24 avril 2020 5 24 /04 /avril /2020 20:45

 

Depuis un peu plus d’un an je collecte des informations concernant le Grand Projet du président du Mexique Andres Manuel Lopez Obrador, le dit Train Maya. Essayant de faire la part des choses entre les arguments des partisans et opposants parmi les habitants des régions concernées par ce méga-projet. Au cours des dernières semaines le site Alainet a publié trois articles en français, complémentaires, qui réunissent les principales objections formulées contre la réalisation de ce projet. Des positions que je partage. Ne vous y trompez pas, d’AMLO, j’ai vraiment beaucoup de bonnes et mêmes très bonnes choses à dire, mais pas en ce qui concerne le train dit Maya, voici pourquoi :

Mégaprojets du Sud-Est du Mexique

Mégaprojets du Sud-Est du Mexique

Tous les voyants d’alerte écologique sont allumés : en dépit des disparitions de centaines d’espèces et un taux d’extinction qui s’accélère, une zone forestière qui se réduit à grande vitesse, des ressources en eau en diminution et fortement contaminées par des agrochimiques et des déchets industriels, les entrepreneurs du monde continuent à promouvoir leurs entreprises prédatrices telles que l’extraction minière, l’agro-négoce, le tourisme, les industries des hydrocarbures, le fracking ou la génération d’électricité. Dans cette zone, ils continuent à ouvrir des routes au milieu de la forêt et d’autres voies de communication et de transport de marchandises. Argumentant de l’importance de la croissance économique et de la génération d’emploi, ils parviennent à rallier les gouvernements, toutes orientations confondues, à des projets de modernisation, de développement, et de « bien-être social » qui supposent les mêmes conséquences de dévastation rentable : dévastation au nom du progrès.

Géopolitique des canaux et détroits, des trains et des connections catastrophiques

Ana Esther Ceceña

Le TM n’est pas uniquement un ouvrage de grande infrastructure, c’est la matérialisation et la territorialisation d’une vision du monde et d’un mode de vie encouragés par ceux dont les intérêts sont de les défendre. En peu de mots, le Train Maya n’est ni maya, ni seulement un train, n’est ni socialement, ni écologiquement soutenable, c’est la prolongation, par des moyens nouveaux, du projet néolibéral du marché mondial.

Le Train Maya: Machine sans frein de spoliation entrepreneuriale Sandy E. Ramírez Gutiérrez, Josué G. Veiga

Le troisième article concerne la modification du mode de propriété qu’implique ce projet, dans la plupart des régions traversées la majorité des terres sont en propriété collective. Cette propriété devrait être remise entre les mains d’un Consortium en échange d’actions et verrait une transformation radicale du mode de vie de ses habitants

[…] un des correspondants territoriaux du Train Maya, Pablo Careaga, représentant de FONATUR (Fondo Nacional de Fomento al Turismo- Fonds national du développement du tourisme), rapporte ce qui est dit aux membres des ejidos : « Nous te proposons une alternative. Ta terre, tu la cèdes au Consortium FIBRA Tren Maya. Que te donne en échange le consortium ? Il te donne des actions dans l’entreprise, tu deviens un associé de l’entreprise. Au même titre que les autres associés. Ta terre sera nécessaire pour les pôles de développement ». En d’autres termes, ce fonctionnaire dit : « …les membres des ejidos apportent leur capital sous forme de terre. La terre appartiendra aux associés du projet, aux propriétaires de la terre et à ceux qui investissent de l’argent pour développer les villes ».

Les paysans, « associés » du Train Maya. Le pillage financier

Violeta R. Núñez Rodríguez

salvalaselva.org

salvalaselva.org

Le Train Maya: Machine sans frein de spoliation entrepreneuriale

Sandy E. Ramírez Gutiérrez, Josué G. Veiga

20/04/2020

Article publié en espagnol dans la revue Revista América Latina en Movimiento No. 547: Panamá en Tehuantépec: Colonización ferroviaria del sureste de México 11/03/2020

 

 

 

 

Le train Maya (TM), est un des projets d’infrastructure emblématiques de l’administration d’Andrés Manuel López Obrador, président élu en 2018. Le Plan National de Développement 2018-2024 reconnaît que le TM est le plus important des projets d’infrastructure, de développement socio-économique et touristique. Son étude détaillée permet de relever des éléments qui révèlent certaines contradictions et sa continuité avec la dénommée Quatrième Transformation, prolongation de l’«ancien» régime néolibéral dont il cherche à se différencier.

 

La promotion du projet se fait par le récit de revivre la promesse jamais respectée du progrès dans la région sud-est du Mexique. On reconnaît qu’il existe un problème de « retard » dans la région et que la seule issue est la mise en œuvre de grands travaux d’infrastructure qui connecteraient ses richesses avec les flux commerciaux du commerce mondial. Ainsi le TM a été annoncé comme «une opportunité de vaincre la pauvreté et de générer le développement régional et la soutenabilité», sur la base d’une «nouvelle vision d’un tourisme soutenable», orienté vers un développement durable, intégral, culturel et social, dont la cible prioritaire sont les personnes ».

 

Par ces propos, on évite le questionnement de fond sur le fait que nombre des problématiques qui sont vécues dans la région ne sont pas dues au « manque » de développement ou à un «développement insuffisant», mais plutôt au modèle de «développement» mis en œuvre depuis plus de 500 ans : un modèle fortement orienté vers la concentration de richesses, l’extraction et l’exploitation des ressources destinées à l’extérieur, entraînant une exclusion sociale massive, une pression sur les territoires, leur pillage et le rejet des modes de vie. Ce qui est digne de critique n’est pas le manque de développement mais bien la logique qui y a conduit.

 

Il faudrait préciser quelques points…

 

En premier lieu, ce n’est pas seulement un train

 

Le projet du TM suppose l’imposition d’un vaste complexe d’ordonnancement territorial de tout ce qui existe dans la région : re-localisation des implantations en raison des besoins de nouveaux centres urbains, agrandissement des installations industrielles, exploitation des ressources en eau et autres richesses naturelles, expansion des zones touristiques et autres attractions disneylandisées au service du marché mondial.

 

La grande infrastructure en projet est supposée faciliter la mobilité du fret (pétrole, minerai, fournitures) sur toute la longueur de la péninsule, grâce à une connexion interocéanique et une voie terrestre vers le centre-nord du pays. Elle ouvrira des routes et des enclaves commerciales qui accéléreront la connectivité avec le principal associé commercial, les États-Unis, et avec la région asiatique. Son effet d’entraînement pourra déboucher sur l’expansion économique d’autres secteurs qui ont acquis une importance majeure ces dernières années : tourisme, industrie immobilière, agro-industrie et énergie. 

 

À moyen et long terme, la viabilité économique proviendra des revenus du transport de fret. Actuellement, le transport des marchandises dans la région se fait par l’intermédiaire de véhicules automobiles ; avec la nouvelle infrastructure on espère qu’une grande part du fret soit transférée vers le chemin de fer en raison de sa compétitivité sur les trajets de longue distance. On estime que la demande initiale serait de 2,4 millions de tonnes par an et atteindrait les 10 millions de tonnes, avec les conséquences que cela supposera sur l’environnement.

 

Durant des décennies, à Campeche, dans le Tabasco, le Yucatán et le Chiapas a été élaborée une structure productive basée sur l’extraction du pétrole, l’exploitation des bois précieux, du café et des fibres naturelles. Plus récemment, les surfaces agricoles de la péninsule du Yucatán ont été destinées à d’autres activités comme la culture du palmier à huile, du soja, à l’élevage porcin, toutes activités qui exigent d’énormes surfaces de terre et consomment une grande quantité d’eau.

 

Par exemple, une des entreprises qui bénéficieraient du train est la troisième usine sucrière du pays, San Rafael de Pucté, située dans le Yucatán. Avec une capacité de broyage de plus de deux millions de tonnes de canne à sucre durant la zafra, période de récolte, cette usine peut consommer presque 40 mille mètres cube d’eau par jour. Flores et Deniau indiquent que cette sucrerie jouit de la concession de 6 puits d’eau souterraine dont la capacité équivaut à 57% du total du volume concédé pour usage industriel à Umán, municipalité où elle est implantée. De même à Campeche, dans le Chiapas et le Yucatán a été encouragée à grande échelle la culture du palmier à huile, énorme consommatrice d’eau. À Campeche, trois entreprises consomment environ 14,5 millions de mètres cubes d’eau: Palma real, Consortium Agricole Oléicole et Frutoka (Flores Deniau et Prieto, 2019). En outre, on a relevé la présence d’entreprises telles que Agroimsa, Oleopalma, Propalma, Aceitera chiapanèque La Palma et Procesadora d’huile de palme dans le Chiapas, et Huilerie du Golf et Industrie Patrona dans le Yucatán. Au nombre des entreprises porcines, on distingue Kekén, le meilleur producteur de viande de porc du pays et principal exportateur vers le Japon et la Corée du sud.

 

Les complexes touristiques impliquent aussi une forte pression sur les richesses naturelles et culturelles de la péninsule yucatèque. Pour ce qui est du tourisme dans la péninsule, il est concentré dans des chaînes hôtelières à capitaux d’origine espagnole (Groupes RIU, Barceló, Meliá, Iberostar, Oasis, H10 et Princess), et étatsuniens (Groupe Royal Resorts, Hyatt et Hilton Resort ) et quelques entreprises nationales comme Grupo Posadas, Palace Holding, AM Resorts et Grupo Xcaret. Concernant le développement immobilier«seules dix entreprises [nationales] concentrent 34% du commerce immobilier » (Flores, Deniau et Prieto, 2019:22) parmi lesquelles les Grupo Sadasi, CORPOVAEL, Grupo Vivo, Casas ARA, Cocoma, Inmobiliaria VINTE, Conjunto Parmelli, Grupo BMV(Casas Javer) Empresa ICA et Industrias Curator.

 

Dans le même temps pourraient s’ouvrir d’autres marchés et industries qui profiteraient des conditions naturelles de la région (pétrole, immense biodiversité, etc…) et des coûts peu élevés du nouveau mode de transport, ainsi que d’une main d’œuvre bon marché. Finalement il ne faut pas perdre de vue que la péninsule du Yucatán fait partie de la région « Grande Caraïbe » qui se caractérise par ses interconnexions avec le marché mondial (grâce à différentes voies de communication, de corridors multimodales et de connexions interocéaniques) (Ceceña, 2019). Le train n’est que le prétexte, le fer de lance, qui ouvrira la voie à de nouveaux commerces qui étaient jusque là limités ou qui étaient empêchés par l’article 27° sur la propriété des terres communautaires (ejidos).

 

En second lieu, il n’est ni social ni écologiquement soutenable

 

La mise en place du projet suppose une profonde restructuration, relocalisation et ré-articulation des systèmes sociaux et écologiques conditionnés aux multiples interactions entre les éléments et les dimensions qui fondent les pratiques culturelles matérielles et les processus géophysiques du territoire. La Péninsule du Yucatán fait partie du Corridor Biologique Mésoaméricain qui appartient à ce qu‘on appelle l’Amazonie mésoaméricaine, dont la contribution au climat de l’hémisphère nord est fondamentale. La construction met en péril l’habitat d’une zone riche en diversité : le seul tracé du train traversera, sur 15 hectares, des Aires Naturelles Protégées, parmi lesquelles la Réserve de la Biosphère de Calakmul (Campeche), classée Patrimoine Mondial de l’Humanité par l’UNESCO et seconde plus grande réserve du continent américain, juste derrière l’Amazonie brésilienne.

 

La circulation du train engendrera une plus grande pression sur la nature en raison de l’urbanisation qui en découle et de son fonctionnement, générateur d’une augmentation des déchets et de pollution. Un des thèmes les plus sensibles est l’altération de l’écosystème de la péninsule en tant que régulateur du climat (local, régional et même global).

 

Faire qu’un projet, avec ces spécifications, soit rentable économiquement grâce aux revenus du tourisme, implique que ce soit un tourisme de masse pour couvrir les coûts énormes du TM. L’étude coût-bénéfice, élaboré par le Secrétariat des Finances et du Budget public (2020) estime que 42% des bénéfices du développement du TM proviendront des retombées touristiques. Ceci suppose qu’on prétende augmenter la demande de transport (jusqu’à 100.000 passagers par jour) et que soient multipliés les complexes touristiques disponibles pour le tourisme national et étranger. Bien que le Quintana Roo soit doté déjà de la plus grande infrastructure hôtelière, on envisage de l’amplifier et que soit transposé son modèle à des villes comme Mérida dans le Yucatán. Le développement « inclusif » qu’induit le TM s’oriente vers le travail salarié précaire dans des maquiladoras, manufactures sous-traitantes, et le tourisme de masse. Un tourisme qui se traduit par des transformations drastiques des paysages, l’avancée d’une urbanisation anarchique, la pollution et la déprédation sans respect des écosystèmes, dans de très vastes régions. En outre, on prévoit une augmentation exponentielle de la violence directe et structurelle ainsi qu’une augmentation de la concentration de richesse et d’inégalité sociale.

 

En troisième lieu, ce n’est pas un train maya, mais un projet néolibéral

 

Le TM pille et s’approprie des signifiants et des imaginaires collectifs de la culture maya pour les transformer et les vendre comme marque d’un projet nationaliste. Il globalise tous les peuples et, ce faisant, occulte le kaléidoscope des diversités culturelles et naturelles qui cohabitent dans la péninsule. En outre, l’intention d’ouvrir le sud-est mexicain par de grands travaux d’infrastructures n’est pas le fruit du génie du gouvernement actuel. Le TM est la synthèse de la réhabilitation d’anciens programmes d’ordonnancement territorial des gouvernements antérieurs. La plupart ont échoué ou ont été réalisés partiellement, mais l’intention d’«intégrer» ou d’ouvrir la région sud-est au marché mondial a été une volonté constante. Les risques qu’entraîne la réalisation du TM sont très élevés. Le TM présente des éléments de cohérence avec une vision du monde des affaires et des intérêts strictement néolibéraux : une faible présence de l’État dans les investissements, une augmentation de la privatisation suscitant la participation de grandes entreprises locales et étrangères, une accélération de la spoliation, jamais vue auparavant dans le sud-est (des droits, des territoires, des savoirs), une rupture des liens sociaux, des identités culturelles et des pratiques économiques. Le risque encouru est très élevé et il faut réfléchir à si ce qu’on veut est renforcer le droit à la libre autogestion pour que les communautés locales décident des routes et des chemins de leur propre avenir, ou bien imposer, selon une vision paternaliste de l’État, un projet étranger aux besoins des communautés locales qui favorisera la distribution des richesses de la région au profit des grands intérêts privés.

 

Réflexions finales

 

Le projet du TM est conçu pour transporter des personnes (touristes et passagers locaux) et du fret (énergétiques, comestibles, matériaux de construction, et autres); mais il suscitera aussi des intérêts de natures diverses : politiques, économiques, financiers et géopolitiques. Sa construction supposera un réordonnancement territorial en fonction de la demande du marché mondial, le renforcement croissant d’intérêts économiques locaux et l’afflux de capitaux étrangers. La connexion, l’extraction, l’exploitation des ressources pour des bénéficiaires extérieurs seront facilitées, tandis que les besoins locaux resteront subordonnés et relégués au second plan. Loin de promouvoir une croissance économique moins inégalitaire – sans compter les dommages environnementaux, culturels, archéologiques que le projet induit – le projet du TM accentuera les asymétries économiques et le modèle de polarisation, d’exclusion et de concentration entre grandes entreprises (agro-industrie, extraction de pétrole ou de minerais, complexes touristiques), mettant ainsi en danger la diversité culturelle et écologique de la région.

 

Le TM n’est pas uniquement un ouvrage de grande infrastructure, c’est la matérialisation et la territorialisation d’une vision du monde et d’un mode de vie encouragés par ceux dont les intérêts sont de les défendre. En peu de mots, le Train Maya n’est ni maya, ni seulement un train, n’est ni socialement, ni écologiquement soutenable, c’est la prolongation, par des moyens nouveaux, du projet néolibéral du marché mondial.

(Traduction : Françoise Couëdel)

- Sandy E. Ramírez Gutiérrez est doctorante de troisième cycle en Études latino-américaines et membre de l’Observatoire Latino-américain de Géopolitique (OLAG) et du Laboratoire des Études sur les Entreprises Transnationales, à l’IIEc, UNAM sanerag@gmail.com

- Josué G.Veiga Maîtrise de Troisième cycle d’Études latino-américaines et membre de l’ OLAG et du Laboratoire d’Études des Entreprises Transnationales, à l’IIEc, UNAM josuegave@hotmail.com

Références

Ceceña, A. (2019), “Megaproyectos para el mercado mundial”, Avances de investigación. Tren Maya, Observatorio Latinoamericano de Geopolítica, IIEc-UNAM, México, http://geopolitica.iiec.unam.mx/sites/

default/files/2019-12/OLAG-2019-TrenMaya-Avancesdeinvestigacio%CC%81n.pdf

Flores, A., Deniau, Y., Prieto, S. (2019), El Tren Maya. Un nuevo proyecto de articulación territorial en la Península de Yucatán, GeoComunes, http://geocomunes.org/Analisis_PDF/TrenMaya.pdf

Secretaría de Hacienda y Crédito Público [2020], Análisis Costo Beneficio. Versión pública, México,

disponible en Animal Político:

https://www.animalpolitico.com/wp-content/uploads/2020/01/version-

P%C3%BAblica-ACB-Tren-Maya-08012020-VFI-vF-4.pdf

 Source : ALAINET

 

 

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22 avril 2020 3 22 /04 /avril /2020 10:17

Que le SARS-cov-2 ait été fabriqué en laboratoire, que cela se soit passé en Chine ou n’importe où ailleurs ou qu’il soit le résultat de nos manières d’habiter la planète est secondaire puisque ce qui est certain c’est que nous vivons les chroniques d’une pandémie annoncée.

