4 juillet 2012 3 04 /07 /juillet /2012 13:11

 

Coup triple, un hommage à un grand parmi ces grands que sont ceux que certains qualifient de Rouge Brun, ce qui venant d'eux est un véritable honneur, un titre de gloire, que je proposerais bien que chacun de ceux qui ont été coopté affichent avec fierté et ostentation, pour que jamis plus un René Balme ne se fasse évincer par un Fenach à cause de tels arguments, que chacun en viennent à réagir en entendant l'unou l'autre se faire qualifier de Rouge Brun en l'associant à ce qu'ils sont réellement : courageux, intelligents, ne se laissant pas impressioner par l'inquisition néo-fasciste, et encore moins quand elle usurpe les drapeaux de la gauche au profit de milices SA ; restant envers et contre tout et tous des chercheurs libres refusant de se censurer au nom d'un politiquement correct fabriqué de toute pièce par ce pouvoir que la gauche est censé combattre de toute ses forces ; hérétiques et fiers de l'être dans un monde ou se conformer à la pensée dominante en vient à se faire complice des assassins du monde ; je l'ai dit, jamais je ne me serais permis de me coopté de moi-même parmi les grands chercheurs que sont les rougebrunset je considère commme une valoririsation -sans doute imméritée que d'y voir associée ma modeste personne . Un texte donc qui nous décrit ce grands parmi les grands de la caste exo-proclamée de rouges bruns, grand par sa modestie, sa sensibilité, son ntelligence et son action ; un texte qui illustre un peu d'avantage cette guerre dont il ne faut pas qu'elle contine, la guerre diffuse de l'empir equi n'a fait qu'affiner les méthodesde formations et les outils mis à disposition des psychopathes induits de service et pour finir un exemple de ce que devrait être toujours le journalisme dit d'investigation...qui s'est longtemps pratiqué devant un verre dans les hôtels, des  pays en guerre, loin duchamp de bataille dont chacun répercutait les échos sans voir ni savoir, et qui se pratique à présent derrière un ordinateur associé à une table de montage dansles pays fauteurs de guerre et à leur solde... voici donc un contre-exemple vivant et édifiant à la bêtise et à la méchanceté... un litlle big men parmi d'autres, Noam Chomsky. 

par Fred BRANFMAN


Noam Chomsky
Il y a quarante-deux ans j’ai vécu quelque chose d’inhabituel : je suis devenu ami avec Noam Chomsky. Je l’ai connu comme homme avant d’être tout à fait conscient de sa réputation et de l’importance de son travail. Depuis lors j’ai souvent repensé à cette expérience – d’une part en raison de la chance que j’ai de le connaître de près et d’autre part, le plus important, en raison de la grave crise qui aujourd’hui touche notre pays et le monde. Il a avec entêtement contribué à la dénonciation des dirigeants états-uniens qui traitent tant de peuples du monde comme des « non personnes », soit en les exploitant économiquement, soit en leur imposant des guerres, provoquant des morts, des mutilés, des sans-abris, plus de 20 millions de personnes depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale – plus de 5 millions en Irak et 16 millions en Indochine, selon les chiffres officiels du gouvernement états-unien.
Notre amitié s’est nouée, alors que nous portions la même attention au sort de ces « non personnes », lorsqu’il a visité le Laos en février 1970. J’habitais dans un village laotien non loin de la capitale Vientiane depuis trois ans, et je parlais laotien. Cinq mois avant j’avais été choqué lorsque j’avais dialogué à Vientiane avec les premiers réfugiés laotiens arrivés du nord du Laos, de la Plaine des Jarres, région qui était contrôlée par le Pathet lao (communiste) depuis 1964. Je m’étais rendu compte à ma grande stupéfaction que depuis cinq ans et demi le gouvernement états-unien bombardait ces villages pacifiques, ce qui avait poussé des dizaines de milliers de personnes à se réfugier dans des grottes, vivant comme des animaux.
J’avais su que de nombreuses grands-mères avaient été brûlées vives par le napalm, que des enfants avaient été enterrés vivants sous des bombes de 250 kilos, que des parents avaient été déchiquetés par des bombes antipersonnel. J’avais vu les éclats de ces bombes dans les corps des réfugiés heureux d’avoir survécu, j’avais rencontré des gens devenus aveugles à la suite des bombardements, j’avais vu des blessures provoquées par le napalm sur des corps d’enfants. J’avais appris que les bombardements états-uniens sur la Plaine des Jarres avaient dévasté une civilisation vieille de 700 ans – représentée par quelque 200 000 habitants –, et que les victimes principales étaient les personnes âgées, les parents et les enfants qui devaient rester à proximité des villages – et non pas les soldats communistes qui pouvaient se déplacer dans la jungle, pratiquement indétectables du ciel. Et j’avais vite découvert aussi que le gouvernement états-unien avait mené ces bombardements de façon unilatérale, sans même en informer le Congrès ou le peuple états-unien, pour ne pas parler de leur éventuelle approbation. J’étais bien conscient que ces réfugiés de la Plaine des Jarres détruite avaient eu de la chance. Ils avaient survécu. Les bombardements états-uniens non seulement se poursuivaient mais ils étaient de plus en plus intenses.
J’avais grandi en croyant aux valeurs états-uniennes mais ces bombardements de civils innocents violaient toutes ces valeurs. Voyant le gouvernement états-unien à partir d’un camp de réfugiés laotiens, j’avais compris en quelques semaines qu’il était l’ennemi de la décence humaine, de la démocratie, des droits humains et du droit international ; j’avais aussi appris que dans ce monde réel le crime pouvait apporter des bénéfices. Bien que beaucoup d’États-uniens crussent que l’Amérique fût « une nation de lois » et non d’hommes, chez eux ; au Laos c’était une nation de hors-la-loi violents et cruels.
Sans en prendre la décision tout à fait consciemment, je me suis retrouvé à faire tout mon possible pour essayer d’arrêter ces horreurs inimaginables. En tant que juif imprégné de l’Holocauste, je sentais que j’avais découvert la vérité d’Auschwitz et de Buchenwald dans les tueries qui se poursuivaient. Je faisais tout mon possible pour emmener dans les camps de réfugiés toutes les personnes que je trouvais – y compris des journalistes comme Bernard Kalb de CBS, Ted Koppel d’ABC, Flora Lewis du New York Times. Mon espoir était qu’ils fissent connaître au monde la vérité sur ces bombardements.
Un jour j’ai entendu parler de trois militants anti-guerre – Doug Dowd, Richard Fernandez et Noam Chomsky – qui devaient rester quelques nuits à l’Hôtel Lane Xang à Vientiane avant de monter dans l’avion de la Commission de contrôle internationale pour passer une semaine à Hanoï. C’était la seule façon d’aller à Hanoï à l’époque, en dehors de la route de Phnom Penh. J’ai appelé à l’une de leurs chambres, je me suis présenté, nous nous sommes rencontrés, et Noam est venu dîner le lendemain au village où j’habitais. Il devait se rendre à Hanoï le surlendemain.
J’avais passé les années 1960 au Moyen-Orient, en Tanzanie et au Laos, et je connaissais relativement peu Doug, Richard et Noam, mais je savais toutefois que Noam était un linguiste fameux et qu’il avait pas mal écrit sur la guerre d’Indochine. Mon objectif était alors de leur faire connaître la gravité des bombardements, dans l’espoir qu’ils pussent faire quelque chose.
Sur le plan personnel j’ai tout de suite apprécié Noam. Il était doux mais passionné – nous avions en commun cette dernière qualité – et il était très attentionné. J’avais été particulièrement horrifié par les bombardements parce que j’avais connu les Laotiens en tant que peuple parce que j’avais vécu dans un village ces trois dernières années ; j’avais notamment connu un vieux monsieur de 70 ans nommé Paw Thou Douang que j’avais fini par aimer comme un père de substitution. Il était gentil, doux et avisé. Et c’est la personne que j’ai le plus respectée de toute ma vie. J’avais été touché par la chaleureuse relation qui s’était nouée entre Noam et Paw Thou Douang lors de notre dîner chez lui avec sa famille. Noam avait immédiatement ressenti une affinité avec cette famille, ce que je n’avais pas observé chez les nombreux visiteurs que j’avais emmenés au village. Il montrait aussi de la curiosité sur les détails de ce qui se passait au Laos, curiosité que j’étais plus qu’heureux de satisfaire.
Le lendemain les trois visiteurs ont reçu une nouvelle déroutante : le vol de la Commission de contrôle internationale était annulé et ils ne pouvaient donc prendre l’avion que la semaine suivante. Tous trois étaient très occupés et ils ont donc commencé à planifier leur retour vers les États-Unis. J’ai cependant suggéré à Noam de rester. Je lui ai dit que je pourrais lui arranger des rencontres avec des réfugiés ayant fui les bombardements, avec l’ambassade états-unienne, avec des membres du gouvernement laotien, avec le premier ministre Souvanna Phouma, avec un membre du Pathet lao et avec un ex-guérillero – c’est la même chose que je faisais avec les journalistes. De son point de vue c’était l’occasion unique de connaître la guerre secrète des États-Unis au Laos, et pour moi c’était l’occasion de faire connaître les bombardements, dans l’espoir de les interrompre.
Noam m’avait alors donné son accord et nous avons eu une expérience unique – lui à l’arrière de ma moto, moi le conduisant dans les rues de Vientiane, alors qu’il cherchait à en savoir le plus possible sur ce que faisaient les États-Unis au Laos, ce qui était presque complètement inconnu dans le monde. Ce n’est que le mois suivant que Richard Nixon a finalement reconnu pour la première fois que les États-Unis bombardaient le Laos, depuis six ans, même si lui et Henry Kissinger continuaient de mentir en disant que les bombardements ne touchaient que des cibles militaires.
J’ai en mémoire différentes expériences de ma semaine avec Noam. Je l’observais lire un journal. Il fixait une page, semblait la mémoriser, et dans la seconde qui suivait il tournait la page et fixait la suivante. À un moment je lui ai donné un livre de 500 pages concernant la guerre au Laos, il était dix heures du soir. Je l’ai revu le lendemain matin pour le petit-déjeuner, juste avant notre entretien avec un responsable politique de l’ambassade états-unienne, Jim Murphy. Lors de l’entretien la question du nombre de soldats nord-vietnamiens présents au Laos a été discutée. L’ambassade affirmait que 50 000 soldats nord-vietnamiens avaient envahi le Laos, alors que tout montrait qu’ils étaient au maximum quelques milliers. Je suis presque tombé de ma chaise lorsque Noam a cité une note de bas de page qui soutenait son argumentation ; cette note se trouvait dans l’ouvrage que je lui avais donné, il avait donc dû lire plusieurs centaines de pages. Je connaissais l’expression « mémoire photographique », mais je l’ai rarement vue pratiquée, ou en tout cas si bien pratiquée. Accidentellement Jim Murphy lui a montré des documents internes de l’ambassade qui confirmaient que le nombre le plus bas était correct, documents qui ont par la suite été cités par Noam dans le long chapitre qu’il consacre au Laos dans son ouvrage « Guerre en Asie ».
J’étais également étonné par sa modestie. Il détestait parler de lui-même – contrairement aux grands personnages du journalisme que j’avais rencontrés. Il n’était guère intéressé par les conversations oiseuses, les commérages, il ne parlait pas des personnes fameuses ; il restait concentré sur le sujet qui l’intéressait. Il ôtait toute importance à son travail dans le domaine de la linguistique, considérant que c’était sans importance comparé à son souhait d’arrêter les meurtres de masse qui se produisaient en Indochine. Il n’avait aucune envie de connaître la fameuse vie nocturne de Vientiane, les lieux touristiques. Il n’était pas intéressé par le repos au bord de la piscine.
Son objectif était clair, il était en mission. Il m’a impressionné comme un authentique intellectuel qui réfléchissait beaucoup. Et je pouvais comprendre. Je réfléchissais beaucoup aussi et j’avais une mission.
Mais ce qui m’a le plus impressionné, et de loin, c’est ce qui s’est passé lorsque nous sommes partis vers un camp de réfugiés provenant de la Plaine des Jarres. J’avais déjà emmené des dizaines de personnes, dont beaucoup de journalistes, pour visiter les camps. Presque aucune de ces personnes n’avait ressenti d’émotion devant la souffrance des réfugiés. Que ce soit Bernard Kalb de CBS, Welles Hangen de NBC ou Sydney Schanberg du New York Times, les journalistes écoutaient poliment, posaient des questions, prenaient des notes, puis retournaient à leur hôtel pour écrire leur article. Ils ne montraient guère d’émotion, guère d’intérêt, concernant le vécu des villageois, tout ce qui les intéressait c’était ce qui allait leur permettre d’écrire leur article. Nos conversations dans la voiture pour retourner à leur hôtel portaient généralement sur le dîner du soir, ou sur leur programme dans les jours à venir.
Une scène m’a beaucoup marqué. Alors que je traduisais les questions de Noam et les réponses des réfugiés je l’ai soudain vu craquer et fondre en larmes. J’étais frappé non seulement parce que aucun des autres visiteurs n’avait réagi de cette façon, tout compte fait la plus naturelle des réactions, la plus humaine. Jusque lors Noam m’avait semblé si intellectuel, si immergé dans le monde des idées, des mots, des concepts ; il avait montré si peu de sentimentalité. Je réalisais à ce moment que c’est son âme qui était visible. Et l’image de Noam pleurant dans le camp m’est toujours restée. Lorsque je pense à Noam c’est cette image que je vois. L’une des raisons pour lesquelles sa réaction m’a frappé c’est qu’il ne connaissait pas ces Laotiens. C’était relativement facile pour moi, ayant vécu parmi eux, ayant aimé des personnes comme Paw Thou, de m’engager pour essayer de faire cesser les bombardements. Mais j’ai été fasciné de voir ces gens, dont Noam mais pas seulement lui, ces milliers d’États-uniens qui ont passé tant d’années de leur vie à essayer de mettre un terme aux bombardements en Indochine pour des victimes qu’ils n’avaient jamais vues.
Alors que nous revenions du camp ce jour-là, il est resté calme, encore ému par ce qu’il venait d’apprendre. À ce moment-là il avait déjà beaucoup écrit sur la guerre états-unienne en Indochine. Mais c’était la première fois qu’il rencontrait des victimes. Et dans le silence, sans mot dire, un lien s’est forgé entre nous.
Lorsque je jette un regard en rétrospective sur ma vie je sens que j’étais une meilleure personne pendant cette période. Et j’ai réalisé qu’à cette époque nous venions tous deux du même endroit : face à l’inimaginable calvaire de ces gens innocents, gentils, doux – ainsi que tant d’autres – tout semblait trivial. Une fois que vous saviez que des innocents étaient tués, comment pouviez-vous faire autre chose que d’essayer de leur sauver la vie ?
Et j’ai réalisé dans le silence de la voiture qu’au-delà de la personnalité publique de Noam, l’intellectuel des intellectuels, qui s’appuyait sur les faits et la raison pour soutenir son argumentation, il y avait un être humain très sentimental. Pour Noam ces paysans laotiens étaient des êtres humains, avec des noms, des visages, des rêves, avec autant de droit à la vie que ceux qui les bombardaient. Pour beaucoup de ces journalistes de passage, pour ne pas parler des États-uniens en général, ces villageois laotiens étaient des « non personnes » sans visage, dont la vie n’avait de toute façon aucune importance.
Lorsque je suis retourné aux États-Unis Noam et moi sommes restés en contact pendant toute la durée de la guerre. J’ai été encore plus impressionné par Noam lorsque j’ai commencé à lire son travail et j’ai réalisé que personne d’autre n’avait écrit de façon si détaillée, de façon si logique, de façon si pénétrante, aussi bien à propos des horreurs de la guerre que du système qui les produisait. Mais ce qui m’a encore le plus impressionné avec Noam – tout comme pour son ami Howard Zinn – c’est qu’en plus des écrits et des discours ils s’exposaient physiquement pour faire opposition à la guerre.
Noam et Howard faisaient partie de mon groupe d’amis lors des manifestations du 1er mai, des milliers de personnes avaient été arrêtées et nous nous sommes trouvés dans des cellules voisines à Washington à la suite des actions de désobéissance civile de Redress. J’ai aussi vu Noam être l’un des dirigeants de Resist, une organisation qui défendait les objecteurs de conscience contre l’engagement militaire et qui promouvait le non paiement des impôts pour s’opposer à la guerre. Ne fût-ce l’Offensive du Têt ils se seraient retrouvés devant les tribunaux. Il s’était exprimé contre la guerre à partir de 1963, avant que la plupart d’entre nous en aient même entendu parler. Il a reçu des menaces de mort et a dû faire face à pas mal d’autres problèmes – à tel point que son épouse Carol est retournée en cours pour pouvoir travailler au cas où il arriverait quelque chose à Noam qui l’empêcherait de maintenir leurs trois enfants.
Lorsque la guerre finit j’ai pris une décision fatidique. Au lieu de m’opposer au prochain épisode des horreurs provoquées par les dirigeants états-uniens, j’ai décidé de travailler au pays pour essayer de remplacer nos dirigeants par une nouvelle génération de dirigeants qui s’étaient opposés à la guerre et qui défendaient la justice sociale. Les quinze années suivantes j’ai donc travaillé sur les questions de politique intérieure – avec Tom Hayden et la Campagne pour la démocratie économique, comme conseiller du gouverneur Jerry Brown, dans le think tank du sénateur Gary Hart, à la direction de Rebuild America, recevant les conseils des meilleurs économistes et des plus grands hommes d’affaires états-uniens.
Je n’avais que des contacts sporadiques avec Noam pendant cette période, en partie parce que nos points d’intérêt divergeaient nettement. Il a continué à écrire de nombreux articles et des livres et de donner des conférences. Il s’est opposé à la criminelle politique états-unienne au Timor oriental, aux guerres terroristes de Reagan en Amérique centrale, à la désastreuse politique économique de Clinton en Haïti et dans d’autres pays du tiers-monde, aux bombardements du Kosovo ; en plus du sujet qui semble le passionner : le soutien états-unien à Israël qui opprime les Palestiniens. Ces sujets ne faisaient pas partie de mes centres d’intérêt, concentré que j’étais sur les questions électorales et la politique intérieure, comme l’énergie solaire ou le développement d’une stratégie économique nationale.
Lorsque je regarde en arrière aujourd’hui, je réalise l’importance d’un facteur inconscient : Je tendais à éviter Noam parce que j’imaginais qu’il me considérerait comme quelqu’un d’immoral ayant renoncé à sauver des vies pour préférer entrer dans ce système si corrompu. Je me suis trouvé dans des dialogues imaginaires avec lui, me trouvant sur la défensive, essayant de justifier ce que je faisais – ce qui était devenu difficile dans le mesure où mes efforts dans la politique électorale ont été vains, et je me trouvais beaucoup plus égoïste que pendant la guerre.
Plus de dix ans après, je me trouvais à Boston et j’ai appelé Noam. Il m’a chaleureusement invité à passer chez lui et nous avons conversé un moment. Je lui ai finalement demandé ce qu’il pensait du choix que j’avais fait de m’engager dans la politique électorale. Je lui ai également dit que je me trouvais alors chez un ancien ami de gauche qui travaillait pour une grande banque qui m’avait dit ce matin-là qu’il ne voulait pas rencontrer Noam parce qu’il imaginait que ce dernier le lui reprocherait. Noam était vraiment choqué par l’anecdote. « Pourquoi donc ? Nous sommes tous compromis », dit-il. « Regarde mon cas. Je travail au MIT, qui a reçu des millions du ministère de la Défense. » Il semblait vraiment perplexe, choqué parce que mon ami et moi avions pu penser qu’il nous aurait dénigré pour ce que nous faisions.
Ces dernières années j’ai été en contact régulier avec Noam, principalement par courrier électronique. Mais je suis aussi resté dix jours chez lui avant l’hommage rendu à Howard Zinn le 3 avril 2010. C’était très émouvant pour nous deux, particulièrement pour Noam, qui était très lié à Howard, et cette visite m’a beaucoup marqué.
J’ai globalement trouvé le même Noam que j’avais connu quarante ans plus tôt. Aucun intérêt pour les conversations oiseuses. Grande modestie. Grande contrariété devant le refus des intellectuels et des journalistes états-uniens de prendre position contre les crimes de guerre des dirigeants du pays. Les grandes thèmes moraux de notre époque. Un type sympa, qui me propose de me ramener d’un meeting à Cambridge, ou qui va chercher quelques courses au supermarché pour notre repas.
J’ai demandé à Noam comment il vivait le fait d’être en permanence critiqué parce qu’il s’intéresse principalement aux crimes commis par les dirigeants états-uniens et non pas à ceux d’autres pays. Il m’a dit que cela était normal dans la mesure où il est citoyen états-unien et les dirigeants états-uniens ont commis davantage de crimes à l’étranger depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Effectivement, et j’ai relevé qu’il y a beaucoup d’intellectuels et de journalistes qui critiquent les dirigeants étrangers, alors que très peu ne s’avisent de critiquer les crimes commis par leurs propres dirigeants.
Et, tout comme quarante ans auparavant, j’ai été particulièrement frappé par sa constante activité. Il passait presque tout son temps à lire, à écrire, à donner des interviews sur place ou au téléphone, à parler. Et avec cette générosité qu’on lui connaît il répond à un flot ininterrompu de courriers électroniques – parfois durant cinq ou six heures par jour.
J’ai également découvert qu’il continue de parler partout aux États-Unis et dans le monde, si bien que son agenda est déjà rempli plusieurs années à l’avance. À 82 ans il conserve un emploi du temps qu’une personne quarante ans plus jeune ne pourrait pas supporter.
Son ascétisme m’a frappé également. Lorsque je lui ai téléphoné j’ai réalisé qu’il avait toujours le même numéro de téléphone et qu’il vivait dans la même banlieue modeste que quarante avant. Il porte des jeans, et il ne s’intéresse quasiment pas à l’alimentation ou aux biens matériels. Il reçoit des visites de sa famille ou d’amis, voilà tous ses loisirs.
Un soir j’ai été particulièrement troublé, lorsque nous dînions, je pensais à l’énorme distance qu’il y a entre ce que Noam sait des massacres que nos dirigeants commettent dans le monde et ce que les gens savent. J’ai soudain pensé au Winston Smith du « 1984 » d’Orwell, qui n’a guère d’espoir de changer la société et qui se limite à essayer de rester en bonne santé et à coucher la vérité sur le papier dans l’espoir qu’un jour les générations futures en soient informées. J’ai dit à Noam que pour moi il était comme Winston Smith.
Je me souviendrai toujours de sa réaction. Il m’a regardé. Et il a sourit tristement.
Noam peut être très dur à l’encontre de ceux qui soutiennent les guerres états-uniennes, mais il est encore plus dur envers lui-même. Une fois j’ai raconté que j’avais interrogé un militant de toute une vie avec qui nous étions tous les deux en bons termes, je lui ai demandé s’il avait des regrets sur la vie qu’il avait eue. Notre ami a répondu qu’il aurait dû passer davantage de temps avec sa famille, et qu’il aurait dû donner suite à certains de ses projets en dehors de la politique. « As-tu des regrets ? », ai-de demandé à Noam Chomsky. Sa réponse m’a frappé. S’adressant plus à lui-même qu’à moi : « Je n’en ai pas fait assez ».
Une autre fois j’ai demandé à Noam quelle satisfaction il ressentait d’avoir écrit tant de livres, d’avoir fondé une nouvelle branche de la linguistique, d’être si influent dans le monde. « Aucune », a-t-il répondu d’un air contrarié, ajoutant qu’il n’avait pas réussi à faire comprendre le traitement barbare que les dirigeants états-uniens réservent aux non personnes dans le monde. Il ressentait un sentiment de frustration, par exemple, dû au fait que la plupart des gens ne comprennent pas que les assassinats de centaines de milliers de personnes innocentes commis par nos dirigeants et la destruction de la société sud-vietnamienne signifiaient en fait que nos dirigeants avaient gagné la guerre d’Indochine, parce que la possibilité d’un modèle économique et social alternatif à celui des États-Unis avait été éliminée.
Un soir comme je montais l’escalier pour aller à ma chambre j’ai jeté un coup d’œil dans le bureau de Noam. À la maison il passe sont temps assis dans une grande chaise devant son ordinateur ; et sa posture ressemble beaucoup à celle d’un moine bouddhiste en méditation.
Et cela m’est venu soudain. Soudain j’ai réalisé. « Ainsi Noam a vécu, comme je l’ai fait assez brièvement durant la guerre, pendant ces quarante dernières années. Il a travaillé des journées entières, lisant, écrivant, donnant des conférences, sans gaspiller une minute, dans un effort de concentration pour essayer d’arrêter les massacres commis par les États-Unis, pour forcer les gens à entendre la voix des non personnes ».
Et je suis bien embêté de dire que j’ai ressenti un grand amour pour lui à ce moment-là. Depuis que j’avais entendu parler du « Mahatma » Gandhi, je me demandais ce que l’expression « grand esprit » signifiait réellement. Et à ce moment-là j’ai compris. Si être un « grand esprit » c’est de répondre à la souffrance des sans voix, et d’engager tout son esprit, son corps et son âme pour essayer de la réduire, j’en avais enfin rencontré un. La tradition juive le dit de façon différente, dans la légende des 36 Justes qui, chacun à un moment donné, sans en être conscient, assurent la survie de l’humanité. Si Noam n’est pas l’un de ces 36, je me suis demandé, qui l’est ? Je me suis souvenu des personnes qui ont comparé Noam à des prophètes de l’Ancien Testament, comme Amos ou Jérémie, lesquels avaient aussi dénoncé les dirigeants corrompus de leur temps et dont nous avons oublié les noms.
Bien que certains pourraient être en désaccord avec certaines positions de Noam ces quarante dernières années, j’ai senti à ce moment, dans cet escalier, que de telles controverses semblent sans intérêt pour apprécier qui il est et ce qu’il représente. Cependant que, comme tout le monde, je m’étais parfois intéressé aux cris des victimes innocentes des guerres états-uniennes, Noam avait continûment été à leur écoute.
Lorsque je me trouvais chez Noam il a reçu la visite de la fameuse auteure indienne Arundhati Roy qui, comme tant de personnes en dehors des États-Unis, partout dans le monde, ressent un grand respect, de l’admiration et de l’amour pour lui. J’ai compris ce qu’il représente pour elle, lorsque j’ai lu ces mots qu’elle a écrits dans le chapitre « La solitude de Noam Chomsky » : « Chomsky révèle le cœur impitoyable de la machine de guerre états-unienne... capable d’annihiler des millions d’êtres humains, des civils, des militaires, des femmes, des enfants, des villages, des écosystèmes entiers – recourant à la violence avec une précision scientifique. Lorsque le soleil se couchera sur l’empire états-unien, comme cela se produira, comme ça doit arriver, le travail de Noam Chomsky demeurera... En tant que personne qui pouvait être une sale asiate, comme sale asiate en puissance, pour une raison ou pour une autre, presque tous les jours j’ai l’occasion de penser ’’Chomsky Zindabad’’ (’’Vive Chomsky ! ’’) ».
Je me demande pourquoi Chomsky est si affecté par la souffrance des victimes des dirigeants états-uniens. Cette dernière décennie je me suis intéressé de près à la psychologie, laquelle considère que l’explication de notre comportement se trouve globalement dans la façon de faire face aux traumatismes de notre enfance, notamment quand nous apprenons que nous allons mourir au cours de notre vie adulte. Et je pense à ce que cela signifie pour la personne de Noam Chomsky.
J’ai appris que nos vies sont largement déterminées par les défenses inconscientes que tôt nous développons contre les douleurs émotionnelles. Et il est clair pour moi qu’une clé pour comprendre Noam c’est que pour une raison ou pour une autre il a moins de défense que nous autres contre les douleurs du monde. Il n’a pas de « peau ». Il est tourmenté, comme je l’étais au Laos par la souffrance des « non personnes » – et il travail sans interruption pour tenter d’y mettre fin.
Et inversement c’est lorsqu’il se trouve avec eux qu’il se sent vraiment vivant et les sentiments intimes jaillissent de son être intellectuel.
Lorsque je me trouvais chez lui j’ai demandé à Noam qui il admirait le plus dans le monde. Il a répondu en disant qu’il s’est récemment rendu chez des paysans colombiens qui luttent dans des zones rurales pour protéger la jungle de la déforestation. Noam a passé plusieurs journées à discuter avec eux, faisant des enregistrements de leurs récits, prenant connaissance de leur grande souffrance et leur grand courage. Lors de sa dernière visite ils sont montés au sommet d’une colline et là les chamans ont dirigé une cérémonie pour qu’une forêt soit dédiée à Carol. Je ne l’avais jamais vu si ému, si vivant, depuis son séjour au Laos quarante ans plus tôt.
Je me suis souvenu récemment de Noam pleurant dans un camp de réfugiés au Laos et je me demande une fois de plus pourquoi il est comme ça. Qu’est-ce qui dans son enfance ou durant sa vie pourrait donner une explication ? Il est cependant difficile de trouver une réponse satisfaisante. Noam non seulement néglige les considérations d’ordre privé, il s’intéresse peu aux explications psychologiques ou spirituelles du comportement humain. Bien qu’il admette que la thérapie ait été utile pour des personnes qu’il connaît il considère les tentatives d’explication du comportement humain comme autant de « récits ». Il pense qu’il y a trop de variables impliquées pour comprendre l’être humain, pour appréhender l’esprit humain – pour ne pas parler de l’impossibilité de mener des expériences qui pourraient donner des réponses scientifiques.
Et on peut imaginer qu’il considère que le temps passé à ces « récits » est du temps perdu alors que tant de vrais êtres humains souffrent et la construction de mouvements de masse est le seul espoir qui puisse les sauver.
Si assez de personnes parmi nous avaient travaillé comme Noam pour obliger les dirigeants états-uniens à arrêter les massacres et l’exploitation ces quarante dernières années, après tout, beaucoup de gens auraient été sauvés, et les États-Unis et le monde seraient non seulement plus riches, plus pacifiques et plus justes, mais en plus on serait pas aujourd’hui en train d’avancer vers la fin de la civilisation provoquée par le changement climatique. Noam pense que la principale responsabilité sur ce point revient au système qui est mu par les considérations à court terme des grandes entreprises qui voient le changement climatique comme une « externalité », soit un problème dont quelqu’un d’autre doit s’occuper. Il est clair que le problème c’est que trop peu de personnes, moi compris bien entendu, réagissent de façon appropriée face à la probabilité de la mort de la civilisation.
Et finalement je réalise que la question importante n’est pas pourquoi Noam réagit de cette façon à la souffrance de personnes innocentes sur la planète. La question importante c’est pourquoi tellement de personnes ne font pas de même.
Le 18 juin 2012
Fred Branfman
Traduction : Numancia Martinez Poggi

