18 novembre 2019 1 18 /11 /novembre /2019 22:22

Publiée il y a quelques heures, une vidéo d’un des derniers journalistes de la presse internationale encore sur le terrain en Bolivie. Le gouvernement de fait a expulsé par la force et la menace tous les correspondants qui filmaient la réalité de terrain avant de publier un décret qui exempte les forces de l’ordre de toute responsabilité pénale dans leur tâche de répression. Un droit de tuer. Loin des yeux du public. A présent l’armée utilise des balles réelles et les morts se multiplient.

Des heures dramatiques

Comme je le disais hier, Esteban Trebucq journaliste de la chaîne argentine Crónica TV, qui a parcouru le pays et se trouve actuellement à Cochabamba, affirme que la question principale aujourd’hui en Bolivie est une question raciale, la chronique d’un massacre en cours à côté de quoi la question d’Evo devient secondaire. La chronique d’un ethnocide annoncé.

Il va nous montrer les balles qu’utilise l’armée contre le peuple. Dans les images qui accompagnent son témoignage on voit comment les militaires gazent les indigènes lors de l’enterrement collectif de victimes de la répression. Sur d’autres vidéos, nous voyons comment les soldats après avoir regroupé des indigènes les forcent à se mettre à genou.

D’après Esteban, forcer les indigènes à se mettre à genou, en particulier les femmes, est une des méthodes utilisées par l’armée pour intimider et humilier les indigènes, les soumettre par la terreur, les renvoyer au néant de misère dont selon, les racistes minoritaires – et fanatiques religieux diaboliques - qui ont pris le pouvoir, ils n’auraient jamais du sortir. Un des buts de cette terreur est de forcer à l’exil les sympathisants d’Evo Morales et autres militants de la souveraineté populaire, comme le déclare un des membre du gouvernement de fait.

Une discussion avec un intervenant séditieux en studio qui veut absolument attribuer à Evo la culpabilité du massacre actuel perturbe le fil d’info de la vidéo.

Esteban fait remarquer à son interlocuteur qui voudrait faire d’Evo la cause première du massacre, que quand bien même Evo aurait envoyé les troupes réprimer l’opposition, cela ne justifie en rien les massacres actuels. Dans l’aveuglement de la communauté internationale. Et ce qu’oublie de dire cet intervenant, c’est qu’alors que la majorité des marches indigènes sont pacifiques, les groupes dirigés par Camacho auquel devait s’affronter le gouvernement d’Evo, sont des groupes paramilitaires d’extrême-droite qui ont été entraîné pour semer la sédition violente dans le pays. Mais cela j’en parlerai par la suite. Sans écouter ce que dit le journaliste, l’intervenant refuse de comprendre que les manifestations actuelles dépassent de loin la question d’Evo Morales, que parmi ceux qui se lèvent aujourd’hui se retrouvent des opposants de Morales, qui sont les premiers surpris d’avoir été manipulés et utilisés par les groupements d’extrême-droite raciste minoritaires qui ont pris le pouvoir. Qui comprennent qu’ils ont ouvert les portes du palais présidentiel à ceux qui pendant des siècles les avaient maintenus sous le joug de la domination coloniale. Et voudraient les soumettre à nouveau à leur suprémaciste domination.

Il explique aussi, que seule équipe internationale sur le terrain ils ont droit à une ovation populaire. Je vous disais hier que de tout le pays montent les appels désespérés de ceux qui voient leur proches assassinés loin des yeux du « grand public ». Le métier de journaliste est devenu un métier dangereux, j’ai vu comment les équipes de journalistes arrivaient à l’Ambassade d’Argentine dans un état de stress profond après avoir été agressées dans leur travail par des suppôt des nouvelles « autorités » du pays, alors que des militaires gazent volontairement des journalistes sur le terrain. Lors du coup d’état au Honduras, les troupes avaient encerclé l’hôtel qui hébergeaient les journalistes avant de les escorter pour une évacuation hors du pays. Comme c’est le cas aujourd’hui en Bolivie, certains étaient revenus clandestinement dans le pays à leur risque et péril pour continuer leur travail, sans caméras, avec des téléphones cellulaires afin de filmer discrètement. Mais de très loin, le niveau de violence contre les journalistes au Honduras n’atteignaient pas ce qu’on a pu voir ces jours-ci en Bolivie, une violence organisée et encouragée par le gouvernement de fait. Il n’y avait pas non plus l’utilisation des réseaux sociaux faite en Bolivie pour les désigner comme cibles de la violence des partisans du gouvernement putschiste.

Dans tout le pays, les arrestations se sont multipliées. Comme pour les chiffres des morts : 23, des blessés :700 et quelques,  donnés par l’officialisme usurpateur semblent de loin inférieurs à ceux que laissent présager les témoignages sur le terrain. On ignore également le nombre réel d'arrestations. Aucune raison n’a été donnée par les putschistes pour justifier les détentions et les détenus sont maintenus au secret… je n’ai aucun doute quand à l’existence des mauvais traitements et tortures auxquels doivent être soumis les prisonniers, ni quand au fait que les disparitions forcées figureront au triste bilan de ce coup d’état. J’aimerais me tromper, mais toute l’expérience historique nous indique que c’est sans doute ce qui se passe aujourd’hui en Bolivie, et dans une moindre mesure au Chili où la haine des communistes et des populations natives mapuches est une caractéristique de force de répression marquées par le Pinochétisme. Depuis trop d’années, je vois se rassembler tous les indices d’un racisme blancoïde en Amérique Latine, depuis les commentaires des Sifrinos du Venezuela, qui veulent renvoyer les « crapauds », les indigènes et métisses à la soumission dont ils n’auraient jamais du sortir, aux partisans de Bolsonaro au Brésil et à ceux de Camacho, en Bolivie et quelques émules de Miami qui appellent ouvertement à la « Solution finale de la question indigène », leur élimination physique ou leur intégration forcée.

L’intervenant dans le studio en Argentine essaye de justifier la tuerie en argumentant que si l’armée et la police ne tuent pas, elles se feront agresser… On voit le journaliste atterré, il répond qu’il est témoin de ce qui se passe, que les manifestants arrivent désarmés à l’entrée des villes, qu’ils portent des bannières indigènes et des drapeaux blancs… « Ils n’ont pas d’armes, la majorité sont des femmes. Les femmes, ils les forcent à se mettre à genou. Il les frappent ». On voit des militaires donner des coups de pieds aux manifestants au sol.

C’est une image récurrente que l’ont retrouve dans plusieurs vidéos qui ont filtré : c’est au sens propre du terme que le gouvernement de fait oblige la population indigène à se mettre à genou. Depuis les hélicoptères les militaires tirent sur la foule. Le nouveau ministre Arturo Murillo annonce qu’une chasse aux principaux partisans d’Evo est ouverte dont beaucoup sont déjà emprisonnés ou en arrêt domiciliaire.

La désinformation contre laquelle je veux lutter ici : ce ne sont pas seulement les partisans d’Evo qui manifestent en réclamant la démission du gouvernement de fait, mais l’ensemble des populations indigènes en lutte pour leur droit à une vie digne que leur refuse les nouvelles autorités du pays. Et si je parle d’un fanatisme religieux diabolique, ce n’est pas que je crois au diable de la mythologie chrétienne, mais bien à celui que des hommes font exister quand il massacrent leur prochain au nom du Christ et d’une idéologie obscurantiste de chasse aux sorcières. Qualifier la spiritualité indigène de satanisme comme il le font et pratiquer des rites d’exorcisme pour purifier le pays de la sorcellerie de la Pachamama, encourager le meurtre et la répression féroce des populations natives, cela oui, c’est diabolique et me fait froid dans le dos.

Anne W

Quelques courtes vidéos illustratives depuis Noticias Bolivia.

A Cochabamba l'armée met les indigènes à genou. 17 11 2019

Veillée des morts de la répression à Cochabamba 17 11 2017

Dénonciation du gazage par les forces de l 'Ordre de la marche de deuil à El Chapare

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18 novembre 2019 1 18 /11 /novembre /2019 02:16

Dans des immenses Cabildo (réunion politiques) dans tout le pays la résistance des peuples originaires s'organise.

L’usurpatrice de la présidence de Bolivie a émis un décret qui exempte les Forces de l’Ordre d’assumer la responsabilité des conséquences de leurs actes pendant la répression. Qui se déchaîne.

Usurpatrice, parce que alors qu’elle ne représente qu’un faible pourcentage, et qu’elle n’est là officiellement que pour assurer la transition et organiser dans un délai de 90 jours de nouvelles élections, elle prend des décisions qui engagent l’avenir du pays.

La « ministre » des communication a déclaré que les journalistes gênants seraient accusés de sédition. Une annonce très vite mise en pratique contre plusieurs équipes de journalistes de télévision argentine qui ont depuis été évacuées. Des gens qui faisaient simplement leur métier : filmer et rendre compte des réalités de terrain. Mais dit l’un d’entre eux « Ce qui me fait peur ce n’est pas un procès pour sédition, cela ne tient pas la route. » Il explique que ce qui lui fait peur ce sont les attaques que plusieurs équipes ont subit dans la rue. Ils avaient été désignés dans les réseaux sociaux, avec leur photo, comme des fomenteurs de violence, des cibles à abattre.

Si certains pro-gouvernements les attaquaient avec parfois une grande violence, d’autres parts des gens humbles leurs demandaient de rester : « Il n’y a personne pour montrer ce qui nous arrive, ils nous tuent. Il faut le faire savoir dans le monde entier ».

Ce qui domine aujourd’hui dans les manifestations des peuples indigènes, c’est la colère face à l’humiliation : le racisme affiché du nouveau pouvoir, qui brûle et piétine leurs symboles comme leur bannière, la Whipala ; se moque des polleras, jupes traditionnelles des femmes ou pratique des rituels collectifs d’exorcisme des sorcelleries sataniques indigène : la spiritualité de la pachamama d’après ces « amoureux » du Christ. C’est vraiment effrayant, dans ce contexte, cela apparaît plus que comme un droit, comme un devoir d’éliminer le Mal et ceux qui l’incarnent.

Alors ce qui mobilisent les personnes originaires aujourd’hui va bien plus loin que la question d’Evo président ou non, parmi les manifestants se rejoignent des natifs partisans d’Evo et d’autres qui ne le sont pas, unis par une même colère, une même volonté, celle de ne pas être renvoyés dans l’indignité d’une sous-humanisation dont ils ont trop longtemps soufferts. Et une même douleur, un couteau tourné dans les plaies non cicatrisées de la domination coloniale. Et c’est terrible de voir que nous en sommes là en plein 21ème siècle.

Plus bas, vous verrez comment un groupe d’indigènes de Cochabamba qui menaient une marche pacifique pour demander la démission du pseudo-gouvernement se se sont vu refuser l’entrée de la ville par l’armée. Ils évacuent les morts et les blessés… les chiffres officiels parlent de 10 morts pour les manifestations d’hier, de centaines de blessés et d’un nombre indéterminé d’arrestations. Les manifestants transportent leurs morts et leurs blessés dans l’attente d’une ambulance qui n’en finit pas d’arriver. Une pénurie d’essence généralisée laisse les villes sans approvisionnement et les vivre commencent à manquer.

Sur le site Noticias Bolivia vous pourrez trouver  des courtes vidéos qui donnent une idée de la situation. Les images parfois disent plus que les mots.

Anne W

PS, je vous renvoie à un texte qui m’a été signalé par un lecteur Pachamama est enceinte mais porte l’antichrist pour détruire les sacrements et retourner à l’idolâtrie et à la superstition, je ne sais pas trop qui sont ces catholiques du Salon Beige en lien avec l’extrême-droite, mais cela nous montre que l’Europe aussi est touchée et que ces fanatiques religieux ont des réseaux internationaux. Le pire c’est qu’il taxent les autres d’obscurantistes !

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17 novembre 2019 7 17 /11 /novembre /2019 05:24

Je suis en état de choc, j’ai passé la journée d’hier à chercher quelques documents fiables qui racontent ce qui de passe réellement en Bolivie. C’est de plus en plus difficile parce que les journalistes qui témoignaient de la répression se sont vu menacés et ont du fuir le pays. Comme lors du coup d’état au Honduras en 2009, la censure, les menaces de morts, les agressions, le menaces du nouvel officialisme, contre tout journaliste qui témoignait de la répression ont fait qu’il n’y a plus personne ou presque pour témoigner de ce qui est en réalité : un coup d’étatd’utra-droite et de fanatiques religieux, soutenu par les militaires. La vidéo que je vous présente ici a été diffusée par un journaliste mexicain Ruben Luengas de « Entre noticias » que je suis depuis plusieurs mois pour la qualité de son travail. Youtube lui a envoyé un message d’avertissement et de restriction pour le dissuader de la diffuser, Ruben Luengas s’indigne « Offensif, dit-il c’est ce que font les militaires aux indigènes, pas d’en informer. Voici ce que dit youtube à ce sujet : « Si une vidéo contient des sujets violents ou graphiques qui semblent avoir été diffusés avec des fins offensives, sensationnalistes ou irrespectueuses il est probable que youtube la retire pour ne pas publier des contenus qui incitent à des actes violents ou promeuvent des activités dangereuses . Nous révisons au cas par cas et admettons des exceptions à fins éducatives, artistique ou scientifiques... » C’est un reflet de la censure organisée pour occulter le coup d’état d’extrême-droite et de fanatisme religieux qui se déroule en Bolivie actuellement. A fin informatives et éducatives, je relaye ce contenu.