 

Or les mêmes qui ont anticipé et modélisé cette pandémie comme Bill Gates ou la Fondation Rockefeller sont des promoteurs et praticiens de l’eugénisme, une tradition idéologique qui aux États-Unis émerge à la fin du 19ème siècle et dont les prémisses étasuniennes serviront de fondations au racialisme nazi. (et non l’inverse).

 

Pour répondre à la question posée par le titre il nous faut remonter aux racines de cette idéologie afin de comprendre si la pandémie prend place de même que d’autres pratiques dans les plans des eugénistes. C’est d’autant plus important que ces mêmes fondations et organisations ont depuis longtemps infiltrés tous les rouages de l’OMS, la Fondation de Bill Et Melinda Gates fait partie de ses principaux bailleur de fonds. J’y reviendrai.

 

«War Against the Weak: Eugenics and America's Campaign to Create a Master Race » , La guerre contre les faibles d’Edwin Black retrace l’histoire de l’eugénisme étasunien depuis ses racines. Dans un article The Horrifying American Roots of Nazi Eugenics, il raconte l’essentiel du contenu de son ouvrage. Le texte est anglais, ma compréhension de l’anglais est loin d’être excellente, je me suis fait aider par Google traduction et linguee, je conseille donc à ceux qui le comprennent bien de lire le texte original.

Un virus opportun ? Des racines étasuniennes de l’eugénisme

Les horribles racines étasuniennes de l’eugénisme nazi.

Par Edwin Black

 

 

Hitler et ses acolytes ont victimisé tout un continent et exterminé des millions de personnes dans leur quête d'une prétendue « race des maîtres ».

Mais le concept d'une race nordique de maître blanc, aux cheveux blonds et aux yeux bleus ne vient pas d'Hitler. L'idée a été créée aux États-Unis et cultivée en Californie, des décennies avant l'arrivée au pouvoir d'Hitler. Les eugénistes californiens ont joué un rôle important, bien que peu connu, dans la campagne du mouvement eugéniste américain pour le nettoyage ethnique.

L'eugénisme était la pseudoscience raciste destinée à exterminer tous les êtres humains jugés «inaptes», ne préservant que ceux qui se conformaient à un stéréotype nordique. Des éléments de la philosophie ont été consacrés en tant que politique nationale par des lois sur la stérilisation et la ségrégation forcées, ainsi que sur des restrictions au mariage, promulguées dans vingt-sept États. En 1909, la Californie est devenue le troisième État à adopter de telles lois. En fin de compte, les praticiens de l'eugénisme ont stérilisé de manière coercitive quelque 60 000 Américains, ont interdit le mariage de milliers de personnes, ont imposer la ségrégation de milliers de personnes en "colonies" et ont persécuté un nombre incalculable de multiples manières. Avant la Seconde Guerre mondiale, près de la moitié des stérilisations coercitives ont été effectuées en Californie, et même après la guerre, 1/3 des opérations pratiquées dans le pays l’étaient en Californie.

La Californie était considérée comme l'épicentre du mouvement eugéniste américain. Au cours des premières décennies du XXe siècle, les eugénistes de Californie comprenaient des scientifiques racialistes puissants mais peu connus, tels que le spécialiste des maladies vénériennes de l'armée, le Dr Paul Popenoe, le magnat des agrumes et le bienfaiteur polytechnique Paul Gosney, le banquier de Sacramento Charles M. Goethe, ainsi que des membres de la Californie. State Board of Charities and Corrections et le University of California Board of Regents.

L'eugénisme serait resté un discours de salon tellement saugrenu s'il n'y avait pas bénéficié d’un ample financement par des philanthropies d'entreprise, en particulier la Carnegie Institution, la Rockefeller Foundation et la Harriman Railroad Fortune. Ils étaient tous de mèche avec certains des scientifiques les plus respectés d'Amérique provenant de prestigieuses universités telles que Stamford, Yale, Harvard et Princeton. Ces académiciens ont adopté la théorie et la science de la race, puis ont truqué et déformé des données pour servir les objectifs racistes de l'eugénisme.

Le président de Stanford, David Starr Jordan, donne naissance à la notion la notion de «race et de sang» dans son épître raciale «Blood of a Nation» de 1902, dans laquelle le chercheur universitaire déclarait que les qualités et conditions humaines telles que le talent et la pauvreté passaient par le sang.

En 1904, la Carnegie Institution a établi un complexe de laboratoires à Cold Spring Harbor sur Long Island, on y stockait des millions de fiches sur des Américains ordinaires, alors que les chercheurs planifiaient soigneusement le déplacement des familles, des lignées et des peuples entiers. Depuis Cold Spring Harbor, les partisans de l'eugénisme ont pénétré les assemblées législatives étasuniennes, ainsi que les agences et associations de services sociaux du pays.

La fortune de la société de chemin de fer Harriman a payé des œuvres de bienfaisance locales, telles que le Bureau des industries et de l'immigration de New York, pour rechercher des immigrants juifs, italiens et autres à New York et dans d'autres villes surpeuplées et les soumettre à la déportation, à l'internement forcé ou à la stérilisation forcée.

La Fondation Rockefeller a aidé à fonder le programme d'eugénisme allemand et a même financé le programme dans lequel Josef Mengele travaillait avant son départ pour Auschwitz.

Une grande partie de la direction idéologique et de l'agitation politique du mouvement eugénique américain est venue des sociétés eugéniques quasi autonomes de Californie, comme la Human Betterment Foundation de Pasadena et la branche californienne de l'American Eugenics Society, qui a coordonné une grande partie de leur activité avec les eugénistes de la Société de recherche de Long Island. Ces organisations - qui fonctionnaient dans le cadre d'un réseau étroitement lié - ont publié des bulletins racistes eugéniques et des revues pseudoscientifiques, tels que Eugenical News et Eugenics , une propagande qui fut propagée par les nazis.

L'eugénisme est né comme une curiosité scientifique à l'époque victorienne. En 1863, Sir Francis Galton, un cousin de Charles Darwin, a émis l'hypothèse que si les personnes talentueuses épousaient uniquement d'autres personnes talentueuses, le résultat serait nettement meilleur. Au tournant du siècle dernier, les idées de Galton ont été importées aux États-Unis au moment où les principes d'hérédité de Gregor Mendel ont été redécouverts. Les défenseurs eugéniques américains croyaient avec une ferveur religieuse que les mêmes concepts mendéliens qui déterminaient la couleur et la taille des pois, du maïs et du bétail régissaient également le caractère social et intellectuel de l'homme.

Dans une Amérique démographiquement ébranlée par les bouleversements de l'immigration et déchirée par le chaos post-reconstruction, les conflits raciaux étaient omniprésents au début du XXe siècle. Les élitistes, les utopistes et les soi-disant «progressistes» ont fusionné leurs peurs raciales fumeuses et leurs préjugés de classe avec leur désir de créer un monde meilleur. Ils ont réinventé l'eugénisme de Galton dans une idéologie répressive et raciste. L'intention: peupler la terre avec beaucoup plus de leur propre nature socio-économique et biologique - et moins ou pas de tout le reste du monde.

L'espèce supérieure recherchée par le mouvement eugénique n'était pas seulement peuplée de personnes grandes, fortes et talentueuses. Les eugénistes recherchaient des types nordiques blonds aux yeux bleus. Ce groupe seul, croyaient-ils, était apte à hériter de la terre. Comme processus, le mouvement visait à éliminer les Noirs émancipés, les travailleurs immigrés asiatiques, les Indiens, les Hispaniques, les Européens de l'Est, les Juifs, les montagnards aux cheveux noirs, les pauvres, les infirmes et absolument toute personne classée en dehors des lignées génétiques gentrifiées établies par les raciologistes étasunniens

Comment? En identifiant les arbres généalogiques dits «défectueux» et en les soumettant à des programmes de ségrégation et de stérilisation à vie pour anéantir leurs lignées. Le grand plan était purifier littéralement la capacité de reproduction de ceux jugés faibles et inférieurs - les soi-disant «inaptes». Les eugénistes espéraient neutraliser la viabilité de 10% de la population d'un coup, jusqu'à ce qu'il ne reste plus personnes en dehors d'eux-mêmes.

Dix-huit solutions ont été explorées dans un rapport préliminaire soutenu par Carnegie en 1911 "Rapport préliminaire du comité de la section eugénique de l'American Breeder's Association pour étudier et faire rapport sur les meilleurs moyens pratiques pour couper le plasma germinatif défectueux dans la population humaine." Le point huit était l'euthanasie.

. La méthode d'eugénicide la plus couramment suggérée en Amérique était une «chambre mortelle» ou des chambres à gaz publiques locales. En 1918, Popenoe, le spécialiste des maladies vénériennes de l'armée pendant la Première Guerre mondiale, a co-écrit le manuel largement utilisé, Applied Eugenics , qui soutenait: "D'un point de vue historique, la première méthode qui se présente est l'exécution ... Sa valeur pour améliorer les standards de la race ne doit pas être sous-estimée. " L'eugénisme appliqué a également consacré un chapitre à la «sélection létale», qui opérait «par la destruction de l'individu utilisant une caractéristique défavorable de l'environnement, comme un froid excessif ou des bactéries, ou en se servant d’une déficience corporelle».

Les éleveurs eugéniques pensaient que la société américaine n'était pas prête à mettre en œuvre une solution létale organisée. Mais de nombreux établissements psychiatriques et médecins pratiquaient seuls la létalité médicale improvisée et l'euthanasie passive. Une institution de Lincoln, dans l'Illinois, a nourri ses patients entrants de lait de vaches tuberculeuses croyant qu'un individu eugéniquement fort serait immunisé. Trente à quarante pour cent des taux de mortalité annuels se sont produits à Lincoln. Certains médecins pratiquaient l'eugénicide passif un nouveau-né à la fois. D'autres médecins dans des établissements psychiatriques commettaient des « négligences mortelles ».

Néanmoins, l'eugénicide étant marginalisé, la principale solution pour les eugénistes était l'expansion rapide de la ségrégation et de la stérilisation forcées, ainsi que davantage de restrictions au mariage. La Californie en tête des pratiques eugénistes, a effectué presque tous les processus de stérilisation avec peu ou pas de procédure régulière. Au cours de ses vingt-cinq premières années de législation eugénique, la Californie a stérilisé 9 782 personnes, principalement des femmes. Beaucoup ont été classées comme «mauvaises filles», diagnostiquées comme «passionnées», «hyper-sexuées» ou «sexuellement capricieuses». À Sonoma, certaines femmes ont été stérilisées en raison de ce qui était considéré comme un clitoris ou des lèvres anormalement gros.

Rien qu'en 1933, au moins 1 278 stérilisations forcées ont été effectuées, dont 700 sur des femmes. Les deux principales usines de stérilisation de l'État en 1933 étaient Sonoma State Home avec 388 opérations et Patton State Hospital avec 363 opérations. Les autres centres de stérilisation comprenaient les hôpitaux d'État Agnews, Mendocino, Napa, Norwalk, Stockton et Pacific Colony.

Même la Cour suprême des États-Unis a approuvé certains aspects de l'eugénisme. Dans sa tristement célèbre décision de 1927, le juge de la Cour suprême, Oliver Wendell Holmes, a écrit: «Il vaut mieux pour le monde entier que, au lieu d'attendre d'exécuter des descendants dégénérés pour crime, ou de les laisser mourir de faim pour leur imbécillité, la société puisse empêcher ceux qui en sont manifestement incapables de continuer leur espèce… Trois générations d'imbéciles suffisent. " Cette décision a ouvert les vannes pour que des milliers de personnes soient stérilisées de manière coercitive ou qu’elles soient persécutées d’autres manières car considérées comme sub-humaines. Des années plus tard, les nazis lors des procès de Nuremberg ont cité les paroles de Holmes pour leur propre défense.

Ce n'est qu'après que l'eugénisme se soit ancré aux États-Unis que la campagne a été transplantée en Allemagne, en grande partie grâce aux efforts des eugénistes de Californie, qui ont publié des brochures idéalisant la stérilisation et les ont distribuées aux responsables et scientifiques allemands.

Hitler a étudié les lois eugéniques américaines. Il a essayé de légitimer son antisémitisme en le médicalisant et en l'enveloppant dans la façade pseudoscientifique, plus agréable au goût, de l'eugénisme. Hitler a pu recruter plus d'adeptes parmi les Allemands raisonnables en affirmant que la science était de son côté. Alors que la haine raciale d'Hitler jaillissait de son esprit, les contours intellectuels de l'eugénisme qu'Hitler a adopté en 1924 avaient été fabriqués en Amérique.

Au cours des années 20, les scientifiques eugénistes de la Carnegie Institution ont entretenu de profondes relations personnelles et professionnelles avec les eugénistes fascistes allemands. Dans Mein Kampf , publié en 1924, Hitler cite l'idéologie eugénique américaine et affiche ouvertement une connaissance approfondie de l'eugénisme américain. "Il y a aujourd'hui un État", a écrit Hitler, "dans lequel au moins de faibles débuts vers une meilleure conception [de l'immigration] sont perceptibles. Bien sûr, ce n'est pas notre modèle de République allemande, mais les États-Unis."

Hitler a fièrement déclaré à ses camarades à quel point il suivait de près les progrès du mouvement eugéniste américain. "J'ai étudié avec grand intérêt", a-t-il déclaré à un confrère nazi, "les lois de plusieurs États américains concernant la prévention de la reproduction par des personnes dont la progéniture serait, selon toute probabilité, sans valeur ou nuisible à la race".

Hitler a même écrit une lettre de fan au leader eugénique américain Madison Grant appelant son livre sur l'eugénisme raciste, Le passage de la grande race, sa «bible».

La lutte d'Hitler pour une race supérieure serait une croisade folle pour une « Master Race ». Ici le terme américain «nordique» était librement échangé avec «germanique» ou «aryen». La science de la race, la pureté raciale et la domination raciale sont devenues la force motrice du nazisme d'Hitler. L'eugénisme nazi dicterait finalement qui serait persécuté dans une Europe dominée par le Reich, comment les gens vivraient et comment ils mourraient. Les médecins nazis deviendraient les généraux invisibles de la guerre d'Hitler contre les Juifs et les autres Européens jugés inférieurs. Les médecins créeraient la science, concevraient les formules eugéniques et sélectionneraient même personnellement les victimes désignées pour la stérilisation, l'euthanasie et l'extermination de masse.

Au cours des premières années du Reich, les eugénistes de toute l'Amérique ont accueilli les plans d'Hitler comme l'accomplissement logique de leurs propres décennies de recherche et d'efforts. Les eugénistes californiens ont republié la propagande nazie pour la consommation américaine. Ils ont également organisé des expositions scientifiques nazies, comme une exposition en août 1934 au LA County Museum, pour la réunion annuelle de l'American Public Health Association.(Association de santé publique)

En 1934, alors que les stérilisations de l'Allemagne s'accéléraient au-delà de 5 000 par mois, le chef de l'eugénisme californien CM Goethe, à son retour d'Allemagne, se vantait en effervescence auprès d'un collègue clé: "Vous serez intéressé de savoir que votre travail a joué un rôle puissant dans la formation des opinions du groupe d'intellectuels qui sont derrière Hitler dans l’élaboration de leur remarquable programme. J'ai senti que leurs opinions ont été énormément stimulées par la pensée américaine.… Je veux que vous, mon cher ami, emportiez cette pensée avec vous pour le reste de votre la vie : vous avez vraiment poussé à l'action un grand gouvernement de 60 millions de personnes ».

Cette même année, dix ans après que la Virginie eut adopté son acte de stérilisation, Joseph DeJarnette, surintendant du Western State Hospital de Virginie, observait dans le Richmond Times-Dispatch : "Les Allemands nous battent à notre propre jeu".

Plus que de fournir la feuille de route scientifique, l'Amérique a financé les institutions eugéniques de l'Allemagne. En 1926, Rockefeller avait fait don de 410 000 dollars - près de 4 millions de dollars au 21e siècle - à des centaines de chercheurs allemands. En mai 1926, Rockefeller accorda 250 000 $ à l'Institut psychiatrique allemand du Kaiser Wilhelm Institute, qui deviendra plus tard le Kaiser Wilhelm Institute for Psychiatry. Ernst Rüdin est devenu l'un des principaux psychiatres de l'Institut psychiatrique allemand, il est devenu directeur et finalement architecte de la répression médicale systématique d'Hitler.

L'Institut de recherche sur le cerveau était un autre membre du complexe d'institutions eugéniques du Kaiser Wilhelm Institute. Depuis 1915, il fonctionnait à partir d'une seule pièce. Tout a changé lorsque l'argent Rockefeller est arrivé en 1929. Une subvention de 317 000 $ a permis à l'Institut de construire un bâtiment majeur et de prendre le devant de la scène dans la biologie raciale allemande. L'Institut a reçu des subventions supplémentaires de la Fondation Rockefeller au cours des années suivante. À la tête de l'Institut, on retrouve une fois de plus, l'homme de main médical d'Hitler Ernst Rüdin. L'organisation de Rüdin est devenue le directeur principal et le destinataire des résultats de l'expérimentation meurtrière et des recherches menées sur les Juifs, les Tsiganes et d'autres.

À partir de 1940, des milliers d'Allemands sélectionnés dans des maisons de retraite, des établissements psychiatriques et d'autres établissements de détention ont été systématiquement gazés. Entre 50 000 et 100 000 ont finalement été tués.

Leon Whitney, secrétaire exécutif de l'American Eugenics Society, a déclaré du nazisme: "Alors que nous utilisions des euphémismes… les Allemands appelaient un chat un chat."

Un récipiendaire spécial du financement Rockefeller a été l'Institut Kaiser Wilhelm d'anthropologie, d'hérédité humaine et d'eugénisme de Berlin. Pendant des décennies, les eugénistes américains avaient imploré qu’on leur confie des jumeaux pour faire avancer leurs recherches sur l'hérédité. L'Institut est maintenant prêt à entreprendre de telles recherches à un niveau sans précédent. Le 13 mai 1932, la Fondation Rockefeller à New York a envoyé un radiogramme à son bureau de Paris: RÉUNION DE JUIN DU COMITÉ EXÉCUTIF NEUF MILLIERS DE DOLLARS SUR TROIS ANS À KWG INSTITUTE ANTHROPOLOGIE POUR LA RECHERCHE SUR LES JUMEAUX ET LES EFFETS SUR LES GÉNÉRATIONS ULTÉRIEURES DE SUBSTANCES TOXIQUES SUR LE PLASMA GERMINATIF .

