17 avril 2018 2 17 /04 /avril /2018 15:39

Je vous relaie cette info, le grand scandale de la mouvance terroriste de Tarnac fait un gros flop. Après je vous emmènerai faire un tour du côté de la ZAD de Notre Dame des Landes, Et je pense que c’est important de relayer l’info sur la fiction de Tarnac, alors que certains s’attachent à monter le même genre d’intoxication concernant les habitants de la ZAD, cette multitude informelle, expériences de vies qui convergent; toutes sortes de gens très différents se retrouvent à chercher des moyens de vivre bien ensemble, sans se ressembler, s'unir est aussi la seule manière de protéger les lieux, ce n'est pas simple et tellement enrichissant. La criminalisation de l’alternative, c’était déjà ce qui s’était produit à Tarnac où un groupe de jeunes s’étaient installés, avait ouvert une petite boutique, et, fait qui avait été jugé hautement suspect dans l’instruction de leur dossier pour terrorisme : « Ils avaient noués de bonnes relations avec les habitants du villages ». Si, si cela entrait dans les arguments à charge, cela cachait certainement quelque chose… et tout le dossier était à l’avenant.

Ce que cela montre, c'est qu'aujourd'hui nous allons vers la criminalité de la marginalité en tant que telle, même quand elle recèle infiniment plus d'humanité, de respect de la vie, de son voisin, des différences que le système. Il y a un moment maintenant que j'ai compris que le bonheur, simple, est la chose la plus subversive... ce qui fait vraiment peur au pouvoir... parce que c'est contagieux et libérateur

Ydlune Lévy, ex présumée terroriste

Ydlune Lévy, ex présumée terroriste






Après trois semaines de débats, le tribunal correctionnel de Paris a relaxé, ce jeudi, Yldune Lévy, Julien Coupat et la plupart de leurs coprévenus dans le procès de l'affaire dite de Tarnac...


La plupart d’entre eux n’ont pas daigné se déplacer devant cette autorité judiciaire qu’ils ont tant critiquée. Et pourtant, ce jeudi matin, cette même autorité judiciaire a prononcé une relaxe quasi générale à l’encontre des huit prévenus jugés depuis le 12 mars dans l’affaire dite de « Tarnac », pour avoir tenté de saboter une ligne SNCF en novembre 2008.

Relaxés pour les faits d’association de malfaiteurs, Julien Coupat et Yldune Lévy, les deux principaux prévenus, n’ont finalement été reconnus coupables que de refus de prélèvement ADN et même dispensés de peine pour ces faits, le « trouble ayant cessé », selon les morts de Corinne Goetzmann, la présidente de la 14e chambre du tribunal.



« Le Groupe de Tarnac était une fiction », selon le tribunal

 
Dix ans après avoir été présentés par les autorités – Michèle Alliot-Marie en tête – comme de terroristes de l’ultra-gauche voulant faire dérailler des TGV, les prévenus ont donc été totalement réhabilités pas cette décision de justice. Pour une raison simple : « L’audience a permis de comprendre que l’appellation ‘Groupe de Tarnac’était une fiction », a résumé la présidente.

Pointant les « erreurs », les « imprécisions » et les « insuffisances » de l’enquête policière et judiciaire menée pendant dix ans, le tribunal a estimé que rien ne permettait de dire que Julien Coupat et Yldune Lévy s’étaient rendus en Seine-et-Marne pour saboter une ligne SNCF dans la nuit du 7 au 8 novembre 2008.

Un week-end amoureux en Seine-et-Marne


En dix ans d’instruction et trois semaines d’audience, les deux prévenus ont toujours assuré qu’ils s’étaient rendus sur place pour un week-end romantique, voulant simplement dormir et faire l’amour dans leur voiture sur des chemins de terre.

 
« La conception qu’ils ont d’un week-end amoureux peut laisser dubitative… », a lâché la présidente du tribunal. Mais rien ne permet de dire  qu’ils ont bien posé les fers à béton ayant perturbé le passage d’un TGV Est à 5h du matin, cette nuit-là.


Yldune Lévy appelle à un mai 2018

 
« C’est une humiliation pour les services antiterroristes de l’époque, pour le juge d’instruction de l’époque et pour le parquet, a réagi Jérémie Assous, avocat de la plupart des prévenus. Dans n’importe quel état de droit, cette issue aurait été prononcée bien avant ! »

 Seule prévenue à avoir fait le déplacement avec Bertrand Deveaud, Yldune Lévu, visiblement très émue, s’est contentée d’une déclaration très politique à la sortie du prétoire. « La seule chose qu’il faut retenir, c’est qu’il ne faut jamais cesser de se battre contre les machines à broyer, qu’il s’agisse des tractopelles de Notre-Dame-des-Landes ou pour l’occupation des facultés. »

Faisant un parallèle très clair avec le gouvernement d’Emmanuel Macron, elle a même promis, à sa manière, de reprendre le combat. « On nous dit d’être "En Marche" ! Mais "En Marche" contre quoi ? Je vous le dis, je vais me mettre "En Marche" vers l’avenir pour que mai 2018 ne soit pas qu’une triste commémoration [de mai 1968] »

. Le parquet a toujours la possibilité de faire appel de ce jugement.

 

SOURCE

Partager cet article
Repost0
12 avril 2018 4 12 /04 /avril /2018 19:25

 

 

 

Traduction libre et commentée de: Drogas a la estadounidiense Par Hedelberto López Blanch

Il est de notoriété publique que les EU sont le pays plus grand consommateur de drogue dans le monde. Un fait moins connu est qu’aujourd’hui parmi les plus gros dealers de drogue de ce pays, et du monde, se trouvent les sociétés pharmaceutiques qui réalisent de prodigieux bénéfices avec des substances qui mangent les consciences et ruinent les santés de ceux qui les consomment.

 Une des grandes causes d’addiction « pharmaceutique » : des personnes, suite à un accident ou autre problème douloureux, ont reçu, sous prescriptions médicales, des puissants antidouleurs à accoutumance, quand ces prescriptions s’arrêtent, leurs usagers se retrouvent poussés par le manque dans l’enfer des drogues « illégales ». Cette addiction causée par des prescriptions médicales touche surtout les classes moyennes (ou ce qu’il en reste).

Ce problème sème l’inquiétude dans la population, où quasiment chaque famille a au moins un proche victime des drogues.

« Les chiffres officiels font froids dans le dos. En 2O16, ce sont plus de 50 000 mille personnes qui sont mortes d’overdoses aux EU. C’est plus que le total du nombre de morts de soldats étasuniens lors de l’invasion du Vietnam. Les opiacés à eux seuls sont cause de la mort de 17 536 personnes. »

Une corrélation est aussi établie entre l’usage de drogues et une majorité d’actes de violence criminelle comme les meurtres par armes à feu. Autant que la détention libre d’armes à feu, la drogue fait partie de l’équation de la violence meurtrière aux Etats-Unis.

« Selon le Gun Violence Archive : entre janvier et octobre 2016, ce sont 545 mineurs qui ont perdu la vie par des coups d’armes à feu, 274 fusillades « massives » ont été recensées, 46 595 accidents de violence par armes à feu ont été enregistrés. Cela a provoqué 11 652 morts et 23 516 blessés (chiffre auxquels il faut encore ajouter 22 000  suicides, moyenne annuelle). Les drogues sont derrière beaucoup de ces malheureux évènements. »

Le nombre de morts par armes à feu aux EU, depuis 1970, dépasse celui de toutes les guerres que ce pays a mené depuis l’Indépendance de 1776. A présent ce sont 92 personnes par jour qui perdent la vie dans des tirs.

A ces victimes directes des drogues, des violences armées, aux morts, blessures et invalidations qui en résultent, il faut ajouter la douleur des proches, ce qui multiplie d’autant le nombre des victimes.

Alors que depuis l’ère Reagan, qui a institué la tolérance zéro pour la drogue, le nombre de personnes incarcérées dans le pays a atteint par une ascension vertigineuse un chiffre qui tourne aujourd’hui autour de 2 millions, 1 adulte sur cent, auquel il faut ajouter les 4 millions d’autres sous contrôle judiciaire ou autre forme de restriction de liberté. Quelques décennies plus tard, force est de constater que ces mesures répressives n’ont en rien solutionné le problème, au contraire, il n’a fait que s’aggraver.

« A présent dans cette société si agressive [….] aux autres drogues, au cours des dernières années, sont venus s’ajouter les médicaments  opiacés fabriqués par les sociétés pharmaceutiques des EU.

La compagnie Purdue Pharma a lancé sur le marché en 1996 sont produit OxyContin, un opiacé qui en quatre ans en lui avait déjà rapporté 1,1 milliards de dollars. Au vu de la rapidité des gains, d’autres compagnies mirent sur le marché leurs produits : Percacet et Vicadin qui sont également des opiacés »

Pour répandre l’usage de l’OxyCotin, Purdue Pharma a mené dans les grands médias des campagnes de publicité agressives à grande échelles. Radio, presse écrite, programmes de télévision et même des médecins ont contribuer à cette campagne qui garantissait que ce produit délivrait de n’importe quelle douleur sans produire aucune accoutumance. Ce qui bien sûr est faux. On peut s’interroger sur l’éthique des médias qui contre de fortes rétributions diffusent ce genre de campagnes. C’est le problème de la publicité, en général… mais où donc est passé l’éthique quand les lois du consumérisme permettent entre autres la diffusion d’une propagande qui contribue à généraliser l’usage de poisons ? Quand au rôle des médecins, ce n’est certainement pas le plus beau de leur histoire… Il s’agit d’un problème de société, auquel, nous aussi, ici sommes confrontés.

Pour mesurer l’ampleur du problème, il faut savoir qu’en 2016, ce sont 300 millions de ces « médicaments opiacés » qui ont été vendu suite à une prescription médicale, ce qui équivaut à une boite de calmants par habitants, nouveaux nés compris.

 « En transformant un puissant calmant en drogue addictive suscitant une énorme dépendance, le marché a atteint les 24 milliards de dollars par an [soit 35 milliards de bénéfices pour l’OxyCotin depuis sa mise en vente]. Nombreux sont les jeunes qui prennent ses drogues mélangées à de l’alcool pendant des fêtes.

Les puissantes corporations pharmaceutiques, ont réussi ce que n’avaient pu faire les grandes maffias de trafiquants de drogues, distribuer la drogue légalement y compris sur prescription médicale. »

 

Nous connaissons le pouvoir qu’ont les lobbies aux Etats-Unis, à condition d’y mettre le prix, par la carotte ou la menace, le chantage ou le bâton, les grandes multinationales sont devenues un pouvoir législatif dont l’influence est incommensurablement plus grande que la volonté de la population. Et les lobbies pharmaceutiques comptent parmi les plus puissants parmi ces décideurs de notre avenir.

« Au sud de la Floride, la cocaïne continue à être la drogue la plus consommée, mais la consommation d’opiacés comme le fentanil, l’héroïne gagne du terrain et met fin à la vie de milliers de personnes qui ne peuvent s’en passer.

 « D’autre part la méthamphétamine trace sa route, créant au cours des deux dernières années, une vague d’addiction, conduisant à une augmentation du nombre des overdoses. Rien qu’en Floride l’année passée 621 personnes sont mortes d’overdose de méthamphétamines, doublant le nombre des morts par rapport à l’année précédente, des milliers d’autres, sous influence de cette drogue, ont été mêlées à des bagarres, agressions, vols et tous types d’altercations.

On peut affirmer qu’au EU la drogue est une épidémie vorace qui touche la plupart des familles, mais en réalité la véritable épidémie c’est celle de ce système dominant pour lequel le bien-être de la population n’a aucune importance au regard de la prévalence du commerce et de l’accumulation d’argent de la minorité riche ».

 

S’il y a bien un domaine pour lequel l’adage « N’écoutez pas ce qu’ils disent, regardez ce qu’ils font » est valable, c’est la géopolitique étasunienne. C’est le cas pour le fossé entre les justifications, moralisations de leurs guerres inhumaines, y compris leur « guerre à la drogue » où il existe un fossé infranchissable entre la manière dont elles sont « vendues » au public et la réalité de terrain.

Quand même, depuis le temps qu’ils s’enlisent dans des guerres sans fin, il serait temps que chacun se demande si finalement cette vocation d’occupation militaire permanente de pays qu’ils ont préalablement détruits, ou comme dans le cas de la drogue, cette occupation militaire permanente de plusieurs pays (‘Plan Colombie, Plan Merida pour le Mexique et l’Amérique Centrale) sous prétexte de guerre à la drogue, n’est pas leur but réel. Où alors ils sont complètement nuls militairement et vraiment inaptes à s’imposer comme gendarmes du monde.