J’ai vu également beaucoup de gens qui ont manifesté contre la réélection d’Evo Morales qui sont atterrés parce qu’ils ont compris qu’ils ont été manipulés et que leur combat pour un changement de gouvernement a été confisqué par des fous dangereux. Plus de 10 000 personnes ont d’ores et déjà été arrêtées. Des lynchages de gens humbles, indigènes se multiplient pour créer dans le pays un climat de terreur et dissuader la population majoritairement indigène de résister. Alors que le MAS, le Mouvement pour le socialisme d’Evo Morales dispose de près des deux tiers des sièges du parlement, la présidente autoproclamée avec le soutien des militaires vient d’un parti d’extrême-droite qui dispose de 4 % des voix. C’est une constante, la même qu’on a pu voir en Ukraine avec Maiden, et dans les autres révolutions de couleurs : un réel mécontentement populaire se voit confisqué par des mouvements d’extrême-droite, alors que les leaders d’une réelle souveraineté populaire sont emprisonnés, quand ils ne sont pas assassinés par des francs tireurs et autres agents du système néolibéral qui dévoile ici sa nature fasciste.

Contenu de la vidéo :

Première partie une femme appelle à l’aide parce que le nouveau pouvoir tue et que la presse est absente. « Nous avons besoin d’aide, ils nous tuent de sang froid, ils tirent directement depuis les hélicoptères, ils veulent nous intimider. Nous avons besoin d’aide, s’il vous plaît » dit cette femme, alors que les avions militaires survolent les manifestations. Ensuite le journaliste qui a tourné la vidéo, avant de fuir le pays face aux menaces très concrètes de mort auxquelles sont équipe a été confrontée (récit sur Telefe), nous dit que sa peau est rouge à cause du soleil mais aussi des gaz lacrymogènes. Il explique avec beaucoup d’’émotion ici qu’il vont se réfugier dans un lieu sûr, mais ils seront dénoncés par des infiltrés et seront évacués dans une opération de sauvetage dont il dira que : « Cela ressemblait à un film d’action ». « C’est lamentable que pour dire la vérité tu doives t’enfuir comme un délinquant, ils nous qualifient de séditieux, accroche-toi Amérique Latine ». Après on voit la nouvelle ministre de communication qui dit que les journalistes coupables de sédition seront punis en fonction de la loi. En réalité, tout qui filme la réalité de la répression est considéré comme séditieux et voit son intégrité, voir sa vie mises en danger. Les uns après les autres, les journalistes quittent le pays et il est de plus en plus difficile d’obtenir des infos de terrain. Après à 2mn20 on voit comment sont arrêtés les opposants, Telefe donne le chiffre de 16 000 arrestation que je n’ai pu vérifier mais qui est plus que plausible.parce qu’il y a une arrestation systématique des opposants et qu’ils sont des millions. Dans la dernière partie, une femme dit que voilà ce que les médias ne montrent pas, comment ils sont massacrés. Les militaires ont voulu pénétrer dans sa maison où elle était là, simplement, en famille […] et ils disent : tuez-les, tuez-les… comme si nous autres ne valions rien. « C’est cela la démocratie pour Camacho, pour Mesa ? »

Les journalistes de Efe qui ont réalisé cette vidéo ont été menacés de mort avec la complicité de l’actuelle Ministre des Communication. Actuellement la censure est maximale en Bolivie et les quelques journalistes qui restaient sur le terrain ont du fuir ou se réfugier dans des ambassades.

Si un calme relatif est revenu à La Paz, dans d’autres régions du pays se déroulent des rafles d’opposants ou des meurtres de civils : la chasse aux indigènes est ouverte.

Chronique d’un ethnocide annoncé. Pendant la campagne de Bolsonaro au Brésil suivant un fil de discussion de l’extrême-droite sur le thème « Hitler était-il ou non socialiste », j’avais découvert le pire. Un autre fil de discussion dans lequel se distinguait l’extrême-droite de la Media Luna bolivienne, qui fut autrefois un des sites d’accueil de l’essaimage nazi de l’après-guerre.Dans ce fil il était question d’appliquer la solution finale à la question indigène en terminant l’extermination inachevée par la Conquista espagnole. Ce n’était pas deux trois commentaires anecdotiques, mais bien des dizaines par lesquels se renforçait la spirale de la haine.

Ainsi en écoutant les discours racisto-religieux du leader de la « société civile » en réalité de l’extrême-droite bolivienne, Camacho ou ceux de la pseudo-présidente, j’ai perçu les sinistres résonances qu’avait ce discours avec les fils de commentaires que j’avais pu lire quelques mois plus tôt.

Dans la vidéo qui suit, ce que je veux montrer, ce sont les premières secondes, le rituels pratiqué par les putschistes pour exorciser le Satan autrement dit la spiritualité indigène. « Le Christ est de retour au palais présidentiel et plus jamais la Pachamama n’y pénétrera », disent les putschistes.

Où on voit le rituel d'exorcisme religieux contre la spiritualité indigéne qualifiée de satanique pratiquée par ceux qui ont pris le pouvoir

Bolivie : la chasse aux indigènes est ouverte !

 

« […] nous allons finir de piquer ce maudit serpent […] La Conquista, la joie et la victoire aucun démon en va nous la prendre […] le seigneur nous a créé comme des guerriers […] et ce genre maudit va finir de tomber […] Shalom ”

Camacho, leader de la « Société civile » bolivienne

 

« Je rêve d’une Bolivie libre de rites sataniques indigènes, la ville n’est pas pour les indigènes, qu ‘ils aillent à l’Altiplano ou al Chaco. »

Jeanina Añez Chavez, présidente autoproclamée de Bolivie 2013

« La Bible est de retour au palais présidentiel »

Jeanina Añez Chavez, novembre 2019

 

Et tout est mis en œuvre pour que le massacre se passe loin des yeux de la « communauté internationale » et du grand public.

Alors oui, je relaie l’appel à l’aide des populations indigènes menacées d’ethnocide en Bolivie, alors que tous les journalistes qui voulaient témoigner ont du fuir le pays. Il n’est plus question de savoir si Evo a tort ou raison, il est question d’arrêter le retour des dictatures en Amérique Latine, et la montée mondiale de l’extrême-droite. 21 novembre grève générale en Colombie contre les méfaits du néolibéralisme, au Chili des forces de l’ordre Pinochétistes remettent en actions les vieilles pratiques de tortures et disparitions forcées, au Mexique une tentative de coup d’état se manifeste avec chaque jour plus de force, en Équateur la mobilisation est devenue permanente…

Et moi je ne peux pas dormir parce que je sais que ce qui se passe est gravissime et nous concerne tous

Anne Wolff

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15 novembre 2019 5 15 /11 /novembre /2019 20:32

2138 personnes détenues, parmi elles 243 enfants et adolescents et 407 femmes. Neufs d’entre elles furent dénudées pendant les procédures policières

Par Página 12 Jeudi 14/11/2019 Source 1

Les femmes victimes de la répression au Chili

Cela a commencé avec les coups, les humiliations, les menaces, mais au cours des dernières heures, les tortures et viols de femmes se sont convertis en une réalité au Chili. L’état d’exception qu’a implémenté le gouvernement de Sebastián Piñera a ramené les pratiques de la dictature, y compris en qui concerne les disparitions. Beaucoup de femmes qui ont été détenues jusqu’ici ont disparu. En plus, les prisonnières à Santiago du Chili furent dénudées devant le personnel masculin qui leur touchait les parties génitales et « leur mettait la pointe du fusil dans le vagin pendant qu’ils les menaçaient de les violer et de les assassiner », comme il apparaît dans les témoignages recueillis par des compagnes de détention.

La Commission de Droit Humains de l’OEA (CIDH) a exprimé sa préoccupation pour les dénonciations faites auprès de l’Institut National de Droits Humains (INDH) concernant la violence sexuelle, les obligations de se dénuder et les tortures dans le cadre des détentions de manifestantes. « Le Chili doit mener une investigation et sanctionner ces faits avec diligence, de même que les actions policières et militaires dans lesquelles fut fait usage d’une force disproportionnée contre les civils. L’usage de la force doit être régit par les principes de légalité, nécessité, proportionnalité » a exprimé le CIDH.

Selon les chiffres de l’Institut National de Droits Humains (INDH) après les journées de protestation de dimanche, 2138 personnes furent détenues, parmi elles 243 enfants et adolescents et 407 femmes. Neufs d’entre elles furent dénudées pendant les procédures policières, des faits qui ont eu lieu dans les communes de Santiago, Maipú, Iquique, Antofagasta, Coquimbo, Valparaíso, Talca, Concepción, Valdivia, Temuco, Puerto Montt et Punta Arenas. La majorité mettent en cause l’usage disproportionné de la force au moment de la détention, en plus des détentions d’enfants, des mauvais traitements, des coups aux visages et à la poitrine, des tortures et les brimades sexuelles, entre autres outrages.

L’avocate du Réseau Chilien contre la Violence faite aux femmes, Silvana del Valle rapporte à El Desconcierto que la violence politico-sexuelle est une constante dans notre pays et dans toute la région depuis les dernières décennies, parce que les appareils policiers sont éduqués pour devenir des dispositif patriarcaux. Cela apparaît pendant la dictature Chilienne et pendant la période qui suit comme une caractéristique fortement marquée des forces de police ».

D’autre part, un groupe transversal formé d’académiques de différentes idéologies exigent des autorités la fin du couvre-feu et de l’État d’Urgence face aux lésions et morts occasionnées par les forces en uniforme ; ils exigent également que les avocats garantissent le respect des droits des citoyens. Selon des informations de La Tercera, 206 Académiques, doyens et doyennes, des principales facultés de Droit du pays ont signé une lettre concernant « la grave crise politique et sociale que vit le Chili et les violations des Droits Humains qui se sont produits ». Le début de la missive dit « Comme professeurs de droits de différentes facultés du pays et de diverses positions politiques nous ne pouvons garder le silence face à la situation que traverse actuellement notre pays ». Ils poursuivent en condamnant « les graves violations des droits humains qui ont été constatées en différents lieux de notre pays. Nous acons constatés au cours du temps des faits gravissimes qui montrent des schémas communs ».

Ils lancent également un appel aux avocats et avocates de tout le pays afin qu’ils informent les citoyens de leurs droits et des moyens de les exercer, et qu’ils assument la défense gratuite et adéquate de ceux dont les droits ont été violés ». « Nous faisons savoir que dès à présent nous nous engageons à ce que aucun acte constituant une violation au droits humains ne reste impuni » concluent-ils.

 

Des adolescentes et des enfants sont brutalement arrêtés !

Des adolescentes et des enfants sont brutalement arrêtés !

Des Infiltrés aux ordres

Les provocations violentes commises par des carabiniers infiltrés incluent l’incendie et le pillage de supermarchés. Plusieurs dénonciations de montages effectués par les carabiniers sont devenus virales, avec des images pour les illustrer, comme cette vidéo dans laquelle on voit des effectifs de police qui font descendre de leur véhicule un civil qui va mettre le feu à une succursale de la Banque de Crédit et Inversion (BCI).

« De même que pendant la dictature, il y a des mères désespérées qui cherchent leurs enfants dans les tribunaux. De nombreux mineurs d’âges ont été arrêtés » raconte Patricia, une psychologue interviewée par Ancap. Patricia raconte que dans le Chili de Piñera des gens sont séquestrés, qu’ils sont transférés dans des camions et leur proches ignorent où ils se trouvent. Déjà circulent des images d’incendie dans lesquelles on peut voir des cadavres, de ceux que les cercles médiatiques veulent faire passer pour des pilleurs », alors que nous avons vu dans des vidéos la manières dont ils jettent les corps [dans les incendies] Nous pensons tous que ce sont des victimes qui sont jetées dans le feu pour faire disparaître tout indice. »

L’Institut National de Droits Humains du Chili a tenté d’intégrer hier le poste [de santé] central de Santiago, un des lieux les plus vaste qui existe en ce qui fait référence à la santé publique et qu’ils se sont heurtés à une porte fermée par des chaînes, empêchant qu’ils entrent. « Nous ne savons pas ce qui ce passe mais ils sont entrain de bloquer le système de santé. Les installations portuaires sont également fermées. Nous sommes comme en guerre » ajoute Patricia dans un sens opposé à celui donné par le président chilien. La chronique de Ancap (Agence de Nouvelles de Communication Alternative) affirme que   « ceux qui ont vécu la dictature de Pinochet sont plongés dans la terreur et ont peur de sortir dans les rues, mais leur enfants et leurs petits-enfants le font pour eux ». Dans la commune de San Bernardo, située au Sud de Santiago, ils sont entrés dans les écoles et on séquestré des petites filles et des adolescentes. Plus tard, dans les centre de santé des lésions pour viols ont été constatées chez beaucoup d’entre elles » révèle ce média.

La suite est le récit de Pamela Maldonado, qui a donné plusieurs interviews complémentaires que je vais rassembler ici Source 2 et Source 3. Les faits ont eu lieu le 19 octobre, ils sont illustratifs de ce qui se produit chaque jour au Chili depuis.

Capture de la vidéo d'arrestation de Pamela et son papa à voir ici : https://radiolaclave.cl/politica/mujer-denuncia-torturas-a-su-papa-diabetico-lo-patearon-y-recibio-combos-en-la-cara/

Capture de la vidéo d'arrestation de Pamela et son papa à voir ici : https://radiolaclave.cl/politica/mujer-denuncia-torturas-a-su-papa-diabetico-lo-patearon-y-recibio-combos-en-la-cara/

«  Nous étions avec mon papa dans la rue San Isidro, près du métro Santa Lucia, aux environs de sa maison, il habite là, nous regardions ce qui se passait, lorsque une cinquantaine de carabiniers des Forces Spéciales sont arrivés en courant », raconte Pamela Maldonado, qui dénonce les tortures subies par son père le samedi 19 octobre, au cours des intenses manifestations qui se déroulaient dans tout le pays. « Mon papa, Miguel Maldonado a 53 ans et sans que leur importe que nous soyons là seulement en passant et en regardant, ils l’ont empoigné et jeté au sol. Je leur demandais de ne pas le frapper parce que c’est une personne âgée et diabétique, mais au moins 30 carabiniers l’ont encerclé, ils ont fait un barrage de leurs boucliers et entre tous ont commencé à le frapper ».