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4 juillet 2012 3 04 /07 /juillet /2012 12:59

 

Il est vrai ce n'est pas facile, la nouvelle guerre globale étant difuse, il est difficile d'en montrer le dessin et l'étendue, c'est plus évident quandun pays se transforme en champ de guerre comme en Syrie, que quand de forces armée "locales" débarquent dans un villages dont ils repartent ne laissant dérrière eux que la mort, la destruction, la terre brûler, tuant jusqu'auplus jeunes enfants pour ne pas laisser de témoins...  Africa, Amerika, le mal se répand dans le silence des médias, occulte, indéfini mais qui fait tout de même autant de mort... détruisant sur son passage jusqu'aux  germes de latendresse du monde.

 

Une guerre appuyée par la gauche et les écologistes européens, qui se taisent aujourd’hui face au massacre...
par  Dan GLAZEBROOK, (Counterpunch)

mercredi 30 mai 2012

L’étendue de la tragédie que l’OTAN et ses alliés ont engendrée en Libye devient de plus en plus tristement évidente avec chaque jour qui passe. Les estimation sur le nombre des victimes varient, mais il semble qu’il y en ait eu au moins 50 000 ; à vrai dire, le ministère de la Défense britannique se vantait déjà en mai dernier que la massacre avait fait 35 000 morts. Mais ce chiffre ne cesse d’augmenter. La destruction des forces de l’état par le blitzkrieg Anglais, Français et Etasunien a laissé le pays dans un état de totale anarchie - au pire sens du terme.

Les anciens "rebelles", qui n’avaient rien d’autre pour les unir que la volonté temporaire de servir de soldats au sol à l’OTAN, se retournent les uns contre les autres. 147 ont été tués au cours d’un conflit interne dans le sud de la Libye plus tôt dans l’année, et ces dernières semaines des bâtiments gouvernementaux - dont les quartiers du premier ministre - ont été attaqués par des "rebelles" qui réclamaient leurs salaires. 1,4 milliards de dollars leur ont déjà été versés - ce qui prouve une fois de plus que c’étaient les forces coloniales de l’OTAN, et non Kadhafi, qui employaient des "mercenaires" - mais les règlements ont été suspendus le mois dernier à cause du népotisme généralisé. La corruption devient générale - 2,5 milliards de revenus du pétrole qui devaient être remis au trésor public se sont évanouis. Les ressources libyennes sont maintenant pillées à la fois par les multinationales pétrolières et par une poignée de familles issues des nouvelles élites du pays ; un schéma néocolonial classique. L’utilisation des ressources pour de grands projets d’infrastructure comme la Grande Rivière Artificielle (1) ainsi que la hausse massive du niveau de vie des habitants pendant les quatre dernières décennies (l’espérance de vie des Libyens est passée de 51 à 77 ans depuis l’arrivée au pouvoir de Kadhafi en 1969) ne sont apparemment déjà plus que des souvenirs, hélas.

Mais malheur à celui qui oserait le dire aujourd’hui. Il a été décidé il y a longtemps qu’aucun partisan de Kadhafi ne serait autorisé à participer aux élections à venir mais des décisions encore plus drastiques viennent d’être prises. La loi 38, que le nouveau gouvernement imposé par l’OTAN a votée le mois dernier, a créé un nouveau crime : la "glorification" de l’ancien gouvernement ou de son leader est punie d’une peine qui peut aller jusqu’à l’emprisonnement à vie. Un commentaire aussi vague que de dire que les choses allaient mieux sous Kadhafi tombe-t-il sous le coup de la loi ? La loi est volontairement assez vague pour permettre toutes les interprétations. C’est la porte ouverte à la persécution étatique institutionnalisée.

La loi 38 est encore plus révélatrice du mépris du gouvernement pour l’état de droit - un gouvernement, souvenez-vous, qui n’a toujours pas le moindre mandat populaire et dont le seul pouvoir repose sur les forces armées coloniales. Cette loi accorde l’immunité à tous ceux qui ont commis des crimes dans le but "de promouvoir ou de protéger la révolution". Les responsables du nettoyage ethnique de Tawergha - telle que "la brigade pour purger le pays des noirs" comme elle s’est elle-même nommée - peuvent tranquillement continuer leur chasse aux réfugiés de la ville sachant qu’ils ont la loi de leur côté. Les responsables des massacres de Syrte et d’ailleurs n’ont rien à craindre. Ceux qui ont participé à la torture généralisée des prisonniers peuvent continuer à le faire en toute impunité -tant que cela "protège la révolution" - autrement dit tant que cela maintient la dictature de l’OTAN et du Conseil National de Transition (CNT).

Voilà la Libye d’aujourd’hui : la guerre civile y fait rage, les ressources sont pillées, la société s’effondre et le fait d’exprimer le regret du temps où la Libye était prospère et en paix est puni comme un crime tandis que le lynchage et la torture ne sont pas seulement permis mais encouragés.