Au moment de la dotation de Rockefeller, Otmar Freiherr von Verschuer, un héros des cercles eugéniques américains, exerçait les fonctions de directeur de l'Institut d'anthropologie, d'hérédité humaine et d'eugénisme. Le financement Rockefeller de cet institut s'est poursuivi à la fois directement et par le biais d'autres canaux de recherche au début du mandat de Verschuer. En 1935, Verschuer a quitté l'Institut pour former une installation eugéniste rivale à Francfort qui a été très annoncée dans la presse eugénique américaine. Les recherches sur les jumeaux dans le Troisième Reich ont explosé, étayées par des décrets gouvernementaux. Verschuer a écrit dans Der Erbarzt , un journal de médecine eugénique qu'il a publié, que la guerre d'Allemagne fournirait une "solution totale au problème juif".

Verschuer avait un assistant de longue date. Son nom était Josef Mengele. Le 30 mai 1943, Mengele est arrivé à Auschwitz. Verschuer a informé la Société allemande de recherche: "Mon assistant, le Dr Josef Mengele (MD, Ph.D.) m'a rejoint dans cette branche de la recherche. Il est actuellement employé comme Hauptsturmführer [capitaine] et médecin de camp au camp de concentration d'Auschwitz. Les tests anthropologiques sur des groupes raciaux les plus divers sont effectués dans ce camp de concentration avec l'autorisation du SS Reichsführer [Himmler]. "

Mengele a commencé à fouiller aux arrivées de wagons pour trouver des jumeaux. Quand il les a trouvés, il a effectué des expériences bestiales, rédigé scrupuleusement les rapports et renvoyé les documents à l'institut de Verschuer pour évaluation. Souvent, des cadavres, des yeux et d'autres parties du corps ont également été envoyés aux instituts eugéniques de Berlin.

Les dirigeants de Rockefeller n'ont jamais connu Mengele. À quelques exceptions près, la fondation avait cessé toutes les études eugéniques dans l'Europe occupée par les nazis avant que la guerre n'éclate en 1939. Mais à ce moment-là, le sort avait été jeté. Les hommes talentueux que Rockefeller et Carnegie ont financés, les institutions qu'ils ont aidées à fonder et la science qu'elle a contribué à créer ont pris leur propre essor scientifique.

Après la guerre, l'eugénisme a été déclaré crime contre l'humanité - un acte de génocide. Les Allemands ont été jugés et ils ont cité les lois de la Californie pour leur défense. En vain. Ils ont été reconnus coupables.

Cependant, le patron de Mengele, Verschuer, a échappé aux poursuites. Verschuer a rétabli ses liens avec les eugénistes californiens qui étaient entrés dans la clandestinité et ils ont renommé leur croisade «génétique humaine». Un échange typique a eu lieu le 25 juillet 1946 lorsque Popenoe a écrit à Verschuer: "Ce fut en effet un plaisir de vous entendre à nouveau. J'ai été très inquiet pour mes collègues en Allemagne…. Je suppose que la stérilisation a été interrompue en Allemagne?" Popenoe a offert des informations à diverses sommités de l’eugénisme étasunien et il leur a ensuite envoyé diverses publications eugéniques. Dans un autre colis , Popenoe a envoyé du cacao, du café et d'autres friandises.

Verschuer a répondu: "Votre très sympathique lettre du 7/25 m'a fait beaucoup de plaisir et vous en remercie sincèrement. La lettre établit un autre pont entre vous et mon travail scientifique; j'espère que ce pont ne s'effondrera plus jamais. mais permettra plutôt un enrichissement et une stimulation mutuelle précieux. "

Bientôt, Verschuer est redevenu un scientifique respecté en Allemagne et dans le monde. En 1949, il est devenu membre correspondant de l'American Society of Human Genetics, nouvellement formée, organisée par des eugénistes et généticiens étasuniens.

À l'automne 1950, l'Université de Münster propose à Verschuer un poste dans son nouvel Institut de génétique humaine, dont il deviendra plus tard doyen. Au début et au milieu des années 1950, Verschuer est devenu membre honoraire de nombreuses sociétés prestigieuses, dont la Société italienne de génétique, la Société anthropologique de Vienne et la Société japonaise de génétique humaine.

Les racines génocidaires de la génétique humaine dans l'eugénisme ont été ignorées par une génération victorieuse qui a refusé de se lier aux crimes du nazisme et par les générations suivantes qui n'ont jamais connu la vérité des années qui ont précédé la guerre. Aujourd'hui, les gouverneurs de cinq États, dont la Californie, ont présenté des excuses publiques à leurs citoyens, passés et présents, pour la stérilisation et d'autres abus engendrés par le mouvement eugéniste.

La génétique humaine est devenue une entreprise éclairée à la fin du XXe siècle. Des scientifiques dévoués et dévoués ont finalement déchiffré le code humain grâce au projet du génome humain. Désormais, chaque individu peut être identifié et classé biologiquement par trait et par ascendance. Pourtant, même maintenant, certaines voix de premier plan dans le monde génétique appellent à un nettoyage des indésirables parmi nous, et même une espèce humaine maîtresse.

Il existe une méfiance compréhensible face à des formes plus courantes d'abus, par exemple en refusant une assurance ou un emploi basé sur des tests génétiques. Le 14 octobre, la première législation anti-discrimination génétique des États-Unis a été adoptée à l'unanimité par le Sénat. Pourtant, parce que la recherche génétique est mondiale, aucune loi nationale ne peut arrêter les menaces.



 

Pour en savoir plus au sujet d’Edwin Black

Et pour en savoir un petit peu plus sur les extensions contemporaines de l’eugénisme étasunien : Bill Gates : les « vaccins pour réduire la population »

On peut également se référer à l’article publié cette semaine par Mondialisation.ca :Bill Gates et le programme de dépeuplement. Robert F. Kennedy Junior demande une enquête

Actuellement 2 565 059 personnes détectées positives au test de dépistage du covid-19 dans le monde. 177 496 décès sont attribués directement à cette maladie.

D’autres morts résulteront des conséquences de cette pandémie. Elle était annoncée de longue date et rien n’a été fait pour nous y préparer. Est-ce volontaire comme partie de plan eugénistes à échelle planétaire ? Si oui, comment cela fonctionne-t-il et qui en sont les cibles prioritaires ?

Anne W


 

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20 avril 2020 1 20 /04 /avril /2020 12:18

 

Faut pas croire, le coronavirus n’est pas le seul mal transfrontalier qui nous menace. Le résultat de nos manières d’habiter la planète, c’est que nous avons créé plus de risques que de bienfaits, plus de misère que de bien-être et bien plus de destructions irréversibles - y compris de celles qui touchent aux conditions de possibilité de Vie sur cette planète - que d’aménagements harmonieux pour le bien-être des humains et des autres espèces. Quand aux catastrophes qui nous menacent nous n’y sommes pas préparés.
 

 

A force, nous l’avons appris… les pouvoirs publics mentent systématiquement en cas de catastrophe… pour éviter selon eux les réactions de panique. On nous gave de films qui nous montrent de telles situations, avec effectivement des réactions de paniques, de violence au sein de la population – ceux qui s’en tirent sont en général ceux qui ont gardé leur sang froid et à qui que leur métiers permettaient de mieux comprendre ce qui se passe, d'anticiper. Si certains scénarios exagèrent d’autres décrivent assez bien des menaces réelles – combien de film sur les pandémies dont certains au scénario proche de celle que nous vivons aujourd’hui, et pour cause, ils s’inspirent des simulations (scénarios) réalisées par des pouvoirs publics ou fondations qui interviennent dans la gestion de la planète et de ses populations. Alors pourquoi rien n’est fait pour que les habitants puissent se préparer à réagir collectivement face à de tels événement ?

Les nuages de Tchernobyl

J’ai eu une réaction hier en regardant la simulation du progrès de ce nouveau nuage de Tchernobyl qui m’a interpellée… « Ouf il ne touchera pas la Belgique »… Ce n’est qu’après que j’ai eu une pensée pour tous ceux qui, oui, verront leur ciel assombrit par ce nuage toxique, comme les anciens d’Italie qui déjà étouffent en masse sous les assauts des SARS-cov-2, cela ne va pas les aider à respirer mieux.

Je crois que c’est naturel de penser d’abord à soi, à ses proches. Mais cela devrait l’être aussi, une fois que l’on se sait sauf, de se demander ce que l’on peut faire pour ceux qui sont en danger.

Une des raisons pour lesquelles je redoutais la venue de ce nuage, c’est que cela faisait des décennies que je n’avais vu à Bruxelles un ciel aussi bleu, un air aussi transparent et des feuilles de printemps aussi vertes. Et cela, oui, c’est appréciable… purée, qu’ils nous sortent du confinement mais sans remettre les bagnoles en route. Paradoxalement, cette maladie qui étouffe ceux qui en sont atteint à eu pour conséquence pour ceux qui n’en sont pas atteints que oui, on respire mieux à Bruxelles comme dans beaucoup d’autres villes où l’air est en permanence pollué, irrespirable. Mais ceux qui n’ont pas de jardin n’ont pas trop le droit d’en profiter, ni du soleil si indispensable pour être en bonne santé…

 

Nous ne sommes pas au bout de nos peines. Sommes-nous prêts pour affronter la suite ?

Anne W

Pour mémoire, il y a 34 ans :

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19 avril 2020 7 19 /04 /avril /2020 17:16

 

L'espoir, au contraire de ce que l'on croit, équivaut à la résignation. Et vivre, c'est ne pas se résigner.

Albert Camus, Noces

 

Les idées, disons-nous depuis des lustres, sont épidémiques. Elles circulent de tête en tête plus vite que l’électricité. Une idée qui s’empare des têtes devient une force matérielle, telle l’eau qui active la roue du moulin. Il est urgent pour nous, Chimpanzés du futur, écologistes, c’est-à-dire anti-industriels et ennemis de la machination, de renforcer la charge virale de quelques idées mises en circulation ces deux dernières décennies. Pour servir à ce que pourra.

 

Leurs virus, nos morts

1) Les «maladies émergentes» sont les maladies de la société industrielle et de sa guerre au vivant

La société industrielle, en détruisant nos conditions de vie naturelles, a produit ce que les médecins nomment à propos les «maladies de civilisation». Cancer, obésité, diabète, maladies cardio-vasculaires et neuro-dégénératives pour l’essentiel. Les humains de l’ère industrielle meurent de sédentarité, de malbouffe et de pollution, quand leurs ancêtres paysans et artisans succombaient aux maladies infectieuses. C’est pourtant un virus qui confine chez lui un terrien sur sept en ce printemps 2020, suivant un réflexe hérité des heures les plus sombres de la peste et du choléra. Outre les plus vieux d’entre nous, le virus tue surtout les victimes des «maladies de civilisation». Non seulement l’industrie produit de nouveaux fléaux, mais elle affaiblit notre résistance aux anciens. On parle de «comorbidité», comme de «coworking» et de «covoiturage», ces fertilisations croisées dont l’industrie a le secret1

.«"Les patients souffrant de maladies cardiaques et pulmonaires chroniques causées ou aggravées par une exposition sur le long terme de la pollution de l'air sont moins capables de lutter contre les infections pulmonaires, et plus susceptibles de mourir", alerte Sara De Matteis, professeur en médecine du travail et de l'environnement à l'Université de Cagliari en Italie. C'est principalement dans les grandes villes que les habitants seraient les plus exposés à ce risque2.» Encore plus efficace : la Société italienne de médecine environnementale a découvert un lien entre les taux de contamination au Covid19 et ceux des particules fines dans l’air des régions les plus touchées d’Italie. Fait déjà constaté pour la grippe aviaire. Selon Gianluigi de Gennaro, de l'Université de Bologne,« Les poussières transportent le virus. [Elles] agissent comme porteurs. Plus il y en a, plus on crée des autoroutes pour les contagions3

Quant au virus lui-même, il participe de ces «maladies émergentes» produites par les ravages de l’exploitation industrielle du monde et par la surpopulation. Les humains ayant défriché toute la terre, il est naturel que 75% de leurs nouvelles maladies soient zoonotiques, c’est-à-dire transmises par les animaux, et que le nombre de ces zoonoses ait quadruplé depuis 50ans4. Ebola, le SRAS, la grippe H5N1, le VIH, le Covid-19 et tant d’autres virus animaux devenus mortellement humains par le saccage des milieux naturels, la mondialisation des échanges, les concentrations urbaines, l’effondrement de la biodiversité..

La sédentarisation d’une partie de l’espèce humaine et la domestication des animaux avaient permis la transmission d’agents infectieux des animaux aux hommes. Cette transmission s’est amplifiée avec l’élevage industriel, le braconnage, le trafic d’animaux sauvages et la création des parcs animaliers. La déforestation, les grands travaux, l’irrigation, le tourisme de masse, l’urbanisation, détruisent l’habitat de la faune sauvage et rabattent mécaniquement celle-ci vers les zones d’habitat humain. Ce ne sont pas le loup et la chauve-souris qui envahissent les villes, mais les villes qui envahissent le loup et la chauve-souris.

La société industrielle nous entasse. Dans les métropoles, où les flux et les stocks d’habitants sont régulés par la machinerie cybernétique. La métropole, organisation rationnelle de l’espace social, doit devenir, selon les plans des technocrates, l’habitat de 70 % des humains d’ici 2050.

Leur technotope. Ville-machine pour l’élevage industriel des hommes-machines5. Entassés sur la terre entière, nous piétinons les territoires des grands singes, des chauves-souris, des oies sauvages, des pangolins. Promiscuité idéale pour les contagions (du latin tangere: toucher). Sans oublier le chaos climatique. Si vous craignez les virus, attendez que fonde le permafrost. Faut-il le rappeler? L’humain, animal politique, dépend pour sa survie de son biotope naturel et culturel (sauf ceux qui croient que «la nature n’existe pas» et qui se pensent de pures (auto)constructions, sûrement immunisées contre les maladies zoonotiques). La société industrielle prospère sur une superstition: on pourrait détruire le biotope sans affecter l’animal.

Deux cents ans de guerre au vivant6 ont stérilisé les sols, vidé forêts, savanes et océans, infecté l’air et l’eau, artificialisé l’alimentation et l’environnement naturel, dévitalisé les hommes .Le progrès sans merci des nécrotechnologies nous laisse une Terre rongée à l’os pour une population de 7 milliards d’habitants. Le virus n’est pas la cause, mais la conséquence de la maladie industrielle. Mieux vaut prévenir que guérir. Si l’on veut éviter de pires pandémies, il faut sortir de la société industrielle. Rendre son espace à la vie sauvage- ce qu’il en reste -, arrêter l’empoisonnement du milieu et devenir des Chimpanzés du futur: des humains qui de peu font au mieux

1Rappel: la pollution de l’air tue chaque année 48000 Français et plus de 100 Grenoblois.

2www.actu-environnement.com, 20/03/20

3Idem

4Revues Nature et Science, citées par Wikipedia.

5 Cf.Retour à Grenopolis, Pièces et main d’œuvre, mars 2020, www.piecesetmaindoeuvre.com

6Cf. J.-P. Berlan, La guerre au vivant, Agone, 2001

 

 

Leurs virus, nos morts

2) La technologie est la continuation de la guerre - de la politique -par d’autres moyens. La société de contrainte, nous y entrons.

Nul moins que nous ne peut se dire surpris de ce qui arrive. Nous l’avions prédit, nous et quelques autres, les catastrophistes, les oiseaux de mauvais augure, les Cassandre, les prophètes de malheur, en 2009, dans un livre intitulé À la recherche du nouvel ennemi. 2001-2025: rudiments d’histoire contemporaine:

«Du mot "crise" découlent étymologiquement le crible, le crime, l’excrément, la discrimination, la critique et, bien sûr, l’hypocrisie, cette faculté d’interprétation. La crise est ce moment où, sous le coup de la catastrophe – littéralement du retournement (épidémie, famine, séisme, intempérie, invasion, accident, discorde) –, la société mise sens dessus dessous retourne au chaos, à l’indifférenciation,à la décomposition, à la violence de tous contre tous (René Girard, La Violence et le Sacré, Le Bouc émissaire, et toute la théorie mimétique).

Le corps social malade, il faut purger et saigner, détruire les agents morbides qui l’infectent et le laissent sans défense face aux agressions et calamités. La crise est ce moment d’inquisition, de détection et de diagnostic, où chacun cherche sur autrui le mauvais signe qui dénonce le porteur du maléfice contagieux, tremblant qu’on ne le découvre sur lui et tâchant de se faire des alliés, d’être du plus grand nombre, d’être comme tout le monde. Tout le monde veut être comme tout le monde. Ce n’est vraiment pas le moment de se distinguer ou de se rendre intéressant. […]

Et parmi les plus annoncées dans les années à venir, la pandémie, qui mobilise aussi bien la bureaucratie mondiale de la santé, que l’armée et les autorités des mégalopoles. Nœuds de communication et foyers d’incubation, celles-ci favorisent la diffusion volontaire ou accidentelle de la dengue, du chikungunya, du SRAS, ou de la dernière version de la grippe, espagnole, aviaire,mexico-porcine, etc. [...]