Pamela relate qu’elle criait aux carabiniers d’arrêter de le frapper, mais la réponse qu’elle a obtenu fut une forte poussée dans le dos qui l’a jetée contre un mur que sa tête a cogné, elle est tombée.

« Quand je me relevai je vis qu’ils avaient mis mon papa dans un fourgon carcéral et je commençai à filmer. Je demandai avec insistance de me dire où ils l’emmenaient et ils ne me répondaient pas. Finalement l’un d’eux m’a dit qu’ils l’emmenaient à la Troisième Division des Commissariats. Quand je lui demandai où il se situait, il me répondit de chercher sur Google. » raconte-t-elle.

« Puis il s’est énervé, m’a insultée et saisie par le cou et m’a dit que j’étais prisonnière, ils ont pris mon téléphone cellulaire pendant qu’il me faisaient monter dans le fourgon. A l’intérieur, j’ai vu mon papa avec le visage plein de sang. Avant qu’il le fasse monter dans le véhicule, il n’était pas comme ça, ils avaient continué à le frapper à l’intérieur » dénonce-t-elle.

« Je voudrais dénoncer un carabinier en particulier, Danilo Muñoz, qui s’est comporté comme un forcené » ajoute la plaignante. « Il a dit qu’il aimerait descendre pour tuer des gens, tous les enculés de communistes et il se vantait qu’il pouvait faire ce que bon lui semblait grâce à nos impôts » détaille-t-elle.

La jeune femme raconte que pendant tout ce temps ils maintenaient les menottes, volontairement serrée à outrance, à son papa dont le visage saignait. « Je lui offris de l’eau, mais un Carabinier me poussa, je m’assis et ils commencèrent à jeter de l’eau au visage de mon père avec une bouteille qu’ils avaient. Ils serraient les menottes toujours d’avantage et je les priai d’arrêter, parce qu’il est diabétique et qu’il est dangereux pour lui de saigner comme cela, pendant tout ce temps, mais eux les serraient toujours plus, et le frappaient à la poitrine. » affirme-t-elle. Arrivé à ce point elle ne pouvait croire à ce qui se passait, elle a serré son papa dans ses bras pour le protéger des coups.

Maldonado raconte qu’ils furent arrêtés aux environs de 16h30 et maintenus dans le fourgon au moins jusqu’à 20h. « Pendant que nous étions dans le véhicule, ils ont fait monter un homme, appelé Sergio dont le nez n’arrêtait pas de saigner. Il criait de douleur et disait qu’il était un malade chronique, quand je lui demandai ce dont il souffrait, il me répondit qu’il était séropositif »

Selon Pamela, quand les carabiniers ont appris se dont il souffrait, ils ont commencé à se moquer de lui avant de l’isoler et de continuer à le frapper.

La jeune femme dénonce un autre carabinier nommé Gallardo. Quand le véhicule s’est approché du commissariat les coups contre les détenus ont redoublé. Gallardo a proféré à Pamela des menaces sexuelles :« On va voir si cela te plaît de te faire enculer ! » et il a proféré des menaces contre les enculés de communistes et de mapuche [nation native à l’avant-garde des luttes contre le néolibéralisme et son corollaire extractiviste.]. Au commissariat ils furent enfermés dans des cellules glaciales, improvisées, avec des toilettes bouchées débordant d’excréments. Ils ont encore été battus.

« Après un long moment, est arrivé un avocat des Droits Humains qui a pris notre déclaration et des photos. Les carabiniers l’ont menacé et il nous dit qu’il avait peur de ce qu’ils pourraient nous faire à l’intérieur. Après ils ont emmené mon papa pour constater les lésions et puis ce fut mon tour, ensuite nous avons signé des papiers et ils nous ont relâches » Il était minuit passée.

La jeune femme assure qu’elle portera plainte contre le carabinier Daniel Muñoz pour tortures et menaces.

« Il me fait peur ce type, en vérité c’est une bête, un psychopathe qui clame qu’il aimerait tuer des gens et changer son second nom de famille mapuche, parce qu’il veut tuer tous ces enculés »

La jeune femme et son papa sont cités à comparaître devant un juge pour désordres légers qu’ils n’ont jamais commis.

Voilà ce qui se reproduit chaque jour au Chili en 2019, dans la Suisse d’Amérique Latine, modèle de démocratie selon les USA. Basta !

Traduction et compilation Anne Wolff

Chili modèle de démocratie

Chili modèle de démocratie

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27 octobre 2019 7 27 /10 /octobre /2019 19:48
Honduras et ingérence étasunienne, Mel Zelaya témoigne

« […] la faiblesse et la fragmentation des groupes politiques du pays sont les principales responsables de ce que l’ambassadeur des EU se soit converti en “chef de la salle des opérations politiques et de sécurité du pays”, et de ce que lui soit accordé effectivement le dernier mot dans une série de problèmes internes. »

Cette citation est extraite d’un texte que j’avais traduit en 2012 et qui montre comment de fait l’ambassadeur des USA est le vrai gouverneur du Yémen, courroie de transmission des intérêts US dans le pays. Mais ce paragraphe pourrait être appliqué sans en changer un mot à ce qui se passe dans de nombreux autres pays, comme le confirme le témoignage de José Manuel Zelaya Rosales président renversé du Honduras et actuel député du parti LIBRE (liberté et refondation).

Dans de nombreux pays d’AL le terme AMBASSADE prononcé avec une emphase particulière désigne, sans aucun doute, l’ambassade des USA. Quand Evo Morales a été élu président de Bolivie, pour la première fois et qu’il a pris possession du bureau présidentiel quelle ne fut pas sa surprise de découvrir qu’il y avait une seconde porte à ce bureau, que cette porte s’ouvrait sur un couloir et que ce couloir conduisait directement dans les bureaux de l’Ambassade des USA….

Ici je vais vous traduire quelques extraits d’une récente Interview de Manuel Zelaya, président du Honduras renversé par un coup d’état militaire fomenté par les USA le 28 juin 2009. L’interview a été réalisée par Laura Carlsen, journaliste du média mexicain indépendant Rompeviento, Mel y fait des révélations importantes concernant les modes de l’ingérence étasunienne au Honduras. Il décrit aussi la catastrophe qui résulte de l’application des recettes néolibérale dans son pays. Une rengaine à présent connue de tous : des privatisations qui enrichissent quelques-uns, des Transnationales et leurs complices locaux, alors que l’ensemble de la population est réduite à la misère. Ils détruisent jusqu’à notre dignité, dit Mel. Les gens ne migrent pas, ils fuient. Ils fuient la misère et le manque d’opportunités.

Depuis 10 ans le peuple du Honduras est en résistance. Cette semaine le peuple du Chili s’est soulevé. Si l’expérience néolibérale au Honduras est de notoriété publique une catastrophe, le Chili se présentait jusque-là comme le modèle à suivre d’application de cette idéologie, une oasis, la Suisse de l’Amérique Latine. Dans les 2 pays on constate pourtant cette même réalité : le modèle creuse les différences entre une petite caste de très riches et l’immense majorité de la population jetée dans la plus cruelle misère. Une plus ou moins longue agonie.

Les gens ne migrent pas, ils fuient.

Les gens ne migrent pas, ils fuient.

Le projet de Mel Zelaya, président du Honduras était un projet de souveraineté nationale, similaire en beaucoup d’aspects à celui qui avait valu à Jacobo Arbenz alors président du Guatemala d’être renversé par un coup d’état made in « USA » en 1954.

Mel nous dit : « L’initiative privée avec sa créativité et sa force de production n’est pas le problème en soi. Les problèmes arrivent quand ce secteur concentre des privilèges et des richesses et nie les droits du peuple, réduit au silence les voix de la population, avec pour résultat des régimes totalitaires, des systèmes excluant et un haut niveau d’exploitation qui détruit le milieu ambiant et détériore l’humanité elle-même. Le problème ce sont les racines, c’est un problème d’essence : la globalisation de l’économie dirigée à travers un système hégémonique qui produit un système de haute dépendance aux fluctuations du capital et met les peuples à genou, en particulier dans les petits pays comme le Honduras. »

Comme Jacobo Arbenz, Manuel Zelaya développait un modèle de souveraineté nationale, quand les ressources et productions locales servent en priorité pour le bien être des habitants du pays. Il adhérait également au mouvement de souveraineté et entraide régionale intégré par les mandataires progressistes et quelques autres au début de ce siècle. Il s'était tourné vers eux, il s’était vu refuser toute aide pour la mise en place de ces projets de programmes éducatifs, de santé publique et de stimulation de la production national par le FMI, les USA et autres instances néolibérales. Il avait alors reçu l’aide du Brésil et du Venezuela… Le peuple n’en bénéficiera jamais, Mel sera renversé avant d’avoir pu utiliser les fonds avancés qui seront utilisés par les putschistes pour construire la dictature.

juin 2009 Mel président de Honduras et ami du peuple est enlevé par les militaires qui l'emmenent hors du pays

juin 2009 Mel président de Honduras et ami du peuple est enlevé par les militaires qui l'emmenent hors du pays

Quand il arrive à la présidence, l’Ambassadeur (des USA) lui rend visite et lui remet une enveloppe et lui dit : « Président je voudrais que quand vous arriverez chez vous, vous ouvriez cette enveloppe. Je vous y fait une recommandation. La lettre en question ne comporte aucun signe qui identifie son origine. Une liste y figurait. Pour le secrétariat à la défense, 3 noms sont proposés. [Mel rigole] c’est démocratique, il nous laisse un large choix ! Entre trois personnes qui ont été recrutées par l’Ambassade. »

Mel bien sûr n’a pas obéit à cette « recommandation », ni à celles qui ont suivi et veulent lui imposer ses ministres et secrétaires d’état dans les domaines de la Sécurité, l’Économie, la Finance, lui laissant la liberté dans les domaines des Sports, des Arts, de la Musique...

Quand l’ambassadeur lui demandera s’il a un commentaire à faire à ce sujet, il répondra : aucun commentaire. Mais c’était clair: « Avant mon arrivée au pouvoir la « coutume » était que ce soit les États-Unis qui décident des ministres, des secrétaires d’état. L’ambassade manipule les médias, elle manipule les cercles de pouvoir, une partie des églises se plient à son influence, les politiciens lui demandent sa permission avant d’agir. La Défense, la Sécurité, c’est le Commandement Sud des USA qui les dirigent. L’économie c’est le Fond Monétaire internationale qui la prend en mains en complicité avec la cinquième colonne, les entrepreneurs locaux qui sont associés de transnationales. Non seulement ils manipulent la Sécurité, l’économie, la production ; ils manipulent également la justice avec l’aide de l’OEA qui décide quel corrompu doit être arrêté et quel autre jouira d’impunité. »

Mel ne recevra aucune des aides qu’il demande pour ses réformes au bénéfice du peuple, ni pour pratiquer une réforme agraire qui restitue la propriété des terres à leurs légitimes habitants et mettre en place les conditions d’une souveraineté alimentaire. Le FMI exige au contraire qu’il réduise la masse salariale et qu’il pratique une dévaluation qui favorisera la pénétration des transnationales. Ce n’est pas étonnant. Le modèle de division mondiale du travail veut que les pays de la périphérie fournissent à bas pris les matières premières, fournissent un travail esclave dans les maquiladoras ou les cultures d'agro-industrie d’exportation dont les transnationales tirent profit. Alors que l’utilisation de pesticides interdits dans les pays développés empoisonnent les cultivateurs et leurs famille. Depuis le coup d’état, quand des communautés réclament les titres de propriété qui leur avait être accordés par la réforme agraire, elles se font expulser de leurs terre et pire elles sont criminalisées, qualifiées de terroristes ou ne narcotrafiquants. Les meneurs des lutte comme Berta Caceres sont agressés, harcelés, assassinés, leurs familles menacées sont souvent forcées à l’exil. La destruction des cultures vivrières, de la production locale visent à rendre ces pays totalement dépendants d’importations que la plupart ne peuvent se payer. Le néolibéralisme ne tolère aucun projet de souveraineté nationale. Il a abandonné depuis longtemps le masque humain derrière lequel il dissimulait ses véritables intentions. Le génocide est en cours.

« La Constitution nous dit que nous sommes un pays indépendant, que nous sommes un pays souverain, que nous sommes un pays qui s’est constitué comme état nation, et à la fin et quand je suis arrivé à la présidence j’ai découvert que nous n’étions rien d’autre qu’une colonie. Nous sommes une société soumise à travers la dépendance d’un système économique qui nous appauvrit toujours d’avantage. Et qui chaque fois nous rend plus Indignes, plus Misérables, plus déchus et serviles. »

Rester digne dans la misère

Rester digne dans la misère

Le régime du Honduras non content d’être corrompu est un narco-état. Le frère de l’actuel président, Juan Orlando Hernandez, est jugé à présent à New-York (il a été condamné cette semaine) pour participation au narcotrafic à grande échelle internationale (en complicité avec des narcos colombiens et le cartel de Sinaloa du Mexique) et les enquêtes montrent que les profits de ce trafic ont alimenté les campagnes électorales de JOH. Et les réseaux de corruption du pays. Cela fait des années que la DEA mène l’enquête sur JOH, les preuves de son inculpation s'accumulent, depuis son premier mandat, avant même sa réélection inconstitutionnelle… comment se fait-il que les USA qui prétendent mener une lutte frénétique contre la drogue tolère un président impliqué dans le narcotrafic. La réponse est connue : la guerre contre la drogue n’existe pas, elle n’a jamais existé, elle est une guerre contre les peuples, un outil de déstabilisation qui favorise les intérêts des transnationales.