Sans parler de leurs méthodes, destruction de pays et dommage collatéraux qui créent plus de terroristes, plus prêts à tout (plus rien à perdre, la douleur) qu’elles n’en éradiquent….

En ce qui concerne « la lutte contre la drogue », si on mesure les moyens qu’ils y ont consacré, en dehors du pays principalement, au regard de résultats résolument contreproductifs, dans, comme hors du pays, encore une fois, soit ils sont les plus nuls des nuls, soit leur but avoué n’était, encore une fois, pas leur but réel.

 Il faut bien reconnaître que si tous les immenses moyens financiers utilisés pour occuper militairement ou para militairement, les pays producteurs, sans aucun succès significatif – on se drogue de plus en plus aux EU – avaient été employés à l’intérieur, pour développer des politiques préventives et sociales dans ce pays -  où la misère tsunamise, ou un adulte sur cent est emprisonné, où les écoles publiques des quartiers pauvres ferment au profit d’un enseignement militaire, où la violence devient une règle commune des relations humaines – cette épidémie aurait eu bien plus de chance d’être endiguée.

Pas besoin d’être expert pour cela, toute personne qui a connu des gens à forte addiction, parmi ses proches ou par son boulot, et qui a essayé de « les aider à sortir de là » sait pertinemment bien, que la seule méthode de lutte vraiment efficace est la prévention.

Il faut croire que la vieille recette de G.H. Bush, alors directeur de la CIA au temps des Contras est toujours d’application, les EU fournissaient des armes aux contre-révolutionnaires contre la drogue : produisant de prodigieux bénéfices et un moyen de détruire les luttes sociales en la déversant sur la jeunesse potentiellement rebelle, poussant à la consommation grâce à une efficace propagande de guerre hollywoodienne qui crée une fausse assimilation entre prise de drogue et rébellion.

Je l’ai vu en Belgique, à la fin des 70 ; Quelques années avant nous étions des dizaines, des centaines parfois de milliers de jeunes à descendre dans les rues pour réclamer un changement de monde, peu de temps après, les « drogues dures » ont été déversées massivement, j’ai vu peu à peu de plus en plus d’amis, de copains, parfois anciens militants, se préoccuper davantage de trouver la drogue qui mettrait fin au manque que de politique. Une recette qui marche… elle continue donc d’être appliquée y compris en Europe.

Parallèlement à ce déversement de drogue, les budgets qui subsidiaient des secteurs, comme les maisons de jeunes, ateliers créatifs… ont été déplacés des secteurs de prévention vers ceux qui constituaient l’arsenal de la répression. Une répression tout aussi inefficace que celle qui se pratique aux EU, si le but était de solutionner le problème. Nous le savons tous, ici comme là-bas la prison est bien plus souvent une école du crime que le lieu d’une possible rédemption, d’autant plus quand ceux qui sont incarcérés sont jeunes, en perte de repères et influençables comme le sont souvent ceux qui ont plongés dans l’addiction.

Ajoutons à cela, cette culture médicamenteuse qui est, dans mon pays aussi un fléau, je crois qu’à présent j’ai vu au moins autant de personnes qui ont été détruites par les drogues légales, prescrites par des médecins, que par celles qui sont illicites. Zombification est un terme qui s’applique à certains états provoqués par des consommations de médicaments, ceux que j’appelle les « mange-conscience », dont j’ai pu voir que se prescrivent souvent simultanément plusieurs d’entre eux., parfois jusqu’à une dizaine.

Je ne suis vraiment pas une spécialiste en la matière, je ne consomme pas de médicaments, ni ceux-là, ni d’autres – et parfois je me dis que cela fait partie des raisons de ma bonne santé – mais j’ai eu l’occasion de lire les notices de nombre d’entre eux, en particuliers les effets secondaires et risques associés… cela fait peur… et souvent ces notices n’envisagent pas la question de cumul des effets en cas de prise simultanée. Parmi les effets secondaires les plus courants, on retrouve les pulsions suicidaires, les risques d’agressivité et sautes d’humeur, l’incapacité de concentration, la somnolence… et quelques victimes me l’ont confirmé, ces effets secondaires, ils les éprouvent, en particulier les pulsions suicidaires ou les pertes de contrôle agressives de leur comportement. Alors que d’autres disparaissent littéralement, laissant « une carcasse vide » en état d’errance.

Ces substances ne sont pas seulement un démotivant de la lutte politique, elles le sont aussi de la vie, tout simplement, elles entraînent une perte de vitalité. J’ai appris, à reconnaître ce moment où une personne arrive à un tel état d’absence à elle-même, que le processus devient irréversible.

Quel est donc ce monde, où rien n’est fait pour éradiquer le fléau des drogues, au contraire ? Un monde dans lequel chaque guerre, devient permanente et sert de prétexte à d’autres guerres qui peu à peu, transforme le monde en champ de bataille. Et je n’ai pas évoquer ici, les drogues de guerre qui transforment des jeunes gens en machines à tuer aux prix de séquelles dont beaucoup ne se remettront jamais.

Où est le respect de la vie, dans tout cela, où est le respect de la personne ?

Anne

 

 Quel est ce monde où des multinationales peuvent en toute légalité, en toute visibilité détruire la vie de millions de gens pour réaliser des profits ?

Entre le « monde raconté aux nuls » de la propagande et de la publicité et la réalité résultats de leurs action sur le terrain de la vie… Deux histoires, qui n’ont rien en commun

Anne

Partager cet article
Repost0
11 avril 2018 3 11 /04 /avril /2018 21:08

 

Par: Silvina M. Romano, Aníbal García Fernández, Arantxa Tirado y Tamara Lajtman

Au mois de mars 2018, le Commandement Sud des EU a publié des informations sur les stratégies qui doivent être déployées en Amérique Latine au cours des dix prochaines années. Il faut ajouter à cela la déclaration annuelle faite par l’actuel commandant du Commandement Sud, l’amiral Kurt Tidd, devant le Congrès des EU en février de cette même année ainsi que les scénarios antérieurement conçus par le Commandement Sud pour cette année. Les objectifs, moyens et stratégies ont des points communs et sont en continuité avec la Stratégie de Défense Nationale (2018) et la Stratégie de Sécurité Nationale (2017-2018).

Ces documents officiels fournissent l’information valide et actuelle sur : le rôle clé de l’Amérique Latine et Caraïbe dans la géopolitique étasunienne, les principaux « dangers » et « menaces » identifiés et la manière de les affronter, ainsi que le rôle dévolu aux forces de sécurité de chaque pays dans différents domaines liés à la sécurité interne, régionale et internationale. De tels thèmes ne sont généralement pas présenté de manière sérieuse par la presse hégémonique, ce qui leur permettraient d’être débattus par l’opinion publique. Concernant ce que les forces armées étasuniennes font dans la région (AL) la presse hégémonique préfère les allusions brèves et isolées.

La présence et la manière d’opérer des Forces Armées des EU en Amérique Latine et Caraïbe comprend les liens avec les gouvernements, les entreprises et des secteurs de la société civile. L’amplitude des activités et missions qui se déroulent sont d’une importance vitale et dans la plupart des cas, elles affectent (ou ont le potentiel pour affecter) la vie quotidienne des latino-américains, transcendant le domaine strictement militaire.

STRATÉGIES DU THÉÂTRE D’OPÉRATION DU COMMANDEMENT SUD 2017-2018

Le Commandement Sud affirme que : « en termes de proximité géographique, de commerce, d’immigration et de culture, il n’y a pas de partie du monde qui affecte d’avantage la vie quotidienne des EU que l’Amérique centrale, l’Amérique du Sud et les Caraïbes ».

Parmi les principaux enjeux liés à la « sécurité », nous rencontrons :

Les réseaux illicites transrégionaux et transnationaux

Les désastres naturels et foyers de maladies infectieuses qui s’aggravent en raison de la pauvreté et de l’ingouvernabilité (‘générant instabilité, migrations, etc…)

La présence grandissante de la Chine, la Russie et l’Iran dans la région.

Réseau de réseaux

Ces problèmes vont devoir être affrontés grâce à un réseau de réseaux, opérant pour le Commandement Sud conjointement avec les agences étasuniennes et les alliés et nations coparticipantes, à travers une combinaison de diplomatie, de développement et de défense. Ce réseau inclut les agences et réseaux du gouvernement étasunien, les réseaux de nations alliées coparticipantes, les réseaux de la société civile, du secteur académique, du secteur privé et des populations, qui permettent une augmentation de la gouvernabilité.

Forces de Missions Conjointes

Les “moyens” pour affronter les difficultés comprennent, en plus des ressources, les capacités et autorités juridiques, définissant le rôle des différentes forces conjointes :

Force de Missions Conjointes-Bravo (Base de Soto Carno, Honduras)

Force de Mission Conjointe de Guantanamo

Force de Mission Inter-agences et Conjointe-Sud  (Coyo Huesa, Floride)

Les contingences

Les efforts du Plan de Campagne de Théâtre d’Opérations se centreront, parmi d’autres questions, sur les moyens à développer pour parvenir à une meilleure capacité d’affrontement des contingences. « Gérer les premières 72 heures de chaos en toutes circonstances (…) Si c’est nécessaire nous devons être préparés pour exécuter cela seuls, jusqu’à ce qu’arrive l’aide complémentaire »

La réponse aux cas de contingences comprend :

Défense du Canal de Panama et de la région du Canal.

Les opérations de contrôle des migrations

L’Assistance Humanitaire et la Réponse Face aux Désastres Naturels (y compris la réponse face aux épidémies)

Les Opérations Militaires Unilatérales, Bilatérales et Multilatérales menées par les forces en réponse à n’importe quelle crise.

 

DECLARATIONS DU COMMANDANT DU COMANDEMANT SUD FACE AU CONGRES DES EU

CORRUPTION

L’Amérique Latine souffre de problèmes de gouvernabilité – corruptions, objectifs de développement non accomplis, niveau rampant de crime violents – qui ouvrent la voie à des activités illicites

MIGRATION

Une des menaces consiste en la récente augmentation du nombre des migrants du Triangle Nord de l’Amérique Centrale (Salvador, Guatemala et Honduras. NdT) vers les EU

Les pays du Triangle Nord de l’Amérique Centrale avancent dans l’application de l’Alliance pour la Prospérité (des EU NdT)

VENEZUELA

Une autre menace est l’instabilité interne du Venezuela qui pourrit avoir un impact sur la stabilité de la région.

Cuba continue de menacer les intérêts des EU dans la région, par l’intermédiaire d’activités de surveillance et de contre-intelligence dans plusieurs pays. L’exemple le plus clair est son influence sur le Venezuela (service de renseignement et Forces Armées) et sur la manière dont le régime de Maduro devient de plus en plus autoritaire, provoquant des violations des Droits de l’Homme

La crise au Venezuela a provoqué une vague de migrations. Le gouvernement vénézuélien donne asile à des criminels et des terroristes sur son territoire, il favorise une influence grandissante de la Chine, de la Russie et de l’Iran dans le pays. Il faut s’attendre à ce que la situation empire dans les prochains mois, en perspective de l’élection présidentielle.

CRIME ORGANISE

Le crime organisé (narcotrafic, trafic d’armes, de personnes) s’est étendu par-dessus les frontières des états et constitue une des pires menaces risquant de détruire les avancées acquises par la démocratie sous toutes ses formes. Un des indicateurs est la corruption rampante incitée par ces groupes criminels.

CHINE – RUSSIE – IRAN

La Chine, la Russie et l’Iran ont des alliés importants dans la région et soutiennent des régimes autoritaires anti-étasunien.

Leur objectif dans la région est commercial, pas militaire.

La Russie fait des avancées dans le renseignement et dans le cyberespace, fomentant l’instabilité et discréditant les institutions démocratiques. Moscou tente de pénétrer en Amérique Latine à travers les médias (nouvelles) et multimédias, cherchant à susciter la sympathie avec les latino-américains.

L’Iran cherche à multiplier les liens diplomatiques et les investissements en Amérique Latine

FORCES ALLIÉES

La Colombie, en tant que membre de l’OTAN est l’acteur clé de la région.

Le Pérou est en train de renforcer son rôle dans la sécurité maritime.

Le Chili augmente également son rôle dans la sécurité maritime

Le Brésil s’occupe de coordonner des réponses contre les réseaux criminels et d’extrémistes.

