte à porte. Il faut sortir tous les jours pour aller au marché, aller chez les voisins chercher ses courses, jeter les ordures, aller à la pharmacie, chercher les enfants à l’école… La vie familiale est multi-générationnelle : toutes les générations interagissent, la majorité des personnes âgées ne vit pas en maison de retraite, leur véritable espace étant généralement dans la communauté.


LA SOLIDARITÉ SOCIALE À CONTRE-COURANT DE L’INDIVIDUALISME

Sur le plan international, le bien individuel est plus important que le bien social. Le modèle de développement économique place les personnes face au désir de vivre « mieux » (parfois aux dépens des autres) au dessus du vivre bien pour tous.

Aujourd’hui on a coutume de dire : « Je ne fais de mal à personne, que personne ne vienne fourrer son nez dans ma vie ; pour moi, ça va bien, c’est mon corps, c’est ma vie, c’est mon espace. » On privilégie ce qui va apporter le plus de bénéfices. Le « je » a remplacé le « nous ». Dans ce monde hégémonique, on qualifie positivement la conduite égoïste de « rationalité instrumentale » alors qu’en réalité cette rationalité dissimule une grande insensibilité sociale.

Dans notre pays, la solidarité sociale existe, même si aujourd’hui nous vivons une sorte de parallélisme entre nos comportements solidaires et l’insensibilité de certaines personnes. La socialisation du transport ou « botella » (auto-stop), par exemple, l’attitude des voisins, la famille, le partage des téléphones particuliers, les échanges d’uniformes scolaires, de certains médicaments, le prêt de sa maison comme salle de classe après le passage d’un ouragan qui a détruit l’école, sont des exemples de nos échanges solidaires.

Une jeune fille en internat à l’école Lénine me racontait que chaque semaine dans son groupe d’amies – comme dans tous les groupes – les élèves mettaient en commun tous les aliments qu’elles avaient apportés et les partageaient équitablement. Ainsi, elles mangeaient toutes la même chose, indépendamment que certaines pouvaient apporter plus de choses que d’autres. Pour elles, le plus important, c’était l’amitié et la fraternité.

LA CRÉATIVITÉ ET L’INTELLIGENCE COLLECTIVE

À Cuba, l’on peut discuter et avoir de nombreux échanges sociaux, et l’on peut aussi s’offrir le luxe d’avoir une bonne conversation avec beaucoup de gens. Nous savons tous quelque chose, nous pouvons tous donner une opinion ou avoir de bonnes idées. Nous avons une culture politique, une culture sportive et certains sont connaisseurs en art.

Nous avons un capital culturel accumulé qui fait partie de notre patrimoine social et du bien-être invisible. Nous sommes cultivés, et c’est le résultat des niveaux d’enseignement atteints. Les Cubains et les Cubaines, nous impressionnons par notre capacité à converser, à exposer des idées et des critères. Un de mes grands problèmes, en tant que psychologue clinicienne, lorsque je m’occupe de quelqu’un, c’est que les séances prennent beaucoup de temps, parce que nous sommes habitués à converser. Certains viennent avec une liste écrite pour ne rien oublier de ce qu’ils avaient à dire. Nous prenons notre temps et c’est un luxe à notre époque, alors que personne ne veut perdre son temps, et que partout dans le monde, on vit avec le syndrome de la vitesse.

Lorsque je me rends dans des pays latino-américains pour donner des cours, les étudiants présentent, dans leurs travaux sur la famille, une réalité familiale et sociale qui me laisse perplexe, à cause de la quantité de problèmes sociaux accumulés, non seulement dans les familles pauvres, mais aussi dans toutes les classes sociales.

Je me rends compte à travers ce que j’entends que nous sommes à des siècles de distance, parce que leurs problèmes ne sont pas d’ordre économique mais ils sont plutôt liées à l’ignorance, la pauvreté mentale accumulée, les stigmates sociaux, les préjugés de classe, de genre, de race, la violence contre les femmes, les solutions magiques sans fondement scientifique à des problèmes, l’abus sexuel des enfants, la polygamie, les tares génétiques dues à une sexualité irresponsable. Ce sont des problèmes quotidiens qui sont associés au chômage, à l’absence de programmes sociaux de prévention. Ce qui pour nous est l’exception est pour eux le quotidien.

