Vient dans mon chantier d'insertion qu'il est beau
17 nov. 2013
Pour ceux qui désirent en savoir un peu plus sur la réalité de ceux qui résistent à la stigmatisation sociale dans des conditions plus que précaire, je vous renvoie au Collectif SDF Alsace .
Alsace, Belgique, même combat et les constats faits par les auteur(e)s de ce blog, correspondent pour la plupart à ceux que j'ai pu faire ici. Non seulement les politiques y font tout pareils des promesses qui sont destinées à calmer les éventuelles questions de l'opinion publique.Le résultat une stigmatisation grandissante..."ils sont encore dans la rue à se bourrer la gueule et mendier - ces *** - avec tout ce qu'on fait pour eux... c'est qu'ils le veulent bien.
Ensuite la SINECURE, celle des associations qui se font un sacré pognon à pondre des jolis rapports bien conformes au désir du pouvoir,qui ne recouvre aucune réalité concrète,je vous promets,je peux en écrire 10 d'affilés en utilisant les concepts ad hoc,sans que finalement ilne soit question d'aucune action concrète et utile,mais donnant l'impression d'un activisme débordant. Ou d'autres, comme celui de 40 pages de tissus de M**** expertes, qui après longue enquête et traitement scientifique des données en arrive à la conclusion qu'en Europe, les degrés de pauvreté sont similaires en Wallonie avec les situtions grecque et chypriote. Allez, on leur pardonne, on sait bien que des gens aussi sérieusement occupés n'ont pas le temps d'aller vérifier la validité de leurs résultats sur le terrain... et puis les pauvres ne sont fréquantables pour vcertains que sous forme de chiffre dans des tableaux.. c'est bien connu, et puis nous savons tous à présent que quand la réalité dément la science, c'est forcément la réalité qui se trompe.
Enfin l'INSERTION SOCIALE,je vous laisse l'auteur vous décrire son expérience d'insertion, elle exprime très bien certaines choses que j'aurais aimé dire à ce sujet...mais ça m'énerve !
Envoyé là par ma conseillère d'orientation de mission locale, je n'ai pas eut le choix. Je dois y aller et bosser pour ce chantier dont la réputation n'est pas bonne. Malheureusement les oreilles de nos chers fonctionnaires pôle emploi, mission locale et subventionneurs restent hermétiques. Un boulot c'est un boulot.
Je suis accueilli par personne. Du monde autour de moi mais le patron n'a pas prévenu. Et le patron n'est pas là et personne ne sait si il vient ni quand. J'ai pas un rond et la machine à café me fait de l'oeil. Je demande à téléphoner à ma conseillère mais on peut pas ou on veut pas. Je profite que la nana quitte son bureau pour téléphoner… Elle va voir, elle ne comprend pas, elle va joindre le mec sur son portable, bref elle ne sait pas non plus mais je dois attendre. La nana revient, elle comprend que j'ai téléphoné … elle me propose un café. Je dois attendre que je lui dis. Elle soupire, moi aussi dit-elle. Le téléphone sonne, des fournisseurs qui veulent leur fric. C'est flippant.
Une heure de plus passe et le type arrive. Plein de gens l'arrête et lui parle, il faut régler des trucs, prendre des décisions, téléphoner à des gens. Le type écoute un peu il dit oui et arrive vers moi. La nana lui parle des fournisseurs mais ils peuvent attendre et téléphoner. C'est très flippant.
On visite le chantier. Il se marre, il à l'air heureux, des bénévoles l'embrasent, des salariés lui tournent le dos, des en insertion baissent la tête. C'est de plus en plus flippant. Il tape à une porte. On entre. Nous voilà dans un atelier, un cagibi rempli de bordel et rempli de fumée… Fumée de shit.
Je sors de cure et je suis un programme méthadone. C'est là que vous allez travailler me dit-il comme si de rien n'était. Le mec rigole et le patron me dit que c'est mon encadrant. On repart au bureau.
Le contrat n'est pas fait puisque personne n'était informé de ma venue. La matinée ne compte pas puisque je n'ai pas travaillé. Pour le déjeuner je devrais me débrouiller. Surtout, c'est important je dois pointer.
Je prends le téléphone j'appelle ma conseillère et je lui raconte tout devant le mec et la secrétaire… Elle me demande de tenir 4 mois et de ne pas faire ma mauvaise tête. Le patron sourie et me dit à demain, soyez à l'heure.
Une semaine après
Je fais déjà comme tout le monde. Je suis gentil et poli avec les bénévoles, les vieilles ont les appelle. J'ai mon café gratis et un pain au chocolat mais surtout elles me foutent la paix et font un gentil rapport au patron. Il passe parfois, il est rarement là et personne ne sait où il est. Parfois une vieille demande un coup de main, une autre en profite pour protester parce que je dois aller là ou là-bas. En fait pour le boulot je n'ai pas d'outils, le patron ne veut pas en acheter. J'espère que ceux qui achètent des vélos ici sont bricoleurs. C'est limite dangereux mais tout le monde s'en fiche. Pas d'outil donc je vais à droite à gauche quand on m'appelle. En fait en se planquant un peu tu peux glander toute la journée. Sauf que les encadrants ne bossent pas alors ils se souviennent de toi, ce sont les plus chiants. C'est mieux de se faire câliner par les vieilles sauf qu'elles te racontent des saloperies sur les autres toute la journée.
Un mois
Je dois rencontrer l'assistante sociale pour parler de mon projet professionnel. mais elle peut pas, elle est débordée. Elle et la secrétaire bossent beaucoup. On dirait que c'est elles qui font tout. Je prends le téléphone j'appelle ma conseillère de dehors et je lui dis que mon projet attendra. Ben oui, moi aussi j'attends.
Le bouffon
Secrètement c'est comme ça que je l'appelle ce patron. Je comprends pas ce qu'il fiche dans ce boulot. En même temps l'entrepôt se rempli, les bennes aussi. Les en insertion comme moi arrivent et partent. En un mois et demi j'en ai vue 8 qui se sont barrés après une semaine au max.
Je vais tenir parce que sinon je perds tous mes droits…
Mes droits à quoi, parfois je me demande. Le bouffon passe parfois, il est toujours excité. Il arrive il aboie des trucs tout le monde s'en branle il repart on continue. Je résiste aux pétards qui tournent partout. Je veux vraiment me débarrasser de tout ça, je ne veux pas retourner en prison. Il y a d'autres ex taulards, eux aussi sont les plus futés et les plus coincés dans ce bordel, mais on sait serrer les dents, on connait l'enjeu. Faut se débarrasser du contrôle Spip et ne pas risquer une remarque, un avertissement. Ici la solidarité est sur une pancarte à l'entrée mais c'est tout.
Trois mois
Je vais rencontrer l'assistante sociale. Mais ça sert plus à rien. J'ai des gens qui m'ont aidé pour un logement. J'ai fait tout seul ma carte d'identité. Finalement c'est ma conseillère de mission Locale qui m'a trouvé une place en formation à l'Afpa. Je lui dis. Elle note ça. Je sais que je gonfle le chiffre de "réussite" du bouffon. Je lui dis, elle sourie et me répond que sans ce passage au chantier rien ne pouvait se faire. Je me lève, je ne réponds pas. Elle est très bien mais elle me dégoute.
Fin
J'ai tenu. J'ai tenu dans ce bordel. Aujourd'hui je connais le dégout. Je commence ma formation dans 15 jours et c'est tout ce qui compte.
Source :
Collectif SDF Alsace
Aussi :
Intéressante d'expérience collective avec des étudiants en Architecture pour construire des abris, des logements.
Etc...