Un plus grand rapprochement avec l’Argentine et l’Equateur est attendu cette année

ENTRAINEMENT (ENDOCTRINEMENT)

En 2017 a été mené à bien un programme d’entraînement (IMET)  auquel au moins 16.OOO soldats latino-américains ont participé

DEVELOPPEMENT SCIENTIFICO-TECHNOLOGIQUE

Le Commandement Sud travaille conjointement avec la NASA, l’Agence de Renseignement Géospatial et les Forces Armées brésiliennes (et d’autres pays) avec pour projet la mise en orbite d’un satellite.

South Cyber-Container Initiative analyse les réseaux pour détecter les activités malveillantes sur la Toile. En développement conjoint avec la DHS, le Département de la Défense et le FBI

AMPLIFICATION DES MISSIONS ET LIENS AVEC LE SECTEUR CIVIL

Le Commandement Sud a mis de l’huile dans les rouages de ses relations avec les Départements d’État et de la Défense, ainsi qu’avec des agences comme l’USAID et différentes ONG afin de faire face aux les différentes exigences en présence, particulièrement celles qui sont liées à l’instabilité et à  la pauvreté qui génèrent un climat instable et des migrations.

STRATEGIE DE SECURITE NATIONALE (2017-2018)

Quatre piliers et quelques-unes de leurs conséquences en Amérique Latine

Protéger « la patrie », le peuple et le mode de vie US (inclus)

Opérer une réforme migratoire pour « renforcer le contrôle des frontières et rétablir la souveraineté »

Combattre à la source les « organisations transnationales délinquantes qui affaiblissent les alliés et corrompent les institutions démocratiques »

Menaces cybernétiques ; “redoubler d’efforts pour protéger nos infrastructures critiques et réseaux digitaux, en prenant en compte le fait que de nouvelles technologies et de nouveaux adversaires nous rendent vulnérables »

Promouvoir la prospérité des EU.

Parvenir à une économie nationale solide (« America first », Amérique = USA – d’abord). Les EU ne toléreront pas les abus commerciaux chroniques et instaureront des relations économiques libres, justes et réciproques »

Utiliser la domination des EU en matières énergétiques et la mettre au service de la stabilité économique et nationale étasunienne (les procédures au Venezuela comme la privatisation de PEMEX et PETROBRAS sont fondamentales)

Préserver la paix par la force

Renforcer l’influence des EU.

STRATEGIE DE DEFENSE NATIONALE (2018)

L’axe de la défense nationale relève de la compétence stratégique inter-états (le terrorisme est conçu comme une menace fondamentale)

La Chine et la Russie sont les principaux problèmes pour la sécurité nationale

On constate une perte considérable d’espaces géographiques transcendantaux dans lesquels les EU avaient auparavant une présence hégémonique. Il faut donc assurer « la ‘résurgence de la compétence stratégique à long terme »

Pour cela, il est essentiel de garantir les avancées technologiques de guerre, en particulier en cybernétique : la compulsion avancée des données, les analyses de ‘big data », l’intelligence artificielle, l’autonomie, la robotique, l’énergie dirigée, hypersonique et biotechnologique qui peuvent nous faire gagner les guerres du futur.

Maintenir un avantage technologique, ce qui va demander un changement dans la culture de l’industrie technologique, des sources d’investissement, des alliances dans le secteur privé et universitaire.

Principaux objectifs :

Défendre la patrie des attaques extérieures

Maintenir l’avantage militaire de la Force Conjointe, tant au niveau mondial que dans des régions clés.

Dissuader l’adversaire de mener des agressions contre nos intérêts vitaux

Permettre les échanges entre agences de EU pour promouvoir l’influence et les intérêts des EU.

Maintenir l’équilibre des pouvoirs régionaux favorables dans les régions Indopacifique, en Europe, au Moyen Orient et dans l’hémisphère occidentale (en particulier au Mexique, au Canada et en Colombie)

Défendre les alliés contre des agressions militaires et renforcer les associés contre la coercition, répartir de manière juste les responsabilités pour la défense commune (en particulier au Mexique, en Colombie et en Amérique Centrale)

Dissuader, prévenir ou empêcher que les adversaires de l’état et les acteurs non estatals, se procurent, fassent proliférer ou usent d’armes de destruction massive.

Parvenir à la paix par la force implique que la Force Conjointe dissuade le conflit grâce à la préparation de la guerre

Etre stratégiquement prévisibles, mais imprévisibles du point de vue opérationnel.

SCÉNARIO ANTICIPÉ POUR LE COMMANDEMANT SUD 2008- 2018

Il a été prévu que la Stratégie du Commandement Sud pour 2018 devait s’orienter vers « vers la construction d’un partenariat fiable dans tout l’hémisphère pour affronter conjointement les défis difficiles (…) pour garantir la sécurité et augmenter la stabilité à travers une association solide pour les Amérique »

Pour cela, on se centrera sur les liens économiques, politiques et militaires qui rendent possible une association solide pour les Amérique, en considérant que l’Amérique Latine et Caraïbe :

Est un des principaux associés commerciaux des USA

Est une des principale source de migrants légaux mais également illégaux aux EU qui transfèrent des fonds vers leurs pays

Cibles définies il y a dix ans : la pauvreté et l’inégalité combiné à la corruption, en plus du crime organisé et du terrorisme

Parmi les objectifs se détachent :

Répondre aux opérations de migration massives

Réduire le risque de l’extrémisme et garantir une ambiance sûre pour les investissements

Permettre aux nations alliées l’achat de matériel de guerre étasunien (en réalité, c’est une obligation. NdT)

Encourager la participation conjointe des militaires des pays alliés et des fonctionnaires étasuniens pour l’intervention dans les désastres humanitaires. Impliquer des organisations privées et non-gouvernementales dans cette association et dans d’autres.

Aider les pays Latino-Américains et Caraïbe dans le domaine de la sécurité intérieure avec l’accent mis sur les Droits de l’Homme et la démocratie « comme le permet la loi des EU »

Investir dans l’éducation et la formation militaires en Amérique Latine et Caraïbe, ce qui pourrait se faire aux EU et former les futurs leaders de leurs nations.

Sources de l’étude :

1. http://www.southcom.mil/Portals/7/Documents/USSOUTHCOM_Theater_Strategy_Spanish_(FINAL).pdf?ver=2017-10-26-124307-193×tamp=1509036213302

2. http://www.southcom.mil/Portals/7/Documents/Posture%20Statements/SOUTHCOM_2018_Posture_Statement_FINAL.PDF?ver=2018-02-15-090330-243

3. https://www.whitehouse.gov/wp-content/uploads/2017/12/NSS-Final-12-18-2017-0905.pdf

4. https://www.defense.gov/Portals/1/Documents/pubs/2018-National-Defense-Strategy-Summary.pdf

5. http://www.resdal.org/ultimos-documentos/usa-command-strategy.pdf

Les auteur(e)s :

Ils sont tous les 4 chercheurs de la Celag, le Centre Stratégique Latinoaméricain de Geopomitique.

 Silvina M. Romano est Docteure en Sciences Politiques diplômée de l’Université Nationale de Cordoba (UNC, Argentine), Licenciée en Histoire et Communication Sociales (UNC). Ses domaines de recherches sont les relations stratégiques avec les EU. Elle est auteure de ¿AMÉRICA PARA LOS AMERICANOS? Integración regional, dependencia y militarización.

Anibal García Fernández, Licencié et Maître en Etude Latinoaméricaine de l’UNAM (Mexique). Ses centres de recherches sont la guerre froide interaméricaine, les politiques de développements et les relations stratégiques entre Amérique Latine et Caraïbe et les USA

Tamara Lajtman Rédige actuellement une thèse de doctorat en Sciences Sociales sous la direction d’Atilio Boron. Elle est professeur de post graduat d’Etudes latinoaméricaine à l’UNAM (Mexique) et licenciée en Sciences Sociales de l’Université Fédérale de Rio de Janeiro (UFRJ, Brésil). Ses principales lignes de recherches concernent les relations entre USA et Amérique Latine, en particulier dans les domaines de la sécurité et de la défense, criminalisation de la protestation, la militarisation de l’Amérique Latine et reconstruction de l’ennemi interne comme « menace à la sécurité des USA » au Pérou et au Paraguay<.>

Arantxa Tirado d’origine barcelonnaise, c’est une politologue spécialisée den Relations Internationales de l’Université Autonome de Barcelone et en Etudes Latinoaméricaine pour l’Université Nationale Autonome de Mexico (UNAM).

Traduction Anne Wolff

 

Source en espagnol

Pour ceux qui voudraient des éclaircissement sur « l’avance de la prospérité dans le Triangle Nord, lire Amérique centrale : brasier dans le Triangle du Nord un texte qui, si besoin est, vous aidera  décoder et traduire en terme de réalité, les promesses du Commandement Sud et des EU pour l’Amérique Latine : la paix par la force (et la violence).
Partager cet article
Repost0
11 avril 2018 3 11 /04 /avril /2018 07:07

 

 

Résistance du Copinh sous le modèle d’occupation continue

 

Par Roverto Barra

Maison d'amitié et de rencontre du Copinh

Maison d'amitié et de rencontre du Copinh

 

 

Le début des années 1990 a été marqué par le reflux des luttes révolutionnaires en Amérique Centrale. Ce reflux ne signifiait pas seulement ce changement de situation politique dans la région, alors que les forces guérilléras sont légalisées en tant que partis électoraux, il correspond aussi à l’ouverture des économies locales aux investissements du capital international dans des zones stratégiques, dans le contexte de l’élan néolibéral de privatisation des ressources des Etats et des biens de la nature.


 

Alors que pour les populations, la perte de référents politiques et idéologiques, à partir de la chute de la Révolution nicaraguayenne et du Bloc Socialiste de l’Europe de l’Est, provoque une démoralisation. Cela rendait chaque fois plus difficile l’articulation d’une unité et d’un travail conjoint. Les divers gouvernements néo-libéraux d’Amérique Centrale profitèrent habilement de la fragmentation des luttes sociales et de l’irruption d’une forte ONGisation des modèles d’organisation et de revendications sociales.

 

La recette néo-libérale, pour le Honduras, était fondée dans un « modèle d’occupation continue » qui permit, depuis les années 80, non seulement le pillage des ressources de l’Etat, mais entraîna aussi une perte continuée de souveraineté en faveur de l’Empire Nord-Américain, en échange de pouvoir et d’impunité pour les groupes de pouvoir.

Foto G. Trucchi | Rel-UITA

Foto G. Trucchi | Rel-UITA

La résurgence du peuple Lenca

 

Dans le cadre de ce scénario régional autant que national, la société hondurienne commença à souffrir de fortes attaques antipopulaires, avec le Décret 18/90, qui essayait de donner un caractère légal aux ajustements structurels de l’économie qui visaient à démanteler les entreprises publiques et à privatiser les ressources de l’état. Ainsi, le gouvernement néo-libéral de Rafael Callejas [1][i] impulsa {2][ii] vigoureusement une forte persécution contre les dirigeants syndicaux et un démantèlement progressif des politiques sociales et agraires dont bénéficiait la population la plus pauvre.

 

En 1992 -93, le paysan indigène hondurien ne figurait même pas (et ne figure toujours pas) dans les statistiques officielles. Parce que les nouvelles politiques agraires néo-libérales ne prennent absolument pas en considération les mesures qui répondraient à la grave crise rurale. Tout au contraire, en à peine 3 ans, plus de 50% des terres qui avaient été adjugées aux paysans dans le cadre du processus de Réforme Agraire de 1964 sont alors, à nouveau, retombées entre les mains du secteur privé.


Sans contrepoids politique ni social, le Gouvernement de Callejas a mis en œuvre (avec le soutien de la Banque Mondiale, du Fond Monétaire International et de l’Agence des EU pour le Développement International, USAID), un ambitieux plan d’ajustement, par lequel les meilleures terres paysannes et les territoires des peuples indigènes se retrouvaient au cœur de la transformation économique du pays. Les terres communautaires de l’Ouest du Honduras, historiquement oubliées, mais riches en forêts et ressources naturelles, se sont vu reconverties en un territoire disputé entre le grand capital national allié au transnationales, et les communautés rurales, dont le peuple Lenca organisé.