Bien entendu, cette "crise sanitaire" procède d’une "crise de civilisation", comme on dit "maladie de civilisation", inconcevable sans une certaine monstruosité sociale et urbaine, sans industrie,notamment agro-alimentaire et des transports aériens. […] On voit l’avantage que le pouvoir et ses agents Verts tirent de leur gestion des crises, bien plus que de leur solution. Celles-ci, après avoir assuré pléthore de postes et de missions d’experts aux technarques et aux gestionnaires du désastre, justifient désormais, dans le chaos annoncé de l’effondrement écologique, leur emprise totale et durable sur nos vies. Comme l’État et sa police sont indispensables à la survie en monde nucléarisé, l’ordre vert et ses technologies de contrôle, de surveillance et de contrainte sont nécessaires à notre adaptation au monde sous cloche artificiel. Quant aux mauvais Terriens qui – défaillance ou malfaisance – compromettent ce nouveau bond en avant du Progrès, ils constituent la nouvelle menace pour la sécurité globale7

Au risque de se répéter: avant, on n’en est pas là; après, on n’en est plus là. Avant, on ne peut pas dire ça. Après, ça va sans dire. L’ordre sanitaire offre une répétition générale, un prototype à l’ordre Vert. La guerre est déclarée, annonce le président Macron. La guerre, et plus encore la guerre totale, théorisée en 1935 par Ludendorff, exige une mobilisation totale des ressources sous une direction centralisée. Elle est l’occasion d’accélérer les processus de rationalisation et de pilotage des sans-pouvoir, au nom du primat de l’efficacité. Rien n’est plus rationnel ni plus voué à l’efficacité que la technologie.

Le confinement doit être hermétique, et nous avons les moyens de le faire respecter. Drones de surveillance en Chine et dans la campagne picarde ; géolocalisation et contrôle vidéo des contaminés à Singapour; analyse des données numériques et des conversations par l’intelligence artificielle pour tracer les contacts, déplacements et activités des suspects en Israël8. Une équipe du Big Data Institute de l’université d’Oxford développe une application pour smartphone qui géolocalise en permanence son propriétaire et l’avertit en cas de contact avec un porteur du virus. Selon leur degré de proximité, l’application ordonne le confinement total ou la simple distance de sécurité, et donne des indications aux autorités pour désinfecter les lieux fréquentés par le contaminé9.

«Les données personnelles, notamment les données des opérateurs téléphoniques, sont aussi utilisées pour s’assurer du respect des mesures de quarantaine, comme en Corée du Sud ou à Taïwan. C’est aussi le cas en Italie, où les autorités reçoivent des données des opérateurs téléphoniques, ont expliqué ces derniers jours deux responsables sanitaires de la région de Lombardie. Le gouvernement britannique a également obtenu ce type d’information de la part d’un des principaux opérateurs téléphoniques du pays10.» En France, Jean-François Delfraissy, le président du Comité consultatif national d’éthique et du «conseil scientifique» chargé de la crise du coronavirus évoque l’éventualité du traçage électronique au détour d’un entretien radiophonique.

« La guerre est donc un acte de violence destiné à contraindre l'adversaire à exécuter notre volonté.» Ceux-là même qui n'ont pas lu Clausewitz, savent aujourd'hui que la technologie est la continuation de la guerre par d'autres moyens. La pandémie est le laboratoire du techno-totalitarisme, ce que les opportunistes technocrates ont bien compris. On ne rechigne pas en période d’accident nucléaire ou d’épidémie. La technocratie nous empoisonne puis elle nous contraint, au motif de nous protéger de ses propres méfaits. Nous le disons depuis quinze ans: «La société de contrôle, nous l’avons dépassée; la société de surveillance, nous y sommes; la société de contrainte, nous y entrons.» Ceux qui ne renoncent pas à l’effort d’être libres reconnaîtront avec nous que le progrès technologique est l’inverse et l’ennemi du progrès social et humain.

7Pièces et main d’œuvre, À la recherche du nouvel ennemi. 2001-2025: rudiments d’histoire contemporaine, Editions L’Echappée, 2009

8«Israel approves mass surveillance to fight coronavirus»,https://www.ynetnews.com,17/03/20

9https://www.bdi.ox.ac.uk/news/infectious-disease-experts-provide

10Le Monde, 20/03/20

 

 

Leurs virus, nos morts

3) Les experts aux commandes de l’état d’urgence: le pouvoir aux pyromanes pompiers.

Nous ayant conduit à la catastrophe, les experts de la technocratie prétendent nous en sauver, au nom de leur expertise techno-scientifique. Il n’existe qu’une seule meilleure solution technique, ce qui épargne de vains débats politiques. «Ecoutez les scientifiques!» couine Greta Thunberg. C’est à quoi sert l’état d’urgence sanitaire et le gouvernement par ordonnances: à obéir aux«recommandations» du «conseil scientifique» et de son président Jean-François Delfraissy.

Ce conseil créé le 10 mars par Olivier Véran11, à la demande du président Macron, réunit des experts en épidémiologie, infectiologie, virologie, réanimation, modélisation mathématique, sociologie et anthropologie. Les prétendues «sciences humaines» étant comme d’habitude chargées d’évaluer l’acceptabilité des décisions techniques – en l’occurrence la contrainte au nom de l’intérêt supérieur de la santé publique. Excellent choix que celui de Delfraissy, un homme qui vit avec son temps, ainsi que nous l’avons découvert à l’occasion des débats sur la loi de bioéthique: «Il y a des innovations technologiques qui sont si importantes qu’elles s’imposent à nous.[...] Il y a une science qui bouge, que l’on n’arrêtera pas.12»

Ces cinquante dernières années en effet, les innovations techno-scientifiques se sont imposées à nous à une vitesse et avec une violence inégalées. Inventaire non exhaustif: nucléarisation de la planète; OGM et biologie synthétique; pesticides, plastiques et dérivés de l’industrie chimique; nanotechnologies; reproduction artificielle et manipulations génétiques ; numérisation de la vie; robotique; neuro-technologies; intelligence artificielle; géo-ingénierie… Ces innovations, cette «science qui bouge», ont bouleversé le monde et nos vies pour produire la catastrophe écologique, sociale et humaine en cours et dont les progrès s’annoncent fulgurants.

Elles vont continuer leurs méfaits grâce aux 5 milliards d’euros que l’État vient de leur allouer à la faveur de la pandémie, un effort sans précédent depuis 1945. Tout le monde ne mourra pas du virus. Certains en vivront bien. On ignore quelle part de ces 5 milliards ira par exemple aux laboratoires de biologie de synthèse, comme celui du Génopole d’Evry. La biologie de synthèse, voilà une «innovation si importante qu’elle s’impose à nous». Grâce à elle, et à sa capacité à fabriquer artificiellement des organismes vivants, les scientifiques ont recréé le virus de la grippe espagnole qui tua plus que la Grande Guerre en 191813. Destruction/réparation: à tous les coups les pyromanes pompiers gagnent. Leur volonté de puissance et leur pouvoir d’agir ont assez ravagé notre seule Terre. Si nous voulons arrêter l’incendie, retirons les allumettes de leurs mains, cessons de nous en remettre aux experts du système techno-industriel, reprenons la direction de notre vie.

11Le nouveau ministre de la Santé est un médecin grenoblois, député LREM aorès avoir été suppléant de la socialiste Geneviève Fioraso, ex-ministre de la Recherche. Selon Le Monde, «un ambitieux "inconnu"» qui «sait se placer» (lemonde.fr, 23/03/20).

12Jean-François Delfraissy, entretien avec Valeurs actuelles, 3/03/18.

13Virus recréé en 2005 par l’équipe du Professeur Jeffrey Taubenberger de l’Institut de pathologie de l’armée américaine, ainsi que par des chercheurs de l’université Stony Brook de New York

 

 

Leurs virus, nos morts

4) L’incarcération de l’homme-machine dans le monde-machine.

L’effet cliquet de la vie sans contact.Le contact, c’est la contagion. L’épidémie est l’occasion rêvée de nous faire basculer dans la vie sous commande numérique. Il ne manquait pas grand-chose, les terriens étant désormais tous greffés de prothèses électroniques. Quant aux attardés, ils réduisent à toute allure leur fracture numérique ces jours-ci, afin de survivre dans le monde-machine contaminé: «Les ventes d’ordinateurs s’envolent avec le confinement.[...] Tous les produits sont demandés, des équipements pour des vidéoconférences à l’ordinateur haut de gamme pour télétravailler en passant par la tablette ou le PC à petit prix pour équiper un enfant. Les ventes d’imprimantes progressent aussi. Les Français qui en ont les moyens financiers sont en train de reconstituer leur environnement de travail à la maison14.»Nous serions bien ingrats de critiquer la numérisation de nos vies, en ces heures où la vie tient au sans fil et au sans contact. Télétravail, téléconsultations médicales, commandes des produits de survie sur Internet, cyber-école, cyber-conseils pour la vie sous cloche - «Comment occuper vos enfants?», «Que manger?», «"Tuto confinement" avec l’astronaute Thomas Pesquet», «Organisez un Skypéro», «Dix séries pour se changer les idées», «Faut-il rester en jogging?». Grâce à WhatsApp, « "Je ne me suis jamais sentie aussi proche de mes amis", constate Valeria, 29 ans, chef de projet en intelligence artificielle à Paris15»

Dans la guerre contre le virus, c’est la Machine qui gagne. Mère Machine nous maintient en vie et s’occupe de nous. Quel coup d’accélérateur pour la «planète intelligente» et ses smart cities16. L’épidémie passée, quelles bonnes habitudes auront été prises, que les Smartiens ne perdront plus. Ainsi,passés les bugs et la période d’adaptation, l’école à distance aura fait ses preuves. Idem pour la télémédecine qui remplacera les médecins dans les déserts médicaux comme elle le fait en ces temps de saturation hospitalière. La «machinerie générale» (Marx) du monde-machine est en train de roder ses procédures dans une expérience à l’échelle du laboratoire planétaire.Rien pour inquiéter la gauche et ses hauts-parleurs. Les plus extrêmes, d’Attac à Lundi matin,en sont encore à conspuer le capitalisme, le néolibéralisme, la casse des services publics et le manque de moyens.

Une autre épidémie est possible, avec des masques et des soignants bien payés, et rien ne serait arrivé si l’industrie automobile, les usines chimiques, les multinationales informatiques avaient été gérées collectivement,suivant les principes de la planification démocratique assistée par ordinateur. Nous avons besoin de masques et de soignants bien payés. Nous avons surtout besoin de regarder en face l’emballement du système industriel, et de combattre l’aveuglement forcené des industrialistes. Nous, anti-industriels, c’est-à-dire écologistes conséquents, avons toujours été minoritaires. Salut à Giono, Mumford, Ellul & Charbonneau, Orwell et Arendt, Camus, Saint Exupéry, et à quelques autres qui avaient tout vu, tout dit. Et qui nous aident à penser ce qui nous arrive aujourd’hui. Puisque nous avons du temps et du silence, lisons et méditons. Au cas où il nous viendrait une issue de secours .

---------------------------

14www.lefigaro.fr, 19/03/20.

15Le Monde, 19/03/20.

16 Cf. «Ville machine, société de contrainte», Pièces et main d’œuvre, in Kairos, mars 2020 et sur www.piecesetmaindoeuvre.com

 

Pièces et main d’œuvre

Grenoble, 22 mars 2020

 

Vous pourrez y lire également leurs Dernières livraisons

-Le Progrès arrive en gare de Lhassa le 19 avril 2020 par Renaud Garcia

- Appel à manifester dans la rue le 1er Mai 2020 le 14 avril 2020 par Philippe

-Le virus de la contrainte le 12 avril 2020 par Pièces et main d’œuvre

-Lille : la société vivante fête la friche le 4 avril 2020 par P.A.R.C Saint-Sauveur

-Retour à Grenopolis Tout ce que nous cachent les élections municipales
le 8 mars 2020 par Pièces et main d’œuvre

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-Conférences-débats : Contre l’eugénisme technologique le 30 janvier 2020 par Pièces et main d’œuvre

-Et moi, je hurle avec les loups le 29 janvier 2020 par Croc-Blanc

Leurs virus, nos morts
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17 avril 2020 5 17 /04 /avril /2020 21:01

J’ai commencé ma journée d’info en écoutant une journaliste argentine-berlinoise nous apporter son témoignage qui nous éclaire sur quelques-unes des raisons qui font qu’en Allemagne le taux de mortalité du Covid-19 est de loin moins élevé que dans le reste de la région. J’ai eu envie de partager ce document, qui invite à la réflexion.

L’actuelle pandémie - ses origines, la gestion internationale et locale, les variations dans ses taux de contamination (formes asymptomatiques, guérison, mortalité, en fonction des densité de population…), divers effets « collatéraux » présents et à venir - fait surgir d’innombrables questions dont celles-ci et bien d’autres : « Dans quelle mesure pouvait-on prévoir un phénomène similaire ? » « Pourquoi étions-nous si mal ou pas préparés ? » « Comment réagissent les différents gouvernements face à la pandémie, pour quels résultats ? » et surtout « Que va-t-il se passer après ? », question à laquelle personne ne peut répondre avec certitude.

Les virus sont des êtres extraordinaires, la preuve : une branche d’entre eux a réussi à modifier simultanément les comportements de l’ensemble de l’humanité, une grande première. Quelle est notre part de responsabilité, voir de complicité dans les processus qui ont permis à cette nouvelle forme de 5ème colonne d’occuper l’ensemble de nos territoires modifiant irréversiblement nos manières d’habiter la planète et le concept d’espace public ?

Confinés nous n’avons jamais été autant submergés par des flux d’info – et de désinfo et autres propagandes - axées sur un seul et même sujet : Le Coronavirus, agent pathogène, animal politique et facteur économique.. Nous ne pouvons considérer aucune de ces informations comme fiable à priori. Mais tout de même, certaines sources sont bien plus fiable que d’autres. Par la suite je suivrai le fil qui m’a été donné par le journaliste mexico-étasunien Ruben Luengas, sur le mode « Chronique d’une pandémie annoncée » mais à laquelle ni les institutions internationales, ni les gouvernements, ni les habitants n’étaient préparés (?)…. Pourtant certains semblent avoir réagit mieux que d’autres. Ce sera le thème d’aujourd’hui : qu’est-ce qui différencie l’Allemagne d’autres pays d’Europe ? En suivant les progrès de la pandémie jour après jour, pays par pays, je suis frappée de voir la différence entre le faible taux de mortalité en Allemagne et ceux parfois très hauts qui affectent la majorité des autres pays de la région. Je ne vous propose pas une analyse exhaustive et formelle, mais quelques éléments de réponses qui nourrissent la réflexion.

 

Comment l’Allemagne réagit-elle à cette situation de pandémie de coronavirus, quelles sont les décisions prises par l’état ? Point de vue d’une journaliste et politologue argentine, Pia Castro, qui depuis plusieurs années habite à Berlin où elle travaille pour l’excellente chaîne de télévision Deutsche Welle (DW) et dont le mari a été atteint et a guéri de la maladie Covid-19. Ses domaines de prédilection : culture allemande et culture latino, son travail de journaliste : effectuer un rapprochement entre ces deux cultures. Ses propos sont donc à la fois ceux d’une personne bien informée, et ceux de quelqu’un qui vit l’expérience qu’elle décrit.

 

Synthèse de la vidéo, des propos de Martin et de Pia

Faire appel au sens des responsabilité de chacun-e

Contrairement à beaucoup d’autres pays, l’Allemagne n’a pas adopté de couvre-feu, des gens marchent dans les rues et on ne ressent pas le stress qui peut exister par exemple en Espagne ou en Italie.

C’est le propre de l’idiosyncrasie allemande. A la différence d’autres pays où des règles de confinements, de couvre-feu etc, sont imposées par l’état le gouvernement de Merkel réagit d’une manière différente : elle confie la responsabilité à la conscience de chacun des habitants qui doit juger par lui-même afin d’éviter les situation à risque pour soi et pour les autres. C’est le choix d’une société très mûre, le choix aussi d’une société de grand bien-être et avec un bon système de santé. Et le système institutionnel et régional, dans son ensemble, avalise cette décision de confier la responsabilité aux personnes.

Berlin a ses propres spécificités - comme d’avoir été lieu d’implantation du Mur de Berlin et du Rideau de Fer - qui en font un lieu où la liberté est particulièrement valorisée. Le Parlement Allemand se trouve face au site où était érigé le Mur de Berlin. Quant à Angela Merkel qui a grandi en Allemagne de l’Est elle a éprouvé ce que peuvent être les restrictions de liberté individuelle, les restrictions des déplacements, et certainement elle n’a jamais imaginé qu’au cours de sa carrière politique elle devrait prendre des décisions en ce sens. Alors elle se sent obligée d’expliquer en profondeur à ses concitoyens les raisons qui motivent ses décisions. Les allemands n’ont pas avec leur gouvernement une relation de haut en bas, c’est une relation de même niveau : « J’ai voté pour toi, tu es tenu-e de m’expliquer [les raisons de tes décisions] »

C’est aussi une conséquence d’une autre période historique [nazie] qui fait que les allemands ne sont plus prêts à se laisser dicter leurs comportements.

 

Reconnaître d’emblée la gravité potentielle de la pandémie

Merkel pourrait adopter comme dans d’autres pays d’Europe et du monde des solutions de confinements strict, de couvre-feu obligatoire, mais elle choisit de donner des réponses qui correspondent à « l’ADN » de la population. Elle a prononcé son premier Grand Discours à la Nation depuis 2005 et elle va dire que ce que vit l’Allemagne est une crise comparable à celle de la Seconde Guerre Mondiale. Ce qui est quelque chose de très fort, en particulier pour l’Allemagne. Elle va aussi être la première à rompre avec le discours lénifiant de la plupart des autres gouvernements. Au contraire, elle va être directe, frontale, annonçant d’emblée que 60 à 70 % de la population va être contaminée. Le monde n’était pas prêt pour cela, cela a fait les titres dans le monde entier ce qu’elle a dit. Il faudra attendre trois semaines de plus pour que l’assesseur de santé de Trump commence à faire des déclarations en ce sens. Angela Merkel a été tout simplement réaliste.

 

Créer un bouclier de tests : se donner les moyens d’un dépistage efficace.

Pourquoi dès lors l’Allemagne a-t-elle un taux de mortalité aussi bas par comparaison aux autres pays de la région ? Est-ce que c’est génétique ?

