4 décembre 2019 3 04 /12 /décembre /2019 01:07
Echos de Bolivie : "Ils sous tirent dessus comme sur des animaux"

Echos de Bolivie : "Ils sous tirent dessus comme sur des animaux"

par Ollantay Itzamná , avocat et anthropologue quechua

Source en français alterinfo mis en ligne par Françoise Couëdel

 

Le déterminisme biologique néolibéral, après une décennie de pause protocolaire, renaît de façon triomphante en Bolivie (tel l’Oiseau Phénix), révélant les vilénies les plus misérables qui habitent la « bolivianité » de la classe moyenne et les « modèles » politiques et culturels auxquels elle obéit.

Le rejet des résultats électoraux récents orchestrés/ pollués par des « damoiseaux et damoiselles » de la classe urbaine, loin de manifester des velléités d’attitudes démocratiques, pour la « défense de la démocratie », révèle la manifestation publique du racisme suintant qu’ils diffusent dans leurs selfies. Assoiffés d’images de corps ensanglantés ou morts, pour « accuser l’indien qui gouverne », ils témoignent ainsi de l’hypocrisie raciste dont « par nature l’indien est coupable ».

Le rejet raciste de rue, dans le style mal imité des guarimbas vénézuéliennes, ne plaide pas en défense de la démocratie, ni de la seule défense de leurs privilèges culturels « supposés en déclin dans les 13 dernières années ». C’est avant tout la revendication publique de l’identité collective que partage une classe. Constater cette réalité est douloureux mais c’est ce que l’on voit et observe.

Elles/ils haïssent, rejettent le sang indien qui coule dans leurs veines et fantasment, s’imaginent en blanc « mythique » qu’ils ne parviendront jamais à être. Dans cette contradiction existentielle ils perdent leur humanité détériorée. C’est la schizophrénie congénitale culturelle/identitaire de la bolivianité républicaine.

Ces 13 années de démocratie libérale institutionnalisée n’ont pas été suffisantes pour soigner/guérir/ la schizophrénie culturelle/identitaire qui habite la bolivianité républicaine/ coloniale. Morales et son gouvernement, s’est égaré dans la « modernité matérialiste », et a négligé ou fait trop peu pour aider à guérir ce mal congénital qui habite la bolivianité « traditionnelle ».

Plus encore, cette bolivianité traditionnelle maladive, incarnée par Carlos Mesa et les « civiques », est l’archétype souhaité par la jeunesse et les nouveaux citoyens de la classe moyenne. Álvaro García Linera et les scribouillards du gouvernement, avec leurs académismes dépassés, éloignés de l’idée du Bien vivre, ont encouragé et encouragent cette fausse illusion. L’académie hégémonique occidentale est ontologiquement raciste et epistémicide.

Il est douloureux de l’affirmer, la Bolivie actuelle, malgré son « économie modèle », son réseau de routes, et de transport moderne, de sa « souveraineté satellitaire » …semble encore figée dans le dilemme du XVIe siècle : « Les aborigènes andins sont-ils ou ne sont-ils pas des humains ? ».

Mais cette interrogation est actuellement teintée de rancœur et de haine, car le sang aborigène circule même dans les veines de Carlos Mesa, de Albarracín, de Camacho…cela explique que la négation et la détestation de ce qui les trahit, qu’ils tentent de cacher (en portant barbe, et cravate et des noms métissés) deviennent viscérales.

C’est cette contradiction existentielle de classe qui anime et épuise les « racistocrates » boliviens, malgré la défense historique portée par Las Casas en faveur des aborigènes.

Même aux débuts de la République le débat ne portait plus sur la condition anthropologique de l’indien mais sur sa condition de citoyen. À cette époque les créoles libéraux soutenaient que les « aborigènes grâce à l’éducation, pourraient accéder à la citoyenneté bolivienne », tandis que les créoles conservateurs prétendaient que « les aborigènes, par nature, ne pourraient pas devenir des citoyens boliviens ». Finalement, depuis les premières décennies, en théorie, c’est l’argumentation des créoles libéraux qui s’est imposée.

Mais, en dépit de cette reconnaissance des libéraux (légalisée par le vote universel de 1952) [1] « les Boliviens traditionnalistes » refusent de reconnaître le vote des Indiens, et en conséquence de reconnaître l’Indien comme sujet politique. Et plus triste encore, ils avancent l’argument que c’est pour « la défense de la démocratie ».

Ces constatations, et bien d’autres encore, révèlent que pour cette triste classe moyenne bolivienne, il n’y a démocratie que quand les riches/blancs triomphent, y compris grâce aux votes des Indiens, mais que quand ce sont les Indiens qui gagnent (faisant de la majorité démographique une majorité politique) il y a eu fraude.

Face à cette conviction identitaire de classe il n’y a pas de principe, ni de règle, ni d’audit électoral qui vaillent. Et comme à l’atroce époque coloniale on agresse, on roue de coup (dans les rues, en place publique, face aux caméras) tout mortel qui s’oppose à leur « racistocratie ». Dans le seul but de faire prévaloir le supposé déterminisme biologique néolibéral.


Blog de l’auteur : https://ollantayitzamna.com/.

Traduction française : Françoise Couëdel.

Source (espagnol) : https://ollantayitzamna.com/2019/11/02/bolivia-no-es-la-democracia-es-la-racistocracia/.

 

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2 décembre 2019 1 02 /12 /décembre /2019 14:58

Message de Murillo, pseudo-ministre de l’intérieur de Bolivie à une délégation de Défenseurs de Droits Humains venue de la voisine argentine enquêter dans le pays: « Étrangers qui venez dans ce pays, a essayer d’incendier le pays, avancez avec précaution, nous vous observons, nous vous suivons,, nous voyons ce que vous faites. Au premier pas de travers que vous ferez pour faire du terrorisme ou de la sédition ; vous aurez affaire à la police. Les policiers sont attentifs et ont reçu des ordres pour ne pas permettre qu’on nuise à notre pays ».

Les Défenseurs de Droits Humains Argentins sont menacés par le gouvernement at agressés par la "Société Civile"

Il y a deux semaines, la ministre factice des communications, avait tenu un discours similaire aux journalistes étrangers qui se trouvaient encore dans le pays. Et les journalistes ont quitté le pays, non parce qu’ils redoutaient d’être accusés de sédition, mais parce qu’ils craignaient pour leur vie. Cette fois, le ministre s’adresse à une délégation argentine de droits humains qui après avoir été persécutée par les policiers à leur arrivée, avec des interrogatoires approfondis (on leur exige de donner les noms et autres données de ceux dont ils vont recueillir le témoignage) et des fouilles au corps, se sont vu insultés et menacés par un groupe de la « société civile ». La délégation argentine n’a pu faire qu’une partie de l’enquête qu’elle avait prévu de mener, ses membres aussi se sont sentis en danger. Ils ont néanmoins pu récolter de nombreux témoignages et preuves de crime de lèse humanité commis par l’extrême-droite qui s’est emparée du pouvoir.

Le régime fait tout pour pouvoir agir loin des regards. Il a essayer de faire gober au public international, sa version qui raconte que les morts, ce sont les indigènes qui se sont entre-tués et que les militaires, la police n’ont pas tirer un seul coup de feu sur les manifestants. Une bonne raison pour contribuer faire connaître les crimes qu’il pensait pouvoir commettre en toute impunité, et qui sont d’ores et déjà qualifiés par les organisations de défense des droits humains de crime de lèse humanité, des crimes pour lesquels il n’y a pas de prescription. Le plus horrible, c’est que certaines des victimes, le sont simplement, parce qu’elles sont indigènes et que le décret 4708 promulgué par la « présidente » qui exempte de responsabilité pénale, les forces de l’ordre pendant les actes de répression, sont pour certains policiers et militaires fascistes, racistes, que cela démangeaient depuis longtemps, un droit de tuer, de blesser, de torturer des « indios » à volonté. Ce décret a été abrogé jeudi dernier mais cela c’est le chapitre suivant.

Les témoignages des derniers journalistes restés sur le terrain, sont concordants, et font échos les uns aux autres. Chacun a vu des morts, des blessés à qui les soins étaient refusés par mauvaise volonté ou par manque de moyens, et d’autres qui n’osaient aller se faire soigner de peur de se faire arrêter. Un de ces journalistes qui a fait un travail d’une grande humanité, Esteban Trebucq a réuni les témoignages recueillis sur place dans une vidéo bouleversante que vous pouvez voir en espagnol. Parmi les récits a posteriori des journalistes que j’ai écouté, j’ai retenu celui-ci particulièrement illustratif des horreurs commises par ce régime putschiste. C’est celui du journaliste Fernando Ortega Zabala, plus connu comme OZ, que je vous résume ici. Il est interviewé un journalistes de America TV. Âmes sensibles s’abstenir.

Le témoignage de Fernando OZ

Fernando OZ raconte qu’il s’est retrouvé entouré de morts, qui étaient tombés juste à côté de lui. Qu’il a vu mourir des gens sous ses yeux. Quatre personnes sont mortes devant lui. Les forces de l’ordre tiraient sur tout ce qui bougeait. « A un moment, j’ai voulu traverser une rue, j’ai crié je vais traverser, j’ai montré ma carte de presse,, je montrais ma carte, et ils ont tiré vers moi 2 fois. S’ils avaient voulu me tuer, ils l’auraient fait, mais c’était leur manière de se divertir. C’étaient des militaires. Ils avaient le champ libre, parce qu’à ce moment-là la présidente avait promulgué un décret, une espèce de patente pour tuer. […] A un moment, je me suis rendu compte qu’il y avait une question… je ne sais pas si pour eux c’était du divertissement, mais ils tiraient dans les jambes, et cela produisait beaucoup de blessés. Il y a eu beaucoup de blessés. Ils ont clairement passé les limites » Les deux sont d’accord pour le dire : ce sont des criminels, totalement.

OZ a été témoin du massacre de Senkata, alors que la presse ne pouvait y pénétrer. Il pensait y passer quelques heures, mais il s’est fait piéger sur place, en même temps qu’un journaliste mexicain travaillant pour une chaîne française, ils étaient les deux seuls journalistes présents sur place et ils étaient là par hasard et ils ne pouvaient pas sortir de la zone où ils étaient. Ils avaient peur qu’on les recherchent, les habitants les ont cachés. […] OZ n’a pas été blessé, mais il s’est retrouvé avec le visage enflammé (par les gaz) dans la manifestation qui descendait del Alto, avec des gens venus de différents lieux de la province . Il a essayer d’aider des blessés, mais les médecins n’avaient aucun matériel pour les soigner, ils n’avaient rien. […] Mauro demande : « Ils veulent tuer les gens pourquoi ? Ils veulent tuer pour tuer ? » OZ :  « Cela a été un massacre. Réellement je n’arrive pas à comprendre ce qui s’est passé. » Il fait alors remarquer que l’ensemble des militaires présents venaient d’autres régions, principalement de Santa Cruz, le fief fasciste de Bolivie. Comme toujours quand il faut éviter que les militaires qui vont devoir tirer sur le peuple se retrouvent face à leur mère, leur sœur, leur cousin, leur proches… « Et les militaires qui sont venus ont ouvert le feu et il y a eu beaucoup de blessés ». Les militaires tiraient littéralement sur tout ce qui bougeait et des enfants ont également été blessés. OZ, comme l’ont fait d’autres journaliste reconnaît que c’était une expérience réellement traumatisante. « On a une dose d’adrénaline qui maintient extrêmement vigilant, on ne sait pas ce qui va se passer. Nous étions encerclés. On ne sait pas ce qui pourrait se passer. Les deux, nous étions recherchés. » OZ va raconter comment ils ont passé la nuit, ils ont dormi dans l’endroit même où étaient les cadavres. Ils ont dormi à côté des corps privés de vie. En réalité, ils ont à peine dormi et toute la nuit ils entendaient les détonations. « C’était impressionnant de voir ça. Je l’avais vu dans des films. Voir comment les hélicoptères lançaient les gaz." Pour lui, cela évoque le Vietnam. Et pourtant, il ne voulait pas partir, il a eu mal à monter dans l’avion, il ressentait la nécessité de continuer à couvrir ce qui se passait. Il se sentait mal aussi de ne pas connaître les noms des morts., Surtout ceux des 4 qui sont morts sous ces yeux. […] « Il y a un manque de respect de la vie. » et de la mort, comme il a le pu voir, quand un million de personnes descendaient en manifestation pacifique, portant les morts dans leur cercueils, et les gazéifications massives font fuir la foule en deuil et les porteurs et que les cercueils gisent abandonnés dans les rues.

Il termine en disant qu’il y a eu aussi de la répression en Équateur, qu’il y a de la répression au Chili, mais là-bas, la presse est présente, la particularité de la Bolivie, c’est que le gouvernement fait tout pour qu’aucun journaliste, aucun témoin ne puisse en rendre compte. Comme je disais plus haut, se faire accuser de sédition par ce gouvernement de pacotille ne faisaient pas peur aux journalistes. Par contre voir circuler dans les réseaux sociaux des proches du régime leur photo accompagnée de cette même accusation les exposait à la violence de « la société civile ». Ceux qui connaissent les stratégies de coups d’état dit doux et assimilés savent que ce terme de « société civile » est utilisé pour qualifier les groupes de déstabilisation formés depuis Washington à travers des organisations comme la NED et l’USAID, des groupes systématiquement chapeautés par l’extrême-droite locale, qui confisquera le mouvement son heure venue. Des journalistes, avec des dizaines d’années de métiers, de couvertures de situations de crise dans le monde entier, ont des témoignages concordant : jamais ils ne s’étaient sentis aussi personnellement menacés pour faire honnêtement leur travail.

Depuis une semaine, depuis la signature de la loi électorale, qui a ramené la lutte sur le terrain politique, et la pachamama dans le palais présidentiel, un calme relatif est revenu en Bolivie, en surface, parce que la répression, les menaces contre les membres du Mouvement pour le Socialisme, en particulier dirigées contre ses Parlementaires continuent, Démocratiquement parlant, sur le plan politique, le rapport de force est favorable au MAS et autres organisations sociales et populaires en lutte contre la dictature et le fascisme qui ont volé le pouvoir du peuple. Et cela les usurpateurs, avec leur 4% de représentativité, ne peuvent l’accepter.

Et cela, c’est le chapitre suivant

Anne W.

Andronico probable candidat présidentiel du MAS rencontre la jeunesse d'Eterazama

Pour fini sur une note d’espoir : Andronico probable candidat présidentiel du MAS aux prochaines élections prend un bain de jeunesse. Les plus jeunes, parfois révoltés contre le gouvernement autoritaire d’Evo Morales, ne savaient pas avant les dernières semaines ce qu’était une réelle dictature. Cette expérience a éveillé leur conscience, et réuni dans un même combat contre la dictature des jeunes pro et anti Evo, Les jeunes d’une municipalité de Cochabamba ont convoqué une réunion politique dont Andrinico est l’invité.

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30 novembre 2019 6 30 /11 /novembre /2019 14:15

 

 

En Bolivie, on a pu voir au cours des derniers jours les équipes d’enquêtes de différentes organisations de droits humains recueillant les témoignages bouleversants des victimes de massacre. Des proches de ceux qui sont morts, en larmes, amènent aux enquêteurs les balles des militaires qui ont tué ceux qui leur êtres chers et les vêtements des défunts transpercés par ces balles. Des gens ont été tués non parce qu’il étaient « séditieux » ou terroriste mais bien parce qu’ils étaient indigènes. Je vais vous traduire ce qu’en dit le Haut Commissaire du Comité International des Droits Humains :

LeHaut commissaire aux Droits Humains déclare :

"La situation en Bolivie est alarmante, très préoccupante. Au point que je commence par la fin et je vous dis : la commission va établir, je suis autorisé à le révéler, que doit être constitué un groupe interdisciplinaire et international d’experts qui puissent être constitué dans le pays et enquêter, approfondir les fait qui ont eu lieu après le renoncement du président Morales et l’annulation électorale qui ont causé au moins deux massacres clairement vérifiés dans l’Alto et l’autre à Cochabamba où il y a eu une vingtaine de personnes qui sont mortes par balles dans des opérations conjointes des forces armées et de la police malgré que l’information officielle parle de morts qui se seraient produites dans des affrontements entre civiles. Nous pensons que cela exige une enquête internationale parce que nous ne rencontrons pas de garanties internes d’enquête impartiale et ferme. Nous allons également poser que la Commission Inter-américaine doit réaliser rapidement une visite dans le pays intégrées par les commissionné(e)s afin de dialoguer, vérifier sur les lieux et amplement avec les autorités, avec les organisations de la société civile, avec la presse, avec les victimes, avec leurs proches sur les faits qui se sont déroulés. Il est également très alarmant de constater que un de ces massacres s’est produit le jour qui a suivit la promulgation de ce décret très questionnable par lequel le gouvernement intérimaire dispose des forces armées et décide que cette intervention sera exempte d’enquête et de tout type de responsabilité. Répression pour les anciennes autorités, répression et réduction au silence d’une partie de la presse et silence délibéré pour l’autre. [une enquête aussi] concernant les personnes qui considèrent avoir été victimes de leurs violation de droit humains pendant le gouvernement d’Evo Morales avant les élections et également victimes postérieures au thème électoral. Il y a une situation très alarmante, un polarisation, des discours de haine, de violence de la part de groupes armés et cela est quelque chose de très sérieux."