 

L'espérance est née à La Esperanza

 

Après la fin de la guerre au Salvador, des bataillons militaires honduriens vont être cantonnés dans la zone occidentale, en particulier dans la zone frontalière. Beaucoup de révolutionnaires internationalistes honduriens ont commencé à revenir au Honduras avec l’intention de soutenir les luttes sociales dans le pays. Ce qui a permis, après plusieurs essais et un lent travail d’organisation, que se génère une alliance, entre les leaders indigènes Lencas, les « predicadores de la palabra » (?NdT) et des ex-combattants révolutionnaires, afin de travailler ensemble à soutenir les requêtes historiques des communautés indigènes Lencas, et des organisations populaires de l’Ouest du Honduras.

 

Fruit de ces efforts, le 27 mars 1993, est né, à la Esperanza (Intibucá), le Conseil Civique des Organisations Populaires et Indigènes du Honduras – COPINH – avec pour objectif d’« améliorer les conditions de vie du Peuple Lenca et avoir une impact positif pour que dans notre pays, en Amérique Centrale et dans les Caraïbes, en Amérique Latine et dans le monde, puisse être implémenter un modèle de développement plus juste, plus digne, entre les êtres humains, en harmonie avec le milieu ambiant » [3][iii]

 

Le caractère urgent qu’avait la création du COPINH a été démontré par le cumul et la pertinence des actions menées pendant ses premières années d’existence. En peu de temps, l’organisation a réussi à paralyser l’industrie forestière dans le département d’Intibucá. Au moins 16 projets de scieries furent abandonnés grâce aux actions menées par les mobilisations. En juillet 1994, des dizaines de milliers d’indigènes Lencas descendirent des montagnes de Yamaranguila  et du département de Lempira, pour rejoindre la première et historique Marche Indigène et Noire Pour la Vie, la Justice et la Liberté. Cette mobilisation n’annonçait pas seulement l’émergence des requêtes des peuples originaires et noirs du Honduras, elle marquait également la différence entre un avant et un après dans les dynamiques organisationnelles et les luttes des mouvements populaires honduriens, avec un sujet social résurgent qui malgré son appauvrissement et son exclusion, a pris la parole et est devenu partie du protagonisme au Honduras et en Amérique Centrale.


Les requêtes présentées par la Marche connurent une victoire contondante. Le peuple lenca obtint la proclamation légale des deux premières municipalités indigènes du pays, San Francisco de Opalaca (Intibucá) et San Marcos de Caiquin (Lempira). En même temps plus de 50 accords furent signés entre la COPINH et le Gouvernement libéral de Carlos Roberto Reyna. Parmi ses accords figurent la construction d’écoles, l’ouverture de routes, centres de santé, etc… En plus un accord de révision de la Convention 169 (accord de l’ONT concernant les droits des populations indigènes NDT) finalement, fut ratifié le 28 mars 1995.

 

Depuis 1994, la société hondurienne a mené une forte lutte pour la démilitarisation nationale. Il faut rappeler que le pays souffrait une importante présence militaire (rééditée actuellement) dans tous les aspects de la vie nationale, le modèle de « l’occupation continue » impliquait non seulement la présence permanente des bases militaires des EU dans le pays, mais aussi l’omniprésence des militaires honduriens dans la conduite des institutions clés pour la sécurité de l’Etat, comme celles relatives aux migration, douanes, télécommunication, registre civil, etc)

 

Le Copinh, en Octobre de cette même année conjointement avec les afro descendants, les paysans, les membres de bases des églises, les femmes indigènes et les étudiants a mobilisé près de 20 000 personnes à la capitale pour exiger, entre autres requêtes, la dérogation au service militaire obligatoire, la fin de l’occupation nord-américaine et la démilitarisation du pays. Cela, et d’autres mobilisations dans le pays, a permis de déroger à la loi sur le Service Militaire et le retrait des militaires des institutions de l’état.

 

La Solidarité comme essence de la lutte et de la fraternité des peuples

 

L’insurrection indigène zapatiste au Chiapas et la demande de paix au Guatemala ont internationalisé les luttes du Copinh. En Avril 1995, une mobilisation a été organisée dans la capitale du Honduras, qui, parmi les diverses requêtes formulées, établit la solidarité avec les peuples indigènes et leur soulèvement militaire dans l’état des Chiapas (Mexique) et demande l’arrêt de la répression des peuples indigènes du Guatemala. Ce nouvel élan organisateur entrait en résonance avec les objectifs originaires du Copinh qui, en essence, recelait une nécessité de fraternité réciproque face à la terrible menace capitaliste impériale qui signifie une intensification de la domination et du pillage de l’Amérique Latine dans le cadre de l’imposition du modèle néolibéral.



 

Pour le Copinh, la solidarité avec toutes les luttes sociales du Honduras, d’Amérique Latine et du monde devint fondamentale, puisqu’elle assume que toutes les luttes des peuples sont aussi des luttes du peuple Lenca et de son organisation. C’est comme cela que dès 1995 il devint évident que toutes les luttes du peuple hondurien et du monde sont assumées comme propres luttes de Copinh. Un des grands efforts en ce sens fut d’essayer d’articuler les luttes ouvrières, paysannes et indigènes du Honduras et du continent comme un front de lutte contre la sévère menace que signifiait l’appel des USA pour la constitution d’une aire de Libre Echange des Amériques (ALCA)


Cette vision stratégique, de toujours promouvoir l’unité et la solidarité des luttes populaires, a permis, au Honduras, que les paysans, les ouvriers, les indigènes créent des espaces communs de lutte face aux menaces et face à la terrible crise économique qui les affectaient. Il faut se rappeler qu’en 1998, l’ouragan Mitch avait affecté sévèrement l’économie communautaire. La perte des infrastructures productives et de récoltes de grains de café[4][iv] a entrainé la ruine de beaucoup de producteurs et a donné lieu à une prise de position opportuniste du gouvernement de Carlos Flores Facussé qui en a profité pour imposer la logique néolibérale du Plan Majeur de Reconstruction et Transformation Nationale (PMRTN signe en Espagnol) qui donnait priorité aux politiques d’ajustement structurel et dans l’appareil de l’Etat, il mit tout en œuvre pour réduire les droits laboraux et sociaux et favoriser l’investissement et les crédits aux grandes entreprises.



 

La menace de désemploi dans le secteur public, le gel des salaires et la perte d’acquis laboraux poussèrent les fédérations FUTH et la Fecesitlih ainsi que d’autres secteurs populaires, à créer le Bloc Populaire -BP, au cours de l’année 2000. Cette première tentative d’articulation ouvrière et populaire après la grave crise d’organisation des années 90, rendit possible le rapprochement entre les organisations qui cherchaient à mettre en déroute le modèle néolibéral dans le pays. Ce furent les premiers pas d’un rapprochement entre le Copinh et le mouvement ouvrier organisé.

 

En 2001, depuis le Sud du Mexique est mis en action le Plan Peuple Panama – PPP qui opère comme fer de lance pour le pillage et l’exploitation des ressources naturelles. Ce qui va susciter, en réponse, la lutte des organisations ouvrières, communautaires, paysannes, indigènes et urbaines contre ce plan. Le Copinh s’est immédiatement engagé dans le travail de coordination des espaces de débats et l’organisation du Forum Mésoaméricain des Peuples en opposition au PPP. Dans les années suivantes, ce sont ajoutés à ces efforts les revendications et luttes populaires dans les secteurs profondément affectés par l’implantation des politiques néolibérales, comme le secteur enseignant, avec lequel la Copinh avait une grande proximité et éprouvait de l’admiration. Le secteur enseignant fut des plus affectés pendant le gouvernement de Ricardo Maduro et le Copinh a été une organisation particulièrement solidaire avec la cause des enseignants, réalisant des marches, soutenant les assemblées et occupations dans différentes parties de la région occidentale.


 

C’est par la confluence de la crise agraire, de la résistance des enseignants, de la lutte contre l’ALCA et contre le PPP que la résistance ouvrière, indigène et afro-descendante a gagné de la force, grâce au regard visionnaire et stratégique de différents dirigeants populaire nationaux, y compris la direction du Copinh. Tous constituants de la Coordination Nationale de la résistance Populaire CNRP – en 2003. Ce fut une expression inouïe et historique de l’unité du mouvement populaire du Honduras.

.
 

Toutes les organisations coïncidèrent et soutinrent la proposition de « coordination tournante », qui donne la priorité aux régions (territoires), ainsi qu’à la délibération en assemblées et espaces de dialogue ainsi qu’au consensus à travers de ce qui s’appelle « conversatorios » depuis lesquels s’effectuent la concertation concernant des actions à échelles locale ou nationale. La première action relevante eut lieu en août 2003 avec la Marche de la Dignité, qui se concentra à Tegucigalpa regroupant des milliers de personnes de tout le pays pour exiger la fin de la répression contre les enseignants et des politiques néo-libérales du gouvernement de Ricardo Maduro.


Le Copinh a fourni un apport évident et notable  dans les différentes instances d’unités et d’articulations nationales comme régionales. Sur la plan national, l’apport portait sur de nouvelles formes d’articulation comme le CNRP, qui donnait priorité au dialogue sur la contrainte ou sur une démocratie sans consensus, ce qui représente une grande avancée pour le mouvement populaire hondurien puisque cela rend possible la formation de liens de solidarité entre les différents acteurs dans le respect de la diversité des points de vue, opinions et formes de lutte. L’apport du Copinh dans les luttes nationales a eu aussi un grand impact pour le projet de construction d’une société nouvelle des peuples originaires. Les peuples indigènes gagnèrent le respect et devinrent incontournables en tant qu’acteurs fondamentaux du changement. La capacité de mobilisation du Copinh mis en évidence le peuple Lenca, acteur fondamental pour penser et lutter pour le changement de société.


La lutte pour la libération de la femme

 

Au sein de ces revendications de droits au niveau national, les femmes du Copinh ont commencé un long chemin de croissance et posé les revendications de leurs propres droits. Un de leurs premiers combats importants a consisté à rendre visible les discriminations et violences au sein de l’organisation. Nombreux furent les agresseurs de femmes qui ont été expulsés de l’organisation grâce au courage et à la lutte chaque fois plus forte qu’ont impulsés les directions de Doňa Pascualita ou Berta Caceres. Ce ne fut pas facile de réaliser, par exemple, la première Assemblée de Femmes du Copinh, parce que certains redoutaient que cette instance divise l’organisation. Mais la pratique a mis en évidence tout le contraire, et donna lieu postérieurement à son institutionnalisation dans les statuts de l’organisation.


 

Pour Bertha, il n’était pas possible d’avancer dans la lutte anti-patriarcale et antiraciste si à l’intérieur même de l’organisation nous ne luttions pas contre les violences envers les femmes sous toutes leurs formes. Ses défis en ce sens ont conduit à l’intégration permanente des femmes dans les structures de direction de l’organisation, ainsi qu’à la formation des compagnonnes à tous les aspects de la lutte sociale afin de les intégrer au travail organisationnel du Copinh et de ses communautés.


Berta disait que “la lutte anti-patriarcale est une conception qui s’exprime dans tous les axes de travail du Copinh depuis ses principes fondateurs, dans les actions, dans les documents reprenant des paroles d’hommes et de femmes que consulte la base en particulier.[…] Cette vision anti-patriarcale traverse toutes les aires de l’organisation puisque ce que nous souhaitons, c’est un changement de la culture machiste, pour conquérir l’égalité des droits et une participation aux bénéfices du travail et à l’organisation, en prenant en compte que nous les femmes sommes des personnes différentes, avec des histoires différentes mais pas avec des droits inégaux.  Nous demandons par cette lutte que les décisions et modes de pensées des femmes pour la famille, l’économie, la politique, le développement organisé du pays et du monde soient valorisées. »



 

Pour Berta, la protection des femmes et des enfants victimes de violence, a toujours été une priorité. Son rêve était de pouvoir disposer d’un espace réservé pour les compagnonnes abusées ou agressées. Quelques années plus tard, ce rêve a commencé à prendre forme avec la proposition de construire une Maison Refuge pour les Femmes. En 2015, la Maison de Guérison et de Justice pour les femmes du Copinh a finalement été inaugurée. Beaucoup d’autres luttes et efforts ont été menés. Par exemple, le Copinh a mis en place, conjointement avec d’autres organisations de femmes, des Cours des Femmes, espaces où la violence pouvait être dénoncée et qui permettait de rendre visibles des stratégies de résistance face à ces violences,. Des espaces de rencontres entre femmes des peuples indigènes ont également été créés.