De plus le désastre a dépassé les frontières. La déstabilisation de la Libye s’est propagée au Mali où elle a engendré un coup d’état et la fuite d’innombrables réfugiés - notamment parmi les noirs immigrés en Libye - vers les pays voisins ; ces réfugiés en essayant d’échapper à la fois aux attaques aériennes et au lynchage ont ajouté aux difficultés économiques d’autres pays. De nombreux combattants libyens qui ont fini leur travail en Libye sont maintenant transférés en Syrie par leurs maîtres impérialistes pour y répandre aussi leur violence sectaire.

Et chose plus inquiétante encore pour le continent africain, AFRICOM - le commandement militaire étasunien - progresse dans le sillage de l’agression contre la Libye. Ce n’est pas par hasard que seulement un mois après la chute de Tripoli - et au cours du mois où Kadhafi a été assassiné (octobre 2011) - les Etats-Unis ont annoncé qu’ils envoyaient des troupes dans pas moins de quatre pays africains -la République Centre Africaine, l’Ouganda, le Sud-Soudan et la République Démocratique du Congo. Et AFRICOM vient d’annoncer 14 importantes manoeuvres militaires conjointes dans les pays africains en 2012, ce qui ne s’était jamais vu. La reconquête militaire de l’Afrique est en bonne voie.

Rien de tout cela n’aurait été possible avec Kadhafi au pouvoir. En tant que fondateur, principal donateur et ancien président élu de l’Union Africaine, il exerçait une grande influence sur le continent. C’est en partie grâce à lui que les Etats-Unis ont été forcés d’installer le quartier général d’AFRICOM à Stuttgart en Allemagne quand l’organisme a été créé plutôt qu’en Afrique ; ils avaient offert de l’argent et des investissements à des gouvernements africains mais ces derniers ont refusé d’accueillir leurs bases. On estime que la Libye du temps de Kadhafi avait investi à hauteur de 150 milliards de dollars en Afrique et la proposition libyenne, avec un apport de 30 milliards de dollars à la clé, de mettre en place une Banque de développement de l’Union Africaine aurait sérieusement diminué la dépendance financière de l’Afrique à l’Occident. Bref, la Libye de Kadhafi était le seul obstacle notable à la pénétration d’AFRICOM en Afrique.

Maintenant qu’il n’est plus, AFRICOM met les bouchées doubles. L’invasion de l’Irak et de l’Afghanistan ont montré les guerres qui faisaient des victimes occidentales n’étaient pas populaires en Occident ; AFRICOM est conçu pour que, dans les guerres coloniales qui seront lancées contre l’Afrique, ce soient les Africains eux-mêmes qui se battent et meurent et non des Occidentaux. Les forces de l’Union Africaine doivent être intégrées à AFRICOM sous commandement étasunien. Kadhafi ne l’aurait jamais accepté ; c’est pourquoi il devait être éliminé.

Et pour avoir une idée de ce que sera l’Afrique sous la tutelle d’AFRICOM, il suffit de regarder la Libye, le modèle africain de l’OTAN : un état condamné à des décennies de violence et de traumatisme et complètement incapable de nourrir sa population et de contribuer à l’indépendance de la région ou du continent.

Il faut absolument mettre un terme immédiat au nouveau colonialisme militaire en Afrique.

DAN GLAZEBROOK

Pour consulter l’original :http://www.counterpunch.org/2012/05....

Notes : 1. http://fr.wikipedia.org/wiki/Grande....

Traduction : Dominique Muselet pour LGS

URL de cet article 16793 http://www.legrandsoir.info/libye-a...

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4 juillet 2012 3 04 /07 /juillet /2012 12:50

 

Noublions pas que ce sont toujours les mêmes bonnes vieilles méthodes qui sévissent, mais qu'aujourd'hui la propagande est beaucoup plus aupoint, d'autant qu'l est devenu très tendance de tuers où de faire tuer par d'autres les journalistes qui en sont vraiment.

 

 

Jean BRICMONT

samedi 26 mai 2012

Cette année nous ne commémorerons pas le 50ème anniversaire d’un événement qui n’existe pas, du moins dans la conscience collective de l’Occident, ce que Noam Chomsky appelle l’invasion américaine du Sud Vietnam [1]. Pourtant c’est bien en 1962 que les États-Unis ont commencé à bombarder le Sud Vietnam pour tenter de sauver un gouvernement sud-vietnamien installé par eux après la défaite de Diên Biên Phù et les accords de Genève de 1954, qui avaient mis fin à la partie française de la guerre. Le président américain Eisenhower avait refusé à cette époque que soient organisées les élections prévues dans ces accords, élections qui devaient mener à la réunification du Sud et du Nord du pays, pensant que Ho Chi Minh les gagnerait. En 1962, ce gouvernement sud-vietnamien était devenu totalement impopulaire et risquait de s’effondrer face à une insurrection interne.

Ce qu’on appelle dans l’histoire officielle la guerre du Vietnam n’a commencé qu’en 1964-1965, avec l’incident du Golfe du Tonkin et le début des bombardements sur le Nord Vietnam. Mais faire commencer la guerre à cette date permet d’entretenir le mythe américain d’une « défense » du Sud Vietnam par rapport au Nord, et de faire l’impasse sur le refus des élections après 1954, et l’envoi de l’US Air Force bombarder le sud à partir de 1962.

L’expression « invasion américaine du Sud Vietnam » est calquée sur celle d’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique en 1979, celle-ci étant, de façon analogue, intervenue pour sauver un gouvernement afghan qu’elle avait contribué à mettre en place. La comparaison est injuste pour l’URSS (pays limitrophe de l’Afghanistan et non pas éloigné de milliers de kilomètres, comme l’était le Vietnam pour les États-Unis), mais, même ainsi, l’expression « invasion américaine du Sud Vietnam » est impensable, inaudible dans notre société, y compris, la plupart du temps, dans les mouvements pacifistes.

Pourtant cette intervention en 1962 est bien à l’origine d’une des plus grandes tragédies du 20ème siècle et la pire d’après 1945, trois pays dévastés pour des décennies (Vietnam, Cambodge, Laos) et des millions de morts- même si personne ne sait au juste combien. Les Américains appliquaient, en matière de body count, la mere gook rule (la règle des simples bougnoules) : si c’est mort et si c’est jaune, c’est un Vietcong, c’est-à-dire un guérillero communiste. Cette façon de compter avait l’avantage de minimiser le nombre de morts civils.

À l’égard des Vietnamiens, il n’y a aucun devoir de mémoire. Aucune loi n’interdit le révisionnisme massif qui règne dans notre culture par rapport à ce non-événement. On ne construit pas de musées et on n’élève pas de statues pour les morts et les blessés de ce conflit. On ne crée de chaires universitaires pour étudier cette tragédie. Des gens qui ont participé à ces massacres ou qui en font régulièrement l’apologie sont reçus dans toutes les chancelleries du monde sans qu’aucune accusation de « complicité » ou de « complaisance » ne soit lancée.

Aucune « leçon de l’histoire » n’est tirée de la guerre du Vietnam. Les leçons de l’histoire vont toujours dans le même sens : Munich, Munich, Munich. La faiblesse des démocraties face au totalitarisme et allons-y, la fleur au fusil, ou plutôt, envoyons bombardiers et drones contre les pays dirigés par les « nouveaux Hitler » arrêter un « nouvel holocauste », la Yougoslavie, l’Afghanistan, l’Irak, la Libye, la Syrie ou l’Iran demain. Même d’un point de vue historique, le récit sur Munich est faux, mais laissons cela de côté. L’astuce de « Munich », c’est de permettre à la gauche et à l’extrême-gauche de se rallier à la bannière étoilée au nom de l’anti-fascisme.

Pire, les tragédies qui ont accompagné la fin de cette guerre de trente ans (1945-1975), les boat people et les Khmers rouges, ont immédiatement été utilisées en Occident, surtout par des « intellectuels de gauche », pour donner naissance et justifier la politique d’ingérence, alors que c’est précisément l’ingérence constante des États-Unis dans les affaires intérieures du Vietnam qui était la source de ces tragédies.

Si des « leçons de l’histoire » devaient être tirées de la guerre du Vietnam, elles iraient toutes dans le « mauvais » sens, celui de la paix, du désarmement, d’un effort de modestie en Occident par rapport à la Russie, la Chine, Cuba, l’Iran, la Syrie ou le Venezuela. L’exact opposé des « leçons » tirées de Munich et de l’holocauste.

Les Vietnamiens n’étaient pas victimes de « domination symbolique » ou de « haine », mais de bombardements massifs. Il ne se voyaient d’ailleurs pas comme des victimes, mais comme les acteurs de leur propre destin. Ils étaient dirigés par l’un des plus grands génies politiques de tous les temps, Ho Chi Minh, accompagné d’un génie militaire, Giap. Ils ne se battaient pas pour la démocratie, mais pour l’indépendance nationale, notion périmée dans notre monde « globalisé ». Et ce combat, ils l’ont mené contre des démocraties, la France et les États-Unis.

Pourtant, les Vietnamiens ne haïssaient pas nos « valeurs » (mot à vrai dire inusité à l’époque), ni l’Occident, ni la science, ni la rationalité, ni la modernité ; ils voulaient simplement en partager les fruits. Ils n’étaient pas particulièrement religieux et ne raisonnaient pas en terme d’identité, mais de classe. Ils faisaient sans arrêt la distinction entre le peuple américain et ses dirigeants. Cette distinction était peut-être simpliste, mais elle a permis de séparer en Amérique même les dirigeants d’une partie de leur population.

Les Vietnamiens n’ont reçu aucune réparation pour les souffrances qui leur ont été infligées. Aucune excuse ne leur a jamais été faite. Ils n’en ont d’ailleurs jamais demandé : leur victoire leur suffisait. Ils n’ont pas exigé qu’une cour pénale internationale juge leurs agresseurs. Ils ont tout juste demandé que les « blessures de la guerres soient soignées », ce qui, bien sûr, leur a été refusé avec mépris. Comme disait le président américain Carter, futur prix Nobel de la paix, « les destructions furent mutuelles ». En effet : environs 50.000 morts d’un côté, plusieurs millions de l’autre.

Ils sont passés d’une forme de socialisme à une forme de capitalisme, causant ainsi des révisions déchirantes chez certains de leurs supporters occidentaux ; mais en Asie, capitalisme et communisme sont des pseudonymes. Les véritables noms sont : indépendance nationale, développement, rattrapage (et bientôt dépassement) de l’Occident.

On leur a reproché de vouloir rééduquer leurs ennemis capturés, ces aviateurs venus de loin bombarder une population dont ils pensaient qu’elle était sans défense. C’était peut-être naïf, mais était-ce pire que de les assassiner sans jugement ou de les enfermer à Guantanamo ?

Ils faisaient face à une barbarie sans nom mais, quels que soient les problèmes, ils demandaient toujours qu’on y trouve une solution politique et négociée, mots que nos défenseurs actuels des droits de l’homme ne peuvent pas entendre.

Leur combat a été important dans le principal mouvement d’émancipation du 20ème siècle, la décolonisation. Il a aussi été une sorte de mission civilisatrice à l’envers, en faisant prendre conscience à une partie de la jeunesse occidentale de l’extraordinaire violence de nos démocraties dans leurs rapports avec le reste du monde. En se battant pour leur indépendance nationale, les Vietnamiens ont combattu pour l’humanité entière.

Après 1968, cette prise de conscience a peu à peu disparu, dissoute dans l’idéologie des droits de l’homme, dans le subjectivisme et le postmodernisme, et dans l’incessant conflit des identités.

A l’heure où notre politique d’ingérence se trouve dans l’impasse, et où on bat le tambour contre l’Iran et la Syrie, il serait peut-être utile de se souvenir de cette décision fatidique de 1962, mélange d’arrogance impériale et de croyance en la toute-puissance de la technologie, et qui devait plonger le Sud-Est de l’Asie dans l’horreur. Peut-on aussi dire, face aux guerres non défensives, « plus jamais cela » ?

Jean Bricmont

22 Mai 2012

[1] Noam Chomsky, 1984, celui d’Orwell et le nôtre, http://christophe.deleuze.free.fr/D... Original : Invasion Newspeak : U.S. & USSR, FAIR décembre 1989, http://www.fair.org/index.php?page=1524.

URL de cet article 16783 http://www.legrandsoir.info/in-memo...

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4 juillet 2012 3 04 /07 /juillet /2012 11:51

 

Il y a des jours comme cela où avoir rassemblés les bons éléments qui forment un dess(e)in que peu de gens semblent percevoir, vous désole.

J’ai pas vraiment la tête à écrire ces temps-ci parce que trop d’images me hantent. Alors je cherche celles et ceux qui expriment mieux que vois ce que je perçois et ressens, ceux qui disposent des informations qui leurs permettent de nourrir les connaissances sur un sujet donné. Mais je me rends bien compte que par cette méthode les schémas sous-jacents ne deviennent pas forcément évidents pour d’autres…

Quelques remarques, que je ressentais, mais quand même, aujourd’hui pour informer, il faut faire simple, bref, droit au but et si possible si on veut toucher large ajouter un peu de sensationnalisme qui touche les cordes émotionnelles du « public ».

Je vois bien comment certains s’y prennent… comment des titres racoleurs, quitte à être un peu menteurs peuvent captiver l’attention. Mais je ne fonctionne pas comme cela…

J’ai trouvé tard, hier soir, un article qui reprenait différents éléments que j’avais essayé de rassembler pour faire passer l’alerte… dire qu’un frame se prépare, c’est trop peu dire. Quand je dis que je pense en images, ce sont celles de l’horreur passée, de celle présente dans certains pays mais qui pourrait se généraliser. Comme je l’écrivais hier, la militarisation du monde me parle de de villages dans lesquels déferlent des troupes d’opérations spéciales US ou celles locales qui ont été entraînées par leur soin. 

Des troupes de psychopathes entraînés à tuer, à torturer sans état d’âme, rendus inhumains par la volonté de ces toujours même « quelques-uns » qui cachent leur convoitise derrière « les intérêts des Etats-Unis »… il faut apprendre à se méfier de ces termes qui personnifient des entités abstraites, servant de façades à des personnes réelles et des intérêts concrets qui se cachent derrière. Aujourd’hui que l’on dise Washington a dit… ou Bruxelles a dit… Bruxelles et Washington symbolisent les mêmes personnes, seuls changent les porte-paroles, ceux qui sont chargé de porter vers le peuple le message des maîtres.

Et qui peut croire encore, aujourd’hui, que les intérêts des Etats-Unis coïncident avec ceux des étasuniens, ceux de l’Europe avec ceux des Européens. Je lisais hier sur le site du gouvernement du Venezuela un article qui parlait de la réforme de la santé aux Etats-Unis, un échec parce que de nombreux états refusent de l’appliquer. D’un côté je peux lire dans le texte de JV2020, programme de l »armée des Etats-Unis que d’ici à 2020, il faudra que ce pays continue d’investir dans le développement des armements, mais d’un autres côtés des dizaines de millions de personnes dans ce pays doivent avoir recours aux bons alimentaires, des millions dont des centaines de milliers d’enfants se retrouvent sans logements… alors ne me dites pas que cet effort d’armement qui tire le bain de la bouche des enfants, jettent les habitants dans la rue massivement, et qui nécessite l’instauration d’une dictature intérieure, avec 20 000 drones prévus d’ici à 2020 pour survoler le territoire du pays et les forces de répression préparées pour réprimer toute tentative de révolte sert les Etats-Unis pris comme expression de « sert la population des Etats-Unis »… On en arrive donc à la conclusion que Washington et Etats-Unis, Bruxelles et Europe sont des quasis synonymes. Quelque part peu m’importe ceux qui se cachent derrière ces façades, ils sont inaccessibles de toute façon et je n’ai pas ce truc de la haine qui poussent certains à s’acharner que les riches qu’ils faut détruire, et dont on a vu qu’en France, nombreux sont ceux qui habités par la haine leur mettraient volontiers la tête au bout d’une pique, quitte à la faire commanditer par les nouveaux maître, comme l’avait déjà fait, le peuple lorsque manipulé et instrumentalisé, il avait chassé l’aristocratie pour mettre en place de nouveaux maîtres, ancêtres de ceux qui veulent aujourd’hui jouir de la domination globale sur la planète, les banquiers et industriels qui parès cela ont envoyer les mômes se crever à la tâche dans des usines insalubres. La prise de la Bastille = le peuple se fait baiser la gueule en exécutant le sale boulot pour une caste dominante qui évite ainsi de se salir les mains et nous sommes à peu de chose près dans le même cas de figure, sauf qu’aujourd’hui il ne s’agit plus de remplacer une caste par une autre mais que le peuple larbin élimine le peuple résistant et les couches moyennes qui auraient pris un peu d’importance et font de l’ombre aux maîtres.

Cela ne sert à rien la haine… on ne construit pas un monde meilleur avec de la haine… un monde meilleur se construit avec de l’amour, de la compassion, de la tendresse… un monde meilleur se construit avec les valeurs qu’on voudrait y voir exister. En Europe, on peut voir la montée d’une haine, mesquine, lamentable, misérable, la haine des faibles et des impuissants, la haine de ceux qui vivent à genoux, tête baissée, queue entre les jambes… et qu’il soient de gauche ou de droite peu me chaut, comme le disait si bien Deleuze, ce grand philosophe, bicéphale  et visionnaire avec son complice Guattari, l’essence du microfascisme n’a pas de couleur, il est cet haine, cette mesquinerie, ce rejet à priori de l’altérité, l’inconnu (le visage aurait-il dit) comme danger, comme menace. Et comme ici, nous sommes parmi les lâches, cela se traduit par des milices, fa ou antifa, c’est la même chose, qui pratique les éternels rituels par lesquels l’humanité mesquine conjure la peur et la haine qui en résulte, les sacrifices d’une victime désignée à cet effet. Il est clair que dans un tel contexte, las maîtres ont la tâche facile, coexiste à présent tellement de « pire » qu’il suffit de le dresser pour qu’il se charge d’éliminer le meilleur qui les gènes.