Renverser JOH sans changer le système ne sert à rien. L’ambassade des USA le remplacera par un autre fantoche. Son élection à un premier mandat était déjà le résultat d’une fraude électorale que j’ai documenté à l’époque. Elle mettait en jeu divers processus, une modification du contenu des urnes, des groupes armés empêchaient les électeurs de se rendre dans les bureaux de vote… Par exemple : l’ambassadrice des USA de l’époque, Kubiske, se rendait jusqu’au fin fond des campagne, elle y amenait des cadeaux, des cartes d’électeurs et… des « méthodes du Bien Voter »…

Pour Mel il n’y a qu’une seule solution pour lutter contre la corruption :

« La solution réside dans le partage du pouvoir de décision entre le plus grand nombre de personnes possible : souveraineté populaire.

Le système dans son illusion de dominance disqualifie tout discours qui n’est pas conforme à son idéologie postulée comme Vérité Unique. Dans la réalité chacun à une opinion et ces opinions peuvent être différentes, c’est quand ces différentes opinions se conjuguent que nous rencontrons le chemin de la vérité, le chemin de la liberté, le chemin de la justice. »


 

Vendredi 29 octobre 2019 la police fait taire la voix du peuple qui exige le départ du président corrompu et incapable

Vendredi 29 octobre 2019 la police fait taire la voix du peuple qui exige le départ du président corrompu et incapable


 

L’interview est longue et je ne peux pas tout traduire. Mais il dit certaines choses que je voudrais mettre en évidence ici, parce que de cela on ne parle jamais. Il voudrait également un pays ou chacun puisse faire un travail qu’il aime au mieux de ses qualités. Et cela c’est fondamental, j’ai fait des boulots durs, des boulots dont beaucoup ne voudraient pas, mais je les ai fait avec plaisir, parce que cela faisait partie de la réalisation de projets communs partagés avec des gens que j’appréciais. La production industrielle atteint les limites des ressources de la planète ; le système de l’emploi prend la forme d’un nouvel esclavage qui fait prévaloir l’idée du travail comme souffrance. Changer de système c’est remettre les métiers à l’honneur. L’hyper-production c’est aussi un système qui vend à des esclaves les produits de basse qualité produit par d’autres esclaves, des miettes comme autant d’illusions qui contribuent à maintenir la paix sociale sans que personne y trouve son bonheur.

Manuel Zelaya était un bon président. Un homme simple, vivant dans une maison de classe moyenne, se déplaçant à moto, sans escorte, pour déjeuner dans les restaurants populaires. Le Honduras est un pays de 9 millions d’habitants. Quelques heures après qu’il ait été renversé, à l’aube du 28 juin 2009, 600 000 personnes protestaient rien que dans les rues de la capitale Tegucigalpa. Une mobilisation qui durera plusieurs mois et n’a jamais cessé depuis. Un président populiste est un président qui utilise le langage de la démagogie et utilise des méthodes clientélistes pour acheter les votes. Manuel Zelaya était un président populaire, qui agit de manière transparente en consultant ses mandants pour décider ensemble, un ami du peuple, parce qu’ensemble ils partagent un même projet de pays.

Mais cela fait partie du langage unique, de la pensée unique qui disqualifie la volonté des peuples, la notion de populaire a été bannie de nos vocabulaires, et les peuples, considérés comme stupides par nature, quand ils choisissent des représentants qui vont se mettre à leur service, sont accusés de céder aux chants de sirènes du populisme. Comme s’il était stupide de vouloir des conditions de bien-être, de juste répartition, la participation aux décisions qui nous concernent.

Participer ensemble aux décisions qui nous concernent que ce soit dans notre quartier, dans notre ville, dans notre pays, pour l’avenir de la Vie sur Terre, c’est la condition première pour construire un monde dans lequel chacun disposeraient des conditions du bien -être et de la dignité. Cela nous dit Mel ne se reproduira pas sans que les USA et l’Europe se remettent en question parce que jusqu’ici quand un président démocratique, pacifique veut construire un projet de souveraineté nationale ils le renversent. Ils font taire les voix divergentes, alors que la vérité se construit par la rencontre des points de coïncidence après que chacun ait exprimé son point de vue, nous dit Mel. Ce n’est pas possible quand toute parole différente est disqualifiée au nom d’une prétendue Vérité Unique et valable pour tous.

Au cours des derniers jours nous avons pu voir les USA, malgré les divisions politiques internes du pays, utiliser des mêmes techniques et d’autres pour déstabiliser le gouvernement du Mexique qui prétend également mettre en place un projet de souveraineté nationale, de démocratie participative et de juste répartition des richesses dans le pays. Comme l’avait fait Manuel Zelaya, Andrés Manuel López Obrador refuse de céder à la pression. Au contraire il appelle l’ONU, l’Amérique Latine et le monde à mettre un terme au modèle néolibéral, à ses méfaits. Aujourd’hui, dimanche, et il y a un relatif moment de calme dans le déroulement de cette tentative de réactiver une « guerre de basse intensité » au Mexique, et dans la prolifération d’information qu’elle génère… nul doute que demain amène de nouveaux développements de cette situation périlleuse.

Anne W

PS : résistance à la désinformation. Si certains médias occidentaux titrent : « des milliers de manifestants protestent contre le gouvernement d’ Andrés Manuel López Obrador », ils omettent de nous faire savoir que des centaines de milliers d’autres manifestent en soutien à leur président.


 

Rio Blanco foyer de résistance du peuple lenca du Honduras

Rio Blanco foyer de résistance du peuple lenca du Honduras

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26 octobre 2019 6 26 /10 /octobre /2019 04:03

 

 

« Je crois qu’il est temps de changer le modèle économique qui s’est imposé pendant des décennies. Les gens ne veulent plus de sacrifices faits seulement au bénéfice de minorités. C’est très injuste ».

Andrès Manuel López Obrador

Andrès Manuel  López Obrador

Andrès Manuel López Obrador

Chaque matin à 7 heures le président du Mexique Andrès Manuel López Obrador, après sa réunion avec le Conseil de Sécurité tient une conférence de presse. Voici comment AMLO a ouvert cette conférence le 24 octobre 2019, par un message à l’ONU, à l’Amérique Latine et au monde.

 

Un des buts revendiqué par le gouvernement du Mexique est de mettre fin au néolibéralisme dans le pays. Mais mettre fin au néolibéralisme dans un seul pays n’est pas possible. L’Empire du Nord a attaqué le Mexique et son gouvernement, le Président réagit, il lance un appel à la solidarité des peuples pour en finir avec le Monstre. Un courant de refus du néolibéralisme soulève les populations dans toute l’Amérique Latine. Qu’est-ce que le néolibéralisme et pourquoi les populations veulent-elles y mettre un terme ?

L’exemple du Chili illustre fort bien les raisons qui font du refus du néolibéralisme une question de survie pour beaucoup d’habitants de la planète. Le Chili était pourtant présenté comme la Suisse d’Amérique Latine, un pays prospère où les habitants disposent du salaire de base le plus élevé d’Amérique Latine (300$ par mois, soit 3600$ par an dans un pays où en 2018 le revenu moyen par habitant en fonction du PIB est supérieur à 13 000$ ). Alors que les coût des loyers, des transports, de l’énergie, de l’éducation, de la santé y sont sont équivalents ou plus élevés que ceux d’Europe. Une petite partie de la population concentre la plus grande partie des richesses du pays. Cela fait de ce pays le 7ème sur la liste mondiale des pays les plus inégalitaires, le 7ème du monde !

Sans entrer dans les détails, le néolibéralisme est cette phase du capitalisme où la richesse financière, la propriété du territoire et des moyens de production se concentre entre un nombre toujours plus restreint de « privilégiés » au détriment de tous les autres dont la qualité de vie, la survie sont menacé par ce dépouillement, cette dépossession qui, quand elle ne tue pas immédiatement ses victimes, crée les conditions d’une infra-humanisation.

Une partie au moins des forces de gouvernement des USA ont lancé une attaque contre le gouvernement du Mexique. Je me demandais hier qu’elle serait la réponse d’AMLO à cette attaque contre la souveraineté du pays, la voici, un appel à la solidarité internationale pour mettre ensemble un terme aux exactions du néolibéralisme.

Même s’il n’est pas toujours évident de savoir qui est réellement aux commandes aux USA, nous pouvons observer à travers de plus de 70 ans de continuité des politiques de mise sous tutelle et pillage de l’Amérique Latine, que dans les termes de la doctrine de sécurité « défense des intérêts et de la sécurité des USA » le terme USA doit être remplacé par Corporations étasuniennes. Des Corporations que servent tant les gouvernements officiels US, que le Pentagone ou les services de renseignement et interventions « secrètes » de ce pays. C’est une constante. Des corporations qui remplacent les gouvernements du monde par des gouvernances qui sont les interfaces, les relais de transmission de leurs diktats aux peuples dépouillés de leur souveraineté. Dans ce contexte, le message d’AMLO est une déclaration de guerre de fait à ces Corporations :

« Le modèle néolibéral est épuisé, c’est un échec. Les gouvernements qui n’opèrent pas de changements et poursuivent les mêmes politiques affrontent des problèmes avec leurs peuples...parce que les gens ne veulent plus d’avantage de sacrifices seulement pour le bénéfice de minorités, c’est très injuste. Toutes les politiques de privatisation ont été un échec. Elles ont bénéficié seulement à des petites minorités, appauvrissant des millions d’êtres humains. C’est la cause des mouvements de rébellion, de non-conformité. Nous autres, notre peuple sage a compris que le moment est venu de changer ces politiques. Et cela, il l’a exprimé massivement l’année passée dans les urnes. Et nous sommes en train d’opérer une transformation de manière pacifique et de démontrer que c’est possible de mettre en pratique une politique différente, que oui, il est possible de mettre en pratique une politique qui prenne en compte tous les mexicains, que le gouvernement ne soit pas celui d’une faction, que le gouvernement ne soit pas se mettre au service de groupes d’intérêts fabriqués, que le gouvernement représente tous (les habitants) et que doit mis en avant le bien-être du peuple. C’est cela qui crée la gouvernabilité, c’est cela qui permet la paix sociale. C’est ma réflexion. Heureusement cela commence à être compris et accepté par tous les gouvernements. Dans le cas de l’Équateur ils ont pu faire marche arrière à la mesure d’augmentation des combustibles. Clairement pas seulement pour les manifestations, qui sont ce qui met en évidence cette non-conformité. Mais cela vient d’où ça, d’augmenter la décision d’augmenter le prix du combustible ? Cela vient de l’ancienne politique, du vieux régime, de l’orthodoxie du modèle néolibéral.

Je disais hier que j’allais faire un commentaire au sujet d’un personnage. Quel personnage ? J’ai des informations, cela fait partie du domaine public, il y a une enquête au sujet d’un personnage puissant, un potentat qui avait recommandé au gouvernement précédent de doubler le prix de l’essence au Mexique, cela au début du mandat du précédent gouvernement, et [ces gouvernants] de cela ils en ont tenu compte. Rappelez-vous combien coûtait l’essence lors des débuts de ce gouvernement et quel en était le prix à la fin. [entre 2012 et 2018, le prix moyen de l’essence est passé au Mexique de 9,8 pesos à 18,3 pesos NdT] cette mentalité était prévalente. Elle résout le problème des finances publiques : pour faire rentrer plus d’impôts, augmentez le prix de l’essence.

Dans le cas de l’Équateur, ils ont fait marche arrière avec cette mesure. Dans le cas du Chili, il est également question d’une augmentation, celle du prix des transports publics, du métro. Et ils ont reculé. Je célèbre ce recul opéré par les mandataires, parce que ce serait téméraire de soutenir par le feu et le sang ces mesures. Dans le cas du président du Chili, il a été jusqu’à présenter des excuses. Dans un acte que je considère comme d’honnêteté, une rectification. Mais, à la fin, c’est le même schéma, et cela n’est plus possible d’appliquer ces politiques. Ces politiques, il faut les mettre de côté, mais également les organismes financiers internationaux doivent aider, ils doivent coopérer. Et ne pas être là à contraindre, à obliger les gouvernements à imposer ce types de politiques anti-populaires. J’espère que ces changements vont se poursuivre et aboutir, parce que de cette manière ils obtiendront le développement, le bien-être, et le plus important : la paix.

Il y a déjà une attitude différente de la part des organismes financiers internationaux, mais il y a aussi des résistance, comme toujours. Il faut que soit produit, avec beaucoup d’objectivité, un rapport sur l’échec du modèle qu’ils ont imposé pendant une longue période, une autocritique sans tomber dans l’auto complaisance., et il doivent continuer à rectifier et changer et mettre en avant le bien-être des personnes, le bonheur du peuple. »

AMLO, 24 octobre 2019

 

Cet appel devrait être un tissu d’évidences. Non ? Et pourtant nous savons bien que ceux qui tiennent de tels propos aujourd’hui deviennent des cibles pour les assassins du système.