 

De pair avec Berta Caceres, les femmes du Copinh ont également mis en œuvre d’importantes luttes pour la défense du territoire. Un exemple important est la résistance des femmes de la communauté de San Antonio pour arrêter la construction du barrage El Tigre, sur la rivière Lempa, à la frontière avec le Salvador. Là, des milliers de femmes, ensembles, avec Berta et le Copinh ont marché d’innombrables fois pendant les années 2006 et 2007 pour la communauté, le visage couvert, la machette à la main, portant leurs enfants et exigeant le retrait du projet hydroélectrique qui, finalement, a été paralysé.



 

Luttes populaires unitaires et Refondation Nationale

 

Manuel Zelaya devient Président du Honduras en 2006. Il n’avait jamais entretenu de bonnes relations avec les organisations populaires, jusqu’après la dernière Grève Civique de 2008, impulsée par le CNRP. Dans ces années, le Gouvernement opérait déjà un virage vers les pays membres de l’Alliance Bolivarienne des Peuples de Notre Amérique - ALBA


Le Copinh, qui a toujours entretenu une bonne communication avec les représentants du Venezuela et de Cuba, put déceler l’importance de ce tournant pris par le gouvernement hondurien et a compris l’urgence de soutenir, dans la nouvelle conjoncture, la position courageuse du Gouvernement de Zelaya, qui commençait à affronter les groupes de pouvoir.


Ce processus de rapprochement du mouvement populaire grâce à la CNRP a débouché sur ce qu’on appelle la « candidature indépendante populaire » de Carlos H. Reyes, représentant ouvrier, Berta Caceres, leader indigène, Maribel Hernandez, dirigeante enseignante et Carlos Amaya, membre et dirigeant de la gauche hondurienne. Ils proposaient un programme en 12 points [5][v], des requêtes formulées à partir des accords conclus lors de la Rencontre des Organisations Ouvrières, Paysannes, Enseignantes, Communautaires et Populaires de l’année 2008

 

Le choix de Berta comme candidate, démontrait non seulement la maturité politique acquise par le mouvement populaire, mais aussi la reconnaissance de la direction de la meneuse indigène et du Copinh, lui-même. Ce fut à travers ce processus de rapprochement populaire que l’organisation réalisa la Rencontre Pour la Refondation de Honduras, à La Esperanza..


 

A partir de là, commence la tentative d’implantation d’un véritable Pouvoir Constituant, pour donner du pouvoir du peuple et refonder le pays à travers une nouvelle Constitution, populaire et originaire. C’est dans ce cadre de lutte pour le changement que se perpétua le Coup d’Etat de 2009. De ce fait, la « Candidature » a renoncé à se présenter aux élections (un geste de cohérence révolutionnaire) et elle a appelé à la résistance et à lutter dans les rues contre la dictature.


Le Golpe (coup d’état) et la lutte du Copinh

 

Le Copinh accompagnait l’initiative du gouvernement qui voulait consulter le peuple (au sujet de la tenue d’une assemblée constituante NdT), c’est pour cela que la répression militaire fut ressentie de manière dramatique. Dès les premiers moments, il apparut clairement que la lutte se mènerait principalement dans la capitale. Des milliers de membres du Copinh se mobilisèrent à Tegucigalpa. En plus de se mobiliser et d’accompagner les luttes pendant plus de 6 mois, ils constituèrent un détachement qui fut délégué pour défendre et protéger le périmètre de l’Ambassade du Venezuela pendant plus de trois mois.


Reconstruire le pouvoir populaire et la lutte communautaire

 

Une fois élu le gouvernement de Profirio Lobo, le Copinh a multiplié ses efforts pour accompagner les luttes des paysan(ne)s de l’Aguan, qui se faisaient massacrer pour demander le respect des Droits de la Terre.

 

En plus, un front de lutte et de protestation s’est ouvert, au sein de Front National de Résistance Populaire -FNRP- récemment constitué. Ceci malgré la radicalisation des positions : entre ceux qui prônaient la constitution d’un référent politique électoral et ceux qui appelaient à renverser la dictature par l’insurrection populaire. La ligne électorale était défendue par ceux qui étaient proches du Bloc Populaire, et les alliés politiques de Manuel Zelaya ; la ligne insurrectionnelle, elle, étaient défendues par ceux qu’on appelait les « refondateurs », chapeautés par le Copinh, les organisations de gauche et autres des luttes territoriales.

La division dans le mouvement populaire était consommée et l’approfondissement des contradictions électorales aussi. La fraude électorale de 2013 renforça les différences et ruptures entre les leaders sociaux qui accompagnaient la ligne électorale, alors que la ligne refondatrice avait à sa tête, Berta et Miriam Miranda d’Ofraneh (organisation des afro-descendants du Honduras), organisation sœur du Copinh. Les deux meneuses mirent en pratique une nouvelle dynamique de lutte, plus territoriale, depuis les communautés et pour la défense du Biens Communs de la Nature, face à l’assaut extractiviste du gouvernement de Lobo.


 

La lutte pour la Terre et les territoires devint une principale priorité des organisations refondatrices. La Plateforme des Mouvements Sociaux et Populaires du Honduras fut créée en 2013, convoquée par Berta et Myriam qui en prirent la direction. C’est dans le cadre de cette lutte pour la défense des territoires que se déchaîna une chasse et une criminalisation des leaders sociaux. La lutte de Rio Blanco, pour la Rivière Gualcarque a conduit ultérieurement à l’assassinat de Berta en 2016, parmi tous et toutes les autres leaders communautaires qui ont donné leur vie pour défendre les biens communs de la nature.



 

Dans l’étape actuelle, le Copinh, malgré qu’il ait été sévèrement frappée par la répression de l’état et des grandes entreprises, maintient une lutte déterminée contre les centaines de projets extractivistes qui menacent les communautés et les territoires lencas.

C’est le défi actuel du Copinh : poursuivre la lutte. C’est pourquoi il reconstruit son pouvoir depuis les communautés indigènes, à partir de l’histoire de ses luttes de résistance. Ce n’est pas seulement un combat pour le Copinh, ce combat fait partie des luttes qui se mènent partout dans le monde, pour la mère nature et pour l’humanité parce que déjà, il n’y a plus le temps, comme disait Berta.

 

Source Lista Informativa Nicaragua y más: Copinh: 25 años de lucha y revolución

 

Traduction Anne Wolff

 

 

 


[i] [1] Mis actuellement en examen aux USA pour le retentissant cas FIFAgate par lequel furent découverts les payements de pots de vin et des corruptions à l’intérieur de la Fédération Internationale de football - FIFA –. Antérieurement Callejas avait été mis en examen au Honduras pour différents délits de corruption. Dans un processus à la légalité questionnable, qui se conclut par un acquittement mettant un terme définitif aux poursuites pénales à son égard.

 

[ii][2] Reformas Laborales y acción sindical en Centro América http://library.fes.de/pdf-files/bueros/fesamcentral/07612.pdf 

[iii] [3]-Documento constitutivo del Consejo Cívico de Organizaciones Populares e Indígenas de Honduras.

 

[iv] [4] Au Honduras, le café est produit par des centaines de milliers de familles pauvres dépendant de leurs petites récoltes pour disposer d’un revenu de base annuel. Les petits producteurs sont exploités par les entreprises exportatrices et intermédiaires qui leur imposent des prix d’achat dérisoires pour leurs récoltes. A partir de l’année 1999 le prix du café sur le marché international s’est effondré, ce qui a entrainé le pire désastre pour l’économie locale communautaire dans le pays. La zone Lenca, à l’Ouest du Honduras, est une des principales régions productrices de café du pays.

 

Partager cet article
Repost0
8 avril 2018 7 08 /04 /avril /2018 07:35

D’après

¿Efecto de los recortes?] Comienza a descender la esperanza de vida en varios países europeos. ¿Estamos ante un cambio de ciclo?

Por CAS Madrid  via Kaosenlared

 

Voir lien ci-dessous pour une image plus lisible

Voir lien ci-dessous pour une image plus lisible

Ce phénomène est mis en évidence dans les dernières données publiées par Eurostat.

Les pays qui échappent à cette tendance sont des pays du Nord comme la Finlande le Danemark ou la Norvège que l’on peut considérer comme des pays riches qui conservent des services sociaux et mesures de protection du milieu ambiant efficaces, opérant moins de coupes dans leur budget que celles opérées dans les pays d’Europe centrale ou méditerranéenne.

D ’autres pays, pauvres, continuent à bénéficier d’une augmentation d’espérance de vie, mais ceux-là avaient jusqu’ici une espérance de vie de quelques années – 5 à 6 - inférieure à la moyenne européenne ainsi en est-il de la Bulgarie, l’Estonie ou la Lettonie,

Ce constat simultané se produit dans des pays qui avaient jusque-là connu une permanente augmentation de cette espérance d’année en année. Les chiffres qui montrent ce point d’inflexion sont ceux de 2015, années où sera constaté une diminution d’espérance de vie, en Belgique, en France, en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Grande-Bretagne, en Autriche, en Suède et en Suisse ainsi que dans une dizaine d’autres pays.

 

La Grande-Bretagne, l’Administration Sanitaire alertée par ce phénomène constate déjà une aggravation de 12,4 % du nombres de décès pour les premiers mois de 2018, comparés aux chiffres moyens des 7 premières semaines de cinq années précédentes, ce qui représente une mort de plus toutes les 7 minutes.

L’Europe : tendance à la baisse de l’espérance de vie.

Or, en ce début d’années, le climat a été particulièrement doux, il n’y a pas eu d’épidémie de grippe ou autres maladies respiratoires, et le vieillissement n’est pas non plus cause de cette spectaculaire augmentation de mortalité.

Ce qui s’est produit, c’est un blocage du système sanitaire, des milliers d’opérations « non-urgentes » programmées dans des hôpitaux débordés ont été abandonnées, alors que des patients sans couverture sociale n’ont pas pu recevoir les soins dont ils avaient besoin. On a constaté également une augmentation significative de la mortalité de patients traités pour des maladies mentales. Alors que depuis 2011, on constate également une augmentation de la mortalité postnatale dans les familles pauvres. Depuis plusieurs années, le budget du secteur social augmente à un rythme toujours plus lent.

D’après les prévisions faites par l’Institut de Statistique Britannique pour 2018, le chiffre impressionnant de 1 millions de morts supplémentaires par rapport aux années précédentes est envisagé.

Je ne sais pas s’il existe des études similaires dans les autres pays concernés par cette baisse de d’espérance de vie. Ce qui m’interpelle, c’est pourquoi elle se produit simultanément dans tous ces pays. On peut constater dans le monde une baisse significative du taux de croissance’ démographique.

Ma pratique du terrain de la misère aggravée, à Bruxelles, fait que cette baisse d’espérance n’est pas une surprise. J’ai vu au cours des dernières années de plus en plus de personnes mourir de plus en plus jeunes ou se retrouver dans des conditions de santé déplorables. C’est ce que j’ai appelé les chroniques d’une autodestruction programmée (ou induite). Souvent aussi on me dit : « Ils nous tuent ». Ils ? Le système et ses agents. L’impuissance, l’incapacité souvent à cibler ce « Ils » autrement que comme une malveillance systémique et donc de pouvoir agir, contrer les coups parce qu’on sait d’où ils viennent conduit au désespoir.

Des personnes « se laissent aller » parce qu’elles n’ont plus l’espoir d’une bonne vie. Combien de témoignages aussi n’ai-je pas reçus concernant des dénis de soins, quand des gens de la rue se rendent dans un hôpital, parfois pour des problèmes aussi contagieux que la gale et qu’on leur oppose une fin de non-recevoir sur le mode : « Vous buvez Monsieur, vous n’avez à vous en prendre qu’à vous-même » et « Buiten ! » (dehors), les toxes non plus ne sont souvent pas bienvenus dans les hôpitaux, d’autres à qui la rue ou les conditions de vie déplorables ont donné mauvais caractère se voient prescrire des listes impressionnantes de médicaments destinés à museler leur conscience et régenter leur comportemant. Et d’une certaine manière, bien que « vivants », ils cessent d’exister à part entière.