Partout où il a des masses, des individus, des inconscient collectifs, le pire est présent au moins en germe, au moins comme potentiel. Partout où il y a des collectifs, formés de personnes singulières qui enemble, réfléchissent et débattent et agissent dans la dynamique de la production d’intelligence collective et de son actualisation, création auto continuée du monde, nous pouvons voir pointer l’espoir d’un monde un peu plus doux, un peu plus joyeux, un monde dans lequel font sens le respect, la dignité, un monde dans lequel chacun prend soin de tous les autres et tous prennent soin de chacun.

S’il existe aujourd’hui en Europe quelques microcosmes, toujours menacés, souvent éphémères, zones autonomes parfois temporaires parce que nomades par essence, mais souvent temporaires par la force des choses (par choses il faut entendre ici les forces de répressions systémiques dans leur pratiques d’expropriation),une telle avancée se produit aujourd’hui à grande échelle et à toutes échelles,  sur le continent Sud-Américain, et c’est aujours’hui une des priorités de l’Empire que de mettre un terme à ce qui constitue le mouvement naturel qui devrait gagner toute l’humanité, ce monde multipolaire que construisent collectivement des personnes à part entière avec ce paradoxe que l’avancée la plus grande des phénomènes de conscience collective agissant conjointement pour construire ce monde avec un immense amour, une grande intelligence, et une joie qui défie les bourreaux, c’est sans aucun doute le peuple du Honduras qui chaque jour, en toute conscience au risque de sa vie défie la dictature, les forces de répression qui l’incarne, et la défie ensemble, unis par-delà ce qui peut séparer les uns des autres parce que ce mode de construction d’un monde est celui qui rend possible la coexistence pacifique de la diversité, une construction quotidienne, horizontale et organique d’un monde dans lequel il y a plusieurs monde. Et si le peuple du Honduras représente la plus grande échelle de cette construction, poïétique, du monde par et pour le peuple, le phénomène est général sur tout le continent sud et tisse une multiplicité de liens transcontinentaux qui regroupent des combats spécifiques et hétérogènes mais qui tous participent de la genèse de ce monde dans lequel paix, amour, justice, souveraineté, respect, solidarité… sont des mots qui font sens parce qu’ils sont l’expression concrète d’une réalité vécue.

C’est contre ce monde que l’empire a décidé à présent de lancer une offensive massive, c’est contre ce monde qu’il envoie ces escadrons de la mort qui déferlent aujourd’hui sur tout le continent et se préparent pour détruire toute la beauté du monde. Il s’est créer des alliés locaux en jouant de la convoitise des uns, de la mesquinerie ou du goût des honneur des autres, en envoyant les hordes d’espions et de déstabilisateurs « humanitaires », en utilisant les universitaires pour produire des rapports sur les peuples de chacun de ces pays du Sud, de Chacune de ces régions, en entraînant leur militaires et leur police à leurs méthodes inhumaine, en leur permettant d’endetter les peuples pour acquérir leurs armes de destruction les plus perfectionnées, faisant ainsi coup triple comme ils en ont l’habitude, bénéfices immédiats, corde au cou des débiteurs, peuples affaiblis âr l’austérité face à une répression surnuméraire et sur équipée.

L’Amérique Latine a fait très tôt partie de mon histoire, un beau-père Haïtien qui luttait depuis son exil pour la liberté de son pays m’a permis de rencontrer beaucoup de ces hommes et de ces femmes contraints à l’exil par les dictatures et les bourreaux imposés par les Etats-Unis. J’ai aussi trouvé dans les peuples natifs des compagnons de cœur pour ma sauvagerie, partageant ce sentiment d’appartenance à la Terre qui n’a que faire de l’anthropocentrisme, j’ai aimé aussi l’art, les musiques, les couleurs qui nous venait de là-bas… cousins de cœur, d’âmes et d’esprit…

Je pressentais déjà ce monde nouveau qui nous vient de là-bas, ce syncrétisme réussi des peuples et des cultures qui nous apprend qu’il est possible de vivre ensemble et de s’enrichir des différences de uns et des autres, un monde guidé par les rêves qui refusent de se taire et de se plier à la contrainte du pire.

Ce monde qui a pris une place toujours plus grande dans mon cœur, ce monde qui de ces expériences et de ces propos nourri mes rêves, mes espoirs, mon intelligence, ce monde est confronté à une terrible menace, menace de destruction absolue, contre lequel le peuple de Bolivie et son gouvernement viennent de remporter une immense victoire dont on ne parle pas… on aurait parlé de la Bolivie si le « plan » avait marché, si la violence avait éclaté plongeant le pays dans un bain de sang… on est passé à deux doigts, et jusqu’ici j’ai pu ressentir cette tension insupportable qui a régner là-bas pendant quelque jour et qui a vu une fois de plus la victoire du bon sens, que je peux symboliser par cette phrase du porte-parole de la marche des TIPNIS dont l’empire attendait qu’elle contribue à l’éclatement du pire, faisant des victimes d’un massacre dans un terrible bain de sang, des causes d’gouvernabilité du pays. Mais les natifs ont assez longtemps souffert des exactions de l’Empire et ils savent ce qui les attend si son pouvoir ramenait l’ombre sur leur pays. Ainsi fut dit : « Nous ne sommes pas ici pour déstabiliser le gouvernement, nous sommes ici pour le rendre meilleur quand il se trompe ».

Cette petite phrase, jetée à la face de l’Empire qui n’a ménagé ni ces espions, ni ces millions pour faire de communautés natives le fer de lance de la déstabilisation, cette petite phrase, passée inaperçue ici, est pourtant le moment d’une grande victoire de l’histoire contre les forces du mal. Puissions-nous en voir beaucoup d’autres comme cela, qui tombent dans le silence de Paix de la guerre évitée.

Longue Vie à ces peuples qui nous montrent le chemin, longue vie à ce monde du meilleur qu’il font exister au présent et dont les petites graines nous arrivent que nous puissions nous inspirer et construire nous aussi ce monde dans lequel plusieurs monde son possibles.

Anne

 

 

 

 

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4 juillet 2012 3 04 /07 /juillet /2012 03:00

 

Par Stella Calloni

De même qu’il y a trois ans au Honduras, un président démocratiquement élu vient d’être destitué au Paraguay par un parlement sous contrôle de l’oligarchie nationale. La journaliste argentine Stella Calloni nous révèle la main – militaire et étasunienne – qui se profile derrière ce nouveau coup d’état institutionnel orchestré, en Amérique Latine, contre un gouvernement élu selon les règles du suffrage universel.

 

 


Le 22 juin 2012, pendant qu’avait lieu le jugement politique express contre le président démocratiquement élu du Paraguay Fernando Lugo, procès considéré comme illégal par les pays voisins, des députés Paraguayens eurent une réunion avec des militaires des Etats-Unis pour négocier l’installation d’une base  militaire à el Chaco, territoire étendu et peu peuplé du pays sud-américain.

Le législateur Jose Lopez Chavez,  qui répond au groupe dissident du Parti Colorado (la Unace) – dirigé par le général putschiste Lin Oviedo, avec lequel il a quelques différends – et ex président de la Commission de Défense de la chambre basse, exprima son espoir de voir les Etats-Unis installer des bases militaires à el Chaco, selon des sources de ABC Color.

D’accord avec ce média, le plus grand complexe médiatique de la droite Paraguayenne et clé de la destitution de Lugo, le député Lope Chavez – accusé de conduites maffieuses – confirme  qu’il discuta avec des chefs militaires étasuniens au sujet de la possibilité d’installer des bases, bien que ce thème soit en cours d’analyse par le Pentagone

Dans des déclarations faites à une radio paraguayenne (789AM), le législateur argumente au sujet de la nécessité d’installer les dites bases, parce que selon ses appréciations, la Bolivie constitue une menace contre le Paraguay, à cause de la course au armement qu’elle mène. De même il affirma  que son pays devait améliorer la sécurité de ses zones dépeuplées.

L’aide humanitaire.

L’accord bilatéral potentiel comprendrait de l’aide humanitaire des troupes étasuniennes à la population locale. Comme on se sait, l’action civique et l’aide humanitaire, qui a déjà été réalisée par les troupes étasuniennes au Paraguay, auxquelles a été accordé le bénéfice de l’immunité diplomatique en mai 2005, est un schéma de contre-insurrection, d’espionnage et de contrôle de la population et du territoire.

Selon les sources, cette proposition fut rendue publique le 23 juin passé, après une rencontre entre des représentants de la Commission de Défense de la Chambre des Députés avec un groupe de généraux des Etats-Unis, lequel était venus dans ce pays pour dialoguer au sujet d’éventuels accords de coopération.

Cela pourrait être une des causes de la rapidité avec laquelle Lugo a été écarté de la présidence, à cause des engagements avec le Marché Commun du Sud (Mercosur), et l’Union des Nations Sud-Américaines, lesquels n’auraient pas permis de progresser dans un processus d’installation de bases militaires.

En 2009, Lugo avait refusé, quoique timidement, la possibilité de grandes manœuvres du commandement Sud au Paraguay, arguant des engagements avec les nations associées.

Mais depuis mai 2005 – avant l’arrivée au pouvoir de Lugo – l’entrée de troupes étasuniennes au Paraguay avait été autorisé,  avec immunité, droit de libre transit et séjour des soldats, pour une durée de validité courant jusqu’à décembre 2006, prorogeable automatiquement, comme le publia alors ce périodique.

Ce fut un des coups les plus fort que Washington assena contre le Mercosur, lequel renonça à son pouvoir juridictionnel,  ainsi des troupes pouvaient transporter armement, équipement et médicament et agir en n’importe quel lieu du territoire,  et sans nouvelles autorisation, à cette période arrivèrent un contingent de 400 soldats – le premier – et des troupes spéciales.

En réalité, ce genre de troupes n’a jamais quitté le Paraguay. Quand le dictateur Alfredo Stroessner fut renversé, par un coup d’état entre amis, en février 1989, des militaires qui avaient participés à sa longue dictature se maintinrent au pouvoir (1954-1989)

Le Paraguay a perdu le droit de mener l’enquête sur les délits que pourraient commettre les troupes étrangères et ne pourra pas mener d’action à Washington devant la Cour Pénale Internationale, violant ainsi sa législation.

Au Paraguay des rapports détaillés des analystes militaires firent remarquer la puissante infrastructure militaire des Etats-Unis dans un pays qui a une importance stratégique de par ses frontières avec La Bolivie, le Brésil et l’Argentine et se trouve relativement près d’autres pays dans lesquels il y a des bases militaires étasuniennes.

Les militaires du Commandement Sud ont encadré le territoire qui est sur la nappe aquifère Guarani, une des plus grandes réserves d’eau potable du monde, située à la triple frontière entre le Paraguay, l’Argentine et le Brésil.

Selon les rapports militaires, tous les cantonnements paraguayens proches de la frontière sont préparés comme infrastructures pour des troupes étasuniennes, lesquelles ont même creusés des puits artésiens pour l’eau potable, en principe pour les paysans, mais en réalité ceux-ci ne les utilisent pas.

Ainsi, la caserne Mariscal Astigarribia, située à seulement 250 Km de la Bolivie, a une piste d’atterrissage de presque 3 800 mètres de long dans un pays qui n’a quasiment pas de forces aériennes.

Celle-ci fut construire par les troupes étasuniennes, lesquelles la modernisèrent au cours des dernières années et elle est prévue pour recevoir des avions Galaxy et B-52, ainsi que d’autres aéronefs porteurs d’équipement et d’armements à grande échelle, de même qu’ils sont en train de préparer la piste de la base de Palmerola au Honduras.

Egalement,  peuvent être cantonnés là, à n’importe quel moment, des milliers de soldats, s’il est requis le faire, . Cette base est cataloguée comme une des bases aux infrastructures les plus puissantes des Etats-Unis en Amérique du Sud.

Cependant il est évident qu’avant  que se mette en marche, contre les gouvernements d’Amérique du Sud , l’offensive que permettaient un scénario de coup d’état en Bolivie et au Paraguay, ainsi qu’une déstabilisateurs en Argentine, en juin de cette année, il était nécessaire d’amener plus de troupes dans ce lieu stratégique.

La nouvelle des accords mentionnés entre les députés liés à l’ancienne dictature et les généraux étasuniens ne surprend pas dans de telles circonstances.  Et précisément dans un pays où la lutte pour les terres volées et mal acquises, comme les caractérise la Commission de la Mémoire, la Vérité et la Justice, le conflit social est une question permanente.

Pour les paysans récupérer leurs terres est une question de vie ou de mort. Spécialement à cause des attaques des dits brasiguayos et leurs troupes de choc,  des entrepreneurs de soja du Brésil, mais comme comme le soutien Martin Almada, défenseur des droits humains, ils font partie des grandes corporations comme Monsanto, qui avancent sur le continent.

Derrière la destitution de Lugo il y a des éléments qui doivent être considérés comme une attaque stratégique dans le projet de déstabilisation, qui vise à mener un putsch contre l’intégration latino-américaine.

Stella Calloni  

Fuente
La Jornada (México) 

Via : Destitución de Lugo, maniobra política de Estados Unidos [Red Voltaire]

Traduction Anne Wolff

 

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3 juillet 2012 2 03 /07 /juillet /2012 19:16

Merci au petit néo-nazi de service qui vient de faire une attaque de commentaires sur ce blog… je ne savais pas trop où me situer dans le panel politique actuel… mais il est vrai qu’en voyant ceux qui se font traiter de rouge-brun, je me sens parfaitement en affinité avec certains d’entre eux, je sais donc aujourd’hui ce que je suis… même si l’étiquette m’a été collée par d’autres, comme à tant d’autres chercheurs pratiquant le libre examen, hors des préjugés du politiquement correct et des censures imposées par la nouvelle inquisition. Toute ma reconnaissance donc au milicien SA de me faire cet honneur auquel ma modeste personne n’aurait osé prétendre sans son aide bienvenue… celle de figurer parmi cette catégorie qui reprend tant d’honorables personnes, humaines, intelligentes, courageuses : je suis une ROUGE-BRUNE et j’en suis fière.

  Ps : me v'mà du coup toute euphorique, c'est vraiment trop génial, je ne renonce pas à l'écosophie mais je me sens déjà beaucoup moins idiosyncrasique tout d'un coup, ce n'est pas  le membre d'une milice qui me démentira quand à cette sorte de sécurité intérieure que donne ce sentiment d'appartenance à une identité collective !

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3 juillet 2012 2 03 /07 /juillet /2012 16:58

 

25 juin par Renaud Vivien


La dette de l’État belge ne cesse d’augmenter. Elle atteindra cette année 98,9% de son Produit Intérieur Brut (PIB) et avoisinera les 100% en 2013. Pour Luc Coene, gouverneur de la Banque nationale de Belgique (BNB), cette augmentation est due au « sauvetage » de la Grèce, l’Irlande, le Portugal et l’Espagne |1|. Son impact sur la dette publique belge s’élève à 11,6 milliards d’euros. Pour le gouverneur de la BNB, cette augmentation serait donc imputable à ces États indisciplinés qui ne savent pas gérer leur économie et que la Belgique et ses partenaires européens doivent aujourd’hui sauver. Or, les faits disent tout à fait autre chose.

Rappelons, tout d’abord, que la crise des dettes publiques en Europe est largement d’origine privée. Une partie importante de l’augmentation des dettes souveraines est la conséquence du sauvetage des banques. A titre d’exemple, la dette publique de l’Irlande est passée de 25% de son PIB en 2007 à 96% en 2010. L’Espagne figurait aussi parmi les meilleurs élèves de la zone euro en 2007 avec une dette publique qui ne représentait que 36% de son PIB. Ce qui était largement inférieur à la limite des 60% du PIB fixée par les critères de Maastricht.

Soulignons ensuite que les plans de « sauvetage » coordonnées par la Troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds Monétaire International) auquel participe la Belgique ne bénéficient pas aux États mais aux banques. Ces « aides » sont en réalité des prêts empoisonnés assortis de mesures d’austérité anti-sociales qui servent principalement à renflouer les banques privées alors que ces dernières sont largement responsables de la crise. Bien loin d’être solidaire, la Belgique participe donc à des prêts illégitimes qui profitent encore aux banques, violent les droits des peuples et la souveraineté des États.

Bien que les dirigeants européens nous martèlent qu’aucune réforme structurelle n’a été imposée en échange du prêt destiné à sauver Bankia et recapitaliser les autres banques, l’Espagne est dans le viseur de la Troïka. En effet, ce prêt européen alourdit automatiquement la dette publique espagnole et augmente la probabilité que le pays passe dans les prochaines semaines sous la tutelle de la Troïka lorsque que le pays ne pourra plus emprunter sur les marchés financiers. Actuellement, ce taux avoisine les 7% ; ce qui rend déjà la situation insoutenable. Le risque est donc élevé que l’Espagne soit rapidement contrainte de faire appel à la Troïka qui, certes, lui prêtera à un taux d’intérêt moins élevé que les banquiers privés mais en profitera pour imposer à la population des politiques d’austérité brutales à l’instar de la Grèce, de l’Irlande et du Portugal.

Si l’État belge voulait réellement faire preuve de solidarité avec ces pays comme il le prétend, il devrait annuler ses créances sur la Grèce, le Portugal, l’Irlande et l’Espagne car ici et ailleurs ce n’est pas aux populations de payer la facture laissée par le secteur bancaire.

Une telle mesure d’annulation en plus d’être juste est parfaitement réaliste. La Belgique pourrait largement compenser le coût de cette annulation en refusant elle même de payer sa dette illégitime envers les institutions financières tout en garantissant l’épargne des citoyens. Rappelons que les sauvetages de Fortis, KBC, Ethias et Dexia (à deux reprises) ont lourdement aggravé le poids de la dette publique, l’augmentant de 26 milliards d’euros, soit davantage que l’ensemble des prêts accordés par la Belgique dans le cadre des plans d’ « aide » européens.