 

Il faut remarquer que si il y aura bien une enquête concernant d’éventuelles violations contre les droits humains de la part d’Evo Morales et de son gouvernement, les crimes contre l’humanité sont eux de la seule responsabilité de l’extrême-droite au pouvoir.

Ce qui frappe en premier lieu, c’est que le délégué du CIDH est dans ce même état de choc de témoins de l’horreur que l’étaient les journalistes internationaux qui filmaient la réalité de la répression et les témoignages des victimes et de leurs proches avant de devoir abandonner le pays à cause des menaces que proférait contre eux le pouvoir putschiste. Le même état de choc dans lequel je me suis retrouvée quand les premières vidéos nous parvenaient qui montraient des scènes de massacres, de rafles de la population civile, des hôpitaux de rue où des volontaires médecins, infirmiers, personnes de bonne volonté tentent de soigner au mieux les blessés alors que certains d’entre eux sont arrêtés pour sédition. Une manifestation pacifique de deuil bombardée de gaz lacrymogène forçant les participants à fuir abandonnant les cercueils qu’ils portaient au milieu des rues. Ils ne respectent vraiment rien.

Le décret promulgué par la présidente usurpatrice, qui a signifié le droit de tuer pour les militaires, le décret 4078 a été abrogé jeudi. Mais ce décret, semble-t-il, n’exemptera pas le pouvoir factice des crimes dont il est responsable face à la communauté internationale.

Les groupes de l’extrême-droite paramilitaires avaient déjà été mis en cause par les organisations de droits humains dès 2008 pour les crimes dont ils étaient responsables, assassinats et agressions de militants du MAS, paysans, ouvriers syndicalistes, et les crimes selon les termes du FIDH, commis contre des personnes « simplement parce qu’elles sont indigènes ou sympathisante du MAS ». C’est ce qui a eu lieu aucours des dernières semaines, des personnes ont été assassinées simplement parce qu’elles étaient indigènes ou opposées au coup d’état.

Samedi dernier lors des débats de la table de négociation entre les mouvements sociaux et le gouvernement de fait, une discussion avait opposé la présidente assassine et le « ministre » de la défense, un personnage répugnant, aux représentants des associations qui exigeaient l’abrogation de ce décret. Et cela donnait envie de vomir. Nous seulement le ton utilisé par le ministre qui semble prendre les militants indigènes qui lui font face pour des imbéciles, mais aussi les mensonges qu’il profère avec beaucoup de conviction comme l’affirmation ceux que l’armée combat  sont des étrangers qui se seraient introduits dans le pays pour y semer le chaos. Si,si, il le dit et le répète avec une grande conviction : nous devons combattre les forces étrangères qui ont envahi notre pays. « Tout cela, c’est de la démagogie » lui rétorque un représentant des mouvement sociaux. A d’autres moments l’argument du pouvoir étaient que les morts et les blessés par balles auraient été le résultat d’affrontements entre civiles. Ce que réfute le CIDH. L’attitude tant du « ministre » que de la « présidente » dévoile aussi qu’à leur yeux le vandalisme mérite la peine de mort… et que l’interdiction de tuer le peuple à vue est pour eux une grande frustration, en particulier pour le ministre.

Le CIDH, heureusement, n’est pas dupe et je sais que nous sommes beaucoup à espérer que les enquêtes conduiront le gouvernement putschiste et ses complices devant les Cours de Justice Internationale pour y être jugés pour crime contre l’humanité. Un avertissement pour l’extrême-droite bolivienne et latino qui rêve de pouvoir partir à la chasse aux indigènes sans rencontrer de résistance. Nous sommes tout aussi nombreux à souhaiter que la présence des organisations internationales qui vont enquêter sur le terrain dissuadera les tyrans sanguinaires qui ont confisqué le pouvoir exécutif en Bolivie de perpétuer de nouveaux massacres et tout autre forme d’atteinte aux droits humains et aux droits politiques des personnes.

 

Anne W

Une vidéo qui montre ce qui s’est déroulé après la confiscation du pouvoir par l’extrême-droite putschiste, comment se sont déroulées les rafles qui se sont produites à ce moment, comme un relent de nazisme :

 

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28 novembre 2019 4 28 /11 /novembre /2019 15:31
La Pachamama est de retour au palais présidentiel
La Pachamama est de retour au palais présidentielLa Pachamama est de retour au palais présidentielLa Pachamama est de retour au palais présidentiel

La Pachamama est de retour au palais présidentiel

Le Mouvement pour le Socialisme a montré ces derniers jours qu’il est une force politique bien implantée dans la population, capable de se recomposer même après une attaque féroce, comme le coup d’état qui a tenté de le détruire. Les putschistes ne se sont pas contentés de renverser Evo Morales, ils s’en sont pris aussi au dirigeants et cadres du mouvements, forçant les uns à fuir le pays, emprisonnant d’autres et tentant de semer la terreur dans l’ensemble du mouvement.

Il y a à peine quelques jours, la Bolivie était plongée dans la violence, et la situation semblait désespérée. Les usurpateurs du pouvoir avaient déchaîné une violence qui plus que les coups d’états qui ont mis au pouvoir des dictatures en Amérique Latine évoquait la montée au pouvoir des nazis en Allemagne. Non sans raison sans doute, puisque les principales forces des putschistes viennent de la Media Luna bolivienne, une région qui a eu le triste privilège d’être une foyer d’accueil de l’essaimage nazi, un des pires d’entre eux ,Klaus Barbie y trouva un refuge, protégé par les USA pour les services qu’il leur avait rendus dans la « lutte contre le communisme ».

Le fascisme en accédant au pouvoir pratique systématiquement un nettoyage ethnique, un nettoyage politique et un nettoyage social. La cible ethnique des néo-fascistes et autres nazis d’Amérique Latine, ce ne sont pas les juifs, mais bien les populations indigènes, leur mot d’ordre : achever la Conquista en apportant une solution finale à la « question indigène », l’ extermination définitive des peuples originaires. Un des vecteurs de ce courant est religieux, c’est un courant évangélique en pleine croissance. Il sévit en Amérique du Nord au Sud et compte des dizaines de millions d’adeptes, 20 millions au Brésil où ils ont porté Jair Bolsonaro au pouvoir.

Mais il existe également des courants catholiques qui servent la même cause, comme on a pu le voir récemment au Mexique quand un prêtre demande à ses disciples de prier pour délivrer ce pays de Satan auquel l’aurait livré le président Andrès Manuel López Obrador et de détruire toutes les institutions du pays, alors qu’en Bolivie, de bons chrétiens pratiquent des exorcismes collectifs pour chasser Satan, la Pachamama (enceinte de l’antéchrist) du pays. Le coup d’état a été dirigé par Luis Fernando Camacho, qui bien que catholique est un proche de Bolsonaro et des fondamentalistes évangéliques. Il dirige l’Union des Jeunes Cruzénistes, mouvement d’extrême-droite, paramilitaire dont la Fédération Internationale des Droits de l’Homme, déjà en 2008 dénonçaient les exactions commises par ce groupe paramilitaire « parmi lesquelles figurent les harcèlements, menaces, assassinats de défenseurs de droits humains et de paysans qui luttent pour une juste répartition des terres mais qui mènent aussi des attaques contre des personnes ou des groupes du seul fait qu’ils sont indigènes ou partisans du gouvernement »….. « 

Nettoyage ethnique, nettoyage politique, nous avons pu voir leurs troupes à l’œuvre au cours des dernières semaines, cette fois ils bénéficiaient de la protection de la police et de l’armée.

Le coup d’état consommé, Camacho qui ne s’est jamais présenté à aucune élection entre au palais présidentiel en vainqueur et prononce cette phrase qui fera le tour de la planète « Le Christ est de retour, plus jamais la Pachamama n’entrera dans ce palais ».

La répression se déchaîne alors, ciblée ou « aveugle », le paysage du pays se couvre de champs de bataille, des batailles ignobles tant les forces sont inégales. C’est clair toute la violence ne vient pas du côté des putschistes, il y a des groupes violents qui s’opposent au nouveau pouvoir et des actes de vandalisme, dont on ne sait qu’elle fut la part de provocation et le rôle qui aurait joué des membres du MAS. Mais l’immense partie du mouvement de résistance qui se lève est pacifique, et d’autres qui le sont moins opposent des pierres aux fusils des militaires qu’un décret promulgué d’urgence par la pseudo-présidente a exempté de toute responsabilité pénale pour les actes commis pendant cette sanglante répression.

Officiellement c’est une trentaine de personnes qui sont tombées, en majorité tuées par les balles des militaires, mais il y a de nombreux disparus et des témoignages affirment que les militaires ont fait disparaître des corps en différents lieux du pays. Les hôpitaux sont fermés ou débordés, pour soigner les centaines de blessés, des médecins, infirmiers et autres volontaires installent des hôpitaux de rue, plusieurs d’entre eux seront arrêtés pour cela sous prétexte de sédition. Un mot à la mode à ce moment en Bolivie, le même qui a obligé les journalistes internationaux a quitter le pays, une autre décret les menacent de se voir accusés de sédition si dans la pratique de leur métier, plutôt que de chanter les louanges du nouveau pouvoir, ils filment la terrible réalité du terrain et recueillent des témoignages qui permettent au monde d’en prendre connaissance. Les journalistes sont également menacés physiquement, ils ne s’approchent plus des fenêtres, de peur que quelque franc-tireur les prenne pour cibles, la situation devient intenable. J’ai pu voir une partie de l’évacuation épique de plusieurs journalistes argentins, en état de choc, choqués parce qu’ils avaient pu voir, choqués de s’être vu menacés de mort pour simplement faire leur boulot.

Mais déjà le rapport de force se déplace. Le projet de pays d’Evo Morales avait perdu une grande partie de son soutien. De plus de 60 % des voix, il tombe à 47 % (toute question de fraude présumée mise à part), clairement il est en désaffection. Un projet de transformation radicale comme le menait Evo Morales n’est viable que si l’adhésion qu’il rencontre est en permanente augmentation. Un projet de changement radical pour s’imposer quand moins de la moitié du pays le soutient, demande sinon une dictature, du moins un régime autoritaire afin de contraindre les opposants à se soumettre au nouveau modèle.

Pourquoi ce projet est tombé en désaffection, j’ai des pistes et mon opinion, mais pas encore assez documentée pour mener une plus ample analyse. Je suis cependant toujours surprise de voir que la gauche crie au miracle parce qu’un président socialiste à un taux de croissance élevée, alors que même des économistes de droites commencent à reconnaître que les taux de croissance positifs sont synonymes d’écocide et que l’importance du PIB comme ont la vu pour le Chili, n’est en rien une garantie de réduction des inégalités et de la pauvreté d’un pays. Que pendant ses deux premiers mandats Evo ait accomplit un travail formidable pour améliorer les conditions de vie, l’accès à l’éducation et à la santé d’une grande partie de la population la plus pauvre, la plus abandonnée, la plus démunie et exclue, c’est certain. Qu’il ait contribué à la possibilité pour la population originaire, jusque-là marginalisée, de prendre place à part comme sujet à part entière dans l’activité politique du pays, cela aussi il faut le mettre à son actif. Mais petit à petit, le pouvoir s’est stratifié, et les hautes sphères du MAS ce sont coupées des militants de base du parti et de leur implantation populaire. Les témoignages se recoupent, si de nouvelles têtes apparaissent dans le cénacle dirigeant ce n’est plus parce qu’elles ont été élues par la base, mais bien parce qu’elles ont été cooptées par Evo.

Le mécontentement grandit, et quand Evo annonce qu’il est réélu président, il se déchaîne sous forme de massives protestations. Des protestations qui ont certes deux composantes, une qui est le résultat du travail de sape qui fait partie du coup d’état préparé depuis Washington avec des complicités locales depuis l’accession au pouvoir d’un président socialiste, exactement comme ce fut le cas au Venezuela, où renverser Hugo Chavez était devenu une priorité pour Washington et l’oligarchie locale dés sa première élection en 1998. Il y a beaucoup de points communs dans les mouvements subversifs et putschistes qui sévissent dans ces deux pays et de liens entre les membres de ces 2 factions qui font partie d’un même courant et reçoivent les mêmes formations de la NED, l’USAID et autres ONGs de la subversion US. Mais où je voulais en venir, c’est que si comme au Chili ou en Colombie, se retrouvent dans les soulèvements des gens qui ont été mobilisés par des « agitateurs professionnels », ils sont une petite partie d’immenses mouvements de légitime mécontentement populaire, c’est important, j’y reviendrai plus tard, quand Piñera, Duque ou le « ministre de la défense » du gouvernement de fait de Bolivie Luis Fernando López Julio justifient la répression militaire par la présence d’une « attaque d’origine étrangère », ils insultent un peuple capable de décider seul que la manière dont il est gouverné ne lui convient pas.

Et donc dans la première phase de soulèvement populaire en Bolivie, il y a beaucoup de gens qui sont là parce qu’ils aspirent réellement à un changement à la tête du pays, des gens qui se sentiront trahis et utilisés quand l’extrême-droite confisquera le mouvement puis le pouvoir. La grande erreur de cette clique usurpatrice a été de déchaîner leur racisme triomphant dès les premières heures de leur victoire. Des sinistres relents d’un passé pas si lointain, d’une cruelle domination et exploitation de la majorité indigène du pays par cette même minorité blancoïde a ouvert les yeux de ceux qui manifestaient contre Evo, mais certainement pas pour l’accession au pouvoir d’une extrême droite raciste, cruelle, et fanatique religieuse.

La composition des manifestations avant et après la victoire du coup d’état n’est pas la même, le rapport de force change et le peuple uni commence a se réorganiser. Le nouveau pouvoir débordé par la force de la réaction déchaîne une répression démesurée. Il espère semer la terreur parmi la population, la forcer à dégager les routes et les rues, c’est le contraire qui se produit, au-delà de la douleur, la colère et la détermination populaire s’intensifient.

Pendant ce temps, le nouvel exécutif formé totalement des fidèles de ce courant qui a emporté 4 % des votes aux dernières élections, tente de détruire les assemblées législatives où le MAS occupe presque deux tiers des sièges. Les représentants du peuples sont sauvagement agressés, leurs familles sont séquestrées, leurs maisons brûlées, d’autres sont emprisonnés, d’autres encore entrent dans la clandestinité où prennent le chemin de l’exil. Des députés, des sénateurs ne peuvent tout simplement plus quitter leur région pour se rendre au siège du gouvernement faute de moyens de transport.Tout semble perdu…

Eva Copa Présidente du Sénat de Bolivie

Eva Copa Présidente du Sénat de Bolivie

Soudain pourtant le processus s’inverse. Des députés et sénateurs du MAS se sont accrochés, pour pouvoir continuer à travailler certains campent sur place dans les locaux du Congrès , ils ont peur s’ils sortent soit de se faire arrêter, soit d’être empêchés de rentrer par des forces de l’ordre qui ont battus l’ancienne présidente du sénat, toujours sénatrice, pour l’empêcher de pénétrer dans les locaux.

Une jeune femme va prendre la direction de la réorganisation des forces. Elle s’appelle Eva Copa Murga, elle a 32 ans, militante dès l’adolescence, elle a déjà derrière elle un long parcours politique. Je n’ai pas tous les détails de toutes les étapes des événements qui vont suivre, mais une bonne idée générale. Le 14 novembre Eva est élue, dans le respect des règles constitutionnelles, présidente du Sénat. Le but : remettre le législatif au travail pour pouvoir opposer aux putschistes à la légitimité nulle, une force politique légitime, cohérente et représentant la majorité du pays. Parce que dehors le massacre se déchaîne, que l’armée tire sur des gens désarmés, parce que les représentants du peuples sont menacés de mort. Il faut avant tout arrêter le massacre et ensuite, couper court à la volonté clairement et activement manifestée des usurpateurs de se maintenir au pouvoir. Il ne faut pas laisser se prolonger le vide législatif qui leur permet de gouverner par « décret suprême ». Il ne faut pas leur permettre d’organiser seuls de nouvelles élections dont ils décideraient des règles. Je ne sais pas exactement comment les Assemblées ont pu se remettre au travail, mais elles l’ont fait. Et sous supervision de représentants de l’église, de l’Union Européenne et de l’ONU, des tables de négociations ont eu lieu réunissant le pouvoir de fait, le pouvoir législatif et les représentants des organisations sociales. Le samedi 23 novembre sont proposées face à cette assemblées les versions finales de deux projets de loi, la première concerne la pacification du pays, la seconde l’organisation des élections, elles seront signées le le lendemain. Quatre vidéos d’un peu plus d’une heure chacune rendent compte de ces débats, j’ai regardé la dernière, je vous en rendrai compte par la suite, parce qu’il y apparaît beaucoup de choses importantes pour comprendre les forces en confrontation et que ce moment est une incontestable victoire du peuple obtenue par des négociations qui ont ramené la Pachamama de pied ferme, la voix haute, claire portant un discours intelligent et déterminé, au cœur du palais présidentiel.