Non, d’une part l’Allemagne a consacré beaucoup d’argent dans la lutte contre la situation de pandémie et surtout la population a été très effrayée de voir ce qui se passait dans d’autres pays comme l’Espagne ou l’Italie. Le dépistage est devenu une priorité, et beaucoup d’argent a été injecté pour constituer comme un bouclier de tests afin de faire face à l’arrivée de la pandémie. Pia n’a pas en tête le chiffre exact, mais c’est quelque chose comme 168.000 tests effectués chaque semaine. Chaque personne qui présente des symptômes ou a été en contact avec une personne contaminée passe le dépistage, un test est également effectué pour mettre fin aux quarantaines. Et donc, c’est cela la stratégie, dès que quelqu’un a été en contact avec une personne contaminée ou ressent des symptômes qui pourraient être ceux du Covid, elle se soumet au dépistage. En plus pour éviter que ces dépistages se fassent dans des lieux hautement contaminés, ils ne se pratiquent pas dans les hôpitaux mais dans des dispensaires locaux, dans des centres de consultations qui font le test et l’envoie aux laboratoires.

En plus l’Allemagne dispose d’une structure de système de santé avec une large couverture qui était mieux préparé pour faire face.

L’Allemagne est en tain de sortir des grands mythes propres aux grands pays, son système d’éducation est obsolète, il existe nombre de projets de grands travaux d’ingénierie qui n’arrivent jamais à terme,… il est beaucoup questions de Droits Humains mais ils vendent des armes à l’Arabie Saoudite, et parmi tout cela le pilier qui restait ferme, c’est le système de santé, et l’accent était mis sur le fait qu’il ne fallait pas y toucher, tout a été fait pour que ce système ne s’effondre pas, pour ne pas en finir avec un des derniers grands mythes de l’Allemagne.

 

Mise en quarantaine stricte et ciblée

Le mari de Pia a été détecté positif à Covid-19, son témoignage à titre personnel est donc aussi intéressant pour ceux qui vivent ou vivront cette situation.

Il y a une hot-line (allemand, anglais), que l’on peut contacter, il y a les hôpitaux et tout un réseau de structures qui permet de recevoir l’information, de savoir que faire si on se sent mal.

Pia peut aussi raconter son expérience personnelle. Son mari – qui à la fois présentait des symptômes et avait été en contact avec une personne contaminée - a été détecté positif, il faisait partie des tout premiers cas détectés en Allemagne. Les connaissances évoluent chaque jour, mais à ce moment-là on ne savait pas encore grand-chose, ils étaient morts de peur et ce fut une expérience effrayante, mais en réalité ses symptômes sont restés limités. Le plus important, c’était de maintenir la quarantaine, Pia et sa famille sont resté plus de 20 jours chez eux. Cela demande toute une logistique et la nécessaire bureaucratie pour avertir TOUT l’entourage. Ils ont du faire appel à un réseau d’amis pour leur amener la nourriture et autres nécessités. Il fallait aviser l’école des enfants, prévenir au boulot toute l’équipe avec laquelle on travaille, aviser toutes les personnes avec qui on a été en contact... Et chacun vous interroge et à plein de questions à vous poser : « Comment tu te sens ? Quand est-ce que tu as ressenti les premiers symptômes ? Depuis quand tu le sais ?…

Cela génère énormément de tensions, en particulier quand on commence à ressentir les symptômes sans savoir comment va évoluer la maladie, avec quelle issue. Il est très important aussi de tenir un calendrier très précis depuis le moment où l’on ressent les premiers symptômes, le moment de la détection, celui où on est entré en quarantaine… en fonction de cela le Ministère de la Santé Régionale va vous appeler, vous devrez alors passer un nouveau test avant de pouvoir mettre un terme à l’isolement.

Petit détour par Guayaquil et Berlin

Les deux font remarquer :

On est bien loin de Guayaquil [Équateur, température 30° et forte humidité] où des gens devaient vivre souvent plusieurs (3,4 ou 5) jours avec les cadavres de leurs proches, s’en débarrasser sur les trottoirs où les brûler à même la rue pour éviter que la décomposition accélère la contagion…. Là-bas, il y a une absence totale de l’État, et personne pour te dire comment faire face à la contagion, à la maladie où au décès de proches.

Un autre aspect remarquable à Berlin – qui est une ville fort différente du reste de l’Allemagne, la plus « méditerranéenne » nous dit Pia - c’est que les personnes plus âgées font preuve de beaucoup plus de rigueur dans le respect de la distanciation sociale que les plus jeunes souvent plus sceptiques. Néanmoins la majorité des gens respectent la norme et souvent cela frappe le regard : les gens se déplacent deux par deux, le compas dans la tête. Et rappellent à l’ordre ceux qui ne le font pas.

 

Des mesures de protection économique qui n’oublient personne et limitent le stress.

Une autre caractéristique allemande, c’est l’aspect économique. Martin fait remarquer que le gens autour de lui qui ne peuvent travailler en raison de la pandémie semblent relativement tranquilles, pas stressés outre-mesure. Ils ne semblent pas avoir peur et cherchent ce qu’ils peuvent faire de ce temps. Est-ce qu’ils reçoivent des subsides ?

Le semaine passée ont été prises toute une série de mesures, un paquet d’aide le plus grand de la post-guerre en Allemagne plus de 700 milliards d’Euros (1,100 milliards selon la RTBf), une aide aux grandes entreprises, mais l’accent est mis aussi sur les indépendants, sur tout ce qui est lié à la culture et à l’art. C’est important en particulier dans une ville comme Berlin qui compte beaucoup d’artistes. Très vite les formulaires de demandes ont été accessibles sur les sites des municipalités, tant ceux destinés aux indépendants, [que pour toute autre catégorie concernées] comme par exemple ... les DJ et toutes les nombreuses personnes qui vivent de la musique à Berlin, ville de musiciens, de fêtes, de Clubs. Il y a beaucoup d’artistes, de restaurants, de cafés. Le petit entrepreneur n’a pas été oublié. Pia connaît au moins 10 personnes qui ont bénéficié d’un subside spécifiquement berlinois de 5,000 Euros – rien à voir avec le paquet fédéral – dont bénéficient des indépendants, des artistes, des personnes qui ont perdu leur travail pour cause de pandémie,

La vidéo ce termine sur un bref dialogue concernant le manière dont les étrangers vivent la pandémie… on en saura pas beaucoup plus si ce n’est que ceux qui peuvent prouver qu’ils travaillent dans le pays depuis au moins six mois sont traités de la même manière que les Allemands.

 

Fin de la vidéo

 

Plus je réfléchis aux contenus de cette vidéo, moins j’ai envie de la commenter de manière immédiate.

Je voudrais seulement mettre en évidence cette notion de création d’un bouclier de test qui m’a donné à réfléchir. Je vous laisse méditer sur ces quelques chiffres qui apparemment démentent l’utilité de cette stratégie :

Allemagne 83 millions d’habitants ; taux de contamination 1.665,65 cas pour 1 millions d’habitants soit 138 498 cas et 4194 décès.

France 67 millions d’habitants ; taux de contamination 1.628,78 cas pour 1 millions d’habitants soit 109.252 cas et 18.681 décès.

A taux de contamination similaire la mortalité due au coronavirus est de l’ordre de 4 à 5 fois plus faible en Allemagne qu’en France… Qu’est-ce qui fait la différence ? A première vue, ce n'est pas la détection précoce puisque les taux de contamination sont légèrement plus élevés en Allemagne qu’en France… On peut faire une comparaison de même ordre entre la Suisse et la Belgique qui semble pandémiquement parlant plus proche de New-York que de Genève…

Alors ? La réponse la plus plausible, c’est que certains pays présentent des taux de contamination apparemment plus élevés parce que le nombre de tests qui y sont pratiqués sont de loin en proportion supérieure et donne une mesure de contamination plus proche de la réalité, alors que dans les pays où les taux de contamination sont apparemment similaires et ceux de mortalité sont beaucoup plus élevés en fait la contamination serait bien plus étendue que le nombre de cas officiellement avérés, ce qui ne permettrait pas de lutter efficacement contre la propagation du virus. Les chiffres des statistiques internationales sont des points de repère, pas des références absolues… La détection précoce et quarantaine ciblée, combinée avec un strict respect des « distanciations sociales » de la part de la population semble donc bien être une forme de lutte plus efficace que le confinement généralisé sans discernement qui invite à la transgression. Mais cela c’est un autre sujet.

 

Traduction-synthèse des propos de Pia et Martin, Anne Wolff

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6 décembre 2019 5 06 /12 /décembre /2019 13:21

Ce qui m’attire l’attention au cours de ces dernières semaines de soulèvements populaires, ce sont les formes de la répression. On tue un peu plus de manifestants au Chili qu’à Paris. L’Europe n’est pas – encore – mûre pour la répression qui tue ? Ce que nous voyons, c’est une répression qui estropie et mutile et utilise des armes « potentiellement létales ». Ce que nous voyons, ce sont des « forces de l’Ordre » qui visent les manifestants au visage et le nombre de ceux qui perdent totalement ou partiellement la vue au cours de manifestations se multiplie. Ce qu’on peut constater aussi, c’est que cette répression ne vise pas les groupes violents qui infiltrent les manifestations, mais qu’il y a autant de risque d’être la cible de la police en manifestant pacifiquement qu’en participant aux actes de violence, destruction, vandalisme. Ainsi donc, cette forme de répression « non létale » brise des vies en mutilant des corps. Peut-on parler de dissuasion ? Une manière d’effrayer les gens, en leur montrant qu’il est risqué, dangereux d’aller manifester, que le pouvoir peut briser votre vie, et que la répression s’abat de manière aléatoire ? Est-ce une manière discrète de réduire le droit de manifester ? Pourquoi ces mêmes méthodes non létales sont-elles utilisées de manière similaire en différents lieux du monde. Cela a-t-il un lien avec ce qu’a dénoncé Nick Turse, cette présence des forces spéciales US dans 120, et plus tard dans 134 pays du monde où elles dispensent des formations non seulement aux armées mais aussi aux forces de polices ? Et dont il nous dit : « Cette présence globale […] donne une nouvelle et surprenante preuve de l’existence et de la montée en pouvoir d’une élite clandestine à l’intérieur du Pentagone qui est en train d’entreprendre une guerre secrète dans tous les coins de la planète. ». Reporterre nous emmène à Milipol, salon mondial de la répression - pardon salon de la sûreté et de la sécurité intérieure des états.

Le salon « de la sécurité intérieure » Milipol a ouvert ses portes mardi au nord de Paris. Reconnaissance faciale, lanceurs de balle de défense, aspirateurs à données téléphoniques... Reporterre s’est renseigné sur les nouveautés du secteur, qui raffine sans cesse les outils de surveillance et de répression.

Le salon « de la sécurité intérieure » Milipol a ouvert ses portes mardi au nord de Paris. Reconnaissance faciale, lanceurs de balle de défense, aspirateurs à données téléphoniques... Reporterre s’est renseigné sur les nouveautés du secteur, qui raffine sans cesse les outils de surveillance et de répression.

Nous avons visité Milipol, le salon de la répression

 

21 novembre 2019 / Émilie Massemin et Isabelle Rimbert (Reporterre)

 

  • Paris, (reportage)

« Mettez votre œil là, pas trop près. Je peux enlever le canon si vous voulez. » Mathieu [1], dessinateur d’armes à PGM Précision, aide un visiteur en costume chic à soulever un lourd et rutilant fusil de précision. L’entreprise, basée à Poisy (Haute-Savoie), fournit depuis 1991 ses fusils Ultima Ratio au Raid — Recherche, assistance, intervention, dissuasion, une unité d’élite. « Nous disposons aussi d’une gamme pour les particuliers qui ont un permis de chasse ou une licence de tir, précise le salarié. Nos armes à longue distance coûtent entre 4.000 et 10.000 euros sans les accessoires. »

PGM Précision fait partie des 1.005 exposants présents à Milipol, le salon mondial dédié à la sûreté et à la sécurité intérieure des États, qui tient sa 21e édition du mardi 19 au vendredi 22 novembre au parc des expositions de Villepinte (Seine-Saint-Denis). Des entreprises venues d’une vingtaine de pays, parmi lesquels la Chine, Israël et la Turquie, y tiennent un stand. Cette année, quelque 30.000 visiteurs accrédités des secteurs public (ministère de l’Intérieur, douanes, fonctionnaires de la défense, de la justice...) et privé (fabricants, sociétés de services, distributeurs…), fouleront les moquettes synthétiques du salon et pourront y tester gilets pare-balles, lanceurs de balles de défense et dispositifs de reconnaissance faciale dans une ambiance high tech et feutrée.

Le secteur est florissant. Fin 2018, le marché mondial de la sécurité affichait une croissance insolente de 7 %, bien supérieure aux 2 % de croissance mondiale, pour atteindre un chiffre d’affaires de 629 milliards d’euros. En France aussi, les entreprises dites « de la sécurité » se portent bien : leur chiffre d’affaires a progressé de 3,2 % en 2018 et atteint 29,1 milliards d’euros. À une nuance près : les dépenses consacrées à la sécurité intérieure de l’État (contrôle des identités, contrôle des frontières, équipements de maintien de l’ordre…) ont crû de 0,5 % seulement. « Un certain rebond pourrait intervenir en 2019 et en 2020 », indique toutefois Patrick Haas, directeur du journal spécialisé En toute sécurité, interviewé pour le dossier de presse du Milipol. « Certains créneaux sont plus porteurs, comme la détection de produits dangereux, en raison de la persistance des attaques ou des menaces terroristes, ou les équipements de maintien de l’ordre à cause du mouvement des Gilets jaunes. »

Fin 2018, le marché mondial de la sécurité affichait une croissance insolente de 7 %.

En visite pour inaugurer le salon mardi, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a présenté la « violence dans le maintien de l’ordre » comme une des « menaces fortes » auxquelles sont confrontés « la France et ses alliés », au même titre que le terrorisme, le trafic de drogues et les cyber-attaques. « Nous assistons à une radicalisation des mouvements contestataires nés en 1999 à l’occasion d’un sommet de l’OMC à Seattle et consacrés en 2001 lors du sommet du G8 à Gênes », a-t-il déclaré lors de son discours d’inauguration du salon, face à un public costumé à 95 % masculin, pendant que des serveurs distribuaient flûtes de champagne et petits fours. « Depuis, chaque rassemblement international est émaillé de violences. Il a fallu toute la mobilisation de nos forces et la coopération internationale pour que le sommet du G7 de Biarritz, en août dernier, se déroule bien et soit un succès diplomatique. »

« On ne répond pas aux interviews »

Quelques instants plus tôt, alors qu’il visitait les stands de son ministère entouré d’une foule d’officiels, de gardes du corps et de journalistes, M. Castaner avait ignoré la question que lui a adressée Reporterre : 

Pourquoi valider dans le nouveau schéma national du maintien de l’ordre les méthodes brutales déployées ces derniers mois, comme l’a révélé le quotidien Libération, malgré un bilan humain dramatique ? »

Depuis le début du mouvement des Gilets jaunes, une personne est décédée – l’octogénaire Zineb Redouane, frappée d’une grenade lacrymogène à Marseille – et 4.439 autres ont été blessées – 2.495 côté Gilets jaunes, 1.944 côté forces de l’ordre – selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. Parmi les nombreux blessés graves chez les Gilets jaunes, le journaliste David Dufresne a dénombré 24 éborgnés et 5 mains arrachées.

« M. le ministre inaugure des stands, il n’y a pas de questions-réponses prévu », a réagi avec irritation un des sbires du ministre à notre question. Dans ces allées où l’on cause business et innovation en plusieurs langues, on s’épargne souvent les digressions sur les droits humains. En 2017, il avait fallu qu’Amnesty International s’indigne pour que soit bannie du salon l’entreprise chinoise Origin Dynamic et ses instruments illégaux de torture, en l’occurrence des bracelets à décharges électriques.

Même silence agacé du côté des fabricants d’armes dédiées au maintien de l’ordre. « On ne répond à aucune interview, sur décision de la direction », nous a opposé d’un ton agressif un représentant d’Alsetex, l’entreprise sarthoise qui fournit grenades assourdissantes et grenades lacrymogènes aux forces de l’ordre. Pour confirmer ses dires, près des vitrines de cartouches de gaz savamment mises en valeur, plusieurs autocollants « No interview, no photo, no video ».

« On ne répond à aucune interview, sur décision de la direction », martèlent les fabricants.

Du côté de Nobel Sport, entreprise finistérienne produisant aussi des grenades lacrymogènes, « on ne communique pas car c’est souvent utilisé contre nous. Nos produits sont utilisés par le ministère de l’Intérieur, vous pouvez lui poser vos questions car ils ont des doctrines que nous ne décidons pas ». Le représentant barbu et tatoué de B & T AG (anciennement Brügger & Thomet), la firme suisse des lanceurs de balles de défense LBD 40, s’est montré tout aussi discret, quoique courtois : « Je ne connais pas très bien cette arme car je viens d’arriver et c’est un sujet sensible. La direction a préparé une réponse pour les journalistes. » Sur la feuille qu’il nous a tendue, en trois langues, un avis rejetant la responsabilité de l’entreprise quant aux blessures infligées par ces armes : la France n’utilise pas leurs cartouches SIR, mais des cartouches françaises qui ne sont pas conçues pour le LBD 40 et rendraient l’utilisation de l’arme dangereuse.