Le fait que ces banques remboursent (progressivement et quand elles le veulent contrairement aux États qui sont tenus par un échéancier !) les prêts qui leur ont été accordés par l’Etat pour les sauver n’est pas suffisant. Leur dette envers la population est bien plus importante car elles portent une lourde responsabilité dans la crise socio-économique en Belgique. Primo, elles sont à l’origine de la crise financière qui s’est répercutée dans l’économie réelle entraînant la fermeture d’entreprises, la destruction d’emplois, etc. Secundo, le sauvetage par les pouvoirs publics a eu pour conséquence de plomber les finances publiques, d’augmenter la dette et ainsi d’accroître les pressions de la Commission européenne pour renforcer l’austérité qui frappe principalement les classes populaires.

Aujourd’hui, cette politique austérité anti-sociale appliquée par le gouvernement belge se traduit notamment par la réforme des allocation de chômage qui va exclure 27 000 personnes à partir du 1er janvier 2015 pour une économie budgétaire de seulement 51 millions d’euros... Une somme ridiculement faible comparée aux pertes fiscales enregistrées annuellement par l’État à cause des cadeaux fiscaux octroyés aux ménages les plus riches et aux grandes entreprises comme Arcelor-Mittal, Elecrabel, Delhaize, etc. Entre 2001 et 2009, le taux effectif moyen d’imposition des sociétés a diminué de moitié en raison d’une série de mécanismes de déductions fiscales (notamment les fameux intérêts notionnels) mis en place par l’ancien Ministre des finances Didier Reynders. Conséquence logique : l’État enregistre chaque année des pertes colossales qu’il compense en s’endettant auprès des marchés financiers. Pour la seule année 2010, le manque à gagner pour l’État était de 19,5 milliards euros. Le gouverneur de la BNB serait bien avisé de souligner l’impact de ces cadeaux fiscaux sur l’augmentation de la dette publique belge...

Pour le CADTM, les dettes publiques issues des sauvetages bancaires et des cadeaux fiscaux sont illégitimes car elles ne servent pas l’intérêt général. Leur remboursement doit donc être rapidement remis en cause vu les montants importants que l’État consacre au remboursement des seuls intérêts sur la dette. En 2012, ce montant s’élève à 13,3 milliards d’euros et devrait passer à 15,4 milliards en 2017, mettant ainsi en péril les missions de service public de l’État. Pour mettre la pression sur le gouvernement, démarrons le plus vite possible l’audit citoyen de la dette mais aussi des créances de la Belgique (envers les pays européens et des pays du Sud) afin d’identifier la part illégitime qui doit être annulée sans condition.

Tribune publiée sur le site de de la RTBF le 25 juin 2012

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2 juillet 2012 1 02 /07 /juillet /2012 16:19

 

 

 

Exposé présenté au Forum sur « Le complexe académico-militaire étasunien et ses relations avec les forces armées d’Amérique Latine »

Par Rina Bertaccini

Pour la table ronde qui a eu lieu dans le cadre de la 5ème rencontre brésilienne d’étude de défense à Fortaleza 8-10 août 2011

. 

 

La militarisation en Amérique Latine s’est exprimée historiquement de différentes façons, mais son essence n’a pas changé. Autant dans ses formes neuves que dans les anciennes l’objectif a été et continue à être le même : obtenir la domination et l’exploitation de nos peuples. Et cela est particulièrement vrai dans une période de crise systémique comme celle que nous traversons actuellement alors que plus que jamais, le pouvoir impérial doit faire peser sur les peuples les conséquences de la crise et que du coup les politiques de dominations prennent de contours brutaux. L’actuelle intervention en Lybie –où se viole chaque jour les normes les plus élémentaires du droit international – confirme pleinement cette affirmation.

Mais constater que l’essence de la domination n’a pas changé ne nous dispense pas de la nécessité d’étudier les formes rénovées qu’adopte le projet impérial. Les forces politiques populaires, les mouvements sociaux, les militants de la paix et en particulier les professeurs et étudiants des universités, nous nous devons connaître leurs plans pour les dénoncer et affronter avec succès l’offensive actuelle de militarisation impérialiste de notre continent.

Ceci dit, je voudrais attirer l’attention sur deux documents élaborés dans les dernières années qui guident l’action des forces armées du gouvernement des Etats-Unis. Je me réfère au document « Joint vision 2020 » (vision conjointe 2020) et à un autre intitulé « United States Southern Command Stratégy 2018 » (Stratégie du Commandement Sud des EU pour 2018). A la différence des célèbres Documents de Santa Fe (I à IV) qui furent élaborés pour le Pentagone par un comité d’experts convoqués à cet effet, les deux textes que je vais commenter sont rédigés et signés directement par la réunion des commandements des forces armées étasuniennes pour le premier et par le commandement Sud en ce qui concerne le second.

Domination du spectre complet

Le noyau du document Joint Vision 2020 est la doctrine qui porte le nom de “domination du spectre complet”. Mais avant de nous en référer spécifiquement à ce concept, il convient de mettre en évidence quelques-uns des éléments qui interpellent à la lecture de JV2020. Ce document n’est pas conçu comme un projet à mettre en pratique dans l’avenir mais bien comme un processus d’actualisation permanente de la doctrine militaire des Etats-Unis. Il est centré sur un objectif stratégique définit comme « la nécessité de nous préparer pour un avenir incertain »

Le texte permet, en plus, de découvrir comment le gouvernement nord-américain  perçoit lui-même sa propre politique de domination et le prochain développement de celle-ci, quand il dit, par exemple : « Les intérêts globaux et la responsabilité des Etats-Unis persisteront, et il n’y a aucun indice que les menaces envers nos intérêts ou envers ceux de nos alliés vont disparaître. Les concepts stratégiques de force décisive, projection de pouvoir, présence outremer et agilité stratégique continueront à régir nos efforts pour assumer ces responsabilités et affronter les défis du futur. »

Selon JV2020, la domination du spectre complet est “la capacité des forces des Etats-Unis, opérant unilatéralement ou conjointement avec des alliés multinationaux ou des forces-inter-agences, de vaincre, n’importe quel adversaire et contrôler n’importe quelle situation dans toute l’amplitude du spectre des opérations militaires » Et, il énumère ses différentes situations « incluant le maintien d’une attitude de dissuasion stratégique. Incluant l’action sur le théâtre d’opérations et activités de  présence. Incluant les conflits impliquant l’emploi de forces stratégiques et armes de destruction massive, guerres de théâtre principal, conflits régionaux et contingences de moindre intensité. Ces situations comprennent également celles ambigües qui oscillent entre paix et guerre, comme par exemple les opérations  pour maintenir et ramener la paix, de même que les opérations non-combatives d’aide humanitaire et l’appui aux autorités locales. »

En combinant tout cela, nous sommes avertis de ce que nous pouvons attendre des guerres impérialistes du 21ème siècle : une action globale déployée dans tous les domaines, celui domaine spécifiquement militaire avec son pouvoir létal, mais également  sur les plans politique, économique, idéologique et culturel, sans limites de restriction  ou encadrement juridique, ou morale d’aucune sorte. Ce n’est pas une simple menace, c’est ce qu’ils sont en train de faire en Lybie, c’est de cette manière qu’ils ont exécuté Bin Laden, au Pakistan, en violant toutes les règles de cohabitation internationale. C’est ce que dénonce l’enquêteur canadien Rick Rozoff concernant l’usage d’avions sans pilote dans des actes de guerre. : « Sans prendre de risques et agissant au-dessus des lois ; les EU globalisent la guerre des drones ; ils le font actuellement en Somalie et l’avaient déjà fait en Afghanistan, en Irak, au Pakistan, au Yémen et plus récemment en Lybie (Rick Rozoff-Global Research 11/O7/2011)

Si jamais quelqu’un doutait de ses intentions, JV2020 indique : “Si nos Forces Armées doivent devenir plus rapides, plus létales et plus précises pour 2020 qu’elles ne le sont aujourd’hui, nous devons continuer à investir et à développer de nouvelles capacités militaires”  Pour cela le budget de guerre des EU augmente chaque année et il est l’équivalent du budget militaire du reste des autres pays pris dans leur ensemble.

La guerre, dans les termes que pose le JV2020, requiert pour ’une conduite unifiée : « une direction intégrée qui repose dans l’usage de tous les outils du statisticien pour atteindre nos objectifs nationaux, unilatéralement quand c’est nécessaire, en même temps que de faire un usage optimum des qualifications et des ressources fournies par les forces militaires multinationales et les organisations de volontaire privées quand c’est possible. La participation de la force conjointe à des opérations d’appui aux autorités civiles augmentera également en importance à cause des menaces émergentes sur le territoire des EU, telles que le terrorisme et les armes de destruction massive. »

Le document JV2020 accorde une attention spéciale aux “opérations informationnelles”, qui se définissent comme « celles qui sont entreprises pour affecter l’information et les systèmes d’information, de même qu’à la défense de nos propres informations et systèmes d’information. Ce type d’opérations regroupent depuis la piraterie informatique jusqu’à ce qui dans l’armée des EU est connu sous le nom « Opérations Psychologiques »

Le contexte stratégique

Les Etats-Unis se considèrent eux-mêmes comme un sheriff global. Les deux paragraphes qui suivent ne laissent aucune place au doute. :

« Trois aspects du monde de l’année 2020 auront des implications significatives pour les Forces Armées des EU. Premièrement, les États-Unis continueront à avoir des intérêts globaux et seront engagés avec une série d’acteurs régionaux. »

Notre sécurité et nos intérêts économiques, de même que nos valeurs politiques,  donneront l’impulsion à nos engagements avec nos associés au niveau international. La force conjointe 2020 doit être préparée pour  gagner dans tout le spectre des opérations militaires dans n’importe quel lieu du monde ; pour opérer avec des forces multinationale ;  pour coordonner des opérations militaires ; pour opérer avec des agences gouvernementales et avec des organisations internationales quand c’est nécessaire.

Précisément, le concept de “domination du spectre complet” implique que les forces des EU soient capables de mener des opérations rapides, soutenues et synchronisées avec des combinaisons de forces sélectionnées à la mesure de chaque situation spécifique et avec la possibilité et la liberté d’intervenir dans tous les domaines : mer, air, terre et information. En plus, du fait du caractère global de nos intérêts et obligations, les Etats-Unis doivent maintenir leurs forces de présence outremer et la capacité de projeter rapidement du pouvoir dans le monde entier dans le but d’obtenir la domination du spectre total. »

Ceci, à quoi souscrivent conjointement les commandants du Pentagone, est exactement ce qu’a décidé la récente assemblée de l’OTAN qui a eu lieu au Portugal en Novembre 2010, quand fut proclamé le rôle global de cette Alliance. Et, bien que cela paraisse oiseux, il est utile de rappeler que les EU sont à la tête de cette alliance agressive créée il y a plus de 60 ans et qui à présent intègre 28 pays, parmi lesquels on compte plusieurs des plus grandes puissances militaires mondiales. (Depuis l’Otan a encore évolué, voir à ce sujet NdT)

Conduite des opérations et interopérabilité

Le document JV2020 développe l’idée que tout ce qui relève de la sécurité deviendra toujours de plus en plus complexe à l’avenir et que du coup, les EU doivent se « préparer pour affronter une large gamme de menaces de différents niveaux d’intensité. Le succès pour contrecarrer ces menaces requerra une habile intégration des compétences centrales des Services dans une force conjointe constituée à la mesure de la situation et des objectifs spécifiques. »

 

Il met en relief, en plus que «  l’interopérabilité est la base des opérations multinationales et inter-agences effectives ». Et ajoute comme élément fondamental «  la coordination sui se produit  entre les éléments du Département de la Défense et les agences du Gouvernements des EU impliquées, les organisations non-gouvernementales, les organisations de volontaires privées et les organisations régionales et internationales avec le propos de réaliser un objectif » lequel devra se réaliser « malgré la diversité des cultures, des intérêts en confrontation et les différentes priorités d’intérêt des organisations participantes »

Permettez-moi de souligner ce paragraphe, parce qu’il explicite ce que l’empire applique systématiquement sur notre continent. Dans la politique de militarisation agissent non seulement les forces armées des EU proprement dites mais en plus des autres agences gouvernementales et des organisations privées de volontaires qui soi-disant viennent « aider généreusement » la population dans des objectifs de paix et de développement et bénéficient d’énorme subsides financiers pour mener à bien leurs plans.

Dans le second document précisément que j’ai mentionné au début  - USSouthcom Strategy 2018 – se concrétisent les concepts de JV2020 en tant qu’objectifs stratégiques du gouvernement des USA pour l’Amérique Latine et les Caraïbe.

La stratégie du commandement Sud 2018

Dans ce document (ECS2018) élaboré en décembre 2008, sous la responsabilité de l’Amiral James Stavridis, se définissent les buts et chemins pour convertir le Commandement Sud des États-Unis en « une organisation conjointe inter-agences leader qui a pour but d’appuyer la sécurité, la stabilité et la prospérité des Amériques »

Le point de départ est l’idée que les Amériques sont inséparablement liées. Malgré la diversité des histoires et des traditions « il existe beaucoup d’éléments communs » qui nous rapprochent. Citant George W. Bush alors qu’il était président, le ECS2018 affirme « L’hémisphère occidental est notre foyer. En vertu des liens géographiques, historiques, culturels, démographiques et économiques, les Etats-Unis sont liés aux associés hémisphériques d’une manière incomparable à aucun autre endroit au monde » (la notion hémisphère occidental est pris ici au sens des 2 Amériques et utilisé de cette manière fait froid dans le dos à tous ceux qui soutiennent la souveraineté du continent Sud. NdT)

En se basant là-dessus, il propose “Nous devons travailler ensemble, comme des associés, pour rendre réelle la “promesse” de prospérité future de notre hémisphère partagé. Notre vision, notre mission et buts, conjugués  avec la coopération de nos associés inter-agences et des pays associés nous permettront d’accomplir la ‘promesse’. Ensemble nous devons affronter les problèmes et les défis qui nous menacent, parmi eux la pauvreté et les inégalités, la corruption, le narcotrafic et les autres délits »

Pour accomplir la promesse d’ici à 2018, « notre mission actuelle (est) de mener à bien les opérations militaires et promouvoir la coopération de sécurité pour atteindre les objectifs stratégiques des EU ».

Quoique tout soit dit avec une grande clarté, je me permets d’attirer l’attention sur le texte précédent ; ce qu’ils proposent aux pays de la région est de s’associer pour assurer les intérêts des EU. Sous le terme d’ »Amitié et de coopération pour les Amériques » a commencé la transformation du commandement Sud pour mettre en pratique une stratégie de commandement qui assure au Pentagone la direction générale et la conception  des plans d’opérations.

Les intérêts commerciaux des EU dans la région, sont fort bien connus, ainsi que leur besoin de disposer de sources d’énergie, de la biodiversité, de l’eau et des autres ressources naturelles. Par exemple, et selon les données mentionnées dans ce document les EU auront besoin, dans les 2 prochaines décennies de 31 % de pétrole supplémentaire et de 62 % en plus de gaz naturel.

Pour accomplir la promesse d’ici à 2018

Le document reconnait qu’il suit les orientations fixées dans les documents généraux des forces armées, en particulier ceux qui se réfèrent à la Stratégie de Sécurité Nationale et la Stratégie Militaire Nationale (parmi ceux-ci le document cité ci-dessus le JV2020)

Il ajoute ; « les défis de sécurité de notre hémisphère ne sont pas des menaces militaires traditionnelles et pour le moins elles sont internationales et impliquent des acteurs de l’état et extérieur à l’état. Ces menaces, défis et conditions requièrent un point de vue d’association et de collaboration inter-agences. La coordination entre les agences est un composant essentiel de la mission USSOUTHCOM et permet que le commandement accomplisse sa série complète de missions et appuie efficacement à nos associés en Amérique Latine et dans les Caraïbes. »

ECS 2018 établit quatre objectifs pour le commandement SUD :

1.      Garantir la sécurité de l’hémisphère occidental et en premier lieu celle des Etats-Unis. Il signale : « Nous garantissons la défense avancées des Etats-Unis en défendant les accès au Sud. Nous devons maintenir notre capacité d’opérer dans et depuis les espaces, eaux internationales, air, et cyberespace communs mondiaux. » Ainsi, ils nous en train de nous dire ue pour défendre leur sécurité, ils ont le droit de déployer leurs troupes sur toute la planète, y compris dans l’espace environnant

2.     Promouvoir la stabilité de la région. Pour cela, le commandement Sud « aidera a diriger les campagnes inter-agence pour avancer au-delà des activités traditionnelle de coopération de sécurité, comme les exercices combinés/multinationaux, opérations contre le narcotrafic et les contacts militaires et de défense, (…) appuiera activement les entités non gouvernementales inter-agences et les institutions publiques et privées dans le but d’améliorer la stabilité régionale ; (…) et appuiera énergiquement le Financement Militaire Etranger, pour que nos pays associés puissent acquérir les articles, les services et  les entraînements militaires des EU. »

3.     Promouvoir les alliances. Ceci « requière un effort combiné qui emploi tous les instruments d’autorité nationale, parmi eux, la diplomatie, l’information, les instruments militaires, économiques, financiers, de renseignement et juridique. Le succès futur dépend de l’emploi de tous les instruments disponibles, parmi eux l’inter agence et la collaboration avec des organisations non-gouvernementales. »

4.     Transformer le commando. A travers une culture d’innovation adaptée aux défis et aux opportunités du 21èmesiècle « nous travaillerons pour transformer le USSOUTHCOM d’une organisation militaire traditionnelle en un Commandement Conjoint Inter-Agence de Sécurité pour l’année 2018. »

 

Dans le déroulement des buts, le document énumère une série d’objectifs dont la lecture est fastidieuse et que nous ne retranscrirons pas ici. Mais il est nécessaire de les connaître parce que chacun d’eux se traduit dans une des actions interventionnistes qui sont en train de se dérouler sur notre continent et qui incluent autant les activités spécifiquement militaires (par exemple l’installation de bases US, ou les opérations militaires conjointes, ou les conventions bilatérales pour l’entraînement des forces de police et militaires des pays de la région) comme d’autres actions déguisées en aide humanitaire, parmi elles celles qui sont connues sous le nom de « Medretes » ou « Nouveaux Horizons », ou le déploiement de troupes US lors de désastres naturels similaires à ceux qui furent réalisées en Haïti immédiatement après le tremblement de terre.