 

Anne W

 

 

Le pouvoir factice n'en mène pas large, la "présidente" et le "ministre de la Défense ont perdu leur suberpe
Le pouvoir factice n'en mène pas large, la "présidente" et le "ministre de la Défense ont perdu leur suberpeLe pouvoir factice n'en mène pas large, la "présidente" et le "ministre de la Défense ont perdu leur suberpe

Le pouvoir factice n'en mène pas large, la "présidente" et le "ministre de la Défense ont perdu leur suberpe

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27 novembre 2019 3 27 /11 /novembre /2019 03:34

 

 

 

La situation en Amérique Latine ne cesse de se complexifier, comme le jeu qui consiste à pêcher des gouttes de vérité dans des océans de fausses nouvelles et de propagande plus ou moins élaborée, selon les publics cibles. Des sites auxquels j’ai pu faire confiance pendant des années, soudain semblent changer de bord, un site indigène (Pérou) publie une ode à Camacho, un site de gauche (Espagne) traite AMLO de fasciste…

Camacho "Jamais la Pachamama ne reviendra dans ce palais" dit-il en pénétrant dans le palais présidentiel

Camacho "Jamais la Pachamama ne reviendra dans ce palais" dit-il en pénétrant dans le palais présidentiel

 

 

La situation en Amérique Latine ne cesse de se complexifier, comme le jeu qui consiste à pêcher des gouttes de vérité dans des océans de fausses nouvelles et propagande plus ou moins élaborée, selon les publics cibles. Des sites auxquels j’ai pu faire confiance pendant des années, soudain semblent changer de bord, un site indigène (Pérou) publie une ode à Camacho, un site de gauche (Espagne) traite AMLO de fasciste…

Les fachos de la Media Luna Bolivienne, cela fait des années que je les suis, irrégulièrement, mais j’ai visité plusieurs de leurs sites, lu des centaines des commentaires qu’ils échangent entre eux avec leurs amis d’extrême-droite d’autres pays, d’autres contrées, les appels à exterminer les populations indigènes qu’ils se répètent ad nauseam, et récemment j’ai trouvé un article-enquête qui faisait une synthèse élargie de ce que j’avais pu apprendre jusque-là et qui ne laisse aucun doute Fundamentalista, paramilitar, fascista y millonario: Luis Fernando Camacho, líder del golpe en Bolivia il mériterait une traduction complète… comme tant d’autres sujets… je vais vous en donner quelques éléments qui concordent avec ce que j’ai pu vérifier par ailleurs. Vous trouverez quelques vidéos illustratives sur le lien donné ci-dessus.

C’est un texte de Max Blumenthal, le fait qu’il soutienne clairement Evo Morales n’enlève rien à la valeur informative de l’enquête. Qui est Camacho, qu’est l’Union des Jeunes Cruzenistes qu’il dirige, comment il va émerger du néant politique pour devenir le leader du coup d’état contre Morales alors que quelques jours avant presque personne ni en Bolivie, ni ailleurs n’avait entendu parler de lui, sinon dans les laboratoires de déstabilisations des USA, qui utiliseront les médias aux ordres pour le transformer en un instant en leader de la « révolution démocratique » en Bolivie.

Aujourd’hui quand j’entends les termes Démocratie, Liberté, Société Civile, je cherche la tentacule de la pieuvre fasciste qui se cache derrière les écrans de la désinformation, de la manipulation des consciences, de même que je prend des pincettes quand je vois les mêmes propagandistes matraquer du dictateur, narco-régime, terroriste, non pas pour JOH au Honduras, un des chouchous de Trump, mais bien pour Evo Morales ou autres des hommes à abattre.

Je suis critique de Morales, en fonction de ma propre vision d’avenir, cela n’efface pas tout ce qu’il a fait de bien pour son pays et pour ses habitants. Le taxer de dictateur narco-terroriste, se servir de cette requalification abusive pour le transformer en Cheval de Troie involontaire de l’invasion armée dont les USA menace le Mexique qui l’a accueillit, cela se sont des mensonges, des manipulations de l’histoire inacceptables. L’ex-indigène, oxygénée, remodelée et mal blanchie, qui joue en ce moment le rôle de Présidente très chrétienne (et raciste) de Bolivie, Jeanine Añez, dépose plainte contre AMLO à la Cours Internationale de Justice de la Haye parce qu’il « protège un terroriste ». Tout cela semblerait ridicule, si cela ne s’articulait pas avec d’autres mouvements et tactiques de l’extrême droite américaine (du nord, du centre, du sud) pour déstabiliser le Mexique et l’ensemble de la région. Ce sont des infos qui arrivent dispersées, un puzzle dont les pièces rassemblées montrent le sinistre dessein de la préparation d’un coup d’état au Mexique. Requalifier Evo de terroriste et faire de même avec les organisations du crime organisé, une autre grande manipulation en chantier (voir l’affaire LeBaron) permettraient aux USA de mener une invasion armée au Mexique sans autre forme de procès… mais les préparatifs de putsch au Mexique, bien que fortement lié est un autre sujet.

Revenons à nos Cruzénistes, mouvement notoirement connu en Bolivie, de longue date, pour son idéologie raciste et les violences qu’il commet contre la population indigène et les installations du gouvernement (ce que confirme un rapport de l’ambassade US, qui ajoute que leurs actions sont plus racistes que politiques). Ses membres reçoivent une formation paramilitaire, et pratiquent le salut nazi. Il faut rappeler que la Media Luna bolivienne dont ils sont originaires fut un des nombreux berceaux latinos de l’essaimage nazi, un des lieux où les héritiers d’Hitler se sont enracinés et reproduits, transmettant leur funeste idéologie à leurs descendant et gagnants de nouveaux adeptes à leur cause.

Dès que Evo Morales arrive à la présidence en 2006, ils sont outragés, humiliés d’être subordonnés à un sous-homme, un cafard indigène… je n’exagère même pas un tout petit peu, loin de là. Ils commencent à préparer leur revanche. En 2002, à l’âge de 23 ans, Camacho a été élu vice-président de l’Union des Jeunes Cruzénistes (UJCà.

Ils sont séparatistes et prêchent pour l’autonomie de leur région, et pour réaliser leurs projets ils ont formé une « garde civile », qui selon eux compterait 7000, un chiffre sur-évalué, toujours selon l’ambassade (US en Bolivie).

Après avoir visiter les membres de la UJC en 2007, le journaliste Benjamin Danglo les décrit comme « le poing de fer » du mouvement séparatiste de Santa Cruz et écrit à leur sujet :

« L’Union Juvenile est connue pour frapper et fouetter les paysans qui marchent en faveur de la nationalisation du gaz, lancer des pierres sur les étudiants qui se sont organisés contre l’autonomie, lancer des cocktails Molotov sur la télévision de l’état et attaquer brutalement le mouvement des Sans Terre qui luttent contre les monopoles agricoles ».

En 2008, Camacho a trouvé un ami et complice en la personne de Branko Marinkovic, président du Comité Civique pro-Santa Cruz, organisation marraine de UJC, dénoncé par la Fédération Internationale des Droits de l’Homme en tant qu’acteur et promoteur du racisme en Bolivie. Quand Marinkovic dénonce Evo Morales devant cette organisation pour les soi-disant persécutions politiques dont il serait l’objet, la FIDH lui répond par une lettre dans laquelle elle dénombre les actes de violence dont lui-même et son organisation se sont rendus coupables !

En Bref :  La FIDH exprime sa profonde préoccupation pour la recrudescence des actes violents fondés dans l’intolérance, la discrimination et le racisme pratiqués par le Comité pro-Santa Cruz et l’Union Juvénile Cruzéniste  – qualifiée par le FIDH « d’espèce de groupe paramilitaire » - parmi lesquelles figurent les harcèlements, menaces, assassinats de défenseurs de droits humains et de paysans qui luttent pour une juste répartition des terres mais qui mènent aussi des attaques contre des personnes ou des groupes du seul fait qu’ils sont indigènes ou partisans du gouvernement…..

En 2013, alors que les USA soutiennent ces organisations dans leur préparation d’un coup d’état contre EVO, le New York Times évoque une autre organisation membre du complot, la Phalange Socialiste (en souvenir du National Socialisme d’Hitler) Bolivienne, fondée sur le mode des Phalanges espagnoles de Franco, elle accueillera le bourreau nazi Klaus Barbie, avant que la CIA ne le recycle dans l’Opération Condor qui installe les dictatures militaires d’Amérique Latine à la fin du siècle dernier. Dans ce cadre la Phalange avait mené en Bolivie en 1971 le coup d’état qui avait renversé le gouvernement de gauche, son chef le général Hugo Banzer Suares s’attribua la présidence. Le précédent président avait commis le crime de nationaliser les industries du pays et d’en expulser les agences vecteurs d’ingérences de Washington…. Déjà vu ?

 

En 2019, ce sont ces mêmes organisations qui après des années de préparation et plusieurs échecs ont dirigé le mouvement qui a mis Evo Morales en déroute et à présent ce sont les mêmes Organisations Cruzénistes et leurs émules qui accompagnent police et militaires, au service du pseudo-gouvernement, dans des opérations destinées à remettre, par l’épouvante, à leur place d’esclaves et de bétail, les populations indigènes et les partisans d’Evo, et à les dissuader par la menace de tenter de participer à l’avenir à la vie politique du pays.

Et si demain l’occasion leur était donné de tuer massivement tout habitant originaire non exploitable sans merci pour leur propre profit, je n’ai aucun doute il le feraient, sans hésitation, ni état d’âme, ni remords…. Qui parlait d’éternel retour du même ? J’espère que non et que la réorganisation qui se produit au sein des mouvements ouvriers, paysans, indigènes arrivera à empêcher ce coup d’état de se perpétuer lors de prochaines élections. Mais cela c’est la suite de l’histoire.

L’article est encore long, il donne des éléments de la préparation de ce coup d’état militaire et paramilitaire, montre ses liens avec Washington et avec une nébuleuse fasciste internationale, etc.

Ce que je voulais mettre en évidence ici c’est la continuité et la répétition de politiques d’ingérence US en Amérique Latine et leur utilisation systématique d’organisations d’extrême-droite pour parvenir à leur fin. Ainsi que la menace que ces gens et les groupes auxquels ils appartiennent font peser « contre des personnes ou des groupes du seul fait qu’ils sont indigènes ou partisans du gouvernement….. » Afin de mettre en lumière les raisons d’une modification du rapport de force, nous ne sommes plus dans la lutte entre pro et contre Evo, mais dans un combat différent qui oppose les putschistes qui voudraient s’installer au pouvoir de manière durable à tous ceux qui par le passé ou récemment ont souffert des actes violents fondés dans l’intolérance, la discrimination et le racisme pratiques récurrentes des groupes suppôts de ce pouvoir fasciste.

La résistance s’organise et une jeune femme de 32 ans, Eva Copa Murga, membre du MAS a été élue constitutionnellement Présidente du Sénat. De nouveaux leaders apparaissent, qui réorganisent les forces politiques de manière critique et autocritique… Lien vers l’entrevue (en Esp) réalisée par radiodeseo, Eva y explique que sa première motivation pour accepter d’assumer cette lourde charge, c’est pouvoir contribuer à mettre un terme à la répression et restaurer un ordre constitutionnel dans le pays. Elle a pris en main les négociations avec la pseudo-présidente pour l’organisation d’élections et un accord a été signé dimanche. Mais cela je vous en parlerai par la suite

Anne W

 

Pour finir sur une note d’espoir, Eva Copa Murga, nouvelle présidente du Sénat que je soutiens de tout cœur, vous pouvez la voir ici une vidéo de quelques secondes qui ne peut être reproduite sans droits d'auteur...

Eva la courageuse

Eva la courageuse

Autres vidéos qui dressent un panorama de la situation Noticias Bolivia., la plupart sont courtes et illustratives.

 

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26 novembre 2019 2 26 /11 /novembre /2019 18:24

 

Au Mexique se manifestent tous les préparatifs d’une tentative de coup d’état conjuguant différentes tactiques sur de multiples fronts. Ici c’est l’aspect religieux de cette déstabilisation planifiée qui est mis en évidence. Comme vous le verrez dans la vidéo ci-dessous, un prêtre appelle les Mexicains a exorciser le démon, Satan, auquel le Président Andrès Manuel L.O. aurait selon lui livré le pays.

Un nouveau fanatisme religieux prend place sur la scène politique internationale. Courant majoritairement évangéliste (protestant), il touche également des catholiques. On a pu voir comment en Bolivie, les suppôts du gouvernement putschiste qui ont pris le pouvoir, pratiquent des exorcismes collectifs pour « chasser Satan du pays ». Satan ici est incarné par la Pachamama, par la spiritualité des populations originaires. Ce courant, partie inclusive de l’extrême-droite, est le même qui a porté au pouvoir Bolsonaro au Brésil, un pays où il compte 20 millions d’adeptes. Le même qui chapeaute le suprémacisme blanc au USA, où ce courant trouve à sa tête John Bolton mais aussi Mike Pence qui deviendrait président si Trump se voyait forcé de renoncer à sa charge…

Bien sûr, il y a derrière tout cela de puissants intérêts économiques, mais qui ne triompheront que si ils réussissent à gagner à leur cause également des masses, celles les petites gens qui jamais ne recevront plus que de maigres miettes du gâteau. Dans ce but sont utilisées des idéologies de fanatismes religieux qui prennent à présent la forme déclarée d’une Croisade, d’une Chasse au Sorcière avec ouvertement affirmée une volonté d’exterminer le démon. Un programme génocidaire, fanatique et fasciste.

Ici, je vous présente une vidéo dans laquelle on voit un prêtre catholique mexicain appeler « les croyants » (crédules?) à s’unir pour chasser Satan du Mexique, les hordes sataniques ayant selon lui à leur tête le président Andrès Manuel López Obrador. Une réplique de ce qui se produit actuellement en Bolivie.

Ce qui suit n’est pas anecdotique, puisque la Conférence Épiscopale du Mexique, par la voix de son président Pogelio Cabrera López, s’est prononcée contre le Président et multiplie les déclarations qui le discréditent. De même qu’en Bolivie (et dans certains secteurs européens de ces courants comme on peut le voir ici), le racisme ethnocidaire contre les populations originaires est présenté comme une lutte de la Vierge de Guadalupe contre la Pachamama qui selon eux serait « enceinte de l’antéchrist ». Cela fait froid dans le dos. Heureusement, si la Vierge Guadalupe est vénérée par beaucoup de Mexicains, tous ne sont pas dupes pour autant et s’élèvent de nombreuses voix chrétiennes qui sont prêtes à défendre AMLO, même si pour cela elles doivent condamner la hiérarchie cléricale du pays. Rappelons qu’un des plus grand soutien d’Andrés Manuel est le père Solalinde, un prêtre catholique qui a été nominé au Prix Nobel de la Paix en 2017, un vrai pratiquant de la philosophie chrétienne, qui déploie une inlassable activité pour venir en aide aux migrants et considère AMLO comme un frère.

Il faut chasser Satan du Mexique en détruisant Andrés Manuel López Obrador

Traduction  de cette vidéo de la 3éme à la 7éme minute (le reste est consacré à un autre front, une autre partie de l’histoire) :

« Je suis Mexicain, je viens de Mexico, essayant de promouvoir une croisade d’oraisons. Qu’ont-ils fait avec le Venezuela, nos voisins. Que font-ils depuis neuf mois avec le Mexique ? Le suivant est la Colombie. Quelqu’un dit Non, Merci. Parce que cela va dépendre de nous. Au Mexique actuellement nous menons une Croisade, recherchant 12 millions qui prient le rosaire tous les jours pour contenir le dragon qui vient d’arriver dans notre pays. Mais nous avons besoin de 30 millions. Je vais vous montrer grâce à seulement deux exemples ce qu’ils sont en train de faire dans tous les pays d’Amérique Latine pour les détruire.

Quels sont les trois piliers qui ont soumis Cuba pendant 60 ans. Tu vas être surpris de constater que ce sont les mêmes que ce qu’ils essayent de faire ici. Je ne vais pas les expliquer, je vais juste les mentionner. Premièrement la maçonnerie – ne me dit pas qu’en Colombie il n’y a pas de maçons, c’est infesté de maçons là-bas aussi et beaucoup sont au pouvoir.

Deuxièmement la SORCELLERIE comme ils l’appellent à Cuba Santeria. Tu ne te rends pas compte de comment a commencé le gouvernement du Mexique ? En faisant un rituel – bon je ne sais pas ce qu’il a fait, je ne suis pas exorciste (sic) – mais je suis convaincu que ce rituel consacrait lesMexique à Satan. Un pays dans lequel vit la Vierge à San Diego a été consacré à Satan ! [ San Diego,Tijuana, où selon eux, apparut la Vierge de Guadalupe, lieu de pèlerinage annuel pour environ 8 millions de croyants NdT].