Le seul à s’exprimer longuement a été Florian Lécuyer, de l’entreprise lorientaise de matériel de sécurité Redcore, qui en avait gros sur le cœur. Depuis 2015, Redcore se bat pour que son lanceur de balles de défense Kann44 de calibre 44 mm soit classé en catégorie B3 (« armes à feu fabriquées pour tirer une balle ou plusieurs projectiles non métalliques ») et non A2 (« canons, obusiers, lance-roquettes et lance-grenades de tous calibres »), comme l’a décidé le ministère de l’Intérieur. « À cause de cette décision, nous perdons tout le marché des polices municipales, s’est lamenté M. Lécuyer. Pourtant, notre arme est bien plus précise que les Flash Ball qui équipent actuellement la police municipale car elle dispose d’un canon rayé et peut être équipée d’un boîtier system score d’aide à la visée : quand le tir est réglementaire – plus de cinq mètres de distance, impact sur le torse, les membres supérieurs et inférieurs –, le cadran devient vert ; sinon, il est rouge. » En outre, un enregistrement de l’image de visée se déclenche automatiquement en cas de tir et Redcore a proposé que le tir soit bloqué en cas de visée non règlementaire. « Avec le mouvement des Gilets jaunes, on était sûrs que cette innovation allait intéresser le ministère de l’Intérieur. C’est dans la logique des choses, surtout quand des vidéos montrent des tirs de LBD40 à trois ou cinq mètres. Mais on nous a fait comprendre qu’il était urgent de ne rien faire. On soupçonne aussi des copinages. » L’entreprise conteste la décision du ministère et a saisi le Conseil d’État à ce propos.

Un logiciel capable d’aspirer toutes les données d’un téléphone en moins de dix minutes

En revanche, dès qu’il ne s’agit plus d’armes risquant de blesser des manifestants, les langues se délient. La police nationale a énuméré à Reporterre toutes ses innovations présentées sur le salon : outil de détection des hackers, dispositifs de lutte anti-drones du Raid, drone filaire de la police aux frontières, laboratoire mobile d’analyse de la fraude documentaire… et certainement le plus attendu, le « kiosque » de l’entreprise Cellebrite, logiciel capable d’aspirer toutes les données d’un téléphone portable en moins de dix minutes. « Actuellement, les téléphones saisis doivent être envoyés dans un centre spécialisé de la police technique et scientifique, qui ne sont que 35 et sont souvent embouteillés. Avec ce kiosque qui sera installé dans les commissariats de premier niveau, il suffira de brancher le téléphone et toutes les données seront extraites pendant la garde à vue : SMS, photos géolocalisées… Autant d’informations qui peuvent être utiles pour conduire l’interrogatoire », vante Clémence Mermet-Grenot, du service de la criminalité numérique.

Un dispositif permettant de recueillir les « traces technologiques ».

Sur l’écran qu’elle montre du doigt apparaît un échange de messages Facebook : « Ouais c’est bon y’a pas de caméra ! », « C’est une vieille baraque on aura qu’à entrer et se servir !!!! ». « Ce kiosque est en cours de déploiement dans le nord de la France. L’an prochain, cent nouvelles machines seront installées en Île-de-France et dans le Sud. En tout, cinq cents machines doivent être installées d’ici 2024, pour un coût de quatre millions d’euros. Nous l’avons déjà testé lors du G7, pour traiter les téléphones des personnes gardées à vue, et les retours ont été très positifs », se réjouit la commissaire divisionnaire.

Autre technologie suscitant l’enthousiasme des participants à Milipol, la reconnaissance faciale. Les exposants vantent les mérites respectifs de leurs dispositifs. Le Chinois Advanced Plus Group propose des petites caméras avec traqueur GPS et capteur de gaz dangereux pour la modique somme de 240 dollars pièce. L’Allemand propose une énorme mallette à 80.000 euros pouvant être reliée à quatre caméras et à une base de données de trois millions de visages, « facile à installer et très performante pour reconnaître les Noirs, ce qui est ordinairement difficile à cause de l’éclairage et de la nature des contrastes », indique l’exposant avec spontanéité.

La France reste dans la course, mais ses entreprises plaident pour un assouplissement de la réglementation sur la reconnaissance faciale. « Au salon, on montre ce qu’on pourrait mettre en place pour sécuriser de grands événements comme les Jeux olympiques de 2024. Mais cette technologie est fortement réglementée et donc peu utilisée, constate-t-on à Idemia. Actuellement, on l’utilise surtout en post-incident, pour aider la police à repérer les moments importants dans les enregistrements des caméras de vidéosurveillance. Pourtant, c’est l’avenir. Certains pays l’utilisent dans les aéroports, aux frontières… C’est tellement rapide ! » Vincent Bouatou, directeur de l’« Innovation Lab » d’Idemia, espère au moins un desserrement de la réglementation pour la recherche, histoire de pouvoir récolter suffisamment de données pour entraîner les algorithmes de reconnaissance faciale dans le cadre d’un processus de « deep learning » [2]. Il espère également un débat de société sur les utilisations de cette technique. La ville de Nice a testé un dispositif de reconnaissance faciale lors de son carnaval, en février 2019, provoquant l’émoi de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil).

« Il y a en France 25.000 fichés S, il serait très facile de tous les écouter »

Les exposants sont moins prolixes lorsqu’il s’agit d’obtenir des informations sur un autre dispositif de surveillance de masse, les IMSI-catchers capables d’intercepter le trafic des communications mobiles, de récupérer des informations à distance ou de pister les mouvements des utilisateurs des terminaux. Un constructeur allemand, Rhode & Schwarz, a expliqué ne pas en présenter en salon « pour éviter qu’il soit pris en photo, on préfère qu’il reste secret » et a invité Reporterre à envoyer un courriel pour en savoir plus sur ses clients. « On ne l’utilise pas, c’est interdit par la réglementation », a assuré la gendarmerie. Pourtant, son utilisation est définie dans un cadre légal depuis 2015 et la réforme de la loi pénale de juin 2016 et un appel d’offres d’avril 2019 de la gendarmerie et de la police nationale inclut cet équipement controversé.

« Vous êtes dans le monde des bisounours, il faut y rester », réplique d’un air entendu un représentant de l’entreprise française GPX, spécialisée dans le matériel d’écoute, de localisation et de brouillage, lorsque Reporterre l’interroge sur les IMSI-catchers. Lui est intarissable sur les bonnes vieilles techniques d’écoutes stratégiques et tactiques, qui permettent d’écouter en permanence plusieurs milliers de lignes. « Notre plus petit dispositif permet d’écouter simultanément 2.000 lignes, pour la somme de 5 millions d’euros. Il y a en France 25.000 fichés S, il serait très facile de tous les écouter. D’ailleurs, dans un pays comme la France, il y a au minimum 100.000 lignes écoutées tout le temps. C’est ma boule de cristal qui le dit », poursuit-il mystérieusement.

Des garde-fous existent-ils pour éviter que de tels équipements servent à écouter des activistes, des opposants politiques ? Nouveau hochement de tête apitoyé : « On ne peut vendre nos produits qu’à des États, à condition d’obtenir une autorisation ministérielle. Si la demande émane d’un État étranger, on demande l’autorisation au ministère des Affaires étrangères. Mais ensuite, ce qu’en fait l’État, ce ne sont pas nos affaires ! »

VERS UN « CONTINUUM ENTRECURITÉ RÉGALIENNE ETCURITÉ PRIVÉE »

« Les menaces globales nous touchent tous, nous devons agir fortement ensemble. Le continuum de sécurité doit être fait d’actes et de projets concrets. L’État et le secteur de la sécurité intérieure doivent agir ensemble, car la sécurité privée agit également pour la protection des Français, a déclaré le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner lors de son discours d’inauguration. Pour les grands événements comme les Jeux olympiques de 2024, un partenariat est indispensable. »

Cette déclaration s’inscrit dans la continuité d’un rapport de septembre 2018 des députés En Marche ! Alice Thourot et Jean-Michel Fauvergue, qui préconisent un « continuum » entre les forces régaliennes, les polices municipales et la sécurité privée, une meilleure coordination et un élargissement des compétences des entreprises de sécurité privée. Avec, en son cœur, une question hautement sensible : faut-il donner la possibilité aux agents de police privée d’intervenir sur la voie publique, ce qui leur est interdit à ce jour ?

Cette évolution serait dans le prolongement de la loi du 28 février 2017 relative à la sécurité publique qui autorise pour la première fois l’armement des agents de sécurité privée, ce qui était interdit à de très rares exceptions (protection des installations nucléaires notamment) : armes de catégories D comme des bâtons de défense, des matraques télescopiques, des tonfas ou des aérosols pour les agents de surveillance « classiques », et fusils et aux armes de poing pour les agents de la « surveillance armée ».

Source l’excellent site indépendant Reporterre qui fait également un appel à soutien

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5 décembre 2019 4 05 /12 /décembre /2019 18:07
Humeur du jour : je suis en colère, et c’est très bien !

 

 

Toute la douleur du monde, et ce n’est pas ce qui manque, c’est accablant à la fin. Chance que je sois immunisée contre la dépression. Il n’y a pas à dire, le bilan de l’état de la planète est catastrophique, que ce soit la disparition de plus en plus rapide des conditions de possibilité de Vie sur Terre ou toute la douleur corrélative qui accompagne cette guerre à la vie que mène un système qui préfère les machines, jusqu’ici plus dociles que les vivants. Jusqu’ici parce que, avec les progrès de l’intelligence artificielle, le passage d’un seuil où le contrôle des robots échappe à leurs créateurs est une probabilité grandissante. Cela a été très vite, quelques décennies et ce qui semblait sortir de la folle imagination de petits génies de la science fiction c’est fait réalité…

Système ? Quel système ? Néolibéral ? Quand on a dit cela, on en dit trop ou trop peu. Il n’existe pas de claire définition de ce concept qui se traduit surtout par le malaise généralisé au sein des habitants de la planète, ceux « d’en bas » en particulier. En Bas de quoi ? De l’échelle sociale ? Ce machin sur lequel il faut écraser la tête d’autres pour gravir les échelons . Je préfère le plancher des vaches et le raz des Pâquerettes…

Et ceux d’en haut ? De qui parle-t-on quand on parle de décideurs planétaires ? Le terme s’utilise non ? Les décideurs. Et s’il y a des décideurs, cela veut dire que certains sont « décidés », par d’autres. Dans ce malaise généralisé, qui provoque de plus en plus de soulèvements populaires de par le monde, en Amérique Latine : au Chili, en Équateur, … mais aussi au « Moyen-Orient : Iran, Irak, Liban… et un peu partout dans le monde, derrière les revendications matérielles, qui sont devenues plus des questions de survie que d’amélioration de qualité de vie, s’élève une autre exigence, qui parcourt le monde : « Nous ne voulons plus que d’autres décident pour nous !». Il est question pour chacun de participer à la prise des décisions qui le concernent.

Nous savons finalement peu de choses concernant les réels décideurs, nous connaissons leurs façades, ceux qu’ils utilisent pour imposer leurs politiques, des noms circulent, et aussi des spéculations concernant les rivalités qui les opposent, mais pas besoin de noms pour constater dans la réalité les effets délétères des choix, des sacrifices qu’ils nous imposent. Des qualificatifs relevant du registre des pires maladies mentales circulent à leur sujet, et il y a tout lieu de penser qu’il ne s’agit pas d’exagération. Psychopathes, sociopathes désignent des gens qui ont un total manque d’empathie. Et ce sont des termes qui sont souvent utilisé à leur sujet. L’hyoer-capitalisme n’est pas sauvage, ne mélangeons pas tout, il est cruel, brutal et grossier.

Des sciences celle que je préfère, c’est bien sûr la biologie. Pas cette science usurpatrice du nom qui dans des laboratoires s’acharne à faire ressembler les vivants toujours d’avantage aux machines ou fabrique des êtres hybrides qui sont un peu des deux. Non, je parle de cette science qui approche le vivant, tel qu’il est dans son milieu naturel, et essaye de comprendre les mystère de la création, celle qui s’est déroulée avant que l’homme se prenant pour un dieu veuille recréér le monde à sa triste image. Parce que c’est bien cela qui se produit. Ceux qui se mêlent aujourd’hui de génétique, de robotique et compagnie, ne sont pas des biologistes, mais des physiciens mécanistes, ignorants de la vie, refusant son inventivité, sa créativité : ils ont peur de l’imprévu, il leur faut tout mettre sous contrôle, inventer un monde où tout est sous surveillance, et les in-conformités doivent être détectées et éliminées avant qu’elles puissent le temps d’éclore.

Cela aussi relève de la maladie mentale, et il n’est pas étonnant que la Chine, un pays qui a vécu le grand traumatisme collectif de la « Révolution Culturelle » soit à la pointe de ce délire paranoïaque de contrôle absolu. Je suis désolée, je n’ai pas envie de faire de la psychologie à bon marché, mais quand même, imaginez les traces que cela laisse chez des enfants – les adultes d’aujourd’hui, de voir soudain leurs parents livrés à la vindicte populaire, humiliés, emprisonné, tués parce qu’ils refusent de se conformer aux diktats du Parti Communiste, de se prêter de bonne grâce au lavage de cerveau qui veut les formater au plus profond de leur conscience… Des enfants fanatisés ont du espionner leurs parents, leurs proches et les dénoncer s’ils préféraient nourrir les oiseaux, alors que Mao avait décrété que les oiseaux ils faut les tuer tous, et les manger avant qu’ils mangent les récoltes…. (Un grand bonheur pour toutes sortes d’insectes qui ont proliféré, à eux les récoltes, l’équilibre écologique était rompu). Et Xi Jinping, homme tout puissant à la tête du tout puissant Parti Communiste de la Chine, en chemin vers l’hégémonie mondiale a vécu cela. Prince Rouge, comme on appelait les enfants des dirigeants du parti, il a vu le monde de son enfance dorée s’écrouler quand Mao a décidé de mettre de l’ordre à sa manière, d’éliminer toute concurrence potentielle dans l’exercice du pouvoir et de remodeler à la dure la conscience du peuple chinois. Son père déchu, soumis à toutes les brimades que subissaient les intellectuels, publiquement humilié et sommé de faire son autocritique et le jeune XI renvoyé à la boue des campagnes. Qu’on ne vienne pas me dire que cela ne laisse pas de traces. Depuis il a avec patience, intelligence et persévérance remonté un par un tous les échelons de la hiérarchie du parti. Développant simultanément un système de contrôle des populations toujours plus performant.

Pourquoi je parle ici de la Chine, parce qu’il y a trop longtemps que les USA sont les principaux ennemis du monde et de ses habitants, alors ils focalisent beaucoup de haine, de ressentiments, de rejets… et nombreux sont ceux qui ne mesurent pas le danger que la Chine représente aujourd’hui pour l’humanité comme espèce et dans ses manières d'être au monde. Beaucoup oublient que le Soft Power qui caractérise les stratégies de politique extérieure de la Chine, est justement ce concept inventé aux USA, qui consiste à coloniser un peuple, une région, en « douceur », en se faisant apprécier, en pénétrant insidieusement les consciences et les cœur, et sur le mode US, en remplaçant les cultures locales par l’acculturation yankee, une privation de culture qui permet de conditionner les inconscients collectifs en fonction des intérêts des Corporations Commerciales. La télévision a été un véritable Cheval de Troie de cette manipulation collective, installée dans tous les foyers, avec ses particularités locales à ses premiers temps, petit à petit, guerre psychologique oblige, elle s’est mise a diffuser quasi exclusivement la propagande du système.

Aujourd’hui la télé est de moins en moins présente, elle est remplacée par les « nouvelles technologies », et la Chine est à la pointe de ces technologie en particulier en ce qui concerne le contrôle des masses. Pour tous ceux qui sont tentés de croire que la Chine est « l’amie du monde », je vous conseille d’enquêter de manière plus approfondie. A l’intérieur, un peuple qui dispose de droits économiques mais pas de droits politiques, et le système de Crédit Social, un contrôle des comportements toujours plus perfectionné et pénétrant, surveillance absolue et évaluation de conformité qui décide de quelle part de « droits économiques » disposera chacun, cela concerne aussi bien des aspects strictement matériels, mais aussi un plus vaste registre des droits humains, comme par exemple la liberté de voyager qui  dans ce pays est fonction de votre conformité sociale… plus vous êtes conforme et plus loin vous pouvez voyager… mais les insoumis eux, seront cantonnés dans leur localité. Et à l’extérieur, je ne vais pas m’étendre sur ce sujet maintenant, mais les exemples s’amoncellent prouvant que le « donnant-donnant » de la Chine est un leurre, et qu’elle n’hésite pas à sacrifier les habitants des pays qu’elle exploite pour satisfaire les « droits économiques » de ses propres habitants et ressortissants, condition nécessaire de maintient au pouvoir du Parti Communiste.

Si je parle de la Chine, c’est parce que justement son modèle interne est celui qui est le plus contraire à cette aspiration qui se répand comme une traînée de poudre de soulèvements populaires : aspiration de décider personnellement et collectivement de nos destins. Le Chili montre cela très clairement. Le soulèvement qui a commencé pour une question matérielle, l’augmentation du prix du métro a changé de nature. Aujourd’hui le président Piñera pourrait annoncer que le métro est gratuit pour tous, il ne détiendra pas la colère du peuple qui demande une assemblée constituante populaire MAINTENANT !

Et c’est une des choses qui m’énerve depuis longtemps dans les conflits que j’ai suivi au cours des dernières années. D’une part, il y a ceux qui se focalisent sur la « guerre des 3 empires », qui est surtout un partage du monde entre corporations, une lutte pour 3 différentes versions d’un nouvel ordre mondial, économiste et non politique, un monde dans lequel les habitants sont un marché de l’emploi, mais un marché de l’emploi qui n’obéit plus aux règles officielles de l’économisme pour lesquelles sur le marché du travail, le travailleur offre sa force de travail en fixant ses conditions. A présent, le travail a été remplacé par  ‘emploi et ses demandeurs qui doivent accepter les conditions toujours plus proches de l’esclavagisme que lui impose ce nouvel ordre mondial. Comme je le disais plus haut, il est de moins en moins question d’améliorer ses conditions de vie, et de plus en plus d’accéder à des conditions de simple survie, alors que s’étend ce qui ressemble de plus en plus un génocide planétaire, polymorphe, sans restriction géographique, où seuls les conformes auront le droit de boire, pour prendre le point le plus dramatique de la raréfaction des conditions de possibilité de vie. Trois milliards de personnes n’ont pas accès à une eau saine et potable, et cette situation s’aggrave chaque jours à un rythme accéléré. L’extractivisme et ses hyper-pollutions des eaux, le gaspillage et la pollution consumériste irréversibles sont au cœur du problème. Et contre cela des peuples se soulèvent. Ils ne veulent plus que quelques-uns décident pour tous les autres qui a ou non le droit de vivre, ni qu’ils décident des étroites limites de conformité auxquelles chacun doit se soumettre pour avoir ce droit, dans un monde toujours plus carcéral. Il faut arrêter les dégâts, maintenant, tout de suite, se mettre à réparer la biosphère, les écosystèmes naturels pour diminuer la croissance inéluctable du nombre des victimes, et les souffrances du monde. Pour inverser les processus de destruction de la Vie sur Terre.