Pourtant quand la « maladie mentale » prend la forme d’une épidémie, à Bruxelles, un misérable sur trois en serait affligé, c’est peut-être la société qu’il faut interroger, ainsi que la notion même de maladie mentale. Est—ce qu’avoir la rage parce qui vous arrive est injuste est une maladie mentale ou une déviation de comportement inacceptable dans la société de contrôle ? Est -ce que cesser de lutter parce qu’on a perdu sa famille, son logement, son boulot – ce qui est de plus en plus courant, l’un entraîne l’autre – est de la maladie mentale, alors qu’on se retrouve pris dans une sorte de spirale descendante et vicieuse, pas de chemin pour remonter la pente…

Je me suis souvent opposée à cette affirmation qui circule dans le monde associatif qui a la misère pour champ d’action : »Le, la, SDF serait par définition quelqu’un qui a perdu confiance en soi ». Cela arrive aussi, mais ce que je constate moi, c’est que beaucoup de ceux qui deviennent habitants de la rue, on surtout perdu confiance dans la société, dans les pouvoirs publics, la justice, les associations qui prétendent les aider, le système de santé qui les musèlent ou les rejettent… Bien sûr, il y a aussi des profiteurs du système, souvent pathétiques, victimes de leurs propres choix, j’en connais qui sont là , à faire la manche, leur bière à la main, en dégradation accélérée qui te disent « Il faut profiter du système »…  le droit à une « non vie » subsidiée par l’état, qui se transforme plus ou moins vite en une lente agonie. Je leur en veux mais souvent je connais leur histoire et je sais que même à 50 ans souvent celui qui s’exprime comme cela est encore cet enfant qui n’a pas eu sa chance. J’en connais des histoires. Et chacune d’elles m’amène à penser que un jour toutes ces destructions amèneront une baisse de l’espérance de vie dans mon pays.

Ou alors la cause serait l’arrivée de tous ces migrants, qui amènent de leur pays une espérance de vie de 60 ans, voir 50 ans, qui viennent bousiller nos belles statistiques de prospérité ?

Ajoutons que les gens intégrés non plus ne sont pas en trop bonne santé, la dégradation du milieu ambiant, des conditions de travail, de logement, le fait de ne plus pouvoir partir se ressourcer pendant les vacances, et une médecine inadaptée, une médecine qui soigne les symptômes singuliers d’un mal social… une médecine qui a plein de remèdes contre les comportements « déviants », peu importe si elle se transforme en fabrique de zombies, elle aide à supporter, elle ne soigne rien. Une médecine iatrogène, qui fabrique des maladies plus qu’elle n’en soigne ?

Et les coupes budgétaires aussi, mais pas que, je crois que la perte d’espérance de vie est liée à la perte d’espérance tout court, ne plus avoir l’espoir de pouvoir décider de son destin, l’impuissance face aux conséquences de la globalisation pour les plus fragiles, affectivement fragiles souvent, le « Pourquoi vivre quand l’avenir ne semble réserver que du pire » cela, en tout cas dans ce que j’ai pu observer, est une cause majeure de mort prématurée dans la population en général, chez les non-intégrables en particulier. Et de plus en plus, de plus en plus jeunes, vivent cela. On peut se dire cyniquement qu’ils n’auront pas à le vivre très longtemps. Et que l’espérance de vie continuera de baisser dans nos pays, comme ailleurs.

Mais je ne suis pas cynique, seulement impuissante à changer le cours des choses. Alors oui, c’est vrai il existe de bons réseaux de solidarités en Belgique comme dans d’autres pays, mais ils sont incapables actuellement de changer une donnée fondamentale du problème, un désespoir ambiant, un désespoir global, un désespoir qui tue.

Anne

Partager cet article
Repost0
2 avril 2018 1 02 /04 /avril /2018 19:24

par José Antonio Gutiérrez Dantón
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Original: El socialicidio colombiano

La situation des (non-)droits humains en Colombie est extrêmement préoccupante. Au lieu d’ouvrir la porte à la paix et à l’espoir, l’après-accord avec les FARC-EP apparaît comme une période marquée par l’incertitude et la violence. Alors qu’on fait des comptes joyeux sur la réduction des morts violentes de membres des  forces dites de sécurité, du côté des organisations et des mouvements populaires et de gauche, la réalité est terrifiante.

 Conférence de presse de parents et de proches de dirigeants sociaux assassinés, eux-mêmes menacés de mort, Bogotá, décembre 2017

La guerre sale continue et augmente. Il ne se passe guère de jour sans l’assassinat d’un dirigeant populaire. Rien qu’en janvier de cette année, 27 dirigeants  sociaux ont été tués, pratiquement un par jour. Inutile de préciser que l’épicentre de cette guerre sale se trouve dans le sud-ouest de la Colombie, qui a été le théâtre  le plus critique de conflit social et armé dans le pays. Les cartes des deux violences se chevauchent, révélant le lien intime qui les unit.

Tout cela se passe au nez et à la barbe des forces répressives de l’État, qui ont un déploiement sans précédent sur tout le territoire national. Ces forces, si efficaces dans la lutte contre les flambées d’insurrection, sont impuissantes face à l’avancée du paramilitarisme et des tueurs à gages. En vérité ce n’est pas de l’impuissance, mais un manque de volonté, car l’alliance perverse entre le paramilitarisme et les corps de l’État n’a pas été démantelée. Elle n’a même pas été reconnue, car le gouvernement continue de nier l’évidence: le paramilitarisme existe et se renforce sur l’ensemble du territoire national. C’est comme l’alcoolisme. Si vous voulez surmonter votre problème, vous devez d’abord le reconnaître. Le refus de l’État de reconnaître le problème paramilitaire est la preuve flagrante du manque de volonté politique pour mettre fin à ce massacre préventif. Je dis préventif, parce que l’objectif poursuivi avec cette tuerie semble être d’éviter tout progrès, si petit soit-il, de forces politiques et sociales alternatives au bloc oligarchique au pouvoir. Dans cet ordre d’idées, l’assassinat de dirigeants sociaux et de défenseurs des droits humains est l’élément clé de ce type de violence de la part des puissants contre ceux qui remettent en question leur pouvoir et leurs privilèges.

Il est temps d’affronter ce problème dans son ampleur réelle et de commencer à demander quelque chose de plus que le châtiment des responsables intellectuels  et matériels de ce véritable génocide en cours. Il est temps de comprendre la gravité particulière de ces crimes systématiques et d’exiger un traitement différencié pour ce type de violence. Je précise d’avance que je ne suis pas un expert en droit ou quoi que ce soit d’approchant, mais je pense que nous devrions commencer à appeler les choses par leur nom. Comme l’assassinat systématique de femmes dans le contexte des relations asymétriques et inégales de genre a été appelé féminicide, pour mettre en évidence la nature particulièrement grave de ce type de violence meurtrière, il est temps de commencer à parler de sociocide. C’est-à-dire le meurtre systématique de dirigeants sociaux et de défenseurs des droits humains comme stratégie pour éviter toute remise en question de l’ordre social en vigueur.

Ce type de crime mérite un traitement spécial car il est particulièrement grave et a un effet multiplicateur sur la société, créant de l’apathie et de la terreur.  Les forces sinistres qui tiennent la gâchette le savent bien,  qui stigmatisent les victimes potentielles dans les médias et dans les institutions étatiques qui facilitent ce massacre à partir des  services de renseignement et des organes de répression. C’est pourquoi ils l’appliquent avec  un tel enthousiasme. Ils savent qu’en tuant  un dirigeant social, on terrorise toute une communauté de centaines, voire de milliers de personnes. L’assassinat sélectif est aussi efficace que les massacres paramilitaires du début du millénaire. Il paralyse, réduit au silence, muselle, démobilise. C’est pourquoi ces types de crimes ne peuvent plus être traités de la même manière qu’un meurtre commis lors d’une bagarre d’ivrognes ou, pour parler comme un ministre, pour une simple histoire de cul. Le meurtre d’un dirigeant social doit être traité avec plus de rigueur, puisque chaque meurtre d’un dirigeant ou d’un défenseur équivaut à tuer cent personnes. De plus, le problème est encore plus grave que le simple calcul quantitatif: à travers le meurtre du dirigeant, il s’agit en fait de tuer le tissu social.

Ce châtiment exemplaire doit être appliqué non seulement aux forces matérielles derrière cette hécatombe sans fin: il doit  également s’appliquer aux instigateurs et aux forces qui, dans les médias, encouragent cette culture de la violence contre des contestataires de l’establishment. Il est temps d’attraper le taureau par les cornes. La première chose est de reconnaître le caractère exceptionnel de cette vague de criminalité qui secoue la Colombie et que, faute d’un meilleur mot, j’appellerais un sociocide, parce que nous faisons face à une tentative de réprimer violemment un secteur de la société et tout le tissu social qui l’entoure, par la suppression létale de ses représentants visibles. Nous devons secouer l’indifférence et cette culture dans laquelle l’assassinat  des nôtres s’est normalisé. Nous ne sommes pas confrontés à une série de meurtres et de crimes sans lien entre eux : nous avons affaire  à un massacre systématique, depuis plusieurs décennies, favorisé par un environnement hostile dans lequel les médias exacerbent la haine et normalisent la mort. La gravité de la situation mérite des mesures tout aussi exceptionnelles.

 

Source BASTA

Partager cet article
Repost0
2 avril 2018 1 02 /04 /avril /2018 19:05

L’armée contre les classes dangereuses : le Brésil sur les pas du Mexique

L’armée contre les classes dangereuses : le Brésil sur les pas du Mexique

 

   

Raúl Zibechi

Traduit par  Fausto Giudice Фаусто Джудиче فاوستو جيوديشي

 

Le 16 février, le gouvernement de Michel Temer a confié la sécurité de Rio de Janeiro aux forces armées. Des corps de police aux pompiers et aux prisons, tout passe sous le contrôle des militaires. L'excuse, comme toujours, est la violence et le trafic de drogue, qui, bien sûr, existent et sont extrêmement dangereux pour la population.

Rio est l'une des villes les plus violentes du monde. En 2017, il y a eu 6 731 morts et 16 fusillades quotidiennes avec un solde minimum de deux morts chacune, presque toujours des Noirs. Sur les 50 villes les plus violentes du monde, 19 sont brésiliennes et 43 sont latino-américaines (http://goo.gl/CvnFQU). Parallèlement, le Brésil est parmi les 10 pays les plus inégalitaires du monde,  dont certains dont aussi les plus violents, comme Haïti, la Colombie, le Honduras, le Panama et le Mexique (http://goo.gl/XPKd7Y).

 

Selon les chiffres officiels 11,5 millions de personnes vivent dans des favelas

Dans le cas de Rio de Janeiro, les agissements des  porteurs d’uniformes ont une caractéristique particulière: ils se concentrent sur les favelas, c'est-à-dire qu’ils s’en prennent à la population pauvre, noire et jeune. Dans les 750 favelas de Rio où vivent 1,5 des 6 millions d'habitants de la ville. Les soldats se tiennent aux sorties, photographient toutes les personnes, leur demandent leurs documents et vérifient leur identité. Ce genre de contrôle n'avait jamais été fait de manière aussi massive et ciblée.

Ce n'est pas la première fois que l'armée est chargée de l'ordre public au Brésil. À Rio, les militaires sont intervenus 11 fois l'année dernière, dans le cadre des missions GLO (Garantie de la Loi et de l’Ordre), une législation qui a été appliquée lors de grands événements comme les visites du Pape et le Mondial. Depuis 2008, ils ont assumé des fonctions de police à 14 reprises. Mais maintenant il s’agit d’une occupation militaire qui investit tout l'État.

De nombreux analystes ont souligné que l'intervention est vouée à l'échec, puisque les précédentes, même ponctuelles, n'ont pas donné grand-chose. Ils y ajoutent l'échec des Unités de police pacificatrice (UPP), qui à l'époque ont été glorifiées comme la grande solution au problème de l'insécurité, vu qu’elles étaient installées dans les favelas même, comme une police de proximité.

 

 

En même temps, les analystes soulignent que la guerre contre la drogue au Mexique est un échec lamentable, qui pour l’instant s’est soldé par plus de 200 000 morts et 30 000 disparus, alors que le trafic de drogue, loin d’avoir été défait, s’est  renforcé.

Mais  je pense qu'il convient de signaler que ces lectures sont partielles, parce qu'en réalité, ces interventions sont extrêmement efficaces pour atteindre les objectifs inavouables des classes dominantes  et de leurs gouvernements : le contrôle et l'extermination de la population potentiellement rebelle ou non intégrable. C'est la raison qui pousse à militariser des pays entiers en Amérique latine, sans toucher à l'inégalité, qui est la cause première de la violence.

Je pense qu'il y a quatre raisons qui donnent à penser que nous sommes confrontés à des interventions extrêmement fructueuses, au Brésil, mais aussi en Amérique centrale, au Mexique et en Colombie, pour parler des cas les plus évidents.

 

La première est que la militarisation des forces de sécurité réussit à blinder l'État en tant que garant des intérêts des 1 pour cent les plus riches , des grandes multinationales, des appareils d'État armés et des gouvernements. On peut se demander pourquoi il est nécessaire, en cette période de l'histoire, de blinder ces secteurs. La réponse: parce que les deux tiers de la population sont à découvert, sans droits sociaux, au prix de l'accumulation par dépossession / quatrième guerre mondiale.

