par Gissel Grandez pour l’Organisation Fraternelle Noire du Honduras (OFRANEH)
Les communautés Garifunas de la Côte Caraïbe du Honduras ont été laissées pour compte, en particulier la jeunesse et les enfants, qui ont entrepris le chemin incertain vers « le nord », créant un vide de population dans les territoires, à cause de la sévère crise qui affecte le pays.
Pendant ce temps, l’administration Trump et sa politique de « tolérance zéro », a fait surgir des camps de concentration et imposer la séparation de milliers d’enfants d’avec leurs parents, de telle façon que le lieu où ont échoué 2400 mineurs d’âge reste inconnu.
A presque 10 ans du coup d’état de 2009, le Honduras vit sous le nuage permanent des gaz lacrymogènes avec lesquels le cartel qui contrôle l’état prétend occulter son irrémédiable échec, son seul soutien est l’appui inconditionnel que lui accorde l’administration de Donald Trump.
Au cours des 10 dernières années, l’état a été pillé par les politiciens et leurs proches, comme ceux qui se sont consacrés à légiférer pour bafouer le droit et se répartir le butin. Pendant ce temps, la pauvreté a implosé simultanément avec les réformes de rigueur néolibérales, les institutions détruites sont privatisées, alors que la biodiversité et le territoire national sont mis aux enchères, à travers les « cités modèles » (ZEDE).
L’atomisation des titres [de propriété] communautaires, impulsées par les municipalités et avalisées par les juges, ont été un des catalyseurs de l’amplification de la perte du territoire ancestral, situation à laquelle il faut ajouter un taux de dés-emploi de 90 % dans les communautés Garifunas. Le tout forme un sombre cocktail, qui provoque une énorme augmentation de la migration, pour ne pas dire une fuite effrénée généralisée.
Le couloir de la Côte Caraïbe s’est transformé, depuis le coup d’état, en fief de différents capos, qui associés avec les maîtres des administrations gouvernementales de service, se sont appropriés les organismes de sécurité, les municipalité et le système d’application de la justice. La violence s’est convertie en une forme de contrôle social administré par le crime organisé, c’est cette situation qui a culminé par un « sauve qui peut » généralisé.
En plus des conditions de précarité du pays, il y a le catalyseur des réseaux sociaux qui provoque une contagion sociale, en favorisant un exode groupé, sans atteindre cependant la notoriété des caravanes médiatiques de l’année passée.
Bien que nous, les Garinagu, possédions un bagage culturel de cultivateurs-cueilleurs qui nous prédispose à la migration, la fuite [des populations] qui a eu lieu de la fin de 2013 à la mi 2014, ressemble à une répétition générale de l’exode que nous affrontons en 2019.
Tout semble indiquer que c’est l’administration Trump elle-même, avec son soutien inconditionnel à l’actuel gouvernement du Honduras, qui a promu et manipulé l’exode, à des fins électorales comme cela s’est produit avec la caravane du Honduras, surgie juste avant les élections de mi-mandat. La politique de tolérance zéro de Trump qui a causé la séparation de milliers de parents et leurs rejetons, a débouché sur un nombre incommensurable de violations des droits humains, mais ils ne reçoivent pas une couverture comparables à celle qu’ont obtenu les caravanes médiatiques, invisibilisant les camps de concentration dans lesquels sont internés par dessus tout les mineurs non-accompagnés.
Au mois de mai dernier, 11 507 mineurs non accompagnés ont été détenus. Ce chiffre donne à supposer que le nombre de mineurs non accompagnés dépassera cette année les 70 000 détenus en 2014, quand a eu lieu ce que l’on peut appeler la première croisade. Malgré que ce nombre ait diminué en 2015, à partir de l’année passée la détention de mineurs a implosé, la majorité d’entre eux proviennent des pays de Centre Amérique.
La détention des indocumentés aux USA est devenue un grand commerce, grâce aux coûts exorbitants que les compagnies privées recouvrent auprès du gouvernement étasunien. Le montant de 750 dollars quotidiens pour chaque détenu à el Tornillo – un infâme camp de concentration situé au Texas, qui a été fermé à la fin de l’année passée - est un exemple de ce commerce lucratif. Actuellement il y a plus de 15 000 mineurs détenus par la ICE [service de contrôle de l’immigration et douane US], la déportation les attend dès qu’ils auront 18 ans accomplis.
L’exode massif de l’Amérique Centrale est provoqué par la violence structurelle pratiquée par les organisme de sécurité et les cartels du crime organisé, qui se confondent toujours d’avantage. Le retentissant échec de la guerre contre les drogues est démontré par la symbiose existant entre partis politiques, les maras (bandes délinquantes) et les cartels ; ceux qui se sont chargés de saper la naissante démocratie qui apparaissait dans les pays du triangle nord.
Dans l’actuelle reclassification promue par l’empereur Trump, le Honduras est passé du statut de république bananière à pays « Shit hole », et il faut supposer que pour l’actuel empereur, les hordes de migrants désespérés ne sont pas des humains à part entière, alors qu’en fin de compte la « crise de la frontière » s’est convertie en un fructueux négoce pour ses proches.
Il important de ne pas perdre de vue que le triomphe électoral de Trump en 2016, avait été dans une certaine mesure inspiré par Steve Bannon et la alt right [(extrême)droite alternative] qui ont réveillé le racisme latent parmi la future minorité blanche, provoquant un rejet de la jadis vénérée multiculturalité.
Le gouvernement vacillant du Honduras a réussi à se maintenir au pouvoir, grâce à l’énorme militarisation à laquelle il a eu recourt avec le soutien des USA et de son nouveau et intime associé, Israël, à travers le questionné et mis en cause président Benjamin Netanyahu.
L’arsenal israélien qui comprend des hélicoptères, des avions de combats, des drones, ballons et équipement d’espionnage, en plus d’une arrivée de troupes prévue, ne sont pas spécifiquement utilisés pour combattre le narcotrafic et le crime organisé, mais bien plutôt pour intimider un peuple désespéré, confronté à la répression d’une dictature qui a démantelé les institutions du pays.
SOURCE :
Traduction Anne Wolff
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