 

Au cours de décennies d’ingérence étasunienne en Amérique Latine d’autres présidents ont été renversés, d’autres leaders politiques ont été assassinés pour moins que cela. Un appel à mettre fin au néolibéralisme, c’est un appel à en finir avec les privilèges des quelques rares bénéficiaires de ce système mortifère, brutal, cruel, grossier, destructeur de la vie et de la beauté du monde. Je ne comprendrai jamais ce qui motive ces gens, leur manque d’empathie. Mais j’ai appris qu’il ne sont pas prêts à céder une parcelle de leur pouvoir, un centime de leur fortune, une parcelle de leurs propriétés pour le bien du plus grand nombre, en particulier des plus pauvres. Il se sont contentés pendant longtemps de distribuer les quelques miettes indispensables au maintien d’une fiction de paix sociale. A présent les processus de leur enrichissement par dépossession de tous les autres s’accélèrent. Je n’ai aucun doute quant au fait que Andrés Manuel est parfaitement conscient du caractère de provocation de ce message. Non qu’il ait envie de provoquer qui que ce soit, mais le simple fait de vouloir en finir avec l’accaparement par quelques-uns des ressources du monde, est aux yeux de ces (indicibles) une déclaration de guerre, un crime qui doit être puni.

Je ne suis pas encore prête à dire ce que je pense du projet d’AMLO dans son ensemble. J’ai appris au cours de ma déjà longue existence, que si chacun est porteur d’un projet de monde, le monde qu’elle ou il voudrait voir exister, tous sont soumis à des contraintes, celles qui résultent de la possibilité réaliser ce projet sans faire obstacle au projet d’autrui et celles qui résultent d’un moment donné de l’histoire. Et cette contingence redistribue les alliés et les ennemis.

Il y a un demi-siècle quand le système a inventé l’exclusion sociale en masse de ceux qui ne se répondaient pas aux impératifs de conformité du système qui se mettait en place, cela nous faisait rire : exclusion de quoi ? Du consumérisme et des sacrifices qu’il impose à ceux qui en veulent toujours plus. Nous ne voulons pas d’un monde où « la fonction fait l’homme », nous ne voulons pas être employés, nous voulons travailler, acquérir des savoir-faire et des connaissances qui nous déterminent toujours d’avantage en tant que personne singulière, dont l’apport au Vivre Ensemble contribue avec originalité au bien être de tous dans la diversité des possibles, une invention continue de la Vie. Nous nous disions alors : pas de problèmes, nous construirons nos mondes dans les failles du système, les failles ce n’est pas ce qui manque. Nous ne voulons pas grand-chose, un bout de territoire où nous donner les moyens de vivre bien, simplement, par notre travail, en harmonie avec nos voisins, avec ce milieu ambiant dont nous faisons partie.

Quand les envahisseurs du territoire qui deviendra États-Unis d’Amérique du Nord se sont appropriés de cette Terre, ils ont massacrés les habitants et les survivants ils les ont repoussés vers des espaces toujours plus réduits, les réserves comme des prisons à ciel ouvert où se consomme la lente agonie de peuples autrefois fiers et dignes. Après ils ont étendu au monde ce principe d’appropriation de territoires au détriment des habitants originaires. Nous avons vu se réduire les larges failles de la géographie du système, notre accès au territoire. Aujourd’hui il reste à peine des interstices dans lesquels se glisser pour échapper aux moules des réducteurs de conscience. Des interstices qui se réduisent et nous étouffent, discrètement.

Ce que propose AMLO, un être humain imparfait comme tel, c’est de renverser ensemble ce processus d’expropriation, de mettre un terme à cette agonie par étouffement. Ce n’est pas grand-chose et c’est beaucoup à la fois.

Anne W

 

Pour terminer en beauté, le cri de la fête de l’indépendance du Mexique le 16 septembre, un moment de bonheur partagé.

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3 octobre 2019 4 03 /10 /octobre /2019 14:04

 

 

Depuis plusieurs mois je découvre intensément le Mexique, mais le sujet est tellement riche, vaste, que jusqu’ici je n’avais pas trouvé le chemin pour aborder ce thème sur le blog. Face à la désinformation éhontée qui sévit dans la presse francophone concernant les événements de la semaine dernière à Culiacán et les révélations qui ont suivi, j’ai choisi cette entrée en matière pour aborder ce sujet passionnant : le Mexique en quête d’équité et de souveraineté nationale et populaire.

 

Les événements de Culiacán (capitale de l’état de Sinaloa, côte pacifique du Mexique) qui se sont déroulés depuis le jeudi après-midi au samedi de la semaine dernière ont fait couler beaucoup d’encre et de salive. Dans une première phase, il s’agissait de dégager la réalité derrière les informations contradictoires qui circulaient, y compris dans le discours officiel du propre Secrétariat à la Sécurité Civile du pays.

La première version de ce secrétariat décrit une opération de patrouille de routine d’un groupe d’une trentaine d’effectifs de la Garde Nationale qui auraient été attaqués par surprise depuis une villa. Les gardes auraient répondu à cette agression et se seraient alors emparés de la villa où se trouvait justement Ovidio Guzman, fils du narcotrafiquant Joaquin Gusman Loera, un des chefs du groupe criminel transnational connu comme Cartel de Sinaloa. Guzman mieux connu sous le nom de El Chapo a été récemment condamné par un tribunal de New York à l’emprisonnement à vie.

Quelques heures plus tard, cette version sera complètement démentie par le même Secrétariat de Sécurité dont la nouvelle narration décrit une tentative d’arrestation du même Ovidio G. sur base d’un mandat d’extradition (sollicitée par les USA) émis par un juge. L’opération aurait foiré parce que le groupe militaire en question, déjà engagé dans l’action, n’aurait pas reçu à temps le mandat qui lui permettait d’opérer légalement cette arrestation alors que pendant leur attente, le cartel avait mobilisé quelques centaines de membres de son armée dotée d’armes de guerre pour prendre en otage Culiacan, menaçant d’opérer un carnage si el Chapito Guzman n’était pas immédiatement libéré. Il apparaît alors que ni le secrétariat de sécurité, ni le chef d’état n’avaient été informé de cette opération et qu’ils se retrouvaient devant le fait accomplit : une opération bâclée qui enfreint toutes les règles. Selon divers experts une telle opération demande la mobilisation de plusieurs centaines d’effectifs, disposant d’une couverture par hélicoptères et d’un centre de coordination efficace. Cette opération a eu lieu dans l’après-midi alors que toutes les règles veulent qu’une telle intervention se déroule à l’aube, quand il y a peu de présence d’habitants dans les rues, après qu’un cordon sanitaire ait été établit pour assurer la protection des civils du voisinage.

Mis devant le fait accomplit, face à l’ampleur de la crise, et pour éviter le risque de massacre parmi la population civile, le secrétaire d’état décide de relâcher Ovidio, une décision qu’avalisera inconditionnellement le chef de l’état Andrés Manuel López Obrado (AMLO).

La décision d’Andrés Manuel recevra entre 80 % et 90 % d’approbation de la part des habitants de Culiacán, alors que le reste du pays est partagé. Ce qui est intéressant, c’est que nombre de ceux qui ne soutiennent pas AMLO approuvent néanmoins ce qu’ils et elles considèrent comme une sage décision.

Ces événements ont généré des flux de questions qui à leur tour ont donné lieu à une multiplications de débats pour tenter d’y répondre. Dans un premier temps, il apparaît que si la décision de libérer le jeune Guzman n’est pas questionnable, ce qui l’est et exige des réponses claire de la part du gouvernement, c’est le fait qu’un petit groupe de Gardes Nationaux ait pu entreprendre cette opération sans que soit consulté ni le chef d’état ou au moins le Secrétariat de Sécurité.

Une enquête est en cours pour mettre des noms sur ceux qui dans la chaîne de commandement sont responsables de ce cafouillage qui aurait pu tourner au massacre entraînant le pays dans une nouvelle guerre contre le narcotrafic sur le même mode que celle qui au cours des précédents mandats présidentiels avait fait des centaines de milliers de morts, principalement des civils, généré un climat de terreur dans le pays et entraîné des déplacements massifs de population entre autres conséquence néfastes pour la tranquillité du pays.

AMLO l’a clairement exprimé, bien avant même la campagne présidentielle qui l’a porté au pouvoir : il ne combattra pas les Cartels du Narcotrafic et autres formes du crime organisé par les armes. « On éteint pas le feu en y jetant de l’essence » a-t-il coutume de dire, et les résultats catastrophique d’escalade de la violence obtenus par les guerres contre les narcos menées par ces prédécesseurs semblent bien lui donner raison. Plus de deux décennies de « guerre contre le narco trafic » en Colombie, en Amérique Centrale et au Mexique l’ont clairement démontré, cette stratégie n’est pas seulement inefficace elle est très clairement aussi sanglante que contre-productive. Du moins si son véritable objet est d'éradiquer la production de narcotiques et la quantité de ces produits qui pénètrent aux USA pour alimenter une demande qui n’a cessé de croître.

Pour lutter contre le narcotrafic et la violence toujours plus terrifiante qui l’accompagne, AMLO développe différents axes de lutte comme la prévention. Par exemple en luttant contre l’abandon scolaire par l’octroi de bourses aux familles d’étudiants dans l’ensemble de leur parcours scolaire, en accordant des subsides aux entreprises et artisans qui forment de jeunes apprentis et en développant un programme de jeunes inventant le futur qui se déploie dans de vastes domaines artistiques, protection du milieu ambiant, travail communautaires…. Un autre axe de lutte est la lutte contre la corruption qui prétend éradiquer le narcotrafic en s’attaquant aux biens mal acquis et aux ressources financières des Cartels et de ceux qu’ils ont achetés. Le projet de souveraineté alimentaire a également des impacts dans la lutte contre le narcotrafic. En effet de nombreux paysans ont du abandonner leurs terres chassé par les narcos ou se mettre au service de ces derniers en cultivant l’opium, la coca ou la marijuana. Repeupler les campagne et permettre aux paysans de disposer d’un juste revenu pour la culture de produits alimentaires, permet d’éviter que ceux-ci s’adonnent à des cultures illicites, souvent les seules qui leur permettaient de nourrir leur famille.

 

Les USA qui ont dépensé des milliards de dollars pour « lutter », sans succès, contre le narcotrafic dans les pays du Sud n’ont jamais rien entrepris pour mener sur leur territoire une lutte de prévention, au contraire, nous verrons pourquoi par la suite. Le seul changement significatif dans le marché de la drogue aux USA est celui du rôle devenu prédominant de sociétés pharmaceutiques dans la croissance de l’addiction de la population au cours des dernières années. Une diversification qui étend le phénomène de la dépendance aux opiacé à des couches de populations qui jusque-là étaient relativement épargnées. La multiplication des overdoses provoquant une chute de l’espérance de vie dans le pays.

 

Pour évaluer la stratégie de López Obrador et ses chances de succès de nombreux facteurs sont à prendre en compte. La situation dont il a hérité est grave, complexe, pour la comprendre une connaissance de l’histoire du narco-terrorisme mexicain s’impose. J’emploie le terme narco-terrorisme au sens large qui recouvre autant les dit « Cartels » et leurs méthodes que la manière dont ils se sont militarisés avec l’aide en arme et formation des USA qui ont contribué à leur transformation en armées, utilisant des modèles éprouvés, les méthodes de formations de l’École des Amériques ou celles des Kabyles du Guatemala, des militaires conditionnés pour devenir les tortionnaires des gauches et autres souverainistes latinos, spécialistes des coups d’état militaires, disparitions forcées et exécutions extra-judiciaires, maîtres en matières de soumissions des populations par la création d’un climat d’insécurité et de terreur.

Une petite anecdote concernant les formations que reçoivent ces militaires : chaque nouvelle recrue doit se charger d’un animal de compagnie. Si les étudiants de l’École des Amérique se verront obligés quelques années plus tard de tuer leur compagnon animal et de le manger, les Kabyles eux doivent le manger vivant. Leur formation fait de ces militaires guatémaltèques une élite parmi les élites qui ne reculent pas quand le devoir leur impose de massacrer des communautés indigènes ou des paysans requalifiés pour l’occasion de terroristes, narcotrafiquants ou autres étiquettes utilisée pour qualifier des ennemis intérieurs fabriqués de toutes pièces.

 

Qui est qui dans ce jeu pervers est fort difficile à définir. Non seulement certains Cartels sont formés en partie d’anciens militaires de forces spéciales, de kabyles ou d’anciens membres de la DEA, alors que d’autres ont bénéficié d’une relative impunité pour les services qu’ils ont rendu aux USA qui les ont armés pour lutter contre les autres cartel (cas du cartel de Sinaloa). La DEA n’est pas une organisation homogène, et de nombres de ses membres ont crée leur propres réseaux et lignes de trafic, avec l’aval ou non de leur direction ? La réponse n’est pas claire. Certains louent parfois leur service de sicaires à des cartels de la drogues et autres transnationales. On a vu à diverses reprises la CIA (à l’insu des agents de terrain de la DEA) utiliser des organisation narcos dans sa lutte contre la « subversion » comme pendant la guerre des Contras. Les USA livrent des armes aux forces « contre-insurrectionnelles » d’Amérique Centrale contre de la drogue qui arrosera la jeunesse rebelle dans un but de démobilisation dans leur pays et en Europe, des narcos mexicains servant d’intermédiaires dans ce trafic seront formés militairement pour jouer ce rôle. Un premier, le franchissement d'un premier seuil dans l'escalade de la violence narco.

Si les forces de l’Ordre ont pratiqué des infiltration de ces groupes criminels, l’inverse est bien plus développé et généralisé : les groupes criminels ont infiltrés tous les secteurs de l’état, depuis la police municipale jusqu’aux différents gouvernements successifs, en passant par l’armée, la justice, etc. En plus ces mêmes gouvernements ont totalement abandonnés une majorités de communautés et états du pays permettant aux Cartels qui créent de l’emploi licite et illicite, des écoles, des hôpitaux, des musées d’apparaître comme des bienfaiteurs du peuple.