Au Venezuela à partir de l’âge de 3 ans, ton enfant appartient à l’état. Cela tu le sais, tu l’entends, cela se passe ici à côté de toi. Quelle est la première chose qu’ils vont faire au Mexique : supprimer le droit parental

[commentaire de Nacho Rodriguez sur le site duquel est présenté cet extrait de discours insensé, Incrédule, il rappelle que c’est ce qui se passe en Bolivie, les populations originaires sont satanisées., diabolisées. (j’ajouterais, de même que le sont ici les populations africaine, à Cuba tous les indigènes ayant été massacrés par les conquistadores, les populations d’origines africaines mises en esclavage ont amené leur propres rituels origine de la Santeria. Suite du délire « religieux »…]

Tu ne gouverneras plus tes enfants, l’état les gouvernera.

Il faut les démoraliser pour les détruire. Deuxièmement : déstabiliser toutes les institutions. Tu le sais, qui est ne train de châtier le peuple du Venezuela : la Garde Nationale Bolivarienne ? Comment s’appelle la nouvelle armée qu’à formé le Mexique : Garde Nationale… [...] »

 

« Les détruire », « Déstabiliser toutes les institutions »… c’est clairement une composante des préparatifs de coup d’état qui s’intensifient au Mexique

La suite des insanités ne figurent pas dans l’extrait présenté ici, qui me semble amplement suffisant pour se faire une idée avant d’être submergés par la nausée.

Comment croire qu’un Dieu Créateur Parfait a pu créer des créatures qu’il aime pour qu’elles exterminent d’autres de ses créatures qu’il hait. Cela ne tient pas debout.

J’ai un grand respect pour ceux qui parmi les chrétiens pratiquent l’amour du prochain, le refus de s’enrichir au détriment d’autrui, la compassion… je me sens en affinité avec ceux-là, mais ceux dont il est question ci-dessus, encore plus après avoir vu les crimes qu’ils perpétuent en ce moment en Bolivie, me dégoûtent et me mettent en colère, car ils sont entièrement faits de haine et non d’amour. Parce que la malveillance les guide et que le Dieu qu’ils se sont inventé leur donne le droit – que dis-je – le devoir de tuer en son nom. Bienvenue au 21ème siècle…

 

Ben voilà, je voulais approfondir cette question de courants religieux d’extrême-droite génocidaire qui appellent à exterminer les « infidèles », des courants qui prennent place sur la scène politique et dont les adeptes se comptent par dizaines de millions en Amérique Latine et au Nord où ils occupent une place importante dans l’actuel gouvernement des USA alors qu’ils gouvernent le Brésil et essayent d’installer leur pouvoir en Bolivie.…

 

Anne W

 

 

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22 novembre 2019 5 22 /11 /novembre /2019 01:38
Manifestations en Amérique Latine, c’est le tour de la Colombie

Une vidéo avec des images et des explications concises de la grève d’aujourd’hui-hier en Colombie. Chaque image parle…

Que se passe-t-il en Colombie ?

Traduction libre du contenu :

Au cours des derniers mois la situation en Amérique du Sud a été brutale grèves, manifestations, blocages, pillages ;;; jusqu’à des blessés et des morts. Pour différents types de demandes et problématiques sociales dans chaque nation. Depuis l’augmentation du prix du métro au Chili à la réélection du président en Bolivie. Mais en dernières instances toutes ont un point commun, des gouvernements qui sont sourds aux aspirations des habitants, ce qui provoque le soulèvement d’une grande partie de la population.

Cette fois c’est le tour de la Colombie qui s’est réveillé ce matin avec les frontières fermées (Brésil, Venezuela, Équateur et Pérou) et les forces militaires en état d’alerte maximale pour ce qui s’annonçait comme une journée de protestations massives.

Au départ la mobilisation est appelée par les organisations syndicales et les centrales ouvrières qui appellent à une grève générale et le mouvement s’est étendu.

Des manifestations ont eu lieu aujourd’hui non seulement à la capitale bogota, mais aussi dans de nombreuses villes à travers le pays, alors que le gouvernement a préparé un dispositif policier et militaire dans tout le pays pour éviter que les manifestations se terminent en troubles et il a fermé les frontières.

Aujourd’hui des millions de personnes ont manifesté en Colombie pour des raisons qui peuvent se diviser en 4 :

1)Un paquet de mesures ( de type néolibéral), des mesures qui auront de forts impacts économiques et sociaux pour les travailleurs. Une des ces mesures : l’élimination du fond de pension de l’état qui se double d’une augmentation de l’âge de la pension. Une forte diminution du salaire des jeunes de moins de 25 sous le salaire minimal. Le gouvernement affirme qu’il n’appliquera pas ces mesures mais beaucoup pense que c’est un mensonge. (ce ne serait pas le premier, Duque est notoirement un menteur pathologique)

2)L’éducation Des milliers de manifestants sont des étudiants des universités publiques et privées qui se sont déjà mobilisés à plusieurs reprises cette année. Il réclament aussi l’application d’un accord qu’ils avaient signé avec le gouvernement et protestent contre les brutalités policières dont ils ont soufferts lors de précédentes mobilisations, en particuleir de la part des escadrons anti-émeutes. En Colombie aussi, la police rend aveugles les étudiants en tirant dans leurs yeux. Et enfin ils manifestent également contre la corruption qui règne dans plusieurs universités.

Assassinats d’indigènes, de leaders sociaux et d’ex guérilleros (qui après la signature du Plan de Paix s’étaient intégrés dans la société, parfois leurs familles aussi sont des cibles) (et n’oublions pas les journalistes qui dans certaines région portent en permanence des gilets pare-balles). Plusieurs centaines de morts cette année. (je n’ai pas la dernière tragique actualisation). Une situation particulièrement critique dans la région du Cauca. Les défenseurs du milieu ambiant sont des cibles privilégiées des assassinats sélectifs.

Non-accomplissement du processus de paix. Un accord qui avait été signé avec les guerillas politiques par le président précédent Manuel Santos. Au lieu d’appliquer cet accord devait mettre un terme à plus d’un demi-siècle de guerre civile de basse intensité, le gouvernement est accusé de raviver la violence… Des violences qui avaient atteint des sommets sous la présidence d’Alvaro Uribe, un des dirigeant de l’extrême-droite latino et membre important de UnoAmerica), dont l’actuel président est la marionnette.

Ce sont les principales raisons pour lesquelles la Colombie s’est mobilisée hier-aujourd’hui. Et aujourd'hui-demain ?

Anne Wolff traductrice libre

Manifestations en Amérique Latine, c’est le tour de la Colombie
Manifestations en Amérique Latine, c’est le tour de la Colombie
Manifestations en Amérique Latine, c’est le tour de la Colombie
Manifestations en Amérique Latine, c’est le tour de la Colombie
Ils nous a coûté si cher d'ouvrir les yeux, ils veulent nous rendre aveugles

Ils nous a coûté si cher d'ouvrir les yeux, ils veulent nous rendre aveugles

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21 novembre 2019 4 21 /11 /novembre /2019 23:19

 

Il devient de plus en plus difficile de savoir ce qui se passe vraiment en Bolivie Profonde. Au cours des derniers jours, à travers toutes les sources, dans toutes le régions, revenait ce même appel chargé de douleur et de colère des populations originaires : « Ils nous tuent comme des chiens et la presse est absente. S’il vous plaît, aidez-nous, montrez ce qui se passe ici, nous avons besoin de tous les soutiens »

Je viens de publier une traduction, d’une vidéo qui décrit le coup d’état made in USA en 1954 au Guatemala. Pendant toute la traduction, je sens la résonance avec ce qui se produit en Bolivie, même si Evo Morales n’a plus la popularité incontestable dont il jouissait lors des précédentes élections, il effectuait toujours le mandat en cours jusqu’au 22 janvier 2020 pour lequel il a été élu avec plus de 60 % des voix, il a été forcé à démissionner sous la pression dans une mauvaise farce de soulèvement populaire préparé depuis Washington. Ma traduction suivante sera celle d’une vidéo qui analyse, documents à l’appui ce coup d’état « made in USA ». Et montre que le soulèvement au cri de « fraude » était déjà programmé de toute façon au cas plus que probable ou Evo gagnerait les élections et que le rapport de l’OEA au sujet de cette fraude a été critiqué de manière convaincante, plus que les arguments que ce rapport bâclé et inexacte présente

 

Pour comprendre ce que rétablir la démocratie veut dire pour les USA, il suffit d’aller voir ce qui se passe au Honduras depuis plus de 10, une triste histoire… une histoire de terreur et de misère qui pousse une grande partie de la population à fuir le pays, coûte que coûte. Alors que l’immense majorité des habitants demandent le départ d’un président élu de manière inconstitutionnelle doublée d’une fraude, la preuve est faite depuis New-York où son frère vient d’être condamné pour trafic international de drogue à haut niveau et autres bagatelles (j’ai oublié les termes techniques), la preuve est faite que le président Juan Orlando Hernandez (JOH) a été bénéficiaire de l’argent de la drogue de son frère, qui a – entre autre – financé ses campagnes électorales, et que la femme de ce JOH a contribué au blanchiment de cet argent sale. JOH fait l’objet d’une enquête de la DEA depuis 2012, le fils du précédent président a également été condamné aux USA pour trafic de drogue. La violence a explosé dans le pays depuis le coup d’état, alors que la misère touche une majorité de la population. Les opposants, les journalistes sont harcelés, menacés, assassinés ou disparaissent, comme la militante lenca du COPINH, Berta Caceres, assassinée de deux balles dans la tête, le 3 mars 2016, alors que les organisations internationales de Droits Humains avaient exigé du gouvernement qu’elle bénéficie de mesures de protection. Etc…

Mais Trump a félicité en personne JOH pour l’excellent travail qu’il fait… On croît se retrouver en plein cauchemar, quand tout perd son sens parce que les mots disent le contraire de ce qu’ils signifient réellement.

C’est ce que vivent les habitants originaires et légitimes de Bolivie en ce moment. Une presse prostituée qui présente une réalité inventée du pays, pendant qu’ils se font humilier, battre, assassiner, emprisonner… Le cri d’alerte aujourd’hui qui fait écho en différents lieux du pays : le gouvernement fait disparaître les corps des morts.

Une image parle plus que des mots...les petits points verts…

Brèves du jour 21 11 2019

Le coup de force de ce coup d’état, c’est que par un des tours de passe passe auquel la CIA voudrait nous habituer, un parti tout aussi extrêmement minoritaire qu’il est sans contestation possible raciste et d’extrême-droite, par une manipulations des faits et des circonstance, organisée, préparée de toutes pièces a pris le pouvoir. Dans la distribution des sièges parlementaires en Bolivie, le parti du nouveau pouvoir est représenté par les petits points verts.

 

Aujourd’hui se déroule en Colombie une grève générale, un arrêt du pays, en protestation contre des mesures néolibérales, l’absolue incapacité du président Duque a gouverner le pays, les assassinats constants de militants et autres dirigeants populaires, le retour de la terreur dans la « guerre contre la drogue » qui a causé dernièrement la mort de 8 enfants, la persistance de la violence paramilitaire d’extrême-gauche, comme d’extrême-droite, etc.

En vue de la manifestation, Duque a mis les casernes en état d’alerte et déclaré à partir d’aujourd’hui un couvre feu… je n’ai pas encore eu le temps d’aller voir en détail comment se passe les manifestations…. Un autre bon élève de Washington

Une bonne nouvelle : au Chili les forces de l’ordre n’ont dorénavant plus le droit d’utiliser les cartouches qui ont rendu plus de 200 chiliens partiellement ou totalement aveugles. Mais. Trop de témoignages confirment que certains carabiniers tiraient volontairement de près et au visage, pour douter que ces sadiques trouveront d’autres manières de faire souffrir le peuple rebelle…. Et autres mauvais traitements.

 

Je voulais surtout vous inviter à ne pas détourner le regard de ce qui se passe en Bolivie, même s’il est de plus en plus difficile de trouver des sources qui rendent compte de la situation de terrain en différents lieux du pays.

A suivre

Anne

La presse d’ici ne dit rien, elle parle seulement de pacification. Le jeune montre sur l’écran de son téléphone, le corps de son beau-frère traversé de part en part par une balle des militaires. Il montre ensuite le corps d’une femme de pollera (jupe traditionnelle) morte [...] et cette fois encore « Il n’y a pas de justice, ils nous dirent, comme des chiens, comme des animaux. Je l’ai vu avec nons propres yeux, ils nous tirent dessus »

Démenti du Ministre de la Justice qui affirme que l'armée n'a pas tiré

La presse d’ici ne dit rien, elle parle seulement de pacification. Le jeune montre sur l’écran de son téléphone, le corps de son beau-frère traversé de part en part par une balle des militaires. Il montre ensuite le corps d’une femme de pollera (jupe traditionnelle) morte [...] et cette fois encore « Il n’y a pas de justice, ils nous dirent, comme des chiens, comme des animaux. Je l’ai vu avec mes propres yeux, ils nous tirent dessus »

 

Mais encore

Arrestation d’un médecin qui soignait les blessés (23s)

 

Vous trouverez d’autres courtes vidéos qui montrent ce qui se passe en Bolivie profonde sur Noticias Bolivia. qui est régulièrement actualisé.

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21 novembre 2019 4 21 /11 /novembre /2019 20:53

Introduction de la traductrice

En traduisant la vidéo qui suit, je suis arrivée à une conclusion : pour le fond rien n’a changé, ils ont simplement perfectionné leurs techniques. Au Guatemala en 1954, le président Arbenz a démissionné sous les pressions fabriquées depuis les USA…. Pourtant 69 ans plus tard tout le monde reconnaît qu’il y a eu coup d’état au Guatemala en ce temps là. Faudra-t-il autant de temps aux aveugles de l’intelligence et du cœur pour comprendre qu’en Bolivie à présent se déroule également un coup d’état ?

1954 Guatemala : Modèle pour les guerres psychologiques de la CIA

En 1950 Arbenz est élu président du Guatemala avec 65 % des voix. Il entame une réforme agraire qui nuit aux intérêts de la United Fruit qui était propriétaire de la moitié des terres fertiles du pays et de presque toutes les voies ferrées. Les travailleurs étaient payés 50 centimes par jour alors que la compagnie enregistrait des bénéfices annuels de 65 millions de dollars. Le programme agraire impulsé par le Président Guatémaltèque obligea la United Fruit à vendre des terres qui seraient attribuées aux paysans pour qu’ils y réalisent des projets productifs. Cette réforme fit que la compagnie se sentit menacée.

Au Guatemala les intérêts et la sécurité d’United Fruit – pardon des USA – sont menacés, il faut agir.

La CIA a découvert : le coup d’état fantôme.

En 1954 au Guatemala la CIA lance l’opération sous couverture PBSUCCESS.

500 rebelles vont affronter l’armée du président. La CIA a déjà choisi le prochain président du Guatemala qui sera à la tête de l’armée « rebelle. » Les soldats seront entraînés par Rip Robertson, un légendaire agent paramilitaire.

Il a été décidé de recourir à la guerre psychologique utilisée pour la première fois par la CIA.

Une opération de guerre psychologique sous couverture se base dans la tromperie, dans les mensonges : explication d’un coup d’état modèle du genre en se basant sur des archives déclassifiées récemment qui révèlent la première tentative de la CIA de renverser un gouvernement de gauche en Amérique Latine… et son premier usage déterminant de la guerre psychologique.

Interviennent dans la vidéo

-Stefan Schlesinger (StS), auteur de « Fruits Amers »

-Peter Kornbluh (PK) des Archives de sécurité nationale.

-Prof Kenneth Osgood (KO) (expert en Guerre Psychologique)

-Don Mann (DM) ex-membre des Forces spéciales US

- un expert d’aviation militaire (EaM)

- Mario Avila (Mario) témoin présentiel du coup d’état à Guatemala city

 

12 août 1953, à Washington se tient dans le plus grand secret une réunion à la Maison Blanche. Trois hommes se réunissent le président Dwight Eisenhower, son secrétaire d’état et Allen Dulles directeur de l’Agence Centrale d’Intelligence [et frère de Forster Dulles avocat de la United Fruit Company]. Objectif : faire face à une nouvelle menace à la sécurité du pays. Un petit pays d’Amérique Central, le Guatemala a défié les hommes les plus puissants des USA.

StS :« Eisenhower dirigeait le pays de manière très clandestine et entre les 3 ils élaborèrent de nombreuses stratégies qu’ils appliquèrent dans le monde entier. »

Ils ont un nouveau problème, : un petit pays à 1300 kilomètres de la frontière Sud, Guatemala a élu récemment un leader avec des liens communistes notoires, Jacobo Arbenz Guzman. Arbenz, déjà, a commencé à menacer les intérêts étasuniens, son gouvernement confisque des milliers d’hectares de l’entreprise multinationale United Fruit.