En tant que professeur, je sens que notre population est cultivée et développée, et nous le vivons sans même nous en rendre compte. Même si notre quotidien semble être insignifiant, il reste la grande toile de fond de l’Histoire.

Certains jeunes émigrés se rendent compte souvent de cette réalité sociale si différente lorsqu’ils y sont confrontés.


COMMENT RENFORCER NOTRE MODÈLE DE BIEN- ÊTRE ?


Le nouveau modèle économique a, entre autres objectifs, l’augmentation de la productivité. Il a pour but le renforcement de notre modèle de bien-être qui représente une alternative à l’anti-modèle dominant, une conception que partage également l’ensemble des peuples indigènes du continent et du monde, et qui tire ses racines d’une longue tradition dans les différentes manifestations religieuses.

Pour tous ces projets de société, y compris le cubain, l’objectif de développement n’est pas de posséder toujours davantage, mais d’ « être » davantage, ce n’est pas accumuler davantage de richesses, mais davantage d’humanité. Il propose de vivre bien et non pas de vivre mieux, ce qui implique solidarité, pratiques de réciprocité et volonté de parvenir à un équilibre avec l’environnement, et en même temps d’améliorer les conditions de vie de la population. Cependant, l’amélioration des conditions de vie ne pourrait à elle seule résoudre les problèmes sociaux qui se sont accumulés.

La dimension économique ne saurait être isolée des dimensions sociales, culturelles, historiques et politiques qui donnent au développement un caractère intégral et interdisciplinaire, permettant de récupérer le sens du bien-être et du bien vivre comme objectif fondamental.

Il n’y a pas besoin d’être un scientifique social pour se rendre compte que, à la marge des conditions de vie, nombreuses sont les personnes et les familles qui bien plus que dans la pauvreté matérielle se sont installées dans la pauvreté spirituelle. Certaines d’entre elles souffrent de pauvreté spirituelle, ce qui s’exprime par des modes de vie éloignés de la plus élémentaire décence, loin des réalités de notre pays. Elles se montrent avides de biens matériels superflus, avec des aspirations contraires au bien-être collectif. Une culture de la banalité et de la frivolité propre au modèle hégémonique actuel.

L’accumulation de problèmes matériels, du fait de la profonde crise économique que nous avons traversée dans les années 90, a considérablement détérioré les valeurs sur le plan social.

Les valeurs ne sont pas seulement des principes, elles doivent se traduire dans nos comportements. Si nous contredisons les principes dans notre pratique, nous sommes en fait face à une crise des valeurs. Cuba n’est pas à l’abri des influences hégémoniques du monde unipolaire. Nous devons continuer à construire un modèle alternatif de bien-être, « contre vents et marées », malgré toutes les influences de la colonisation de la subjectivité, y compris, malgré l’effet modulaire de nos politiques sociales. Sur le marché, les valeurs ne comptent pas : seule compte la possibilité de consommer. Les non consommateurs se considèrent comme des êtres humains « non reconnus », exclus de tout type de reconnaissance sociale.

Le monde d’aujourd’hui est saturé d’informations, certaines intéressantes, d’autres médiocres et superficielles. Pour augmenter les ventes, les médias de l’actuel modèle hégémonique n’hésitent pas à faire l’éloge de la banalité. Nous sommes assaillis par les divertissements, les téléfilms, les séries et les films de violence qui ont un tel pouvoir de séduction incroyable qu’elles attrapent le téléspectateur, avec le risque d’être entraîné dans l’oisiveté et l’addiction (drogue, alcool, pornographie, argent facile, jeux de hasard, jeux vidéo).

Lorsque Ghandi, prix Nobel de la Paix, signalait les sept péchés capitaux de la société contemporaine, il faisait précisément allusion au contexte mondial dans lequel nous sommes immergés : la richesse sans travailler, le plaisir sans la conscience, la connaissance inutile, le commerce injuste, la science sans humilité, l’adoration sans le sacrifice et la politique sans principes.

La publicité et le marché associent généralement le bien-être au plaisir, à l’« avoir », au succès et au statut social.