Alors que l’opposition reproche à AMLO de « n’avoir rien dans le pantalon » et d’avoir cédé au chantage des narcos, son prédécesseur Enrique Peña Nieto, qui voyage beaucoup en ce moment, a du renoncer à la visite qu’il voulait faire dans son pays. Un autre fils de Guzman, Archibaldo, le menace : il existait un accord entre Peña et le Chapo qui avait soutenu sa campagne électorale par un don de millions de dollars en échange de l’impunité. Un contrat que le président de l’époque n’a pas respecté puisqu’il a livré Guzman aux USA , pays où il a été condamné à perpétuité. Un exemple parmi d’autres, des gouverneurs d’état, des maires, des syndicalistes et autres politiciens, des juges, des policiers ont été achetés. Comment recréer des bases saines depuis cette gangrène de corruption qui corrompt la géographie et tous les niveaux de hiérarchies sociales du pays, c’est un des défis que doit relever l’actuel gouvernement et il est de taille.

Le sujet est bien trop vaste, complexe, et produit d’une trop longue histoire pour que je puisse ici en montrer d’avantage que quelques lignes de force. Si l’histoire de cette transformation de paysans cultivateurs de quelques acres de maria ou de pavot en Cartels agissant dans plus de 100 pays, interpénétrant les réseaux financiers et des gouvernements à échelle internationale, ayant diversifiés leurs activités et disposant de leurs propres armées est fort bien documentée en espagnol, en français, il existe peu de documents de référence. Beaucoup de matière à traduire.

Comment des drogues produites dans un premier temps à petite échelle et de manière artisanale vont être produites à échelles industrielles, dans un climat de violence et de terreur dont les populations civiles sont les premières victimes ne peut se comprendre sans mettre en relief le rôle joué par les USA et les gouvernements locaux complices dans cette transformations d’un « artisanat » local en une industrie transnationale du crime organisé. Pour le comprendre en profondeur, il faudra mettre en lumière le double rôle du narcotrafic a)comme outil de neutralisation de la jeunesse potentiellement rebelle et b)comme agent de pénétration des transnationales minières et de l’agro-industrie et organisation paramilitaire de défense des biens et intérêts de ces mêmes corporations sur les territoires ou sévit la "lutte contre la drogue" made in USA.

Il faut également souligner que la volonté de Trump de fermer la frontière Nord avec le Mexique pour éviter le trafic de drogue est tout simplement ridicule, parce que 1) les voies maritimes et aériennes prédominent dans ce juteux trafic et 2) les nouvelles drogues comme le Fentanyl et les méthamphétamines peuvent tout aussi bien être produites dans des laboratoires situés sur le territoire des USA. Et aussi, une partie du Fentanyl consommé aux USA provient de Chine, pays qui produit 85 % de la production mondiale du mortel opiacé. Les consommateurs étasuniens pouvaient jusqu’à ces derniers mois y commander sur Internet la drogue qui leur parvenait par courrier. Au début de cette année Trump a sommé le président Xi Jinping de mettre un terme à ce trafic.

Depuis les débuts de la guerre contre la drogue des USA, les foyers de production n’ont cessé de se déplacer sans que la production diminue, au contraire, quand aux routes de la drogues elles s’adaptent aux nouvelles contingences. Les résultats de la lutte contre la consommation de drogue aux USA aurait été bien plus efficace si les dizaines de milliards dépensés en actes de guerre avaient été utilisés pour favoriser l’éducation et les perspectives d’avenir d’une jeunesse sacrifiée. Mais tous le prouve, si le gouvernement réel ou officiel des USA s’inquiète des nouvelles addictions étasuniennes, c’est que cette fois ce ne sont plus les cibles désignées, minorités de couleurs et population pauvre, rebelle ou marginale qui sont affectées mais bien la classe moyenne en majorité blanche.

Le gouvernement du Mexique exige pour sa part un meilleur contrôle des USA sur les armes lourdes utilisées par les narcos qui proviennent de ce pays. Une demande qui est elle parfaitement fondée. Paradoxe : les USA qui prétendent vouloir collaborer avec le Mexique pour lutter contre ce trafic, envoie un ambassadeur dans ce pays, qui a été auparavant un des principaux avocats … du lobby des fabricants d’armes. Mais ce n’est qu’une des données qui met en doute la volonté de collaboration réciproque entre deux pays souverains.

Jusqu’ici chaque fois que j’ai été tentée de prendre AMLO pour un naïf, la suite m’a donné tort. J’espère que ce sera encore le cas cette fois-ci. Cela ne m’empêche pas d’être critique, au contraire, mais c’est un des éléments intéressants de ce processus politique :toute la mobilisation critique de ceux qui soutiennent ce changement de régime et apportent leur contribution en mettant en évidence les lacunes et contradictions du processus. La qualité du débat, du travail des journalistes et autres chercheurs, du travail de milliers de militants et autres travailleurs sociaux est tout simplement impressionnante.

Après que des éclaircissements aient été donné sur le déroulement sur le terrain des événements de Culiacán, un nouvel acteur a été mis en évidence : la DEA qui serait à l’origine de cette action « malheureuse » et qui aurait donné de fausses informations aux acteurs mexicains de terrain prétendant que le Cartel de Sinaloa serait complètement disloqué et que l’arrestation d’Ovidio aurait tout d’une opération de routine. C’est ce qui a été mis en lumière ces derniers jours alors même que les USA exigent à présent d’AMLO de reprendre une « guerre contre le narcotrafic » dont leurs services d’intelligence, le Commandement Militaire Nord et autres groupes militaires US anti-narcos seraient à nouveau les dirigeants depuis la conception de cette lutte jusqu’à un retour de la présence de forces armées et de renseignements des USA sur le territoire mexicain. .Telle qu’elle apparaît aujourd’hui l’opération de Culiacán se révèle clairement comme un acte d’ingérence des USA qui l’ont organisée avec des « complices » mexicains, politiques et membres des forces armées à l’insu du gouvernement du Pays, dans un but d’affaiblissement voir de renversement d’un gouvernement qui au début de ce mois jouissait de 69 % de soutien populaire. Les derniers développement montrent que cette opération est clairement le premier volet d’une stratégie de reprise en main de l’annexion du Mexique, de sa mise sous tutelle.

De nouvelles questions, de nouveaux débats, mais surtout après les révélations des dernières 24 heures, même les plus prudents parmi les analystes ont abandonné la position de « doute raisonnable » pour reconnaître que cette opération ratée de Culiacán fait partie d’un plus vaste plan de déstabilisation du Mexique et de son gouvernement, une réactivation de l’Opération Mérida par les voisins du Nord. 

 

 

Anne W

 

 

Pour en savoir plus sur le narco capitalisme et la guerre « contre les drogues », l’article de Dawn Paley traduit sur ce blog :

Dawn Paley est également auteure du livre

Capitalisme antidrogas. Una guerra contra el pueblo dont la version en Espagnol est en libre accès, la version originale est en anglais.

 

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20 juillet 2019 6 20 /07 /juillet /2019 09:31

Appel à la solidarité Internationale.

Photo: Oswaldo Rivas pour The New York Times

Photo: Oswaldo Rivas pour The New York Times

Le Conseil des Organisations Populaires et Indigènes du Honduras (COPINH) dénonce : dans la nuit du 16 juillet des membres de la famille Madrid, associés de la famille Atala Zablah, ont détruit toutes les récoltes de la communauté de Rio Blanco organisée dans le COPINH dans les lieux-dits la Vega del Culatón et el Achotal.

Ce sont des terres ancestrales convoitées par l’entreprise DESA qui prétend les utiliser pour y développer un projet hydroélectrique « Agua Zarca », contre lequel luttait la leader indigène Berta Cáceres.

Dans la nuit du 2 au 3 mars 2016, plusieurs hommes ont enfoncé la porte et sont entrés dans la maison de Berta. Le défenseur mexicain du milieu ambiant, Gustavo Castro Soto était dans la maison. Il a entendu Berta demander « Qui est là », puis il a entendu les coups de feu…ils ont tué Berta, ensuite les tueurs ont tiré sur lui, il a fait le mort, ils sont partis…mais dit-il : « Ils m’avaient « seulement » arraché une partie d’une oreille ». A cause des menaces qu’elle recevait en permanence contre elle et contre sa famille, plusieurs proches de Berta avaient dû quitter le pays. Le Commissaire des Droit de l’Homme pour le Honduras et d’autres organisations avaient exigé du gouvernement que Berta bénéficie de mesures de protection, qu’il lui avait accordées ! Une mesure de plus de l’inefficacité de ce non-gouvernement !

Les auteurs matériels du crime sont passé en jugement, mais la famille, le COPINH et tous ceux qui les soutiennent veulent que soient jugés les auteurs intellectuels. La famille Atala Zabla a été mise en cause comme auteurs intellectuels de l’assassinat de Berta, mais le principal témoin de l’accusation a été « retrouvé mort » au début de ce mois. La famille Atala – associée du projet DESA - fait partie des 5 familles (dans un pays d’environs 9 millions d’habitants) les plus riches du Honduras qui ensemble possèdent 75 % de la fortune du pays réduisant à la misère 70 % de la population.

Une semaine avant sa mort, Berta demandait justice pour 4 autres défenseurs assassinés et dénonçait les agressions, harcèlements et menaces permanentes contre les communautés et les défenseurs de la Vie. La communauté du Rio Blanco a subi au moins 22 autres attaques depuis l’assassinat de Berta. Dans tous le pays les communautés indigènes vivent un climat d’agressions permanent.

Le 15 juillet 2019 à 17h30, un groupe d’une dizaine de personnes ont tiré sur des membres de la communauté de Somologua, San Juan état de San Barbara. Les 25 familles étaient sur les terres récupérées qui leur appartiennent légitimement. Le COPINH exige que l’Institut National Agraire agisse immédiatement pour mettre fin au conflit agraire.

Le 9 juillet 2019, 18 personnes qui étaient arrêtées dans le cadre d’un autre conflit agraire qui concerne 190 familles en lutte pour obtenir le titre de propriété collective des terres qu’elles travaillent. Lors de l’arrestation la police a battu Francisco Solano López agé de 78 ans.

Le 1er juillet 2019, c’est la communauté de Montana Verde qui était attaquée, parmi les agresseurs se trouvaient des militaires. Après voir détruit le seul chemin d’accès à la communauté, ils ont menacé de la bombarder… Leur présence menaçante est depuis ostentatoire et permanente.

ETC.


 

Honduras : Stop aux attaques contre les communautés indigènes !
Honduras : Stop aux attaques contre les communautés indigènes !

Cette fois, le 16 juillet 2019 les criminels s’en sont pris aux récoltes détruisant 15 champs de maïs, cultivés collectivement par 25 familles, les privant de leur principale source de nourriture.

Le COPINH met en cause l’état du Honduras responsable de ces actions violentes par son manque de clarté juridique quant à la propriété des terres et pour l’impunité des agressions commises contre la communauté. Elle responsabilise également l’Institut National Agraire INA, le Ministère Public, la direction Nationale des Peuples Indigènes et AfroHonduriens DIFRANOH. Pour la sécurité et l’intégrité physique des compagnons et compagnonnes de la communauté, le COPINH lance l’appel à la solidarité nationale et internationale.

A la communauté nationale, la demande de solidarité la plus urgente est celle de nourriture et d’argent (lempiras) - pour pouvoir en acheter, à verser sur le compte de la Banco de Occidente 21 301 029 1959

Elle lance un appel urgent à la solidarité internationale pour dénoncer cette nouvelle attaque. Et faire pression sur le gouvernement pour lui rappeler que face aux graves menaces, agressions et assassinats ciblés dont sont victimes les défenseurs du milieu ambiant au Honduras , il a déjà été à diverses reprises rappelé à l’ordre par la Commission Inter-américaine des Droits de l’Homme qui met en cause son manque de volonté, son incapacité à prendre des mesures de protection efficaces.

Rosalina Dominguez dénonce la destruction de la récolte

Rosalina Dominguez dénonce la destruction des champs de maïs de sa communauté. Elle nous montre la récolte qui a été systématiquement détruite. La communauté recevait des menaces depuis le 18 avril. La famille Madrid les harcelait, les menaçant de détruire leur récolte s’ils ne partaient pas. Ce n’était pas une menace en l’air. Ils ont également proféré des menaces de mort contre plusieurs membres de la communauté dont Rosalina. « Mais la communauté va se battre pour que ses coquins ne restent pas dans l’impunité», dit-elle. Pour eux la destruction de cette récolte est un désastre. Mais la communauté ne va pas se laisser faire, elle continuera à planter du maïs sur leurs terres, comme ses membres continueront à protéger le Rio Blanco, peu importe les harcèlements, les attaques. Elle appelle le soutien de la communauté internationale pour faire pression sur le président Juan Orlando Hernandez afin qu’il fasse appliquer les lois et que leur accorde la protection de la police. Les membres de la communauté peuvent à tout moment être assassinés, mais jamais on ne voit une seule patrouille pour venir défendre la vie de ses compagnons.

« C’est pourquoi nous sommes indigné(e)s et que cette lutte nous allons la gagner, avec la compagnonne Berta Cáceres. Ils l’ont assassinée, mais elle est présente en esprit, gardienne de notre Rio et de notre terre, pour lesquels nous luttons depuis bien longtemps. Cela fait des milliers d’années que nous devons lutter, aussi cette lutte nous allons la gagner ! »


 

Sources : Desinformemonos, Rebelión, COPINH, Centre pour la Justice et le Droit International

Traduction et relais d’infos : Anne Wolff


 

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14 juillet 2019 7 14 /07 /juillet /2019 20:36

 

 

De la guerre qui est à la guerre qui vient

par avispa.org

Rétrospective des dépossessions,  de la militarisation et de la contre-insurrection dans le sud-est du Mexique et en Amérique Centrale

I.