Cela fait partie de la grande croisade de la désinformation, la guerre psychologique dont les grands médias sont un des principaux outils que de nier l’existence de ce courant croissant, en mentant de manière éhontée, en proposant de constantes diversions… Vendredi Noir ! por favor ! voir des gens se battre entre eux pour se faire arnaquer est une triste allégorie de notre déchéance.

Ce courant refuse la politique comme polarisation gauche-droite, qui dresse les proches, voisins, amis, les uns contre les autres en vertu du vieil adage de Machiavel : « Diviser pour régner ». « Les partis politiques sont une invention de l’Occident pour diviser les voisins entre eux » disent les habitants de Cherán, Michoacán, Mexique, qui ont chassé de leur territoire ses importuns partis politiques - de même  que les cartels qui pillaient le bois de leurs collines et imposaient leur loi - et se sont réorganisé selon le mode communal de la tradition indigène. « La gauche ? La droite ? je ne vois pas pourquoi nous devrions nous définir en fonction de la position de français dans un hémicycle, au 19ème siècle. Nous avons nos propres traditions d’organisation politique » dit la porte-parole de la Minga de Colombie… Et pour en remettre une couche au sujet de la Bolivie, un reproche formulé par des Aymaras, nation dont il est originaire à Evo Morales : « Sa permanence au pouvoir va à l’encontre de nos traditions. Nous avons des mécanismes pour éviter justement toute concentration de pouvoir, des processus qui opèrent une constante redistribution du pouvoir entre tous dans le cercle des voisins. Et il les a abandonnés ».

Et partout ceux qui dressent l’oreille pour écouter la voix des peuples en rébellion, entendent en écho « Ni Maduro, ni Guaido », « Ni Moreno, ni Correa », « Ni Evo, ni Camacho ». Un autre exemple qui m’avait fait mousser à l’époque, il s’agit de l’Ukraine, en particulier du Donbass. Alors que le coup d’état installe un gouvernement néo-nazi à Kiev (une autre récupération d’un soulèvement populaire par l’extrême-droite…) et que la Russie annexe la Crimée, les autonomistes du Donbass affrontent les uns et les autres, ce qu’il veulent installer la souveraineté populaire dans leur région. Mais de la même manière que les médias nous parlent aujourd’hui en ce qui concerne la Bolivie des pro-Evo contre les « partisans de la démocratie » en ignorant toute autre proposition de pays, à l’époque en Ukraine les autonomistes étaient discrètement éliminés, dans le silence atterrant des médias… etc, je donne des exemples que j’ai suivi de plus près et qui ont des visages, Ce courant qui veut inventer d’autres modes politiques, inclusifs plutôt que discriminatoires, coopératifs et non plus concurrentiels, on va le retrouver un peu partout dans le monde. Et je suis convaincue que ceux qui se distinguent comme meneurs de ces mouvements de souveraineté populaire sont des cibles privilégiées des nouveaux pouvoirs lorsque l’extrême-droite ou d’autres agents de Washington, confisquent les mouvements populaires pour installer leurs dictatures au du moins des régimes autoritaires qui livreront le pays aux Corporations.

Je sais à quel point il peut être difficile pour ceux qui ont été toute leur vie sincèrement de gauche, de renoncer à cette étiquette sans se sentir traîtres, lâches...etc. Je suis une orpheline de la gauche, celle qui a implosé il y a longtemps et ne s’est pas recomposée depuis du moins en Europe. Et si la gauche est morte, c’est bien sûr en partie parce que nos colonisateurs US ont tout fait pour la faire imploser de l’intérieur en l’infiltrant, mais pas seulement, elle est morte aussi de tout les dirigeants qui ont sacrifié l’intérêt collectif à leurs ambitions personnelles, politiques, de notoriétés et/ou strictement matérielles et financières.

Un jour, il faut oublier les vieilles étiquettes écornées et se recentrer sur les valeurs qui nous ont fait adopter l’une plutôt qu’une autre. Je vois bien aussi ceux qui se laissent leurrer et voient la Russie et la Chine actuelles comme les héritières d’un mythe communiste qui a fait long feu de l’URSS à la Chine Populaire. Ce n’est pas vrai, ni la Chine, ni la Russie ne sont les grandes sœurs prêtent à tendre la main par pure générosité aux damnés de la terre.

L’exemple du Venezuela pour qui creuse un peu, un tout petit peu, est flagrant. Maduro peut vitupérer autant qu’il veut au sujet de l’impérialisme yankee, il ne se maintient au pouvoir qu’en livrant les ressources du pays à ses « alliés » de Chine (voir par exemple Le voyage en Chine de Maduro traduction de sa conférence de presse à l'issue de ce voyage) et de Russie qui se font payer très cher leur soutien aux ambitions personnelles de Maduro et de sa clique.

Voilà, c’est une des raisons de ma colère, ce déni, cette ignorance volontaire d’un courant mondial, tous ceux, de plus en plus nombreux, qui veulent réinventer ensemble nos manières d’habiter le monde, dans le respect de la Vie, du Bien Commun, de la dignité de chacun. Cette ignorance est une complicité tacite de l’élimination sélective de belles personnes qui luttent avec abnégation pour que demain soit meilleur qu’aujourd’hui. Ce n’est pas la seule raison , mais je vais en rester là pour aujourd’hui, cette négation systématique des aspirations des peuples toujours plus éloignées de ceux et celles qui prétendent les diriger, à gauche comme à droite

 

Anne W

 

 

 

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5 décembre 2019 4 05 /12 /décembre /2019 15:29

 

 

 

par Jorge Elbaum*

Toutes les versions de cet article : [Español]

 

Le modèle de contrôle hégémonique prévu [par les États-Unis d’Amérique] pour l’Amérique Latine est composé d’ancrages médias, de tribunaux, d’agences d’espionnage (locales et internationales) et de dispositifs de manipulation numériques basés sur l’intelligence artificielle et les technologies Big Data. Dans plusieurs pays d’Amérique Latine, s’ajoute à cette combinaison, l’action développée par les secteurs évangéliques fondamentalistes, ayant des racines et des ramifications dans les sphères les plus rétrogrades de Washington.

Au cours de la première quinzaine d’août, un consortium de 15 médias non hégémoniques, dirigé par Columbia Journalism Investigations (CJI) et appartenant à l’Université de Columbia, en partenariat avec le Centro Latinoamericano de Investigación Periodística , a publié un dossier sur le ce conglomérat extrémiste.

Le groupe qui mène l’offensive en Amérique Latine [et partout dans le monde] est la Capitol Ministries (CM) , dirigé par Ralph Kim Drollinger , un ancien basketteur de la NBA devenu un véritable croisé contre les idéologies de genre, les processus migratoires, la séparation de la religion et de l’État, et toutes les luttes sociales émancipatrices.

Les rapports présentés par le CJI montrent la présence de Capitol Ministries au Mexique, au Honduras, au Brésil, au Pérou, en Uruguay, en Equateur et au Costa Rica. Au Nicaragua, au Panama et en Argentine, ils opèrent par l’intermédiaire d’organisations satellites liées au même programme néolibéral, assaisonné d’un langage suprématiste.

Le lien de Drollinger avec l’administration républicaine actuelle se visualise à l’intérieur de la Maison-Blanche, il office le Faith and Opportunity Initiative (WHFOI), un espace au sein duquel le vice-président Mike Pence, le secrétaire d’État au département, Mike Pompeo, et le ministre de l’éducation Betsy De Vos, partagent des réunions théologiques « de guérison » organisées par Capitol Ministries.

Ces réunions ont un rang institutionnel depuis que l’ actuel homme d’affaires devenu président, a signé le décret # 13831 du 3 mai 2018, par lequel le WHFOI est défini comme un espace spirituel de réflexion pour le gouvernement.

Drollinger fut à Buenos Aires en novembre 2009 dans l’intention de renforcer l’opposition au Kirchnerisme qui, à cette époque, cherchait à affaiblir le gouvernement de Cristina Fernández. Depuis cette époque, sa représentation à Buenos Aires est gérée par l’organisation Parliament and Faith, dirigée par Luciano Bongarra, un participant régulier à la Delegación de Asociaciones Israelitas Argentinas (DAIA), avec laquelle il partage sa sympathie pour la politique de Bibi Netanyahu.

Bongarra figure sur le réseau professionnel Linkedin en tant que directeur pour l’Amérique Latine chez Capitol Ministries, alors que le même titre est attribué au pasteur péruvien Oscar Zamora, qui a été le bâtisseur le plus efficace du réseau évangélique avec les différentes délégations diplomatiques de Washington au sud du Rio Grande.

Criminalisation

Dans une de ses interprétations bibliques, selon les exigences du trumpisme, Drollinger a souligné que les processus migratoires devraient être basés uniquement sur des textes sacrés et que la ségrégation ne devrait jamais être mise en question : « Exclure les individus qui peuvent être des criminels, des traîtres, des terroristes ou qui puissent avoir des maladies transmissibles n’est en rien du racisme.

Capitol a justifié la séparation des familles à la frontière mexicaine sur la base de la criminalisation des migrants et a promu la peine de mort sur la base d’un prétendu soutien biblique. L’ancien joueur de basket a également estimé que les femmes ne sont pas aptes à enseigner la Bible et que la présence de femmes dans les domaines législatifs est sans aucun doute un péché, car les femmes doivent prendre soin de leurs enfants et ne pas être loin de chez elles, car elles finissent par fraterniser avec des inconnus.

La relation affective entre les personnes du même sexe, ajoute Drollinger, devrait être considérée comme « une affaire qui suscite la colère de Dieu ». Pour Katherine Franke, professeur de droit et d’études sur le genre et la sexualité à la Columbia University, la présence de Capitol à la Maison Blanche viole la Constitution des États-Unis en promouvant une conviction religieuse particulière : « Le gouvernement [des États-Unis] encourage la religion en tant que projet gouvernemental officiel et cela viole clairement l’une des clauses de la Constitution », a-t-elle déclaré.

Le pasteur Mario Bramnick, descendant de Cubains basé à Miami, a également organisé un mouvement appelé «  Latinos for Trump  », qui a des ramifications au Mexique et en Amérique Centrale et aux Caraïbes. Bramnick est également le fondateur de la « Coalition latino-américaine pour Israël (LCI) », un groupe de pression évangélique au soutien non critique du gouvernement Bibi Netanyahu. Les pasteurs Bramnick et Drollinger ont institué le ministère pastoral de Capitol Ministries aux Honduras, aux côtés de leur président, Juan Orlando Hernández, afin que ce dernier soit libéré des accusations de trafic de drogue qui pesaient sur lui.

Le 2 août, grâce aux interventions des pasteurs, un tribunal fédéral de New York a accusé le frère du président hondurien, Tony Hernández, de trafic de drogue et d’avoir recueilli 1,5 million de dollars pour financer la campagne électorale de son frère. Selon les enquêtes de CJI et du CLIP, le président ne figure pas parmi les accusés, en raison des bons offices probables de ses amis fondamentalistes de l’OFCB. En échange des dites interventions de Drollinger et Bramnick, Juan Orlando Hernández s’est engagé à déplacer l’ambassade de Honduras à Jérusalem, à la demande du gouvernement de Donald Trump.

Au Mexique, les hôtes de Drollinger se sont organisés autour de l’ Alliance Defending Freedom (ADL) [Alliance pour la Défense de la Liberté], qui anime les mouvements pro-vie et cherche à justifier le mur le long de la frontière mexicaine comme une forme de lutte contre le trafic de drogue : les entrées de la drogue aux etats unis limitées , affirment les pasteurs , réduira la violence des gangs criminels immédiatement, au fur à mesure que leur financement diminue.

L’une des organisations membres de l’ADL est l’association Incluyendo México AC , qui a réussi à recueillir environ 62 millions de dollars pour les dépenser dans la diffusion d’activités anti-avortement et promouvoir les cliniques proposant des programmes de conversion des homosexuels.

Les prises de position publiques des pasteurs fondamentalistes, promoteurs des thérapies de guérison forcée pour les personnes appartenant aux groupes LGBTI, ont conduit l’American Psychiatric Association (AAP) à publier pour la énième fois que l’homosexualité ne peut être considérée une maladie ou une déviation et qu’il y a près de 5 décennies, en 1972, elle avait été rayée de la liste des troubles mentaux. Pour sa part, l’Organisation mondiale de la santé a accompagné les déclarations du AAP avertissant que, pour la Cour interaméricaine des droits de l’homme, les soi-disant thérapies de conversion pour les personnes LGBTI sont assimilables aux pratiques de torture et doivent être punissables en tant que telles.

Au Paraguay, l’offensive fondamentaliste est dirigée par le représentant de Capitole Ministries à Asunción, Miguel Ortigoza, qui promeut la lutte contre l’immigration des Afro-descendants et des musulmans et s’oppose à la parité des sexes dans les zones représentatives du Congrès guarani. Pour le pasteur Ortigoza, il existe des raisons bibliques d’empêcher l’arrivée d’hérétiques potentiels qui se cachent aux frontières : « Les musulmans ont commencé à venir, et ils sont venus de toutes les couleurs. Ils ont déjà commencé à investir, ce qui entraîne la migration ».

Au Brésil, les partisans de Drollinger et de Bramnick sont des adeptes fervents de Jair Bolsonaro qui, en juin, ont mis en cause un jugement de la Cour Suprême de leur pays qui assimilait l’homophobie à un crime similaire au racisme. A cette occasion, le président a déclaré que la Cour avait « complètement tort ».

Quelque temps auparavant, le ministre de l’Éducation brésilien, le pasteur évangéliste Damares Alves, avait estimé que les filles devaient porter des vêtements roses alors que les garçons devaient faire attention à s’habiller avec la couleur bleue. Il a également expliqué que les viols des filles dans les secteurs populaires étaient causés par le manque de sous-vêtements. Le problème, a suggéré Alves, pourrait être résolu efficacement avec la mise en place d’entreprises fabriquant des culottes.

Diviser

Les membres de Capitol ont pour tâche fondamentale de promouvoir une législation anti-droits et d’affronter ceux qui défendent les idéologies de genre. Cependant, l’objectif principal est de diviser les majorités populaires, sous le prétexte de la protection de la famille noyau, territoire du soutien de base de l’affectivité sociale des groupes les plus vulnérables.

Basée sur la promotion de cette segmentation caryocinétique, on vise à empêcher la formation et/ou la sollicitation d’identités politiques cohérentes, capables de remettre en cause la logique néo-libérale. En outre, pour contribuer à cet objectif, les membres de l’OFCB proclament la théologie de la prospérité, une doctrine qui bénit ceux qui s’enrichissent et méprisent les humbles.

Pour ces conceptions, les pauvres arrivent à la misère à la suite d’une punition divine : les riches - affirment les membres de Capitole - seront récompensés tandis que les nécessiteux seront les destinataires de la leçon théologique méritée. Par nature transitive, les États-Unis sont prospères par décision céleste, tandis que les habitants de l’Amérique Latine sont les nécessiteux du fait de leur responsabilité propre et absolue.

Ils marchent. Mais ce ne sont pas des saints.

Jorge Elbaum* pour Nodal

Nodal. Buenos Aires, le 2 septembre 2019

*Jorge Elbaum est sociologue, Docteur en Sciences. Économiques. Président du « Llamamiento Argentino Judío ».

Traduit de l’espagnol pour El Correo de la Diaspora par: Estelle et Carlos Debiasi

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4 décembre 2019 3 04 /12 /décembre /2019 23:00
ONIC Organisation des indigènes de Colombie

ONIC Organisation des indigènes de Colombie

Note d’introduction : cela prend de plus en plus de temps de vérifier les informations qui nous parviennent. La guerre psychologique atteint des dimensions pharamineuses, et il y a beaucoup de thèmes au sujet desquels j’essaye de suivre les fils d’information, sans avoir le temps de traduire à partir des sources originelles. Ainsi par exemple un article sur les assassinats de la population indigène de Colombie, ou le livre de Dawn Paley « capitalisme « antidrogue » une guerre contre les peuples » qui montre le rôle joué par le narcotrafic, dirigé depuis Washington dans les crimes et déplacements forcés contre les communautés indigènes et paysannes dans le but de livrer leurs terres aux grands propriétaires terriens et corporations extractivistes.

Je relaie donc le texte suivant tout en faisant deux objection : 1) ce ne sont pas des milliers d’indigènes et paysans qui sont en déplacements forcés en Colombie. Selon l’ONU ils seraient près de 7 millions de déplacés intérieurs. Et 2) Le problème ne sont pas les Accords de Paix signé avec les FARC par le précédent gouvernement de Manuel Santos, mais bien le non respect de ces accords par le gouvernement actuel de Duque-Uribe* et la reprise des politiques agressives menés par des groupes militaires et para-militaires qui ont fait déjà plusieurs victimes parmi d’anciens militants des FARC qui s’étaient intégrés dans la société qui ont été assassinés ou la reprise de pratiques de violence d’état et faux positifs (personnes étrangères au conflit assassinées que l’ont fait passer pour des guérilleros pour « augmenter les quotas ») qui ont conduit à un nouveau crime d’état, l’assassinat de 18 enfants qui avaient été enlevés par la guérillas lors de l’attaque de leur camp par les militaires.

Duque-Uribe, parce que l’insipide actuel président est un fantoche de l’ex-président d’extrême-droite Alvaro Uribe Velez. C’est tellement notoire qu’il arrive régulièrement que des politiques ou des journalistes fassent le même lapsus, parlant du Président Uribe (plutôt que Duque) comme s’il était l’actuel président de Colombie.