PK : « A quoi s’ajoutait le fait d’être une menace pour la sécurité des USA ? Avec la guerre froide qui bat son plein, la grande préoccupation à Washington est d’empêcher que le communisme se propage dans le monde entier, en particulier dans l’hémisphère occidental. La CIA commençait à voir des communistes de toutes parts et elle était disposée à utiliser tous les moyens pour réduire leur pouvoir. »

 

1954 Guatemala : Modèle pour les guerres psychologiques de la CIA

La décision est prise, ils doivent renverser Arbenz.

 La CIA décide de mener une opération pour renverser le président du Guatemala. Elle présente au président un document top secret qui contient un plan extraordinaire : la dite Opération PBSUCCES.

STS : « Il résumait la manière dont peut se renverser un régime établit sans utiliser de troupes étasuniennes. » Le plan est d’appuyer secrètement un soulèvement armé contre Arbenz leader du Guatemala élu démocratiquement et de le renverser par un coup d’état.  Mais Eisenhower a des doutes. Il faut empêcher que le complot de la CIA puissent être relié au président des USA.

STS : « Pourquoi les USA avaient-ils aussi peur de se voir impliqués ? L’opération pouvait être perçue comme le renversement d’un gouvernement élu démocratiquement, une violation des principes des Traités qu’ils avaient signés devant les Nations Unies. Cela aurait endommagé la réputation des idéaux étasuniens. »

PK :« Personne ne devait pouvoir attribuer l’opération au président US »

L’opération combine 3 stratégies clés. Premièrement une invasion avec une petite armée spécialement entraînée. Ensuite l’application d’une pression politique extérieure et pour finir, la CIA utiliserait toute une panoplie de tromperies.

L’opération PBSUCESS inaugurait une nouvelle stratégie, des choses qu’on avait jamais vu auparavant, des actions qui n’avaient jamais été mises en pratique. Ces méthodes sont tellement novatrices que la CIA ne sait même pas si cela va fonctionner. C’était risqué parce que personne ne savait exactement ce qui allait se passer. On considère que l’opération à seulement 40 % de chance de réussir.

La CIA doit planifier rapidement une opération sous couverture et réalisable. 

Eisenhower dit : « En avant, nous devons le faire. Je crois que cela va fonctionner et qu’il est important de le faire. »

Le premier mouvement de la CIA est d’installer un Centre Secret de Commandement à la base de Opa Locka à Miami, en Floride. Ce centre est tellement secret que seulement quelques hommes qui travaillent directement sous les ordres du président connaissent sa localisation.

StS : « Pourquoi à Miami ? En premier lieu parce que c’était loin de Washington. S’ils le faisaient depuis Washington, toute l’opération aurait pu se révéler au grand jour. »

Une fois le Centre de Commandement préparé, la CIA a besoin d’un homme de paille qui puisse diriger une armée rebelle contre le Président du Guatemala. Le leader devait être quelqu’un de malléable qui obéisse aux ordres de la CIA et soit loyal au gouvernement des USA. La CIA incline pour un homme nommé Castillo Armas. Armas est un colonel guatémaltèque charismatique et ambitieux. Trois ans plus tôt, il avait participé à un coup d’état militaire raté. Il avait été emprisonné, et selon les rumeurs, il avait réussi à s’échapper grâce à un plan très audacieux. La CIA va le trouver exilé au Honduras.

PK: « La CIA avait décidé qu’il était le candidat parfait pour diriger l’attaque et par son intermédiaire rétablir le contrôle étasunien sur le Guatemala.. » Armas vole jusqu’au Centre de Commandement de Opa Locka. Les deux parties parviennent à un accord.

Le défi suivant est de créer une force guérilla « rebelle » qui mènera le soulèvement. La CIA établit une base secrète dans la forêt d’Amérique Centrale.

 

Honduras, Amérique Centrale. Camps d’entraînement des Forces Rebelles L’homme élu pour entraîner l’armée secrète est Rip Robertson, un vieux spécialiste des opérations militaires sous couverture.

DM : « Il adorait se retrouver dans la forêt. Un véritable guérillero ne cesse jamais d’être en guerre, et Robertson était comme cela. » STS : «  Rip Robertson, ce genre de choses l’enchantait, il était né pour faire cela. Et qu’on le paye pour le faire sous la protection du gouvernement des USA devait lui sembler être le paradis. ».

En janvier 1954 commence la période d’entraînement. L’ordre est donné à Robertson de convertir ces hommes en une force de combat bien entraînée en 6 mois. Il s’agit de réfugiés guatémaltèques recrutés dans d’autres pays d’Amérique Centrale. Parmi eux, il y avait des mercenaires professionnels. Maintenir le nombre des effectifs en dessous de 400 permet de les entraîner en secret.

DM :« Rick Robertson dû entraîner son équipe aux tactiques de guérilla. Comme on dit dans le monde des Opérations Spéciales : pouvoir entrer, causer le dommage désiré et partir sans être repéré. » Robertson les entraîne pour qu’ils dominent le sabotage, les explosifs et différents armements. Il les soumet a un épuisant programme d’exercices physiques qui devra leur permettre de progresser sur les terrains difficiles du Guatemala. Mais cela, c’est la partie facile. Armas et son armée de mercenaires  vont devoir affronter un adversaire formidable : l’armée du Guatemala.

STS : « Le Guatemala disposait de la meilleure armée et des forces de polices les plus nombreuses d’Amérique Centrale. » L’armée comptait 16 000 hommes, il y en avait 13 000 dans les forces de police. Un nombre de loin supérieur à de n’importe quel autre pays d’Amérique Centrale.

A ce moment l’armée est loyale à Arbenz, son leader récemment élu qui compte avec l’appui du peuple Guatémaltèque. Arbenz est également un général expert.

PK:« Arbenz lui-même était un militaire respecté, considéré comme brillant et cultivé par la propre CIA. »

Contre un politique aussi populaire et brillant les chances de la CIA paraissent très faibles.

KO ;« La grande question était : comment vaincre avec une armée rebelle de 300 ou 400 hommes une armée de 5 000 ou 6 000. » La CIA pense avoir la réponse, : une arme secrète élaborée de manière occulte au sein de l’agence et qui n’avait jamais été utilisée aussi près du territoire étasunien… jusqu’à ce moment, la guerre psychologique. KO : « Les opérations psychologiques se fondent dans la tromperie, dans le mensonge. Il s’agit d’employer des sales moyens, de manière occulte, cela ne fonctionne pas si on révèle son identité. »

Les opérations psychologiques sont utilisée depuis la Seconde Guerre Mondiale, mais jusque-là, elles n’avaient jamais été utilisée à une telle échelle.

STS : « C’est la première fois que la CIA utilise une manœuvre de ce genre pour renverser un gouvernement »

La CIA recrute un présentateur de radio expert en relations Publiques David Atlee Phillips pour exécuter la phase psychologique de l’Opération. C’est la dite « Opération Sherwood ». Son objectif était de saper la popularité du Président pour qu’il perde tous ses soutiens.

Ko : « Ce qu’il firent, c’est de créer une émission de radio clandestine qu’ils appelèrent « radio libération ». L’idée était de présenter cette émission comme la voix secrète de l’armée de libération qui était sur le point de libérer le peuple du Guatemala. »

1954 Guatemala : Modèle pour les guerres psychologiques de la CIA

Studio d’enregistrement. Opa Locka, Miami

L’opération se déroulera depuis Opa Locka. Phillip reçoit le soutien de 2 présentateurs guatémaltèques qui figurent dans les archives déclassifiées comme Mario et Pepe. Comme partie de l’offensive psychologique, ils doivent enregistrer des centaines d’heures de programmes radiophoniques qui seront ultérieurement émis au Guatemala.

KO : « Une des premières questions qui s’est posée aux agents de la CIA est : A qui allons-nous nous adresser ? » Phillips doit choisir entre s’adresser au peuple guatémaltèque, à l’élite intellectuelle ou aux leaders religieux. KO : « A tous, mais le premier objectif est l’armée.  L’armée et les généraux sont les cibles fondamentales. » Phillips savait que les généraux et le commandement supérieur étaient le plus grand obstacle.

KO :« Tout correspondait à l’objectif fondamental des opérations sous couverture qui était de creuser un fossé entre Arbenz et l’armée. «  Phillips élabora une série de programmes de radio conçus pour éloigner l’armée de son leader. Un d’eux s’appelait « On l’accuse de haute trahison » Dedans on accusait Arbenz d’avoir abandonné son armée, de l’avoir trahie, d’être un traître contre lequel il fallait agir immédiatement. L’objectif des programmes qui concernent cette trahison est de semer l’idée que les officiers qui resteront loyaux recevront un traitement sévère après le coup d’état. 

Radio Libération : « A la suite figurent plus de noms à ajouter à la liste noire des traîtres à la patrie, » ensuite Phillips s’adressa au point faible des officiers, leur porte-monnaie. KO : « Dans une de ses compagnes, il suggéra que la monnaie était sur le point de s’effondrer et qu’Arbenz n’aurait pas d’argent pour payer les officiers. Rien ne faisait plus peur dans les rangs des soldats qui le sont pour l’argent que l’idée qu’ils ne seront pas payés. »

Jour après jour, nuit après nuit, pendant 6 semaines entières, Phillips et son équipe réalisent des centaines d’enregistrement. Quand les enregistrements sont prêts, la CIA les transporte depuis d’Opa Locka, Floride jusqu’à un émetteur secret près de la frontière du Guatemala. KO : « Jusquà aujourd’hui nous ne savons toujours pas d’où fut émise l’Opération Sherwood. ; Certains rapports la situe dans la forêt du Honduras et d’autre dans une grange de l’Hacienda du dictateur du Nicaragua »

1er mai 1954, moins de 3 mois après le recrutement de Phillips, Radio Libération commence à émettre : « Radio Libération émettant depuis un lieu secret à l’intérieur de la République transmettra 2 fois par jour » La propagande des programmes radiophoniques enregistrés à Opa Locka est écoutée par des dizaines de milliers d’auditeurs de tout le Guatemala, ils ignorent qu’il s’agit d’un complot de la CIA. Alors que l’armée rebelle entraînée par Robintson est prête à attaquer.

1954 Guatemala : Modèle pour les guerres psychologiques de la CIA

La CIA exécute la phase finale de son plan : isoler politiquement le président Arbenz.

A la fin octobre 1953 a commencé le complot pour l’isoler, la CIA a envoyé au Guatemala le diplomate étasunien John Peurifoy. PK : « L’ambassadeur Peurifoy fut choisi avec soin pour sa personnalité arrogante et son opposition frontale au communisme. » Son travail consiste à augmenter la pression contre le Président Arbenz. STS : « Peurifoy était très ostentatoire, il portait des chapeaux Borsalino ornés de plumes. Il portait toujours un pistolet dans ses fontes. » Sa première attaque contre Arbenz eut lieu seulement une semaine plus tard quand il est invité à se réunir avec le Président du pays. PK : «Cela devait être une scène extraordinaire. La seule chose que fit Peurifoy, c’est de critiquer la présence de communistes dans son gouvernement. » STS : « On peut dire que cela servirait comme indicateur de comportement de Peurifoy pour l’avenir. »

Un des premiers travaux de Peurifoy fut de créer une délégation secrète de la CIA dans la ville de Guatemala. Mais où un ambassadeur pouvait-il établir un centre d’Opérations sans être découvert par le gouvernement ? Dans l’ambassade des USA, bien sûr, où lui-même travaillait. STS : « Elle occupa un étage entier de l’ambassade pour se charger de toute la planification interne nécessaire pour parvenir à leur objectif final qui était de se défaire de Jacobo Arbenz.  C’était une zone de l’ambassade dont l’unique fonction était de travailler pour renverser le Président Arbenz. On peut imaginer, les cartes, les chaînes de commandement, les personnes à contacter, la planification de différentes tactiques qui vont être utilisées, un ensemble de choses destinées à chercher comment parvenir à mettre en déroute ce gouvernement. »

Une fois établie la base de la CIA dans l’ambassade, Peurefoy commence a repérer quels membres de l’élite guatémaltèque sont susceptibles de se retourner contre leur propre gouvernement. Une des choses qui se fit depuis l’ambassade des USA fut de payer des officiers de l’armée pour qu’ils désertent. Ce fut une opération cruciale, vu que les planificateurs de la CIA pensaient que s’il parvenaient à influencer l’armée, ce serait la fin d’Arbenz. Arbenz la considérait comme une défense inexpugnable et ce fut compliqué de découvrir par quel moyen l’annihiler.. Beaucoup de temps fut nécessaire pour convaincre des officiers de déserter contre des payements en effectif. De fait, à un moment une personne offrit de l’argent à Arbenz lui-même pour qu’il abandonne le pouvoir. Naturellement il jeta cette personne hors de son bureau pour le lui avoir simplement suggéré. Ils essayèrent d’éliminer tous ses soutiens dans l’armée pour l’affaiblir, pratiquement jusqu’au point où elle ne serve plus à défendre Arbenz. »

Pendant que Peurifoy essaye de gagner l’ennemi depuis l’intérieur du Guatemala, la CIA cherche aussi dans le reste du monde des manières de saper le pouvoir d’Arbenz. La CIA a besoin d’un grand événement, un accident politique tellement grave qu’il permette aux USA de déchaîner une grande campagne politique contre Arbenz. STS : « Ils cherchaient quelque chose qui justifie ce qu’ils étaient sur le point de faire et ils le rencontreront par surprise. » Le coup de chance de la CIA ne s’est pas produit au Guatemala, sinon à 10 000 kilomètres de là dans un pays communiste de l’Europe de l’Est. 

1954 Guatemala : Modèle pour les guerres psychologiques de la CIA

Le 17 avril 1954, Szczecin, Pologne

Un espion de la CIA en Pologne découvrit un chargement suspect sur un bateau, le Afhelm. STS : « Ils se rendirent compte que ce bateau avait certaines caractéristiques inhabituelles, qu’il pouvait transporter des armes. » L’espion informa la CIA au sujet du Afhelm, averti qu’il était possible qu’il se rende en Amérique. La CIA surveilla le trajet du Afhelm. alors qu’il se dirigeait vers les Caraïbes. Elle contrôle le voyage du Afhelm qui passa par l’Afrique avant de se diriger vers Antilles Hollandaises. Au bout de trois semaines, soudain il vira vers le sud. Pour leur surprise, et satisfaction, sa destination était Porto Barrios au Guatemala.

Porto Barrios, Guatemala 17 mai

Quatre semaines plus tard quand le Afhelm aborde, la CIA obtient de son chargement toutes les preuves dont elle a besoin : au total ce sont deux tonnes d’armes légères comme des fusils, des mitrailleuses et des mortiers. STS : « Obtenir une preuve que les communistes étaient infiltrés au Guatemala fut une justification pour l’envahir. » Eisenhower dispose de toutes les munitions diplomatiques dont il a besoin pour déchaîner une campagne politique contre Arbenz. En réponse au chargement d’armes, il envoie des navires, des avions et des sous-marins de l’armée pour patrouiller près des côtes du Guatemala. STS : « Il utilisa tout son arsenal pour mettre en déroute le gouvernement du Guatemala. Eisenhower était décidé à y parvenir. » Arbenz peut seulement être témoin avec horreur de la manière dont son pays est étranglé par un blocus naval. Lui et ses généraux se demandent si les USA pourraient envahir leur pays .

PK : « A ce moment, Arbenz compris qu’une grande campagne avait été organisée à son encontre. Alarmé par la démonstration de force de Washington, » Arbenz tente une conciliation politique avec les Washington. Il envoie son Ministre des relations extérieures à se réunir avec Peurifoy pour voir s’il pourrait obtenir une trêve. Mais la dernière chose que voulait la CIA à ce moment, c’est d’une trêve. L’opération PBSUCCESS a un unique objectif, un changement de régime.

 

15 juin 1954. L’armée rebelle formée de 500 hommes est transportée vers des bases offensives plus avancées, près de la frontière du Guatemala. Les troupes sont déployées en cinq points offensifs au large de la frontière orientale du Guatemala. En la divisant en 5, la CIA espère créer l’illusion d’une armée beaucoup plus grande qu’elle ne l’est réellement. ‘STS : « Ils voulaient faire croire qu’il s’agissait d’une attaque à grande échelle depuis la côte du Pacifique, de l’Atlantique et des pays voisins qui détruirait toute les défenses du Guatemala et qui permettrait à Castillo Maras de s’emparer du pouvoir. « Pour appuyer l’invasion terrestre, la CIA fait voler une douzaine d’avions jusqu’aux premières lignes. Ils furent piloté par des pilotes des forces aériennes des USA qui n’ont pas été identifiés jusqu’ici.