Le système ne donne rien aux majorités noires (51% au Brésil), indigènes et métisses. Seulement  pauvreté et services minables de santé, d'éducation et de transport. Il ne leur offre pas un emploi décent ou une rémunération adéquate, il les pousse au sous-emploi et au mal-nommé secteur informel. À long terme, une population qui ne reçoit rien ou presque rien du système est appelée à se révolter. C'est pourquoi ils militarisent, tâche qu'ils accomplissent avec succès, pour le moment.

La seconde est que la militarisation à l'échelle macro est complétée par un contrôle de plus en plus raffiné, qui fait appel à de nouvelles technologies pour surveiller de près et de l’intérieur des communautés qu'il considère comme dangereuses. Ce ne peut pas être une coïncidence si dans tous les pays ce sont les plus pauvres, c'est-à-dire ceux qui peuvent déstabiliser le système, qui sont contrôlés de la manière la plus implacable.

Juste un exemple. Quand ils ont fait don de plaques de tôle pour les maisons du Chiapas, ils ont pris soin de les peindre afin d'identifier, d'en haut, les familles non-zapatistes. Les politiques sociales saluées par les progressistes font partie de ces modes de contrôle qui fonctionnent en fait comme des méthodes de contre-subversion.

Le troisième problème est que le double contrôle, macro et micro, général et singulier, est en train de prendre dans ses filets les sociétés du monde entier. En Europe, ce sont des amendes ou de la prison pour ceux qui sortent des clous. En Amérique latine, c'est la mort et la disparition pour ceux qui se révoltent ou, simplement, ceux qui dénoncent et se mobilisent. On ne réprime plus seulement ceux qui prennent les armes, comme dans les années 60 et 70, mais toute la population.

Cette mutation des modes de contrôle, en isolant et soumettant ceux qui pourraient se rebeller ou désobéir,  est l'un des changements les plus notables mis en œuvre par le système en cette période de chaos qui peut mettre fin au capitalisme et au règne des 1%.

La quatrième raison sont des questions. Que veut dire gouverner quand nous avons affaire à des formes de contrôle qui n'acceptent que de voter tous les quatre, cinq ou six ans? À quoi cela sert-il de miser tous les efforts politiques sur les urnes s'ils fraudent et envoient  les militaires dans la rue, comme au Honduras? Je ne dis pas qu’il ne faut pas voter. Je me demande juste pour quoi.

il s'agit de continuer à réfléchir sur nos stratégies. L'État est une hydre monstrueuse au service des  1%. Cela ne changera pas si nous arrivons à la barre de commandement, parce qu’ au sommet de la pyramide ce seront toujours les mêmes, avec tout le pouvoir de nous déguerpir quand bon leur semble.

 

 

 



Merci à Tlaxcala
Source: http://www.jornada.unam.mx/2018/03/02/opinion/016a2pol
Date de parution de l'article original: 02/03/2018
URL de cette page: http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=22989

 

Partager cet article
Repost0
1 avril 2018 7 01 /04 /avril /2018 16:23
Fosses communes pour les prisonniers morts dans l'incendie

Fosses communes pour les prisonniers morts dans l'incendie

 

5 Policiers ont été arrêtés, rendus responsables de l’incendie du commissariat prison de Policarabobo, Valencia, Venezuela, et de ses regrettables conséquences. Officiellement 68 morts dont 66 détenus et deux visiteuses, ainsi que d’une centaine de blessés dans des états plus ou moins graves. Justice vite faite. Justice bien faite ?

Survit la douleur des familiers des victimes, dont les questions restent sans réponses. Incompréhension.
 

5 policiers rendus responsables de l’incendie de Policarabobo au Venezuela

La plupart des corps des victimes ont à présent été rendus à leurs familles, une dizaine de corps n’ont toujours pas été réclamés.  39 des victimes ont été « enterrées » dans le cimetière municipal dans des caveaux maçonnés, à la hâte, dans un recoin du cimetière, où les défunts seront empilés, 3 par caveau, dans des cercueils que les familles n’ont pas eu le droit d’ouvrir. Pour chaque mort, une petite croix blanche sur laquelle son nom est écrit à la main, anonyme.

Seule présence officielle, une douzaine de policiers motorisés, circulent dans le cimetière, veillant « au bon déroulement » des multiples ensevelissements, sans cérémonie, pas le temps, tout est planifié, les suivants attendent leur tour. Aucun accompagnement, aucune présence officielle, ni assistance religieuse. Pas un représentant du pouvoir politique, qui depuis les sommets de l’état est resté silencieux. Les seuls communiqués, la liste des survivants lue le lendemain de l’incendie par une femme policière, sans détail de leur état et les quelques tweets par lesquels le procureur général annonce qu’une enquête aura lieu, puis l’arrestation des 5 policiers considérés comme responsables. Une déclaration conventionnelle aussi d’un adjoint du gouverneur de l’état… aucune déclaration officielle, la Ministre responsable du système pénitentiaire, contrairement à ses habitudes, brille par sa totale absence.

 Aucune présence de terrain, aucune aide psychologique aux survivants où aux familles des victimes, aucune présence officielle pour accompagner les familles et les informer, pour présenter des excuses. Quant aux catholiques, leurs évêques vitupèrent, en chair, contre le gouvernement dans les églises des quartiers chics, le maudissant pour sa responsabilité dans cet incendie, mais l’église ne s’est pas dérangée pour soutenir les familles… Il y a là, abandonnés de tous, « Rien que » des gens simples qui portent les cercueils des aimés, peinant dans la poussière du cimetière, avant de les laisser glisser dans les fosses communes. Des gens en larmes, des enfants aux regards si tristes, d’autres se redressent, l’œil sec et le cœur en bouillie. Et beaucoup d’incompréhension, d’incrédulité se lit sur les visages.

5 policiers rendus responsables de l’incendie de Policarabobo au Venezuela

Le seul élément d’« enquête » qui ait transpiré, c’est que les « autopsie » ont-elles aussi été réalisées à la hâte, à l’air libre, dans le patio de la prison transformé en morgue improvisée. On a également appris que finalement, il n’y a aucun policier décédé dans l’incendie. Trop de versions et de rumeurs circulent sur ce qui se serait « vraiment » passé, et ce serait l’intérêt du régime lui-même que de rendre public les éléments de l’enquête. Mais y en a-t-il eu une digne de ce nom ? En deux jours ? Difficile à croire.

. La Ministre Iris Varela, responsable du système pénitentiaire, « le meilleur du monde » selon ses dires, n’a pas même pris la peine de se manifester. Pas un mot, une apparition publique, pas de déplacement sur les lieux, rien… Alors que ce qui est mis en cause ici, n’est pas seulement l’incendie, mais toutes les conditions qui l’ont rendu possible, des conditions que vivent toujours les quelques 30 000 détenus qui se retrouvent dans des conditions similaires depuis qu’elle a décrété que les prisons étant surpeuplées, certains commissariats feraient office de lieu de détention. Des détentions dans des conditions inhumaines.

Sa seule manifestation, hier, a été pour protester contre le gel de ses avoirs au Panama.

Alors, il y a les on-dit, certains plus crédibles que d’autres. Peut-être un jour les doutes seront levés, mais ce ne sera certainement pas grâce au gouvernement

Pas besoin d’entrer dans un débat spéculatif sur les causes de l’incendie et la totale absence de dispositifs d’évacuation des prisonniers, pour être interpellée, choquée, Les conditions d’existence des prisonniers comme l’inhumanité des traitements qui ont été réservés aux proches des victimes parlent d’elles-mêmes.

Comme parle aussi cette « enquête » bouclée à la hâte, qui conduit à l’arrestation « des cinq responsables » sans qu’aucun de ses éléments ne soient rendus publics, sans que les responsabilités partagées à différents niveaux des pouvoirs publiques soient seulement évoquées. On reste avec un sentiment de frustration, un malaise… ils portent le chapeau.

Aujourd’hui, ce sont plus de 33 000 prisonniers qui occupent pour des mois, voir des années les quelques 8OOO places en cellules prévues dans les commissariats pour des détentions qui ne devraient pas excéder 48 heures.  Les conditions d’hygiène sont déplorables, les prisonniers entassés, sans possibilité de se mouvoir. A Policarabobo, jamais non plus ils n’avaient le droit de sortir dans le patio. Ce sont les familles qui apportent la nourriture, les vêtements propres, les autres objets et produits de première nécessité. L’eau fait partie des priorités !

Alors que selon plusieurs témoignages de proches, pour une heure de visite aux prisonniers en détention préventive, les proches devaient payer aux policiers 10 000 bolivars l’heure. (0,00016 €, si, si ; le salaire minimum est entre 300 et 400 mille bolivars)

Mal nourris, entassés, sans hygiène, sans possibilité de faire de l’exercice, autant dire que la plupart des détenus se retrouvent en mauvaise santé. Tuberculose et VIH sont les maladies les plus répandues.

Ajoutons que les policiers en charge ne reçoivent aucune formation pour leur nouveau rôle de gardiens de prison. Ce n’est pas la même chose de garder quelques individus temporairement, en garde à vue en cellule ou d’avoir à gérer l’intendance et les comportements de centaines de prisonniers, dans les conditions décrites ci-dessus, pour des emprisonnements prolongés.

 

Dans le patio les prisonniers survivants attendent leur transfert

Dans le patio les prisonniers survivants attendent leur transfert

Alors bien sûr, il est possible que 5 d’entre eux aient fait preuve, dans le cas de l’incendie du commissariat prison de Valencia d’un comportement répréhensible ou criminel. Ce ne sont pas les seuls membres des Forces de l’ordre ou militaires qui au Venezuela sont mis en prison pour de tels comportements. Il y avait trois ailes à cette prison improvisée, une pour les détenus en préventive, celle qui a pris feu, une autre pour ceux déjà condamné et une troisième, pour les (135 ? non vérifié) membres des forces de l’ordre qui  « ont failli » à leur devoir. Chaque jour des policiers des militaires sont mis en prison pour diverses raisons, des vols, des agressions, des enlèvements, des assassinats, des actes de corruption, de trahison à la patrie, etc…

Un des premiers doutes qui m’a taraudée, lors des prémisses du gouvernement de Maduro, au printemps 2013, c’est cette tendance qui se dessinait déjà : emprisonner toujours plus massivement semblait être la réponse du pouvoir à la dissidence comme à la délinquance. Cela me fait toujours penser aux « Chimères » du Moyen-âge, les « malformés » de toutes espèces devaient disparaître car ils étaient une insulte vivante à la perfection de l’œuvre divine. Quand un pouvoir quel qu’il soit tend à faire disparaître le problème plutôt que d’y apporter des solutions, je me pose des questions. Depuis j’ai entendu les maduristes, Nicolas en premier clamer de manière réitérée qu’eux, les leaders de la révolution, détenaient La Vérité, celle que devait partager tout vénézuélien qui se respecte.  Associé à la religiosité du régime, le glissement vers une proclamée vérité d’Ordre Divin n’est jamais loin.

De telles prémisses vont conduire vers une société punitive.  Quand celui qui contrevient aux règles de l’ordre social incarne LE MAL. Faut écouter leurs discours, aux dirigeants de l’état et de la « révolution », ils le disent et l’affirment avec toujours plus de force et de conviction. Comme il semble toujours d’avantage que le peuple dont ils auraient à tenir compte se limite aux membres du parti et ceux qui les soutiennent. Les autres, tous les autres étant de l’ordre de la chimère. Alors qu’importe la mort de quelques délinquants sociaux ? Comme le déplorait la maman d’un des détenus décédés : « Dans de telles conditions, nos enfants n’ont aucune possibilité d’insertion, au contraire, la prison empire les choses ».

5 policiers rendus responsables de l’incendie de Policarabobo au Venezuela

Les pandillas, maras bandes de jeunes criminels qui ont trouvé leur origine dans les prisons de Californie sont aujourd’hui légion en Amérique Latine. Quand je dis légion, il y a quelques années leur membres étaient évalués à 8OO OOO rien que pour l’Amérique Centrale. Elles ne sont pas un destin naturel pour les jeunes qui s’y retrouvent embrigadés et ne peuvent en sortir que par la mort, et beaucoup meurent très jeunes. Il existe dans la région d’autres types de bandes criminelles, paramilitaires, une culture de violence qui est la voie sans issue pour une jeunesse sans avenir.