Le 16 août 2014, le Congrès National Indigène publia la seconde déclaration sur l’expropriation de nos peuples, dans laquelle était exposée de en guise de métaphore, 24 rétrospectives de l’expropriation territoriale et de la guerre contre les peuples à l’échelle nationale ; structurées par une relation intrinsèque entre les violences politiques de l’état - autrement dit, la militarisation, les réformes, la création de lois etc. -, les violences destructrices, anonymes du capitalisme ; depuis les agissements des grandes corporations – minières, pétrolières, etc. - jusqu’au crime organisé dans sa grande diversité de cartels. A 5 ans de cette déclaration, la guerre non seulement s’est intensifiée, la continuité de la militarisation et des expropriations se sont poursuivies, sous prétexte de lutte contre le crime organisé. [et plus récemment de « protection de l’environnement ». NdT]

Le déploiement de la garde nationale, qui était prévu pour le 30 juin de cette année, a été avancé au mardi 18 juin (1) en raison des accords conclus entre le secrétaire des Relations Extérieures des États-Unis du Mexique, Marcelo Ebrard, et Mike Pence, vice-président du gouvernement des USA. La menace d’une guerre douanière contre le Mexique impulsée par le président Trump a fait trembler l’état, ses institutions et un secteur libéral de la région. Contenir le flux migratoire en 45 jours fut la condition posée par le gouvernement US pour freiner ce qui aurait pu générer une « crise économique à cause de l’augmentation des barrières douanières prévues »

Quelques semaines auparavant, la Commission Économique pour l’Amérique Latine et Caraïbe (CEPAL) avait présenté, lors d’une conférence de presse matinale du président Andrés Manuel López Obrador, une proposition appelée « Plan de développement intégral : Salvador, Guatemala, Honduras et Mexique » comme une réponse pour combattre le phénomène migratoire en Amérique Centrale. Dans ce plan sont proposés l’établissement d’une interconnexion électrique entre les pays de la région qui impliquerait la construction d’un gazoduc de 600 km pour « l’intégration entre le Sud du Mexique et l’Amérique Centrale par le transport des excès de gaz naturel et permettant de faire baisser les coûts», en plus d’un terminal et d’une centrale énergétique dans le port de Cortés au Honduras, de l’amélioration des infrastructures des 950 km de la frontière entre le Guatemala et le Mexique, de la construction d’une voie ferroviaire de 710 km depuis la ville de Hidalgo dans les Chiapas, jusqu’à port de Libertad au Salvador (2) qui pourrait connecter en même temps le Guatemala, le Honduras, le Salvador et le Mexique. S’ajoutent à cela, des projets d’investissement dans des presses hydroélectriques, des projets de parcs éoliens et de panneaux solaires, des projets miniers en continuation du projet Mesoarica financé par différentes Corporations -comme les pétrolières EXXON, SHELL, etc - et également par la Banque Mondiale (3). Le tout impulsé et justifié de cette manière [lutte contre les migrations forcées par le développement économique] par la CEPAL

Le 14 juin a été publié dans le journal officiel de la fédération le décret qui créé un organisme « public, décentralisé, doté de personnalité juridique et d’un patrimoine propre, non sectorisé et dénommé Corridor Interocéanique de l’Isthme de Tehuantepec » (4), organe qui assumera la direction de la construction des divers projets du plan de Développement Intégral pour sa partie concernant l’isthme. Une semaine auparavant, les habitants de différentes communautés de l’état d’Oaxaca et de différentes organisations sociales s’étaient réunis dans le cadre d’une rencontre sur le thème « l’Isthme est à nous », pour refuser la proposition de canal interocéanique du gouvernement fédéral.

A partir des négociations du 5 juin à la Maison Blanche, ces initiatives, tant celle de la CEPAL que le Couloir Interocéanique, se sont accélérés pour protéger aussi bien les intérêts du voisin du Nord, que ceux des Corporations elles-même. Ce complexe de méga-projets implique la matérialisation d’une trame économique impliquant des variables politiques clairement néo-libérales, inscrivant comme unique solution celle de « résoudre » la crise dans le cadre même qui l’a causée. Crise qui se présente actuellement comme migratoire, énergétique, politique et économique.

En réponse à l’exode migratoire, se poursuit en ce moment le déploiement de la Garde Nationale - commencé le 18 juin - qui implique la mobilisation de 6000 effectifs, ainsi que de 825 agents de l’Institut National de Migration (5) en différents points stratégiques de passage des migrants dans la zone sud-est.

Face à cette situation, le vendredi 14 juin, le commissaire de l’Institut National de la Migration et spécialiste des questions migratoires, Tonatiuh Guillén a démissionné en formulant de fortes critiques contre les politiques anti-migrants du gouvernement étasunien. Après cette désertion, Francisco Garduño a assumé cette responsabilité, il avait été auparavent Commissaire de l’Organe Administratif Décentralisé de Prévention et Réadaptation Sociale au Niveau Fédéral, autrement dit, il s’agit d’un spécialiste des prisons. (6) Simultanément Kevin McAleenan, ancien commissaire des douanes, a été nommé chef du département de Sécurité des USA, et la possibilité que Thomas Homan, ex directeur de l’agence migratoire connue comme ICE, le remplace dans les prochains jours a été évoquée ; un homme connu comme le nouveau « Tsar des Frontières », et qui, en plus de soutenir la séparation des familles des migrants dans le processus de détention, promet de multiplier par 4 ou 5 les contrôles et déportations de migrants, et de renforcer (7) les nouveaux camps de concentration déjà installés à la frontière de ce pays. Cela fut la réponse de Trump au flux migratoire, la militarisation non seulement de la frontière Nord [du Mexique], mais également le repositionnement du Commandement Sud au Guatemala et la capacitation par ce commandement de militaires honduriens pour différentes tâches qui comprennent « les salles de nettoyage, la qualification en maniement des armes, contrôle de véhicules et points de contrôles tactiques  (8)» avec pour objectif de combattre l’exode et les autres menaces internes. Les pratiques de militarisation et de détention de migrants sont arrivées à un point qui ressemble fort aux camps de concentration Allemands du siècle dernier, comme l’affirme David Brooks, « nous sommes entrés dans un système de camps de concentration,dont la définition est : la détention massive de civils sans jugement ». C’est clair, « la semaine passée a été révélé que le gouvernement de Trump utilisera une base militaire en Oklahoma qui était un camp de concentration des japonais-étasuniens internés pendant la Seconde Guerre Mondiale, y seront détenus quelques 1400 enfants migrants non accompagnés » (9)

L’exode migratoire ne peut se comprendre sans la formule expropriation-militarisation, qui en termes géopolitiques se traduit en zones de sacrifice (territoires stratégiques riches en ressources naturelles, culturelles) et zones d’accumulation, points géographiques qui se « développent » au détriment d’autres lieux géographiques et qui reposent sur une logique commune : la violence du capital, soutenue par les différentes formes d’états (depuis les progressistes comme le Nicaragua jusqu’au néo-libéraux) et l’introduction, principalement par les USA, de différentes stratégies contre-insurrectionnelles.

C’est précisément dans ce contexte que se produit la militarisation du Mexique par la Garde Nationale. Le contrôle territorial du Sud n’est qu’un des efforts pour mener un processus de réorganisation territoriale en faveur du capital et de ses grandes corporations, le Train Maya et le Plan de Développement Intégral de l’Isthme de Tehuantepec et de l’Amérique Centrale, qui s’insèrent dans la dite « économie verte ou capitalisme soutenable » (10) comme « nouveaux espaces globaux, dans lesquels l’ordre et la gestion du territoire cessent d’être propriété de l’état pour passer à disposition du capital étranger » (11), un processus d’industrialisation qui implique la construction de grandes zones de maquileras – stratégiques à échelle globale - et de projets de « développement ». On retrouve le rôle qu’ont joué les Zones Économiques Spéciales, mais doté d’un nom plus attractif.

JOH, président du Honduras en  compagnie de ses souteneurs gringoss

JOH, président du Honduras en compagnie de ses souteneurs gringoss

II.

La décennie 80-90 à été marquée par une grande violence entre groupes guérilleros et les armées des états placées sous égide et conseillées par les différentes institutions et départements de sécurité du gouvernement gringo. Tant le Pentagone, que le département de la Défense et la CIA ont joué un rôle spécifique pour contrecarrer les groupes insurgés, en installant des bases militaires sur tout le territoire de l’Amérique Centrale. Cette stratégie en langage militaire s'appelle « domination du spectre complet » et implique le contrôle et la vigilance de l’ensemble de la planète par 5 commandements spéciaux ; comme nous le savons déjà du Guatemala à la Patagonie officie le Commandement Sud [le Mexique est sous contrôle du commandement Nord et du Homeland Security]. L ‘Amérique Centrale a été un laboratoire de contre-insurrection impulsé depuis les différents départements de sécurité étasuniens, qui ont réussi à imposer, dans cette petite région, l’implémentation de pas moins de 28 bases et centres d’opération militaires. La stratégie de « Domination du Spectre Complet » n’a pas seulement servi pour combattre les subversions, elle a servi aussi pour surveiller et contrôler les ressources naturelles. Renan Vega Canto et Felipe Vega ont réussi à retracer les lieux d’établissement de ces bases militaires et centres d’opérations gringos en Amérique Latine dans leur enquêtes “Geopolítica del despojo; Biopiratería, genocidio y militarización” y “Los economistas neoliberales, nuevos criminales de Guerra” (12) La distribution des centres d’opérations et bases militaires est la suivante :

Rétrospective des dépossessions,  de la militarisation et de la contre-insurrection dans le sud-est du Mexique et en Amérique Centrale

Mexique :

1) Bases de Chicomuselo et Juquilipas, Chiapas, 600 effectifs. Elle a été fondée en tant que partie de l’Initiative Mérida, et la militarisation du Sud du Mexique, comprend les 14 000 militaires déployés dans les Chiapas.

2) Académie de l’État de formation et développement policiers des Encinas, San Salvador de Chachapa à l’est de Puebla. Le FBI et autres agences gringas y ont une participation directe.

Guatemala :

3) Fond de maintenance contre le narco-terrorisme, à San José de Guatemala créé par le commandement Sud.

4) Centre d’opération contre le narco-terrorisme de Champerico, créé par le commandement Sud. Caserne-centre d’opérations et embarcadère qui ont demandé un investissement de 1,75 millions de dollars.

5) Centre d’opération contre le narco-terrorisme de Tecun Uman, créé par le Commandement Sud avec un investissement de 1 million de dollars.

6) Centre d’entraînement de Forces Spéciales Kaibiles à Potpun. Commandement Sud et Opérations Spéciales Sud avec un investissement de 1,15 million de dollars, fonctionne comme centre d’opérations et base aérienne.


 

Honduras :

7) Centre anti-narco. Commandement Sud. Contrat attribué en juin 2010 pour 1,2 million de dollars.

8) Puerto Castrilla. Commandement Sud. Investissement 350 000 dollars.

9) Base aérienne et militaire Sotocano et Palmerola. Elle fut construire à l’origine pour contrecarrer la révolution sandiniste du Nicaragua et de mouvement guérillero du Salvador.

10) Forces d’action conjointe BRAVO-Sotocano.

Salvador :

11) Forces d’Action Conjointe el Aguila, base aérienne de Comalapa.

12) Position d’opérations avancées Miraflores, Commandement Sud d’Opération Spéciales


 

Belize :

13) Centre anti-narco-terrorisme. Callao Hunting et Callaos Sapodilla. Casernement, centre d’opérations et embarcadère créés par le Commandement Sud avec un investissement de 1,750 million de dollars.

14) Centre d’opérations contre le narco-terrorisme. San Pedro. Casernement, centre d’opérations, embarcadère, entrepôt de combustible et dispensaire, financé par le Commandement Sud, un investissement de 1,5 millions de dollars

Nicaragua :

15) Le Bluff Bluefields. Construction d’un casernement contre le narco-terrorisme par le Commandement Sud, qui apporta 1 million de dollars.

16) Centre contre le narco-terrorisme. Île de Cuerno. Commandement Sud avec un investissement de 500 000 dollars.

17) Corinto. Caserne et embarcadère. Commandement Sud. Investissement 3,9 millions de dollars.

Costa Rica.

18) Base Anti-narcos. Liberia. Construction par le Commandement Sud en 2009. Construction d’un radar et un hangar par les USA.

19)Base navale Punteras. Calderas, Costa Rica. Création d’une école de gardes côtes. Le Commandement Sud a apporté en 2009 1,5 million de dollars pour la construction de l’embarcadère et des installations.

Panama :

20) Centre contre le terrorisme. Isla Grande, Panama. Casernement, centre d’opération, embarcadère et système de réapprovisionnement créé par le commandement Sud pour 3,5 millions de dollars.

21) Centre contre le narco-terrorisme. El Porvenir, Panama. Centre d’opérations, embarcadère et système de réapprovisionnement créée par le Commandement Sud. Millions de dollars.

22) Centre contre le narco-terrorisme. Puerto Pina. Casernement, centre d’opérations et embarcadère créés par le Commandement Sud avec un investissement de 4 millions de dollars.

23) Centre contre le narco terrorisme. Puerto Obaldia. Investissement du Commandement Sud de 3,5 millions de dollars. (13)


 

La militarisation et le contrôle de l’Amérique Centrale ont permis que dans cette région soient mis en pratique un large éventail de tactiques et stratégies de contre-insurrection qui furent, dans tous leurs aspects, des générateurs de violence ont eut des répercutions et montrent à présent leurs effets dans le phénomène migratoire.