KO : « Depuis la perspective de la psychologie militaire, l’usage d’avions sera terriblement important. » Les avions n’appuieront pas seulement les troupes, ils joueront aussi un rôle psychologique clé, déjà parce qu’ils intensifieront l’illusion d’une grande invasion. Avec le soutien aérien préparé et l’armée en place, prête à agir, la CIA prend contact avec le leader des rebelles Guatémaltèques, Castillo Armas et donne le feu vert pour l’invasion. DM : « Beaucoup de choses étaient en jeu et on ne pouvait pas se permettre que cela se passe mal. »

1954 Guatemala : Modèle pour les guerres psychologiques de la CIA

18 juin 1954, le coup d’état commence

Aux dernières heures du jour, le leader du putsch Castillo Armas se trouve sur une route écartée tout près de la frontière du Guatemala, il dirige un groupe formé par 120 des 500 soldats qui forment le contingent oriental de l’invasion. Si tout se déroule comme prévu, d’ici quelques jours il sera le prochain président du Guatemala.  En s’approchant de la frontière, ils virent qu’il y avait 2 gardes. L’un deux est un fonctionnaire des douanes. Il est rapidement abattu. DM : «  C’est le premier coup de feu du coup d’état. » A partir de là, c’est le chaos. Le second tombe mort pendant que le convoi traverse la frontière du Guatemala. DM : « Le plan est de continuer en avançant à pieds. La CIA a opté pour une attaque de guérilla pour occulter le véritable nombre des soldats. Plus de temps il serait possible de faire croire à l’armée qu’elle était confrontée à des milliers de personnes, plus grand serait l’avantage. Les hommes de Armas avancent sur des terrains abrupts pendant 3 jours entiers. Il est difficile de s’orienter dans l’es épaisseurs de la forêt, surtout qu’il y avait des pluies torrentielles. »

Le troisième jour de l’invasion, ils parviennent à la petite ville de Kipulas. Après une brève bataille avec des policiers locaux, Castilla Armas obtient sa première victoire. STS :« Les habitants de Kipulas devaient être commotionnés de voir apparaître ces guérilleros sur la Grand Place. Quelques soldats fournirent des armes aux habitants du village, déconcertés, pour donner l’impression qu’ils s’étaient joints à Castillo Armas pour renverser Arbenz. »

Pendant ce temps, 100 kilomètres au Nord de la position de Armas, le second contingent de l’invasion croisait la frontière.A Gualán, ils se heurtèrent à une garnison de l’armée. Gualán, ouest du Guatemala. C’est la bataille la plus sanglante de l’invasion jusque-là, elle va durer 36 heures. C’est la première grande épreuve pour les mercenaires de la CIA entraînés par Rip Robertson. DM :« Ou tu les tues, ou ils essayeront de te tuer, c’était une question de vie ou de mort. » Mais la situation va empirer. L’un après l’autre, les « rebelles » commencent à fuir. Quand les soldats restants se rendent compte de ce qui se passe, aucun d’entre eux ne veut être capturé et accusé de trahison. DM : « A voir fuir 2, 3, 5, 6 personnes ils commencent à penser que c’est peut-être la meilleure option. C’est le genre de problème qui surgit avec une armée irrégulière. » Finalement quasi toute la deuxième colonne fuit et retourne vers la frontière. C’est le premier grand revers pour l’armée « rebelle ». Beaucoup de ses soldats ont été blessés ou sont morts.

A Washington. La situation est sur le point d’empirer. Le plan était d’augmenter la pression sur le Président du Guatemala dans le champ diplomatique. Mais les leaders mondiaux ont des soupçons sur l’attitude des USA. StS : « Le gouvernement dArbenz décide de recourir à diverses organismes internationaux en quête de protection. Le premier fut l’ONU, le second fut l’Organisation des États Américains (OEA). »

Extrait d’infos :« A Caracas, la dixième Interaméricaine écoute Toriello, ministre des relations extérieures du Guatemala, cible d’une résolution des USA... »

Les Nations Unies vont jusqu’à mettre en place une équipe d’investigation pour analyser l’invasion. Le complot de la CIA court le risque d’être découvert, et les responsables de l’Opération PBSUCCESS disposent de peu de temps pour éviter que cela se transforme en un coup d’état manqué qui aura coûté des millions de dollars et une humiliation internationale.

Au Guatemala, la phase suivante de l’opération va de mal en pis. Le troisième détachement de l’invasion qui est parti du Salvador ne parvient même pas à pénétrer au Guatemala. 60 »rebelles » sont détenus alors qu’ils tentent de croiser la frontière. Le quatrième détachement, chargé d’attaquer Puerto Barrios au Nord du pays est mis en déroute par des travailleurs portuaires armés.

KO : « La situation paraissait chaque fois pire ». Et ce ne sont pas les seules mauvaises nouvelles que reçoit la CIA : les attaques aériennes ne parviennent pas non plus à atteindre leurs objectifs. Quasi tous les avions de combat sont immobilisés par des avaries mécaniques, StS : « L’attaque aérienne est réduite de 50 ou 60 % avec pour conséquence que l’armée d’invasion a perdu presque tout son appui aérien. Et la CIA est préoccupée à l’idée qu’elle ne soit pas capable de gagner sans cette démonstration de force. Le vital appui aérien reste au sol et le « soulèvement armé » a seulement réussi à pénétrer de 10km dans le pays. Toute l’opération est suspendue à un fil. PK : « Seuls les hauts dirigeants de la CIA savaient à quel point l’opération était sur le point de se solder par un échec. »

23 juin 1954. KO : « Peu après avoir lancé l’attaque, la CIA reçoit des services d’intelligence un rapport secret. (à présent déclassifié) qui disait : nous ne savons pas comment tout cela va se terminer. Si l’armée reste fidèle à Arbenz, tout est perdu. Mais si elle se retourne contre lui nous aurons des chances de gagner. »

L’opération approche d’un point critique et Allen Dulles, directeur de la CIA tient avec le président une réunion secrète d’urgence. Le président est surpris par l’échec des opérations militaires. StS :  « Eisenhower est déconcerté vu qu’il pensait que tout s’était déroulé selon les plans de la CIA ». Dulles lui dit d’emblée que l’unique option pour renverser la catastrophique invasion, c’est que le président autorise l’envoi d’un petit contingent des meilleurs avions des USA. Le président lui demande : « Nous pouvons vraiment gagner si je te donne deux avions supplémentaires ? » Dulles répond : « Je crois que nous aurions 20 % de probabilité de gagner. » Après quelques secondes, Eisenhower, lui dit : C’est bon, je te les donnerai. »

Les archives déclassifiées révèlent que le président accorda à Dulles deux nouveaux chasseurs bombardiers F47 d’une valeur de 250 000 $. Le F47 Thunderbold sera sans doute le meilleur avion de combat en Amérique Centrale à ce moment. La CIA est préoccupée par l’idée que quelqu’un puisse découvrir l’implication des USA et fait retirer les insignes étasuniens des avions qui volent illégalement jusqu’en Amérique Centrale. KO : « Ils avaient la sensation que tout cela pouvait mal finir, mais il fallait le tenter de toute façon » Même s’il parait peu probable que les F47 puissent changer le déroulement de l’invasion.

1954 Guatemala : Modèle pour les guerres psychologiques de la CIA

La CIA garde un as dans sa manche : LA GUERRE PSYCHOLOGIQUE.

STS : « Dans l’opération PBSUCCESS, tout se fonde sur des illusions. « Il s’agit de faire croire au peuple guatémaltèque qu’une énorme armée « rebelle » est sur le point de s’emparer du pays. La CIA augmente la fréquence des émissions de « Radio Libération » qui commence à émettre en permanence des bulletins qui annoncent une invasion dévastatrice. KO : « C’est une succession d’histoires des victoires des « rebelles », il est question de voies ferrées bombardées, de dépôts d’aliments sabotés… mais la réalité est complètement différente. L’armée de Armas est à des centaines de kilomètres de distance. »

L’objectif suivant de la CIA, c’est l’armée guatémaltèque. KO : « La CIA et l’Opération Sherwood obtinrent une grande victoire quand un colonel qui avait commandé les forces aériennes guatémaltèques déserta, croisa la frontière pilotant son avion privé et se rendit à la CIA. » David Atlee Phillips qui avait été responsable de la campagne de radio voulait que le Colonel annonce sa désertion en direct, mais celui-ci s’y refuse. KO : « Phillips feignit d’accepter son refus et lui servit un whisky et puis un autre, jusqu’à laisser le bonhomme à moitié saoul. Le colonel était toujours d’avantage en état d’ébriété. Phillips usa un magnétophone pour enregistrer le récit de sa désertion sans qu’il s’en rende compte et dès qu’il put, Phillips édita l’enregistrement et le diffusa. »

Non seulement les autres officiers de la force aérienne écoutèrent l’enregistrement ; le Président Arbenz l’entendit aussi. Il ordonna immédiatement que les forces aériennes guatémaltèques restent au sol de peur que d’autres officiers décident de déserter. KO : « Ce fut un grand triomphe de l’Opération Sherwood. Et ils continueront à utiliser des trucs de ce style. Chaque fois plus et encore plus trompeurs. Il utilisa un truc ingénieux pour gagner de la crédibilité auprès des auditeurs. Il feignit une attaque de l’émetteur. Ceux qui étaient en syntonie avec la radio, écoutaient une émission normale et d’un moment à l’autre, ils entendirent des cris, des gémissements, des enfants qui pleuraient et d’un coup, l’émission fut coupée. Le silence se fit. » Mais tout était une tromperie pour faire croire par la suite aux auditeurs que la radio a réussi à recommencer à émettre  KO [en pleine jubilation ! NdT] : « Le jour suivant la radio recommença à émettre avec un ton triomphal, comme pour dire, nous sommes de retour. »

23 juin 1954, Guatemala City... « une des expériences les plus terrifiantes que puisse souffrir une personne sur cette terre »

La nouvelle tromperie se produisit quand les deux nouveaux F47 arrivèrent au Guatemala. Six jours après le début de l’invasion l’attaque aérienne commence. EaM :« Jamais encore on avait vu des F47 attaquer une ville en volant à basse altitude et de manière aussi agressive ». Mario : « Quand nous avons entendu les avions, ma mère s’effraya très fort. Ce fut très compliqué, ce moment. Nous n’avions encore jamais vécu de guerre nous autres ». L’attaque aérienne est tellement impactante que les guatémaltèques inventent un surnom tout à fait approprié pour les bombes : « Sulfatos ». EaM : « Sulfato était le terme utilisé pour faire référence à un laxatif, un truc qui t’envoie aux toilettes. C’était cela l’effet que les bombes produisaient sur la population du Guatemala . Et après les bombes, les mitrailleuses. C’est sans doute une des expériences les plus terrifiantes que puisse souffrir une personne sur cette terre. Imagine un avion qui fait un bruit effrayant duquel il semble impossible de s’éloigner, qui vient directement sur toi, avec ses armes étincelant sur ses ailes » Mario : « Cela sème la panique, c’est quelque chose de très épouvantable. Ce n’est pas la peur… normale, c’est de l’épouvante».

KO : « Imagine une scène comme celle-là au Guatemala, un pays qui n’avait jamais expérimenté des bombardements terrifiants. Soudain surgit un avion qui vole très bas, avec les moteurs qui rugissent, laissant tomber des explosifs et tu entends près de toi un bruit horrible. »

Malgré la terreur produite, les archives déclassifiées de la CIA révèlent quelque chose de surprenant : (Eam) : « Je ne crois pas qu’ils prétendaient causer un grand dommage. S’il avaient voulu utiliser les F47 pour lancer une attaque aérienne dévastatrice, ils auraient utiliser les bombes de 227kg pour lesquelles ils ont été conçus, mais ils ne le firent pas. Ce type de F47 peut transporter 3 bombes de 227 kilos, ils auraient pu causer beaucoup plus de dommages avec celles-là. » De fait les dommages furent plus apparents que réels [sic Et les chocs post-traumatiques comme on les appelle à présent ? NdT], selon les rapports il n’y a pas eu une seule mort, et il n’y a pas une seule bombe vraiment puissante qui a été lancé pendant l’attaque. KO : « La vérité que que pendant certaines attaques ils larguèrent aussi des bouteilles de coca cola depuis les avions parce que l’explosion du verre produit une forte explosion. »

Tout cela fait partie de l’Opération Psychologique. L’objectif de l’attaque aérienne n’est pas de tuer, mais de semer le chaos et la terreur parmi la population guatémaltèque. KO : « Ils laissèrent tomber une bombe, une bombe énorme, qui en réalité n’était pas un artefact explosif mais qui projeta un immense nuage noir sur la ville donnant l’impression que quelque chose d’horrible s’était produit. » La bombe de fumée donna l’impression aux guatémaltèques qu’ils avaient subit une attaque directe. Mario: « C’est quand nous avons vu qu’il y avait de la fumée noire… en... en un lieu de la capitale... ». Les tactiques psychologiques de la CIA vont toutefois encore plus loin. KO : « Ils utilisèrent un autre truc propre aux opérations sous couverture : répliquer le son d’un bombardier. » Ils installèrent dans l’ambassade de la ville de Guatemala des énormes hauts parleurs qui reproduisirent le bruit d’un bombardement et du vol d’avions à réaction pour causer de la terreur chez la population. Mario : « Ce que raconte les personne âgées, c’est qu’ils allaient tuer beaucoup de gens et qu’il valait mieux ne pas participer d’avantage à la défense du gouvernement. »

Une invasion qui en réalité n’existe pas !

Alors que l’offensive psychologique avait commencé à produire des résultats, l’armée « rebelle » avait été réduite à une poignée de désespérés qui n’avaient pas pénétrés de plus de 10km dans le pays. Et Arbenz était toujours au pouvoir. La CIA était sur le point de faire une découverte inespérée, une lumière qui transformerait sa défaite en immense victoire.

KO : « Juste à ce moment critique, Phillips recourut à ce qu’il a appelé son meilleur et plus important mensonge ». Son plus grand et plus important mensonge, c’est la dernière phase des fausses émissions de radio pour donner une version totalement inventée de l’invasion. KO : « D’une certaine manière, il y avait deux invasions. D’un côté la vraie qui consistait en une force d’invasion infime avec ses effectifs réduits de moitié. Et d’un autre côté, la situation inventée par « radio libération «  qui suggérait que les troupes avançaient sans rencontrer d’obstacles. »

Les émissions de radio de la CIA parlent d’une victoire après l’autre ; une invasion qui en réalité n’existe pas. KO : « Ils disaient que les forces rebelles avançaient sur la capitale, que l’invasion était un succès, que le soulèvement était en marche. C’était une histoire après l’autre sur l’inévitable victoire des forces « rebelles ». Le plus grand mensonge de tous arriva quand la radio annonça que des milliers et des milliers de soldats s’approchaient de la ville de Guatemala. Sts : « Le mensonge, c’était ces deux colonnes de l’armée qui marchaient sur la capitale prêtes à s’en emparer ». La mise sur le grand mensonge porta ses fruits. Des milliers de Guatémaltèques fuirent la ville, la circulation était bloquée, la ville se paralysa petit à petit. Tmario : « Et les gens s’enfuirent à la périphérie de la ville. Les familles furent évacuées ».

Le moment critique du grand mensonge, fut quand les hauts commandements tournèrent le dos au Président du Guatemala. KO : « Le grand moment de l’opération psychologique sous couverture arriva quand plusieurs colonels de l’armée firent clairement savoir à Arbenz qu’ils ne resteraient pas à ses côtés. Basiquement, ils lui dirent : « Toi et tes amis communistes, tu nous a crée des problèmes avec les étasuniens, maintenant tu dois démissionner. ». L’un après les autres les officier qui entourent Arbenz s’éloignent d’un président toujours plus isolé. KO : « Imaginez un colonel de l’armée du Guatemala écoutant les nouvelles sur ces opérations militaires, et se demandant : Où est-ce que je vais finir quand la situation se calmera ? » La pression sur Arbenz, politiquement isolé, atteint de grandes dimensions. Non seulement se redoute la déroute par les armes, existe également l’effrayante possibilité que ce soit les USA qui soient derrière tout ça. PK [en pleine jubilation à son tour NdT]: « La question n’était pas de savoir s’il luttait contre Castillo Armas et ses hommes, mais si c’était les États-Unis qui s’apprêtaient à envahir le pays et qu’il faudrait affronter. »

STS : « Arbenz était assis dans le bureau présidentiel, déconcerté et sans savoir ce qu’il devait faire. Il s’était écroulé intérieurement. La CIA avait réussi à le miner, et cela fut réellement la fin de son mandat. ». Avec le commandement de l’armée contre lui, Arbenz démissionne le 27 juin.

StS : « Il n’a pas pu le supporter, les pressions  psychologiques étaient trop grandes»

 

Épilogue

Dix jours plus tard, Castillo Armas prête serment comme nouveau président du Guatemala. Le colonel exilé,, qui il y a un peu plus d’une semaine était une figure presque inconnue au Guatemala, s’est transformée en la personne la plus puissante du pays. A Washington, l’Opération PBSUCCESS est considérée comme une énorme victoire. KO : « Selon tous les paramètres s’est une opération qui n’aurait pas du bien se terminer. Ce fut possible grâce à l’audace, la volonté et d’une certaine manière à un absurde manque de prudence. »

STS : « L’opération PBSUCCESS fut une tromperie brillante. Une des grande conquêtes parmi les tromperies logistiques réalisées par la CIA. »

L’opération PBSUCCESS démontra que la guerre psychologique pouvait être utilisée comme une arme létale et efficace. Elle trompa un pays entier et réussi à renverser un président. Au sein de la CIA, PBSUCCESS se convertit en un modèle pour les changements de régimes dans le monde entier

 

Moralité (de la traductrice)

Il est dangereux pour un gouvernement de défier les transnationales.