L’ONIC convoquait aujourd’hui le mouvement indigène de Colombie à se joindre au grand mouvement de grève national qui traverse le pays

L’ONIC convoquait aujourd’hui le mouvement indigène de Colombie à se joindre au grand mouvement de grève national qui traverse le pays


 

Le 29 octobre dernier, en plein cœur des montagnes du département du Cauca, au sud-ouest de la Colombie, cinq gardes et autorités indigènes nasa ont été massacrés par des milices armées, alors qu’ils et elles exerçaient le « contrôle territorial » propre à l’autonomie de leurs territoires. Cette même semaine, 16 personnes au total ont été assassinées dans le Nord du Cauca.

Dans cette zone peuplée majoritairement par le peuple nasa, les communautés ont réussi, à force de luttes depuis l’époque de la colonisation, à faire reconnaître leur autonomie et à créer leurs propres gouvernements locaux. Aux côtés d’autres peuples et mouvements sociaux, elles ont mené depuis les années 1970 de nombreuses luttes pour la récupération des terres volées par les propriétaires terriens issus de la colonisation. Un grand mouvement de « Libération de la Terre Mère » a notamment été lancé depuis 2014 par les communautés nasa afin d’occuper les monocultures de canne à sucre installées dans la plaine du Cauca et de les arracher des mains des entreprises spoliatrices et pollueuses.

La répression n’a cependant jamais cessé de s’abattre sur les communautés indigènes, paysannes ou afro-descendantes et le mouvement social dans son ensemble.L’État par son armée et les groupes paramilitaires ou guerillas avec qui il est en lien, perpétue menaces, massacres et assassinats ciblés pour exercer la terreur et permettre l’exploitation capitaliste des territoires fuis par les milliers de déplacé-es (extraction minière, narcotrafic, grands projets…).

Le massacre du 29 octobre à Tacueyo et les assassinats qui ont suivi sont le symbole d’une stratégie, d’extermination des peuples en résistance pour le contrôle et l’exploitation des territoires qui n’a que trop duré. Les accords de paix entre le gouvernement et les Farc n’ont en rien résolu le problème et ont même permis une recrudescence de la présence de groupes dissidents et de paramilitaires, créés et entraînés pour massacrer les militant-es politiques et sociaux. Depuis la signature de ces accords en 2016, 88 militant-es indigènes ont été assassiné-es dans le Cauca.

Nous dénonçons ces assassinats ciblés qui touchent tous les secteurs sociaux colombiens.

Nous exprimons notre douleur et notre rage devant l’impunité qui frappent ces crimes et manifestons notre solidarité envers les communautés indigènes du Nord du Cauca.

Cristina Bautista, Asdruval Cayapu, Eliodoro Finscue, José Gerardo Soto, James Wilfredo Soto et tou-te-s les autres, on ne vous oublie pas !

No estan soles !

La lucha sigue !

 Source : Commission des Relations Internationale de l’UCL

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4 décembre 2019 3 04 /12 /décembre /2019 19:57

 

 

Quelques nouvelles de Bolivie, en vrac, parce que les nouvelles sont rares et arrivent dispersées depuis que la dictature au pouvoir a expulsé la presse internationale et muselé ceux qui sont sur place. Terrorisme et sédition sont les accusations lancées contre tout qui proteste contre le coup d’état, ses auteurs et leurs pratiques. Ce groupe extrêmement minoritaire utilise également ces mêmes arguments « flous » pour démanteler les forces de résistance à ce projet de dictature fasciste, raciste.

Marches d'opposition qui seront récupérées par le coup d'état fasciste

Marches d'opposition qui seront récupérées par le coup d'état fasciste

Après que Evo Morales ait renoncé à son mandat présidentiel, qui ne devait prendre fin qu’un janvier 2020, le rapport de force a changé en Bolivie. Beaucoup de ceux qui ont manifesté pour le départ d’Evo, en pensant que cela permettrait d’opérer « un retour à la démocratie » ont compris qu’ils avaient été abusés, manipulés, utilisés pour favoriser un coup d’état de l’extrême-droite dont les premières expressions de victoires furent des explosions d’un racisme longtemps refréné : Whipalas brûlées et piétinées, femmes indigènes agressées et humiliées, satanisation des croyances des peuples originaires avec exorcismes à la clé…. Et la violence brutale de l’agression de ce pouvoir qui – à cause de son absolu manque de représentativité – ne peut se maintenir que par un usage démesuré de la force brutale de l’armée et la police d’une part, et d’autres part de groupes qualifiés de « société civile » qui sont composés en grande partie de délinquants payés pour semer la terreur.

Ce sont ces groupes violents qui ont agressé les législateurs ou leur famille quand il ne pouvait les atteindre directement, forçant ainsi à démissionner : Morales, le vice-président Linera, Salvatierra la présidente du Sénat, etc... afin de créer le vide politique qui permettrait à Añez de s’autoproclamer présidente avec une fiction de légalité. Ensuite on le sait, la plus brutale et cruelle répression s’est déchaînée contre la population indigène en générale, en résistance contre le coup d’état en particulier, facilité par le décret 4708 de la présidente : les forces de l’ordre seront exemptées de responsabilité pénale pour les exactions de la répression. Tirer dur le peuple était comme une sorte divertissement pour les militaires de Santa Cruz (fief des fascistes) venu réprimer la résistance de l’Alto. Beaucoup tirent aux jambes (témoignage du journaliste argentin Fernando OZ) + vidéo de témoignage d’un de ceux qui a eu la jambe brisée par les balles des militaires.

Des jeunes fascistes et des délinquants incarnent la "société civile"

Des jeunes fascistes et des délinquants incarnent la "société civile"

En même temps que les élections présidentielles d’octobre controversées, un sujet pour lequel aucun rapport concluant n’a été produit jusqu’ici, ont eu lieu des élections législatives, le MAS a reculé mais dispose toujours de la majorité des sièges des assemblées. Pour le mandat en cours lui aussi jusqu’au 20 janvier 2020 ; le MAS dispose au Congrès de presque 2/3 des représentants,

Et donc le MAS et autres organisations sociales, syndicales, paysannes ont adopté, à contrecœur, une position conciliatrice pour tenter de replacer la lutte sur le terrain politique qu’ils dominent et mettre un terme à la violence dévastatrice de l’affrontement entre force de l’ordre puissamment armées qui massacrent un peuple dont les luttes sont majoritairement pacifiques, alors que les mieux « armés » n’ont que des pierres à opposer aux fusils. Un rapport de force totalement défavorable.

La clé de voûte et la cheville ouvrière de cette réactivation politique, c’est la nouvelle présidente du Sénat, Eva Copa, une jeune femme de 32 ans qui a déjà derrière elle une longue carrière politique puis qu’elle a commencé à militer dès l’adolescence. Une jeune femme simple, sensible et forte, intelligente et courageuse, qui a assumé sans faiblir les responsabilités que lui a donné un improbable destin. La journaliste Maria Galinda  a réalisé une longue interview radiophonique   (esp), de la nouvelle présidente du sénat, elle dira « Depuis 13 ans que je fais ce métier, j’ai interviewé des tas de gens, personne jusqu’ici ne m’avait inspiré un aussi grand respect qu’Eva ». Je cite parce que je partage ce point de vue. Jusque-là Eva était une sénatrice de profil bas, plus intéressée par le travail à la base que par la fréquentation des sommets. Evo Morales, elle ne l’a rencontré que quelques fois lors de la campagne présidentielle, sans avoir avec lui aucun contact particulier. Il faut dire les hautes sphères du Mouvement vers le Socialisme étaient toujours plus coupés de la base, y compris ses législateurs qui sont en majorité des gens simples, des gens du peuple ayant une pratique de luttes sociales et populaires locales et régionales.

Présidente du Sénat, c’est le deuxième échelon au haut de la hiérarchie politique, juste après la présidente. On a pu lire et entendre un peu partout dans les médias que la présidente avait promulgué une Loi Électorale. Impasse sur le fait que cette loi est avant tout l’œuvre des législateurs du MAS et des mouvements sociaux, qui se sont assis à la table de négociation avec les tortionnaires du peuple, en présence des médiateurs de l’église catholique, de l’ONU et de l’UE, sous la direction d’Eva Copa, qui a rappelé ces jours-ci que les putschistes faisaient tout pour déstabiliser ce pouvoir législatif en reconstruction : menaces contre eux et leurs familles, arrestations arbitraires et disparitions forcées… + vidéo (esp) témoignage des tortures subies par le frère de l’ex-président de la Chambre des Députés, en guise de pression pour le forcer à renoncer à ses fonctions.

Eva et la présidente de fait signant la loi électorale

Eva et la présidente de fait signant la loi électorale

Je l’ai dit je ne prendrai pas position concernant ce qu’a fait ou non Evo Morales pendant ses mandats successifs. Il y a trop de désinformation en circulation, et en plus c’est aux boliviens de juger de cela. Ce que j’ai pu entendre en échos d’une manière générale, c’est que pendant ces deux premiers mandats, il avait fait un travail formidable et s’il avait quitté la présidence après ces mandats, il serait resté dans la mémoire collective, le meilleur président qu’ait jamais eu la Bolivie. Cela se traduit par les 64 % qu’il a obtenu au premier tour lors de sa troisième élection. Mais depuis, il a perdu une grande partie de la confiance dont il jouissait jusque-là, et pas seulement parce que Washington menait une rude guerre psychologique contre son gouvernement. Penser cela serait un grand mépris du peuple et de son intelligence. Ce qui me dérange profondément, c’est que depuis qu’il est au Mexique, Evo la ramène (entre autres) avec cette dernière « victoire » obtenue avec 47 % de voix (une chute de 17 % par rapport aux précédentes élections). Je n’entre pas non plus dans la question de savoir s’il y a eu ou non fraude, ce qui m’importe ici, c’est que je n’ai pas entendu de questionnement de sa part sur cette chute drastique de la confiance que lui accordait le peuple, pas l’ombre d’une autocritique ni d’une volonté de redéfinir son projet de pays en consultant les bases qui ne le soutiennent plus. Je l’ai dit, on ne peut opérer la transformation radicale d’un pays avec le soutien d’une minorité d’électeurs.

Et malheureusement, la campagne électorale a commencé en Bolivie, et à droite comme à gauche, règne la division. Les manifestations post coup d’état réunissaient dans un immense mouvement populaire des pour et contre Evo, ensemble, unis dans la même volonté de renverser le pouvoir usurpateur confisqué par la plus radicale extrême-droite. Une magnifique occasion de repartir sur de nouvelles bases, avec un MAS prêt à pratiquer une radicale autocritique afin de redéfinir un projet qui réponde majoritairement aux aspiration de la population. Mais ses différents candidats potentiels font campagne avec encore et toujours ce triomphalisme qui n’est pas de mise.

Eva Copa, elle à d’ores et déjà annoncé qu’à la fin de son mandat actuel, prévu pour janvier, (mais il est question de prolonger cette législature jusqu’à la tenue de nouvelles élections), elle ferait une pose dans sa carrière politique pour se consacrer à sa famille, à ses enfant une petite fille de quelques mois, un petit garçon de 4 ans confiés actuellement à sa maman, pour des raisons de sécurité, mais aussi parce que son travail actuel ne lui permet pas de s’éloigner de La Paz, les législateurs travaillent presque 24/24. Elle voudrait aussi pouvoir se consacrer au travail social pour lequel elle a été formée à l’Université Publique del Alto, la ville dont elle est originaire. Je sais qu’elle est sincère, et j’espère qu’elle pourra faire cette pose, à 32 ans elle a encore une longue carrière politique devant elle, et prendre de la distance est souvent salutaire.

Adriana et Andronico canditats potentiels du MAS aux élections 2020
Adriana et Andronico canditats potentiels du MAS aux élections 2020

Adriana et Andronico canditats potentiels du MAS aux élections 2020

Je l’ai dit je ne prendrai pas position concernant ce qu’a fait ou non Evo Morales pendant ses mandats successifs. Il y a trop de désinformation en circulation, et en plus c’est aux boliviens de juger de cela. Ce que j’ai pu entendre en échos d’une manière générale, c’est que pendant ces deux premiers mandats, il avait fait un travail formidable et s’il avait quitté la présidence après ces mandats, il serait resté dans la mémoire collective, le meilleur président qu’ait jamais eu la Bolivie. Cela se traduit par les 64 % qu’il a obtenu au premier tour lors de sa troisième élection. Mais depuis, il a perdu une grande partie de la confiance dont il jouissait jusque-là, et pas seulement parce que Washington menait une rude guerre psychologique contre son gouvernement. Penser cela serait un grand mépris du peuple et de son intelligence. Ce qui me dérange profondément, c’est que depuis qu’il est au Mexique, Evo la ramène (entre autres) avec cette dernière « victoire » obtenue avec 47 % de voix (une chute de 17 % par rapport aux précédentes élections). Je n’entre pas non plus dans la question de savoir s’il y a eu ou non fraude, ce qui m’importe ici, c’est que je n’ai pas entendu de questionnement de sa part sur cette chute drastique de la confiance que lui accordait le peuple, pas l’ombre d’une autocritique ni d’une volonté de redéfinir son projet de pays en consultant les bases qui ne le soutiennent plus. Je l’ai dit, on ne peut opérer la transformation radicale d’un pays avec le soutien d’une minorité d’électeurs.

Et malheureusement, la campagne électorale a commencé en Bolivie, et à droite comme à gauche, règne la division. Les manifestations post coup d’état réunissaient dans un immense mouvement populaire des pour et contre Evo, ensemble, unis dans la même volonté de renverser le pouvoir usurpateur confisqué par la plus radicale extrême-droite. Une magnifique occasion de repartir sur de nouvelles bases, avec un MAS prêt à pratiquer une radicale autocritique afin de redéfinir un projet qui réponde majoritairement aux aspiration de la population. Mais ses différents candidats potentiels font campagne avec encore et toujours ce triomphalisme qui n’est pas de mise.

Eva Copa, elle à d’ores et déjà annoncé qu’à la fin de son mandat actuel, prévu pour janvier, (mais il est question de prolonger cette législature jusqu’à la tenue de nouvelles élections), elle ferait une pose dans sa carrière politique pour se consacrer à sa famille, à ses enfant une petite fille de quelques mois, un petit garçon de 4 ans confiés actuellement à sa maman, pour des raisons de sécurité, mais aussi parce que son travail actuel ne lui permet pas de s’éloigner de La Paz, les législateurs travaillent presque 24/24. Elle voudrait aussi pouvoir se consacrer au travail social pour lequel elle a été formée à l’Université Publique del Alto, la ville dont elle est originaire. Je sais qu’elle est sincère, et j’espère qu’elle pourra faire cette pose, à 32 ans elle a encore une longue carrière politique devant elle, et prendre de la distance est souvent salutaire.

Les candidats potentiel du MAS qui se distinguent aujourd’hui sont l’ex-présidente du Sénat Adriana Salvatierra, et Andrónico Rodríguez Ledezma, vice président des fédérations de cocaleros de Cochabamba. Un fait remarquable : à deux ils totalisent tout juste 60 ans. Ils sont en quelque sorte des prolongations désignées par Evo pour lui succéder, il n’y a pas non plus – que je sache – de remise en question de leur part, d’interrogation sur la perte de confiance des anciens électeurs du MAS, ce qui a pour déplorable résultat que d’autres mouvements populaires ont décidé de présenter leur propre candidat, et que la division règne, là où l’unité permettrait un raz-de-marée populaire aux prochaines élections. Je les ai écouté tous les deux, avec le peu d’infos qui nous parviennent et donc je peux me tromper… je l’espère.

La droite aussi se chamaille. Le leader de l’extrême-droite et agent de Washington Camacho a décidé de se présenter, il se dispute déjà avec son complice et binôme Pumari chacun veut occuper la première place : Président de Bolivie. Mesa, le candidat de droite second derrière Evo aux élections d’octobre a annoncé qu’il serait candidat au prochain scrutin. Et donc la division règne à droite comme à gauche.

D’autre part le gouvernement de transition qui devrait se borner à la gestion courante et l’organisation des nouvelles élections s’est lancé à fond dans un programme néolibéral de privatisation, d’explosion des tarifs de l’énergie, le prix de l’électricité a augmenté de près de 500 %, la nourriture est exportée plutôt que de contribuer à la souveraineté alimentaire du pays.

Après que sous la pression des organisations internationales de Droits humains constatant les crimes de lèse-humanité et autres massacres commis par les forces de répression dans le pays après la publication du décret 4708, la présidente ait été contrainte à l’abroger jeudi dernier, de nouvelles inquiétudes se dessinent. Hier a été crée le GAT, un groupe de « répression antiterroriste » de choc intégré par 70 effectifs, il sera équipé d’armes semi-automatique et de longue portée et a officiellement pour mission de « démanteler les cellules terroristes » qui génèrent l’insécurité dans le pays. Tout un programme qui plane comme la menace de nouveaux massacres, tortures, exécutions extra-judiciaires, viols et autres disparitions forcées. Et qui éveille, une fois de plus le douloureux souvenir des escadrons de la mort de « l’époque des dictatures » réactivés déjà au Honduras depuis le coup d’état militaire de juin 2009.

Le plus horrible, c’est de savoir que seront qualifiés de terroriste et séditieux tout qui s’opposent à ses sadiques, alors que les « forces civiles » que ces fascistes utilisent pour imposer leur pouvoir, tuent, torturent, violent les résistants, détruisent et brûlent leurs biens personnels ou collectifs, impunément, avec la très chrétienne bénédiction du pouvoir aux yeux duquel ils sont « les bons » les défenseurs de « la démocratie et la liberté ».

Voilà, un peu en désordre, un peu comme cela me parvient un bilan partiel de la situation en Bolivie ce mercredi 4 décembre.

 

Anne W

Les GAT, nouveaux agents de la répression du peuple en résistance en Bolivie

Les GAT, nouveaux agents de la répression du peuple en résistance en Bolivie

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Gilles Deleuze, février 1977.

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