D’autre part, sur le territoire dominé par l’état Mexicain, la distribution des forces armées se fait à travers 46 zones militaires distribuées sur toute la surface du pays. (14) Dans l’état de Puebla aux Chiapas, nous rencontrons 10 zones à charge de l’institution militaire. Auquel s’ajoute les 266 centres d’opérations de la Garde Nationale, seulement pour Oaxaca, Veracruz, Chiapas, Tabasco ont été établi plus de 50 de ces centres opératifs, lesquels furent les premiers à fonctionner - dès le 18 juin 2019 – pour cause de crise migratoire.

La crise qui se produit à présent est venue accompagnée de stratégies de développement intégral comme réponse à ces dites problématiques, non sans, comme dans le cas mexicain, auparavant militariser la zone du problème en installant un mur de contention contre les exproprié(e)s. En fait, ces propositions de « développement intégral » ont pour unique effet d’intensifier la violence propre au capitalisme, montrant un visage plus aimable. N’oublions pas que ce fut la CEPAL – qui par ses analyses opérées depuis le point de vue de l’économie politique ou « capitalisme à visage humain » - qui a proposé et apporté le label « scientifiques » pour le développement de l’Amérique Centrale via le projet Mésoamérica. Nous ne pouvons oublier que « développer intégralement une zone » est une figure de l’économie politique, qui signifie simplement la reproduction de l’actuel mode de production qui a pour fondement le pillage permanent grâce à l’utilisation de la violence.

Chiapas

Chiapas

III.

Et, comme il fallait s’y attendre, après un peu plus d’une semaine de déploiement de la Garde Nationale, les effets de la répression ont commencé à se faire sentir. Le Réseau de la Zone Nord de Casas [auberges pour migrants] et le Centre des Droits Humain des Migrants dénoncent le harcèlement et la violence avec lesquels ont agit les éléments de la Garde Nationale envers les migrants et les défenseurs des droits humains, au cours des derniers jours (15), non seulement dans la zone nord du pays, mais par dessus tout dans la partie sud, où l’Institut National des Migrations en collaboration avec la Garde Nationale ont agit en réseau contre les migrants (16). Et, comme prévu, la zone Sud-Est du pays est devenue un mur de contention militaire contre les personnes sur le chemin de la migration.

Au cours des derniers mois, plusieurs organisations sociales et communautaires ont dénoncé le Gouvernement Fédéral et l’Institut National des Peuples Indigènes qui ont mené des « Consultations  truquées»(17) avec la claire intention de poursuivre les projets de dépouillement.

D’autre part, le Congrès National Indigène a enregistré 117 assassinats depuis sa création en 1996, et 11 disparitions. En seulement 5 mois de l’actuel gouvernement ont été enregistrés 10 assassinats de membres du CNI (18). Il y a une guerre déclarée contre le zapatisme, qui implique non seulement le renforcement de la militarisation en territoire de l’EZLN,mais également l’agression permanente jusqu’à l’assassinat de qui s’opposent à la prise en main par l’état de leur manière d’organiser leur vie.

Cela illustre la réalité de la guerre dans laquelle nous sommes déjà plongés et la réalité de la guerre qui vient. Le 26 juin ont été découverts morts, alors qu’ils tentaient de franchir la frontière Oscar Martinez de 25 ans et sa fille Valeria de 23 mois sur les berges du Rio Bravo, dans le Nord du Pays. L’Organisation Internationale des Migrations a publié une étude nommée «Fatal Journeys Missing Migrant Children » (19)  dans laquelle elle signale que les morts de migrants sont dues à 3 causes principales 1) accidents sur le train appelé la Bestia, 2)-les causes inconnues comme les disparitions , 3)- la violence ; et elle affirme qu’en 5 ans, depuis 2014 à nos jours ont été enregistrées 1907 morts de migrants [chiffre largement sous-estimé, il y a des dizaines de corps sans organes trouvés dans des charniers anonymes, des centaines de corps non-identifiés dans les morgues, et tout ceux qu’on ne trouvera jamais. Il y a des milliers de familles qui cherchent leurs disparus et attendent parfois indéfiniment des résultats d’analyse ADN dont les résultats viennent au compte-goutte.NdT], mais ils oublient d’expliquer les causes ponctuelles qui ont été à l’origine de la violence ainsi que la dépossession de ceux qui migrent, et le rôle joué par les Forces Armées dans ces processus.

L’image des assassinats de Berta Cáceres au Honduras, des peuples Xincas et Mayas au Guatemala, des étudiants et habitants réprimés et assassinés au Nicaragua, de la crise politique au Panama, des expropriations territoriales au Costa Rica, nous montre que c’est précisément cette violence de la classe criminelle transnationale, des corporations et leurs acteurs légaux et illégaux, leurs liens avec les institutions de l’état ainsi que la militarisation et la para-militarisation, c’est cela les facteurs qui ont obligé les personnes a abandonner leur territoire et/ou résister jusqu’à être assassinés.

L’Amérique Centrale et le Sud-Est mexicain se présentent à nous comme une mosaïque d’images, chaque mosaïque affrontant sa version singulière de la crise et cherchant à en sortir. La guerre qui est en cours, et celle qui vient sont celles des « anonymes », des propriétaires de rien, des délogé(e)s et des exclu(e)s, des déplacé(e)s par la violence d’états, des assassiné(e)s par les balles du capital, des emprisonné(e)s par les grandes corporations, des disparu(e)s par le crime organisé international ; la guerre qui vient sera celle des « anonymes», de ceux qui, comme le dit Galeano, valent moins que la balle qui les abat.

 

Source Criterio

 

Traduction Anne Wolff

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11 juillet 2019 4 11 /07 /juillet /2019 16:44
Les assassins en marche

Les assassins en marche

L’assassinat du leader paysan Aluisio Sampaio par des hommes en armes (mercenaires) dans sa maison, à Castelo dos Sonhos, dans l’Etat du Para, le mardi 11 octobre 2018, pourrait être l’annonce d’une explosion de violence dans les zones agricoles.

Membre du syndicat des travailleurs et des travailleuses de l’agriculture familiale, il était le meneur d’un combat contre des accapareurs illégaux de terre « grileiros », terme brésilien désignant des personnes ou des entités qui fabriquent de faux documents pour prendre illégalement possession de terres, notamment des terres protégées pour des raisons environnementales. Il semble que beaucoup des soutiens de Bolsonaro ne votent pas pour un candidat mais pour un mercenaire. Le candidat extrémiste qui défend le port du fusil pour les fermiers renforcerait en effet leurs milices rurales pour tuer les activistes et promouvrait ainsi un carnage dans les zones agricoles brésiliennes.

Exterminer les indigènes, exécuter les paysans, tuer les leaders des populations quilombolas –descendants d’esclaves fugitifs –, les peuples vivants dans les zones de réserves extractivistes (zones protégées au Brésil, appartenant au domaine public mais sur lesquelles les peuples traditionnels peuvent exercer des pratiques extractives anciennes comme pêcher, chasser ou cueillir des plantes) et les communautés traditionnelles.

Par le biais de ses discours et de son programme de gouvernement, beaucoup d’innocents pourraient venir grossir les sombres statistiques du pays le plus violent du monde, notamment les défenseurs de l’environnement et les défenseurs des droits de l’homme, d’après les données du Global Witness.

Et le plasticage (« pistolagem », terme brésilien pour décrire les actions meurtrières des « pistoleiros », experts du tir au revolver) se déchaine dans les zones agricoles, investissant dans les armes pour de nouvelles œuvres de mort. Peu après le premier tour, Bolsonaro a déclaré qu’il en terminerait avec l’activisme dans les zones agricoles, incitant à l’assassinat de militants du MST, de syndicalistes et d’indigènes.

Les promesses faites verbalement ou bien que l’on peut lire dans son programme de gouvernement sont terrifiantes. Elles pourraient signifier un holocauste écologique et humanitaire. L’écocide et le génocide seront des mises en pratique de la politique de la mort et la matérialisation de la nécropolitique de Bolsonaro.

Dans son programme de gouvernement, « la propriété privée » n’a pas une fonction sociale comme c’est le cas actuellement dans la constitution. C’est à peine un euphémisme pour légitimer le vol, la dépossession, la spoliation et l’accaparement illégal des terres (grilagem). De même, le mot « liberté », n’est pas lié à une garantie de droits, mais à une violation des droits : avec l’autorisation d’exercer la violence contre les autres, la liberté devient permission de tuer. Ces deux piliers du programme de Bolsonaro signifient la construction d’un ordre de violentes injustices, de retours en arrière et de sang. Il sera mis en pratique autant par des milices et des groupes de haine que par des moyens provisoires, des tractations avec le congrès, ou des normes d’exception comme la « garantie de la loi et de l’ordre ».

Pour les zones agricoles, cela représente la fin des réformes agraires et des démarcations (des terres indigènes notamment), la légalisation de l’accaparement des terres (grilagem) sur les territoires indigènes, quilombolas et paysans. Le ministère de l’Environnement sera purement et simplement supprimé et transformé en un secrétariat du ministère de l’Agriculture, dont il promet de donner la direction au président du l’Union Démocratique Rurale (UDR), d’après le journal l’Estadao, (et non de favoriser seulement une fusion comme l’écrit le journal pauliste). Donner aux tortionnaires de l’écologie le pouvoir de promouvoir l’écocide.

Avec cette mesure, l’institut Chico Mendes pour la conservation et la biodiversité (ICMBio) pourrait être sous le commandement du chef de l’organisation justement responsable de l’assassinat de Chico Mendes : l’UDR. Il y a un long historique de l’implication des membres de l’UDR dans l’assassinat des leaders ruraux. Marcos Prochet, ex-président de l’entité, fut condamné pour l’assassinat du sans-terre Sebastiao Camargo, au Parana, en 1998. En 2016, il a été condamné à 15 ans de prison. Ibama et ICMBio sous un commandement ruraliste représenteraient un banquet pour les nantis.

Contacté pour devenir ministre des transports, le chef de la construction de l’infrastructure dans le pays, le général Oswaldo Ferreira s’enorgueillit de dire que de son temps, sous la dictature, « il n’y avait pas Ibama ou MP pour casser les pieds ». Et le général de s’enorgueillir : « J’ai rasé tous les arbres qui étaient devant moi sans que personne ne vienne m’embêter ».

Sans ministère de l’Environnement, sans Ibama et sans ICMBio, avec des milices armées et libres de raser les arbres qui se trouvent sur leur chemin, cela signifie une isolation du pays du cadre international. Or la pression internationale a été responsable des compromis pour contrôler la déforestation qui impacte le climat du monde entier.

Bolsonaro promet de sortir de l’accord de Paris, il promet la fin du compromis de contrôle de la déforestation mais aussi de sortir de la convention 169 de l’Organisation internationale du travail (OIT) et de sortir de la déclaration des Nations-unies sur les droits des peuples indigènes.

Si après la Seconde Guerre mondiale et la barbarie du nazisme, l’ONU a approuvé la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, c’est seulement en 1989 que l’OIT a approuvé la convention 169. Promue au Brésil le 19 avril 2004, elle a une force constitutionnelle. C’est elle qui est responsable de la reconnaissance de l’existence des peuples indigènes dans le monde et qui donne la responsabilité aux gouvernements de défendre leurs droits. La convention 169 a donné naissance à la déclaration des droits des peuples indigènes, dont le Brésil a été l’un des principaux acteurs.

Bolsonaro promet de sortir de la convention 169 afin de mettre en œuvre sa politique de déforestation de l’Amazonie et d’appliquer sa fameuse phrase qui affirme que « les indiens n’auront plus un centimètre de terre pour les terres indigènes ». Il s’agit également d’en finir avec les procédures de titrage des terres des quilombolas qui « ne servent même pas à procréer » et d’arriver à « un octroi de licences environnementales dans les trois mois » c’est-à-dire l’approbation automatique sans aucun critère de projets qui détruisent l’environnement et affectent les communautés indigènes, quilombolas et traditionnelles. « Les minorités doivent se plier aux majorités. Elles s’adaptent ou elles disparaissent » dit Bolsonaro.

Dans un discours au congrès national, il a attaqué la déclaration des Nations-unies sur les droits des peuples indigènes. Il a répété être contre la démarcation de la terre indigène Raposa Serra do Sol à Roraima. Les terres indigènes Raposa Serra do Sol, Vale do Javari et Yanomami sont dans son viseur. Il accuse les indigènes de vouloir se séparer du pays et considère les démarcations de leurs terres comme un « crime de lèse-patrie ».

L’élection de la députée fédérale Joenia Wapichana (REDE), avocate indigène qui a gagné de la notoriété en défendant la démarcation de Raposa Serra do Sol au STF est un élan pour la résistance et pour le mouvement indigène.

Le scénario actuel prévoit une explosion de conflits. Sonia Guajajara, leader politique indigène de grande envergure aujourd’hui au Brésil dit que Bolsonaro souhaite « légaliser le génocide des peuples indigènes au Brésil et ouvrir un précédent pour un retour en arrière en Amérique du Sud ».

La violence sociologique que le candidat prétend utiliser est tellement forte que les producteurs ruraux les plus sensés sont préoccupés de l’impact que cela aura sur le commerce. Il n’y aura pas de marchés pour manger le sang de ces zones agricoles. Ni ici, ni à l’extérieur. Les négociants agricoles, écrit la Folha de Sao Paulo, « ont peur du radicalisme ». Le mal qui sera causé pour en finir avec la préservation de la forêt amazonienne, du Cerrado et d’autres biomasses brésiliennes sera irréversible d’après Luiz Marques, historien du Unicamp. « Si cela se passe, si nous continuons à perdre la couverture végétale naturelle de ces biomasses, une politique économique qui viserait à améliorer les standards de vie de la société brésilienne ne sera plus possible, peu importe laquelle, », écrit-il dans un échange de courriels. Les vies perdues seront également irréversibles.


Traduction d’Oriane Petteni. Les explications entre parenthèse sont de la traductrice.

 

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