Il est certain que le manque de culture favorise la tendance à penser que le bien-être réside dans l’ «avoir », à se laisser prendre par toutes sortes d’offres de consommation qui fleurissent comme de la mauvaise herbe, et à se laisser dominer par l’ignorance. L’éthique de l’être exige une formation morale, une éducation familiale, généralement une éducation d’une plus grande envergure. C’est là le pari que nous devons faire pour notre société.


ENCOURAGER LA SOLIDARITÉ SOCIALE


Avec l’augmentation du travail indépendant, la communauté représente l’espace de vie de nombreuses familles. Les liens entre la famille, la communauté, les organisations politiques et sociales et le travail se développent. Par ailleurs, les nouveaux espaces constituent une occasion parfaite pour renforcer la vie communautaire, en même temps que le travail au bénéfice du bien-être commun. Cuba peut faire la différence en ce qui concerne le sens de la solidarité et de la solidarité sociale.

Il est important de développer une culture solidaire et une responsabilité sociale pouvant servir d’antidote à la pénétration de la culture mercantile, de conserver une éthique solidaire afin de ne pas abandonner le projet collectif, même si le nom, – et pas l’idée du travail à son compte – suggère une certaine déconnexion sociale, qui ne représente pas notre éthique solidaire.


RENFORCER L’ESPACE COMMUNAUTAIRE


Aujourd’hui, la famille et la communauté ont gagné en importance à Cuba en temps qu’espaces de vie. Lorsqu’un visiteur observe notre mode de vie communautaire, il dit parfois qu’autrefois l’on vivait ainsi dans son pays, mais qu’il y a plus de 10 ans que l’on vit « portes fermées » et que les « maisons sont vides une grande partie de la journée ». Cela est dû en grande partie à l’apparition de nouvelles technologies, aux horaires de travail de plus en plus étendus, aux changements de lieu d’habitation et de travail répétés, et aux villes toujours plus grandes et plus peuplées.

La croissance exacerbée de l’individualisme rend de plus en plus difficile le fait de ressentir un sentiment communautaire. En effet, la communauté s’est réduite au simple noyau familial, et dans ces circonstances, il est très facile de tomber dans l’isolement qui entraîne la solitude et la dépression, créant un grand collapsus social, avec des résultats aussi inquiétants que l’augmentation de la violence, de l’abus de drogues et des maladies mentales.

Lorsque les personnes de tous âges, les groupes sociaux et culturels ont le sentiment d’appartenir à une communauté, elles ont tendance à être plus heureuses et sont en meilleure santé ; le réseau social devient plus fort, plus stable et plus solidaire. Une communauté forte apporte beaucoup d’avantages, aussi bien à l’individu qu’au groupe, en favorisant l’amélioration de la société. Nous avons un grand défi devant nous : que nos portes restent ouvertes, que nous ne perdions pas la sensibilité envers les autres, envers notre quartier et son environnement, que nous continuions à nous préoccuper du bien-être collectif.

Les diverses formes d’insertion à l’économie n’ont pas détérioré le tissu social existant. Nous ne sommes pas une société stratifiée en classes sociales, mais tissée en réseaux familiaux, de voisinage et sociaux, et nous maintenons une éthique solidaire.

L’important, c’est de trouver des solutions novatrices à de nombreux problèmes qui existent dans la communauté, conçue comme espace permettant d’apporter des solutions. Pour y parvenir, il faut une plus grande dynamique de la communauté dans sa capacité d’influer sur les problèmes locaux, en maintenant l’implication des citoyens dans la vie sociale, en prenant soin de nos espaces, de nos anciens, des enfants, des femmes, des personnes handicapées, et surtout il est important de maintenir la responsabilité sociale dans l’éducation des jeunes générations.

Compte tenu de tous ces éléments, nous avons la responsabilité sociale de préserver notre modèle cubain de bien-être, car notre pays dispose de conditions sans précédent pour marquer la différence. Nous devons continuer à résister à la colonisation culturelle et à la subjectivité, car le grand défi, c’est de proposer d’autres modèles d’être humain et de collectivité qui indiquent réellement les voies d’une véritable humanisation.