Sans prétendre faire une analyse complète du document, je voudrais toutefois signaler quelques catégories particulièrement inquiétantes qui sont formulée comme propositions de :

  • Etendre l’appui de renseignement, de surveillance et de reconnaissance aux activités qui permettent de réduire le trafic illicite et refuser le refuge aux organisations terroristes dans les zones mal gouvernées.
  • Joint au plan Régional de Guerre au Terrorisme, poursuivre en créant des initiatives de coopération avec les pays amis afin de détruire les connexions du narcotrafic avec les réseaux terroriste et les autres activités qui appuient le terrorisme.
  • Travailler au travers des canaux político-militaires et diplomatiques pour amplifier la liberté de mouvement des Etats-Unis dans tout l’hémisphère occidental (rappel = les 2 Amériques. NdT)
  •  « Aider les armées nationales à développer des capacités additionnelles qui garantissent le gouvernement effectif de leurs territoire, spécialement dans les territoires sous-gouvernés ou défaillants ou faibles qui pourraient constituer un refuge pour le terrorisme.

 

Les expressions sont assez claires et ne nécessitent pas d’avantage de commentaires. Cependant ce que cela entraîne -par exemple, au Mexique où la présence dominante des EU et la militarisation du dit « combat anti-drogue » a déjà fait des milliers de victimes en quelques années– justifie pleinement notre inquiétude.

La transformation du commandement Sud

Je voudrais à présent attirer l’attention sur les paragraphe de ECS2018 qui se réfèrent à la transformation du Commandement Sud lui-même qui de « une organisation militaire traditionnelle », deviendra « un Commandement Conjoint Inter-Agence de Sécurité » avec les objectifs « d’améliorer la coordination des opérations et les activités entre USSOUTHCOM et les autre organisations du gouvernement des USA et impliquer activement les responsables dans les décisions des inter agences associées et intégrer le personnel de ces agences de manière permanente au personnel de USSOUTHCOM

Quelles sont ces institutions et agences gouvernementales et pourquoi, maintenant, non seulement elles coordonnent leurs activités avec les forces armées des USA mais en plus leurs personnels se verront intégrés de manière permanente au Pentagone en l’occurrence à travers le Commandement Sud ?

Le Secrétaire d’Etat Colin Powell nous l’a expliqué dans le plan stratégique combiné du Département d’Etat des USA et l’agence des Etats-Unis pour le Développement International (USAID) quand il a dit : « Nos organisations partagent une noble mission ; créer un monde plus sûr, démocratique et prospère »

Nous devons nous associer par nécessité, affirme pour sa part l’ex secrétaire d’Etat Condoleezza Rice « Dans ce monde il est impossible de tracer des lignes claires et nettes entre nos intérêts de sécurité, nos efforts de développement et nos idéaux démocratiques. La diplomatie étasunienne doit intégrer et promouvoir toutes ces objectifs de manière conjointe » (Secrétaire d’état Condoleezza Rice. Comentarios. Georgetown School or Foreign Service, Georgetown University, Washington DC, 18 janvier 2006)

Un coup d’œil sur l’USAID

Quoique la majorité de ces agences étasunienne ne sont pas neuves, et que beaucoup comme la CIA (Agence Centrale de Renseignement) ou la DEA (Agence de lutte contre la drogue) soit très connues,  ce qui est nouveau c’est que dans les dernières années le gouvernement nord-américain a donné priorité notoirement aux activités de certaines d’entre elles, en particulier la USAID et la NED lesquelles ont été dotées de millions de dollar pour financer des projets supposés servir à la promotion du développement et de la démocratie.

En ce qui concerne l’USAID, il existe des travaux récents comme le document Rapport de Paula Aguilar (le rôle de l’USAID en Amérique Latine et dans les Caraïbe disponible ici  http://bibliotecavirtual.clacso.org.ar/ar/libros/becas/2008/deuda/aguilar.pdfL)) dans lequel est décrit la problématique « des termes, justifications et arguments qui élaborent, dans le discours officiel des Etats-Unis, la nécessité de transférer des fonds à d’autres pays. L’auteure entend que « l’assistance gouvernementale externe se configure comme une voie directe d’intervention dans la politique interne des pays d’Amérique Latine et des Caraïbe et un des modes privilégiés de soutien de la présence étasunienne (commerciale, militaire et culturelle) sur notre continent.

Le rapport confirme que les lignes de division « entre l’aide bilatérale strictement définies à partir de leur caractère économique ou de développement social et l’assistance militaire sont toujours plus floues. » ; parallèlement elle fait remarquer que les décisions « concernant les zones de financement prioritaires pour l’assistance externe sont prises par le Département d’Etat » quoique le Département de la Défense y joue un rôle significatif, tenant compte de ce que « en termes politiques, l’assistance externe des EU est définie comme un outil fondamental dans les stratégies de sécurité nationales. »

Dans la zone Amérique Latine et Caraïbe, l’USAID, pendant l’année 2006 développa des programmes dans 16 pays : Bolivie, Brésil, Colombie, République Dominicaine, Equateur, El Salvador, Guatemala, Guyane, Haïti, Honduras, Mexique, Nicaragua, Panama, Paraguay, et Pérou. Selon les chiffres communiqués par l’agence même – consignés dans le rapport de Paula Aguilar – dans la période allant de 2000 à 2OO6, le financement total de USAID dans la région, incluant l’action dans 16 pays, plus 4 autres programmes à caractère régional, atteint la somme de 5.964.292 dollars. Les informations disponibles permettent d’affirmer que les  chiffres en question ont augmenté quoique à présent, la USAID ne se trouve plus que dans 15 pays puisque le gouvernement d’Evo Morales a mis fin à ses activités interventionnistes en Bolivie.

Les raisons qui amenèrent le gouvernement bolivien à une telle décision sont longuement expliquées dans le libre de Stelle Calloni “Evo en la mira” dans lequel figure une documentation concernant l’existence d’actions de conspiration « chapeautées par le Département d’Etat et implantés par l’USAID et le NED, tous deux considérés comme étant le « visage social » de la CIA, qui en plus agissent à travers les diverses ramifications d’un réseau d’ONG. L’auteure se réfère aussi a ce que « en août 2OO8, le ministre de la Présidence, Juan Ramon Quintera révéla le détournement des fonds millionnaires de l’Etasunienne USAID pour patronner des groupes d’opposition au gouvernement, pour cela ils furent sommés de se conformer aux politiques de l’état ou de quitter le pays. Après ces faits, 89 millions –des 134 millions de dollars provenant de la coopération des EU - subsidièrent des secteurs d’opposition au gouvernement de Morales »

L’alliance UIF-Commandement SUD “culture stratégique”

En novembre 2010, une lettre de l’anthropologue nord-américaine Adrienne Pine nous avertit « au sujet d’un nouveau dangereux usage qui était fait de l’Université à ce moment, et en particulier de l’anthropologie avec l’objectif de légitimer l’occupation militaire nord-américaine dans les pays latino-américains, la lettre faisait référence à une association entre le Commandement Sud des Etas–Unis et l’université Internationale de la Floride (UIF) (voir Culture Stratégique" : le Commandement Sud et la militarisation des universités)

Alertée par l’ex-Ministre de la Culture du Honduras Rodolfo Pastor Fasquelle, Pine entama une enquête. Ainsi elle découvrit que cette alliance – jusque-là peu connue – s’exprimait dans un programme d’études mené par l’Université de Floride, financée par le Commandement Sud, avec pour propos de mener à bien des ateliers et écrire des rapports sur chaque pays de l’Amérique Latine et des Caraïbes. Le programme définit la « Culture Stratégique » comme la combinaison d’expériences et facteurs internes et externes – géographiques, historiques, culturels, économiques, politiques et militaires – qui forment et influencent la manière dont un pays conçoit sa relation avec le reste du monde, et la manière dont une état va se comporter au sein de la communauté internationale. Cependant, si on examine les documents produits par l’Alliance UIF-Commandement Sud il est évident qu’une définition plus précise de la « Culture Stratégique » serait : propagande stratégique pour la création d’une politique hégémonique favorable aux intérêts militaires et économiques étasuniens.

A la fin de chaque atelier, l’UIF publie un rapport de conclusions, qui sera présenté au Commandement Sud. En révisant les noms des participants et les rapports respectifs de chacun des ateliers elle put voir que la qualité des conclusions laissait beaucoup à désirer, entre autre chose parce que, parmi les invités, les pays impliqués avaient invité un minimum d’universitaires et d’intellectuels connus, favorisant par contre la participation des directeurs d’entreprises, des généraux en exercice, des experts ayant des affinités avec l’empire et des politiciens d’extrême-droite. Du coup les conclusions résumées dans les rapports, parfois banales ou terriblement simplistes, obéissaient aux objectifs du Commandement Sud, ce qui veut dire qu’ils  créaient « une narration pour légitimer l’intervention militaire, la capacitation et l’aide des EU. »

Le programme que nous sommes en train de dénoncer représente un véritable danger pour les peuples de la région impliquant une tentative de destruction de la culture nationale de chacun des pays pour la remplacer par une culture de la domination, tâche infâme dans laquelle on prétendait compromettre les universités et coopter les intellectuels. Pour cela, il est très important que le congrès annuel de l’association Américaine des Anthropologue (AAA), qui s’est tenu en novembre 2010 à la Nouvelle-Orléans ait condamné ce projet. Pour notre part, nous considérons qu’il est indispensable d’étendre largement la dénonciation de ses objectifs et de promouvoir son rejet par les étudiants et diplômés des Universités, de tous nos pays. Pour contribuer au débat nécessaire vous pouvez consulter l’essai d’Adrienne Pine « Confronter la culture stratégique du commandement Sud »

La recherche d’alternatives à la militarisation impérialiste

Aujourd’hui en Amérique Latine, des peuples divers et des pays différents, des gouvernements de différentes tendances, dans un processus remplis de contradictions, avec des avancées et des reculs, cherchent avec acharnement des chemins d’autonomie. Ils découvrent que oui, ’ils peuvent affronter l’oppression et que l’intégration régionale avec la souveraineté est un outils efficace pour fortifier la lutte contre la militarisation impérialiste. Par ce chemin s’affirme les tendances à l’unité latino-américaine et Caraïbe.

On peut voir les expériences de Unasur, de l’ALBA, de la CELAC en formation, l’action solidaire, les forums internationaux, la dénonciation du rôle des bases militaires étrangères dans la stratégie impérialiste de domination et en particulier les efforts pour élaborer et mettre en pratique des conceptions propres concernant la sécurité et la défense nationale qui objectivement remettent en question la doctrine militaire nord-américaine. Tout cela correspond avec les intérêts et les légitimes aspirations des peuples de la région.

C’est précisément pour contrecarrer cette forte impulsion rénovatrice qui parcourt notre Amérique que se sont adaptés et mis à exécution les plans actuels du pouvoir impérialiste _ dans lesquels le complexe militaro-industriel des Etats-Unis a une grande incidence – pour recoloniser le continent. Ainsi au milieu d’une crise générale de grande ampleur,  luttant de manière sanglante pour défendre chacun de ses privilèges, et avec la complicité des droites conservatrices, il a lancé une brutale offensive idéologique, politique, économique, militaire et culturelle ; un projet de restauration conservatrice en Amérique latine qui s’est initié sous le gouvernement de George W. Bush, mais qui à pris une grande ampleur  pendant la présidence de Barack Obama. La nouvelle administration a augmenté les dépenses de guerre jusqu’à dévorer la moitié du budget annuel, et jointe au pays de l’OTAN – à présent devenu OTAN global – elle poursuit déployant leur flotte de guerre ainsi que leurs bases et leurs installations militaires par toutes les mers et sur les 5 continents.

Dans ce contexte, se prennent des initiatives singulières en matière de défense nationale comme celles qui se déploient depuis l’Union des Nations Sud-Américaine, en particulier la création en décembre 2008, du Conseil de Défense Sud-Américaine (CDS) qui est constitué des ministres de la défense des 12 pays d’Unasur (Argentine, Brésil, Bolivie, Colombie, Chili, Equateur, Guyane, Surinam, Paraguay, Pérou, Uruguay et Venezuela) avec l’objectif déclaré de « renforcer la confiance mutuelle grâce à l’intégration, au dialogue et à la coopération en matière de défense cherchant à avancer dans la construction d’une politique de défense commune pour le Continent »

Le CDS ne suppose pas une Alliance militaire conventionnelle (du style d l’OTAN) mais un forum pour promouvoir le dialogue et établir un mécanisme d’intégration qui permettent de discuter des réalités et nécessités de Défense des 12 pays impliqués et des moyens de préserver leurs réserves d’eau, leurs ressources énergétiques, alimentaires et les autres bien naturels abondant dans la région.

Pour faire un pas de plus dans le déroulement de tels objectifs, en mai 2011,, fut inauguré à Buenos Aires le Centre d’Etudes stratégiques pour la Défense (CEED) qui fonctionne sous la direction et au service du CDS – et dont l’objectif premier la genèse et la diffusion d’une pensée géostratégique authentiquement Sud-Américaine, qui contribue à la construction d’une identité sud-américaine et à la consolidation de la région comme une Zone de Paix

Lors de la Conférence inaugurale de la CEED nous pûmes prendre connaissance de quelques initiatives très intéressantes qui se sont discutées pendant les réunions du Conseil de Défense Sud-Américain. Par exemple, au début du mois de mai passé, le CDS a approuvé à Lima la motion de l’Argentine de requérir des Ministres des Affaires Etrangères des pays de la Unasur qu’ils sollicitent l’ OEA afin qu’elle convoque une conférence spéciale pour traiter de la révision de tout ce qui constitue le système interaméricain de défense. Ceci inclura le néfaste Traité Interaméricain d’assistance réciproque (TIAR) ; permettra de redéfinir les attributions du Comité Interaméricain de Défense et de questionner le rôle des conférences des Ministres de Défense des Amérique né en 1995 comme partie de la stratégie nord-américaine pour imposer l’ALCA (zone de libre-échange des Amérique NdT) sur tout le continent. Nous parlons ici d’un ensemble d’instruments conçus à la mesure des projets impériaux de domination qui s’opposent ouvertement aux objectifs des actuels processus d’intégration régionale et aux tendances ascendantes de l’unité latino-américaines et des Caraïbes.

Le gouvernement Argentin a proposé aussi de promouvoir l’établissement d’un Collège Sud-Américain de Défense. De concrétiser l’idée qu’il n’y a plus de raison pour que les pays de la région continuent à envoyer leurs effectifs dans la tristement célèbre Ecole des Amériques, école d'assassins à laquelle quelque pays déjà ont cessé de concourir.

Pour ce qui a été exprimé jusqu’ici il est raisonnable de conclure qu’a été inaugurée en Amérique Latine et dans les Caraïbes une nouvelle perspective de lutte contre la stratégie impériale de guerre et de militarisation. Nous ne sommes pas en train de dire que toutes les aspiration du mouvement populaire anti-guerre ont trouvé une solution, mais qu’il existe des conditions plus favorables pour continuer notre lutte en défense des droits et de la souveraineté de nos peuples, pour l’élimination des bases militaires étrangères, contre les plans de l’OTAN et la réactivation de la 4ème flotte de guerre nord-américaine dans nos mers et nos rivières.

La base militaire de l’OTAN au Malouines

Dans de telles conditions et en tenant compte que déjà la Unasur se prononce en solidarité avec la république Argentine dans la revendication de sa souveraineté et pour la décolonisation de l’Archipel des Malouines,  de Georgias du Sud et de Sandwich du Sud usurpés par la Couronne Britannique dans l’Atlantique Sud, les Argentins, nous voyons avec espoir la possibilité que la Unasur avance dans ces revendications. Nous savons que certains gouvernements proposent que l’Amérique du Sud élabore un véritable plan politique et diplomatique à ce sujet.

Ce n’est pas uniquement une question de solidarité avec l’Argentine. Comme nous venons de le dénoncer dans tous les forums auxquels nous avons eu l’opportunité de participer, c’est un problème de sécurité commun pour les pays de la région, vu que en 1985, après la Guerre des Malouines, la Grande-Bretagne avec l’appui des Etats-Unis a installé dans ces archipels une forteresse militaire avec des capacités nucléaires qui constitue un danger réel pour tous les peuples de la région. Cette forteresse, située sur le Mount Pleasant, Ile Soledad, qui compte un grand aéroport – avec une piste d’atterrissage de 2600 mètres –une installation navale où s’amarrent  des sous-marins atomiques, est actuellement un point singulier de l’extension du réseau des bases militaires étrangère par lesquelles l’OTAN projette son pouvoir global.

Nous n’avons aucun doute de ce que les gouvernements de l’Alba nous appuierons ainsi que les pays latino-américain qui intègrent le comité de décolonisation des Nations Unies, comme nous espérons que le fera la CELAC, le nouveau regroupement  en voie d’institutionnalisation qui émerge du processus politique regional à travers la progressive perte de prestige de l’Organisation des Etats Américains (OEA) et la persistante érosion de l’hégémonie nord-américaine dans la région de celle dont nous parle le sociologue Atilio Boron.

La lutte contre la militarisation et la guerre ne s’arrête pas.

Comme il a été dit, à parler de ces nouvelles possibilités pour conquérir la paix, nous n’espérons pas que la situation évolue par elle-même, tout au contraire. C’est le moment d’aller de l’avant. Parce que l’impérialisme n’abandonnera pas sa stratégie. La politique de guerre et de pillage de nos peuples est inhérente à sa propre nature.

Nous avons devant nous une grande bataille contre la militarisation impérialiste et pour cela nous unissons nos volontés er nos énergies pour obtenir la plus large mobilisation populaire dans le cadre de la Campagne Continentale « Amérique Latine et Caraïbe, région de paix ! Dehors les bases militaires étrangères ! »

Nous toutes et tous, depuis la pluralité de nos identités et de nos luttes, nous aspirons à faire partie active de ce processus de changement qui au milieu de contradictions, avance, recule alors que de nouveaux dangers continue à se développer sur ce continent de l’espoir.