Au Venezuela, voler, dépouiller les autres de leurs terres (j’y reviendrai), de leurs, - souvent maigres - biens, de la nourriture ou des médicaments qui leur sont destinés, des produits de première nécessité, des éléments d’infrastructures, du bétail, c’est un sport national …. La liste est sans fin.  Tous n’y participent pas, tous sont touchés.

D’autres vols sont liés à la corruption financière, détournements de fonds, pots de vin, « taxes » et autres rackets, autres malversations depuis les sommets du pouvoir, jusqu’au plus bas de l’horizontalité, la aussi la liste est sans fin, et s’allonge et s’allonge… Les uns détournent des millions de dollars, les autres quelques dizaines de milliers de bolivars, cela reste du VOL. C’est ici un mal social que seules de profondes réformes de la société pourraient endiguer.

L’explosion du nombre de personnes incarcérées au Venezuela dans ces dernières années montre la dérive « punitive » qui résulte de choix politiques, de la misère et du manque d’éthique qui souvent l’accompagne. Ce n’est pas l’ensemble de la population qui se comporte comme cela, loin de là, je m’apprêtais justement quelques beaux exemple de constructions pour et par le peuple, quand l’incendie a éclaté et que de fil en aiguille j’ai suivi et recoupé les sources et j’ai été touchée par la douleur des famille, par leur colère impuissante à cause de l’incendie, à cause du silence des autorités, du traitement réservé aux morts, aux blessés qui ne peuvent recevoir de visite, ne donnent aux téléphones que de brèves infos sur leur état de santé, leurs besoins urgents, mais ne parlent pas de ce qui s’est passé, ou à cause des survivants en attente de transfert qui regroupés dans le patios voisinent avec les corps calcinés de leur codétenus qu’aucun proche n’a réclamé…

Alors oui, il est évident que faire la lumière sur toute cette affaire ne se borne pas à désigner cinq coupables parmi tous ceux qui ont une responsabilité dans ce drame. Mais si la lumière un jour est faite, cela ne viendra certainement pas du régime, ni des falsificateurs de l’opposition oligarchique, ce sera parce que des familles se seront mobilisées, auront mené leur propre enquête, auront refusé de se laisser impressionner ou acheter pour se taire.  Parce qu’elles auront été soutenues dans leur combat par d’autres forces populaires organisées ou non, dans et hors du pays. Et la totale victoire serait que ces forces populaires, organisées depuis la base, les assemblées des familiers, des voisins, prennent en main la mise en place de dispositifs qui donneraient à ces détenus, très jeunes pour la plupart, la possibilité d’un avenir. C’est possible.

5 policiers rendus responsables de l’incendie de Policarabobo au Venezuela

Cela se fera ou pas, l’avenir nous le dira. Et je garderai un œil sur les suites de ce drame. Jusqu’à ce que les échos se taisent. Ou non. Parce que peut-être les familles ne laisseront pas faire ou parce que l’opposition de droite portera l’affaire sur la scène internationale des Droits de l’Homme C’est fait à l’ONU, qui somme le régime de rendre justice et d’assumer ces responsabilités. La droite non plus ne se contentera pas de cinq responsables désignés à la base et de quelques Tweet du Procureur Général, sans aucun détail de l’enquête en guise d’unique réponse des sommets de l’état. Au contraire ce manque de réactions est autant d’eau - eau qui s’ajoute aux larmes versées par tous les proches des victimes-  au moulin des détracteurs au service des intérêts de Washington, Des détracteurs locaux qui joue la carte de l’ingérence étrangère, pour qui cet incendie est avant tout une bonne aubaine dans leurs stratégies de déstabilisation du pays.

 Je peux me tromper, mais je ne crois pas qu’ils vont laisser tomber, ce que je crois au contraire, c’est qu’à quelques semaines des élections ils vont enfoncer le clou pour qu’elles se déroulent dans un climat d’émeutes qui les rendraient impossible ou les discréditeraient complètement. En plus un tel thème susceptible est de soulever tous les jeunes des quartiers pauvres ! Trop beau !

Sur CNN et d’autres sources aussi versées dans la propagande de masse de mauvaise foi, le thème du « nettoyage social » a été abordé, le gouvernement aurait volontairement fait « disparaître » des détenus surnuméraires. Alors que dans l’autre camp des voix évoquent un complot de l’extrême-droite pour impliquer le gouvernement. Mensonges contre autres mensonges ? Comme le répète Maduro lui-même, un mensonge répété cent fois devient une vérité. Sauf que, quand cette stratégie est utilisée de toutes parts, on se retrouve dans une schizophrénie sociale à grande échelle.  Seules les actions d’union populaire, locales, entre personnes qui se connaissent et se respectent, agissant sur bases de faits connus, éprouvés, peu vaincre le vertige schizophrène social.

De telles puissances existent dans le monde. Au Venezuela des forces populaires qui ont été déboussolées par les trahisons et les mensonges du pouvoir se reconstituent, forces productives autoorganisées, assemblées de voisins qui s’unissent pour faire face aux problèmes qui affectent leur territoire, soutien horizontal entre différents mouvements… c’est de cela dont j’ai envie de parler, c’est plein de puissance, d’espoir, de joie aussi. C’est un vaste sujet. Et j’espère que les familles des victimes auront l’impulsion, le courage et la force de s’unir dans la recherche d’une vérité qui seule leur permettrait de faire leur deuil. Sachant que dévoiler cette vérité feraient d’elles, sans doute, des ennemis de l’état.

 

 

Un moment de recueillement pour les victimes et leur souffrance. Un moment d’humanité.

 

 

A suivre donc…

Anne

Dernier adieu

Dernier adieu

Partager cet article
Repost0
31 mars 2018 6 31 /03 /mars /2018 06:24
Enterrement des victimes de l'incendie

Enterrement des victimes de l'incendie

C’est de la folie !

68 morts (au moins) dans l’incendie d’un commissariat prison,  policarabobo,    au Venezuela.

Alors que tous les yeux sont tournés vers la Russie et l’incendie d’un centre commercial, ici aussi un incendie qui fait tout de même autant de morts.

C’est de la folie… le système carcéral du Venezuela, c’est du délire, de l’inconcevable. Entre des prisons transformées en hôtel de luxe avec piscine et discothèque, ou des prisonniers armés cultivent tant des bananes que de la Maria et les commissariats surpeuplés (à 300 ou 400%) qui servent de prisons préventives, chaque regard sur le système carcéral du Venezuela, nous entraîne plus loin dans le délire.

Iris Varela, ministre responsable du système pénitentiaire, dépasse de loin la Clinton dans le registre Harpie, Haineuse et Hystérique.  C’est vraiment une Horrible personne, une des plus fanatiques parmi les fanatiques maduristes, ivre de pouvoir, on peut la voir poser dans les bras de différents Prans, ces prisonniers qui dirigent les prisons et poursuivent leurs négoces depuis leur lieu d’incarcération. Certains disposent d’un « régime de confiance » accordé directement par la Ministre. Malvenus les membres du pouvoir judiciaire qui voudraient s’opposer aux décisions de l’exécutive Iris.

Si vous ne me croyez pas, faite une recherche Iris Varela Imagnenes, et vous tomberez droit dans les bas-fonds du régime maduriste. Quand même ! Une ministre qui pose dans les bras des plus horribles chefs de gang  et narcos du pays, comme s’ils étaient les meilleurs potes du monde, c’est assez déconcertant.  

Un incendie, s’est déclaré mardi, dans les locaux surpeuplés du poste de Commandement de la Police de l’état de Carabobo, transformée comme beaucoup d’autres commissariats du pays, par ordre de la ministre Varela,  en prison préventive, alors que s’y trouvaient environs 200 personnes. En majorité des prisonniers en attente de jugement, des policiers et quelques visiteurs.

Comme toujours aucune déclaration claire n’a été faite officiellement concernant les causes de l’incendie. La version la plus officielle voudrait que lors d’une tentative de mutinerie, des prisonniers pour faire diversion aient mis feu à leur literie, le feu se serait alors propagé rapidement piégeant les personnes qui se trouvaient sur les lieux.

Certains ont pu appeler leurs familles, avant de mourir carbonisés ou asphyxiés.  « Ils nous tirent dessus », « Ils nous jettent de l’essence »  sont des échos qui nous parviennent de ses appels, mais il y a peu de chance que cela soit jamais tiré au clair.

Les proches des prisonniers se sont rapidement retrouvés sur les lieux pour s’enquérir du sort de leurs enfant, frère, ami pris au piège entre flammes et fumée. Ils ont été repoussés à coup de lacrymogènes par les forces de l’Ordre. Mères éplorées, sœurs en larmes, pères dans le pire état d’anxiété n’ont reçu d’autres réponses à leur question « Mon fils, frère, mari, ami est-il en vie ? » que la répression. Et pendant ce temps, ils entendaient des coups de feu à l’intérieur de la prison. Mais comme au Venezuela il est banal que les prisonniers disposent d’armes à feu… qui tirait ?

Personne n’a pris la peine de leur parler, ni aucun « officiel » celle de se rendre sur les lieux. Pourtant, dit une maman dont le fils décédé était en attente de jugement depuis plus d’un an pour un simple vol : « Il n’avait rien fait qui mérite la peine de mort ». Finalement une fliquette lira une liste des survivants. Voir ici

OK, il s’agit de prisonniers, pas de chalands dans un centre commercial comme en Russie, où Poutine en personne s’est rendu sur les lieux de l’incendie. Prisonniers oui, mais surtout des petits délinquants, toujours présumés innocents puisqu’ils attendaient, indéfiniment, d’être jugés. Des morts et des blessés, dont les proches, pour la plupart des braves gens sont autant de victimes, n’ont reçu d’autres réponses que les coups qui les ont dispersés

Le Ministre de la Justice a désigné 4 enquêteurs pour mener des investigations sur cet « incident » (sic)

Mais cette enquête semble déjà manquer de sérieux puisque les corps des victimes ont été rendus aux familles sans qu’il y ait eu matériellement le temps de pratiquer des autopsies en règle.

Et parmi tous les pires de cet incident, les conditions d’enterrement des victimes, dont vous trouverez ici quelques photos, affligeantes, quelques fosses érigées à la hâte dans la terre aride d’un cimetière qui ressemble à une sorte de dépôt d’ordures. Des familles y traînent les cercueils des êtres aimés entre larmes et poussière dans une odeur pestilentielle.

Mais bien sûr dans un pays où la famine et le manque de soins médicaux, la violence criminelle (y compris celle de l’état) font chaque jour leur lot de morts, d’enfants qui subiront toute leur existence les séquelles de la dénutrition, la mort de 68 personnes (au moins), 65 prisonniers, 2 visiteuses et 1 policier ne sont qu’un incident de plus. Pas de quoi s'éplorer

 

Partager cet article
Repost0
29 mars 2018 4 29 /03 /mars /2018 08:09
Le Petro et le labyrinthe économique vénézuélien

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de Anne Wolff
  • : Comprendre la globalisation, apprendre à y résister
  • Contact

Profil

  • Anne Wolff
  • Amoureuse de la vie, d'une fleur, d'un papillon, d'un arbre, du sourire d'un enfant, je m'oppose à tout ce qui conduit à la destruction systématique de ce que la nature a créé, de la vie, de la beauté du monde, de la tendresse et de la dignité
  • Amoureuse de la vie, d'une fleur, d'un papillon, d'un arbre, du sourire d'un enfant, je m'oppose à tout ce qui conduit à la destruction systématique de ce que la nature a créé, de la vie, de la beauté du monde, de la tendresse et de la dignité

No Pub

Malgré les publicités imposées dans sa nouvelles versions qui apparaissent sur ce blog,celui-ci reste un acte gratuit.

Recherche

Nouvelles formes du fascisme

"Le vieux fascisme si actuel et puissant qu’il soit dans beaucoup de pays, n’est pas le nouveau problème actuel. On nous prépare d’autres fascismes. Tout un néo-fascisme s’installe par rapport auquel l’ancien fascisme fait figure de folklore […].

Au lieu d’être une politique et une économie de guerre, le néo-fascisme est une entente mondiale pour la sécurité, pour la gestion d’une « paix » non moins terrible, avec organisation concertée de toutes les petites peurs, de toutes les petites angoisses qui font de nous autant de microfascistes, chargés d’étouffer chaque chose, chaque visage, chaque parole un peu forte, dans sa rue, son quartier, sa salle de cinéma."

 

Gilles Deleuze, février 1977.

Toutes Dernières Archives