Source :  Granma International

 

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6 juin 2013 4 06 /06 /juin /2013 21:19

 

Il fut un temps où circulaient des dessins humoristiques sur lesquels on voyait de vieux pervers entrouvrir leur manteau qui dissimulait un étalage d’images pornographiques. A présent on peut reprendre de telles images mais sous le manteau nous trouverons un semencier clandestin que des gens proposeront en essayant d’échapper au regard scrutateur de drones et autres caméras détecteurs de comportements suspects.

Bienvenue dans le ponde du Pire !

 

450 euros d’amende pour diffusion de « légumes clandestins »

 

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Par Sophie Chapelle (5 juin 2013)

« Légumes clandestins » ! L’inscription ironique figure sur les pancartes que des jardiniers et des consommateurs brandissent ce 4 juin sous les fenêtres de la direction régionale de la concurrence et de la consommation à Toulouse. Ils dénoncent la pression sur les petits producteurs qui commercialisent des variétés de légumes non inscrits au catalogue officiel (lire nos précédents articles). Quinze jours plus tôt, le 17 mai, des petits maraîchers ont reçu la visite d’un agent de la répression des fraudes, sur le marché de Lavelanet, en Ariège. Leur délit : vendre des plants de tomates non inscrites au catalogue officiel et ne pas disposer de la carte du GNIS, l’interprofession nationale des semences et des plants. Ils encourent une amende potentielle de 450 euros...

« Bien que pour eux qui vendent moins de 10 000 plants par an, cette carte soit gratuite, pour le moment du moins, cette visite a causé un certain émoi, d’autant plus que jusqu’ici cette activité annexe était tolérée et que ces maraîchers ignoraient même que cette carte était obligatoire », réagissent plusieurs organisations [1] dans une lettre commune. Ces dernières voient dans ce contrôle « un abus s’inscrivant complètement dans une logique de généralisation du fichage de toutes les activités et de toutes les personnes qui échappent au contrôle des multinationales ». L’élu écologiste François Calvet, Vice-Président de la commission agriculture du Conseil régional Midi-Pyrénées, considère également ce contrôle comme « inopportun ». « La vente de plants par les maraîchers peut-être un revenu complémentaire non négligeable, écrit-il. Au moment où l’économie agricole est en crise, il n’est pas acceptable que ces paysans soient mis en difficulté par une application zélée de la réglementation sur la propriété intellectuelle ».

Plus largement, les organisations associatives et paysannes demandent à « répondre à la forte demande des jardiniers de pouvoir trouver sur le marché des plants leur permettant de cultiver toute la diversité des variétés paysannes, locales ou exotiques qui ne pourront jamais être toutes inscrites au catalogue. » Entre 1954 et 2002, 80 % des variétés potagères auraient été radiées du catalogue selon le Réseau semences paysannes. Des 876 variétés potagères inscrites en 1954, il n’en restait plus que 182 au catalogue officiel français en 2002. La raison de ces radiations ? Le poids de l’industrie semencière, qui, depuis cinquante ans, cherche « à standardiser les semences pour les adapter partout aux mêmes engrais et pesticides chimiques », estime le Réseau semences paysannes. « Ces contrôles sont effectués avec pédagogie pour protéger les consommateurs mais aussi les producteurs », assure pour sa part la directrice régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi, Catherine d’Hervé. Cette action intervient alors que la législation sur la commercialisation des semences et des plants est en cours de révision à l’échelle européenne.

Notes

[1Confédération Paysanne Midi Pyrénées et de tous les départements de la région, Réseau Semences Paysannes, Amis de la Terre Midi-Pyrénées, Amis de la Terre Périgord, Nature & Progrès Ariège, Nature & Progrès Hautes Pyrénées, Nature & Progrès Quercy Gascogne, Nature & Progrès Haute Garonne, Nature et Progrès Aveyron, Croqueurs de carottes, Collectif anti-OGM31, Pétanielle, Terre en vie 65, ATTAC Toulouse, Toulouse en transition, Collectif des Semeurs du Lodévois-Larzac, Kokopelli, collectif des Faucheurs Volontaires, les herbes folles de Saverdun,...

 

Source : 450 euros d'amende pour diffusion de « légumes clandestins » - Biodiversité ? - Basta !

Via Mes coups de coeur

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