Buenos Aires, Argentine, 4 août 2011

RINA BERTACCINI, ingénieure géographe, professeur, présidente de Mouvement pour la Paix, la Souveraineté et la Solidarité entre les Peuples (Mopassol) d’Argentine ; vice-présidente du Conseil Mondial de la Paix.

http://medelhi.wordpress.com/category/comando-sur-sobre-eta-y-farc/

“El Complejo Académicomilitar Estadounidense y sus Relaciones con las Fuerzas Armadas en América Latina

 

“El Complejo Académicomilitar Estadounidense y sus Relaciones con las Fuerzas Armadas en América Latina

Traduction de l'espagnol Anne Wolff

 

 

 

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1 juillet 2012 7 01 /07 /juillet /2012 01:36

 

L’essai suivant a été présenté par Adrienne Pine à Buenos Aires le 1er juin 2011

Le cas de la dite « culture stratégique » utilisée par le Département de la Défense des États-Unis d’Amérique du Nord doit être analysé à fond comme étant partie intégrante de la stratégie belliqueuse impérialiste étasunienne, sans un cadre ethno-historique donné. Mais en plus le cas spécifique de la lutte qui a été menée contre le centre d’étude de culture stratégique de l’Université Internationale de Floride, donne de la consistance à la manière dont peuvent se conjuguer investigation et action directe dans la lutte contre la militarisation de l’Amérique Latine et des Caraïbe.

En octobre 2010, je me trouvais à Toronto pour la conférence de l’Association des Etudes Latino-Américaines, dégustant une bonne bouteille de mescal avec le célèbre historien, ex-Ministre de la Culture du Honduras Rodolfo Pastor Fasquelle. A cette époque, Pastor Fasquelle, en exil, résidait à Mexico, après avoir fait l’objet de menaces de mort, pour ses liens avec le président renversé, Manuel Zelaya Rosales. Il me décrivit en détails et avec une grande préoccupation l’atelier auquel il venait d’assister au Centre d’Investigations Appliquées de l’Université Internationale de Floride avant de venir au Canada. L’atelier était intitulé : « Culture stratégique du Honduras » et était financé par le Commandement Sud de l’armée Etasunienne (SOUTHCOM). Là-bas, il s’était inquiété du peu de qualité des recherches. Et de l’ambiance pro-putschiste qu’il y avait rencontré. Il me confia différents documents de l’atelier, me demandant que j’étudie plus à fond ce programme.

Sur son site Web, je pus vérifier que l’alliance FIU-Commando Sud “Culture stratégique” est un programme d’étude relevant de l’Université Internationale de Floride, financée par le Commando Sud qui se propose de mener des ateliers et de rédiger des rapports sur la “Culture Stratégique” de chaque pays d’Amérique Latine et des Caraïbes. La « Culture Stratégique » est définie comme la combinaison d’expériences et de facteurs internes et externes – géographiques, historiques, culturels, économiques, politiques et militaires – qui forment et influencent la  manière dont un pays conçoit ses relations avec le reste du monde et qui définira le comportement de ce pays au sein de la communauté internationale. Cependant, à regarder de plus près les documents produits par l’alliance FIU-SOUTHCOM il devient évident qu’une définition plus précise de la « Culture Stratégique » serait : « propagande idéologique hégémonique favorable aux intérêts militaires et économiques étasuniens ».

On pourrait affirmer, comme il a été affirmé durant les débats de dernières années sur le Système de Terrain Humain (HTS) que les recherches scientifiques sociales menées au nom des militaires des Etats-Unis déboucheraient sur une politique meilleure et plus humaine. Dans le cas de HTS, les forces armées étasunienne contractent des anthropologues et autres scientifiques de sciences sociales pour accompagner les soldats en  Irak et en Afghanistan avec le présupposé de mener la guerre avec plus de sensibilité culturelle. Ce programme fut catégoriquement rejeté par les anthropologues de la AAA (Association des Anthropologues d’Amérique), et après plusieurs années de luttes, l’armée se vit dans l’obligation de l’abandonner.

Selon une logique de relations publiques qui ressemble à celle de HTS, la déclaration d’alliance de la mission (qui figure au début de chaque rapport final) qui définit le programme de l’Association Académique UIF-Commandement Sud affirme que « l’association implique que la UIF fournira des analyses de la plus haute qualité basée sur des recherches pour approfondir la connaissance explicative de la politique, de la stratégie et des dimensions culturelle du comportement de l’Etat et de sa politique extérieur ». En plus, il ajoute « A la fin de chaque atelier, la UIF publie un rapport de conclusions, qui sera présenté au Commandement Sud »

Cependant, une brève analyse des participants invités et – plus important – la qualité académique des rapports, montre que cet argument est profondément défectueux. En premier lieu, dans les ateliers de « Culture Stratégique » les pays participants ont inclus un minimum de savants académiques et d’intellectuels. En échange, les dirigeants d’entreprises, généraux en exercice, les experts des think tank, les représentants de la police nationale et les universitaires non-accrédités dominent. A examiner les participants à l’atelier. sur le Honduras, je réalisai que parmi une dizaine de participants Pastor Fasquelle était le seul capable de produire une analyse de la plus haute qualité. Parmi les autres on trouvait des universitaires non affiliés, des universitaires n’ayant jamais fait aucune publications au sujet du Honduras, tous et toutes habités d’un enthousiasme putschiste. Il y avait un représentant du Conseil Hondurien de l’Entreprise Privée (COHEP), organisation qui a financé le coup d’état. Il y avait des représentants de think tanks washingtoniens d’extrême-droite, des Cubains de Miami anticastristes et des marines étasuniens. Et aussi, il y avait là comme « expert »le Colonel Jose Amilcar Hernandez Flore, militaire hondurien qui a participé au coup d’état de 2009 et qui a été gradué au minimum 3 fois dans l’infâme Ecole des Amériques.

En second lieu, les anthropologues bien intentionnés, les historiens et autres participants réellement qualifiés en sciences sociales, pour élever le niveau à la qualité des recherches réclamées par le programme, ont vu leurs analyses exclues du rapport final de chaque pays de « Culture Stratégique », ceux qui seront utilisés pour former et informer la politique du Commandement Sud, comme en témoigne l’anthropologue Carol Conzelman, participante à l’atelier de « Culture Stratégique » au sujet de la Bolivie.

En guise d’ “analyses de la plus haute qualité fondées dans la recherche” parmi les arguments se rencontrent par exemple les suivants : “en terme de son économie, l’Argentine est relativement primitive, un pays périphérique”. Il y a beaucoup d’exemples de ce type. Le fait qu’en Bolivie « la majorité indigène a été délibérément et systématiquement exclue » se considère comme un sujet à controverse. La « culture Stratégique » haïtienne, dit qu’elle est fortement influencée par le Vaudou ; le « caractère » chilien est le produit de « métissages entre les guerriers sauvages et aborigènes » ; et en Colombie nous apprenons que le grand indice de bonheur est « le produit de nombreuses années à vivre constamment exposés a… la peur ». Les exemples présentés ici ne sont pas des aberrations, ils sont représentatifs, fidèlement, du caractère global des rapports finaux de la UIF-Commandement Sud au sujet de la « Culture Stratégique » des pays,. Ils créent une narration pour justifier des interventions militaires,, des formations  et l’aide des USA. Les analyses écrites par plusieurs intellectuels latino-américains, comme Atilio Boron, Laura Gonzales et Silvio Rendon, examinent les rapports finaux de différents pays, vérifiant avec plus de détails les sinistres intentions du programme.

L’alliance UIF-Commandement Sud “Culture Stratégique” représente une évolution de l’usage  par les forces armées de l’université, qui jusque-là lui servait surtout comme outil pour les compilations du renseignement, faites de manière à justifier ses projets militaires en Amérique Latine et dans les Caraïbe. Par exemple, le projet Camelot, patronné par le Pentagone, qui avait son siège dans l’Officine d’Investigations des Opérations Spéciales de l’Université Américaine, qui n’existe plus à présent, et qui contractait des scientifiques en sciences sociales dans les années 1964 et 1965 pour évaluer les causes sous-jacentes de la rébellion sociale afin d’éviter le renversement de gouvernements amis des EU. Ils prétendait arriver à cette fin à travers des moyens qui incluaient, selon l’armée Etasunienne d’« équiper et entraîner les forces indigènes pour une mission de sécurité interne, pour l’action civique, la guerre psychologique et autres actions de contre-insurrection » « De telles actions » - poursuit le document de l’Armée [dépendent] d’une compréhension exacte de la structure sociale indigène » La première épreuve du projet Camelot, ce fut au Chili (voir : Thy Will Be Done Gerard Colby With Charlotte Denett ; chapitre 30, note de bas de page 51 – Washington Star 1965, p 1)

Le projet Camelot finit dans la disgrâce. Il fut obligé de s’interrompre en 1965 en réponse à l’indignation généralisée après que Johan Galtung, un des scientifiques des sciences sociales invité à participer, informa ses collègues du Chili et des EU du but de contre-insurrection explicite du projet. Les principales préoccupations de la majorité de ceux qui objectèrent au projet furent :

Ils dénoncèrent le fait que les scientifiques de sciences sociales qui travaillaient pour le projet Camelot se compromettaient en enquêtes clandestines.

Le projet représentait une déviation de la recherche scientifique en sciences sociales pour réprimer des rébellions légitimes et/ou des mouvements révolutionnaires.

L’armée des USA tira des leçons importantes lors des problèmes du projet Camelot et plus récemment, du Système des Territoires Humains (HTS). La plus importante d’entre elles c’est que les anthropologues, nous partageons largement le principe éthique qui dit que nous ne devons ni tolérer ni participer à des recherches secrètes qui menacent la vie d’êtres humains du fait de nos recherches.

Comme telle l’alliance UIF-Commandement Sud n’implique pas les investigations secrètes, de fait, les documents présentés peuvent être consultés sur sa page Web. Les études de « Culture Stratégiques » de la UIF-Commandement Sud ne dépendent pas non plus de recherches ethnographiques ou tel quel ce n’est pas un travail de compilation du renseignement mais de propagande.

L’armée des Usa a également appris à être plus prudente dans la présentation de ses missions envers le public, elle a appris à en faire des « promotions de la démocratie » et non des attaques justifiés de la libre détermination des peuples qui rejettent les gouvernements autoritaires alliés des USA. Cependant, fondamentalement le Commandement Sud n’a pas changé. Son objectif continue à être la déstabilisation des gouvernements hostiles (actuellement, principalement ceux qui sont alignés avec l’ALBA, l’Alliance Bolivarienne pour notre Amérique) et fomenter des campagnes de contre-insurrection contre les paysans, les indigènes, les syndicats et autres larges mouvements de bases qui s’opposent aux politiques des pays amis des EU. Ceci reste évident, il en existe de multiples preuves, parmi elles :

Le nombre toujours croissant de bases US en Amérique Latine malgré les mouvements de protestation exigeant chaque fois plus de souveraineté.

La détérioration de la Sécurité dans toute l’Amérique Latine, qui augmente en fonction de l’augmentation des coups d’états contre des gouvernements populaires, élus démocratiquement dans lesquels le Commandement Sud a été impliqué, soit que ce soit de manière directe (comme dans le cas de Haïti) ou per l’intermédiaire de la formation et du financement des armées et /ou des polices usurpatrices.

Les attitudes impérialistes et les stratégies militaires exposées dans les câbles rendus publics par WikiLeaks.

Après avoir fait une brève analyse du projet, de ses membres, des rapports publiés au sujet de différents pays et aussi de ses antécédents en tant que projet Camelot et le HTS, j’écrivis un billet sur mon blog, le dénonçant Mais il était clair qu’il fallait en faire d’avantage pour mettre un terme à ce projet et pour informer les gens qui sont affectés par la militarisation de l’université et la (pseudo)- académisation de l’armée, une vaste catégorie qui inclut aussi bien des anthropologues comme des gens qui vivent dans chacun des pays étudiés. Les antécédents qui sont mentionnés ici (Camelot et HTS) ont été arrêtés grâce à la forte opposition des universitaires en solidarité avec les peuples affectés et nous servirent comme exemples de lutte.

Avec l’anthropologue équatorienne Laura Gonzalez, nous avons eu l’idée d’un plan d’action. J’ai écris une lettre qui décrivait la nature des études de cultures stratégiques que la UIF produisait pour le commandement Sud, sollicitant les anthropologues de l’hémisphère afin que se crée un mouvement de solidarité et que l’information soit divulguée, et que soient envoyés des courriers électroniques (dont était inclus un exemplaire) à ceux qui avaient la charge du programme dans le Commandement Sud et à la UIF, et que chacun fasse ses propres analyses des études de « Culture Stratégique » qui ont été publiées. Sous la supervision de Gonzalez, quelques jeunes, volontaires de l’Observatoire de l’Ecole des Amérique (SOAW) firent une ample recherche d’écoles et de départements d’anthropologie dans différents pays d’Amérique Latine, créant une base de données avec des centaines de noms. Gonzalez se chargea de la traduction en Espagnol et en Portugais et SOAW et la coalition No Bases d’Amérique Latine se solidarisèrent écrivant des communiqués de presse en Anglais et en Espagnol. J’écrivis en plus un article qui fut publié sur le site « Upside Down World » pour diffuser plus largement l’information, il fut repris sur de nombreux autres sites.

En envoyant les premiers courriers et en publiant les communiqués de presse et l’article (lesquels se succédaient dans un intervalle de temps propice pour avoir un meilleur impact), la réponse fut instantanée. Des lettres arrivèrent de toute l’Amérique Latine, des EU et du Canada, nous remerciant pour l’information et demandant plus de détails. De nombreux collègues écrivirent des articles sur le programme analysant les rapports de « Culture Stratégique » de différents pays. Des dizaines de courriers indignés écrits par des individus et des groupes d’universitaires (autant des professeurs que des étudiants) et d’autres activistes arrivèrent dans les bureaux du Centre d’Investigations Appliquées de la UIF, au Commandement Sud et à l’administration de la UIF. Des participants aux ateliers commencèrent aussi à nous écrire, certains indignés par la campagne ; mais d’autres, comme Pastor et Conelman étaient ressortis des ateliers inquiètes et inquiets du le danger que représentait ce programme pour les peuples de l’Amérique Latine et des Caraïbes. Ainsi ils nous aidèrent à mieux comprendre le processus de production d’intelligence fictive pour renforcer les stratégies militaires impérialistes étasunienne dans l’hémisphère.

En novembre de 2010, un mois après que la campagne ait commencé, je profitai du congrès annuel de l’Association Américaine des Anthropologues (AAA) à la Nouvelle-Orléans pour proposer une motion à ceux des membres présents à la réunion de travail. Vu que nous n’avions pas le quota requis, la motion ne serait pas contraignante mais elle fut approuvée par une large majorité des présents. Le texte était le suivant :

Attendu que la AAA a condamné “US Military’s Human Terrain System”, Système de territoires humains (HTS) et considérant que la militarisation de l’Université met en danger l’intégrité académique et l’indépendance

attendu  que l’occupation de la part des militaires du commandement Sud des USA (SOUTHCOM) de nations souveraines d’Amérique du Sud et des Caraïbes et donne lieu à de graves dommages à nos collègues et interlocuteurs dans ce pays, et leur a nié le droit à l’autodétermination.

La AAA condamne l’alliance de l’Université Internationale de Floride et du Commandement Sud créée pour l’élaboration de rapports sur « Culture Stratégique » pour l’Amérique Latine et les Caraïbe.

Selon les statuts de l’association, la motion passa par le “Réseau de Réponse Rapide” du comité de direction comme une recommandation en attendant que soit décidé quelle action entreprendre. Le comité me demanda que j’écrive une lettre qui explique plus à fond mes inquiétudes au sujet du programme UIF-Commandement Sud. Plusieurs semaines de longs débats par courriers électroniques  internes (auxquels j’eus accès) s’en suivirent Malgré que le Réseau de Réponses Rapide était composé par des groupes divers, incluant plusieurs anthropologues qui adoptent une politique favorable aux forces armées étasuniennes, je fus surprise de la réaction positive à l’argumentation que j’avais développée.

Una question centrale pour le réseau de réponse rapide tournait autour de la question de l’éthique professionnelle. Dans la lette que j’écrivis, j’argumente ainsi : « En soi, la mauvaise science n’est pas une violation de l’éthique, cependant, la mauvaise science menée dans le but et avec l’intention spécifique de fournir une légitimation académique à des stratégies militaires de contre-insurrection et de déstabilisation qui donneront lieu à de la violence et à la mort à d’innombrables personnes est une violation grave de l’éthique des sciences sociales. » Il semble clair que les études de UIF-commandement Sud représentent un danger pour les Peuples Latino-Américains et Caraïbes, et dès lors, y participer peut se définir comme un manquement l’éthique et à la morale. Cependant nous, les anthropologues donnons beaucoup d’importance à la prise de décision individuelle en matière d’éthique et de morale. S’il existait une autre  interprétation crédible que la décision individuelle de travailler pour les études  « Culture Stratégique »  qui pourrait être éthique, nous éviterions d’imposer une expertise générale à l’encontre du dit programme.

Après avoir débattu pendant plusieurs semaines, le Réseau de Réponse Rapide demanda une réponse du  département d’anthropologie de la UIF, malgré qu’il n’ait pas d’affiliation formelle avec le Centre de Recherches Appliquées où se déroulent les ateliers de « culture stratégique ». Il leur arriva par courrier électronique deux lettres fort indignées, défendant en effet la militarisation de la UIF et pour le moins dépréciant la campagne, dirigées en critiques personnelles qu’ils attribuaient à ma personne. Une d’elle fut écrite par le professeur émérite William Vickers, qui avait participé à l’atelier « Culture Stratégique » sur l’Equateur. Il explique:

“Beaucoup de leader civiques à Miami et dans le Sud de la Floride perçoivent le Commandement Sud comme une présence valorisante parmi la communauté, il en va de même dans d’autres villes d’Amérique qui apprécient d’avoir les sièges corporatifs des bases militaires et des universités sur leur surface. Le commandement Sud crée des emplois, appuie des organisations de charité et des projets civiques, et généralement est vus comme un bienfait économique et un « bon citoyen » dans le comté de Miami-Dade et dans la région du Sud de la Floride.