Dans la doctrine de sécurité des USA, qui leur permet à leurs yeux d’intervenir comme bon leur semble contre tout qui à leurs yeux présente une menace pour les intérêts de la sécurité des USA, il faut entendre USA non un territoire habité par des personnes, mais comme une entité qui réunit les Corporations qui se sont emparées du pouvoir et ceux qui les servent. L’avenir l’a confirmé, les fabuleux bénéfices de la United Fruit, obtenus grâce au travail esclavagiste, n’étaient pas destiné à faire le bien de la population des États-Unis, un pays où actuellement des dizaines de millions de personnes crèvent dans la misère et un adulte sur cent croupit en prison. 69 ans nous séparent de ce premier coup d’état d’une longue série ininterrompue de coup d’états en Amérique Latine, toujours pour les mêmes raisons. Il y a 69 ans au Guatemala ressemble beaucoup trop à hier en Bolivie

 

Anne Wolff, traduction du documentaire La CIA al Descubierto: GUATEMALA

 

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20 novembre 2019 3 20 /11 /novembre /2019 02:19
Mouvement zapatiste

Mouvement zapatiste

 

Ce que je veux montrer ici, c’est l’ampleur du champ de connaissance nécessaire pour comprendre ce qui se passe en ce moment en Amérique Latine. Cela demande un énorme travail de documentation, un intense suivi quotidien auquel s’ajoute un travail de traduction de longue haleine. Au cours des derniers mois, j’ai privilégié la documentation et le suivi quotidien indispensable pour comprendre l’évolution de la situation avant d’en parler. Mais récemment les événements - les soulèvements populaires ;la répression démesurée avec retour de la torture, de la terreur d’état et autres disparitions forcées et exécutions extrajudiciaires ; les avancées de l’extrême-droite en particulier de sa branche fanatique religieuse ; les coups d’états et leurs préparations  - ce sont précipités et la désinformation bat son plein en particulier dans les sources francophones, une véritable intoxication des consciences. J’ai donc décidé de reprendre le blog, en apportant mes gouttes d’informations, à la mesure de mes moyens. Ici, je vais essayer de donner de manière informelle un aperçu du contexte dans lequel se situe ce travail.

 

La répression se poursuit en Bolivie, et il est tout à fait raisonnable de penser qu’elle va se poursuivre et s’intensifier quand, le coup d’état sera relégué dans l’oubli par d’autres événements, et que les regards se tourneront dans d’autres directions : la grève générale jeudi 21 en Colombie par exemple, où le gouvernement à d’ores et déjà mis les casernes des militaires en état d’alerte et prononcé un couvre-feu. En Colombie la colère couve.

En ce qui concerne Evo, une chose est mon opinion personnelle, autre chose est le choix des Boliviens, je ne m’exprimerai donc pas à ce sujet. Par contre j’assume une condamnation totale du coup d’état. La situation est complexe envenimée par des années d’empoisonnement de conscience de la population. Il y a eu un profond travail de manipulation des populations indigènes, cela ne veut pas dire que cette manipulation n’utilisait pas des revendications légitimes, je peux donner un exemple très concret. En Juin 2012 une autre tentative de coup d’état avait eu lieu en Bolivie, dont on a très peu parlé. Elle commença par un soulèvement de la police, alors que l’arrivée d’une marche indigène sur la Paz en protestation d’un projet de route devait mettre le feu aux poudres. Cela c’était le projet Made in Washington, heureusement les marcheurs s’étaient rendu compte à temps du rôle que les putschistes leur avait attribué dans ce scénario. La Marche s’était arrêtée avant de parvenir à la capitale. « Nous marchons pour faire entendre nos revendications, pas pour renverser le gouvernement » dit alors son porte-parole.

Je suis une anti-extractiviste radicale convaincue, par amour de la Vie, Mais je suis aussi opposée à tout système politique de table rase où quelques-uns, même une faible majorité, estiment avoir le droit d’imposer leur système politique au détriment des choix d’autres qui ne seront plus consultés. Cela concerne autant le système néolibéral que les diverses manifestations du « socialisme réel ». Les détenteurs d’une Vérité unique, universelle qu’ils ont pour mission d’imposer au monde me mettent en colère. Dans les systèmes représentatifs, seule une croissance des votes populaires en faveur d’une transformation garantit que cette transformation est conforme aux aspirations populaires. Quand Evo chute de plus de 60 % des voix à moins de 50 % après avoir justifié sa nouvelle participation au scrutin d’une manière pour le moins douteuse, la preuve est faite que les politiques qu’il mène rencontre de moins en moins d’adhésion et qu’il était temps pour lui de consulter les habitants pour redéfinir le projet en fonction de leurs aspirations.

De nouvelles formes de mouvements populaires se développent dans le monde qui visent à créer les conditions d’une véritable souveraineté populaire, quand les voisins décident ensemble de l’avenir de leur territoire de l’échelle locale, régionale et mondiale. Une caractéristique de beaucoup de ces mouvements est l’exigence d’Assemblées Constituantes Populaires. Une assemblée constituante peut également être représentative quand ce sont les « mandataires » du peuples qui se réunissent pour décider de la nouvelle constitution, démocratie représentative. Or il est question ici de démocratie directe.

Un pays aujourd’hui à l’avant-garde de ces processus d’Assemblée Populaire est le Honduras ou la Plate-Forme contre la privatisation de la Santé et de l’Éducation fonctionne comme une Constituante Populaire dans ces domaines. L’objectif : la création d’une multiplicité de plateformes locales qui « établissent un diagnostique cm² par cm² des problèmes spécifiques de santé et d’éducation en chaque lieu » et qui recense les aspirations des habitants pour trouver ensemble des solutions au service desquels se mettent des professionnels, chargés de contribuer à la solutions des problèmes techniques dans le respect de ces aspirations. Bien sûr, cela ne peut aboutir sous le régime de dictature actuel.

Pourtant la plateforme poursuit son travail qui a été soutenu par une mobilisation massive, à laquelle se sont joint des membres de partis de l’officialisme, jusqu’à des capitalistes locaux qui se voient évincés du marché par les transnationales à qui les gouvernements post-putsch ont livré le pays. Pour le dire en bref, les 9 % de plus riches qui comprennent à présent que le 1 % qui concentre les richesses, s’est servi d’eux mais n’hésite pas le moment venu à confisquer leur part du gâteau, adoptent des position nationalistes. Le président renversé Manuel Zelaya n’avait rien d’un socialiste radical, comme il le dit dans une récente interview, le problème c’est la concentration de richesses par laquelle une infîme minorité en dépouille tous las autres. S’il s’est tourné vers les gouvernements progressistes pour obtenir de l’aide, qu’il a obtenu auprès du Brésil et du Venezuela, c’est après que le FMI et autres instances d’origine US lui ait refusé toute aide pour des programme de redistribution de richesse, d’éducation, de santé, de ré-attribution des terres à leurs légitimes habitants, bref des programmes de développement qui devaient bénéficier à l’ensemble de la population du pays. Pas aux Transnationales et leurs complices locaux. « Ces gens-là (il parle des ultra-riches) leur demander un centime pour les plus pauvres, c’est encore trop leur demander », dira Zelaya après le coup d’état.

 

Bien Vivre  OU Extractivisme  ?  "Satanisme Indigène"

Bien Vivre OU Extractivisme ? "Satanisme Indigène"

OU Nouvelle Inquisition ?

OU Nouvelle Inquisition ?

Et on le voit bien aujourd’hui en Bolivie puisqu’un des leaders du coup d’état Camacho, bien que toujours multimillionnaire, vient d’une famille qui avait la propriété d’une grande partie du gaz du pays. Ces gens en tiraient de fabuleux bénéfices dont la nationalisation pratiquée par le gouvernement du Mouvement pour le Socialisme (MAS) présidé par Evo Morales les a privé. Ces gens-là se gardaient bien de partager les fruits des richesses naturelles du pays avec la majorité d’habitants originaires qui utilisaient les bouses séchées pour cuisiner. Evo a amener le gaz dans des millions de foyers. Et cela les Camacho et leurs compères ne lui ont pas pardonné. Les priver de leurs profits pour les redistribuer à des populations qui à leur yeux sont infra-humaines jamais il ne l’accepteront.

Il n’est plus possible de comprendre les conflits actuels en Amérique Latine en se contentant de désigner deux camps radicalement opposés qui luttent pour s’attribuer le pouvoir et les richesses d’un pays. Que l’on écoute les voix de la rue ou des champs, une tendance toujours plus marquée nous dit en Equateur « Ni Moreno, ni Correa », au Venezuela : « Ni Maduro, ni Guaido », en Bolivie « Ni Evo, ni Camacho »… Au Chili les manifestants veulent d’une Constituante Populaire immédiate, pas d’une Constituante représentative dont la tenue risque de se voir indéfiniment post-posée : Le président parle de mars ou avril 2020, mais le peuple redoute qu’une fois démobilisé, cette promesse ne sera pas tenue.

J’ai écouté l’autre jour le sénateur et ex-candidat présidentiel de Colombie, Gustavo Petro, tenir ces propos intéressants « Il n’y a pas de centre, il y a des politiques de Vie et il y a des politiques de Mort ». Petro, je ne connais pas suffisamment sa trajectoire politique pour parler en connaissance de cause, simplement ce jour-là il tenait les propos que j’attends depuis longtemps de la part d’un dirigeant politique, plaçant au cœur de la problématique la question de l’eau et celle du réchauffement climatique, évoquant ses conséquences dramatiques qui commencent à se faire sentir. Parlant des pénuries à venir et des choix des priorités que cela implique : « Si le choix est entre une mine d’or et l’eau, c’est évident, le choix, c’est l’eau », dit-il.

Un choix qui n’a pas été celui d’Evo Morales quand il a choisi d’exploiter le « pétrole non conventionnel » par la méthode du fracking, une catastrophe pour les réserves d’eau potable du pays et de la planète. Nous apprenons dès l’enfance que le cycle de l’eau est planétaire et que les réserves d’eau sont mondialement interdépendantes. Je vous renvoie à la lettre ouverte que lui ont envoyé des organisations de Bolivie et du monde à ce sujet et à la liste des signataires de cette lettre. Alors oui, il est bien possible que parmi ces signataires, il y ait des groupes qui ont été constitués spécifiquement pour déstabiliser des gouvernements progressistes, mais je suis certaine d’une chose la majorité des personnes que représentent ces signatures sont réellement soucieuses de défense de l’eau potable corollaire de la défense de la Vie. Et pour faire contrepoids à cette critique, je vous renvoie aussi à cet autre texte qui montre en 2012, les éléments en gestation du coup d’état actuel, où l’on voit déjà comment certains mouvements indigènes sont manipulés de l’extérieur pour, entre autre, semer la division entre eux. Pour l’anecdote, des représentants d’ONGs étasuniennes venaient trouver des populations indigènes de Bolivie pour leur expliquer que la nationalisation étaient une honte et qu’aux États-unis, les indigènes étaient propriétaires des ressources de leur territoire. Sans commentaires. Et pour ceux qui comprennent l’espagnol, je vous propose une intéressante radiographie de ce coup d’état, le complot contre Evo et ces 3 étapes , une excellente synthèse avec documents à l’appui. Rassemblant des documents publié par ailleurs de manière dispersée, elle montre sans aucune ambiguïté le rôle des USA dans la lente genèse et l’exécution de ce coup d’état. Et aussi comment tout déjà était prêt pour déchaîner le coup d’état au cas très probable de victoire de Morales aux élections. Qu’il y ait eu ou non fraude peu importe, proclamer la fraude était la consigne dans tous les cas, la déstabilisation était programmées dans tous ses détails… Et cela c’est inacceptable.

 

Depuis des mois, je suis intensément ce qui se passe au Mexique, intéressée par le gouvernement d’Andrès Manuel López Obrador (AMLO) résolument anti-néolibéralisme, mais aussi par la richesse de la culture et en particulier de la culture politique de ce pays et par la force du mouvement populaire qui soutient les processus de transformation et aspire au retour de la souveraineté nationale. Pour comprendre ce qu’amène (ou non) ce gouvernement de Transition, il faut comprendre l’histoire du Mexique, au moins son histoire récente, quelques décennies de néolibéralisme qui ont semé la misère dans le pays – quand les descendants des inventeurs du maïs chassés de leur terre ont du s’exiler aux USA où ils cultiveront dans les champs des gringos le maïs qui sera ultérieurement vendu à leur pays. Aujourd’hui le Mexique dépend des USA pour 90 % de sa consommation de maïs, aliment de base de la population ! Autre exemple les Corporations US achète le pétrole mexicain à bas prix pour lui revendre ensuite sous forme d’essence et autres produit grevés d’une importe plus-value, tout bénéfice pour ces corporations, des conséquences d’un antérieur Traité de Libre Échange

La question du narcotrafic - et de la violence qu’il génère - est centrale au Mexique ainsi que la manière 1)dont les groupes de narcos se sont militarisés et constitués en Cartel pour les besoins des USA qui ont permis à certains d’entre eux de bénéficier des meilleurs entraînements de forces spéciales de l’école des Amérique ou des sanguinaire Kabyles de Guatemala et 2)du rôle joué par ces groupes criminels pour favoriser l’avancée des transnationales et en défendre les intérêts. Notamment en forçant par la terreur les populations a abandonner leurs terres qui seront ultérieurement livrées à l’extractivisme et à l’agro-industrie. Je ne connais pas les chiffres pour le Mexique mais en Colombie des méthodes similaires font que l’ONU évalue le nombre des déplacés intérieurs à 7 millions de personnes lors du Plan Colombie, modèle pour l’Opération Merida de « guerre contre la drogue » au Mexique.

 

C’est une histoire complexe que je découvre petit à petit, que je ne connais pas encore assez bien pour en parler autrement que dans les grandes lignes et qui demande un travail de documentation et de traduction de longue haleine. La manière dont un Cartel comme celui de Sinaloa, qui a pour origine des petits cultivateurs de drogues locaux, devient un Cartel au sens propre de ce termes, avec des secteurs d’activités diversifiés opérant dans près de 100 pays du monde (plus selon d’autres sources), ne peut se faire sans montrer ses implications dans l’histoire de la finance mondiale et les processus de blanchiment d’argent qui lui sont intrinsèques, sans montrer que cette croissance et militarisation a eu lieu sous l’impulsion de secteurs politico-économiques des USA. Il existe en espagnol une documentation claire, précise et bien étayée à ce sujet, malheureusement fort peu relayée en français. Anabel Hernandez, Jesus Esquivel, Dawn Paley font partie des meilleurs parmi les enquêteurs, mais ils sont loin d’être les seuls. Tout indique que la soi-disant « Guerre contre la drogue » est une guerre pour le contrôle de ce marché doublée d’une guerre contre les peuples au profit des grandes corporations.

C’est certainement le plus grave problème auquel doit faire face le gouvernement d’AMLO aujourd’hui : la sécurité alors qu’il existe dans le pays des groupes puissants de Narcos, qui disposent d’armées dotées d’éléments qui ont reçu les meilleurs formations militaires et disposent d’armes de guerre. La question des armes est importante, ces armes viennent en immense majorité des USA. Certaines leur ont été fournies officiellement dans le cadre d’une opération de la DEA appelée « Rapido y furioso » (2006-2011), le principe étant que fournissant des armes aux narcos il serait possible de les pister et de connaître les membres des Cartels et ainsi de les faire tomber. La réalité fut bien différente et ces armes ont provoqué des dizaines de milliers de morts parmi la population civile du Mexique alors que les Groupes de Narcos se sont renforcéset qu’ils sont utilisés aujourd’hui pour tenter de déstabiliser le gouvernement nationaliste d’AMLO.

Cela aide à comprendre pourquoi AMLO ne veut surtout pas de l’aide des USA pour combattre les Cartels dans une réactivation de la sanglante « guerre contre la drogue ». Le président Calderon qui a initié cette guerre disait que « Bien sûr il y aurait des pertes [de civils] mais que le résultats vaudrait la peine ». L’histoire lui a donné à moitié raison, les pertes de civils sont évaluées à 200 000 personnes (une sous évaluation pour certains), mais le résultat est catastrophique puisque les problème du crime organisé s’est intensifié et n’a même pas connu l’ébauche d’une solution. Alors le gouvernements du Mexique demande aux gouvernement des USA un contrôle de leur trafic d’armes vers le Mexique mais dit « Non merci » à son insistante proposition de revenir dans le pays mené une « guerre contre la drogue » une méthode qui à prouver sa sanglante inefficacité.