Ainsi il adopte la position absurde que le Commando Sud, pour quelques apports économiques ‘à l’économie locale, parmi dans les grands vides laissés par la politique néo-libérale, peut-être comparé à un citoyen humain, un concept fondamental à la démocratie, (qui en plus suppose une égalité entre humains, donnant accès aux membres humains de la société a un gouvernement participatif qui pourrait réguler les corporations et les militaires) Il dit que pour être « bon citoyen » et faire partie de la « collectivité locale », ce n’est pas un problème éthique de collaborer à des projet stratégiques du commandement Sud malgré que son objectif central soit la militarisation de l’Amérique Latine et des Caraïbe (ce que lui-même reconnait)

En plus il allègue que “La docteur Pine affirme sans preuves que les travaux publiés sur le net par les participants aux ateliers du Centre de Recherches Appliquées sont des rapports de renseignements qui servent pour des actions de contre-insurrection en Amérique Latine. «  L’ironie de tout cela et de beaucoup d’autres accusations de Vickers contenues dans la même lettre est qu’il déforme les arguments contre le programme en les convertissant en attaques personnelles ; de fait mon argumentaire contre les rapports a été que - à la différence des projets Camelot  et HTS – ils manquent quasi complètement de renseignements (en espagnol, jeux de mots sur inteligencia : intelligence et renseignement au sens espionnage) ,  mais cependant sont utilisés pour informer stratégiquement le Commando Sud, comme le dit clairement la propagande du Centre.

La lettre signée par tout le personnel enseignant du département d’anthropologie de l’Université de Floride, tente de disqualifier l’argument  qui dit que les rapports finaux « Culture et stratégie » son mal ficelés. Pour preuve: les exemples que j’ai proposés qui  présentent de graves erreurs, par exemple dans le cas de la Bolivie : « Il est possible que certaines personnes pourraient argumenter contre l’idée que la gent indigène a été systématiquement et intentionnellement exclue (cela ne veut pas dire que nous autres prendrions ou non cette position). Comme telle, c’est une position ouverte au débat. » En suivant cette logique nous pourrions arriver à la conclusion que « la terre est plate » es une proposition ouverte au débat »

Les anthropologues se plaignent aussi que la critique contre le programme de “Culture Stratégique” signale un seul centre d’études universitaires affilié avec les forces armées, alors qu’il en existe des dizaines et que c’est pour le moins injuste. Ils argumentent :

« Beaucoup d’entre nous ont passé des années pour construire des relations de confiances avec les communautés politiquement et économiquement réprimées en Amérique Latine et dans les Caraïbes. Une telle condamnation pourrait nuire sérieusement à ces relations. Il est fort possible que rendre publique cette motion pourrait saper l’accès pour enquêter sur les communautés de la région aux enquêteurs associés à la UIF, qu’ils aient ou non des affiliations avec le Centre d’Investigation Appliquées du Commandement Sud. Nous pensons également que cette motion pourrait nuire sérieusement à la capacité de notre département pour recruter des étudiants doctorants pour les mêmes raisons. Enfin, désigner la UIF n’est ni juste, ni approprié »

Finalement l’argument le plus fort qu’ils présentent est que condamner le programme de “Culture Stratégique” de la UIF – Commandement Sud pourrait nuire à la réputation du département d’anthropologie de la UIF et aux carrières de ceux qui y sont affiliés. C’est une triste constatation sur l’état de l’université néo-libérale qu’importe d’avantage la sécurité de l’emploi et le supposé prestige arriviste que la vie des sujets humains de l’étude anthropologique. On aurait pu espérer que, comme anthropologues, ils saisiraient l’opportunité de se joindre à la condamnation d’un projet  qui pourrait nuire à leurs sujets politiquement et économiquement réprimés, ce qui certainement leur obtiendrait plus de confiance des communautés, cependant ils défendent le programme et promeuvent le silence pour défendre de manière erronée à leurs propres intérêts professionnels.

Le comité ne permit pas de répondre aux lettres des anthropologues de la UIF, et finalement la déclaration de la AAA ne fut pas aussi forte que nous l’aurions voulu. Cependant elle représente un bon début. 

Le comité directeur est profondément préoccupé par la prolifération de centres universitaires financés par les forces armées et les agences de renseignements. Avec ces centres surgit la possibilité que les connaissances anthropologiques soient utilisés contre les intérêts des communautés étudiées par les anthropologues, ainsi que la possibilité que nos connaissances soient utilisées comme blanchisseur pour légitimer l’armée et la production d’enquêtes contraires aux intérêts de nos sujets. Le comité directeur cherche à respecter le liberté académique et ne souhaite pas légiférer les décisions politiques de nos membres. Mais il doit y avoir un équilibre entre cela et notre éthique professionnelle et nos responsabilités envers les communautés que nous étudions. Au moins nous conseillons aux membres de l’Association Américaine d’Anthropologie qu’ils prennent des précautions contre ces centres et assignons au Réseau de Réponse Rapide la tâche de développer du matériel pour guider nos membres dans de telles situations.

En fin de compte, la position officielle d’une organisation d’anthropologues importe moins que l’impact des campagnes de dénonciation médiatiques et politiques contre la militarisation de l’hémisphère. Le débat qui surgit autour de la motion contre le programme de « Culture Stratégique » mis en lumière pour beaucoup de gens les usages actuels de l’université par les forces armées étasuniennes et fit fortement pression sur les administrateurs du programme « Culture et Stratégie ». Ainsi parfois le chemin en soi est plus important que la destination. Dans cette lutte solidaire intercontinentale contre la « Culture Stratégique » qui se mène depuis un an, nous unissons théorie et pratique à l’université et à la base nous avons porté un fort coup contre la légitimité du programme UIF-commandement Sud.

Les anthropologues Nord-Américains, nous devons rester vigilants envers les changements stratégiques du Commandement Sud et prendre l’initiative (par-dessus tout, notre programme se centre autours de « Culture Stratégique ») de dénoncer les mauvais usages des sciences sociales au service de politiques qui tuent les gens. Mais malgré que cela puisse se faire depuis les USA utilisant les médias traditionnels, à travers les blogs, les communiqués de presse, les campagnes de courriers électroniques et à l’intérieur d’organisations comme la AAA contre des programme académico-militaires comme « Culture Stratégique », la lutte contre la militarisation dans tous ces aspect requiert un travail de solidarité Nord Sud soutenu. Pèsent d’autant plus les analyses et les rejets des peuples directement affectés,  et ceux des anthropologues et autres universitaires latino-américains et caraïbiens,  comme ceux des mouvements de bases luttant pour l’autodétermination des peuples contre l’impérialisme étasunien. Pour arrêter le programme actuel de UIF-Commandement Sud, pour prévenir la création d’autres programmes qui seraient issus des Projets Camelot et HTS, il est nécessaire de continuer à articuler des efforts similaires à celui que nous avons fait et qui nous a permis d’élargir l’analyse et la lutte vers un sens plus intégral, depuis le peuple et avec le peuple contre les processus de domination impérialiste.

Adrienne Pine

Assistant Professor of Anthropology, American University

http://quotha.net/

Working Hard, Drinking Hard: On Violence and Survival in Honduras: http://www.ucpress.edu/books/pages/10769.php

 

Source  : Estrategias para confrontar la “Cultura Estratégica” del Comando Sur

 

Traduction Anne Wolff

 

 

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30 juin 2012 6 30 /06 /juin /2012 14:27

 

Encore un élément qui confirme une évidence grandissante, le nouveau modèle de guerre est fondé dans la lutte contre-insurrectionelle en Amérique Latine... même les changements de méthodes pendant la guerre d'Afghanistan le confirme, nous sommes entré de plein pied dans la guerre contre-insurrectionnelle, et les polices nationales sont à présent intégrées aux dispositifs dans lequel, c'est l'ennemi intérieur qui est prédominant... Voici un élément de plus pour confirmer cette thèse :

"Avant d’occuper les fonctions de commandant suprême du commandement allié de l’OTAN pour l’Europe, Stavridis était à la tête du commandement Sud des US et en tant que tel était en charge des opérations militaires américaines et relations militaires à militaires en Amérique Centrale Amérique du Sud et dans les Caraïbes"

 

 

OTAN
L’OTAN Etend Son Réseau Militaire Sur Tous Les Continents
"...Le constant développement de l’expansion des partenariats militaires de l’OTAN et des opérations à travers le monde qui maintenant comprend tous les continents habités n’a pas de précédent dans l’histoire. Cette la première tentative d’établir une alliance militaire internationale capable de préparer et d’intervenir dans toute nation et région qu’elle choisit pour le profit géo politique de ses états membres dirigeants."



L’OTAN Etend Son Réseau Militaire Sur Tous Les Continents


Du 18 au 20 Juin les plus hauts responsables militaires - personnel des ministères de la défense - et d’autres représentants des 55 états membres et partenaires de l’OTAN se sont retrouvés en Croatie lors de la Conférence Stratégique de 2012.

Le Commandement Allié de Transformation de l’OTAN créé en 1999 lors du 50ème sommet d’ anniversaire de l’Organisation à Washington DC et le commandement de la 1ère alliance basé aux US (Norfolk Virginie) ont déclaré qu’il y a eu une participation venant du monde entier notamment d’Amérique du Sud, d’Afrique du Nord, du Pacifique Sud et de l’Asie de l’Est et que les nations participantes faisaient partie des blocs Partenariat pour la Paix, Dialogue Méditerranéen, Initiative de Coopération d’Istanbul et d’autres partenariats militaires.

Le premier de ces blocs cité ci-dessus comprend 21 nations d’Europe du Caucase et d’Asie Centrale ( Arménie, Autriche, Azerbaijian, Biélorussie, Bosnie, Finlande, Georgie, Irelande, Kazakhstan, Kyrgyzstan, Macedoine, Malte, Moldovie, Montenégro, Serbie, Suède, Suisse, Tajikistan, Turkmenistan, Ukraine and Uzbekistan.)

Le Programme de Partenariat pour la Paix a été utilisé pour préparer les 12 nations incorporées comme membres à part entière entre 1999 et 2009 : Albanie, Bulgarie, Croatie, République Tchèque, Estonie, Hongrie, Latvia, Lithuanie, Pologne, Roumanie, Slovaquie, et Slovenie.

Les membres du Dialogue Méditerranéen sont l’Algérie, L’Egypte, Israel, la Jordanie, la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie. Comme on le verra ci dessous la Libye sera le nouveau partenaire.

Le Barheïn, le Koweït, le Qatar et les EAU sont membres de l’Initiative de Coopération d’Istanbul, alors que l’Arabie Saoudite et Oman sont en passe de devenir nouveaux membres et peut être aussi le Yémen et l’Irak.

Les nations participant à la réunion de l’OTAN dans la capitale croate de Zagreb intitulée « Défis Actuels et Futurs », ont également inclus ce qui auparavant était qualifié de Pays En Contact - Australie, Japon, Nouvelle Zélande, et Corée du Sud - et qui sont actuellement inclus dans une nouvelle catégorie appelée Partenaires A Travers Le Globe aux côtés de l’Afghanistan, l’Irak, la Mongolie, et la Pakistan.

Les nations d’Amérique du Sud n’ont pas été identifiées mais l’amiral James Stavridis commandant suprême des forces alliées de l’OTAN pour l’Europe a récemment parlé du Salvador en Amérique Centrale et de la Colombie en Amérique du Sud comme étant respectivement partenaire actuel et à venir contribuant en matière de troupes en Afghanistan. En Mars dernier Stavridis a dit au Congrès que le Brésil et l’Inde étaient aussi des partenaires potentiels de l’OTAN.

Avant d’occuper les fonctions de commandant suprême du commandement allié de l’OTAN pour l’Europe, Stavridis était à la tête du commandement Sud des US et en tant que tel était en charge des opérations militaires américaines et relations militaires à militaires en Amérique Centrale Amérique du Sud et dans les Caraïbes. En 2007 le Groupe 1 Naval d’intervention de l’OTAN a mené des opérations de « présence » dans la Mer des Caraïbes la première fois que des navires de guerre de l’Alliance se déployaient dans cette zone.

L’inclusion de l’Amérique du Sud marque une nouvelle étape dans l’expansion de l’OTAN : elle a maintenant des membres et partenaires sur les 6 continents habités soit plus d’un tiers des nations du monde.

En Janvier le Comité Militaire de l’OTAN a tenu une réunion regroupant des responsables de la défense au cours de laquelle comme le dit le site de l’OTAN : » Des hauts responsables militaires de 67 pays ont discuté sous différents angles l’évolution de l’OTAN et les opérations menées par l’OTAN, la mise en application de la nouvelle structure de commandement de l’OTAN et ses conséquences militaires ». Sans précédent dans sa dimension les dirigeants militaires présents représentaient plus de 194 états membres des Nations Unies.

La Conférence Militaire Stratégique de Partenariat en Croatie a eu lieu un mois après le sommet de l’OTAN à Chicago et s’est concentrée sur les résultats de ce dernier et la suite de l’application du Concept Stratégique adopté lors du sommet précédent au Portugal fin 2010.

Le GL français Stéphane Abrial, Commandant suprême de la Transformation Alliée a ouvert la conférence de 3 jours en insistant sur deux initiatives que l’OTAN appelle L’Initiative des Forces Connectées et la Défense Rusée. La seconde vise à rassembler les ressources du bloc des 28 membres en période d’austérité économique et la première pour augmenter l’entraînement et les exercices et l’utilisation d’équipement militaire compatible les deux ayant comme conséquence d’avancer l’intégration des membres de l’OTAN leur interopérabilité pour des opérations futures à l’étranger transformant une nécessité économique en avantage militaire.

Les principaux éléments de la Défense Rusée sont le système d’interception en Europe de missiles dominé par les US, l’achat de drones Global Hawks américains par les pays européens pour le programme de Surveillance au Sol de l’Alliance et les patrouilles de l’espace aérien au dessus de la Mer Baltique par les avions de l’OTAN.

Puis les participants à la conférence ont discuté de 3 sujets principaux : l’implication du sommet de Mai pour les états membres de l’OTAN ; Les Partenaires de la Stabilité et la Sécurité au Moyen Orient, en Afrique du Nord et dans la Région du Golfe Persique ; L’Initiative des forces connectées en lien avec l’entraînement, les manœuvres, l’éducation et la technologie. Autres sujets discutés : le futur développement des partenariats, et les implications stratégiques des améliorations de l’efficacité militaire.

Le concept de nouveaux partenaires à travers le globe a été le centre de discussions pour étendre des arrangements de partenariats de même que le nouveau Menu de Coopération de Partenariat, le Partenariat pour la Planification de la Paix et le Processus de Renouveau, le concept de Capacités Opérationnelles, et le Programme de Coopération et Partenariat Individuel dont le premier membre est la Mongolie depuis Mars et l’un de ceux à venir l’Irak, tous deux également maintenant membres du Programme de Partenaires A travers le Globe. Ce dernier à dimension de plus en plus internationale pour ce qui est des partenariats et programmes est décrit par le commandement Alliée de Transformation de l’OTAN comme « concentré sur des priorités pour construire des capacités, un interopérabilité et le soutien aux reformes de défense et sécurité ».

Un compte rendu fait par l’OTAN de la conférence a rappelé l’évaluation de l’actuel Concept Stratégique que « la promotion de la sécurité Euro Atlantique est le mieux assurée par un réseau étendu de relations de partenariat avec des pays et organisations à travers le Globe ».

En relation avec le sommet de Mai, la même source a déclaré :

« L’Alliance a réaffirmé sa volonté de fournir… plus de soutien à des partenaires régionaux dans des domaines comme l’établissement d’institution sécuritaire, la modernisation de la défense, le développement des capacités, et les relations civils - militaires. A partir d’une initiative marocaine, l’OTAN et les pays du MD (Mediterranean Dialogue) développeront un nouveau cadre politique. De plus, l’Alliance est disposée à accueillir la Libye comme nouveau partenaire… »

L’ouverture d’un centre Régional pour l’Initiative de Coopération d’Istanbul au Koweït a aussi été décidée lors du sommet de Chicago.

La conférence en Croatie a mis l’accent sur « le cadre développé pour les nations de l’OTAN et les pays partenaires l’entraînement disponible et l’importance des manœuvres, en parallèle avec des lignes standardisées et le potentiel d’intégrer des partenaires et de faciliter leur participation à des manœuvres. »

L’approfondissement et l’extension de la collaboration entre l’OTAN et ses multiples partenaires inclus l’intégration de nations partenaires dans la Force de Réponse Mondiale de l’OTAN doivent être construits sur des efforts conjoints pendant et suite aux guerres de l’OTAN sur 3 continents. Celles du Kosovo, d’Afghanistan et de Libye.

Comme l’OTAN l’a fait remarquer concernant l’Initiative Des Forces Connectées cela « vise à s’assurer que l’OTAN se maintienne et se développe sur des gains précieux d’interopérabilité parmi ses alliés et partenaires résultant des opérations récentes de l’OTAN. »

Le constant développement de l’expansion des partenariats militaires de l’OTAN et des opérations à travers le monde qui maintenant comprend tous les continents habités n’a pas de précédent dans l’histoire. Cette la première tentative d’établir une alliance militaire internationale capable de préparer et d’intervenir dans toute nation et région qu’elle choisit pour le profit géo politique de ses états membres dirigeants.

Rick Zoroff - 27/06/2012

Traduction Mireille Delamarre

Article d’origine en anglais

Rick Zoroff est un journaliste d’investigation basé à Chicago militant actif depuis plus de 40 ans anti guerre anti militariste et anti interventionnisme. Il s’occupe de la liste email Stop NATO et est responsable du site Stop NATO…

 

Source : L’OTAN Etend Son Réseau Militaire Sur Tous Les Continents

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