Exode indigène en Colombie

Exode indigène en Colombie

Quelques mois de plongée dans l’univers mexicain furent des mois de bonheur, il a au Mexique des journalistes tant du quotidien que d’investigation d’un niveau hors du commun. Ils permettent l’accès à une information de qualité pour lesquels certains d’entre eux ont été assassinés, d’autres ont du s’exiler parce qu’au Mexique leur vie étaient en danger ou qu’ils savaient qu’ils ne pourraient s’exprimer librement sous les précédents gouvernements. Pour certains leur vie est toujours en danger parce que le gouvernement ne contrôle toujours pas les groupes violents mais beaucoup d’autres sont revenus dans le pays qui est à présent un exemple de liberté d’expression. De cela je suis certaine, malgré des campagnes de déstabilisation de la droite-USA, s’il y a des critiques, ce sont surtout celles faites à AMLO de laisser s’exprimer trop librement des personnes qui appellent ouvertement au renversement du président, y compris des généraux et généraux retraités qui ont appelé directement l’armée à se soulever contre l’actuel gouvernement. Il y a une floraison de débats de haut niveau dans lesquels s’allient cœur, intelligence et une grande connaissance historique.

Alors que je pensais pouvoir prendre le temps de m’informer largement avant de parler de ce pays fascinant qu’est le Mexique, les événements ce sont précipités et parallèlement aux soulèvement en Équateur, au Chili, en Bolivie, on a vu au Mexique se manifester de manière accélérée les éléments de prélude à un « coup d’état » doux. En cours en ce moment.

Parmi les journalistes locaux beaucoup sont de vieux routiers qui connaissent à fond l’histoire des coups d’état en Amérique Latine, depuis celui du Guatelmala en 1954 et l’histoire politique de leur pays, les coups d’état, ils les voient venir de loin à la lumière du passé. A eux ce sont joint des milliers de jeunes (et de moins jeunes) enthousiastes qui ont ouvert leur propre canal d’information et apprennent à analyser l’information jour après jour… ils sont les « bénis réseaux sociaux » qui pistent également les fake news produites par les intégrants d’opposition de ces mêmes réseaux.

Beaucoup des plus jeunes sont des inconditionnels d’AMLO, ils font partie des AMLOVERS qui ne tolèrent aucune critique contre leur idole, ce qui peut s’avérer contre-productif. La position des vieux routiers de l’information et de la politique qui soutiennent la transformation du pays est différente. La « tendance » : il reconnaissent Andrès Manuel comme une personne honnête, sincère et de bonne foi, mais suceptible de se tromper comme tout humain. Pour eux une critique constructive permanente est le meilleur soutien qu’il peuvent apporter au gouvernement pour mener une transformation qui soit réellement conforme aux aspirations populaires. Ils se mobilisent également pour analyser la tentative de coup d’état qui se développe dans le pays, et dans ce cadre ils soutiennent totalement le gouvernement actuel.

Pour Andrés Manuel, en tant que personne mon total respect. Je n’ai aucun doute concernant sa sincérité, ni le fait qu’il soit incorruptible. Il n’a rien d’un dictateur, mais le voir incarner la figure du « despote éclairé » est un risque. Pour le dire en bref  : ne fait aucun doute le fait qu’il veuille le Bien du pays. Le problème c’est sa trop forte conviction de savoir ce qu’est le Bien en Soi, comme un Universel incontestable, qui risque de le rendre sourd aux revendications qui parlent d’autres formes de Bien. Politiquement, pour juger il faut comprendre comment peut s’effectuer une transition du néolibéralisme vers un nouveau système équitable (pour qualifier d’un dénominateur commun les différents systèmes candidats à la succession)… et comment cela peut se faire avec la plus grande douceur possible. Et ce n’est pas simple surtout quand un ennemi puissant s’oppose de toute ses forces et par tous les moyens à la réalisation de ce projet. Avant de pouvoir dire aux USA que leur maïs ils peuvent se le garder, il faut reconstruire la souveraineté alimentaire et cela prend du temps. Cela demande aussi une nouvelle conception économique qui utilise de nouveau concept. La Croissance néolibérale, est aussi une mesure de destruction et de mort.

Juan Manuel Santos, ex-président de Colombie, interviewé par Rafael Correa dans une des émissions que l’ex-président d’Équateur présente dur la chaine RT ('Conversando con Correa': Juan Manuel Santos), faisait valoir que les indices de Croissance d’un pays n’étaient en rien la garantie d’une lutte contre la pauvreté efficace, et parfois que bien du contraire. La sortie de la pauvreté d’une population demande d’autres indicateurs, d’autres modes d’évaluation. Cela semble évident, je vous donnais l’exemple du Chili où le PIB moyen par tête est de plus de 13 000 dollar par an alors que le salaire minimum, celui d’une majorité est de 3600 dollars annuels qui ne suffisent pas à assurer les besoin fondamentaux des habitants dans un pays où le « coût de la vie » est extrêmement élevé. Des régions sont asséchées par les choix de développement libéral du gouvernement. Par exemple une entreprise chinoise qui cultive des cerises pour les chinois a accaparé l’eau de la région où elle est implantée. Alors oui, on peut augmenter les revenus de bases monétaires pour ces habitants, cela ne solutionnera pas le problème fondamental et vital de l’approvisionnement en eau potable et pour l’arrosage de leurs propres cultures… En plus un salaire de base de 300$ dollars ne représente pas le même accès aux nécessités basiques dans un pays où les produits alimentaires sains sont accessibles et bon marché et les coût de l’énergie peu élevés et dans un autre où tout coûte les yeux de la tête. Il faut donc d’autres indicateurs.

Le néolibéralisme se montre de plus en plus comme un système qui assassine les populations massivement. Cela consiste tout autant à envenimer des populations avec des nourritures qui sont de véritables poisons provoquant des problèmes de santé publique qu’à fomenter de toutes pièces des guerres civiles dans lesquels des voisins s’entre-tuent, autant qu’à pratiquer l’élimination sélective des opposants, journalistes gênants, leaders sociaux ou populaires et bien d’autres méthodes conjuguées dans une opération qui correspond à un génocide (auu sens où il existe une seule race humaine, qui se divise en ethnies). Dans ce cas, les morts appartiennent indifféremment à différentes ethnies, en différents lieux de la planète, ils ont comme point commun leur non-intégrabilité à ce projet de système discriminatoire.

Mais revenons à la « drogue », un autre aspect de la culture de la drogue est son rôle démobilisateurs des luttes politiques, sociales et populaires. Je vous parlais des cartels mexicains qui ont été utilisés par les USA comme intermédiaires dans l’opération connue sous le nom de Contras qui consistait à fournir aux contre-révolutionnaires d’Amérique Centrale des armes qu’ils payaient avec de la drogue. Un des aspect moins connu de cette opération, c’est la manière dont cette drogue a été revendue dans les quartiers pauvres en lutte pour leurs droits civique aux USA dans le but avoué de provoquer une démobilisation. La méthode n’est pas nouvelle. Je l’ai vu à l’œuvre en Europe, quand l’héroïne a été déversée massivement à la fin des années 70 du siècle dernier. Quelques années auparavant les mouvements de mobilisations populaires étaient larges et constant surtout parmi la jeunesse… quelques années plus tard, propagande à l’appui, la rébellion s’était reterritorialisée du champ politique volontairement disqualifié par les matrices de propagande diffusées dans ce but sur celui de la drogue présentée aux adolescents comme la forme de légitime de révolte. A présent nous voyons au Mexique l’apologie, Hollywoodienne et apparentée, de la culture narcos, qui présente les narcotrafiquants comme de nouveaux héros populaires et le narcotrafic comme le moyen rapide (ou le seul dans un pays de grande pauvreté sans mobilité sociale) d’accéder à la richesse. Une mythification qui a fort peu à voir avec la tragique réalité de la plupart des narcos, en particuliers des jeunes recrutés par ses groupes qui ont une espérance de vie d’une vingtaine années au plus.

Tout cela est complexe, les Cartels ont les moyens de la corruptions, ils infiltrent jusqu’aux plus hautes sphères de la finance, de la politique, de l’armée et des forces de polices, la justice, les administrations publiques… Ils contrôlent les ports par lesquels leurs marchandises sont transitent… Ce n’est pas un problème spécifique au Mexique, mais c’est le pays le plus atteint alors que son Président est le seul à vouloir réellement démanteler l’ensemble de ce système et assainir le pays, une bonne fois pour toute. Quand la tentation me prend de le juger pour les erreurs qu’il commet éventuellement, je me pose la question de savoir ce que je ferais à sa place. Et c’est là que je dis respect, parce qu’au moins il essaye alors qu’il n’existe pas de recettes éprouvées et que, en vieux routier de la politique, il savait que cette volonté transformation le conduirait forcément à une confrontation avec des ennemis féroces et puissants. Respect parce qu’il a accepté de mettre sa vie en jeu pour amener du bonheur au Mexique.

Chavez, quelles que soient les critiques qu’on peut lui faire par ailleurs, qu’il faut faire si on veut corriger ses erreurs, a beaucoup de positif dans son bilan. Comme d’avoir initié un mouvement de dignité et de souveraineté régionale. Par contre dans l’imaginaire collectif latino Maduro est devenu une incarnation des pires dérives du socialisme, servant de repoussoir des gauches de la région et permettant à l’extrême-droite de gagner du terrain. Mais pas seulement, heureusement. Comme je l’ai dit plus haut, grandit régionalement le mouvement de ceux qui veulent pouvoir participer à la vie politique de leur pays en inventant de nouveaux modèles qui ne soient ni néolibéral, ni socialiste. Et sous l’impulsion des populations indigènes sont remis en question les notions de gauche et droite venues depuis un amphithéâtre de la révolution française de 1889, un modèle qui ne trouve pas de répondant dans leur culture politique. Les partis politiques sont une invention de l’Occident pour diviser les voisins disent certains, comme les habitants de la commune de Cherán, Michoacan, Mexique qui ont mis hors de leur ville les narcos et les partis politiques, ont repris une gestion communale, et ce sont réorganisés en Ronde Indigène dont sont issus les volontaires qui assurent la protection de leur territoire. De quel droit imposerions-nous nos modèle à des populations qui ont un riche passé culturel et des structures politiques éprouvées.

Une transformation est une période de transition avec comme on le dit au Mexique « Un vieux système qui n’en finit pas de mourir, alors que le nouveau n’a pas achever de naître ». L’expérience mexicaine est devenu une référence pour ceux qui aspirent à une transformation qui ramène une souveraineté régionale. Si certains sont des capitalistes nationalistes et d’autres des anti-extractivistes autogestionnaires radicaux, et une vaste gamme d’autres nuances, la question de la manière dont doivent se résoudre ces divergences est devenues secondaire face à l’urgence de l’unité face à l’ennemi commun : le colonialisme néolibéral et les factions de l’extrême-droite locale qui en sont les vecteurs. Mais aucun pays ne peut seul échapper aux griffes néolibérales.

Une chose est de savoir qui tire les ficelles, autre chose est d’identifier et de combattre sur le terrain les idéologies dont ceux-là se servent pour y parvenir. En Bolivie, face au soulèvement indigène et à la réprobation internationale, les putschistes ont du rapidement occulter le caractère de « croisade l’antéchrist » affiché ouvertement aux premières heures du Golpe. Ils n’ont pas pour autant renoncé à leur terrible croyance religieuse qui fait des populations indigènes et de la spiritualité de la Pachamama des incarnations de Satan, qu’il faut exorciser et combattre les armes à la main. Beaucoup d’analystes parlent du gouvernement Bolsonariste de Bolivie, effectivement Bolsonaro et la clique bolivienne appartiennent à la même église évangélique raciste, un mouvement qui gagne du terrain en Amérique Latine et dans le monde. Un mouvement qui se confond avec celui d’une radicale ultra-droite. Une idéologie que ceux qui veulent la combattre doivent identifier, celles chasseurs de sorciers et de sorcières fanatiques qui semblent sortis des oubliettes de l’histoire. C’est devenu le principal véhicule de l’extrême-droite latino parmi les couches populaires, une idéologie à combattre. Attention, tous les évangélistes ne sont pas des fascistes, il est question ici d’un groupe spécifique, le nombre de ses membres n’est pas clairement recensé, ils sont évalués à 200 millions dont 30 sont au Brésil.

Pour tous ceux qui pensent que les peuples ont le droit de décider de leur propre destin, et qui voudrait soutenir la population de Bolivie dans son combat pour y parvenir, la question de savoir si vous êtes pour ou contre Evo est devenu secondaire. Manifestent aujourd’hui ensemble à la fois des partisans d’Evo et des opposants unis par leur volonté de défendre la dignité indigène les droits de sujets politiques et territoriaux des habitants natifs du pays. La répression se déchaîne avec la même violence contre les manifestations agressives que contre la majorité de manifestants pacifiques. Certains appellent au retour d’Evo alors que d’autres cherchent de nouveaux leaders pour incarner leurs aspirations. Tous demandent la destitution de la minorité qui a fomenté un coup d’état pour s’emparer du pouvoir et se maintien par une répression toujours plus brutale. Les représentants du MAS, presque 2/3 du Parlement sont écarté du pouvoir par la menace directe contre leur vie ou celle de leurs proches et le gouvernement de fait annonce qu’il s’apprête à arrêter bon nombre de législateurs du MAS sous inculpation de sédition… ils le disent ouvertement, et les instances internationales, se taisent ou ratifient le coup détat.

Comme le disait le journaliste argentin, Esteban Trebucq, un des rares à être resté sur le terrain, (les autres devenus cibles de violence ou accusés de sédition ont fuit le pays) : il est hors de question de parler de guerre civile quand une population désarmée affronte des militaires qui tirent à balles réelles et ont reçu du gouvernement l’implicite droit de tuer que leur confère l’exemption de sanctions pénales…

Aujourd’hui 19 novembre il insiste, le soulèvement indigène avant d’être pour ou contre Evo est une lutte des peuples originaires pour « leur identité, pour leur raison d’être, pour leur descendance, pour leur sang, leur terre et leur avenir. » La violence de la répression est en pleine recrudescence, la police lance les gaz alors que l’armée tire à balles de plomb. Et s’il y a des manifestations « violentes », c’est la violence des pierres contre les tanks, les hélicoptères, les armes à feu. Parce que perdre ce combat serait pire que perdre la vie, le retour à la misère et l’infra-humanisation des populations natives, beaucoup se disent près à perdre la vie dans la bataille. Des hôpitaux de fortune s’organisent dans la rue pour venir en aide aux nombreux blessés et victimes des gaz. Le jeune médecin et autres membres du personnel sanitaire bénévoles interrogés parlent de leur connaissance de neuf morts tous par armes à feu dans 2 hôpitaux de Cochabamba. Et de centaines de blessés plus ou moins gravement ainsi que des victimes de gaz dont la CIDH a condamné l’usage démesuré, ainsi que celui des armes à feu, la force démesurée de la répression du gouvernement de fait. Plusieurs journalistes étrangers ont fait remarquer que les gaz étaient d’autant plus durs à supporter à une altitude de plus de 3000 mètres (La Paz 3640m) où l’oxygène est raréfié.

L’ appel que lance en écho la population : «S’il vous plaît racontez, montrez ce qui nous arrive, faite savoir au monde ce qui se passe ici, ils nous abattent comme des animaux, pourtant les animaux aussi ont des droits, nous avons besoin de soutien dans le monde entier. ». Je relaie …

Au Chili aussi les mobilisations continuent. Ici la répression se caractérise par les dizaines (200) de personnes rendues aveugles où ayant perdu un oeil par les tirs des forces de l’Ordre. « Cela nous a coûté tellement d’ouvrir les yeux, et à présent ils veulent nous rendre aveugle ». « La mutilation physique comme discours du pouvoir » Les tirs se font à proximité des manifestants, visent spécifiquement le visage et les yeux. Illustration aux premières minutes de la dernière émission d’entre noticias, alors que youtube a obligé l’équipe à retirer les images les plus révélatrice, de la répression au Chili comme en Bolivie, sous prétexte de sensationnalisme.

 

C’est très loin d’être un tour complet de la vaste question de l’Amérique en lutte contre le néolibéralisme de dont il sera question à l’avenir sur ce blog, au compte-goutte et dans le désordre en fonction des priorités du moment, avec des traductions inédites selon de leur qualité informative et le temps que je peux y consacrer. Et sûrement beaucoup de fautes ou de redites, que je vous prie de pardonner… Là par exemple, je viens de passer 12 heures d’affilée à rédiger ce texte et recueillir des nouvelles informations, il en reste beaucoup d’autres dont je voudrais prendre connaissance… et aussi une traduction en chantier et une liste d’attente d’autres...

 

Anne W.

 

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"Le vieux fascisme si actuel et puissant qu’il soit dans beaucoup de pays, n’est pas le nouveau problème actuel. On nous prépare d’autres fascismes. Tout un néo-fascisme s’installe par rapport auquel l’ancien fascisme fait figure de folklore […].

Au lieu d’être une politique et une économie de guerre, le néo-fascisme est une entente mondiale pour la sécurité, pour la gestion d’une « paix » non moins terrible, avec organisation concertée de toutes les petites peurs, de toutes les petites angoisses qui font de nous autant de microfascistes, chargés d’étouffer chaque chose, chaque visage, chaque parole un peu forte, dans sa rue, son quartier, sa salle de cinéma."

 

Gilles Deleuze, février 1977.

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